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>^> zayo d 21^ s
ib. IhtZ
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REVUE
BRITANNIQUE,
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PARIS. — IMPRIMERIE DE M»» V» DOXDEY-DUPRÉ,
RUE SAINT-LOUIS, V^ 46, AU MARAIS.
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REVUE
BRITANNIQUE.
CHOIX D'ARTICLES
TRADUITS DES MEILLEURS ÉCRITS PÉRIODIQUES
DE LA GRANDE-BRETAGNE.
SOUSLA DIRECTION DE M. AM É D É E P I G H O T.
CINQUIEME SERIE.
TOME OlfZIÈMS.
PARIS,
AU BUREAU DE LA REVUE, RUE DE LA VICTOIRE, 6;
CHEZ MADAME V« DONDEY-DUPRÉ , LIBRAIRE, RUE DES PYRAMIDES;
CHEZ JULES RENOUARDy LIBRAIRE » RUE DE TOURNOI! , 6.
18^2
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SEPTEMBRE 18^2.
REVUE
BRITANNIQUE.
LIS STEPPES DE LA RUSSIE lÉRIDIONALE (1).
SOL. — T^fTATIOll. — TUIP0L0TSH8. — AITliaBS. — UMAN. — STITOKS. —
CLIMAT.— BlTUi.— TEMPÊTE DE NEIGE.— PRINTEMPS- "-ÉTÉ —SÉCHERESSE
DB 1833. — AUTOMNE. — RURIAN. — WIND-WITCH. — DÉFRICHEMENT. — LE
FRC DANS LES STEPPES. —RÈGNE ANIMAL. —LE S0U8LICK.— LA 800RIS. —
RACE CANINE. — OISEAUX. — L'OUTARDB. — REPTILES. — LA SAUTERELLE*
— TffiABAWNS. — CBEVAOX 8AUTAGES. — DOMAINES DES SElGNSrRS RUSSES.
— VERGERS. — LA VIE DU TABUNTSHIK. — TABOON. — ÉTALONS. — BA-
TAILLES DES CHETAUX ET DES LOUPS. — BÈTES A CORNES. — COLONIES AL-
LEMANDES. — STEPPES DU PONT-EUXIN.
Les steppes de la Russie méridionale s'étendent des fron-
tières de la Hongrie jusqu'à celles de la Chine. Ce sont des
plaines immenses et non interrompues, tapissées, au printemps
(1) Note du rédacteur. Les diverses circonstances de climat, de ter-
ram et de position géographique particulières aui provinces inéridio-
nales de la Russie, contribueront pour beaucoup au futur développement
de ce vaste empire. L'article suivant est riche de notions curieuses sur
une r^oD généralement peu connue. Ceux qui délireraient plus de dé-
tMls peuvent consulter un ouvrage en deui volumes publié récemment
(LefpEîg, 1841) par un Allemand, M. Von J, Kohi, qui a séjourné plu-»
sieon années dans les contrées qu'il décrit.
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6 LES STEPPES DE LA EUSSIE MÉEIBIONALE.
et en automne, d'une herbe abondante, couvertes en hiver de
neiges que le vent chasse et amoncelé en certaines places ,
et obscurcies en été par des nuages d'une poussière extrê-
mement fine, constamment suspendue au-dessus du sol.
A peine si les légères ondulations du terrain des steppes mé-
ritent le nom de collines. On y rencontre fréquemment des
terriers, des éminences artificielles ou tumuli^ dont on. ne sait
ni la date ni Torigine. Le caractère le plus remarquable de
ces plaines, c'est le manque absolu d'arbres. Cependant la
végétation est riche et vigoureuse, l'herbe y devient magni-
fique. VouBr pouvez marcher devant vous en droite ligne pen-
dant des centaines de lieues sans apercevoir une touffe de
buissons. Il existe quelques fourrés, mais ils ne sont connus
que des chasseurs tartares. A travers ces pâturages que rien
ne limite, errent incessamment d'innombrables -troupeaux.
Tel bétail a vu le jour au pied de la grande muraille de la
Chine, qui est conduit par ses courses vagabondes jusqu'aux
rives du Dnieper, et vient figurer sur le marché d'Odessa.
Pendant l'été, ces pauvre» animaux ont beaucoup à souffirir de
la chaleur et de la sécheresse, car il n'est pas rare que chaque
brio d^berbe soit brûlé jusqu'à la racine. II faut alors que les
bergers aient soin de s'approvisionner de fourrage, afin de
pouvoir nourrir leurs bètes, en attendant le retour de l'au-
tomne et les nouvelles pousses.
Partout où s'élève une rangée de montagnes assez hautes
pour abriter contre les vents du nord, qui arrivent des bords
de l'Océan Arctique, à travers un pays plat et découvert, la
contrée change de caractère. Dans la Ôrimée, par exempk »
quoique la partie septentrionale ait quelque chose de l'ari-
dité des steppes, la côte sud, que protègent les montagnes du
centre, jouit d'une température semblable à celle de l'Italie.
On y cultive la vigne et l'olivier avec autant de succès qu'en
Provence. Ces montagnes du centre sont à la partie méridio-
nale de la Crimée ce que lesHimalayas sontà l'Inde. Sicett^
vaste contrée était ouverte au soufiSe .puissant des vcmts du*
nord, si la haute barrière qui la détod n'existait ^s, elle^
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LES NEP^mS BE LA KV9SIE MÉUDIONALB. T
ne larderait point à être conrertie en slefipes^ La bise^aeée,
pénétrant dans l'intérieur de» tropiques, efhoerait de la terre
ks pagodes, et dessécherait la vigoureuse ▼égétation dm
jongles; les fécondes rizières de llndoslsA seraient enyahie»
par les troupeaux des Tartares, et n'exciteraient plus la cupi-
dité des conquérants étrangersv •
La nature d^slÎAaévidenneat les steppesde la l^ussiei un
peuple pasteur et Aemade, plutôt qu'à me population d'agri*
Cttlteurs. £a effet, dans ces plainetd'ime monelottie eingnHère,
rien n'attache Tbommeàtelle ou telle localité. Cependant le
^eweinementruase parait s'ètce imposé la t&eke de con^i^ir
les- tribus nomades ea colonies agricoles ayant une demeure
fas^ et la steppe elle-ttène en terres de labour. On a ciienAé
໫lthrer des fiunîUes allenandes et bulgares en leuroffirant
ds glands avantages, dans l'eapoir que leur exemple ramè^
noEait les indigènes à des mœurs plus sédentaires. Cet essai a
rénasi en partie, notmnment dans le voisinage des vUles; mais
las fomiUes ainsi transplantées distinguent bien vite quelte
savte de r^aourees la nature du sk>1 meta leur disposition;
et é mesure que leurs moyens pécuniaires augmentent, elles
ntg^âgenl la «uUuie des terres pour s'occuper de l'élève des
treupeaus. C'est là, en effet, ce qui constitue- la richesse Téri-
tahledupays; c'esfcpsrlè que. les individus sont réputés pau-
WBs ou opulents.
JKous avons dit que les steppes formaient une plaine im-
Cette plaine est généralement très^levèe; elle se ter*
i à la mer Noire par une terrasse taillée a pic, laquelle n*»
pas moins de eant vingtà cent quatre-vingts pieds angtaia
aiHdessas delamer . Les rivièfes dont'Ies steppeasont coupées, .
eliquii deviennent au printemps. très-foEtes:ettrè&*rapides par
SBÎÉsde la fcnte des nettes, les sillewient profondément, et
comme elles changent fréquemment de lit, elles laissent à sec
desonavins qui «varient Jiunifarmiié du paysage. Partout ail-
kns eesUgsrs aemdeolsideterrainseraientooinptéspaorpeu
deadmae; imândanB les^steppcs, le moindre ohangement qcii
aCepèceLà:la aui^SKe du sol estiun événement de grande impor-
rîks^dîressesiparties dm territoire prennent leur nom
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8 LES STEPPES BE LA BUSSIE MÉRIDIONALE.
d'après la manièFe dont l'action des eaux les divise entre elles.
Dans les steppes, les eaux pluviales s'écoulent lentement;
quelquefois le sol demeure des semaines entières enseveli sous
des mares et des étangs qui ont plusieurs pouces de profon-
deur. Une portion de cette eau est absorbée par la terre; le
reste filtre par des conduits secrets jusqu'aux fleuves et aux
rivières, entraînant dans son cours une quantité considérable
de limon, qui rend ceux-ci troubles et boueux. La plupart de
ces rivières et de ces fleuves n'étant alimentés que par les
pluies et la fonte des neiges , demeurent à sec pendant l'été.
Chaque ravin aboutit à une chute probablement formée dans
l'origine par la terrasse qui borde la mer; mais à mesure que
l'eau s'est frayé un lit, la chute a reculé d'âge en âge vers
l'intérieur des terres. En certains endroits, ce travail de l'eau
est assez rapide pour que les riverains en notent les progrès.
Comme le niveau du sol est à peu près le même sur tonte
l'étendue des steppes, les ravins creusés par les pluies ont
aussi une profondeur à peu près égale : cette profondeur est
rarement moindre de cent pieds ; souvent elle dépasse cent
cinquante pieds. Il résulte de cette circonstance et de l'escar-
pement des deux côtés, que les vuipolotshs ou ravins opposent
aux voyageurs, aussi bien qu'aux bergers et aux troupeaux,
un obstacle infranchissable. Pour les éviter, on fait au be-
soin des détours immenses. L'endroit où un vuipolotsh com-
mence est un point où viennent toujours aboutir plusieurs
routes ou chemins, ce qui lui assure une importance marquée
dans la contrée environnante. Pendant l'hiver, le lit du ravin
est pour l'ordinaire comblé par des amas de neige que le vent
y a poussés. Malheur aux voyageurs égarés qui s'approchent
de ces abîmes I hommes et animaux y restent ensevelis ; on ne
connaît leur sort que lorscpie la neige entièrement fondue
laisse leurs cadavres à découvert.
Ces détails ne s'appliquent point aux principales rivières, à
celles qui sont alimentées par des sources pendant toute l'an-
née. Les bords de celles-là sont moins escarpés; mais quoi-
qu'ils s'élèvent plus graduellement, ils sont aussi hauts, c'est-
à-dire qu'ils ont de cent à cent cinquante pieds au-dessus du
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LES STEPPES DE LA BUSSIE MÉHIBIONALE. 9
niveau de Tean. En général, le lit de ces grandes riTières est
extrêmement large, et garni de roseaux qui ont six à huit pieds
de longueur : on y trouve en quantité toutes sortes d'oiseaux
aquatiques.
Si dans l'intérieur des steppes l'eflèt des pluies est si sen-
sible, à l'extérieur la mer n'agit pas avec moins de puis-
sance. Une particularité remarquable de la mer Noire, c'est
qu'un grand lac ne manque jamais de se creuser à côté de
rembouchnre de chaque fleuve. Quelques-uns de ces lacs sont
même entièrement séparés de la mer. Onlesdésignesousle nom
de Umai^ D'après la supposition de M. Kohi, ils se forme-
raient par suite de l'action de la mer, que la violence des tem-
pêtes ait refluer vers l'embouchure des fleuves, et qui mine
incessamment la haute terrasse qui la surplombe. L'absence
des tempêtes produit l'eflet contraire. Les fleuves, comme
nous l'avons dit, charrient une quantité considérable de li-
mon; leurs eaux troubles, repoussées par les vagues, dépo-
sent ces sédiments sur le devant du lac : c'est ainsi qu'une
langue de terre s'y élève graduellement, et finit, à la longue^
par protéger le liman contre les envahissements de la mer.
On donne à ce rempart naturel le nom deperisnp. S'il s'agit
d'un fleuve large et profond, la perissip n'est jamais complète;
une ouverture, ou gheerl, y subsiste toujours, laquelle établit
une communication entre la mer et le liman. On conçoit que
pendant l'été ces eaux stagnantes doivent répandre des exha-
laisons malignes : c'est un voisinage dangereux. On cite un
village dont tous les habitants sont tombés malades de la fiè-
vre dans l'espace d'une seule nuit, parce que le vent, ayant
diangé de direction, leur avait apporté les miasmes d'un de
ces lacs empoisonnés.
Quand on parcourt la surfiace des steppes, on remarque que
le sol s'affiiisse et se creuse en certains endroits, de manière à
fermer coihmedes bassins naturels. C'est ce que les indigènes
appellent stavokê. Les eaux pluviales s'y amassent, et quoique
la terre ne tarde pas à les absorber, les endroits en question
conservent de l'humidité, alors que depuis longtemps le reste
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8 LES STEPPES BE LA BUSSIE H^
d'après la manièFC dont Vaclion des eai
Dans les steppes, les eaux pluvial ^
quelquefois le sol demeure des semr, 4
des mares et des étangs qui ont
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rarement j supérieures, qui exercent natupdleu^ot
cinquar ,ce. Un été tropical , un hiver arctique, tel est le
pemer ^dinaire des steppes. C'est seulement pendant ua
aux ' ^bre de jours de l'automne et du printemps qn'ellea
un ^„t de cette température moyenne qui d'après leur po-
" géographique devrait constamment y régner,
"^inois les phis rigoureux de l'hiver sont cenxde décembre,
^janvier et de février. Pendant toute cette périodede temps,
]« nature entière est plongée dans un repos léthargique, inteiu
rMDpu seulement par des tempêtes de neige : telle est leur
vMilenee, quedes hommes habitués aux convulsions deFOcéan
en sont effrayés. Les Russes divisent ces tempêtes en troâ^
classes. Lorsque la n^ge tombe simplement des nuages,.quelle
qu'en soit l'abondance, ce n'est qu'une mycatyol; si le vent
sdulèvedans les airs la neige qui couvrait lesol, c'est un zm--
mM: mais si la tempête mêlant la ne^e qui tombe à celle qui
était déjà tombée, en fdrme des tourbillons épais qu'elle
raule àteavers les airs de façon à intercepter la clarté du jour
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. en tous sens. Mais pour admirer ces-^,.
., il faut être sûr de pouvoir retrouver son dû-
.a«t n'être point préoecopé d©.l.'idie du danger. Ce
^erêtréel. Le zamet efface les routes et le» sentiers, corn-
bteles ravins et change toUlement l'aspect général du pays.
Qné«ré au mUieu des steppes et entraîné par le tonrbfllon,
«toBune s'enfonce dans un de ces abîmes cachés sous ses
OM, sa mort est certaine. Quant à la viaga, les naturels mè-
nu n'osent point l'affronter. Elle dure ordinairement trois
i-„8, et pendant cet espace de temps les courriers du gouver-
îiaUnt sont autorisés à ne point quitter l'abri où Us ont pu
L'wîer, dansles»teppes,e8tsouyentplu8rigoureux que sur
la bords de la Baltique. Ausouffledela bise qui chasse ineefr
.«mentde6rosn«agescbar»é8deneiae,lamerNoiresecouvte
STcroùteépaissedeglace, et «^t^e glace s'étend quelque^
àmne a.«» gnindedistance durivage.Pendantrh.verdelSOT
à-»888,lo thermomètre ne monta jamais au delà dedix degrés
H4»m«ir,et il descendit fréquemmentàtrentedegrés. On ««t
2à^nt.Pétersbourg, lorsque le froid «t parvenu à cette
SLité, ilest d'usage de fermer les égliscaetlesthéàtees. Le.
rtwes ont doncdes hivers pamils à eeoi de la Rns«o, m«.
^ont pas les compensations que présente je oUmat delà
toiesepUtrionale. En effet, dans le nord de l'Esope, et
,dJsimraine, la neige reste sur la terre penAmtune
«ode partie de l'hiver. La gelée la durcit et la r«»d sol.do,
ZuniZma y glissent avec iacilité,et ee moyen detransport,
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tO LES STEPPES DE LA EUSS1E MÉEIDIONALE.
de la contrée est brûlé par la sécheresse : aussi, pendant
Tété, la possession d*un stavok offre-t-elle des avantages pré-
cieux aux bergers. Ceux qui en ont trouvé un le gardent nuit
et jour, de peur que des étrangers ne s'en emparent. Suivant
une croyance superstitieuse de ces contrées, les stavoks se-
raient des trous pratiqués par les anciens Mongols pour en-
fouir leurs tombeaux dans le sein de la terre. Il y a tout liea
de supposer que ces enfoncements sont occasionnés par une
légère dépression des couches inférieures.
Le climat des steppes va d'un extrême à l'autre : en été^
chaleur accablante; en hiver, froid rigoureux. Il paraît que
le voisinage de la mer Noire, qui devrait contribuer à tempé-
rer l'atmosphère , ne le foit pas : et cela s'explique par la
hauteur excessive de la côte. Cette terrasse dont nous avons
parlé empêche les couches les plus basses de ia colonne d'air,
cefUes qui reposent immédiatement sur la nappe d'eau, de se
dissiper à travers le pays, et d'y porter la firafcbeur ou la char
leur qui vient de leur être communiquée : elle ne laisse passer
que les couches supérieures , qui exercent natureUemenl
peu d'influence. Un été tropical , un hiver arctique, tel est le
partage ordinaire des steppes. C'est seulement pendant un
petit nombre de jours de l'automne et du printemps qu'elles
jouissent de cette température moyenne qui d'après leur po»
Bttion géographique devrait constamment y régner.
(Les mois les plus rigoureux de l'hiver sont cenxde décembre,
de janvier et de février. Pendant toute cette période de temps,
la nature entière est plongée dans un repos léthargique, intei^
rompu seulement par des tempêtes de neige : telle est levr
violence, quedes hommes hatritués aux convulsions derOeéan
en sont ef^ayés. Les Russes divisent ces tempêtes en trois *
classes. Lorsque la neige tombe simplement des nuages, quelle
qn'en soit l'abondance , ce n'est qu'une wyaihpl ; si le vent
saulève dans les airs la neige qui couvrait lesol, c'est un sin^
mei: mais si la tempête mêlant la neige qui tombe â celle qui
était déjà tombée, en forme des tourbillons épais qu'elle
ratUe à travers les airs^de façon à intercepter ta clartédu jour
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LES flTSPPIS DE L4 JIVSSIE MÉRIDIONALE. 11
et à aveugler les hommes et les animaux, c'est une tinga. On
s'empresse alors de chercher un abri, et le voyageur ne se re-
met en route que lorsque le ciel et la terre, qui semblaient con-*
fendus, ont repris un peu de tranquillité. Contemplé du
stairoet d'une colline, un zamet oifre à l'observateur un assez
beau spectacle. Tandis que la tourmente bouleverse ainsi la
surface de la terre, il arrive souvent que le ciel est pur, que le
s^eil brille de tout son éclat, et que ses rayons colorent d'une
manière fantastique ces myriades de parodies de cristal que
l'aquilon dissipe en tous sens. Hais pour admirer ces scènes
de la nature , il faut être sûr de pouvoir retrouver son che-
min; il faut n'être point préoccupé de L'idée du danger. Ce
danger <»t réel. LezaraetefEace les routes et les sentiers, com-
Ue les ravins et change totalement l'aspect général du pays.
Qu'égaré au milieu des steppes et entraîné par le tourbillon,
uft homme s'enfonce dans un de ces abtmes cachés sous ses
pas, sa mort est certaine. Quant à la vinga, les naturels m6*
OMS n'osent point l'affronter. Bile dure ordinairement trois
jevrs, et pendant cet espace de temps les courriers du gouver-
Dament sont autorisés à ne point quitter l'abri où ils ont pu
s^ réfugier.
•L'hiver, dans les steppes, est souvent plus rigoureux que sur
les bords de la Baltique. Au souffle de la bise qui chasse inces-
unraient de gros nuages chargés de neige, la mer Noire se couvre
d-'onecroûte épaisse de glace, et cette glace s'étend quelquefois
ioine assez grande distance dutivage. Pendant l'hiver del837
àl838,le thermomètre ne monta jamais au delà de dix degrés
fiéaumur, et il descendit fréquemment à trente degrés. On sait
qu'à Saint-Pétersbourg, lorsque le froid est parvenu à cette
ifltensité, il est d'usage de fermer les églises et les théâtres. Les
steppes ont donc des hivers pareils à ceax de la Russie, mais
ettes n'ont pas les compensations que présentele climat delà
Boasie septentrionale. En eflèt, dans le nord de l'Europe, et
nftme dans lUkraine, la neige reste sur la terre pendant une
grvnde partie de rhiver. La gelée la durcit et la rend solide;
l^tralneaux y glissent avec Cacilité,.et ce moyen detransport»
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12 LES STEPPES DE LA RUSSIE MÉRIDIONALE*
qu'on peut employer pour les fardeaux les plus lourds, est
presque aussi prompt qu'un chemin de fer. C'est pourquoi les
Russes préfèrent ordinairement l'hiver aux autres saisons,
non seulement pour voyager, mais encore pour transporteries
marchandises d'une ville à une autre. Cet avantage est à peu
près inconnu dans les steppes. Les tempêtes, qui y sont très"
fréquentes, font que les neiges sont comme mouvantes et n'ont
point le temps de se solidifier. D'ailleurs nous avons dit
qu'elles n'ofFraient point une surface égale et continue. £lles
sont semées par plaques, suivant le caprice du vent qui les
entasse en certains endroits.
Le printemps commence lorsqu'elles fondent; ce qui a lieu
d'ordinaire au mois d'avril. Toutefois le mois de mai s'écoule
quelquefois avant que la masse d'eau résultant de la fonte
soit absorbée par la terre ou se soit frayé une route vers les
fleuves. Pendant ce temps, toute la surface de la steppe présente
comme une immense nappe de boue au travers de laquelle on
ne saurait s'engager qu'au péril de la vie. Au fond de chaque
ravin roule un torrent dont l'eau est la plus sale qu'on puisse
imaginer. C'est alors que, dépouillées du manteau de neige qui
les couvrait, les maisons laissent apercevoir les dégâts que
l'hiver y a produits ; mais ce passage d'une saison à une autre
ne se fait pas sans de grandes variations de température. Le
froid, qu'on croyait parti, revient à plusieurs reprises ; la neige
reparaît ; la terre, qui commençait à s'ouvrir aux chaudes éma-
nations du printemps, se referme sous l'âpre influence de la
gelée. II n'y a peut-être pas de région au monde où l'hiver
lutte avec plus de vigueur et de persistance contre son succes-
seur.. On peut dire qu'il ne lâche pied que lorsque Tété vient
au secours du printemps. Par exemple , un vent délicieux a
soufflé du sud pendant quelques jours; les tulipes, les crocus,
les hyacinthes se pressent d'éclore ; la plaine commence à être
émaillée de fleurs. Soudain le vent tourne au nord-est; une
bise glacée arrive en sifflant des monts Ourals, flétrit les fleurs
et la verdure nouvelle, et change toute la décoration du pay-
sage. Que le vent tourne encore une fois et souffle du nord-
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LES STEPPES DE LA RUSSIE MÉKIDIONALE. 13
ouest : il amène de gros nuages noirs tout chargés de pluie,
qui versent des déluges d*eau sur les steppes, depuis les monts
Ourals jusqu'aux monts Carpathes. Quand Thiver a feit une
retraite définitive, la plus belle période de l'année commence.
La steppe se couvre d'une végétation luxuriante et charme les
yeux comme une oasis placée entre la sécheresse dévorante
de l'été et la stérilité désolée de la morte saison. La terre res-
semble à un vaste tapis de verdure. Au-dessus s'étendent les
plaines azurées du ciel, où l'on distingue à peine quelques nua-
ges. Certes, le paysage est monotone; mais il contraste si
agréablement avec les horreurs de l'hiver qui vient de finir!
Les indigènes se livrent à la joie; l'étranger lui-même partage
on moment leur admiration. Toutefois il ne tarde pas à se
lasser de cette verdure uniforme que ne varient ni un seul
buisson en fleurs ni le cours sinueux d'un ruisseau.Point de col-
line qui borne et repose la vue 1 point d'horizons changeants!
Un cavalier peut marcher devant lui pendant des centaines de
milles sans rencontrer aucun objet nouveau, et presque sans
s'apercevoir qu'il a quitté un lieu pour un autre. Ainsi, de la
Hongrie jusqu'aux frontières de la Circassie, on ne trouve pas
un bouquet d'arbres. Des monts Carpathes jusqu'à la capitale
de la Mongolie , le bruit d'un ruisseau coulant sur un lit de
cailloux ne vient pas réjouir l'oreille. De l'herbe, de l'herbe,
et rien que de l'herbe! Qu'on ne croie pas qu'elle ressemble à
ce gazon fin et velouté qui embellit les parcs d'Angleterre. Les
brins en sont extrêmement drus et forts; quant aux tulipes
et aux hyacinthes dont elle est émaillée, elles ne soutiennent
nullement la comparaison avec celles des fleuristes hollandais.
Pendant le mois de mai, les orages^ sont fréquents. Mais un
orage au milieu des steppes n'offre rien de bien grandiose.
C'est un spectacle qui perd une partie de sa majesté , car il
manque des rochers et des arbres pour refléter la pâle lueur
des éclairs; il manque l'écho des montagnes pour répéter en
le centuplant le fracas retentissant du tonnerre. Néanmoins,
les habitants de la steppe voient avec plaisir ces convulsions
atmosphériques, quisont toujours accompagnées de pluies ou
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ik LES STEPFSft I>E LA RUSSIE MtelMONALE.
dioodkes rafrat^lttssanles. Les orages cesseQt dès le mois de
jttin. La sécheresse coBimence déjà à se foire sentir. Ce bmiis
a'écoule souvent sans qu'une seule goutte de pluie désaltère
le sol. Juillet arrive; la terre desséchée se crevasse en miHe
endroits. De gros nuages passent, il est vrai, dans les airs an
dessus des steppes; mais au lieu d'y verser leurs trésors hu-
mides, ils fuient , emportés par le vent, dans la direction dos
monts Garpathes ou de la mer Noire. A cette ^oque de Taa-
aée, Tardeur du soleil est excessive ; cependant les vapeurs
pompées par ses rayons forment ordinairement vers le milieu
de la journée des brouillards qui amortissent un peu la chaleut ;
elle ne laisse pas de devenir intolérable, parce qu'elle est co^
tinuelle; le temps ne fraîchit jamais, et Tabsence d'arbres est
cause que l'ombre est une chose entièrement inconnue.
L'été est donc une saison de souffrances pour les êtres
animés qui peuplent les steppes. Excepté en quelques en-
droits privilégiés, la végétation s'est entièrement fanée. Les
herbes ont jauni comme si la flamme avait passé dessus. La
croûte du sol devient brune et finit par noircir tout à fait.
Hommes et bétes prennent un air chétif et hagard. Les ânes
sauvages et les chevaux, si farouches et si ingouvernables au
mois de mai, n'ont plus ni la force ni la volonté de résister, et
quand arrive le mois d'août ils se traînent à peine. La peau
des malheureux khakhols (c'est ainsi que les Russes appellent
les habitants des steppes), cette peau hàlée se gerce sur leur
cou, sur leur poitrine et sur leur visage. Ils marchent en
chancelant cqpme des hommes accablés de leur propre poids.
Silencieux et mélancoliques , ils ont tout au plus l'énergie
suffisante pour penser. Les sources, les réservoirs, les citernes
sont taris. Les lacs et les étangs ne présentent plus que des
plaines de sable. Le prix de Teau augmente considérablement
par suite de la rareté. Les sources en petit nombre qui en
fournissent encore sont gardées nuit et jour par des senti-
nelles, autrement cette eau serait volée, et le légitime pro-
priétaire ne trouverait plus de quoi étancher sa soif.
II périt à cette époque des milliers de chevaux et de bétes
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LBS STBTVK D£ LA EUSSIE MÉRUMOKAtl. 15
àcornefl. Tandis qae Tescés de la cfaaknr cause tant de Tft>
mges, le ciel chargé de nuées qui semblent, promettre de la
ploie, le sol calciné, donnent lieu k d*étranges illusiei»: d'op-
tique, et Ton croit voir de loin des fleuves, des étangs, des
einx courantes. Cette description d'un été dans les steppes
ne s'applique pas à toutes les années. Celle de 18317 et celle
de i888, par exemple, furent remarquables par leur humi-
dité; mais, en général. Tété est une saison terrible sur toute
la sur&ce des steppes : souvent pendant trois ou quatre âok
nées de suite les populations meurent de famine et de soif.
\oici la descriptio» de Tété de 1833 par un témoin
oculaire :
« Las pluies cessèrent dès le mois de mai. Pendant toute la
dorée de Tété, les steppes n'offrirent qu'une plaine immense
noircie par le soleil et où l'œil cherchait en vain un peu de
verdure. Aucun souffle de vent ne se faisait sentir. La cha-
leur des nuits n'était pas moins étouffante que celle des jours.
Quelque épuisés que nous fussions, nous ne pouvions goûter
un sommeil réparateur. Au moindre mouvement des hommes
ou des animaux, une colonne épaisse qui semblait être de la
fumée plutôt que de la poussière montait du sol dans les airsu
Dn oiseau, en prenant son essor, soulevait avec ses ailes un
de ces nuages suffocants. Les plantes les plus soigneusemenit
caltivées paraissaient malades et languissantes. Le blé, qoi
d'ordinaire pousse avec une si grande force de végétation,
dressait à peine au-dessus du sillon sa tige rouge et son épi
vide de grain. La Eskh et la soif tuaient tous les chevaux; on
n'en sauvait quelques-uns qu'en les lâchant au milieu des
champs de ïAè et en leur abandonnant pour p&ture ce qui
itait destiné à alimenter l'homme.
» Afin de préserver le peu d'eau que fournissaient enco^
certains puits, on en défendait l'accès au moyen de chaînes,
de barrières, de sentinelles, etc. : précaution inutile I Des mal-
heureux, réduits au désespoir, surmontaient tous ces obsta-
cles : les barres étaient brisées, les chaînes rompues, les sen-
tinelles entraînées loin dejeur poste. Toutes les transactions
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16 LES STEPPES DE LA RUSSIE MÉRIDIONALE.
commerciales demeuraient suspendues ; aucun négociant d«
la c6te ne songeait à envoyer une caravane dans l'intérieur
des terres. C'était une circonstance bien connue que chaque
goutte d'eau devait être conquise les armes à la main et coûtait
du sang. Plusieurs taboonSf ou troupeaux de chevaux sau-
vages, périrent ; ces pauvres bétes, rendues ingouvernables
par l'excès de la souffrance, se dispersaient dans toutes les
directions afin de chercher de l'eau. On les rencontrait çà et
là, tantôt se précipitant au fond des ravins, tantôt humant l'air
avec leurs naseaux enflammés et interrogeant l'espace, etc. )>
Sous plusieurs rapports, l'été est plus désastreux dans les
steppes que dans le Sahara d'Afrique, ou dans les Uanos de
l'Amérique espagnole. Dans aucune de ces deux régions l'hu-
midité ne disparaît aussi complètement de la surface du sol.
Voyez par exemple le désert du Sahara : partout où il y a une
source, ou une mare, ou une citerne, l'endroit où ce trésor
naturel est caché ae manque jamais de former une oasis déli-
cieuse, un petit paradis terrestre décoré de dattiers et d'ar-
brisseaux en fleurs, offrant au voyageur épuisé la fraîcheur
bienfaisante de son ombre. Mais dans les steppes on n'aper-
çoit un peu de verdure qu'au bord des rivières. Les roseaux
sont les seules plantes qui en ombragent les rives. Le sein de
la terre est partout fermé, et l'insecte, aussi malheureux que
l'homme, ne trouve pas même un cactus ou un aloès pour en
pomper le suc.
C'est au mois d'août que la sécheresse atteint ses dernières
limites. Vers la fin de ce mois les rosées de la nuit recom-
mencent. Les orages reviennent, et ils sont assez souvent
suivis de pluie. Ce nuage de poussière suspendu au-dessus delà
steppe s'éclaircit, se dissipe et laisse voir l'azur du ciel. C'en
est fisiit, les dures épreuves de Tété sont terminées : l'automne
approche avec ses délices. La température du mois de sep-
tembre est des plus douces. Sous l'influence des pluies et des
averses, la croûte poudreuse du sol quitte la couleur noire
qu'elle avait contractée. La verdure reparaît ; l'herbe couvre
la plaine. Les hommes et les animaux sont ravivés.
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LES STEFPBS DE LA RUSSIE MÉRIDIONALE. 17
Mais si la saison de rantomne est agréable, en revanche elle
dore fort pen. Octobre est ravant-courear de l'hiver. Il est
marqué par des pluies froides et des brouillards. Il ramène
d'ordinaire les zam$t$ et les vingoi, A la fin d'octobre, l'hiver
est déjà dans toute sa force, et les jours les plus rigoureux du
mois de janvier en Angleterre seraient considérés comme
des jours d'automne en comparaison de la température qui
règne à Odessa dès le mois de novembre.
Un des premiers mots que l'étranger retienne est le mol
hwrian. Le burian est en effet l'objet éternel des lamentations
du fermier, du jardinier, du pâtre ; ce mot revient dans toutes
les malédictions, dans toutes les plaintes des habitants. L'o-
reille en est aussitAt frappée, et l'on éprouve quelque curiosité
de connaître le sens d'une expression qui semble &ire le fond
de la langue. Après quelques informations on apprend que
chaque plante, chaque espèce d'herbe qui peut servir à la
p&ture des troupeaux est désignée généralement par le mot
trava^ et que toute plante, toute espèce d'herbe dont ils se
détournent avec dégoût s'appelle burian. La liste de ces der«
nières est longue, par suite de la nature acre et salée du sol.
On les rencontre à chaque pas, elles désespèrent le labou-
reur et le jardinier ; le seul parti qu'on en tire, c'est qu'on les
emploie pour Cadre bouillir le horsht, ou plat national des
Russes. Le chardon occupe la première place dans le burian.
Nous ne nous figurons pas à quelle hauteur pousse le chardon
dans les steppes de la Russie méridionale. Souvent il atteint
les dimensions d'un arbre véritable, et il abrite sous ses bran-
ches les huttes des Troglodytes ; dans certains endroits, les
chardons sont tellement abondants, tellement serrés les uns
contre les autres, qu'ils forment comme un petit bois, au mi-
lieu duquel un Cosack monté sur son cheval peut se cacher.
La plante la plus mal fiimée delà steppe, après le chardon,
a été nommée par les colons allemands mnd^tch (sorcière
du vent). C'est une mauvaise herbe qui épuise toute sa force
de végétation à pousser une foule de fibres et de fils, s'épar-
pOlant dans toutes les directions jusqu'à ce qu'ils présentent
S* SÉRIE. — TOME XI. 2
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19 LES flSmS PR IiA EUS9IR iltoUlIOKAU*
«ne Ugère masse globoUre. Le suc de cette heàbe estd'me
amertuiM três-«randa Mène dans le& étés les plusr IkûIwU»
hi animaux a'abstieiMient. d'y ioudif r« EUe a^élèv^ ordinair
ranflii A trais pied^ de terre. Qnand vieni TattUnnAe, la tige
sa fléint et» dessèche p«r le haut Leieete de la plante est
enomte ^^r^^H»^ par le premier souffle de vent, et la windr
witch est emportée à travers te plaine avec une rapidiié qpie
le meilleur coursier n'égafanaii pas. On en veii quelquefoîa
des coataaea qoi v^dii^enl, mentent, descendent et ^entre-
mêlent les unes au mitres, aa gré du. tenvbUlon <pil lea a
anaudiéBs de tocca On ëirati de Juin ma lo&oos. de chevanx
sauva^ssL
Les Allemands ne ptmvaient pas inventer mi asm plus si-
gnifieafif;. en effets ks danses des vind-witcbs rappelleni
celles des sorcières ; commie criles^i» elles se poursoîventy
toinrnent en cerele et s'enlèvent dans les airs. D'amtres fois
dles se véuniaunt mi une masse compacte et forment comme
«le menle énorme qui, chassée par le vent, roule sur elle-
floÊme uyea une vitesse prodigieuse. Chaque année la mer
fiknro en engloutit des myriades. Là se termine leur course
démoniaque ; mm £qîs mouillées par les vagues, elles per-
dent ees grâces fantaatkpiea qui les distinguaient à terre.
Il ne but point onblier^ comme figurant en première figne
dans le hmiat^ l'absinthe amère. Cette plante pousse à envi-
son six pieds de hauteur. Pendant tes grandes sécheresses de
Pété, les bétes i cornes ne dédaignent pas de s'en noarrir ;
mais alors le teit et le beurre oontraeteni utt goût d'amertume
bien prononcé. Si par hnsard quelques parcelles de cette
plante se mêlent «s blé, le pain qui en provient prend la sa-
veur de l'absinthe.
Les herbes maMsisantea sont i peine connues dans les
steppes d'Europe. Bans oetien de l'Asie, les champignons vé-
néneux sont si communs et viennent en si grande quantité»
que, vers l'autonme, des espaces considérables de terrain en
sont couverts. Ils sont, pour te plupart, de couleur blanche,
en sorte que quelquefois, en les voyait le matin, on croirait
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qu'il ea( tonibé 4e la o^g» pendant la mut, La chaleur du
jour le» fui pérk d'ordinaire; mais rhwmdUé de la J»ujA
«aoqoe raremf lU d'en pradiûre mu» nnoifsoa oûB^elle,
Noiui pourrîoaa prolonger cett^reTue botaoique; toutafo^
le aonbte des diieryea plan^ qui croweut danaTimniema
étendue des steppes est beaucoup plus UmU4 qu'où ne Id
wppoaei. iM eavaate n'en eoinpteot fue <iiuq «enta espèf es
q«i appaitie«aenl>au wA ^ ^te ceotrée ; cbaoune da ces ea-
pèces abonda et finponne* Aîas l'on fora w trajet de pbi^
«ienra miUea sana neneo«tser tvm wUse ^oae «ne de l'ab^
sintbe, ou b^ l'on tombera sur uo champ de tul^ies on da
mignanmltefi sauvages cpû otn^prend^a des milliers d'acref^
Beaiarqaoaa en passant que cette derniàre plaAte ne poaséid/a
point dans lea steppes le délicieux parfum qu'elle a dan9 noa
dimata. Pins loin , votre droshky roulera pendant plusieura
jours consécutils sur une plaine unie qai n'offre à l'œil, pour
toute végétation, qfue de l'herbe ; ce sont là des p&tnrage«
très-iavorables à l'élève des okoutona; ils y profitrent aduH*"
nblemeaty et leur chair devient tellement savoureuse, qm
les restanraots les plus renoumés de Paris et les clubs lei
pina riches de JU>nd^es ne présentent rien de semblable.
Un phénomène sini^ier se produit dans les steppes lora^'
que Vhomroe, toiqouiis présomptueux, entreprend d'y porter
la charme : le sol n'est pas plus I6t euvert qu'il y croit une
Ibnle de plantes inutiles on nuisibles, de celles qui compo^
sent le ^niion. l<e fermier est obligé de défendre contre ellea
son champ et de les extirper avec soin, autrement» adieu la
moisson* Que si, Taimée suivante, le même terrain demeure
en jachère, le burùm s'en empare, et il le remplit de toutes
sortes d'herbes, de plantes, de résines. Au bout de qaelquea
année», une lutte s'établit entre les jiMiuvaises herbes et le
gaaoB. -Chose étrange l c'est presque toujours ce dernier qui
triomphe. Les premières disparaissent peu à peu, et il reste
un beau pâturage qui s'améliore deplui en plus, jusqu'à œ
qa'il atteigne la perfiactien, c'est^^^lire jusqu'à ce que le (^
rîiw y «oit eeviplètement ^tonffé* C'eat alors que 9'ôpère une
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aO LES STEPPES DE LA RUSSIE MÉKIDIONALE.
réaction : le sol est envahi par une espèce de gazon dont les
brins sont gros et épais, et que les botanistes appellent stipa
pinnata. Cette herbe couvre la terre de ses tiges, qui sont
dures et sèches comme du bois, et que les troupeaux ne peu-
vent brouter. A la fin, le fermier y met le feu, et la place se
trouve déblayée.
La méthode de mettre le feu à la steppe pour améliorer un
terrain devenu mauvais est la seule que pratiquent les indi-
gènes. On l'emploie habituellement au printemps, afin qu'une
nouvelle couche de gazon pousse immédiatement du milieu
des cendres. Elle exige de la part des Tartares de grandes
précautions. Rarement l'incendie se propage au delà des li-
mites dans lesquelles on se proposait de l'enfermer. Quelque-
fois cependant le feu se communique aux herbes par acci-
dent, ou par suite d'un acte de malveillance. Alors l'élément
terrible se déploie sur une étendue de plusieurs centaines de
lieues, ravageant tout sur son passage, détruisant les planta-
tions, les troupeaux, les huttes , les maisons , et jusqu'à des
villages entiers. Ces incendies sont surtout à craindre pen-
dant l'été, parce que les plantes desséchées s'enflamment
très-fecilement. Us prennent les formes les plus diverses :
c'est tantôt une mer qui roule devant elle avec une force ir-
résistible ses vagues mugissantes; tantôt un tourbillon qui
passe sur la surface de la steppe et qui ne laisse rien derrière
lui ; tantôt un serpent qui trace à travers les hautes herbes
ses replis sinueux. Le vent même , quand il souffle du côté
opposé, ne saurait arrêter la marche du feu : les flammes con-
tinuent d'avancer sous le souffle de la bise, et elles vont
plus ou moins vite, selon la nature des objets qui les alimen-
tent. Il arrive souvent que l'incendie se trouve comprimé
entre deux ravins : vops croyez qu'il épuisera sa rage dans
cet espace étroit, et qu'il finira par s'éteindre; mais qu'une
flammèche soit portée par le vent au milieu des plaines avoi-
sinantes, et soudain le feu s'emparera de ce nouveau théâtre,
et l'obstacle qui l'arrêtait sera franchi. Une route bien frayée,
un ravin, un terrain creux, où un reste d'humidité a conservé
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LES STEPPES DE LA RUSSIE MiRIDIONALE. Si
nn peu de verdure , sont autant de points dont on peut pro-
fiter pour s'opposer aux progrès de Vêlement vainqueur.
C'est là que les bergers viennent se poster : ils pratiquent des
tranchées à la hâte , ils sont attentifs à étouffer toutes les
flammèches qui tombent autour d'eux , et quelquefois leurs
eflbrts ne sont pas infructueux; souvent aussi ils échouent
dans leur tentative. Les laboureurs contemplent avec déses-
poir leurs champs, qui deviennent successiv^nent la proie du
feu; leurs habitations, qui sont réduites en cendres, et leurs
troupeaux qui, courant à travers la plaine, sont bientôt saisis
par un tourbillon de fumée et asphyxiés.
Rien de plus capricieux que la marche de ces incendies :
ils laissent parfois un ^pace considérable de pays sans y
toucher; ils sautent, pour ainsi dire , par-dessus , et portent
plus loin leurs ravages. Déjà le fermier dont les champs et
les troupeaux ont été épargnés si miraculeusement, se félicite
d'avoir échappé au péril; mais voilà que l'ennemi revient
brusquement sur ses pas : son attaque, pour avoir été tardive,
n'en est que plus violente, et la proie qu'il avait négligée , il
la dévore entièrement.
Une consolation , un léger dédommagement reste au mal-
heureux fermier : les cendres qui résultent de la conflagra-
tion des herbes forment un excellent engrais, et la moisson
qui succède répare invariablement la perte de la moisson
précédente. L'avantage est si grand , que plusieurs proprié-
taires mettent le feu à leurs champs toutes les quatre ou cinq
années; mais alors, comme nous l'avons dit, on emploie
toutes les mesures de précaution nécessaires, et on cerne le
feu par des tranchées, de manière à ce qu'il ne puisse se pro-
pager au delà de l'espace qu'on lui a assigné.
On fidt aussi usage de ce moyen pour détruire les forêts de
roseaux qui croissent sur les bords des rivières des steppes ;
mais cela est si dangereux que la loi le défend et prononce
contre les coupables la peine du bannissement en Sibérie.
Malgré cette sévérité des ordonnances, la plupart des forêts
en question sont brûlées chaque année au printemps. Le
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il tÈà mÉPPÈÊ tn tA «UêftB tf«1lfOl0]fALfe.
IHYiêpm' et le Dniester, d<mt ïes rhré§ «i sont oonvertës, ap*
pfifftiMetit cMime des rivières de fai, et les flanimes qpae i^
llètent les eatttc présetitent tm spectacle vraiment magnifique.
Deux raisons décident les Mforels à braver le ckàtiment cJkMil
Us sont menacés : la première, c'est que les roseau servent
tfe repafre k tin^ mûMfttde de loéps que Kincendie liiit sortir
lie Icar cachette et qne l'on tac ; la seconde, c'est q«i'oii es^
père, ett t^rfilani les anciéiffies poasses » obienfir des pOiiMes
notfvdRes plus abovtctantes. Il nefant pas o^bKer q«e e^â VO'-
seaM sont d'ofte très-^nde miHté dans les steppes t ^ Jttp''
pléent à l'absence de la pierre et du bois 4e diarpente, et
f h fonmfissent la mfttière principale pour la constm^tMm des
IbSFisons.
Le t^^tie «Mimai n'est pas pfos varié que cel«i des végè^
taux; Tnn et l'autre sont pauvres, malgré le nombre des êtres
Mimés (font la steppe est penplèe. La monotonie est en tontes
tjhoses le trait dislinctif de cette contrée ; mais si les espèces
j sont peu diversifiées, elles multiplient d'une manière éton-
Mante. Les aigles, les vautours, les faucons «t autres oiseaux
que partout ailleurs on ne voit guère qu'isolés , se montrent
ici par troupes. Les bords des rivières et les endroits cou-
verts de roseauic abondent en canards, «n oies, en pélicans ;
une multitude de lièvres très-petits pullulent dans les herbes.
Les alouettes, les pigeons, les grives, les merles, les pluviers
sont très-communs ; il en est de même des papillons et au-
tres insectes. Parmi eut figure en première ligne la saute^
relie, dont nons aurons & parler plus tard. Les steppes ne
tomptent que peu d'espèces qui leur appartiennent exchis{-»>
rement. Quoique la plupart d'entre elles se trouvent aussi
dans d'autres contrées , elles y diffèrent de mcfeurs, d'habitu^
des, d'instincts. On peut dire que ta nature toute pariicuKère
du climat des steppes modifie celle des animaux qu4 y vivent*
Dès que vous aveSK trsfversé le Dnieper, à Kremenlspng,
vous remar(|ue2 un petit àwimal qui se glisse partout dang
les herbes , et qui s'approche même dès grandes rotftes : ièa
Russes rappellevit êomUh , lus colons allemands Uèrre à ter*
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IM msrPM M -Là. ftUMB UtÊitOUmAtM tt
rier, et le» éradiU ttffiUtu tmlgmiê. Ceit tiM gMK^ieasé pe»
tite créature paitîoillièreMiKteppeB^ 4|i]i fiait le» ^y» boisés^
et i|«'-mi ràk Tsrettetti étans fc ▼•bims» d'ne irai» de
Le lUmeàieivier est exttèDBPcnMOit kimA 4e ce»
I b«lbM»e» <qf»iJahioiiritoMdiw.ct«e«Mil»ée. il «ntt^
pue tMancoop. 9» VMme et 4^upeot, <1 ptplîoipe de U^
iWM>tle«tKle1t4o»iMil;iIatt|ilii» fieUt^ela lyrenlèie,
et îl diMm da eeoeiid per la «Dokw 'de son petage«i 1»
longaeiir wotii» Mflwidéfable de la qoeoe. H se oreaee uit
terrier o4 il mm»»» de» pfOf ineas pour rhmr. <:e lerrier «
locÔ^w» den ewerturee^ «8»i e8l41 fiidle d!expulBer le
eowKk de »a retraite en y iin»ant eatrer de l'eao par «le
de» fisoe». Ge» iMiiaMK «fit poor t'en anMsremoD décidée.
On a remarqoé ipie dan» le» saison» himidea ih dimiiiMiit
de noubre, «tipi'iU araltiplient peodigiaiBaiiant pefidaait le»
8eRiero9B^w«
Leur gentinesM et lear caractère foMtre tomi qiiVm a do
plaisir à le» observer. On en raaeotttne i chaque pas. Tandis-
qae le» hd» se jooeat an miliea de» herbes, les antres plus
tinides ee tiennent accroupis devant l'entrée de leors terrien^
iln de aoïveifler l'approcbe de l'ennefeBiL Apercoivent-lls wt
hemne on qnelqae olo^ dont il» croient devoir se défier, ans-
»IIAl ilsse dreseettt sur lears jandie» de derrière, tels qnede»
kangnroos en minfature, et ils élèvent »i haut leur» petite»
tttes, qn'on dirait qu'ils peuvent s'allonger comme des télés-
eepes. Le» femmes emploient la fourrure du sousUk pour
kovder leurs habillement». On voit souvent des manteaux et
de» robe» qui sont laits de oette matière, et qu'on vend à fai
Mre de htÂffiiç sous le nom de êiÊêmIehm. De tous lee qna-
àrupède» de» steppes, eela&^i e»t de beaucoup le phi» ré*
panda. Le» chiens saumges s'en nnemBsent principalemelit^
les hMip», le» TCimrd», te» hneon», les aigles kû donnent oon^
Mnonent la ohasse.
Apffè» loi vient la eouris, qui infeste les greniers et lesmia-
psins. Poor «e débarrasser de cet hèle inconunode, les fer*
mieresoot «qpMlquefeis eUigés-d» mettre le feu à des «as 4e
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ik LES STEPPES DE LA BUSSIE MBBIBIOHALE.
blé. Contrairement aux mœurs du souslik, c*est pendant la
saison humide que la souris multiplie le plus.
Le loup des steppes est plus petit que celui des forêts, et
se distingue en outre de ceux des autres pays par ses habi-
tudes souterraines. Partout aOleurs le loup se retire dans des
cavernes naturelles ou dans des fourrés épais ; ici il se creuse
des terriers de la même manière que les lapins, et il n'est pas
rare de trouver une portée de ces animaux à plusieurs pieds
de profondeur au-dessous du sol. Ils ne se montrent guère
aux environs d'Odessa et des autres grandes vOles ; mais nulle
part ils ne sont plus communs que dans les parties boisées
des steppes. C'est de là qu'ils partent en bandes nombreuses
pour attaquer les troupeaux qui paissent dans la plaine. Aussi
chaque ferme est-elle entourée de haies ; ces haies n'ont pas
moins de douze à quatorze pieds de haut, pour servir de re-
tranchement contre les invasions continuelles de ces pillards.
Us font une rude guerre aux chevaux, aux moutons, aux bétes
à cornes; quelquefois même ils ravissent des enfants.
Les chiens sont de l'espèce la plus vulgaire, tant pour la
forme que pour le fond. Très-hauts sur pattes et très-velus,
avec leur longue queue et leur museau effilé, ils ressemblent
à des loups plutôt qu'à des chiens. Leur couleur est généra-
lement d'un gris sale. Quoiqu'ils ne soient l'objet d'aucun
soin de la part des Russes méridionaux, ils se sont multipliés
d'une manière incroyable, et Ton n'en compte pas moins
que dans la Turquie. Pourtant les Russes du midi ne souffirent
jamais un chien dans leur demeure; jamais ils n'admettent
cet animal à ce degré de familiarité dont il jouit chez nous,
et dont jouissent les chats et les coqs dans toute l'étendue
des steppes; mais comme ces chiens écartent les loups, on
en laisse l'espèce se propager à l'infini. Les habitations sont
protégées la nuit et le jour par des meutes nombreuses de ces
animaux. On ne s'occupe nullement de les nourrir; ils vivent
comme ils peuvent. Au printemps, cette saison de l'abon-
dance, et lorsque les chevaux et le bétail errent en liberté à
travers les steppes, les chiens s'éloignent des habitations, et
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tJSS STEPPES BS LA EUSSIB HBEIDIONALB. SK
deviennent presque aussi sauvages que les loups eux-mêmes.
Les fringoi de Thiver les forcent de se rapprocher des fermes
et des villages. Pendant Tété ils subsistent du produit de leur
diasse. Ils font leur proie des rats, des souris, des soosliks,
des œufs d'oiseaux et des jeunes couvées ; mais quand vient
la mauvaise saison, ils souffirent cruellement du froid et de la
fidm. On les voit parcourir les steppes par troupes de douze
à quinze, cherchant au milieu des neiges ou dans la profon-
deur des ravins quelque corps mort à dépecer.
Bien qu'ils ne soient pas inutiles, ils donnent lieu à des
plaintes continuelles de la part des habitants, surtout de ceux
qm se livrent au jardinage. En effet, les chiens des steppes
sont très-friands de fruits. S'ils pénètrent dans une vigne, ils
dévorent les raisins. Ils grimpent même sur les poiriers et les
pruniers pour les dépouiller. Plus ils sont repus d'une autre
nourriture, plus ils sont avides de celle-ci : on dirait que le
fruit les désaltère et rafraîchit leur sang.
De même que les loups, ces chiens se creusent des terriers
spacieux où ils cherchent un abri contre les chaleurs de Tété
et le froid de l'hiver. Par suite de l'état à moitié sauvage
dans lequel ils vivent, on prétend que le croisement des deux
races est un fait fréquent. On débite là-dessus en Ukraine
plusieurs histoires plus ou moins vraisemblables dont quel-
ques-unes sont accréditées dans notre Europe occidentale.
Par exemple, la louve mènerait boire sa portée, et tuerait
ceux de ses petits qu'elle verrait laper l'eau à la manière des
chiens ; d'autres fois elle accepterait un chien pour mari et
pour compagnon, puis, au bout de deux ou trois mois d'exis-
tence commune, saisie d'un remords subit, elle se séparerais
de lui, et laisserait à sa charge les petits qu'elle en aurait eus ;
le pauvre père, ainsi abandonné, les conduirait, au retour
de l'hiver, à la cabane de son maître ; là ces fruits d'une union
adultère ne manqueraient pas d'être reconnus à leur poil fauve,
à leurs oreilles pointues, à leur façon toute particulière de
mordre, et à leur goût instinctif pour la chair de mouton.
On prétend encore qu'ils chassent le loup avec plus d'ardeur
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^e leB chiens ordinaires. Jennes, on tes tient enchaînés;
vieux, rni les met à mort, et lear fearrare est presque aaasi
estimée cpie «elle des loops véritables.
VanMi les oiseaux, celui dont l'espèce est la pks répandue
^t Vottlarde, ou irakhna, comme t'appeltent les Russes. A
l'approche de Tbiver, les outardes émigrent de la ^lasie sep-
tentrionale vers des climats pins doux; mais aux etrvirons
d^Odessa, et àfembouchure du Dnieper et du Dniester, eUeu
restent toute Tannée. Elles vont communément par troupes
de douze à vingt. A mesure que l'hiver s'avance, ccr nombre
devient plus eansidérabfe; il monté quelquefois de qualtiM-
^ittgts à cenft. Ce n'est point que l'oiseau soit alors plus m^
«laMe^; c'est que les endroits oà il trouve sa subsistance sont
pks Hmttès. Effrayée par la présence d'un ennemi réel ou
supposé, une de ces troupes prend-^lle brusqu^nent son vol,
thacun des individus qui la composent fuift dans une direo*
tion particulière et régale son nid. Vers le mois de juin ou
de juillet, on voit les outardes pattre avec leurs petits; dans
ces occasions, le m&le veille soigneusement à la sûreté de sa
femelle et de sa jeune famille. Au moindre signe de danger, il
donne l'alarme. Sa vigilance est (elle, qu'il est fort difficile
de s'en approcher assez près pour les tuer. Les Itussesoroîenf
que l'outarde connaît exactement la portée d'un fusil. Les
Gosacks, qui sont les meilleurs chasseurs des steppes, luttent
de ruse avec cet oiseau : tantôt ils se glissent en rampant à
travers les herbes et parviennent jusqu'à hii sans être apei^
çus ; tantôt ils trompent le mâle en imitant le cri de h. femelle
au moyen d^un petit sifflet foit avec un os de bœuf. Cette imi-
tation est d'une vérité étonnante. Mais la manière hi plus t^
tmrquaM^ de chasser les outardes se pratique en hiver : cette
saison venue, elles cherchent un abri sous des chardons et
autres grandes herbes ; le froid redcwble de violence, la glace
s'attache i leurs ailes; elles ne peuvent ph» futr, et elles
eifirent une proie fecile afux renards, aux loups et suftovt k
l'homme. Montés sur leurs chevaux, les Cosacks les pour-
suivant et les tuent à coups de fouet. Un chasseur babile
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as «fftm» Dl CA HOSBIt MÉSmiOirALE. tS
peftt êii illripèr mi ^and nombre dan «ne jooniée* On
elle d«is les eteppes des habitaiits <pii se sMit scquh «itie pe^
file (brtmie par quekpies chasses heureuse»; un, entre «ak*e9,
qui dans mie seule matinée tua cent cinqoante outardes avec
ie«i ffonei/ H les vendit à Odessa, et eUes lai rapportèrent
quatre eent einqnante roubles. Vers le nord, ehaôin de cas
oiseaux se rend souvent de dUc i qirinae rmbtos.
Les aigles, les vautours et autres oiseaux de proie ont leu-
fMtt été trèfr-ri)ondaat8 sur toute l'étendae des steppes ;
mab dans ces d^nières années, une oertaine^portiett de terre
ayant été défrichée, une foule d'oiseau granivores, Jiis(tue4Br
inconnus, j sont arrivés, et d'autres espèces, qa\ auparimana
èùàBûi assex rares, se sont nraltipliées d'une manière surpre^
ttâste. Le seul oiseau chanteur qu'on ytrouve, c'est l'alouette.
Cependant le rossignol se lait quelquefois entendre dans les
jardins qui entourent la vitle d'Odessa.
Malgré fat sécheresse du sd , les steppes sdht infestées de
reptâes, de grenouilles et de crapauds : ces derniers surtout
96 TencontrtBt à chuque pas; et quand il est tombé un peu
de ploie, il ^t difficile de mafrcher sans en écraser plusieurs.
¥n phénomène etfrèinemeiit eurieut a Heu pendant les mois
<rété : M. Sohl n'en a jamais été témein, mais il l'a entendu
dèorire tsnt de feis, non*-si^lement par les indigènes, mats
aussi par les colons allemands, qu'on ne saurait guère s'em^
pêcher d'y ajouter foi. Ce phénomène dans la langue du pays
est appelé apparition de crapwiis, Yeici ce qu'en dit notre
auteur :
« Tout lé monde rapporte qae suivent, au mois de juin o»
de juillet, quelquefois même au mois d'août, après une forte
ondée, la terre se couvre soudarinement d'une myriade de
^•tits crapauds, qui viennent on ne sait d^oA, et disparais-
sent cemme ils sont venus. Il feut que cette ondée tombe
pnr grosses gouttes , et soit accompagnée des i^ons du so-
leil. Une pluie qui dure longtemps n'amène jamais de cra-
pnds. Le nonAre des reptfles qu'on voit dafrs ces occasions
eut fcbnleux : ce sont des millions de militons.: en dirait unre
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28 LES STEPPES DE LA RUSSIE MÉRIDIONALE.
armée de sauterelles. Marcher au travers de ces reptiles, qui
grouillent de toutes parts, est la chose du monde la plus re-
butante ; à chaque pas , on en écrase cinquante à soixante :
cela foit soulever le cœur. Qu'on se figure un indigène cou-
rant pieds nus sur ces masses animées dont le sol est jonchél
Les roues des voitures les éventrent, les coupent en morceaux,
et roulent toutes dégouttantes de sang.
ce Ces reptiles sont de la dimension la plus exiguë ; à peine
égalent-ils en grosseur les petits crapauds qui naissent au
printemps; mais ils sont beaucoup plus vifis et plus alertes.
Quelque nombreux qu'ils soient, aussitôt la pluie tombée, ils
ne tardent pas A disparaître ,* et dès le lendemain on n'en
voit plus aucune trace. On ne remarque pas qu'il y en ait en
plus grande quantité dans les rivières et dans les étangs :
on croirait que la terre , qui les produit brusquement à
sa surface, les absorbe de la même manière. Que si vous
interrogez les naturels du pays sur la cause de ce phénomène,
les Russes secoueront leurs épaules, et vous répondront :
Bog snayet (Dieu le sait) , tandis que les Grecs vous adresse-
ront sans doute au diable en personne pour pénétrer ce mys-
tère. Un Allemand très-intelligent, que je questionnais sur ce
sujet, m'avoua qu'il n'y comprenait rien. Je pense, me dit-il,
que ces myriades de crapauds viennent et s'en vont avec la
pluie; mais comment cela se fait-il? c'est ce que je ne saurais
expliquer. »
On rencontre aussi beaucoup de lézards dans les steppes.
Quelques-uns n'ont pas moins de dix-huit pouces de lon-
gueur : ils sont un objet d'efFroi pour les Cosacks; mais les
Cosacks ont peur de tout animal qui diffère dans sa forme de
leur cheval, de leur bœuf et de leur chien.
De tous ces reptiles, les serpents sont encore ceux qui sont
le plus répandus. Ils abondent un peu moins dans les parties
de la contrée qui sont bien peuplées, particulièrement dans
celles qu'habitent des colons allemands; car, en général, les
Russes méridionaux craignent trop les serpents pour les tuer,
alors même que ceux-ci viennent se loger sous leur toit. « Ne
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LSS ST£FPES DE LA RUSSIE MÉRIDIONALE. 29
faites pas de mal à un serpent, disent les Rosses, et il ne vous
en fera pas. Mais si vous le Uxez , vous serez en butte aux
poursuites de toute sa race. » Ils sont persuadés qu'il existe
entre ces reptiles une sorte de corporation, et que les parents de
ceux qui ont péri ne négligent rien pour venger leur mort.
Ils fondent cette croyance sur le vingt-huitième chapitre des
Actes des Apôtres, où il est dit : « Et lorsque Paul eut ramassé
une poignée de branches, et qu'il les eut placées sur le feu,
fl en sortit une vipère qui s'entortilla autour de son bras. Ce
que voyant les barbares, ils murmuraient entre eux : Certai*
nement cet homme est un meurtrier ; et quoiqu'il ait échappé
aux périls de la mer, la vengeance qui le poursuivait vient de
l'atteindre. »
Par l'expression de meurtrier, qu'offre le texte, ils entendent
meurtrier d'un serpent; de même, ce mot vengeance signifie
pour eux vengeance d'un serpent sur l'homme qui a tué quel-
que reptile. Dans leurs idées, les serpents sont chargés de punir
les meurtriers en général, et particulièrement les meurtriers
les plus coupables, c'est-à-dire ceux qui ont tué des serpents.
Le reptile le plus gros des steppes est le eoluber tndfalis :
on prétend qu'on en a vu qui avaient dix-huit pieds de long.
Ceux qui n'ont que cinq à six pieds sont très-communs. Il y
a parmi les Cosacks une foule de légendes où il est question
de serpents monstrueux, qui, à une époque peu éloignée, in-
festaient les rives pleines de hautes herbes du Dniester.
Ils en sortaient pour s'élancer sur les hommes et sur le
bétail, qu'ils étouflfaient ou tuaient avec leurs dards. Quel-
quefois ils donnaient la chasse à un cavalier et à sa monture :
le cheval le plus agile ne pouvait pas échapper à leur pour-
suite. Ces exagérations fabuleuses n'étaient pas bien néces-
saires; la simple vérité est déjà par elle-même assez frappante :
qu'on en juge par cette anecdote, qu'un vieux colon a racon-
tée à H. Kobl :
a Nous étions un jour quatre jeunes gens qui nous amu-
sions à nous baigner. Au moment de reprendre nos habits,
nous aperçûmes, parmi des pierres et non loin de nous, un
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80 IX» STËPVBS P« LA RU^StB MUUUÛdilAU.
serpent toorme : aociw (te bous ne p««0ait powr palti>oiu Go^
peacloat n^us ^ion» tous aMcpt ieiUés de céder la plaoe à mk
Mio^aii aussi formidable « et de ae p^a Tmqai^r; mai» U
erÛBia du ridicule étouflb les coasid^aiions de la prudenee»
et neua eagageàaies le combat ea lançaat au reptile iiae valÀa
de pierrei« CelaH^in'ea paruinalleHiefit iotimidé; il se dreaeii
à^oia eu quatre pieds au-dessus du sol, en «ifflaak d'aœ fti-
ces weaacaate» conine s'il »eua eùk provoqués à Tattaquar
die plas prèsi. Nos pierres étaieiki mal dirigées» ou eUes gUsn
taieat sarson eorps visqueux saus l'eAdomnager. Q^wit aw
bAto894iufi nous teniouaà la «wiA^ils éteteat Uop coaiiapciac
Dous élre d'aaeajae utilité contre lai, TSous eoatintt&mes doM
à Taccabler de nos projectiles. Un instant il se moalra Hfi^
fiwè à se jeber sur nous ; oiais peu habitué saoa doute à ce
mode d*atAaque, il finit par battre en retraite. Nons le pour^
sivlmes Ytvement : un «^roa eaiUeu l'attoiseit à la tète» et
retendit presque îAaainiésur le sdiAe. New achevâmes notre
victoire en le tuiit. Il mesurait dix pieds de longueur, et il
était aussi gros qu'une bouteille. >
Une autre fois, les habitants de deux villages eonftigus
afvaient renuirqné pendant plusieurs samaiites de lai)gestro«éeo
i travées leurs champs de blé, comme si on y eût tiainé un
aac rempli de graia. On se perdait en conjectures à oe sujet»
jusqu'à ce que, un matin, on trouva dans ce champ un jeuno
poulain à moitié dévcoré. On soupçonna d'après Taspect et
ia aatuve des blessures que quelque énorme serpent les avait
-faîtes. Ce soupçon ne tarda pas à se confirmer. Quaére à cinq
voitures qui étaient parties la véiOe pour les terres de b^
bour» rentrèrent précipitamment au village. Les chevaux et
^euTs conducteurs semblaient égalemeut effilés* Us avaiem
.été attaqués, poursuivis et serrés de près par un reptile gi-
gantesque. La description qu'on en donna était telle que i»
»chulze, ou premier magistrat du village, commanda une le^
vée en masse, et invita les habitants des villages av^inants
à se joindre à hzi contre Pennemi commun. Vue centaine d#^
jeunes gens partirent arméa de fusils et de longws perdies :
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hB$ WtnWMSk DB LA RUSSiB MBBlMOIfALB.
pendast oa jour wtû»^» ik baitûrant le pays» maia ssun 2
snceès : dès le lendemaio» le reptile se meaira de ttûw«au
i qpMlqHes beq[^n quU ea le voyani, a'eftfiûreai d^m hmn
Uoapenx^ Qaelqiie pcécipitée que fàt leur retjraîte» uik ^
IfiOB chevaux denatla proie du moastare. Le lehuUe se remît
4»Bc ea campagne. JLe reptile fot déeoiiveri» traqué et-blassé-
de pki«ew& eof^s de feu. U chercha un refuge panrn les
kaules kerbea du Daî^er» laissant aprèi lui une largs tfaA*
née de sai^r ^ échappa ai»si à ceux qui le poursuivaieut Ou
crok qu'il périi de ses blessures » car depuis ou ne le revU.
plus.. B'aprèa les calculs sans doute exaeèrésdeeertaios ehas*
sMiT&s îIl uVaii pas moins de trente fûeds delonç : le schulae^
phiaiuedéré et probablement plus exact, a réduit cette éFa-
faiatioB i trois brasses et demie; ce qui pour ua serpeni de
uatse Europe est fort raisouuable*
Aujourd'hui on rencontre peu de reptiles dans le yobiu^
des colottîes alfemaBdes ; mais vers les parties le plus reculées
des steppes, il existe encore des districts où ils sont si uosh
bjreux que les bergers évitent d'y mener leurs troupeaux.
Ualgré leurs proportions extraordinaires » les serpents des
steppes sont un eimemi peu formidable eu comparaison d'im
petit insecte qui visite de temps en temps ces contrées, et qui
Y marque sou passage par d'affireuses dévastations. C'est la:
sautereUe. Qudquefois il s'écoule une période de plusieurs
années «ans qu'on en entende parler; puis, pendant une autre
période plus ou moins longue, le fléau exerce ses ravages cba*
que année et chaque saison. Lorsque pour la première fois
les colons allemands vinrent s'établir dans lessteppes, il y avait
longtemps que les sauterelles ne s'y étaient pas montrées. On
en connaissait deux espèces qui ne s'y multipliaient |point
outre mesure y et jusque-là on n'avait point appris à les
craindre. Ce fut vers 1820 que l'on commença à remarqpier
qu'elles augmeutaieut en nombre d'une manière inquiétante.
En i82&> et en 182S elles occasionnèrent de grands dégâts.
Mais en 1828 et en 1829 elles envahirent le pays pur trou**
pes mnombrables. Leurs colonnes épaisses interceptaiattt la
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33 LES STEPPES DE LA HUSSIE MÉRIDIONALE.
clarté du soleil : elles détruisirent les moissons, et dans
plusieurs localités elles ne laissèrent pas la inoindre trace de
végétation derrière elles. Les colons, désespérés, croyaient
déjà que le jour du jugement était venu. Dans leur détresse,
ils demandèrent conseil à leurs voisins les Russes et les Tar-
tares. Ceux-ci n'étaient pas moins embarrassés. Les hommes
les plus âgés parmi eux n'avaient point souvenance d'une
dévastation pareille. Tout ce qu'ils se rappelaient, c'était que
leurs pères en avaient autrefois fait mention. Les Allemands,
reprenant courage, se mirent à l'œuvre. Grâce à un système
d'opérations sagement combiné , plus d'un champ de blé fut
sauvé des atteintes de ces essaims dévorants. Pendant les
années 1830, 1831 et 1832, les sauterelles continuèrent d'in-
fester la Bessarabie et te reste delà Russie méridionale; mais
leurs colonnes s'éclaircissaient peu à peu. En 1833, elles ne
causèrent pas de grands dommages, et depuis 1834, elles
ont considérablement diminué de nombre. On ne les voit
plus qu'isolées, de même que les autres insectes.
Pour se défendre contre ce fléau, les colons ont établi une
espèce de police. Quiconque aperçoit le premier une nuée
de sauterelles est tenu de donner aussitôt l'alarme et de &ire
avertir le schulze. Celui-ci se hâte de convoquer les habi-
tants : sous sa direction, hommes, femmes, enfants, vieil-
lards, tous s'arment de clochettes, de chaudrons, de fusils,
de pistolets, de tambours, de fouets, etc. On décharge les in-
struments à feu, et avec les autres on produit le plus de bruit
possible. Ce tintamarre a souvent pour eJFet d'effrayer les sau-
terelles, qui, poursuivant leur vol, vont s'abattre sur une lo-
calité plus tranquille.
Plus encore que le bruit, elles redoutent la fumée. Du plus
loin qu'on signale l'approche d'un essaim, les colons se hâ-
tent d'amasser près du champ dont ils veulent écarter ces
terribles visiteurs, de la paille , des broussailles, des herbes,
du fumier desséché. On y met le feu ; il s'en élève des tour-
billons de fumée, et à cet aspect l'armée de sauterelles change
la direction de sa route. Quelquefois cet expédient échoue
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LBS STEPPES DE LA BUS8IE MÉRIDIONALE. 33
complètement» par exemple lorsque Timmense colonne s'étant
abattue dans la plaine, les derniers rangs poussent les pre-
miers jusqu'au milieu des flammes. Des milliers de sauterelles
y périssent; mais leurs cadavres amoncelés éteignent le feu,
et le reste de la troupe envahit, sans rencontrer aucun ob-
stacle, le territoire qu'on croyait en sûreté.
Le plus communément, la fumée les force à reprendre leur
vol i travers les airs. Alors le comble de Thabileté consiste à
les chasser dans une direction où Ton n'ait rien à craindre
de leurs ravages. Si Ton est dans le voisinage d'un lac ou de
la mer, on tâche, par tous les moyens possibles, de les pous-
ser de ce côté. Elles tombent par millions dans l'eau, et leurs
corps y forment comme de petites lies flottantes sur lesquelles
d'autres sauterelles viennent se poser en telle quantité qu'elles
s'entassent à vingt ou trente pouces d'épaisseur. Que si le vent
.souffle de terre avec force, toutes sont submergées : si au con-
traire la brise est molle, celles qui sont encore vivantes s'ef-
forcent de regagner le rivage, où elles sèchent bien vite leurs
ailes pour recommencer leurs dévastations. Quant à celles que
les flots ont englouties, leurs cadavres, rejetés sur la grève
ou le long des rochers, apparaissent de loin comme des mas-
ses sombres d'algues marines. Il faut admirer l'adresse que
montrent les sauterelles en ces occasions. Poussées par un
voit impétueux bien avant au-dessus de la mer, elles réussis-
sent souvent à regagner la rive, non point en luttant contre
le lit du vent, mais en louvoyant à la façon des navires.
Leur instinct les guide de préférence vers les jardins qui
entourent les habitations. S'il se trouve un village à droite ou
à gauche de la ligne qu'elles suivent, elles ne manquent jamais
de se détourner de leur route. On s'imagine à peine, on ne
saurait décrire la terreur dont les habitants sont saisis à leur
approche. Qu'on se représente un nuage noir d'insectes dé-
vorants. Ils s'abattent sur la terre, qu'ils couvrent à une
épaisseur de deux ou trois pouces, tandis que des myriades
d'autres, se succédant sans interruption, obscurcissent la
clarté du jour. Les arbres, les toits des maisons, en un mot,
5* SÉRIE. — TOME XI. 3
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iMte 1» tm|ierfirie éa 6èl ^Bt jMcliéê 4<i MXè^p&emim^ <qai
«niilto êtteordoom Bsoai oosm. Il fliul âkir» fenner «1^00
wdû te* ]pd«t«^ Itt» feMéir»«ti«iAaM leidiami&M 4m InAil-
USàans, wt des wilUeft de uMetéÊtM pteèumt for ces
^inrevtwes. IJim aMée, filuMUfs «gMimi &'4tiat «rttéi siiar
Odessa, les rues et l«i piacfei pabHqoei eiv éiamA<mïveiA»;
oes îuaeeKs eni^ahîssneiirt t'ifilérieiir ^bs «MwonB. O» en
Ifdwaril deê^sniiâitMW dvee ioBplfltset l6»««nefole9 de» mi-
«ioMy et fls^lhiMit s'éftailer joequesur les eote^sbewleise.
Ott dÎBliflgee k» «laiitevdtee de- ki Keesie aiéridioMle en
deai eeptees : l«e nweÉi outisases (gniêtu$m6fiHa&rim)^ lee-
quelles «ent un pOMe et demi de longnew ; et let Mirdiiiit
{ griUui wMwtor)^ lesqaelles^Mii ettrâon de«x ponces de long.
Lee den esfièoee towt égaiemenl Toraces et égalenail re-
doYtéee. L'une «I l'antre se rêpvodnisent par des esufii qne la
iMneHe dépose éam la terre mi nMyen d'un tid^e forant ^m
miàoc dont elle est «rmée. Ceci a iîea d'aoAt i septembre,
lile ne se contente pas de creuser le sol avec le tube en qoee-
tien; 1^ 8*7 enfonce eUennteie tout entière, afin que les
crafii soient eadiës le phn arant qu'a est peesiMe. Cette der-
nière drconstanœ dépend de la nalmre d« terrain» Si le terrain
est trop dur, la ftMneRe laisse son dépôt à la snrfiice. On a
observé qn'elle chevsit presqae toujows un endroit oà la terre
est friable, et qa'elle y Ant son trou en touniant sur etle-
niéine, een corps eerrant ainsi de tarière^ jnsqn'à ce qu'elle
disporaîese cmnpiélieinent. Le iron netrev^é, elle y pond ses
mth au «ombre de einquanle à 9oi»»ile-dix. Le travai} de la
ponte dere généralement deu eu trots jonre, après qnoi la
mère ép«nséei«ste gisante et menrt. ât ses Soroes ne Mper-
nieilent point de «renser «n tren assez profond, eMe demeure
deesas, et eewre ses cenfe de son ^Mrrps inankné. Les omis
de la sauterelle eoift blancs. Par la forme et la çressenr,
ils ressemblent à eeux de la fonrmi. Une eertaâne sidMtanee
fMinense les rend adhérents les «ns tait antres. Quand on
les retire de terre, la menée compacte qn*iis oflrent ne se die-
eout pas; si on les plaee eor un morceau de ^v^rre que Ton
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i» SnVMI Di %A IkVÊÊlM HlâYlllONAlft. tt
aurnSê omwit» «tditaMWtt» M kMviMbMiMitédorê.irac-
tion 4e la Diitttre «M phs lenit. tM 4ft«lb mifod» 4lui» )è edl
f fiMMI rMtOMMet nàwt t c« ti'esl qu'à ia ««4^«Tril m
m MttiâMiMiMnt é» ami ^aH^édosent. La Mige lea yi^
fége^mitm la géMè q^i to «iétniteKH; ma» lersqae la torrte
^Êi aoa^et qprtte m Mil pai eachAs a^ici pKOftmdédMii, 4aa
Sèiiéraiim9«filièi«a4eaaaÉM«1leitp^ sealenaii.
Aux praniera Imm« jMiv «da fvtnlaaif»» lag iasactaB iu>a¥él-
taMKl -éeloa ooamenMnt à w mcftâtet. BieiitAt a« ea fait
dea tfoapés considérablea. LsBplaaJaaiieaii'om^poiiitd^aflea;
wm laors paflea, <tai a« âMH tartiièarptMifilênieat, les aidant
i «eannrrair. Lear apj^éHI T«praea ae iftaiilfest^ aasntAt aprte
lenr naissafiee. Les aai^rterallad ae valent pas «msare qaa déji
rfles mamgent. BHeaiietardeiïtpaBàaemeCtreearotfle, atfl
aenMe cpe Tessan) aagaieata à aiesiira qu'il t'avance. Btes
iHiatm fiâssat eataMlm ua petH tarait «ga, an Aotâbot ks
aaes aa-derrant das aaXaa», el leur anâtche eH aacooiqpagiiée
d^n oartahi eraqncKnaiil ou patUlaiBanlderelM le phi» lit'
aarre. Eltes procèdani prasipia toiijoan en ligne éraMe, et
m sa kment ni arrêter ai détonmer pu* aaean ebataale. D
en périt das qaaatitéa maoaJii uMig dana tea rayin§, éawies
fleavas, daas Va rivîdiea. L'eaa disparaît ipiekpefaû aaus
une ccmche épaisse de santereHes aoyéas.
Les jenaes occasiattwiit plus de déduits qoe les ?mUes.
Gomna «fes a'oat paîat eMcare lenrs «Ses, fl est ttés-imAUe
de cherdier à les effrayer par des fsax allnaaiés ou par des
décharges de «soaaqaeleria : 'enlreprawlni de les détruire»
c'est perdre son tanpi; aar une andtitade pareille, la dilé-
i^aeede qaelqaes «mIKom en pios ea en moins n'est rien.
Ajootea à cela qm lenr TOimoilé est plas gran<k et qoe les
piailles, herbe <m Mé, i|a'eUes rengeni sont les pousses naa^
▼eHesdu prin%eaBps , d'o4 il suit qae leurs dégftts sont très-
^Mhâles à réparer. Â la rérfté, le théâtre n'en est pas aasai
4t€ada : tant qae ces inseeta ne sont point mams de leara
«Ses, ils ne mvdhent goère qa'à taisoa ds deux versts par
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86 LES STEPPES DE LA BUSSIE MÉRIDIOICALE*
Aa bout de trois ou quatre semaines, ils atteignent toute
leur grosseur. A cinq semaines, leurs ailes sont formées, et
alors Us commencent à voler. A partir de cette époque, ils par-
courent la contrée en nombreux essaims jusqu'à la mi-sep-
tembre. Après une existence de quatre mois, tous meurent,
non sans avoir pourvu à la perpétuation de leur postérité.
C'est vers le milieu du mois d'août qu'on voit les essaims les
plus considérables. Leur vol est accompagné d'une sorte de
bruissement : on croirait entendre le vent qui souffle avec
violence à travers des arbres. L'élévation de leur vol dépend
de l'état de la température. Par une belle journée ils mon-
tent bien à deux cents pieds au-dessus du sol, c'est4-dire,
la nuée qu'ils forment parait occuper cette position ; car les
couches supérieures doivent en être beaucoup plus élevées.
Si le temps est sombre et couvert, les sauterelles rasent la
terre de si près qu'un homme rencontrant une de ces armées
volantes est heurté par elles au visage et se voit forcé de de-
meurer le dos tourné jusqu'à ce que le tourbillon soit passé.
Lorsqu'elles volent à une grande hauteur et qu'elles distin-
guent dans réloignement un champ de blé, une plaine ver-
doyante, elles descendent lentement vers la terre ; arrivées
à six ou sept pieds du sol, elles s'abattent toutes ensemble :
on dirait une pluie de pierres.
.' Elles ne sont point réglées dans leurs heures. Elles conti-
nuent quelquefois leur marche jusqu'à minuit, et rarement
elles se remettent en route avant huit ou neuf heures du ma-
tin. Une nuée de sauterelles présente ordinairement une forme
ovale, ayant un quart de verst de largeur et deux à trois versts
de longueur. Parfois on voit ce nuage se séparer en deux ou
trois parties qui plus loin se réunissent. Quanta l'épaisseur que
ce nuage peut avoir, il est difficile de l'évaluer exactement.
Elle doit être considérable, puisque les rayons du soleil ne
sauraient la pénétrer, et que l'ombre qu'il projette sur la terre
en passant y répand une fraîcheur très-marquée. L'obscurité
momentanée qu'il occasionne produit le même effet qu'une
succession de gros nuages chargés de pluie. Par un temps
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LBS STEPPES DE LA BUSSIE MÉEIBIONAU. 37
calme, il fiait environ quatorze milles anglais (trois lieaes) en
huit heures.
Une plaine où s'est arrêté un essaim de sauterelles présente
Taspect d'an champ de bataille. Dans l'excès de leur avidité,
eHes s'entre -déchirent souvent; plusieurs d'entre elles se
cassent les ailes en tombant; elles ne peuvent plus reprendre
leur essor et suivre le reste de la troupe. On ne saurait esti-
mer que d'une manière fort conjecturale le nombre d'indi-
vidus dont chacune de ces armées se compose. Les indigènes
prétendent qu'une seule en s'abattant sur une plaine de
quatre versas de longueur et de une verst de largeur la couvre
entièrement, qu'en plusieurs endroits les sauterelles s'entas-
sent au nombre de quatre à cinq les unes sur les autres, et
que les arbres, s'il s'en trouve dans le voisinage, menacent
de se rompre sous le poids qu'ils supportent. Admettons seu-
lement un insecte pour une surfieice de deux pouces; il en ré-
sultera qu'un essaim qui couvre une verst carrée ne constate
pas moins de mille millions de sauterelles (1), et chacune
d'elles, au dire des Russes, mord comme un cheval, mange
aussi gloutonnement qu'un loup, et digère avec une facilité et
une promptitude que ne possède aucun autre animal.
Bien que les sauterelles affectionnent certaines plantes,
elles sont en général peu difficiles pour leur nourriture, et
elles dévorent indifféremment tout ce qu'elles rencontrent.
Sons l'action puissante de leurs mâchoires, les feuilles et l'é-
corce des jeunes arbres disparaissent comme par enchante-
ment. Un riche pâturage se change aussitôt en une terre nue
et désolée. Les herbes et les roseaux qui, pareils à une frange
verte, garnissent le bord des rivières, sont enlevés avec une
rapidité magique, et là où de beaux épis ondoyaient tout à
l'heure, il ne reste plus un brin de chaume. La troupe affa-
mée s'avance ainsi en mangeant; mais comme les premiers
(i] Une vent a 3,500 pieds de long (mesure anglaise). Une Tersl carrée
eontient donc 12,250,000 pieds carrés; soit 1,764,000,000 pouces carrés.
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twf» m laifi0Wi «m antre»; qu'une naîgre dossefte» rartièrch
garde prend souvent son vol et se substitue à Favant^nid.
Ghimm frâant, ka flanc» d» la coUnuie a'^tandent» et die
fiwi fwr ne pcéseatar qu'ue aenii» lifo»*
Ou ^tingue d'a»aaii Uin la bcuii qvM fcmi lea aanler^lea
m r<MPWBAnl la» buim, et 1» frémûfaemeAt de leur» aUea^
qn'dlfaMi^aai^iitâ'agjtec i<piâgopqiiAa eatendiipattFewMrev*
pmu de immtQQs peut »'eA fanvoc xkm îdée.i4i pviUa fAd^
Im Uà» mtk» .ne le» tentent qne nédi^crement;, maia .toat iça
<|aj est verdttce est intûUibkmeiit dér^ré. O qi^eWmt^éU^
ventÀ tante.antre c^boa^» .c'e»t k Ué d'Jnde, B est «^^ ^gtr
tréoMOieiit cmrâux da lea ¥^ fa^ber w champ plaAtô de
oa blé qui a, dana lo» ateppea» we tige U ès-bauteat tpès^ite*
Qn4<]ue& sautereUea auffiamt c^ndaat pour per^^r cette
tige en cent endroit», et cala an bmi d'une nnnute.; rinstaal
d'après il n*enre9te plnadeveatig^a, Elles rattaquaat i la foia
par répi, par ki nuliisu et pai: la racintg, jusqu'à ce qu'elle» la
neaveraent. A chaqiie tige déverée, ka sauterelle» qui en ont
fait leur proie s'envolent poiir s'abattre sur une tige nouvdle.
L'oQuvre de destruction »e poursuit sans reUcbe juaniu'à ce
que le chamyp tout entier soit lasé et mis à nu.
I^s jardins que les marchands d'Odessa entretiennent à
grands frais ont particulièrement è souSrir des ravage» da»
sauterelles. Elles épargnent» il est vrai,, le» melon», le» cou*
combres et le» fruits qui proviennent sur le» 'arbres ; maie
des arbres mêmes» elles dévorent le» feuille» et l'ècorce. Quant
au fruit, il se détacbe et tombe par terre. Il en est ainsi pour
la vigne. Le» feuilles, les tendrons» les jeunea branches seni
complètement rongés» tandis que les gcappe» de raiain gisant
dispersées sur le sol pendant cq tQmp»^là; chaque arbce du
jardin est chargé d'une foule de trav^lleuses qui parcent» qfé
rongent, qui déchirent, qui scient; et lorsque la troupe, ton**
jours affemée, s'éloigne enfin, la scène de désolation qu'elle
laisse derrière elle ne saurait se décrire. D'énormes amas d'ex-
créments signalent Tendroit où elles se sont arrêtées. Ces
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chwt, iM taielemp9^.4pnèB 1m troupe^n Ment la 'i>bnet qui
Wwft nuici MT It lomitKki ><értfmwi (tea^MOs)* «^ Xdk
ert la |dkrM»4)ii4Uuwm dM myagMm (fcmqu'iifl «iflItaBi li
rosses. Ceax-ci.9f^ fr<mé,mm ëa plus èÉénMw* qw lem
qiOBio«a^«ttis; pow iMéhaasemy la «itteivanlf qnamèaent
les iiémmiUlm (lieB0Mè).iinifiaata deap^iAqtiëviAé&vfanBani
i^aanil miipaile ém ^W/fm, tmnBMatmqim p«r 4a i
tMOPar ka «abaraux aanMagaa ^q^dii ; Imixe. XSopendasI «a
mai Aedoift ftknr «teîa ^a^^iac iwniamwi faatsidioMs. n y a
laagtaanpa <|Qer)aparlîe4ai >teppaa qai aq^natieniàlaftimia
a<waè dfi aeafHDaaor A» duBvaas aawiragaa.'; ilast mtm»e.im*
pMàbla da pateiaar eaaokoaea* répoqse, déjà So9t étoifaéav
Qià ca Mkle.wîiiial amii au liharté an niliea des plaiaaa
qii baadoiit la FanA-Jinia. Aj^anid'lmt chaqae itéôim^ m.
troupeau, a son propiâétaiaa asaqpad leialMiiitehikdiHi eosoipla-
de to«le pièce da Jbèlail qui a été pavdua ou nMe. Ce «"est
qa'^M leMdL da k laviaiie ou dans lea désacis qni s'élaAdatft
Moacdak mard'AiaU iquaraiiiaucontreide8.di^aui:masft
à J'4iat de miim». Xeatofœs ils joaissesl daaa les stappat
d'a«e condMoo qui appiooka d'une iadipeadaiioe absotaa,
e4 lia s'ofrant aiaaî à rabaarvateaar sans w poiok denua qi»
cawi da nalra Eurofa uofirâaaiikttt pas. Aussi fuaiqiia làa
laouloa» ipnraui am preasâsa^ ligna parnû le& aapècesdoiiâea*
papaaaipauplé» et qu'an eu Eefiaonlra<dJ& toanpeaux powam
300) da btea à«ouaaa on da eberaax^ u<ias «ouaecanfnrons
d'ahard'da casiiaras^iè saxenoato prasqua toute la aavula*
T» îanpÉnale, ai 4'aà k {^antaruiraïaut panrraît titerv au Imn
aain^ 4as rasaources tsllaft<qn'aucuaa auAre oantséan'au poa<
sède de semblables.
PhnieuBB saiguenas nnaesaantpfiiprîééakes de frauds^do-
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ko LES STBPPE8 DE LA BUSSIE MÉRIDIONALE.
maines dans les steppes. On cite particulièrement les familles
des Potocki, des OrlofF, des Rasumoflsky, des Skarshinsky,
des WoronzofFy etc. La population est si claii^emée, sans
parler d'autres obstacles, que ces familles sont obligées de
laisser en friche une partie considérable de leurs terres. Aussi
les seigneurs les plus riches ont-ils compris qu'il était de leur
intérêt de se livrer principalement à l'élèye des montons, des
bétes à cornes et des chevaux. Il parait que dès les temps les
plus reculés cette industrie a été celle du pays.
Comme noyau d'un taboon, on envoie dans la steppe, sous
la garde d'un berger, un certain nombre d'étalons et de ca-
vales. Les petits poulains restent avec leurs mères , et le
troupeau va toujours en augmentant jusqu'à ce qu'il atteigne
le chiffire fixé , lequel est proportionné à l'étendue et à la
fertilité de chaque domaine. Rarement un taboon se cmn-
pose de plus de mille chevaux; mais il y a des propriétaires
qui ont, dit-on, dans diverses localités, jusqu'à huit ou dix
de ces taboons. C'est seulement lorsque le troupeau est com-
plet qu'il produit un revenu, soit qu'on emploie les jeunes
chevaux sur le domaine même, soit qu'on les vende aux par-
ticuliers ou aux agents du gouvernement.
Le tabuntshik aux soins duquel le taboon est confié doit
être doué d'une activité infatigable et d'une constitution de
fer, également endurci à l'excès du froid et de la chaleur, et
capable de supporter toute espèce de température, sans même
avoir l'abri d'un buisson. Il doit lui être indiffèrent de pas-
ser la nuit sur le gazon humide ou sur une terre nue qui a
été brûlée pendant douze heures par les rayons presque ver-
ticaux du soleil. Rarement il trouvera une cabane pour le
protéger contre les froids les plus rigoureux, et à l'époque
des chaleurs , quoiqu'il soit comme dans une fournaise et
qu'il respire un air embrasé, il faut qu'il reste en selle pres-
que toute la journée, prêt à poursuivre au galop les chevaux
qui s'écartent, ou à secourir un jeune poulain sur lequel un
loup vient de s'élancer.
Les bergers traînent avec eux leurs maisons : ce sont de
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LBS STEFPS8 DE LA RUSSIE Mi&IJ>IOKALB. 4l
grands chariots dont ils ne se séparent jamais dans leurs
courses vagabondes, où ils trouvent un abri pendant la tem-
pête, et où ils se refirent la nuit; mais ce luxe est interdit
au tabuntsfaik ; le troupeau dont il répond ne saurait être
abandonné à lui-même. On conçoit que les mille chevaux
commis à sa garde ne se tiennent point ensemble dans Tor-
dre et la discipline des chevaux de régiment. Il est douteux
qu'un adjudant de cavalerie ait plus à courir et plus à sur-
veiller un jour de bataille qu'un tabuntshik pendant la jour-
née la plus tranquille. On peut dire qu'il n'a pas le temps de
quitter le dos de sa selle. C'est à cheval qu'il mange et qu'il
dort. Il dort aux heures où les autres hommes veillent , et
réciproquement; car les chevaux sont sujets à s'écarter pen-
dant la nuit, et la vigilance la plus grande est alors néces-
saire pour repousser les attaques des loups et celles des vo-
leurs. Qu'une tempête de neige fonde sur la steppe, le pauvre
tabuntshik, au lieu de tourner le dos au tourbillon , devra
avoir l'œil sur ses chevaux, les contenir s'ils s'effrayent, les
poursuivre et les ramener s'ils se dispersent.
Il est presque tout entier vêtu de peaux qu'une ceinture de
cuir assujettit ensemble. A cette ceinture, il porte suspendus
les divers instruments et les drogues dont se servent les vé-
térinaires, ainsi que d'autres ornements bizarres. Un grand
bonnet tartare, de forme cylindrique et de peau d'agneau
noire, protège sa tête, et par-dessus tout cela est jeté son
irmêa, ou manteau de laine très-ample et muni d'un chaperon
pour encapuchonner la tête au besoin. Ce capuchon ne sert
le plus souvent que de poche et de garde-manger.
hè tabuntshik est encore chargé de plusieurs autres har-
nais sans lesquels il ne se hasarderait point à faire un pas.
Le harabnik est un des plus importants. C'est un fouet dont
le manche est court, mais dont la mèche a quelquefois
de quinze à dix-huit pieds de longueur. Cet instrument lui
tient lieu de sceptre ; il l'a toujours à la main , et il s'en sert
pour gouverner les turbulents animaux sur lesquels il règne.
La fronde vient en seconde ligne. Le tabuntshik l'emploie
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aw m^ttflft iMafOBi qw k» liadiitMtft de rAnévifneds i
enqplpîeiA le hmoi «noé de w frende, il ombmim i
di'Attmdte le ^ou du cheval qu'il yeal «rèler.
leMjp eit eneere ni» yaitiQ indjepeiistblfi de «00 éq«ipe«aii.
GfMavBaanei est atteebée i Farçon de la seDeelplacéa à
porMe det isa maÎA; elle a treis iw cpaaAfe pieds deJoa^» let
eitoefil »HMiie» à rextrémité» d'uDe groese tenle de^ler. Ib
tahmitebA; mame oei engia fcMmwUUe awc oae dei^lèrité
smryneiMqle. Miuiité «or ano eheval > (fai ooact aa tri|pie gar-
I«^p» il toace aoa arme à la iéle d'un loap; la balte d'aa
pburteiir aaaMcaia ne deatne pae. une mosi fk» praaipte et
ptas.etee.
X« takiaatahîk parte dana ionta ses excmrsiatts ime aaÉr»
pkâae d'eaa; » efièt, il ignore où ce quand il re&eoaÉveea
on paitB» ane saaxee, et s'il sait oiles;traiKrer, il nesaît paa
slVasa en ^era osa oanea tarie. Un sae poar ie paia et tme
bontaille d*eanndj&-Tie eont une pajdie néceesaira desoa ba**
9me; ajeatofr-y me feate d'autres petites provisions de tooi
genre, qu'il suspend i seiï Tétenenta «a à b sele de eondi^
kA. Asasi armé et éqaipé, il s'e«lo»ee daas les piaiaies inha-
bMss des stiE^pes^Dèa toas il n'a phiei coaqiter qae sar sea
pcopres tessaaross : il faat qa'fl se sirfise à M?aalme^ qa'a^
Tise aealiaralniik il sadie anôntoiir l'ordae pami h» trao*
peau» et qu'avec sa massue il puisse le déGeodre;; tàdie difla-
cite et fai eaige une actlvkife coaliaaelle. Ce qui lai cause ie
{dus d'embariAs, c'est la prtsence de qufslqnss aieaxétalaai
qui,, qrauat paasé dix ou diMaœ aas dan» les sisppta aanaaToir
flairé l'odeur d'une dtaUe ou senti k aaoïs et l'épsaeu, cfe*«
¥îennettfc tout à fiaÉ indociles e« iogoovwnblea,. et aouvent
letal3antaUknieaai»dfi toaiqinltor » oa aebareliffepaa
dn taboon.
ûa gnsa de m, m lampti de fidâgu» et de dangeia^ na
aaami «eoentimier longtampe. An bout de quaiaa aoa aa
plai,. le tabantolâk est deweaa incapable 4e a'aeqoîÉler de
aas fonotkms. La paye qall reorà. est proporlîanaAi mc
MDiaïqa'il miim»; oar c'eai tou>oaaa wi daDHBliquaàj«agea
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m u msêm mÈwnwKUiM. kOl
Nt lu cadaàm étm cèiiioieaÉi ni feapoir ém yétampcMes
n^oklieadnîmt é'wi nrf cette Tieilaiee 4e tanske ûntanls,
Si» Uifwllevn laboM sertit réduit i ma en neiue^W
Dok. Ls «agee dTim ItbntiUk smt véglés d'aprj» le noi»-
luede» AmmBL iiMiiin à m «erde. jtaur ohaoen (fma, it
tMHiie dVrdiiMdre evu; à ttcnclilee p«r an* il peut ésme^
»'il rèurit àéoirtiv les leofM ei tes iioleev&>de son troupeau»
9B0BcraMiiMikpamtsix mUteT^iMes (ô^ffiSfr.)? nm il vé-
pMid deL taÉ ohevàk q«Hl Mise Toler eu^ déroecr. Or, le ¥ei
à» dvfax «e prarlM|ae daae ke ateppessar «ne éobelle le^
: laiçe et evœ tant d'adresse >et d'asdeot , qw le ml-
: eordiea pavl penbe ea «ae seule Met k neiÉMfede
ses gafss de Umkb l'eimée. De phis» il déftwf e i ses dépeae
d» aides oe gaidieu» eq aorns^mlee qui eoat à son aervice.
n ne iait pas aseies ds trois de œs booiouos poar an tabooa
de mille cheyaax. Malgré ees dsreraescfaaBgea, un tabantahit
pcnt, arec da soin et de Tietsitigeace, réaliser des gains assez
coDsidécaMesL Cependant, pen dTeotre eux amasosat en pelil
ci^âlel panr le tsmpe a& ils derieadroat îavalides.
£d attendaai, les pésils qu'île attoMtent sus eesaefoait
dos idaaitihitiT ka honanae les ph» isfoncbea et les pins dé-
tesmiaée qu'il j astaa aaoeda. C'eet oae chose receasiBe qne
cdas qnî a aieaé ee ^snee de vie pendant dcsui oa trois ans
est iaeapabte de se plier i des babitades paîsèUes et rég»**
Ijésea. D'une aatni part» qnicoiupie tromre dans une
trie aaoiisi fatigante ol moins dasgereuse les mogrcns de i
sister n'a garde d'eadirasser catte^Ià, 11 ca résaUe jqae les
tabnalahiks seneemtflnt panai la Isedeiapopolataon. Coasose
levr pedie esA preaqne taajaiQ» assez bi<ni garnie, ils se \^
vrant, dana des caftateis bergn» qu^esi reaoenif e enciertaîm
eadrails des steppes , k des esgies efrogrables i ils paisiad
des nuits entières à boire et à jouer, assigné la natare de
lears fonotieas, qnî leur défiradmit de a'écaeter ua asul aso-
nsaot da laftoon. Le jaar venu,, sb Bsjoignent an giJop la
taoflpeaat W^ > peadvd ae taaips4à, était abandonné ans
soins des eoa»gnrdicDa.
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kk LES STEPPES DE LA RUSSIE MÉEIDIONALE.
Les tabuntshiks vivent dans une crainte continuelle des vo-
leurs de chevaux, et pourtant il n'y en a peuUètre pas un parmi
eux qui ne soit lui-même prêt à voler des chevaux dans Too-
casion. Le voyageur qui a laissé sa monture paître dehors
pendant la nuit, le paysan dont les bestiaux se sont égarés,
doivent, avant de commencer leurs perquisitions, s'informer
s*il n'y avait point un taboon dans le voisinage. Qu'ils se hAr-
tent : le tabuntshik ne perd point de temps pour se débar-
rasser du produit de son vol; que ce soit un bœuf ou on
cheval, il le vend ou le troque au premier pâtre, berger ou
tabuntshik qu'il rencontre; celui-ci l'échange ou le vend à
un autre : en quelques jours, un cheval qui a été dérobé sur
les rives du Dnieper passe de main en main jusqu'à ce qu'il
arrive aux bords du Danube. Le propriétaire légitime le
cherche encore , que déjà il est hors des domaines du czar
et figure dans le haras d*un magnat de Hongrie.
. Par suite de sa vie désordonnée et des excès dont il la
souille, le tabuntshik est généralement mal vu ; cependant on
recherche son amitié et l'on craint de l'avoir pour ennemi ;
son maître lui-même le ménage, car ce n'est point un domes-
tique qu'on puisse renvoyer du jour au lendemain : une fois
que les chevaux du taboon se sont accoutumés à ses soins,
ils refusent d'obéir à la voix d'un autre. Il les connaît tous
individuellement : il sait quels sont les défauts et quelles sont
les qualités de chacun d'eux, ceux qu'il convient de vendre
et ceux qu'il est à propos de conserver; il sait aussi où se
trouvent les meilleurs pâturages; en un mot, il s'est rendu
nécessaire, et il a le sentiment de son importance. Certain de
l'impunité , il abuse de sa position, et il affecte un profond
mépris pour les tskabaums et les t$herednik$ (pâtres et vachers),
.gens honnêtes et paisibles qu'il regarde comme appartenant
à une espèce inférieure.
Les foires les plus importantes pour chevaux, entre le Dnie-
per et le Dniester, se tiennent à Balta et à BerditshefF. Les
chevaux y sont amenés libres de toute entrave. Tandis qu'ils
traversent les villes et les villages, ils s'effirayent souvent des
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LES STEVPBS DE LA BUSSIE MÉEIDIONALE. (5
noareâux objets qui frappent leur vue. Leurs conducteurs ne
s'en inquiètent nullement, Texpérience leur ayant appris que
la peur est le meilleur moyen d'empêcher leurs bètes de se
disperser. Arrivé à l'endroit du marché, le taboon est ren-
fmié avec le tabuntshik dans un enclos en dehors duquel le
propriétaire se tient assis. Les acheteurs tournent autour de
l'endos, afin de fixer leur choix. Ils ne doivent point s'at-
tendre à ce qu'on fasse trotter devant eux les chevaux pour
mieux les examiner. Il faut qu'ils en jugent par eux-mêmes et
d'i^wès les indices qu'Us pourront saisir, ce Je n'ai i vendre
que des chevaux sauvages, dit le maître; inspectez-les aussi
longtemps qu'il vous plaira. Ce cheval que voici est âgé de cinq
ans; j'en suis certain, puisqu'il a été nourri sur mes steppes.
h ne sais rien autre chose de lui. Son prix est de cent roubles;
voulcK-vous l'acheter? — Oui. — Je vais donner ordre qu'on
l'attrape; mais je vous conseille de donner quelque chose
au tabuntshik, afin qu'il ait soin de ne point blesser la béte
en l'arrêtant. »
Cette recommandation n'est pas à négliger; car, si Ton ne
procède point avec beaucoup de précaution, le cheval peut
s'estropier, et comme on ne se rend mattre de lui qu'après le
marché conclu, le dommage est au compte de l'acheteur, et
non point du vendeur. Si le tabuntshik est content de la gra-
tification qu'on lui a donnée, il s'approche doucement du
cheval désigné, et lui jette sa fronde sur le cou de manière à
ne pas le blesser. Dans le cas contraire, il le jette par terre
au moyen d'une sangle; l'animal, qui s'est d'abord cabré de
toute sa hauteur et de toutes ses forces, se calme peu à peu
et se laisse emmener par son nouveau mattre ; celui-ci em-
ploie souvent toute une année à le corri(][or des défauts que
lui avait frût contracter sa première éducation.
Les transactions qui s'opèrent dans ces foires sont peu de
chose si on les compare à celles qui ont lieu sur les steppes
mêmes. Les agents du gouvernement russe et d'autres mar-
chands maquignons visitent successivement les divers taboons,
choisissent les sujets qu'ils veulent acheter, et les payent en
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^#9 à«mt fNT iMe. H estf^énéniuMftiiadaiîs ipie ievtln-
imu <V«M même tabom «e Tritnt ^ pea pvèi fef ms leB
mtrè9j «^«6t<^^re4ttt'îlB Boot Airoiichesy vicien «t dUSoUn
è «p^rivoÎBur. Cdpâidnt qnel^Mi tabM» jimssii^ d^ae
iiiâU0«re vépmfttàm et Im froÂnls en Mvt fAia Mtimè».
BwMt M •^'OH ifipidlle ia fadle «aisoii^e Mqfwna nitiB
4'0€Utee), te UlBOan erre jMtf d nuil; i tiavcn la «teppe;
pendxBt tes six autres meis de ramièe il passe la mk à eea-
tcDl; le jmr teaii, <m ielaitie Joitir dânasieplaiose, et là l«e
pMrereft dusran écaitent Jwrec leur nabot la 'CMcke de nmge
té|Miadiie mt le sol, allar 4> chercberna pem (ftnerbe* <^amd
nous dôcme •qo'ifo passent la naît à coavert, noue «'eniHi
dens ingaifier lien ifM rfettenAte à iiae io^^
en qnestioii eet aa enclos isrmé d'idi wsm en ttuoii dee-
sécbéy et sur leqadl «n a constrsBt <k c&tèda nord une eqirèee
de toitve^niBsiàrB afin de le gacsntir de la bîse« Les étalotie
e'eiDpai«eat d'abord des meilleiiiw places de x» hangar; Isa
jeunes poulains forment des groupes le long da sÉar^ et «e
asnrent tes ans eontre lessutres pasv eBÉRftaDîrparsii eux
ma peu de cbalear* Ce a'est pas du froàd qa'ila^nit ks pkis à
aouRrir : le tabontsMk lew délivre awe «ertaine pnotimn de
fourrage; unm ceftteprovîsiM eet varefl^eat salHsaivte* Am»-
snre que Tbiver s'afaoes» le foin dorieaÉ phn ram, et Toa tM
forcé d'y aabstitoer de la païUa et des voseaaa desséchéB
qo-on gardait pour te eha«Âige {!). Bneore n'es^ee pas sans
de graades contestations que le tabaatsidk obtsoit ces naigMB
alioients du csiisinier et dn sunreittant des poêles (3). Si l'hirer
se prolonge au delà dn taa» oadinaire, les nrtbeareax dia-
vawx sont rédaits i manger ht terre dont le asar de rappentàs
est formé; quelquefois même âb s'avrraebetit les «ns aas
autres les crins de la queae^ et ils les déronreat. fit cela anife
(f) Gomme il n'y a dans les steppes ni forètf ni mines de bouille, on
se chauffe principalement ayec de la paille et des roseatn.
(2) Il y â toujours dans les mafeons ridiei an dmaenaque diargé eida-
meneat de teiRer aat i^oêlesi
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poar «pprtfsriMmiev tM» les l^diMi» {jfMidml weti
II
v^eiUl p» >élêiMiwt q«» «elle' BSàflOA mlèf«^ nb
I CfflttidénMÉ de «hefaift. Il m p6rtt ^elquelbis h
îlifc, et eon «piî mrvmnt sonl teH^umnl «mMeris, idte-
i éfai9és,>qMÂriiiMMrfSB6Rt à f«iîfie pow learMiMf^.
L'année 1833 fiit extrêmement meuririèrev ^ dsM\ MB iiprè^,
les f layi» qpf'eile mml ciMês n'étaneiH pas Hmmt répsif es.
JDttt «B 'lri)dmi de HiMe die^m, il y a généralenetit èe
^fÔKKfàyiù^ étjdms, ai quatre o« cinq eenls carales qtii
peawl piHte^t^ Leff'èlftloiis, snrtMl tes timix, «ecénsidè^
mt •CMUB6 1m Mgneors et maîtres de la coignwrrnrrté; ih
«Kemnt lenr mtorité avec fort pen de modération, et ise
livMÉft flntn 0ÊK 4es conbatH désespérés, iinî({n6fflent pour
VmÊoat ûû la préémineneê. Il existe fonfours dans chaqn^
tibosn imétakm qâ, {riva inécbant on pins fort que ses ca^
8*<8t ae(fa» sur ent une sorte de suprématie. Les
I, kacaMet, les intriffaes s'agitent parmi cette foule;
it OM eoalitîon ^génémle se forme contre un seul indfh-
v; am ae jiatte aiir My on Taecabie de ruades et de mor-
, iMi le oontrMit de vivre à Técart.
C-eal lon^ae-deex taboena ae rencontrent que des combats
terriUn s'enga^enL Ordmaireanent les tatmntshiks ont soin
4ê laisser entre leurs troupe^rt respectifs une distance con-
TeeaUe; OMiia celte reafcontre peut avoir lieu par suite de
qetk|ae BégMgtnoe des gardiens.' Souvent aussi ils la provo-
^qwDt, quand, par exemple, il s'agit d'occuper un pâturage
CBMieité. Dana œa oceasîans, les t^avries et les jeunes pou-
iMi iie preanent point part à Taetion. Des deux c6tés les
éCakina s'itasmait avec une farie et une impétuosité dont ne
peaieiit se Eure idée ceux qui n'ont vu le cheval que dsms
i'élal domeatiqaie. IVmMés d'atie rage incroyaMe, fis hé-
râieat kar criniève coone des lions ; ils se dressent les uns
^lea atttnst il* sedéchirent avec teurs dents'; le Imnt
aalxrta qni s'entrechoquent retentiit au loin, et pen-
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48 LES STEPPES DE LA RUSSIE BIÉRIDIONALE.
dant cette lutte acharnée, dont le tumulte et l'agitation ne
sauraient se décrire, ils rugissent et poussent des cris perçants
qu'on n'entend nulle part ailleurs. La troupe victorieuse em-
mène toujours en triomphe un certain nombre de cavales pri-
sonnières. Les tabuntshiks s'occupent alors de l'échange des
captives. Il est bien rare qu'à propos de cet échange Us n'en
viennent pas aux mains, eux aussi, si toutefois ils ont pu
rester neutres jusque-là.
Le printemps venu, les chevaux s'indemnisent des priva—
tiens de l'hiver. Les loups ne sont pas moins pressés de ré-
parer les jeûnes qu'ils ont endurés. C'est l'époque o& la
chair des poulains est la plus délicate, et les loups, qui sont
connaisseurs, la préfèrent à celle du mouton et du bœuf.
Nuit et jour ils errent dans le voisinage des taboons, et
forcent les chevaux à se tenir constamment sur la |défen-
sive. Gomme ils se sentent les plus faibles, ils ont recours à
la ruse. Us s'exposeraient à une mort presque certaine s'ils
attaquaient un taboon en plein midi ; ils le savent, et quelque
pressés qu'ils soient par la faim, ils ne se hasardent jamais à
.commettre un pareil acte de témérité. C'est la nuit, lorsque
le troupeau est dispersé dans la plaine et qu'eux-mêmes sont
assez nombreux, qu'ils attaquent leur proie. Alors un admi-
rable esprit d'ensemble et d'union se déploie parmi les che-
vaux à la première alarme ; les étalons et les cavales se por-
tent rapidement vers le point menacé, et fondent sur les
assaillants avec une impétuosité qui met souvent ceux-ci en
déroute. Les loups reviennent bientôt à la charge; ils s'em-
parent de quelque pauvre poulain qui s'est écarté dé quel-
ques pas du gros de la troupe, et s'apprêtent à l'entraîner;
sa mère se précipite pour le délivrer, au risque de partager
son sort. C'est ici que le combat s'engage véritablement; les
cavales forment un cercle dont les jeunes poulains occupent
le centre. Nous avons vu certaines peintures d'après lesquelles
des chevaux se défendant contre des loups leur présentent
le train de derrière. Rien de cela n'est exact : les chevaux
s'avancent sur leurs ennemis en phalange serrée; ils leur font
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LES STEPPES DE LA RUSSIE MÉRIDIONALE. M
tète, ils les déchirent avec leurs dents, ils les écrasent avec
leurs pieds. Pendant ce temps^là les étalons se tiennent en
dehors de la ligne; les crins hérissés et les naseaux dilatés par
la colère, ils galopent sur les flancs de leur année, et rem-
plissent à la fois les fonctions de généraux, de trompettes et
de porte-étendard. S'ils voient un loup qui ose les aflRronter,
ils s'élancent sur lui, et souvent ils l'assomment d'un seul coup
de leur puissant sabot. Dans ce cas, ils traînent avec leurs
dents le cadavre jusqu'au milieu des cavales, qui piétinent sur
lui jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'une masse informe. Si, au
contraire, l'étalon échoue dans ce premier élan, c'est fait de
lui; huit ou dix loups affamés lui sautent à la gorge, et ne
lâchent point prise qu'il ne tombe mort sur le sol. Mais la
proie qu'ils ont abattue, ils n'auront point la chance de la
dévorer; les autres étalons se précipitent et vengent celui
d'entre eux qui a succombé. Les loups finissent toujours par
être complètement défaits; ils fuient en désordre, laissant sur
le corps des vainqueurs plus d'une marque sanglante, plus
d'une entaille profonde qui atteste l'acharnement de la lutte.
Ces grandes batailles n'ont lieu que rarement ; en général,
le loup les évite. Sa tactique consiste en surprises : il se glisse
sournoisement à travers les herbes delà steppe, il s'approche
du taboon en prenant le côté oii le vent donne, et là il restera
en embuscade pendant des heures entières jusqu'à ce qu'une
jument s'écarte avec son poulain du reste du troupeau. Même
alors il ne tente pas une attaque à force ouverte ; il s'approche
encore davantage en rampant , les mouvements de sa queue
imitant ceux d'un chien. Si la cavale, trompée par ses dé-
monstrations amicales, le laisse s'approcher d'assez près, il
lui saute à la gorge, et en un moment il la saigne et la tue;
puis, s'emparant du poulain, il l'entratne ou l'emporte, et il
disparaît avec son butin avant que le tabuntshik ait soup-
çonné sa présence. Ses tentatives de maraude n'obtiennent
pas toujours un succès aussi complet ; souvent la cavale évente
sa ruse et donne l'alarme ; le tabuntshik accourt, et le dénoù-
mentde l'affaire est qu'il augmente son bagage d'une belle four-
5« SÉRIE. — TOME XI. h
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50 tes àTCims de la Russie MÉAI^foiirAtB.
mre dont oti Itri offrira dfat à âtttne rouMe». Ltf seAale thMëé
qui reste au loup pour d'échapper, c'csé de rouler la lèle M
première au fotid de quelqtw ratin, exereiccf ^f^^iM^Uqtfe qM
le cavalict ô'absttcnt prudetwfteifift d'itoheir.
Toicî venir l'été; les loups sont nt(Am iacottinièdefi^, AMAS
les malheureux chevaux voWt tttùît à soùflfHf de la ^if pi»
tpi'ih n'ont scmffert de la fahn pendant Phîtèr. La chaleftr
est extrême : nulle part ri y ti'a de Tombée, 9l c« n'es* cteB^r
que Ie9 animaux produisent en fen-nani de petite gfoopei.
Ils se rassemblent donc ^ et là, chae«fi d'ew eberebaai à
placer le corps de sort vois* «tftte hii etle» tèyons d'»ii mk
leil brûlant. Souvent le tabuntsMh èbetctM un abri au cM--
tre d'un de ces groupes; il s'étend sirt* la terre, tandis que les
efaevaux se tiennent immobiles, la tète baissée efl leur prunelle
ardente fixée sur le sol.
L'automne ramène les plaisirs et la joie. La plaine se ood-
vre d'une herbe verdoyante ; les sources fournissent de l'eau
en abondance. Les chevaux amassent des forces, afin de se
préparer aux privations de l'hiver. C'est en automne que,
pour la première fois de l'année, les chevaux d'un taboon
sont appelés à travailler; encore ce travail est-il bien peu
fktigant. Il consiste à écraser des gerbes de blé. Voici com-
ment M. Kohi décrit cette opération.
<( Sur un espace de cent pas carrés, on égalise le sol et oii
bat le terrain jusqu'à ce qu'il soit rendu solide. Cet espace
est entouré d'une barrière où l'on a ttiénagé ufte porte. On y
étend les gerbes de blé, sur lesquelles on feil trotter les che-
vaux , de manière à ce que le grain sorte de l'épi. Dans les
petites fermes, où Ton ne peut employer que huit on dix che-
vaux à cette besogtie , chacun d'eux broie par jour trente à
quarante gerbes. Mais dans les grandes termes, où l'on a à an
disposition la moitié du taboon, vingt gerbes sont le maxinwm.
En supposant qu'un taboon de mille chevaux soit mis à l'œo-
vre, dix mille gerbes peuvent ainsi être égrenées à la fois. On
forme le troupeau en detix divisions. Cinq cents bétes, éta-
lons, cavales, poulains^ sont introduites dans l'enclos sous la
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ua 9rEPns9 im la rvssiv utKimovAtE, 51
sorrallaBee &at tabmtsfiilt et de ses aides. Alors commence
âne scène de bal étrange, fiintastiqne. Armés de leur formida-
ble bnrabnîek, qu'ils font claquer i grand bruit, les gardiens
dament le signal de la danse. Les cheranx, épouvantés d'en-
tendre ÂlDer les fouet» à leurs oreilfes et craquer la paille
t<ni9 leurs pieds, se précipitent comme des furieux d'un bout
de l'enceinte à l'autre; les plus rétifis sont les meilleurs ou-
Trier». Le grain jaOKt des épis, et les gens de la ferme ne
^oeeopent qu'à rejeter dans l'enclos les brins de paille qui ont
rolé dehors. Ceci dure une heure ; après quoi , les chevaux
ayant été retirés pour un moment, on retourne la couche de
geibes, et Ton recommence ainsi de suite jusqu'à trois fois.
II convient de dire qu'un pareil mode d'égrener le blé n'est
praticable que dans les grands établissements d'agriculture
et qu'on en perd une quantité considérable. y>
Tel est le genre de vie sauvage que mènent les chevaux des
steppes! tel il était encore du temps de Mazeppa; mais les
scènes que l'on vient de décrire deviennent de plus en plus
rares dans la Aussie méridionale. La population s'y accroît;
plusieurs des grands domaines se morcellent et se divisent
entre plusieurs petits propriétaires. Si le gouvernement russe
exécute son plan fevorî, c'est-à-dire l'introduction d'un sys-
tème régulier d'agriculture dans cette partie de l'empire, les
taboons disparaîtront graduellement ou se retireront vers les
derniers confins de la Tartane. A quelle époque ces change-
ments s'accompliront-ils? on f ignore. Les steppes, il est vrai,
peuvent produire du blé en abondance; mais la difficulté des
transports, le manque de matériaux pour la construction des
routes, opposent des obstacles sérieux aux améliorations pro-
jetées. Quelques localités plus favorisées que les autres et
situées dans le voisinage des cours d'eau ou de la mer for-
ment des exceptions à cette régie générale.
En comparaison des mœurs turbulentes et de la vie agitée
des tabuntshiks, les moeurs et la vie des tshahawns ou gardiens
de moutons sont bien paisibles et bien inoffensives. C'est
tfaprès le nombre des moutons que l'on évalue la richesse
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52 LES STEPPES DE LA RUSSIE HÉRIDIONALB.
des seigneurs. Tel d*entre eux en possède cent mille, et quel-
ques-uns de ces immenses troupeaux n'ont été formés que
depuis trente ans. La race wallaque est la plus estimée. Elle
se distingue par la grosseur de la queue, laquelle ne consiste
guère qu'en une masse de graisse très en renom parmi les
gourmets russes et tartares. On a aussi introduit récemment
des mérinos. Ils se propagent avec rapidité.
Le tshabawn est presque toujours un personnage doux et
tranquille et dont le caractère participe de celui des animaux
qui lui sont confiés. Comme il ne s'écarte pas aussi loin que le
tabuntshîk, il peut se procurer une foule de comforts auxquels
celui-ci doit renoncer. Il mène avec lui deux chariots traînés
par des bœufs et où il serre ses provisions, ses ustensiles de
cuisine, les peaux des brebis qui sont mortes de maladie et de
celles qu'il a réussi à arrachera la dent du loup; car le tsha-
bawn, malgré ses mœurs pacifiques, fait aux loups une rude
guerre. Outre le plaisir de les tuer, il réalise des gains fort
honnêtes en vendant leur fourrure.
Pour donner une idée approximative du nombre des bètes
à cornes que nourrissent les steppes, il suffit de dire que
presque tout le suif exporté d'Odessa, de Riga et de Saint-
Pétersbourg provient de cette contrée. On en tire annuelle-
ment de quoi fabriquer sept cents millions de chandelles et
cent millions de livres de savon. Cela ne date pas d'une épo-
que récente : du temps d'Hérodote, les Scythes étaient renom-
més pour leur suif et leurs cuirs.
C'est la vente des chevaux, le débit des suife et des cuirs ,
l'exportation des laines, c'est en un mot le développement de
ce commerce immense qui a porté si rapidement au plus haut
point de splendeur une ville tout à fait moderne, la cité que
déjà l'on appelle la capitale du Pont-Euxin, Odessa. En 1838,
c'est-à-dire quarante-six ans après sa fondation , elle comp-
tait 69,023 habitants. En 1802, ses importations montaient à
719,000 roubles, et ses exportations à 1,534,000 roubles. En
1839, ce chiffre s'est élevé pour les importations à 21,309,000
roubles, et pour les exportations à tô,636,350 roubles.
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LES STEPPES DE LA RUSSIE MERIDIONALE. 53
M. Kohi décrit longuement Odessa , ville étrangère, ren-
dez-vous accoutumé des marchands grecs et italiens , qui y
sont comme les fecteurs des autres peuples. Odessa est assise
sur le bord des steppes. De quelques-unes de ses rues vous en
apercerez les plaines nues et désolées, qui se perdent dans
on horizon sans limites. De riches marchands ont dépensé
des sommes incroyables pour écarter ce voisinage et établir
des jardins aatour de la cité. Ces tentatives ont eu peu de
succès. Les arbres que l'on plante s'étiolent malgré tous les
soins possibles, et meurent au bout de quelques années. II
parait que, sous la couche de terre végétale qui forme le sol
dans les plaines deTEuxin, s'étend une couche d'argile froide
qui détruit la végétation. Dès que les racines des plantes ar-
rivent à cette couche inférieure, l'arbre se dessèche et périt.
À quelque distance d'Odessa se trouvent les colonies alle-
mandes. Ce sont de petites communautés qui subsistent pres-
que indépendantes au milieu du grand empire des czars. II y
a vingt-cinq mille de ces colons dans la Bessarabie et dans
ks environs du Dniester. On en compte en tout deux cent
cinquante mille , qui sont dispersés dans les diverses pro-
vinces de la Russie ; ils jouissent de plusieurs privilèges pré-
cieux , grâce auxquels ils n'ont pas cessé de prospérer. Les
steppes renferment aussi des colonies de Grecs et de Polo-
nais; mais aucune ne saurait lutter avec celles des Allemands :
parleurcourageet leur persévérance, ceux-ci ont triomphé de
toutes les difficultés qui s'opposaient à leur établissement dans
une contrée sauvage. Ils ont le droit de nommer eux-mêmes
leurs magistrats , et ils ne connaissent d'autre contrôle que
celui du comité colonial à Saint-Pétersbourg. Jusqu'ici, ils se
sont peu mélangés avec les indigènes, qui les regardent d'un
œil jaloux. Ceux qui ont le mieux réussi occupent les bords
de la mer d'Azoff , près de la petite rivière de Molotshna. Il
y a là des paysans qui possèdent des troupeaux de vingt à
trente mille moutons. La richesse de cette contrée est pro-
verbiale dans la Russie méridionale.
Lorsque les premiers colons vinrent se fixer dans les step-
pes sur l'invitation du gouvernement russe, outre l'abandon
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Hk LES STEPPES PS LA. BUSSIS mJÏUMOIULB.
de certain lots de terre, Us reçurent à titre d'avances, des
chevaux, des vaches et des instruments d'agriculture. Ces
avances constituèrent une dette publique qui fut répartie en-
tre les diverses colonies, et un impôt foncier fut payé annuel-
lement à l'empereur. Aujourd'hui, l'impôt en question rap-
porte i la couronne 2,000,000 de roubles. La terre concédée
aux colons était considérée comme inaliénable et indivisibleu
Le père devait laisser à ses enfants le domaine tel qu'il l'avait
pris; plus tard, les descendants d'un même propriétaire ont
possédé en commun tout ce qui lui avait appartenu dans
l'origine; mais le domaine était placé sous le nom d'un seul
d'entre eux.
Les empereurs russes , en attirant des colons alleouuids
dans les steppes , se proposaient deux choses : d'abord, de
peupler des terres presque inhabitées; ensuite d'enseigner
aux indigènes l'art de l'agriculture. Si Ton en croit certains
voyageurs, les Russes n'auraient rien voulu apprendre des
Allemands , qu'ils détestent. M. Kohi, au contraire, assure
qu'ils se conforment à leur exemple, et que, dans tous les cas
douteux, on entend cette phrase : a C'est comme cela que
font les Allemands, » et que ces mots décident la question. Il
est avéré que, seuls, les Allemands ont adopté des mesures
efficaces pour la destruction des sauterelles; qu'ils ont intro-
duit dans les steppes la culture des pommes de terre ; qu'Us
ont travaillé à extirper les serpents; qu'ils savent donner la
meilleure façon aux terres de labour, et que, dans toutes les
années de famine, c'est à eux que les Grecs et les Russes eux-
mêmes ont recours. D'après cela, il n'est pas douteux que leur
présence ne soit un précieux avantage pour le pays.
Usseconstniisentdebelles et spacieuses habitations ; quant
aux naturels, ils ne sont pas mieux logés que les Troglodytes
dont parle Hérodote. Ces dignes descendants des ancieAS
Scythes se creusent un trou qu'ils recouvrent de chaume, et
voilàleur maison. L'édifice a tout au plus quatre à cinq pieds
d'élévation, et il est toujours tourné vers le midi. Il règne A
Vinlérieur assez de comfort. Cette espèce de hutte est fraîche
en été, chaude en hiver; elle brave impunément le vent du
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iJH Snsm» PE LA ftUSSlB MÉB1DI09ALE. 6i
nord, qai passe par-dessus en sifBant et en foaettant devant
loi des tourbillons ^de neige.
Les ^eppes duPont-Euxin doivent à leur position géogra-
phique les avantages commerciaux dont ne jouissent point les
steppes de la mer Caspienne et de TAral. Odessa» Tapanrog,
Sebastopol et autres villes florissantes, se sont élevées sur les
bords de la mer Noire. Aucune grande cité n'a été fondée dans
les temps modernes sur les bords de la mer Caspienne. Ce-
pendant, à part cette circonstance qui est toute locale, la
description que nous avons faite des plaines d'Odessa et
du Don s*af>plique fidèlement aux steppes qui touchent à
Yempire chinois. Cette contrée plate et ouverte a de tout temps
livré aux conquérants qui ont voulu s'en emparer un chemin
fiicile; mais la même cause qui permettait de l'occuper mo-
mentanément empêchait qu'on ne s'y établit d'une manière
permanente. Les Russes ont les premiers conquis réellement
h Scythie, et ils l'ont conquise moins par leurs armes que par
l'influence pacifique de leurs colons allemands. Ovide, eh
parlant des steppes, disait :
Tu neque meMorum corpore nuda vidîi
Nec tibi pampineas autumnus porrigit uvas.
Pendant dix-huit siècles, ces vers ont pu être vrais; au-
jourd'hui, ils ne le sont plus. Les plaines de l'ancienne Scy-
tfaie sont couvertes, en certains endroits, de riches inoissons;
les vins du Don et de la Crimée sont devenus célèbres et ne tar-
dat>nt pas à être un objet d'exportation. La côte méridionale de
cette même Grimée est regardée comme le jardin et le verger
de Saint-Pétersbourg. Les tribus nomades se convertisseùt
tous les jours à une vie réglée et sédentaire. Qu'il y ait dans
ces tableaux, présentés par les autorités locales, un peu d'exa-
gération, c'est à quoi l'on doit s'attendre; néanmoins, ce que
lefouverneoient russe a déjà fait s\iffit pour justifier l'admi-
ration de l'Europe, et s'il poursuit son œuvre comme il l'a
commencéOy les steppes 0e la Russie auront acquis dans vingt
imsune grande importance politique.
[Àsiatic Journal.)
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jÇtstotn* — Mottxvs. — iTigiglatton*
LE DUEL.
Le duel est une coutume particulière au monde moderne,
on n'en trouve pas de traces parmi les nations de l'anti-
quité. Qu*un homme puisse mettre deux existences en péril
pour une offense qui , dans la plupart des cas , et même ja-
mais, ne mérite le châtiment qu'on veut faire subir à l'offen-
seur, en supposant encore que ce soit lui qui soit puni; que
cela ait lieu partout , en dépit des lois et de la religion ; que
cela passe pour honorable, et qu'on ne puisse s'en dispenser
sans porter atteinte à sa considération personnelle, c'est ce
qu'on ne voit que chez les peuples civilisés du monde chré-
tien. Toutefois, il ne faut pas s'y tromper, il n'y a entre la
barbare coutume du duel et la charitable morale du christia-
nisme d'autre rapport que celui de la simultanéité; ce sont
deux faits coexistants , mais parfaitement indépendants l'un
de l'autre. Le duel ne nous vient que des coutumes et des
superstitions des Barbares qui envahirent l'occident de l'em-
pire romain. César et Tacite nous apprennent que les anciens
Germains décidaient leurs querelles particulières par l'épée ;
et lorsque la conquête eut mieux fait connaître leurs mœurs,
on voit le fait confirmé par les lois qu'ils rendirent. En SOI,
une loi de Gondebaud le Bourguignon ordonne, pour remé-
dier à l'obstination et à l'avarice, que toutes les contestations
doivent se décider par l'épée; et Frothius le Danois, digne
descendant des héros de l'Edda , dit expressément qu'il est
plus noble de résoudre une difficulté par la force que par la
parole : Speciosius tiribus quam verhis confligendum e$se caiwn.
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LE DUEL. 57
Plus tard, lorsque les mœurs, eurent fait quelques progrès,
Loitprand dît encore, en 701 : « Nous ne pouvons pas croire
» i la justice de ce qu'on appelle le jugement de Dieu , car
» nous avons vu périr bien des innocents pour la défense
» d'une bonne cause; mais cette coutume est si ancienne
» parmi les Lombards que nous ne pouvons pas Tabolir,
> malgré son impiété, d Ces lois et coutumes expliquent la
véritable origine du duel ; c'est de là que le duel moderne,
modifié par le temps, est venu jusqu'à nous. Mais, en rap-
portant ainsi son existence à l'ignorance et à la brutalité de
nos barbares ancêtres, n'est-il pas humiliant de voir qu'il se
soit perpétué jusqu'à nos jours , et que l'homme bien élevé
du dix-neuvième siècle doive dire avec le Lombard du hui-
tième : « Nous ne pouvons l'abolir, malgré son impiété? »
La féodalité reçut le duel ou combat judiciaire des Bar-
bares ; mais elle le modifia , le régla par des lois , en fit une
institution sociale, une solennité à laquelle les pouvoirs tem-
porel et religieux prêtaient l'éclat de leur présence. Othon II,
par son décret de Vérone , en étendit l'obligation aux prê-
tres et aux femmes , mais en leur accordant la faculté de se
(aire représenter par des champions. Les Danois allèrent plus
loin encore, car leurs femmes et leurs filles étaient obligées
de détendre leur honneur en personne. Cependant, pour éga-
liser les chances du combat, on enterrait leur adversaire jus-
qu'à la ceinture; l'héroïne, libre de ses mouvements, était
armée d'une lanière de cuir à l'extrémité de laquelle était atta-
chée une pierre pesante : elle cherchait à frapper son ennemi
sur la tète, et lui, pourvu d'un bâton, était déclaré vaincu s'il
manquait trois fois son adversaire ou laissait son arme tou-
cher la terre. En Angleterre cependant, il semblerait que
le combat singulier était à peu près inconnu avant la con-
quête normande. C'était par une compensation pécuniaire
que devaient se terminer les différends, et les lois du roi Al-
fred sont positives à cet égard. Hais le conquérant introdui-
sit les rudes coutumes de ses fiers Normands : il commença
par provoquer Harold en combat singulier, et la seule res-
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ëB hE WDEL.
tiiclioa qu'il ûapose daas ses lois a« oooibai jiMUcitire, c'est
q/ie « aucun prêtre ae peut se battre sans i'autorisation de
.9011 évéque. x> De cette époque date le défi aolenad que le
cbampioa des rois d'Angleterre vient jeter au monde lors de
leur couronnement. La dernière fcm que cette partie du ce-
réiuoaial a été accomplie , c'était au couronnement de Geor-
ges IV» et ce fut le duc de Wdlington qui, entré dans l'^^ae
de Westminster à cheval et anné de toutes pièces, remplit
Voffîce de champion du roi.
L'on des plus anciens combats judiciaires que l'on trouve
daos les annsdes anglaises est celui que le comte d'Eu, Ac-
cusé par GodeÊroy Baynard de conspiration contre GuillauaK
le Roux, livra à son accusateur daas la plaine de Salisbury.
Vaincu en présence de toute la cour, il fut cruellement mu-
tilé par ordre du roi . on lui arracha les yeux; son écUyer fiit
fouetté et pendu.
On raconte Thistoire plus romanesque d'un comte de Mo-
dène qui, pour avoir imité la continence de Joseph, fut per-
sécuté, comme l'avait été le patriarche juif, par Marie d'Ara-
gon, femme de l'empereur Othon. Il eut beau protester de
son innocence, tout ce qu'il put obtenir , ce fut un combat
en champ clos ; il fut vaincu , et aussitôt décapité. Sa femme,
sans se laisser abattre par cet épouvantable spectacle, prit
la tète sanglante de son mari, et la déposa aux pieds de l'em-
pereur en demandant vengeance : <( De qui? dit l'empereur.
— De vous-même, qui avez sanctionné une iniquité; car Je
suis prête à prouver l'innocence de mon mari par l'épreuve
du feu. » Une barre de fer rouge placée au milieu d'un
brasier ardent décida l'affaire : la malheureuse comtesse , la
saisissant sans crainte et, dit-on , sans douleur, redemanda
à l'empereur sa propre tête pour avoir fait périr un inno-
cent. La chronique ajoute que rempereur,~après avoir mâr-
rement examiné la proposition, imagina, comme moyen de
conciliation, de faire brûler sa femme, ce qui fut en effet
exécuté à Modène , en l'an du Seigneur 998.
Le plus singulier exemple de combat judiciaire est peut-
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UB MJH.. m
Itee obM qai se lirn à Teh&de MUS le pMiîfieai de Grégitt^
feGr— d, et pmir eenienir ses ambiiîeux prçîeis. Nous iroiik
voua le fidt dans rHisioire de TÉglise du docteur Waddi«|^
IOB« Il yenit qu'eu ce iemps-là, le nissel s^H|ue aTatt fini
far ae subaltHier en Espagne à celui de l*Église romaine. Lu
Uigai du pape et la reine Caroline de Castille avaient à cœw
de réiablîr TaulArité du nâssel romain. La iH^lesse» le p««-
fit, et mette la plus grande paartie du clergé , défendaient
chaudemeAl leur rituel. Aussi, après d'inutiles discussionil,
£it-il résolu de décider la question par Tépreuve du combat.
Los eh&raliecs se battirent en présence d*une foule immeasci,
«t le chanpioii du rituel gothique triompha. La cour ^ mé-
contente du résultat, voulut renvoyer la décision définitive à
une seconde épreuve, celle du feu, que les missels eux-mémefii,
et non plus des kommes en leur place , eurent à subir. Le
missel gothique trionqpha encore, et fat retiré intact des
flammes ou son rival avait été consumé. La victoire semblait
définitive, lorsqu'on découvrit que les cendres du missel ro-
main, s'enlevant dn milieu des flammes, s'étaient envolées au
del. Ce miracle renversa les positions, ou du moins la vic-
toire du missel gothique devint chose assez douteuse pour
qu'on crût devoir donner raison au pape.
Dans ces âges barbares , il n'y avait d'autre état pour la
noblesse que le cloître ou Tépée, que chacun regardait comme
sa seule sauvegarde. Les tribunaux n'existaient que pour les
femmes , les gens de robe , les bourgeois et les vilains. La
force triomphait partout, et Ton se battait sans honneur
comme sans merci pour prouver ou nier des crimes dont
le juge ou le bourreau auraient fait bien meilleure justice,
et ^oi semaient entre les familles le germe de querelles
sans fin. Témoin le fatal duel de Hereford et de Norfolk, ori-
gine de ces guerres dont Fuller a dit mélancoliquement que
« la rose rouge y pâlit du sang qu'elle y perdit , et que k
blanche y rougit du sang que ses partisans firent couler. »
Cependant le remède allait sortir de l'excès du mal. La con-
solidation des royautés et le développement du pouvoir mo-
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60 XE 1H7EL.
Darchique donnèrent une force réelle aax lois générales des
états, et le combat singulier comme preuve judiciaire finit par
disparaître au quinzième siècle. Mais alors il s'ouvrit une
nouvelle carrière sur un terrain quela loi sembleimpuissanteà
saisir, sur celui de l'honneur individuel. L'honneur, senti-
ment vague, irritable, impossible à définir, que l'état lui-
même encourageait chez ses nobles, et dont il remettait la
défense à leur valeur individuelle. Ce qu'on appelle aujour-
d'hui l'honneur n'est, en réalité, qu'une transformation
des sentiments et des mœurs de la chevalerie antique. Les
aventures, qui ne manquaient pas d'abord au chevalier errant
protecteur des feibles, opprimés partout, ont disparu partout
aussi devant l'organisation d'une bonne police; mais, en
mourant d'inanition, la chevalerie nous a laissé un code fan-
tastique qui, plus ou moins modifié , s'est perpétué jusqu'à
nous. Les lois de l'honneur, les motifs pour lesquels on doit
se trouver offensé, la manière d'obtenir une réparation, la
marche à suivre, les privilèges de l'ofiensé, les devoirs des
seconds et autres points de la matière , furent exposés dans
d'innombrables volumes et discutés avec toute la subtilité du
moyen âge, avec un talent qu'il eût été facile de mieux em-
ployer. Puflendorf et Grotius n'ont pas recherché avec plus
de conscience le droit des gens et les lois de la guerre , que
Mutio, Fausto, Attendolo, Giustinopolitano , etc., n'en ont
mis à approfondir la noble science de faire une offense et
d'en poursuivre la réparation. Ils ne reconnaissent pas moins
de trente-deux espèces de démentis I
L'Italie fut l'arène où ce nouveau genre de combat singu-
lier, le duel moderne, se déploya avec le plus de fureur; c'est
elle aussi qui produisit les traités les plus estimés sur la ma-
tière, les meilleurs armuriers pour les armes usitées dans les
combats de cette nature, et les plus célèbres maîtres d'escrime.
De là cette affreuse coutume se répandit avec fureur en
France, en Espagne , en Allemagne. En Angleterre , elle ne
sembla prendre racine qu'au temps des Stuarts.
C'est la France qui fournit les plus riches matériaux à l'his-
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LE DUEL. 61
foire do duel. Les rois et les parlements en reconnurent long-
temps la légalité, et François I*% qui donna au monde le
honteux exemple de manquer à la foi jurée, ne craignait pas
de dire qu'un démenti valait du sang, et qu'un bâtard seul
pourait recevoir un démenti sans en exiger satisfaction.
Henri II, assisté de toute sa cour, du connétable, de l'amiral
et des maréchaux de France, présida au combat dans lequel
la Chataigneraye fut tué par Jarnac, qui, les mains toutes
fnmantes du sang de son parent, les leva au ciel en s'écriant :
« Merci, mon Dieu, non à ma valeur, mais à ton saint noml»
Henri aurait pu arrêter le combat, et il fiit même prié de le
bire par Jarnac lorsque celui-^i eut la vie de son adversaire
entre ses mains; mais le roi, par un sentiment d'honneur,
disent les contemporains, resta inexorable, et mourut lui-même
qndque temps après des suites d'une blessure reçue dans un
tournoi. Charles IX fut le dernier roi de France qui présida
à l'une de ces fêtes sanglantes, et pour être juste avec lui, il
fimt dire que ce fut Jui qui essaya d'arrêter la fureur du duel
en nommant une Cour d'Honneur chargée de poursuivre
toutes les offenses commises contre ses lois et d'en obtenir
réparation. Et il était temps, car les Français, au nom de
leur détestable idole, avaient changé leur pays en un champ de
tuerie; les guerres d'Italie et de la Ligue, jointes au relâche-
ment des liens moraux et religieux, avaient réduit la société
à un tel état, que, pendant les vingt années du règne compa*
rattvement tranquille et ferme de Henri IV, et malgré tous
ses édits prononçant la peine de mort contre les duellistes,
il ne périt pas moins de quatre mille personnes en duel, et il
fallut accorder quatorze mille grâces â autant de délinquants :
chiffres eflrayants ! surtout en proportion du petit nombre de
gentilshommes qui avaient alors le droit de porter des armes.
D'ailleurs le roi lui-même, en dépit de ses propres lois, en
dépit des sages remontrances du brave Sully, encourageait
le duel. Il écrit à son ami Duplessis, qui se plaint â lui d'a-
voir été insulté : «c Je suis très-fâché d'apprendre l'injure que
vous avez reçue; j'en suis fâché comme votre roi et comme
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^ £S B0EI..
votre ami. En qualité de roi, je rerrai à ee cpie justice soit
fkite pour voas et pour moi ; et «i je n'étais que votre ami,
Vot» me trouveriez tout prêt à tirer Tépée et à exposer ma
vie poar vou9. d Avec de pareils encooragemeats il n'est pas
éle«Aant q«e to«t )e monde se battit : qui n'avait pas toésoii
homme était indigne du titre de gentilhomme. Le mal n'es
resta pas là, car lorsqu'on n^obtenait pas satiafoction loyale-
ment, il n'était pa» beaucoup moins honorable de la prendre
d'me autre manière. Toute la France semblait atteinte de la
folie éû duel. Montaigne dit : a Mettes troi» Français dana
le désert de Libye, ils n'y resteront pas «n mots aana se
battre. i> L'évèque de Rodez dit, dans sa 74$ de BenrilV:
(c La manié des duels s'était emparée de l'esprit de la no-
blesse à un tel point qu'elle perdait en temps de poix, et par
aes propres mains, plus de sang que dans les batailles. » Dana
une seule province, selon Chevalier, il fut tué en sept mois
œnt vingt gentilshommes. Brantôme fait l'éloge d'un digne
lioble de la Franche-Comté qui tua son ennemi d'un coup
d'épée sous le porche d'une église, et de deux antres qui se
battirent dans une église, devantrautel,poardécider lequel dea
deux devait être encensé le premier. Un journal contemporain
dit, à la date du 6 août 1606 : « La semaine dernière nous avons
eu à Paris quatre assassinats et trois duels, mais on n'y a pan
prisgarde. »Doit*on s'étonner que le poignard d'un assassin ait
fini par trancher la vie d'un roi qui laissait de tels for&ita
impunis ? Le fils atué du duc de Guise tua le comte de Saint-
Pol dans les rues de Reims, et deux ans après Henri IV le
nonnnait gouverneur de la Provence!
Si le roi récompensait, les dames françaises, comme les
romaines qui aimaient les gladiateurs, adoraient ces hommes
de sang. Lord Herbert, ambassadeur à la cour d'Anne d^Au-
triche, dit dans un passage de ses lettres : « Toutescboses étant
prêtes pour le bal, et moi me trouvant près de la reine enat*
tendant que les danses commençassent, quelqu'un firappai la
porte plus fort, à ce qu'il me sembla, qu'il ne couYient à un
homme bien élevé. Quand il entraj'entendis circuler une subite
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LE BtJEL. as
pmiiî les dames; on se disait : C'est monsieur Bala«
gif I Pais je ris les daines Tune après l'autre Tinvîter à s'as-
seoir près d'elles, et lorsqu'il s'arrêtait quelques minutes
auprès de l'une d'elles, une autre arrirait bientôt qui disait :
VoBs l'are* gardé assez longtemps, à mon tour maintenant.
l'étais quelque peu surpris de cet empressement hardi; mais
c© qui m'étonnait surtout, c'était que cet homme n'était pas
beau; ses cbereux presque gris, un pourpoint de gros drap
et des culottes de gros gris. En prenant des renseignements
•or ee personnage, on me dit que c'était un des hommes
les plus brares du monde, qu'il arait tué huit ou neuf per-
sonnes en duel, et que c'était pour cela que les femmes M
fimaient tant de fête. »
La folie était générale. Ignace de Loyola défiait en combat
singulier tout Maure qui oserait nier la divinité de }ésus«
Christ. Le cardinal de Retz se battait deux fois pendant la
Fronde, le cardinal d'Esté présidait un duel à Ferrare, et en
iM9 on jugeait encore utile de faire revivre en Espagne les
statuts d'un ancien concile de Pefiafiel qui défendait de pro-
voquer les èréques et les chanoines. Ce n'était pas seulement
l'offenseiir et l'oilensé qui se battaient ; leurs seconds, leurs
troisièmes, leurs quatrièmes témoins mettaient aussi l'épée
à la main pour le seul plaisir de se battre, sans avoh* jamais
eo l'ombre d'une querelle, sans même se connaître ; tout cela
au nom de l'honneur et de la chevalerie I Sans doute beaucoup
de ces gens étaient des gens d'honneur; mais ce n'était pas
le duel qui les foisait tels, c'était la noblesse naturelle de
leur coeur. C'était le cas sans doute pour Gustave-Adolphe,
lorsqu'au foUe de la gloire il fit un jour appeler le colonel
Seaton, l'un de ses officiers écossais, qu'il avait offensé dans
un mouvement de vivacité, et l'emmenant dans un lien écarté,
il lui dit : « Maintenant pied à terre, monsieur; je reconnais
que je vous ai offensé , et je suis venu ici pour vous donner
la satisfaction qu'on doit à un gentilhomme; nous sommes
hors des terres de mon royaume, et ici, vous et moi Gustare,
nous sommes égaux. » Mais de tels exemples étaient rares, et
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6k LE DUEL.
pour juger de Tesprit qui poussait à ces sanglantes rencon-*
ires, on n'a qu'à voir le ton plaisant et léger sur lequel Bran*
tdme en parle, lui qui, au fond, était peut-être un esprit lé-
ger plutôt qu'un méchant homme. Il parle des combats les
plus affreux comme des plus beaux exploits; il nous entre-
tient avec délices de « ce très-beau combat » livré entre Que-
lus et d'Entragues avec leurs seconds : ces derniers se bat-
tant (( seulement par envie de mener les mains, » pour le
plaisir de la chose ! Il regrette qu'il n'y ait eu là de présents
que trois ou quatre personnes du commun, a de misérables
témoins pour la valeur de tels héros. » Il est fier de dire au lec-
teur que sur six combattants quatre périrent, et c'est sans au-
cun étonnement qu'il raconte que d'Entragues dut la victoire
à une dague dont il s'était armé, contre les conventions du
combat, et avec laquelle il frappa l'infortuné Quélus, le rail-
lant encore lorsqu'il s'écriait mourant : <c Vous avez une dague
et je n'en ai pas I )) Son héros favori est un Napolitain qui tua
trois personnes dans la même matinée et sur le même lieu,
puis les abandonna avec la plus parfaite indifférence, k tous
trois morts à la garde de Dieu pour estre enterrez. y>
Et lorsque tant de victimes humaines tombaient sur
l'autel de l'honneur, que rapportaient à la société de si cruels
sacrifices? Rien, ou pis que rien. Nous nous étendons sur
cette époque parce qu'elle a trop souvent été vantée comme
l'âge d'or de l'honneur et de la chevalerie, parce que der-
nièrement encore des voix éloquentes ont proclamé avec
une dangereuse assurance que le temps de la chevalerie était
passé. Mais qu'est-ce donc que ce temps si regretté et quels
fruits a-t-il produits? Lorsque Bayard, le chevalier sans peur
et sans reproche, tuait au nom de la courtoisie, de l'honneur
et de la religion don Alonzo di Soto Maior, Machiavel écri-
vait son Prince f les Borgia empoisonnaient, volaient et se
livraient à l'inceste; les Sforza à Milan et les Médicis à Flo-
rence imitaient leur infirme exemple ; un pape mourait em-
poisonné par une hostie sainte, un autre pontife bénissait le
massacre de la Saint-Barthélémy, Philippe II traduisait par
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LE DEEL. • S5
Teflàsion de sang bamain les préceptes de Ferdinand, la cour
de Henri VIII était le repaire de la lâcheté, de l'apostasie et
des massacres judiciaires ! En fait, Timmoralité, la licence ,
Tathéisme pratique trônaient souverainement par toute l'Eu-
rope à cette époque des preux chevaliers, qui, par leur con-
duite de chaque jour, insultaient à cet honneur dont le nom
^t sans cesse sur leurs lèvres.
Si telles étaient les mœurs des chefis de la société , que
devaient être celles de leurs sujets ? Que penser de la loyauté
d'oir sieur Malcolom, qui, après avoir dépéché son adver*
saire et voyant son second tarder à en faire autant de son
c6tè, vint à son aide et répondit froidement à la victime de ce
guet-apens : J*ai tué mon homme, c'est vrai ; mais si vous
tuez mon second, il se peut que vous me tuiez à mon tour
quand nous serons seul à seul ; ainsi donc en garde 1 Que dire
de la générosité du neveu du maréchal de Saint-André , qui,
s'étant pris de querelle à une partie de chasse avec Matas,
un ancien officier, se vit bientôt désarmé par lui? Victime
de sa magnanimité, Matas avait rendu son épée au jeune héros
en hit donnant quelque avis salutaire, lorsque celui-ci, sai-
sissant son moment, assassina par derrière son trop confiant
ennemi et le laissa pour mort sur la place. On n'y fit pas seule-
mentattention, dit un Mémoriographe contemporain, ou plutôt
on fut d'accord à blâmer le malheureux Matas d'avoir voulu faire
ia leçon à ce fier et honorable jeune homme I Prenez encore
comme échantillon des mœurs du temps la lettre suivante
écrite et signée par un des héros du siècle de Henri IV :
« J'ai réduit votre maison en cendres, j'ai déshonoré votre
femme et pendu vos enfants, maintenant j'ai l'honneur
d'être votre ennemi mortel. — Lagarde. » Par une juste pu-
nition du ciel, ce misérable mourut dans un duel. Et ces
mœurs atroces étaient générales. Creighton, lord Sinquhar,
avait perdu un œil en s'exerçant avec un certain Turner,
maître ^'escrime ; quatre ans après il était présenté à Henri IV|
et celui-ci lui demandait si l'homme qui lui avait feit cette
blessure était encore eu vie. A cette question le lord crut
5* SÉRIE. — TOME XI. 5
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M LE DtrSL.
qu'il était de son honneur de Tetoorner en Anglefterre, d^
prendre à sa solde une bande de bravi et de fiaire assasn-
ner le malheureux malttre d'armes à qui il avait déjà par*-
donné. Â Milan il ne se passait pas un jour où Ton ne se batftt
dans les rues, où l'on ne trouvât sur la voiepubUquetles cada-
vres abandonnés. Des gens 7 venaient de tous les coins de I*Bii-
rope pour y cultiver le noble art de l'escrime ^ pour y apprendiv
des feintes et des bottes secrètes. Là aussi se trouvaient de
nombreux bravi qui faisaient métier de se louer à ceux qm
n'avaient pas assez de courage pour se battre enx-mèmesr
dans leur propre querelle. Gomme type de l'homme d'bon*
neur au seizième siècle, nous ne pouvons mieux faire que
de citer, mais en l'abrégeant toutefois, ce que Brant6me ra^^
conte du « Paragon de la France. »
(c Duprat, baron de Vitaux, le Paragtm de la France, étmt
fils du chancelier Duprat, et dès ses plus tendres années 3
donna des preuves d'un courage indomptable. Il débuta dans
la carrière des armes par tuer le baron de Soupez, qui hn
avait jeté dans un dtner un chandelier à la tète. Vitaux l'at-
tendit sur la route de Toulouse, et après, l'avoir dépéché, il
se sauva sous des habits de femme. Pour second exploit, il
tua M. de Gonnelieu, grand-mattre de l'écurie de Charles IX,
qui avait traîtreusement assassiné un de ses frères, un enfoni
de quinze ans. Craignant le ressentiment du roi, il se sauva
en Italie ; mais il rentra bientdt en France, pour y venger ht
mort d'un autre frère qui venait d'être tué par un de ses
proches parents, le baron deMittaud. Pour arriver à son but,
il se cacha dan^ un bouge du quai des Augustlns, laissa pousser
sa barbe, et se déguisant en habit de magistrat, il alla attendre
le baron en compagnie des deux Boueicaut, braves et vail-
lants hommes qu'on appelait les lions de Vitaux. Reneontrant
enfin leur ennemi, ils se jetèrent to«s les trois sur lui, pute
se sauvèrent encore une fois pour obtenir eneore une foi»
ibis leur grâce. Mais H. du Gua, officier nussi brave q«e
distingué, et de plus favori du roi, s'était opposé à la gràœ
de Vitaux; aussi le Paragon, pour venger cette insulte, s'itt^
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LE DUEL 69
trodnirit S6crèleÉient éhiw M évét ftept oa Irait bons cooi^
pagnons, et dépécha lé dil Chia pendant son sommeil. CM
acte, dit 'BrantAmè, fut uniretsellemènt regardé comme nu
tnit de la pluft grande audace. Cependant il obtint encore
sa grâce par rinterventiofi dû duc d'Alen^on et de la reiite
Marguerite. Enfin son betfre arriva; le frère du baron dé
Ifittaudy qu'il avait assfassiné, il y avait huit ans de cela^
rq)pela en duel, et ê'itdnt muni sétn ses Habits iTune cuiroise
conhur de chair, devint invulnérable à Tépée de Titaux, et le
perça de part en part tout à son aise, sans avoir même là
courtoisie de lui offirlr quartiet*. C'est âiiisi, dit Brantôme,
que mourBt ce brave baron, le Faragôn de France, dont la
gloire s'était répandue éû Espagne, eri Pologne, en Aile*
nugne, en Angleterre; car tous les étrangers <]ui venaient
à la cour voulaient le voir. Il était petit de taille, mais grand
de coiffage, et quoique ses ennemis aient prétendu qu'il ne
tuait pas les gens loyalement, c^est cependant l'opinion de
tous les grands capitaines, celle surtout dés Italiens, qui
senties plus grands vengeurs du monde, qu'il est toujours
permis d'opposer stratagème à stratagème sans manquer à
l'honneur. i>
Tels étaient les duels, tels les héros et les hommes d'honneur
de cette époque, vantée comme l'ftge d'or de la chevalerie.
Aussi ne doit-on pas s'étonner si, avec la marche de la civi-
lisation, le législateur songea partout à réprimer ces mœurs
barbares. L'Eglise, la grande civilisatrice du monde, avait
déjà bien souvent condamné le duel, lorsqu'au concile de
Trente elle renouvela ses défenses de la manière la plus pè-
remptoire, en déclarant que « la détestable coutume du duel,
introduite par les artifices du diable pour perdre |les âmes
après avoir cruellement tué les corps, devait être abolie défini-
tîveraent parmi les chrétiens. » En conséquence, l'Église ex-
communie « tous empereurs, rois, ducs, princes, mar->
qnis, comtes et autres seigneurs temporels, qui désigneront
oo accorderont un lieu de combat pour un duel entre chré-
tieaa; les loondiattants avec leurs seconds sont excommu-
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68 LE DUEL.
niés, leurs personnes sont déclarées infâmes, leurs biens con-
fis(|ués et leurs corps privés de la sépulture chrétienne. »
Les puissances temporelles finirent par suivre cet exemple;
Charles V interdit le duel dans les terres de sa domination; il
fut prohibé en Portugal sous peine de la confication des biens
et de déportation en Afrique; en Suède il fut puni de mort,
et Gustave II, rencontrant un jour des gens qui allaient se
battre, les fit attendre sur le terrain jusqu'à ce qu'on eât eu
le temps d'élever un gibet : « Maintenant, messieurs, leur
dit-il, vous pouvez commencer si le cœur vous en dit. »
En France, des édits très-sévères avaient été rendus contre
le duel par François I**, Charles IX et Henri IV ; mais ils
étaient restés sans effet. Louis XIII essaya de les appliquer
avec une sévérité extraordinaire qui produisit peu de résultat,
bien que cependant il fît un grand exemple en faisant exé-
cuter un Montmorency sur la place de Grève. Louis XIV agît
plus sagement que son père, il réorganisa la Cour d'Honneur,
établie par Charles IX, et composée des grands dignitaires
du royaume. Cette cour avait pouvoir de décider toutes les
questions d'honneur, de mettre à l'amende, d'emprisonner et
d'arrêter tout individu coupable d'avoir donné un démenti à
un autre, de l'avoir frappé ou de lui avoir fait une de ces in-
sultes qui jusque-là avaient été causes de duels. On eut re-
cours à l'honneur lui-même pour corriger lés excès qu'il avait
produits. Le marquis de Fénélon, dont le grand Condé disait
qu'il était également précieux dans un salon, dans le
conseil et sur le champ de bataille, se mit à la tète d'une as-
sociation de gentilshommes engagés sur l'honneur et par ser-
ment à ne jamais envoyer ni accepter de cartel. Par un édit
public, Louis XIV menaça de la peine de mort, avec forfaiture
de rang, d'honneurs et d'état, tous ceux qui oseraient se com-
promettre dans un duel, engageant dans le même édit « sa foi
et sa parole de roi de n'exempter personne, pour aucune con-
sidération que ce pût être, des rigueurs de la loi. » Cette ri-
gueur excessive manqua encore son objet; mais cependant
on doit reconnaître que, de tous les souverains de la France,
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LE DCEL. n
Loais XIY est celui qai a le plus fait pour la répression du
duel. Sous ses faibles successeurs, il se réveilla avec une
licence caractéristique de Tépoque. Lauzun, Saint-Évremont
et le duc de Richelieu en étaient les dignes héros. Les femmes
elles-mêmes suivirent de si dangereux exemples; la marquise
de Nesle et la comtesse de Polignac se battirent au pistolet
jNHfr Fhonneur de la possession d'un Richelieu I Le plus hr
meux des duellistes féminins, ce fut la Maussin, cantatrice de
rOpéra, qui, formée par les leçons de Sévane, l'un de ses
amants et célèbre mattre d'escrime de ce temps-là, tua trois
hommes en combat singulier, et s'enfuit à Rruxelles, où elle
devint la maîtresse de l'électeur de Ravière.
En Angleterre, Elisabeth attaqua le duel en diminuant le
nombre des salles d'escrime et en rendant leur établissement
difficile. Cependant sir Henry Upton, son ambassadeur à Pa-
ris, envoya le cartel suivant au duc de Guise :
«c Parce que dernièrement, dans la maison du seigneur Dih
mogre et dans des lieux publics, vous avez impudemment,
indiscrètement et témérairement mal parlé de ma souveraine,
dont je représente la personne en ce pays, et dont j'ai le de-
voir de défendre l'honneur par la parole et par l'épée (hon-
neur qui d'ailleurs n'a jamais été mis en question parmi les
personnes honnêtes et vertueuses), je vous dis, moi, que vous
avez ignominieusement et malicieusement menti en parlant si
lâchement de ma souveraine, et que vous ne pourrez jamais
que mentir toutes les fois que vous oserez inculper son hon-
neur. Bien plus, comme sa personne sacrée (celle de l'une
des princesses les plus vertueuses et les plus accomplies qui
aient jamais vécu sur la terre) ne doit pas être exposée aux
calomnies d'un traître aussi perfide que vous l'êtes, je vous
défie et engage ma personne contre la vôtre avec telles armes
qu'il vous plaira choisir, à pied ou à cheval, et je vous prie
de ne chercher à vous prévaloir d'aucune inégalité de rang
entre nous, car je suis d'une aussi grande race et d'une aussi
noMe maison que peut être la vôtre. Et je maintiens mon
dire, comme le démenti que je vous ai donné, vous prévenant
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fO LB DUU.
que, ai vous n'acceptez pas ce cartel, je vous tiendrai et tous
ferai tenir pour le plus grand lâche et le pins ignoble esclaw
qui soit en France. J'attends votre réponse immédiate, d
l«es mesures prises par la reine Elisabeth contre le duel ne
p]r.Cj4uisirent rie^ ou presqi^e rien; mais, sous le règne ssi-
vant» le chancelier Bacon lui déclara une guerre sérieuse. II
fl^Unt un décret de la Chambre Etoilée^ et poursuivit activq-
ipent toutes les persoqnâs impliquées dans deaaffoires de œ
g§nre. On Iqs punissait de Tamende e\ de rempri^anen^enl.
\^ but que se proposait Bacon était de prévenir. leS/duob, el
i) croyait pouvoir y parvenir par 4ça peines, modérées, « oe
qui, dit-il, est d'aiUeura plus clément cpe dn pendoelesco»-
pableei «yea leurs blessures encore saignantes, compne cela se
^\\m France. » Le résultat justifia ses prévisions; car l«s
dneb étaient alors beaucoup plus rares en Ân^elerreque sur
le continent. Sir Walter Raleigh, un des hommes les plua
l^aves c^ son temps» s'éleva vivement contre Ip duel dans
We dissertation sur la matière, insérée dans son Biitmre A»
Les guerres de la ligue en France ^valent été fécondes on
4Rels et en assassinats ; mais les gp^erres de la révolution an-
^jse furent comparativemisnt pures de ces fléaux. LeBso-
tect^ur, suivant les inspirations de Bacon, rendit une ocdoi^*
V^\ce qui punissait d'un emprisonnement de six mois toute
personne qui avérait envoyé un cartel. Toutefipîs la mort de
l'un des combattants devait être poursuivie comme homici4n
Tplontairc^. Malbeureusemient, avec la Restauration les duels
i^eçonimencèrent avec plus de fureur que jamais; il est vrai
que Charles II, dans sa prqcl(^mAtio^ d^ 1Q79, wnonça que
les duellistes seraient punis suivant to\it;e la rigueur d^s lo^
Hais on sait que les pratiques de Charles H étaient fort pea
d*accord avec ses dires. Pjçpys appelije cette içiajpie du d«0
que l'on vit alors <( une espèce de symptôme. 4e Yét9J^ général
du royaume, » et dans son amusant joiurnal, il. raç^^nte l'bis^
tôire suivante du d^el de sir £[en]|*y B^eU^asses et^d^ IL Stoter
en 1667 :
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LE DUEL. 71
« Os dînèrent ensemble hier ohez sir Rcbeti Carr, où il pa-
raît que Von boit copieusement. Or il arriva que ces deux
l^rsennages) les plus grands amis du monde, causant ensem-
ble, sir Henri Bellasses éleva la voix un peu haut pour don-
ner un avis à Tom Porter. Une personne présente dit alors •
Eh 4pioiI est-ce qu'ils auraient querelle ensemble qu'ils parv-
ient si haut? — Sir Henry Bellasses, entendant ce propos, re-
pondit : Non p^ 1 et vous devriez* savoir que je ne querelle
lignais; je frappe, c'est ma maniera — Comment 1 reprit Tom
Porter, vous frappez I je voudrais bien voir l'homme d'An-
{^etene qui serait assez hardi pour lever la main sur moil
Sur ce, sir Henri Bellasses lui envoya un^oup de poing sur
Fjoreille et ils allaient sortir pour se battre, mais on les en
eopécha. Cependant Tom Porter finit par s'esquiver, et ren-
ODoIrant Dryden, le poëte , il lui raconte toute l'histoire,
qpntant qu'il était décidé à se battre et à se battre sur-I^
champ, vu que s'il attendait au lendemain il ne pourrait pas
fiûie autrement que de se réconcilier, et partant de garder la
conp qu'il avait reçu. Il prie donc Dryden de lui laisser son
domestique pour savoir ce que devient sir Henry Bellasses et
florreiller ses mouvements. Quelqnes instants après on lui
apprend que la voiture de son adversaire vient d'arriver; il
lort done du café où il attendait les nouvelles, et arrêtant la
voitnre de sir Henry Bellasse», il le prie de descendre. —
Qpoil dit celui*ci , voulez-vous me tuer pendant que je des-
oendrai? — Non pas, j'attendrai que vous ayez mis pied à
lirre. Puis, quand ce fut Sait, ils dégainèrent et se mirent à.
86 battre en présence de plusieuirs personnes de leur con^
naissance. Ils se sont touchés tous les deux, et sir Henry BcW
lasses a été si bien blessé qu'on craint pour ses jours. Quand
il^'est senti frappé, il abaissé son épée» et se jetant au cou de
lomp Porter il l'a embrassé et lui a demandé son bras pour .
riftider à marcher: car^ dit-il, Tom, tu m'as bien touché, mais-
jfi ferai tout ce que je pourrai pour me tenir sur mes jambes,
afin que tu aies le temps de t'échapper et de te mettre en sû-
reté; je ne*, voudrais paa qu'il t'arrivàt malheur pour ce
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73 LE DUEL.
que tu as fiait. Alors Tom lui montra que lui-même il était
blessé. » Sellasses ne survécut que peu de jours à cet événe-
ment, et Pepys ajoute, en manière d'oraison funèbre : a Voilà
un bel exemple! surtout de la part d'un membre du parle-
ment comme sir Henry, de la part de deux amis si extraor-
dinaires. C'est amusant d'entendre le monde parler d'eux
comme de deux amants qui se sont tués par amour. »
Dans ce temps-là le lord chancelier lui-même n'était pas à
l'abri d'une provocation. Lord Ossory envoya un cartel à Cla-
rendon à propos d'une question de tarif, d'un bill pour pro-
hiber l'importation du bétail d'Irlande en Angleterre. Le duc
de Buckingham ne sortit pas du cabinet à cause de ce bill,
comme vient de faire le son descendant le duc actuel, mais il
eut à soutenir, dans la chambre des lords, un combat à coups de
poing avec un partisan de la liberté du commerce, lord Dor-
chester, qui enleva au duc une poignée de ses cheveux gris et
perdit à son tour sa perruque dans la mêlée. Un exemple de
la triste moralité de ce temps-là, c'est le duel où ce même duc
de Buckingham se battit contre lord Shrewsbury, dont il avait
séduit la femme Ils avaient pour seconds le capitaine Hol—
man et sir John Jenkins d'un côté , lord Bernard Howard et
sir John Talbot de l'autre. Le rendez-vous était à Barnes
Elms, et tout le monde se battit. Buckingham tua d'un coup
d'épée lord Shrewsbury , sir John Talbot fut blessé aux deur
bras, sir John Jenkins resta pour mort sur la place, et les trois
autres, y compris Buckingham, furent plus ou moins gravement
blessés. Pendant qu'on se battait, lady Shrewsbury, en habit
de page, gardait le cheval de Buckingham à quelques pas de là,
afin qu'il pût s'échapper si par hasard il tuait son mari. La
chronique du temps ajoute même qu'elle passa la nuit de ce
jour-là avec lui sans qu'il eût pu changer la chemise qu'il por-
tait sur le terrain, et qui était teinte encore du sang de lord
Shrewsbury et du sien. Il est inutile de dire que Charles II
accorda un pardon solennel à tous les coupables. Buckingham
mit sa femme à la porte, installa lady Shrewsbury dans sa maison
et dissipa avec elle tous les biens du jeune lord orphelin.
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LE DUEL. 73
Cette fureur sanguinaire s'était étendue à tous les rangs.
Les médecins discutaient en consultation Tépée à la main.
Mead et Woodward se battirent à la porte du collège Gres-
bam. Le pied manqua à Woodward et il tomba par terre. —
A Yous ce coup-là , lui cria Mead. — Je Taime encore mieux
que Totre médecine , répliqua Woodward. Le docteur Wil-
liams transperça de part en part le docteur Bennett, après lui
aroir déchargé une paire de pistolets sur la tète ; le docteur
mourant, Tépée dans le corps, pria encore Dieu de lui donner
assez de force pour se venger, et d'un dernier effort il frappa
son ennemi d'un coup mortel. Cela se passait dans la rue^
deranf la maison même des victimes. Williams mourut avant
d'être rentré chez lui et Bennett ne survécut que quatre heu-
res. Les salles de bal, les bals masqués, les théâtres, les rues,
les promenades publiques, les cafés étaient tous les jours té-
moins de scènes pareilles. Covent Garden et Lincoln's Inn
Fîelds étaient le Chalk Farm et le Wimbledon-Common (1) de
ee temps-là. Les rues retentissaient toutes les nuits du bruit
des épées , des insolences et des désordres de tous genres
commis par les hommes à la mode, par les hommes d'honneur
de ces beaux jours.
Ainsi allèrent les choses depuis la Restauration jusqu'à l'a-
vènement de Georges in. LesBucks, les MokawkSyles Hell-Fires
donnaient alors le ton à toute la ville. Un de leurs lieux de
réanion les plus habituels étaient près de Sominerset-house,
dans une taverne où ils se réunissaient le dimanche avec un
effroyable corps de musique qui ne cessait de retentir pendant
le temps du service divin. Leur plat préféré était ce qu'ils
appelaient le gâteau du Saint-Esprit! En 1691, lord Mohun
et le major Hill assassinèrent publiquement dans Norfolk
Street Montford, le plus célèbre joueur de l'époque, et à quel-
(1] Lieux près de Londres où se donnent ]a plupart des rendez-vous,
comme autrefois k Paris ils se donnaient sur le Pré-aux-Clercs, ou au bois
de Boulogne. C'est sur le WimbledoA-Common que lord Cardigan s'est
Intttt Tannée dernière a?ec le capitaine Tucketk.
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71 u nuBt.
(jp^ jours de là ils osèrent, sans y mettre plus de mystère,
Q^yer d'enieyer Mrs.Bracegirdle, Tépée à la main. En 1699»
le même lord fut jugé pour avoir £aiit assassiner à* prix d*ar*-
gçnt le colonel Coote, après avoir passé tout un jour et toute
une nuit à boire avec lui et ses autres amis à Tauberge du
(ireyhound dans le Strand; enfin il mourut dans un duel où
il assassina plutôt qu'il ne tua le duc de Hamilton. Steele
lui-même^ après avoir éorit contre le duel et blâmé Tliorahill
dans le jypectaror pour avoir tué sir Gholmondeley Deering^fui
obligé de se battre contre un de ses camarades qu'il tua
presque; deux mois plus tard Thornbill périssait. à Turnham
Gxeen sous les conps de deux inconnus qui lui crièrenl en le
frappant : Rapp^e^oi sir Gholmondeley Deeringl
Nous: n'entreprendrons pas l'histoire de tous les duels qui
ont eu lieu depuis cette époque jusqu'à nos jours. Croi<«
Wt-o,n cependant qu'encore au commencement de ce siècla
il semblait que la société n'était pas asse» forte pour sa dé*
barrasser d'une peste comme le feu lord.Gamelford, qui,,
après avoir fait de nombreuses victimes^ ne finît que par les^
mains de Best y contre qui il voulut absolument se battre,
quoique ses témoins et lui-même reconnussent qu'il avait tous.
leS: torts l II fut tué et trouvé derrière Little*Hollaikd-Hou66y
cpuché dans la boue, abandonné par ses témoins. Un dueL
irlandais, qui ae date pas encore de loin^ montrera combien.
Çi^u de temps, encore nous sépare de la barbarie. Bn I&IO,
VL Colclougb et M. Sheridan étaient ea concurrence aveo^
M» Âlcock pour la représentation du comté de WexCord.
Quelques tenaoïQiers^ d'une personne du parti de M. Alcocki
ayaÂent annoncé qu'ils voteraient pour Colclough et Sheridajou
CplelongU fut sommé par son adversaire de refuser leurs.
XW' U répliqua qii'il. n'avait pas^^ brigué leurs, sviffiraigea, ei
qu'il ne se mêlerait pas de leurs votes. Sur ce, on lui écrivit :
«c C'est à vos risques et périls qu'ils voteront pour vous. » Le
lendemain , avant l'ouverture du poil , les candidats étaient
•pir le terrain pour décider» le pistolet à la main, du vote da
ces tenanciers. Une grande multitude, dans laquelle, on. i*eF>*
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W lOtt. f|5
«mpiût pim€i$rê ma$i9kr«U^ était, «ooourae pour aesister aa
Mnbat, On marqua les diatances» la foula se sépara en deu
pirtiast selon ses opinions politicfaes, le silence s'établit, et
Î?«i4es témoins dit aux oombattants de commencer. Une se-
conde après, M. Golclon^li tombait, finappé d'une balle au
oianr , et deux heures plus tard M. Aloock était proclamé
membre du parlement réguliêrefmnt tiul Aux assises sui-
vantes il fiii jngé devant le baron SnHth » ei le jury rendit
asns hésitation un vercMci de non-culpabilité I l.es oomba^
tants avaient jadis été des. mnis intimes. M. Alcock ne put
jamais trouner le repos.; sa raison sa trauUa» et sa sœut»
dMUemeot frappée par ee trafiqua événement, ipoumt folle
de dooleor. Toute cette histoire est di^^iie de l'Irlande el de
wi malheureux temps.
AiiÎQurd'bui où la fureur du due} eat bien calmée» il nous
ismUe que parmi les causas secondaires de cette heureuse
tendance on doit oompter Tionombrable quantité de dueb
saasés par la politique depuis un demi-siécle. Au temps de
Georges III, Û n'y avatt.pas un homme politique qui n'eA^
été oUigé (|e prouver son patriotisme et son honneur à la
pointe de son épée ou k pistolet au poing. Lord Talbot et
Wilkes, kxrd Shettmrne et le colonel Fullarton, lordLauder*-
date et k général Arnold, Tawnshend, Pitt, Fox^ Sherida%
Wîndbam, Canning, Tierney , Burdett, Brougham, Castle*^
seash» le duc. de Wellmglon, figurent parmi lea personnages
ifà n'ont pas craint de sanctionner par. leur exemple cette
élranga manière, de déddev une question en litige. Il y a ef
i.cela' du bien et du mal. Par la puUicité qui éclaire n4*
fassairemeni la condnîâe de personnages ai distingués dans
de.pareiUea occasions», fe àmk lui-même est devenu une a&
^ure pins skieuse; il a fiittu peser/ avea plus de gravité, lef
niotife qui amènent les parties, sur le temraia; on a admis
p)«s fecUement les excuseia et le^. explieatioi^s^^ et c^usés^
e<9PIMne ces dt^ls Tout été. le. plus souvent, par des questiona
d/i«téi;èt puWk, oa^ en a vu dispacattre les baiuea partieup*
l^resi d'homme à hommo» Ge sont des avantages manifestée
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76 LE DUEL.
qui ont enlevé à cette cruelle coutume une partie de son ca-
ractère barbare , et jamais on ne Ta mieux vu que dans le
duel que lord Wellington se crut forcé d'accorder à lord
Winchelsea. Par compensation, en donnant au duel la sanc-
tion de noms si imposants , en adoucissant sa barbarie, n'y
a-t-il pas danger de le rendre en même temps plus excusable ?
Cependant c'est beaucoup d'en être arrivé, comme c'est le
cas aujourd'hui, de ne pas permettre un duel avant des ex-
plications préliminaires, qui souvent donnent l'occasion de
rétracter des paroles imprudentes. Jusqu'ici, un faux senti-
ment de ridicule orgueil empêchait de faire des excuses araat
d'avoir reçu le feu de son adversaire; aujourd'hui le sens
commun a enfin découvert, quoique bien tard encore, qu'il
y a plus de dignité réelle à s'excuser dès qu'on se reconnatt
des torts, qu'à attendre pour cela d'avoir vu passer une balle
de pistolet. C'est un devoir qu'on ne saurait trop recomman»
der, et qui, convenablement compris par ceux qui prennent
sur eux la responsabilité du rôle de témoins, contribuerait
plus que toute autre chose à prévenir les duels.
Telles sont les phases qu'a subies cette singulière cou-
tume ; aujourd'hui elle tend considérablement à s'effiatcer, et
espérons qu'avec les progrès de la civilisation et de la mora-
lité dans la société, elle finira par disparaître. Dans la plu-
part des états européens, les lois relatives au duel ont subi
des modifications qui, en les rendant moins sévères, ont eu
cependant d'heureux effets; et on a pu y arriver d'autant
plus aisément que, sur le continent, ce sont aujourd'hui pres-
que exclusivement les militaires qui se battent, c'est-à-dire
les personnes qui sont sous la surveillance de la discipline
la plus sévère et la plus vigilante. Il faut faire une exception
pour la France , où les écrivains et les journalistes ont trop
souvent, depuis la Restauration, cru devoir soutenir leur po-
lémique à la pointe de l'épée. Cependant, après avoir vaine-
ment essayé, sous le ministère de M. de Martignac, de feire
une loi sur le duel, on a pris le parti de poursuivre les duel-
listes devant les assises comme coupables d'homicide , et ce
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LE DUEL. 77
parti, en réservant à la fois dans le jury les droits de Tindi-
ndu comme ceux de la société , semble avoir déjà produit
d'heureux eflfets. En Autriche , par un décret de 1803, les
combattants sont punis d'un emprisonnement d'un à cinq
ans; s'il y a eu des blessures, de cinq à dix ans, et de dix à
vingt s'il y a eu mort d'homme. Les témoins sont passibles
d'un emprisonnement d'un à cinq ans. En Prusse, la réclu-
sion ou la détention dans une forteresse a été substituée à la
peine de mort, qui n'est appliquée que dans le cas où les
choses se seraient passées contrairement à la loyauté , ou
bien dans le cas de l'un de ces duels qui doivent nécessaire-
ment se terminer par la mort de l'un des combattants. Le
code prussien est surtout très-sévére pour les seconds. En
Belg^qaey en Bavière, il s'est £ait aussi des réformes impor-
tantes, n n'y a que rAngteterre où le législateur n'ait rien
tenté depuis longtemps; la loi y est toujours sans force comme
par le passé; elle qualifie le duel d'homicide, punit de mort
les combattants et leurs témoins, et prononce contre tout
individu qai aurait adressé un cartel à un autre la peine de
l'amende et de l'emprisonnement. Sous ce régime il n'y a pas
en, pendant les deux derniers siècles, vingt condamnations
prononcées, et les trois ou quatre personnes qui ont été exé-
caiëes pour s'être battues ne l'ont été en réalité que pour
s'être battues contrairement aux lois admises par la société
en matière de duel. Quelques personnes ont été condamnées
pour homicide commis dans des duels accompagnés de cir-
constances aggravantes : il y en a eu de condamnées à un,
deux, trois, ou au plus douze mois d'emprisonnement ; mais
on peut dire que la très-grande majorité a été acquittée, ou
même n'a pas été jugée. Dans la pratique , il n'est pas pro-
bable que la loi ait jamais prévenu un seul duel ; le plus
qu'elle peut avoir fait, c'est d'avoir forcé les duellistes à se
Ultre hyalemmi; mais c'est, selon nous , un résultat que
l'opinion publique et lés sentiments d'honneur des jpersonnes
qui ont été forcées de descendre à cette extrémité auraient
parfaitement obtenu sans elle.
(EUnburg Review.)
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Mixao\xt9. — Motntii ^ttsiomtinmi.
LE JOURNAL DE UnSS BURMET
(MABAltfË 1>'i!MLAlr.)
I.
« 1778. — Cette année 8*est ouverte par an événement dd
la plus haute importance. Vers les derniers jours de janvier»
le monde littéraire a Va apparaître le premier ouvrage de la
très-spirituelle, très-savante et très-profonde Fanny Burneyl
le ne doute pas que, dans les temps à venir, cette manifostar
tion sidérale ne serve aux faiseurs de chronologie poifr mar-
quer Tapogée du progrès des arts dans notre tle. x>
k Cet admirable émvain a baptisé son chef-d'œuvre : ÉvB»
UNA,ou ¥ Entrée d'un4 jeune personne danê lemonde (i). m
C'est sur ce ton de plaisanterie que miss Fanny Biirney»
depuift madame d'Arblay, parle dleHtnème de son début dans
les lettres; mais, comme il arrive souvent de ces ibodéstiea
d'auteur, oa s'aperçoit bientôt que son aippréciation sérieuse
d'ello-mème est à peu de chose prèa celle dont elle s'amuse i
exagérer les fortaimles. C'est là m texte (|u'elle fait passer eu
riant, mais sur lequel, sans rire te moin» éà monde, Tingé*
nieuse romancière a brodé u» eommentaire dé stx fpetê
Yiriumes. Son impof^tmice bîoghipbique raéritait'^le un Mo-
nument d€ cette taîllef De^ien&^nolis l'ultendre d'ude per-
sonne qui avait plus qif èfBeuté son sujet un publiant, il 7 a
(1) Madame d^Àrblay'i Diary and Uftiefê, vèh 1^ ^ IV»
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iB MISS BnmiY W
de l'hoitfÉe qa'dle appdint <x SêH
Nn (1). 1» Ce Bont U>de8 {pieslâoiis qu'il eeraMassez
■onildeDéBOtidretDDrt; d'abord, et nmnaittoiiBttiieni
la kctaur à mAme de deviner à oat égavd noive penàie.
Xen qa'îl entre dans nos Tues de âi§piiter à aiira Bom^
ses titees oA sa ^mir d'éorivain. Elle a maniiié tvèi»ce»iaiM^
WDt fanai les Temneiere anglais, et ce n'est fias là an mè-
diecre éloge pour une compatriote de Bidhardëoa, SmaUett^
Fielding eLaiHrea. A Tépaqie où Evelina parut, Tmhnjontêf,
Jbdgrâi Haïubm, Hmmphny Climker, avaient rendu difficile
de fixer Tattantion publique. Triêtrum Skamdy et le Voy^igi
fcntîneatiitétaientconnus depuis longtemps; il est^dono très*
difficile d'admettre qu'à cAté de oes cheb-d'ouvre, unToman
Aédiocrepèt se produiraavecun grand éclat Endina eut cettu
fortuBo. Nous sarons bien que, parmi les conditions d'un tel
saocès, Textrème jeunesse de l'auteur ne doit pas être omise^
et madaaw d'Arblay, qui ne se fiait fisate d'aucune gloire, in*
Bsfe volontiers sur ce point. Nous verrons tout à l'heure si
e'eit à bon droit; mais enfîn, ce n'est pas à cette circonstance
font A fait étrangère au mérite da livre que Ton peut attri-
buer sa vogue. Une étade trè»-fiiie, quoique un peu bavarde^
des mœun et des caractères; un naturel infini dans la ro*
production des dialogues; et le secret si rare de o^r des
peraonaifications distinctes et vivantes, des types^ comme on
dit, complets et logiques, le mettent bien certainement au*
dessin -des ptoéuctions vulgainss.
Geoi une fois dit, nous croyons avoir fiiit la part due am
tslent : il nous. reste à signaler les petits pièges du charlata-
nîsBw, et i déjouer les combinaisons veaBiteuses d'un amour-,
propre qui affe<^tsst volontiers les dehors ks plus modestes.
Madame d' AiMaf est à nos ywx une êgoOtit de j^Mnièf e vo*
Me. Tout oe qoe noius voyons d'olle nous rappelle ce qu'elb
(i) Les Mémoires du docteur Bumey ont été publiés par Isa fille il ya
quelques anoées. La QuartBrfff hêtien> lui rsproelialt étm iâ csfH^
irs*toe trvp ssavsatsalMiliBëS'à isa*p4rs«
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80 LE lOUBNAL BE MISS BURNEY.
dit elle-même du peintre Bairy, ce pauvre fou, qui, entre au-
tres supériorités, s'accordait une modestie au-dessus de toutes
les autres. Elle dit encore, en parlant d*un certain docteur
Shepherd, chanoine à Windsor, que, dans aucune comédie, elle
n'a vu de personnage « s'épanouir autant dans sa propre p^fec-
tion.»C'est justement ainsi que nous caractériserions au besoin
le journal d*Eveltna, et nous lui appliquerions encore cette jolie
comparaison de Johnson, parlant d'un autre romancier célè-
bre : « Monsieur, disait le docteur, ce gaillard de Richardson
ne se bornait pas à descendre tranquillement le fleuve de la
Renommée; il s'arrêtait après chaque coup de rame pour
goûter l'écume qu'il avait soulevée. » Mais Richardson n'é-
tait qu'un enfant naïf auprès de miss Burney, et jamais il ne
s'avisa de toutes les petites finesses à l'aide desquelles elle a
longtemps dissimulé son adoration d'elle-même. Si ses Mé-
mmreê sont piquants, c'est surtout par ce côté. Il n'était pas
facile, on en conviendra, de soutenir parallèlement le rôle
d'une personne modeste et les prétentions les plus exclusives.
Elle y réussit cependant quelquefois, à force de céder la pa-
role aux autres toutes les fois qu'il s'agit d'elle. Miss Burney,
parlant de miss Burney, a toute la modestie d*un président
des Communes qui vient d'être élu; mais d'un autre côté»
elle se fait un cas de conscience, — ^pur scrupule historique — ,
de dissimuler les panégyriques et les compliments les plus
extraordinaires parmi ceux dont elle se dit accablée. C'est
toujours « le cher docteur Johnson, » qui proclame «c F. B« l'é-
crivain le plus spirituel qui ait jamais vécu. »— C'est <( ^'ai-
mable mistress Thrale, » qui s'écrie, en parlant de « F. B. : »
-^(x C'est la plus charmante enfoût du monde; » et ensuite,
lorsqu'elle a savouré tout à son aise le miel de ces menues
flagorneries, Fanny Burney se met aussitôt à rougir, à balbu-
tier, à trembler; elle affecte les attaques de nerfe de la mo-
destie blessée ; elle prend ses confidents à témoin de l'into-
lérable torture, du martyre incessant que lui inflige l'admira-
tion universelle. Mais, dira-t-on, quels étaient ces confidents?
Le Journal de madame d'Arblay n'est-il pas écrit sous forme
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LE lOURNAL DB MISS BURNET. 81
de confession privée, où devait pénétrer seulement Y œil d'une
sœur? Hélas 1 encore une ruse, encore un de ces stratagèmes
de l'amour-propre féminin , qui ne peut ni se dissimuler ni
se reconnaître. Le Journal envoyé à la soeur de madame d'Ar-
blay faisait ensuite le tour de la famille;— ^le là, il était régu-
lièrement transmis à Chessington, où toute la coterie de
M. Crisp en prenait lecture; — après quoi il passait dans les
mains de M. et mistress Lock de Norbury-Park, — puis ail-
leurs encore, — et il est hors de doute, d'après sa forme et sa
teneur, qu'il était destiné en fin de compte à la publicité qu'il
reçoit aujourd'hui.
Mnsi , de Vextrême jeunesse, qui revient toujours sous la
piomede madame d'Arblay lorsqu'elle parle de la publication
d*Eoelina. Elle laisse entendre que ce fut l'ouvrage d'un en-
fant très-timide, — ^remarquablement gauche,— et qui achevait à
peine son éducation ;— que ce roman fut écrit à la dérobée par
une sorte de caprice enfantin; — qu'il resta inconnu au père de
l'auteur et totalement négligé par l'auteur lui-même, jusqu'à
ce que, six mois écoulés, son immense succès les contraignit
à y prendre garde.
Ces détails avaient de quoi surprendre; mais l'aplomb avec
lequel ils étaient donnés ne permettait pas le moindre doute;
et ce fut seulement après la publication des Mémoires de son
Père, que l'attention de la critique fut tout à coup éveillée par
l'obscurité singulière dont miss Burney enveloppait non-seu-
lement la date de sa naissance, mais tous les autres détails
chronologiques qui pouvaient, directement ou indirectement,
conduire à des données positives sur ce point délicat. La cu-
riosité d'abord, et plus tard certains soupçons s'ensuivirent.
Les recherches cependant n'étaient pas faciles, et il s'écoula
quelque temps avant qu'on pût se procurer l'extrait de
baptême de notre auteur : enfin, en compulsant les registres
de la paroisse de Lynn, dans le comté de Norfolk, on vérifia
que Frances (Fanny), la seconde fille du docteur Charles
Bnmey, était née dans Télé de 1752 (1) , et que, par conse-
il) Au mois de juin.
5* SÉRIE. — TOME XI. 6
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82 U IWBUiJL 9B MIM MTBNBT.
qoent , lorsque J?ve/f na ptroe (iT78) » die n'avait pas qaisae
«m seise, mais bien vingt^^inq tm vingl-stx ans. Ceci, on çn
conviendra, donnait aa prétendu miracle une face nouvatte;
îl ne restail plua à sa placée qu'un fait asseai ordinaira.
De aiôaie encore pour le secret si strictaneat gardé vianà-
da doctenf Barney. Peu è peu, la vérité m faisant joinr , il est
daveitoassea pOHttf que sa fille lui avait parlé du rottan
qu'elle composait, et qu'il en avait autorisé la publication ;
seulement» afin de ne se pas dém^tir de point en point,
miss Bumey a continué à soutenir qu'il n'avait Jamais lu «ne
seule page de ce livre; — qu'il en ignorait le titre,-— et ne s'était
enquis de ses destinées qu'au bout de six mois^ averti par la
rumeur publique. C'est beaucoup demander à notre crédulité
que d'entasser ainsi invraisemblances sur InvraisemblaBoas;
mais il est vrai de dire que cette première déception, dont il
faut chercher l'origine dans les craintes assez naturelles qu'a-
vait miss Burney au sujet de son premier roman, a ex^cé sur
son avenir une trop grande influence pour qu'elle pût se
résoudreà un désaveu franc et loyal. L'extrême jeunesse avait
fait le succès du livre. C'est grâce à l'extrême jeunesse qu'il
passait pour un phénomène; c'est sur l'extrême jeunesse que
s'extasiaient Johnson et mistress Tbrale; ce fut l'extrême jeu-
nesse encore plus que le mérite de l'écrivain qui attira sut
elle l'attention et les faveurs royales. 11 fallait bien, par con-
séquent, laisser subsister l'extrême jeunesse : c'est ce que
miss Burney a fait constamment, aidée par sa- petite taille et
sa physionomie enfantine. La dernière page de son Journal ,
qui va jusqu'en 1787— et à celte époque elle avait atteint l'âge
très-respectable de trente-cinq ans — nous la montre avec tous
les petits airs, les étourderies, les grâces câlines que quatre
lustres accomplis rendent ordinairement fort déplacés.
Ce malheureux secret doit entrer pour beaucoup dans les
inquiétudes et l'embarras qui se trahissent à presque toutes
les pages des Mémoires de miss Burney. Il y avait sans doute
beaucoup d'affectation dans cette espèce d'impatience con-
* fuse où elle prétend que la jetait la moindre mention de ses
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Unwpl'lHiBiBiifelBplM légitteereiidB à son Ulent. Maison
pourrait y y«r anasi la fréBMMeiBaiil intériaar d'une con-
annce «a pen troublée. En effet, quelle cataitroplie pour le
fBaae ékf^ de tani d'adaub^aliona eatliMBiaMe*» m, quelque
beau jour, tandis <|B'on céiéhraît aulmir d'elle la préeoeité de
«Btaient, «ne ▼oîx envieuse m quelque aceîdcâl inattendu
aiaîtlOBlèeovp rèféièlavèrtlél Quai erève<xeurpeur lïfino-
wiijtfaaajMs et ami aimable fagaille, recomtuas bienet dftaafit
cnapablea d'Bvair eaeanioté au publie la tien environ des an-
néeaqne cmnpIaîtakffal'iaAèreaiaBt j^odige! etquel fendrojrant
a cdàn déeenaevte sur une organisaAion dèlicale,
I les drenaalaBoea les plus ordinaires de la vie trouvaitrat
cesse intimidée^ pséte à s'èvasauiTy oanfondue, ne sa-
ebaai oè se mettre, ebercfaant un voile à sa rougeur, une at-
titude à aon déseapoiri Les héroïaee de misa Bumey,*-^n l'a
défi reaaanpié coomm le déteit capital de ses remau9,-«eont
toiqours victimea de tounnent» microscopiques et de diffi-
cultés îmaginairea, que deux bk^ d'explication franche et
aensée avfiBraîeBA à dismper. Il en est ainsi du cerveau qui
leur doBOB le jour. S'il iaut l'en croire et prendre à la lettre
les exagérations de sa prose, bûsb Burney vivait dans un état
de perpétuelle détresse; — la moindre interpellation troublait
Vèc|iâttffe desa modestie ;-*-e&Be lui adressant pas la parole,
<M la ptoBgeait dans lea plus vives alarmes; •— un conqpll-
tmetà la frisait rentcer à c^t pieda sou» terre ;*-^SHiie d'atten-
tîoB, elle secroyait mé|>risée, et renfermait dans une indigna-
tkm muette lea souSranciis de son légitime orgueil* Nous la
voyons dma une soirée ae refuser à servir le thé, dans la
cfBinte de prendre uo réletrop en évidence; — et d'un autre
côté, dans la crainte de paraître dédaigneuse, subir l'agonie
da remonis à profios de ee refus. Au fond, tout cela n'est que
vtfiilé phmoQ moins naïve, plus ou meias maladroite.
On s'en aperçoit en décomposant les longs et fastidieux
dialogues qui composent la plus grande partie du Journal.
Quand nous voyons tout d'abord ces pages émaillées de
noms célèbres, Cj^s conversations qui ont pour interlocuteurs
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M LE JOURNAL DE MISS BU&NEY.
Johnson, Sheridan, sir Joshoa Reynolds, Murphy^Camberlandy
Colman, et vingt autres célébrités du même ordre, nous
sommes tentés de nous promettre une ample moisson d'es-
prit et de détails biographiques. Mais peu à peu cette illusion
se dissipe, et il ne tient qu'à nous de supposer aux hommes
remarquables de l'autre siècle les plus détestables habitudes
de causerie qu'on puisse imaginer. En y réfléchissant néan-
moins, la cause de leur apparente stupidité se montre bientôt
et se fait jour. Attentive à sténographier tout ce qu'ils dbent
relativement à elle, — et ceci, nous sommes tentés de croire
qu'elle l'exagère quelque peu, — miss Burney cesse d'écouter
ou du moins de redire ce qui touche à d'autres sujets plus
indifférents. Quand mistriss Thrale, sir Philip Jenning et
Johnson se mettent à discuter le mérite relatif à!EveUna et de
la Forêt de Windêor (i), nous ne perdons pas un mot de cet in-
téressant parallèle. Lorsque, dans la même coterie, s'agite la
question de savoir jusqu'où va l'extraordinaire modestie de
miss Burney, cette modestie ne l'empêche pas de rapporter
le débat tout au long (2), et nous lisons avec une sorte de
stupeur la déclaration suivante par laquelle Johnson conclut
et résume les arguments échangés :
Le DOCTEUR. Je l'admiré (F. B.) pour sa finesse d'observation,
sonbonsens, sagaieté, sondiscernement, Uchoix desespersonnagesp
le langagequ'elleleur prête; bref, pour toutesses qualités d'écrivain.
Une autre fois, sir Joshua Reynolds et Sheridan sont mis
en scène tous les deux, dignes interprètes de la curiosité
publique, qui guettait les chefis-d'œuvre futurs de l'auteur
d*Evelina. Sheridan sollicite d'elle une comédie, et sir Joshua
lui fait remarquer sagement : a qu'ayant déjà tout le succès et
toute la gloire dont peuvent être suivis les travaux de cabinet, » elle
doit rechercher les émotions des triomphes dramatiques (3).
C'est ainsi que de tout entretien, de toute rencontre, son
(1) Vol. !•', p. 23» et 23e.
(2) Vol. I", p. 120 et 122.
(8) Vol. !•', p. 187 et 188.
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LB JOURNAL DE MISS B0R2fEY. 85
industrieux amour-propre s'applique à pomper le miel des
loaanges. Nous dirions la mélatêe, si la métaphore le permet-
tait ; car ces éloges dont elle se pare sont quelquefois bien
frdes et bien peu raffinés. Comment qualifier, par exemple, les
compliments de cette belle dame du grand monde (mistriss
Cholmondeley] qui, venue à une soirée tout exprès pour l'y
Toir, dit en fiice à notre héroïne :
« Chère miss Burney, souffrez que je vous dise une seule
chose... et cependant peut-être allez-vous en être blessée...
mais non, vous le permettez, n'est-ce pas?
— Qu'estrce donc, madame?
— C'est... quey^ vous admire plus qu'itueune autre créature
humaineL.. Et je n'y puis que faire (1). »
Certes, la modestie qui valut tant .d'admirations à miss
Burney dut se faire une étrange violence pour transcrire des
flatteries de cette force.
Du reste il est plus d'une occasion où cette modestie si
vantée n'exclut pas une susceptibilité fort ombrageuse, et
nonobstant la perspicacité bien connue de miss Burney, elle
laisse très-naïvement percer une disposition peu compatible
avec ridée qu'elle prétend donner d'elle-même.
Sous ce rapport, et sous ce rapport seulement, nous trou-
verons quelque piquant à Thistotre d'ailleurs assez fastidieuse
de ses rapports avec un M. Crutchley, jeune gentleman assez
riche, qui avait été le pupille de M. Thrale. Après la mort
de ce dernier, qu'il avait désigné comme un de ses exécuteurs
testamentaires, il vint passer quelques semaines à Streatham,
où résidait mistriss Thrale en compagnie de miss Burney.
Fut-41 très^alant pour la charmante jeune fille, ou bien celle-
ci prit-elle quelques propos en l'air pour les manifestations
d'un sentiment sérieux? c'est ce que nous ne saurions préci-
sément décider ; mais nous sommes tentés de nous ranger à
cette dernière opinion quand nous voyons les efforts bien-
veillants de mistriss Thrale pour appeler sur sa jeune com*
(1) Vol. I", p. 174 et 176.
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8è LE lOtrmKAL VE mSft B0BNKT.
pagne l'atleiition du riche célibataire ; — la sécheresse avec
laquelle cehiî^i répond à ses arances indirectes;—^! enfin ta
petite fèrear discrète où sa résistance jette l'aiinable auteier
d^EveHnm{i). Il est vrai qu'A l'époque dont nous parlons die
avait atteint un fige amquel lesdemoisenes neplaisanlent plus
sûr le chapitre fort délicat des prétentions à leur main.
M. Crutchley avait le double malheur de compter moi»
d'années qu'eHe et de posséder une fortune beaucoup plus
considérable ; peuft-^re aussi s*était-il donné le tort d'avoir
fait concevoir, par des compliments peu ménagés, un espoir
qu'on était fôché de voir déçu. Par tous ces motifs il devînt
haïssable : on le hri laissa voir; et à tous ces autres crimes il
ajouta celui de ne pas comprendre une colère si laiteuse. Am
moins en fit-il semblant. Que de gens à sa place auraient agi
comme luit Quoi qu'il en soit, cette petite intrigue bien insi^
gnifiante remplit de longs entretiens^ trop fidèlement rap-
pelés, les premiers volumes du Journal^ et nous en aurions
cité quelques-uns malgré leur dimension extraordinaire, si
l'entrée de miss Burney dans l'intérieur de la famille royale
ne nous fournissait le sujet d'une étude plus intéressante.
Ce fut dans Tété de 1786 qu'elle fut nommée seconde
femme de la garde^ol)e dans la maison de la reine Charlotte
de Mecklembourg, femme de Georges 111. Sa réputation Ktt^
raire eut beaucoup moins de part à cette faveur que l'amitié
de la respectable Mrs. Delany, chez laquelle miss Burney
était devenue familière après la mésalliance de mistriss Thcule
avec un intrigant italien nommé Piozzi. Mrs. Delany , veuvu.
d'un médecin oélèiMre et qui avait alors |riu» de qnatr^^
vingts ans, avait été l'amie iatiaw de la vieille duchesse de
Fordand (lapetite-fiHe- dis grand trésorier Oxford, e^e-l&f
même que ^rier a célébrée dans ses poésies) , et c'est par fa
duchesse qt» Mrs. Dehmy avait été présratée à LL. MM^
Elles prirent bientôt le phis vif intérêt à cette exceltante «t
aimable fomme ; et lorsque la moit de la duchesse lui femiar
(l)Vol. n, p. 24et25.
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LE «OITR9AL ^ «9ê B0RN8T. 8T
lediAtem de Bnlstrode, où elle allait ordinairement tous let
étét, le roi Georges fit arranger pour elle une petite maison
qui loi appartenait près des portes de Windsor-Castle. Là,
ptasqne chacpie jour, elle nscevail la yisite de ses illustrei
liiles, qui TaippeUtient en outre à leurs réunions de famille.
Cstte btenTeillanoe» ee eulte affectueux pour un des tirée
débris qui enbsistaient enoore de l!époque où Pope, Addisoft
et Swift araient jeté lantd'éclM sur le génie anglais, se tro«^
rent décrits en délall dans la correspondance de Mrs.
Ddany, puMiée il y a ringt ans^ peu après la mort de
Georges llf, dont elle devait honorer la méniofre. Il est difii-
cile en effet de parconry, soit cette correspondance, soit le
Jwtmal de miss Bumey, sans ressentir une assesi vive sym-
ptCfaîe pour un monarque dont la vie privée fiit toujours con-*-
sacrée aux affections les plus simples, et qui cherchait Toubli
des plus graves soucis politiques dans les plaisirs de la vie
champêtre. Peut-être le sentiment d'une éducation imparfeile
et d'une diction inélégante entraii-il pour quelque chose dans
les goAts retirés du monarque, qui affecta toujours d'éviter
autant qu'il le pouvait les exhibitions publiques de sa per-
sonne. Adonné à la chasse et à ragriculture, il avait ainsi,
mérité le stimom de fermier (Farmer Georges), qui lui taxi
d'abord donné en mauvaise part. L'opposition, dirigée à cette
époque par des hommes d'un esprit et d'un talent remar-
quables, était parvenue à transformer en une sorte de despo-
tisme Êiroache l'éloignement presque continuel de ce prince
et la sirfitnde dont il s'entourait volontiers; mais peu à pein
CCS Ciuases impressions s'efbcèrent. On excusa chez le mo*-
naïque ce penchant tout anglais qui porte l'homme à s'isoler
dans la vie de &miile et à concentrer sur quelques personnes
choisies toutes les affections de son cœur; on le lui pardonna
surtout lorsque Ton vit que ses préférences privées et l^s
délassements de son cjioix ne lui faisaient jamais perdre de
vue le soin de la diose publiquie. Lorsque les désordres
de 1780 édalèrent, en présence d'une population déchaînée
et d'une munidpalité dont les scrupules timides compromet-
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88 LE JOURNAL DE MISS BURNET.
talent la sûreté publique, le rot fermier devint tout à coup un
roi capitaine; sa décision, son courage personnel, sauvèrent
la capitale, livrée depuis deux jours à toutes les horreurs de
rémeute ; et à partir de ce moment les sympathies nationales,
quelque temps égarées, commencèrent à se manifester en
faveur de Georges. Cette disposition ne fit que s'accroître
d'année en année, et il trouva, lors de la monstrueuse alliance
entre Fox et North, un puissant secours dans Tassentiment
populaire quilui permit de lutter contre la majorité factice obte-
nue par ces deux hommes d'état au sein du parlement anglais.
L'admission de miss Burney dans l'intérieur royal n'eut
pas, à ce qu'il semble, les résultats heureux qu'on aurait pu
attendre d'un choix également honorable pour la reine et
pour l'écrivain. A qui devons-nous en imputer la faute, si ce
n'est à miss Burney elle-même? Sans autre moyen de con-
trôler ses mémoires, ne suffit-il pas de les lire pour voir
quelle fut sa conduite dans cette position nouvelle ? Pouvons-
nous n'y pas remarquer un mélange singulier de prétentions
et de timidité, d'inexactitude et de gène, et ce génie tout par-
ticulier qu'elle semblait avoir pour se tourmenter, elle et les
autres, par le grosMsement des incidents les plus simples?
Il est évident qu'elle se croyait beaucoup au-dessus de ses
fonctions. Nous soupçonnons, au contraire, qu'elle leur était
à beaucoup d'égards inférieure, et que, soit vanité, soit in-
science des choses et des personnes, soit exagération de ses
craintes puériles, elle mit plus d'une fois à l'épreuve l'inalté-
rable patience de sa royale maltresse. De là provinrent cette
foule de petits malheurs que la femme de chambre bas-bleu
prend un triste plaisir à énumérer, et qui jettent un jour A-
cheux, mais assez faux, Dieu merci! sur l'existence tourmentée
Et d'abord, notons ce point, que miss Burney ne fit ja-
mais partie de la cour proprement dite. Ce qu'elle en put
entrevoir à travers des portes entre-baillées ou du haut des
appartements réservés qu'elle habitait, ne constitue pas
Fensemble de cette existence dont elle décrit les tourments.
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LE JOURNAL DE MISS BURNEY. 89
Admettons d'une manière abstraite que la vie aristocratique,
examinée de près, n'a pas tout Téclat qu'elle répand au de-
hors; mais reconnaissons aussi que toute manière d'être, mi*
natieusement et strictement étudiée, semblera plus disgraciée
et plus féconde en malheurs qu'elle ne Test effectivement. Il
ne faut pas. juger un décor de théâtre avec l'enthousiasme
qu'exciterait le paysage dont il est la représentation ; mais il
serait souverainement injuste, pour en avoir une exacte idée,
de s'en aller dans les coulisses, où l'on ne voit que toiles gros-
sières, charpentes dégingandées, cordes huileuses et machi-
nistes en sueur (1).
Dcfinissoiis d'abord le rôle exact que jouait miss Burney.
Appelée à de certaines heures au service personnel de la
reîoe, elle ne faisait jamais partie de sa société proprement
dite. Jamais, fût-ce dans une pièce extérieure, elle n'était in-
vitée à prendre part aux plaisirs des réunions royales, soit
qu'il s*agtl d'un concert, soit qu'une actrice en renom vînt
déclamer devant Leurs Majestés. C'est ce qui résulte expres-
sément de ce passage du journal où est racontée la visite de
Mrs. Siddonsà Windsor-Castle : miss Burney ne put trouver,
(1) NoTB DU DiRBCTEOR. N'est-ll pas permis de trouver ici, dans le point
de Tue da critique tory, un reflet de la jalousie aristocratique avec la-
quelle fat accueillie autour delà famille royale d'Angleterre la nomination
imprérue et spontanée de la pauvre miss Burney A une place sollicitée
par plusieurs demoiselles, pauvres comme elle, mais d'un grand nom et
ayant Tappui du plus haut patronage? Si miss Burney n'a pu de sa place
voir la cour, pourquoi la Revue en appelle-t-elle à son journal pour mieui
prouver les mœurs simples et la bonhomie du roi et de la famille royale t
Mous avons lu aussi le Journal de miss Burnsy. Il nous semble qu'elle y
voit et entend assez de choses, qu'elle y prouve assez nm intimité, qu'elle
y reçoit asseï de confidences pour avoir pu tracer une histoire vraie, mais
respectueuse, de la cour de Georges III. Elle prévient elle-même qu'elle
De dit pas tout ; mais en général elle ne supprime que ce qui a surtout
transpiré dans Ip public. Enfin, une ou deux anecdotes prouvent aussi
que quelques courtisans n'approchaient miss Burney qu'en tremblant et
ne diisimolaientpas qu'il y avait eu quelque imprudence à si bien placera
U cour une femme armée de la plume» ce terrible inêtrument de publicité.
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90 LE lOniHAL DE MISS EDRiriY.
elle le dit elle-même, nae chambre ou un cabinet assez voisin
pour entendre la lecture de la grande actrice (i) ; cette fay««r
fut accordée à la première femme de garde-robe (2). Ainsi sa
position réelle était bien celle qui dans la vie privée est ré**
senrée aux fesunes de chambre (lady maid) , et bien cpie des
fonctions de ce genre anprès de la personne royale ne soient
pas une dérogation et n'ôtent à personne le rang que l'oa
occupait dans le monde , bien qu'elles confirment au con*
traire ce qu'on peut appeler la horme naisMuace (gentility) d«
celui qui en est revêtu, elles Texcluent néanmoins du cerclu
royal en public ou dans le particulier. Entre autres exen**
pl^s de cette sévérité d'étiquette , on a celui d'une grande
dame bien connue , qui , ruinée par de fausses spéculations^
refiut en dédonmiagement une sinécure de ce genre, bien ré»
tribuée. A sa grande surprise , il lui fut interdit de paraître
désormais à ia cour , dont jusqu'alors elle avait eu l'entrée,
et il lui fallut renoncer aux privilèges précieux qu'elle avait
pu croire invariablement attachés à sa naissance.
la position inférieure de miss Burney, — avant de l'accepter
elle e4t pu la connaître, — parait lui avoir causé d'assez péa^
blés désappointements. Elle se trouva surtout choquée en dé-
couvrant dans sa chambre une sonnette correspondant au ca-
binet de la reine, et au bruit de laquelle il fallait se rendre.
Voici le passage; il est curieux :
« Quand je vous dis qu'on m'appelU, il faut nous entendre,
et je vais m'cxpliquer. Toutes les fois que je suis mandéo
pour le service ordinaire, c'est-à-dire pour les toilettes du
matin, du midi et du soir, ce qui m'avertit de me rendre à
mon devoir n'est ni plus ni moins qn^uiM sonnette. Dans les
circonstances extraordinaires, on m'envoie chercher par un
page. Vous l'avouerai-je? je ne suis pas encore tout à tût
retenue de l'impression que me causait, dans le principe, !•
(«) Vol. ili, p. 4S7.
<B)NoTB DO DiRccTEUH. Cs puNgs âu jûwnoi n'esi pai trét-uliir peittk
êure: si min Burney ne pot, comméMrs. Sdiw^lftnbsrg, entendre Mrs. Sid^
doai, oerutparoequemisseurtieyreeeTtUelk-ftiémSMSsMàlIb. MflBr*
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LB KnmiTAL VÊ mss vmnm. 91
premier de ces appels.. Une sonnette t J'envisageais eeci Cimane
ui fiîgne de serrifnde tellement humiliant que je ne poarais
Fentendre, même seule, sans me sentir le front couvert de
roageur, et sans aveîr en quelque sorte la consdence de ma
d^gradatton. »
U est vrai cpie l'auteur d*£reZtna se représente comme rou*
giseant aassi chaque fois que le trésorier de Tépargne lui
cemptail ses appontements. A ce compte ou peut voir com^
bien diromîfiatîom chaque journée lui devait apporter.
KHe s*était ègriemeul tml illusion sur un autre point, en
prisumant que la reine réclamerait surtout ses bons offices
littéraifes. Le bon sens de cette princesse, auqoei fe Jounud
rend d'aiienrs ample justice, ne se prêtait pas à iroe telle
conAisîon d'attributions. De plus , la reine l'avait dit formel--*
loaent aux protecteurs de miss Bumey, 4c die n'aimait guère
les romans, et encore moins ceux qui les font; » et enfin, il
bat bien Tavouer, la femme de chambre en secmid n'avait
pas à beaucoup près les qualités requises chez un conseiller
littéraire ; nous en trouvons la preuve à chaque page de see
Mémoires. A part EteHna et CecUiaf peu de livres existaient
peur elle. Ce fut la reine qui appela son attention sur l'O^
MPcer de Cumberland, oh cependant se trouvaient de £ré^
qaeates allusions è miss Bumey et à ses amis. Ce fut le roi
qui lui parla le premier de la Vie de Johnson, publiée par
HawkiAs. Enfin elle n'avait aucune idée d'une ballade cepen-
dant assez connue ( the G4jtb$rlunzie Man) , doublement remaiv
qfvable par sa gr&ce naïve et comme oeuvre d'une tête couh-
Tonuée(l], Ce fut encore à la reine qu'elle dut de la lire danu
uu petit traité philologique imprimé en Altemagne pour et»*'
Mr la resBend:>lance qui existait encore entre l'écossais pro^
pfemeut dit et TalleRiand. N'eùt-il pas été surprenant que, h
treuvaait aussi m^i renseignée, sa- royale maîtresse se êàk
adressée i elle pour en faire le guide de ses lectures, une
e^èee d'aide de ean^ littéraire?
m lîMfMt V, TDl d'âeoM.
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92 LE JOURNAL DE MISS BURNET.
Peut-être en eût-elle fait une lectrice, si l'extrême mal-
adresse de miss Burney n'avait rendu inutiles les petites
avances qu'on lui fit à cet égard. Mais voici ce que nous
lisons dans le Journal, et l'on va voir si la reine est à blâmer
pour avoir méconnu des qualités singulièrement obstinées à
se dissimuler :
Mercredi, 17 août. — « Depuis que la reine a bien voulu
m'attacber à sa personne, j'avais toujours pensé, à part moi,
qu'elle entendait me donner les fonctions de sa lectrice an-
glaise; en effet, les devoirs réels de ma charge avaient mille
fois la chance d'être mieux remplis par d'autres que par moi.
Cette idée rendait très-solennel le moment où je serais appelée
à lire devant elle. Cette exhibition m'a toujours été pénible,
et l'on peut penser que je ne la trouvais pas adoucie par l'idée
que S. M. me jugerait alors digne ou non de l'emploi qu'elle
m'avait conféré d'avance.
» Aussi, pendant la première semaine, je ne pouvais voir
autour de la reine un livre, une brochure, un journal, sans
être saisie d'une espèce de terreur panique, m'attendant tou-
jours à être mise à l'épreuve. Les journaux surtout m'inspi-
raient une profonde terreur. Je pressentais qu'il y avait là
mille pièges, non-seulement de diction, mais de choix : par
bonheur, quoiqu'elle me les demandât souvent, elle les lisait
toujours elle-même.
» Aujourd'hui sa toilette achevée, la première dame de la
garde-robe (1) s'est retirée, et la reine, au lieu de me ren-
voyer comme à son ordinaire, m'a priée de la suivre dans son
boudoir. Je l'ai d'abord aidée à préparer son ouvrage, des
dessus de chaises tressés en rubans; puis elle m'a demandé
de lui aller chercher un volume d\i Spectator. J'ai obéi le plus
tranquillement du monde. Elle m'a laissée debout un instant
sans m'adresser la parole ; puis tout à coup, mais avec beau-
Ci) La première dame de la garde-robe rallemandeMn. ScbveUenberg,
a figuré plus d'une fois dans les satires du temps: les libelles poétiques
de Peter Pindar (Wolcolt) et VHeroie Epiitle l'ont presque popolarliée.
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LB lOCANAL DE MISS BURKET. 93
eoop de douceur : «c Voulez-vous , m'a-i-elle dit, me lire un
chapitre pendant que je travaillerai? »
i>Je me suis trouvée prise à court et consternée: j'étais
bien loin de m'attendre à pareille requête ; aussi n'ai-je rien
répondu, et le livre restait fermé dans mes mains.
)> S. M. Ta pris, et m'a montré la page où il fallait com^
mencer. Elle lit cet ouvrage pour la première fois d'un bout
à l'autre. II n'y avait pas à choisir : l'obéissance était de
rigueur; mais ma voix trahissait à cet égard mon bon vou-
loir. Elle devint en peu d'instants si voilée, si tremblante,
si difficile à mener, qu'elle devait être fort déplaisante à
entendre. Le chapitre d'ailleurs se trouvait assez curieuse-
ment choisi, roulant tout entier sur la position d'un favori
de cour. Quand ma tâche fut à bout, je ne pouvais trop me
féliciter, tant je sentais qu'elle avait été mal remplie. La reine
fit quelques réflexions sur le sujet de cette lecture, et s'abs-
tint de dire la moindre chose qui eût rapport à la lectrice. Je
sais vraiment flichée de m'en être tirée aussi mal (1). »
La mortification de miss Burney dut être aggravée lorsque,
après ce premier échantillon de ses talents, elle vit la reine
ne plus les mettre à contribution. Ceci dissipait les douces
illusions dont elle s'était bercée, et la réduisait à un emploi
dont elle n'accepta jamais sans humeur la double dépendance.
Se trouver subordonnée à Mrs. Schvellenberg était une trop
rude épreuve pour un amour-propre aussi caressé que l'avait
été le sien, et jamais, elle ne parut comprendre cette leçon de
l'honnête Dogberry, que : « deux personnes montant sur un
cheval, il faut nécessairement que l'une soit derrière lautre. »
Aussi désormais il nous sera facile de voir que la lutte établie
entre les exigences de sa place et celles de sa personnalité un
peu suffisante dut la mettre assez mal avec elle-même et
avec les autres.
A cette époque , Georges III et sa famille n'habitaient pas
le château de Windsor, qui était eu effet inhabitable, et qui,
(i) Vol. lil, p. 117 et 119.
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9i us JtMTRIfAL mS ViaS BCEUBY.
pour devenir ce qu'il est aojovrd'b», deraii coàler des sosol
mes immenses. Un peu an sud-^t du chàteaa, ùv WilUam
Cfaamb^rs» le célèbc e ai cbitecte, ayait élevé nfte grande mai-
son aases semblable à une caserne » et qui a dû disparatire
lors des embellissements postériisurs. C'est ee qu'on dési-
gnait sons le nom de Queens Lodfn^. Il faut dire, à la louange
du sonTerâin et de Tarcbitecte, qu'ils n'avaient aoDgé ni l'un
ai Vautre à en fure «se résidence permanente ; seulement
Georges UI^ use fois qu'il y fut installé, s'y trouva (rfuseom-
modément qu'il n'eAt été dans tm palais poar j mener celle
existence de gentmimnme campagnard, la aieax «dallée de
toutes à ses instincts simples et bons.
La reine et les princesse se £Bdsaient un devoir de ne pas
contrarier les goûts du monarque; elles écartaient d'elles
tout ce cpii ressemblait au cérémonial des cours, pareomrai^t
à cheval les environs du château, et disaient des visites à leurs
voisins. C'était l'emploi le plus ordinaire de leurs maftinées.
Le soir, elles se rassemblaient autour de la table à tbé, pcmr
y lire et y travailler pendant que le roi causait ou jouait au
trictnic avec l'écuyer de service, qui composait la plupart du
temps toute sa suite. Assez souvent un petit concert rompait
la monotonie de ces plaisirs sans recherche, et û avait poar
auditeurs, avec la suite des princesses, quelques hôtes de ha*
sard et les personnes qui, comme mistriss Delany, pouvaient
s'appeler les amis de la maison. De temps i autre, afin que
les enfants royaux pussent changer d'air , on transférait à
Kcw ce cercle si étroitement limité : il était là plus simple en-
core qu'à Windsor. Tout vestige de la royauté di^araisaait
autour de l'auguste famille ; on ne s'astreignait plus aux heu-
res des prières et du lever; il n'était plus question de chan-
{jer de toilette deux fois par jour; le roi ne gardait pas même
d'éciiyer, et la reine sortait seule pour ses promenades (1). Seu-
(1^ Note du DinscTnun. II nons semble que le critique tory admet ici
lui-niôinc la rérité de robservation que nous lui opposions dans une note
précédente: on va voirque miss Burncy recevait aussi àsa lableà thé tous les
gentilshommes de la chambre et plusieurs visiteurs d'un certain rang.
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IM lOURNAL M VISft BcmiiEir. 95
knent, use on deux fois la semaine, Georges III et par avon-
tare la reine Gbarlotie rerenaient à Londres, soit pomr s'oc-
eaper des affaires publiques, soit poux quelque réception so-
teunelle.
On comprendra que» se vouant à des habitudes si retirées
et limitant avec autant de soin le nombre des visiteurs admis
dans leur résidence, le roi et la reine devaient s'attendre à
voir leurs intentions suivies par les personnes attachées à
leur service. Miss Burney cependant parait avoir été très-dis-
posée à violer k cet égard la règle établie, et il fallut phis
d'une remarque indirecte jémanée de sa souveraine pour lui
fâre sentir Tinconvenance de certaines admissions. En partie
par ignorance, en partie par présomption, ellesemblait toujours
cbercher à empiéter au delà de ses privilèges et à se mettre
aordessus de la discipline observée autour d'elle. Si l'on veut
du reste se faire une idée des sacrifices qu'on lui demandait,
il suffit de lire le programme qu'elle-même a tracé de ses
joumées :
c Je me lève à six heures du matin, et j'attends, en robe de
chambre et en bonnet, que la reine m'appelle; ce qui arrive
en général de sept à huit heures , et presque toujours à sept
heures et demie précises. Je la trouve déjà coifFée, cette be-
sogne étant confiée à sa femme de garde-robe mistriss Thielky ,
Allemande d'origine, mais qui parle parfaitement l'anglais.
Mistriss Scfawellenberg, après les huit premiers jours de mon
arrivée, a cessé tout à fait de descendre le matin. La toilette
de la reine s'achève par mes soins et ceux do mistriss Thielky.
Cette dernière me passe au fur et à mesure les difiérentes piè-
ces de l'habillement, et c'est moi qui les pl»;e. Aucune autre
femme ne pénètre dans le cabinet pendant que la reine s'y
trouve. A huit heures, ou fort peu de minutes après, car elle
est très-promple à s'habiller , Sa Majesté a fini. Elle va re-
joindre le roi, les princesses y viennent de leur côté, puis tous
ensemble, suivis des gouvernantes et des officiers de l'écurie,
vont entendre les prières dans la chapelle royale. Je reviens
alors chez moi pour déjeuner, et j'ai fait de ce repas le passc-
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96 LE JOURNAL DE HISS BCENET.
temps le plus agréable de mes journées. Un livre me sert de
compagnon et je lui consacre environ une heure... Quand neuf
heures sonnent, je renvoie mon couvert et quitte mon livre
pour examiner sérieusement ce dont j'ai à m'occuper, — c'est-
à-dire les préparatife pour ma toilette, non-seulement du jour
présent, mais pour celle de la solennité à venir. Chaque anni«
versaire réclame un costume à part ; il y a aussi les toilettes
de Kew, plus simples que toutes les autres et celles de Kîng's
Lodge qui tiennent le milieu entre le costume de cour et le
simple habit de la campagne. Ce sont sans contredit celles que
je préfère. Ceci achevé, je dispose de mon temps jusqu'à midi
moins un quart, si ce n'est les mercredis et samedis, où l'on
m'appelle une heure plus tôt. . . Alors recommence l'ennuyeuse
besogne de la toilette. Cette heure de plus qu'elle demande
les mercredis et les samedis est consacrée à boucler età crêper
les cheveux de la reine. A une heure moins un quart commence
véritablement la toilette de jour. Mistriss Schwellenberg ne
manque jamais d'y assister ni moi non plus; mistriss Thielky
à plus forte raison, dont on ne peut jamais se passer. Nous
aidons Sa Majesté à 6ter sa robe, nous plaçons à sa portée la
boite à poudre avec tous ses accessoires. Le coiffeur est in-
troduit alors, et tandis qu'il fonctionne. Sa Majesté lit ordi-
nairement les journaux. Lorsqu'elle a remarqué que je suis
descendue, ma toilette à moitié faite, elle me donne, aussitôt
assise, la permission de l'aller achever. Si elle est préoccupée
ou se sent disposée à lire avec une attention soutenue , elle
me congédie, que je sois habillée ou non. Dans tous les cas
elle n'oublie jamais de me faire sortir tandis qu'elle se pou-
dre, et cela par un ménagement pour ma toilette, qu'on serait
loin d'attendre d'une personne si haut placée. Lorsqu'elle me
retient, j'ai remarqué qu'elle se fait une sorte de devoir de
lire à haute voix çà et là quelques articles du journal qu'elle
parcourt... Je suis rappelée quelques minutes après, et la
trouve alors dans ce qu'on peut officiellement appeler, — si
tant est qu'il y ait rien de très-officiel ici , — son véritable
cabinet de toilette. Quelques instants suffisent pour donner
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LE JOURNAL DE MISS BUBNEY. 97
b dernière main à sa parure. Elle me congédie alors et je ne
la revois plus, je n'entends pins parler d'elle jusqu'à l'heure
du coucher Nous dînons à cinq heures, Mrs. Schwellen-
berg et moi, dans une salle à manger où chacune se rend de
son cAté... Ce repas fini, nous montons dans son appartement,
qui est exactement au-dessus du mien. Là, nous prenons le
cafê jusqu'à ce que les promenades sur la terrasse soient
acherées : elles finissent ordinairement à huit heures. Notre
tèie-à-téte se trouve alors rompu, et nous descendons de nou-
veau dans la salle à manger. L'écuyer de service, quel qu'il
soit, vient y prendre le thé, accompagné de tous les gentlemen
à cpii le roi ou la reine ont feit l'honneur de les retenir ;
après Je thé il les conduit et va lui-même à la salle de con-
cert; il est ordinairement neuf heures. Dès ce moment, si
Mrs. Schwellenberg est seule, il me faut lui tenir compagnie
jasqu'à mon petit souper, qui est servi vers onze heures : c'est
ordinairement avant minuit qu'où me rappelle pour la der-
nière fois. Je passe alors environ vingt minutes avec la reine,
noe demi-heure tout au plus.
» Je remonte ensuite ; et après avoir, par'avance, préparé au-
tant que je le peux ma toilette du lendemain , je vais chercher
dans mon lit un sommeil qui ne s'y fait jamais attendre.
Croyez en effet qu'un lever matinal et une longue journée
toute remplie de soins et de soucis divers ne s'achèvent pas
sans une horrible fiitigue contre laquelle l'énergie morale ne
saurait prévaloir. » Vol. III, p. 27, 31.
Il est difficile au premier coup d'œil de voir dans ce compte
rendu la place de tous les grands malheurs que déplore per-
pétuellement l'auteur du Journal ^ et nous sommes tentés de
croire que le mauvais esprit dont ils étaient le produit chi-
mérique dut la rendre passablement ridicule et désagréable à
ses compagnons. Le grief sur lequel elle insiste le plus
est le caractère dominateur et l'oppression tyrannique de
Mrs. Schwellenberg. Nous ne nous refusons pas à croire , —
car cela est dans l'ordre naturel des choses, — que cette
brave dame, compatriote, ancienne amie et favorite de la
5* SÉBIE.— TOME XL 7
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96 LE JOCRNAI* BE UlSê BDRmT.
reine y infirme à cette ^Kxque et déjjà vieiUe, ei'Sftustkste
aigrie par ce double malheur, •— ne vit pm avec ma aoisîble
plaisir qu'on lui donnait pour aide et CMOpagne» à la fhot
de sa co0^)atriote Mrs. Haggerdora , uue îeuse AftglaiM fvî
avait fait de$ Hvres. Nous concevons enocs'e qu'à cette anvce
d'ennuis et de tracasserie, la maladresse et lenéconéeniement
de la nouvelle venue durent -en 4k]outer d'autres €ft trouMcr
singulièrement le paisible train de vie qu'arvait •adapté
Mrs. Schwellenberg. Mais, d'un autre cèté, il aous parakévi*
dent que la roideur quelque «peu hostile avec laquelle la poe-
miëre femme de cbamlure fit valoir les cLnoiii <ke sa positiodi
et la loi rigoureuse de l'étiquette, vint surtout des petites
entreprises fréquemment réitérées par sa compagne.
Prenons pour exemple le point le plus fréquemmment tm
litige entre ces deux dames, l'autorité suprême exercée par
Mrs. Schwellenberg sur le diner et le service du thé. Il fout
bien se rendre compte qu'à cette époque le roi, n'admettant
jamais à sa table un seul gentilhomme [1), et n'y invitant qu'un
très-petit nombre de dames, avait dû chercher un moyen de
concilier les exigences de l'hospitalité avec celles du cérémo-
nial. C'est pour cela qu'une table régulièrement servie, et non
sans un certain luxe, était attribuée à la femme de chambre ea
premier. Mrs. Schwellenberg en avait la présidence nominale;
mais cette table était en réalité réservée aui^ visiteurs que Leur»
Majestés, — surtout la reine, — invitaient on faisaient inviter.
Une autre table, soi-disant destinée aux écuyers, recevait les
h6tes du roi, et dans la soirée l's^partement de Mrs. Schwel-
lenberg s'ouvrait pour les deux classes de convives qui
venaient ensemble y prendre le thé. Très-souvent le roi dai*
gnait y paraître et engager hii-mème quelques-unes des person-
nes qu'il y trouvait réunies à assister à ses concerts. Les offres
de la reine définissaient très-netteroent cette situation des
choses, et cela résulte du Journal où nous trouvons ( vol. II,
p. &18] les lignes suivantes :
(1) L'étiquette ne permettait pas qa*an homme s'asstl jamais devant
la reine.
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«â. X. me ftopom «de ne dmner mi tegnmit an palm,
dem^Macher i la«iibte de Mre.^ekweHedberg, «Udde à li^pueRe
tans 'les -miteurs deS. M., évèqDes, tords, cm mem-
kn «MOBoneB, de ne deimer «n doneetique et une
I 4b éÊsasL tcmÊBê livios par an. 1»
roai 'Celt ^élMl «lair. La «aklei laquelle mns Bomey se
IrmvaM afilacbée n'en ÀUsH pas- neÎM oelle de Mrs. ^cWél-
leabere^; 01 raUtev dn JoumM j avait «a plaee marquée»
prisqii'eile ycenpiaçait Mrs. Haggeidom. Mua dès le pre-
mier jour^rile cssajra'de aelwieiin rôle à part ron lut oiffrït
le boiiide la table «que sa derancîdTe mevpak ; «nia elle le
Ttinsa m» prétexte ide nodeslie, ctt «-atlla placer è Fnn des
dMés (t). Le mène voir elle «asaya paiement d'hinover lora-
qae le tbé fat aenî; elle avoue elle-nènie qoe Mrs. Hag-
gerdom vivait lengenra partagé avec la première fenmie de
dtamïfre le «oin de rofirir -avx eenvivea de LL. MM. Misa
Bntiey affecta de regarder ce aoin eomme un pririlége, afin
de a'en débarrasser mi prafk de Mrs. Sclvwellenberg. EHe
ordonna qu'on lui servit le Ihé dails sa chambre, et alla le
prendre arec me persenne qui Tétait venue complimenter
sur sa neminertion.
txï «toutes «lioses, oeCts taferle^ son étiquette, ses convives,
twwibléfeHt singulièremetft Tesistenoe de nîiss lumey, et
nmis dvrons le dire, en dépft de ses professions d'humilité,
de résîgnalion, ée faiblesse eaoessive, nous entrevoyons à
dhaque instant les prdtentions crt les jalousies dbsm'des dont
de tommeiitaît lortt le mende. CPe^ ainsi que sa compagne
diant ionfbée malade, elle se refusa de propos délibéré à re*-
cevoir les officiers de l'écurie qui venaient, selon l'usage, lui
demander de présider letvr thé. Elle ne disconvient. pas qu'ils
nirant dans leurs rapports avec elle toute la patience et toute
la politesse imaginables, tandis >qne ses refus, dont elle ne
Toalalt pas donner le motif, afin de ne pas s'engager pour
ravenir , «vaîeot un •caractère tout opposé. Ils amenèrent
(l>Toiii.lII, p. 14.
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100 LE JOURNAL DE MISS BCENET.
enfin des remontrances directes adressées au roi par le colo*
nel Goldswortby, en son nom et en celui de ses compa-
gnons. Miss Burney, en rapportant ce petit démêlé, en donne
l'explication d'une manière passablement invraisemblable.
Elle prétend, pour atténuer ses torts, que son laquais, chargé
par les écuyers de lui notifier qu'ils l'attendaient, les avai|
préalablement avertis, sans prendre ses ordres, qu'elle était
prête à descendre. Un pareil malentendu ne pouvait tout au
plus avoir lieu qu'une fois, et selon l'auteur du Journal, il se
serait reproduit à quatre ou cinq reprises différentes.
Mais la plus considérable de ses aventures, et Dieu sait que
nous regrettons nous-méme d'entrer dans des détails si mi-
nutieux, fut sans contredit celle du carrosse. La voici avec
toute son horreur. Dans un des voyages de Windsor à la
ville, Mrs. Schwellenberg et miss Burney se trouvaient dans .
la voiture de la cour spécialement destinée à leur service,
avec M. de Luc et miss Planta, tous deux de sa suite. Ici nous
laissons à l'auteur d^Evelina la responsabilité de son drame
et des exagérations qu'elle y mêle :
«... Le voyage fiit très-pénible, Mrs. Schwellenberg s'étant
obstinée à tenir baissées, de notre côté, les glaces de la voi-
ture. Il venait par là un vent glacial qui, bien avant l'arrivée,
m'avait donné les premiers symptômes d'une irritation de
paupières. M. de Saint-Luc et miss Planta étaient aussi fort
incommodés, mais ils n'osaient en rien témoigner; et quant
à moi, ce sont là des maux contre lesquels j'ai fort peu de
peine à me roidir... Il devait y avoir grande réception le
mardi, et je craignais seulement de n'y pouvoir remplir mes
fonctions...
»... Mon père vint passer la soirée avec moi, et l'état de
mes yeux, presque aussi pénibles à regarder qu'ils l'étaient
pour moi-même, lui donna une colère telle qu'il m'enjoignit,
le cas échéant, de relever les glaces de la voiture, quoi qu'il
pût arriver d'une pareille désobéissance. Ma place, eut-il la
bonté de me dire, ne comptait pas, mise en balance avec ma
santé. Ces paroles me touchèrent vivement, et m'ont depuis
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LE JOURNAL DE MISS BDRITET. 101
lors donné un courage dont j'ai eu plus d'une fois besoin.
» Le mardi, je dus foire grande toilette et paraître à la ré-
ception comme si de rien n'était.
»Le lendemain, quand nous nous rassemblAmes pour re--
toarner à Windsor, M. de Luc et miss Planta semblèrent
consternés à la vue de mes pauvres yeux. Le premier jeta
sur ma coadjutrice un regard très-significatif et auquel il pré-
tendait bien donner toute sa râleur; la seconde, sans se tra-
hir aussi complètement, trouva moyen de me dire tout bas,
en descendant l'escalier, à quel point elle était choquée par
nn aussi inconvenant abus de pouvoir. Je ne sais quelle occu-
pation de Mrs. Schwellenberg retarda le départ; et comme je
remontais dans ma chambre, la vieille Miller, notre soubrette
en chef, vint me trouver, tenant à la main une petite bassine
en fer-blanc, fort propre : « Madame , me dit cette fille, voici
une espèce de cérat, fait avec du lait et du beurre, que j'ai
préparé pour vos yeux. C'est le même dont se servait Mrs. Hag-
gerdorn, que vous remplacez , lorsqu'elle voyageait l'hiver
arec Mrs. Schwellenberg... Elle ajouta que la pauvre femme,
à force d'inflammations réitérées, résultant des coups d'air
qu'elle gagnait en voiture, avait failli perdre la vue. Ce sou-
venir était d'autant plus consolant pour moi que, selon la
bonne Miller, «je prenais tout à fait le même chemin. »
» SoiK;es entrefaites, miss Planta vint, toute joyeuse, m'an-
ooncer que, selon toute apparence, nous voyagerions cette
fois sans notre aimable compagne. Elle me quittait à peine
lorsque Mrs. Stainforth accourut éplorée : a Pour l'amouK de
Dieu, criait-elle, ne la laissez pas icil Chère miss Burney, je
vous en supplie, emmenez-la l» Il s'agissait toujours de la
même personne, et je ne pus m'empêcher de rire à ce double
âan de deux intérêts complètement opposés.
» Bientôt, cependant, nous nous réunîmes derechef pour
molater en voiture. A peine installés, M. de Luc, mon vis^-vis,
ferma hermétiquement la portière de notre côté, m Baissez
cette glace, » lui dit-on aussitôt. Il feignit de n'avoir pas en-
tendu, et commença je ne sais quel propos. L'ordre fut réitéré.
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102 U JOUEVAL mt MU» BIIHfKI.
eMe foift, avec colère. H me regtuda d'un tir de compassmiy
haussa les épaules et hasarda u» : « Maia« madameu. — Ou-
vrez, monsieur de Luc, quaaéje vom 1b dia.... Je veux 91e
eda Mate ouirerê; ti voaa êtes. feUeu^ tant faa pour veaa»
— Il ne s'agit pas de moi, madame; c'eat mias Baraejr...
.— Tant pis pour misa Buirnay ; elle paît bien, seuifrir le
mèneaiv que noi, je pease. Baîasea^ nonsienr de Lue,., «a
je fiûs acrèier îsmoédiateaMiié. Cecî eat nm voituee^ et j'eai-
ftendahieB eBdîepoeer «BtiÀreiaeot Jeenîe Utme d-y.adMettie
qui beAflae* seuibleL.. et d'y rifar seule, si^ veiuL.
)> Effirayée pour H. de Lue» et surleuA efrayée de iM^ du»
Tuir à son oUtgeanoe, j/mterviu» aiava en le priaut de baisaer
les giaces. Um'ofoéit à regret^ et je iue rejetai ^laua le fi^ud
du carrosse, eu relevant mon manchon jusque sur mes yeui.
J'étais charmée d'avoir le prétexte du froid pour aie priver
de l'horrifale aspect qu'effirait la physionomie de Mes. Sebwel-
lenberg, bouleversée par la colère. Miss Planta essaya seule
de dire quelques mots : pour eaoi, qu'on traitait avec si peu
d'égards, je ne me crus pas le moins du monde obligée à me
mettre en frais d'amabilités, d'smtant que nulle excuse plus ou
moins polie , nulle expression de regret ne m'était adressée.
M. de Luc était trop irrité pour se servir en cette occasion ée
sa méthode ordinaire, qui con^ste à tout déguiser sous le
lot d'un bavardage continuel ; et comme c'était la^urenûère
fins qu'il s'aventurait à montrer ouvertement sa mauvaise hu-
meur, je me sentis fort reconnaissante , je l'avoue, du bon
sentiment qui le jetait ainsi hors de ses habitudes. Il aSae4a
nne diatraetion, et releva le» earreaux. Une voix forieuse lui
enjoignit derechef de tout laisser ouvert. <( Mon Uteu, s'écria-
t-il sana réf»ndre direetemeuit, toutes- les fleurs de Mca. 4e
Luc vont être tuées par cette ^lée I h Le Aroid était en eibt
Irès-vif. Il meprofMsa ensuite de chaucper de place aveu miss
JMantay qm était assise en face de Mrs. SchweUeuberg, etpur
tonséquent du côté le mein» exposé à l'air : « Oui, s'écria
l'aimaUeMeeklembourgeoise^ miss Burney peut prendre eetle
place,, elle le devrait même. » Je r^iquai en fort peu de naols
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LK IMBITAC DB MISS BUBUBT. 103
ffifit m'était mpoeriMe, sans beaucoup souffrir, de voyager
à reculons : « Ohl ne vous gênez pas, ne dit Mrs. Schwel-
Inberg, si cela vo» eostrarie. Mais vous vous y habitueriez
UcD vile, Mtm. La pawFre Haggevdom s'y est bien faite... Et
qiaid, s'il vens platt?... Lorsqu'elle a vu <iue ses yeux n'y
ÉfOMst plus et finissaient par swgner. »
» C'en éÉnit aussi un peu trop.
» Fort bien , m'écriai-je; je me tiens ponr avertie de ee
qfûm'altend.
» Après qocri ye n'owrts plus la bouche. Durant tout le
feste en voyage , jie repassais en moi-même les paroles de
mon pèffs et la permission qull m'avait donnée de résister oo-
weeîettÈenk k des exigences si tyranniques. Vingt fois je me vis
snr le point de suivre à cet égard ses intentions formefls-
ment exprimées. Pourlaart, hélas t je dus réfléchir aussi au
désappointement que lui canseraR la perte de mon emploi,
tt Bsa chagrin que je ressentirais moi-même si je donnais ma
déonssion après une querelle dont l'origine serait si aisément
dénaturée. Ges-réfiexions m'empêchèrent de risquer une dé-
marche à laqudle me poussait tant d'arrogance et de brûlai
égoîsme. Je les repassai longtemps dans mon esprit, et leur
influence fut tdie qu'arrivée à Windsor. . . j'acceptai sUencisu-
•ement un gàieau que Mrs. Sehwdlenberg eut tout à coup la
Imlaisie dis m'offrir... »
Maintenant, si Ton d^ge de tous les artifices de narra-
lion le fait pur et simple qu'il déguise d'une manière si mal-
vettlante, nous trouverons que Mrs. Schwellenberg, beau-
coup plus âgée que missBuroey, fort mal portante, au-dessus
d'elle par ses attributions, et habituée à regarder comme sien
un carrosse dont elle disposait depuis longues années , d^
aim, ce qui était assez naturel, qu'une des glaces demeurât
baissée ; -^quei miss Burney , dont les yeux étaient malades, s'^ n
trouva incommodée ; — ^^qu'on lui offrit une place où elle eût été
à l'abri du froid, — et qu'elle refusa ce moyen de concilier
toute chose , soit par le motif un peu trivial qu'elle nous fait
connaître, soit parce qu'une place de devant lui paraissait
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lO/'l' LE JOURNAL DE MISS BURNEY.
incompatible avec sa dignité. Tout cela valait-il un réquisi-
toire de cette force ?
Nous en dirons autant de Tindignation manifestée, en plus
d'une page du Journal^ contre un gentleman de la cour, dési-
gné par miss Burney sous le nom de M. Turbulent. Cette épi-
thète, dans le goût du. Magasin des Enfants^ cache un nom que
nous pouvons sans scrupule livrer à nos lecteurs, celui du
Rév. Charles GifFardier S lecteur français de la reine et des
princesses, très-avant dans la confiance et Tamitié de ces au-
gustes personnes. La position que miss Burney se fit vis^à-via
de lui frisait de près le ridicule ; elle prenait au sérieux de
prétendus transports auxquels, selon toute apparence, il ne
se livrait qu'en riant. Mais il ne tiendrait qu'à nous de croire
que cet ecclésiastique, investi de la confiance royale, marié
d'ailleurs et père de plusieurs enfants, oubliait les conve-
nances de son état et de sa position particulière au point de
témoigner à miss Fanny l'amour le plus désordonné. Elle, ce-
pendant, se représente comme tellement surprise par la tur—
bulence, le langage enthousiaste et les façons cavalières de ce
nouvel adorateur, qu'elle ne trouvait pas le courage de se
soustraire à ses importunités. Nous remarquerons néanmoins
que, placés comme ils Tétaient Tun et l'autre, il suffisait d'an
regard ou d'une parole sévères pour rappeler à eux-mêmes
tous les turbulents de la terre. En ceci miss Burney nous pa-
rait donc avoir cédé au besoin qui la poursuit de se repré-
senter comme l'objet d'une adoration universelle. Nous la
retrouvons telle que nous l'avons vue à l'égard de M. Crutch-
ley et de quelques autres : elle ne s'embarrasse pas de plu-
sieurs contradictions, plusieurs inexactitudes bien évidentes,
pourvu que son rôle d'héroïne s'arrange au gré de ses désirs.
Au fait et au prendre, toutes les démonstrations de M. Tur-
bulent se bornaient à quelques formules plaisantes, risquées
(1) C'est tîDsi qu'on rappelait le plus ordinairement, mais, corrcciemenl
écrit, son nom éUit, à ce que nous croyons, de Guiffardière, ihanoint
prébeiidier à Salisbury ; il était de plus vicaire de Newingion et recteur
de Berkhampstead.
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LE JOURNAL DE HISS BURNEV. 105
sans aucun doute pour amuser le tapis, et dont Taccueil sé-
rieux de miss Burney devait feire d'assez bonnes charges. Il
est âcheux que nous ne puissions pas entrer dans les détails
de cette passion pour rire , et feire ressortir dans chaque
scène le r61e bizarre des deux interlocuteurs ; mais le style
àïJ(mrnal a Ténorme inconvénient d'échapper à l'extrait par
sa diffusion, et à l'analyse par son obscurité.
Voici bien assez de critique comme cela. Quoi qu'on
en puisse penser, le blâme n'est pas sans amertume pour
celairlà même qui se voit contraint à l'infliger. Maintenant
que nous avons fait ressortir les vices essentiels de l'ouvrage
qui passe sons nos yeux, nous reconnaîtrons volontiers qu'au
milieu d'une masse de détails puérils, de circonstances sans
intérêt, d'anecdotes sans valeur, ce livre, curieux monument
d'égoîsme et d'amour-propre féminins , renferme çà et là
quelques pages dignes d'être conservées , quelques épisodes
dont l'histoire ou le roman peuvent s'emparer. Comme trait
de mœurs, nous citerions volontiers les preuves multipliées
de l'assujettissement où l'étrange mode des coiffures poudrées
tenait nos respectables grand'mères. On se fait difficilement
une idée aujourd'hui de l'importance qu'avait alors le coif-
feur ; mais comment la révoquer en doute , quand on trouve
consignés dans les mémoires du temps des détails comme
ceux qu'on va lire?
La première occasion où miss Burney se trouva chargée du
service en premier auprès de la reine fut une visite que Sa
Majesté rendit dans l'été de 1786 à Nuneham-Courteney , le
château de lord Harcourt, d'où elle gagna Oxford. Nous ne
parlerons pas des petits chagrins de miss Burney, qui jugeait
très-insuffisantes les marques d'attention dont l'honorèrent
les nobles hôtes de la reine ; mais en voici de plus généraux
et qui marquent merveilleusement la date du récit :
« Mon plus grand embarras fut ensuite d'avoir un coiffeur.
Nunehamestà trois ou quatre milles d'Oxford, et j'étais sans
femme de chambre pour m'aider, sans laquais pour envoyer
chercher l'indispensable artisan. Il me fallut avoir recours à
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1D6 LE lOURNAL DE HISS BUBUBT.
Mi»« Tbielky, qui se chargea d'obtenir d'un Taletde la rei«e
qu'il mtt cherchèi un messager, pu* reaireiiHse duquel je pus
demander un coiffeur pour le lendeaniia à six heure» da
nutiu... n
13 oetU. ^-> « A six keures, en effets j'eus le bouhevr de ym
arriver mon homme : il s'escrima deux heures durant, et sa
tâche n'était cependant pas finie, lorsque Svarthy,lecoMiNir
de la reine , vint frafiper à ma porte pour m'avertir que Sa
Majesté, complètement apprêtée, me mandait auprès d'elle.
Je me hâtai donc autant que cela me fut possible , et dans
mon empressement je descendis sans bonneL La reine sourit
eh me voyant arriver dans cet attirail incomplet, et me dit
que le lendemain je n'aurais pas à me mettre en peine d'un
eoîSeur, que l'aide de Swarthy s^ait à mes ordres dès qu'il
en aurait fini avec les princesses : a.Yous l'auriez eu dès a»-
» jourd'hui, ajoutart-elle , si j'avais su que vous aviez besoin
» de lui. D
a Quand Sa Majesté fut habillée de tous points, à l'excep-
tion du chapeau, elle envoya chercher les trois princesses;
le roi vint aussi peu après, le me sentais assez ridicule dans
mon accoutrement négligé, rassurée seulement par cette cir-
constance que la reine et ses hlles restent voloniiefs en
cheveux» encore que personne n'ose paraître ainsi devant
elles.
» Lorsque le chapeau fui posé : « Maintenant, miss Bumey,
p dit la reine, je ne vous retiens plus; vouis pouvez remonter
» et finir votre toilette. y> Vol. III, pag. 89-90.
On conviendra que le caractère aimable de la raine se fait
j^ur d'une manière charmante dans ces menus încidentf :
nous voyxMfis en (41e une de ces femmes douces et seneées,
acquises à tous leurs devoirs, indulgentes sans fiiiblesse, pru-
dentes sans peliiesae d'esprit, bienveillantes et dignes toul à
la fins» qui font l'honneur die leur sexe et le bonheur de leurs
familles. Miss B^rney, d^ reste ». lui rend amplement justice
dans les passages suivants :
if, La reine est constamment douce et gra^eieuee ponv sm :
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ES immsAL BB M1S6 «mrsT. MV
jtfMK rfle ne m lêkm apercevoir que moa serrîoe, maiaft*-
Itenat ipie je snb seob , Im laisae le moins dn moaib
è éèaîret. Nos rapports en sont devenus phu. fréquents ^
fias înlines , et j'adaMre plus que jamais la honlé de soa
conr et Vétcnéam de son inteUigence. Je m'attendais, à
#a«ver en elle- un grand bon sens, ne povrant attribuer qu'i
cda b «oadnite iMÎoiirB i l'abri d» bUùne qu'elle lient sons
k9 yen d^nne nniltîtiide attentive ; nais je n'tmaipnais pm
qnn, tenjnors cnnfinée dans f enceinte des cours., elle eût pn
jmnAtk ta eennaissance du monde et du cœur hnmain^ ifd
ne révèle dans cliaeun de ses actes , dans chacune de se» par
«oie». VÂatenant je rends justice à l'admirable sagacité qm
kii a peramde snppl^or les leçons de l'expérienoe. Durant Le
ne» qni vient de s'éeoéler j'ai passé beauconp d'heures senle
arvec elle, je ne l'ai jamais quittée sans «n sentiment nouvean
d'admiration pour ses hautes facultés.
» Ce qne j'observe en elle avec le plus de plaisir est précê^
sèment sa manière d'entendre les soins à l'occasion desquels
je me trouve ainsi rapprochée de sa personne : tout ce qui
lui échappe dans nos tête-à-téte au sujet de ce qui nous ocf-
cupe est à la foie» édifiant et aimable. Convaincue que sa po-
sition élevée ne l«i permet pas de négliger sa parure , elle
apporte la plus grande attention au choix des vêtements
qn'elle porte dans les occasions d'apparat. Néanmoins c'eat
U on souci qu'elle se donne ou qu'elle accepte sans mur-
murer; amis au fond elle a parfaitement la conscience de œ
qa'il 7 a de futile dans cet éclat purement extérieur, et lorsr
fne le moment dm sacrifice est passé, elle ne peut s'empêcher
d'eiprimer tout le plaisir qu'elle éprouve à quitter ses magnir
i<pM» atours (1). y>
Elle trace ailleurs ee tableau toncbant et caractéristi^iM^ :
Dùnmmckê 6 août, -* a L'intérieur de la famille royale offre
nn apeetaole si exenq^laire , que je ne puis m'ea^pécber d0
temps i antre de le laisser entrevoir ji ma chère Suaanne. €e
(I) Tom. ni, p. 169 et 170,
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108 LE JOURNAL DE MISS BURNEY
matiUy avant le service divin, miss Planta est venue me deman-
der de la part de la reine le tabac que je suis chargée de mé-
langer suivant songoût : après Tavoir préparé, je Taiportédans
le cabinet de toilette de Sa Majesté, comme cela m'avait
été prescrit. J'ai tourné la clef dans la serrure, — car c'est ainsi
et non pas en frappant à la porte qu'il est d'usage de deman-
der si l'on peut ouvrir; — la reine elle-même m'a dit d'entrer.
Je l'ai trouvée lisant tout haut quelques passages d'un ou-
vrage de piété, je n'ai pu savoir lequel , à ses trois filles
aînées. Miss Planta était debout derrière elles. Sa Majesté,
sans s'interrompre lorsque j'entrai» m'indiqua seulement par
un signe une boite qui était sur la table, et dans laquelle je
devais mettre le tabac. Je n'eus garde de me dépêcher, car je
trouvais un grand charme à cette lecture maternelle, dont
elle faisait ressortir les leçons plus particulièrement applica-
bles aux filles du monarque par les nuances variées d'une
accentuation toujours expressive. Elle lit trè«-bien,^ avec
beaucoup de force, de clarté, de discernement (1). »
A la date du ^i* décembre, nous trouvons consigné un sou-
venir non moins précieux :
« Lorsque je me suis rendue chez la reine au sortir de la
chapelle, elle m'a retenue auprès d'elle toute la matinée, me
parlant avec plus d'abandon et de confiance qu'elle ne m'en
avait encore témoigné. Le principal sujet de notre entretien
a été lady C, cette pauvre femme si fragile et si malheureuse.
La reine l'a connue de tous temps et s'intéressait particuliè-
rement à elle; elle l'avait fréquemment admise dans son in-
timité et s'était appliquée à lui montrer toujours une estime
qui la relevât à ses propres yeux. Jugez du triste désappoin-
tement , disons mieux , de la vive peine que lui a causée sa
chute I Sa Majesté m'a parlé longuement de tout ce qui s'é-
tait passé, me peignant le caractère de lady C, dont elle m'a
fait connaître aussi l'histoire dans tous ses détails. A la fin,
en me racontant sa ruine totale, et toutes les horreurs d*une
(1) Tome III, p. 97.
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LE JOURNAL DE MISS BURNET. 109
dégradation aujourd'hui complète, elle n'a pu retenir d'abon-
dantes larmes qui Tont forcée longtemps de tenir son mou-
choir sur ses yeux. » Tome III, pag. 2S0-351.
Noos allons voir avec quel bon sens la reine aida miss
Burney à se tirer d'une position assez délicate. Il faut savoir
d'abord que quelques amis communs à miss Burney et à ma*
dame de Genlis , plus ofificieui que prudents , avaient voulu
établir entre ces dames une correspondance régulière. Mrs. Do-
bny entrevit du premier coup d'œil ce que des rapports si
iotimes avec une personne placée comme l'était madame de
Genlis pouvaient avoir de dangers pour sa protégée. Ce fut
par ses conseils cpie miss Burney résolut de demander con-
seil à sa maîtresse.
« Une occasion s'offrit dès le jour suivant, continue l'auteur
in Journal, car la reine m'appela de nouveau dans son salon,
et là elle me traita avec tant de grâce et de douceur que je
me hasardai à lui parler de madame de Genlis.
D Ce fut en hésitant beaucoup et en m'y prenant à plusieurs
fois que je Jui fis part des instances de cette dame ; j'ajoutai
que je l'admirais de tout mon cœur, et pour son talent et
poar le bien que j'avais entendu dire d'elle ; que cependant,
ne la connaissant par moi-même que très-superficiellement,
je souhaitais à peine d'établir entre nous des rapports que
j'avais jusqu'alors soigneusement évités toutes les fois que
mon aftction ne m'y engageait pas expressément. — Je sens,
ajoQtai-je, qu'une telle demande est un honneur venant d'une
femme comme madame de Genlis, et que je ne puis la décliner
par un simple motif de répugnance ; d'un autre côté , je la
sais entourée d'ennemis puissants que l'on dit provoqués par
ses attaques. J'ignore donc si je n'aurais point tort de me
lier avec elle plus étroitement avant d'être en état de répondre
victorieusement aux imputations sans doute calomnieuses
dont elle est l'objet. J'ai donc ajourné jusqu'à présent toute
démarche décisive; mais aujourd'hui un de. ses amis renou-
velle en son nom les demandes déjà faites, et soit que je lui
remette une lettre, soit qn'il^s'en retourne les mains vides, je
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UO LE lOUHNAI. BB «US WKmXEt.
neikroweraî «?oir pns mi psitidèfisitif. C'est là oeifiiicaMe
non embarras actuel.
» La reine m'arak écoalée av€€ faiflns gmide^tteafeioa.
•*-Lin a^e^-roitt écrk ? «e di^*dite; et qaand j'ea» rt-
ponéH que nan :
— Eli bienl repriÉ £a Majesté , je mas dirai done met
bcBMrcovp de franobise'qae je croîs flueu de ne pas mgagcar
de câofespottdaMe. Si k prenrier pas était Mi, 41 Uiawlcait
lïOBtiDoer , àsneÎBs de raiscms positives ; rams il n*7« pafi.d'iii'
ockiw<éBient, n'ayant pas écrit, i rester eu yens en ^s. Pour
M pas oiienser madame de Genlis, vous pourrez pvétexter de
nombFenses frocupations, et rimpossibilité absoitiie de dûnner
à votre correspondance le temps qu'elle demanderait.
» Je la remerciai de œ ceaseil si franchemeat'denné,enli]i
exprimant cood)ien j'étais sensible à l'honneor de IVivoîr re^
d'elle, aussi bien qu'à la bonté qui me donnait les moyens dfe
me justifier auprès de madame defienlis.
D La reine s'expliqua très-ouvertement à cette occasion sur
le compte de cette personne remarquable : die l'ailmiTait
ooniBie je l'admirais moi-même, mais die avait entendu cir-
Cttier tant de £àcheux rs^orts -contre elle, qn'dle jugent ini-
pmdent et peut-être téméraire d'«iitrer en relatieii avec nue
personne si compromise. Aussi ne hii avait-^lle accordé une
audience qu'après y avoir été ponr ainsi dire forcée par les
instances peu mesurées d'une des amies que madame de Ga^
hs s'est faites ici. Mais fat reine regrettait évidemment d*aveâr
eédé, et, si je ne me trompe , la soDiciieBse indiscrète aora
d'un seul conp épuisé son crédit. Après ces eqilicalîiam ,
qu'elle daigna me donner sans :aacune réserve, la reine chan-
gea de conversation, et ce sujet n'est pfais revenu dms nos
entretiens. Seulement il m'a étéâicile devoir qu'elle «^ra<»-
vait ma démarche auprès d'elle. » Tome lU, pag. Iâ7-i29.
Pour aujourd'hui nons bornerons là nos extraits. Bons ré-
servant de revenir une autre fois avec miss Bnmey dans le
séjour royal où il loi a été donné de \ivre. Kons kû devrons
d'assister jour par jour à ces dernières années du règne de
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i^ jmmMJo. VE sias BumircT. Itl
Geof^eB HI, oè œ priaee, conme un autre roi Lear, pTOme-
nrit dans le palais de ses pères uM TÎeiltesse privée de raison.
Cest 1i un tableau yraiment original qui se détache en relief
dans les longs récits vides et verbeux que nous criGquons
aujoard'bui. Nos lecteurs jugeront sans doute comme nous
qu'il mérite on cadre à pari (1).
(Qmarterly Revim.)
{i\ Non 00 nA^McnOÊ. La sNoarlioa ée min Bomey écm sa pfae» à
Utoor • éùéja^ avec pli» dladalgwwe parle Waekwaôd Edinburfjfh
Séoffmaim, i(w €Bi eapendtni atiwi «n Mtganne ulira-lory. « L« iroigiAujg
viliuoe ëtt/éurvial neuf donna, dit4l, on «abieau avisi aiaet ^foe po»-
iiUe 4e UM ee ^foe le aïonde -eii curleai de eoDBrftiv et ifoi partit 6lre
(m da wiw mooêr été) la plat enmifesse "ikt da monde, fia 17M eam-
neafa pour miaa Bumey eelte eapéee de aenriee qa'elle déclaiv bieviOt.
mut MrritDde. Onaineraoït aoa josrnal mofrtre fout un jour aimaMe le
ni, la raine €l leon ênfanla? elle était traitée avec beaneoiip de honfltf
lareene royale famiUe, dont fl «emble qne la vie domeeilqne fat naèle»
pwe et affeetuenae. Mais la nature de eette vie de eour ne ponvait ènv
affiaocfaie de aet Inconvénienu par le eaneière excepUemiel des perMaiMi
rayales. Sans émmu un mitre ft vmt natirBsae aérères enraient ajouié
beaacovp d'aHertanae à la altuafflon de mlia Buraey ; cependant la mo-
Doiane de cet Islériewr, um ^kiœite TONratleuBe, la pour de trop idlm
onde M pas dire aaMK, et fonvent la peur de dire n'inporfe ifuoi... eaao
inccaiante oanniilanoe de eol*iwlne, «n on rmH, n'eat^ce paf là me dépen-
danaeaaaii toiace^iiie l'iUMiglnailon peut ae la figurer? et néanmoina oeate
oiinie dépendance semble une néoasaltédam lea rapporta dn aouverain «t
deaamaiaon. La pveniére lonetion «fflMelle de cette jevne fénamm»^
tmty qai «van étéboMWée^ela fafeurvoyale à came de aa qnalhé d'nu*
tanr, f«i de préparer le tabae de la reine et de tenir aa tabatière ton»
jonra pleinei f Isrent «nflolu Ma» lea embarras de la toilcftte de Sa
Hajcaté^. aiaBaUaa «nibarraa,'en vérité, poar nne femme de taftent, fêlée
et flattée dam le «onde , et n'étant pas accoutumée i vivre du travail
de $ti mains... Une leHe vie, continne le fflacXnrood aprèa une citation,
aaraitsalB pour bébéter une ème raiaemiable et lui faire envier les tra-
raax les plus obaenra. « KveliBai» en eut Acilement le dégoût, et elle se
compare à nne pauvre fille qui vient de faire un mariage de convenance
poor obéir à aeafMaealB* Mais la famille royale n'était pas plus heureoae.
Geergea 111 fat«n dea plue ealimablea bonmiea de son temps; il n^étalt
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112 LE JOURNAL DE MISS BURNET.
pas sans intelligence, et même il aimait la partie pratique des sciences,
mais le récit de ses ressources de société à Windsor est tout i fait
désolant. Pour passer ses soirées il était réduit, comme expédient
principal, à faire une suite de visites a une vieille et infirme mais très*
monarchique dame, a une Mrs. Belany, qui résidait à Windsor, et à qui sa
douceur ei son ton perpétuellement plaintif (ayant toujours quelque nou-
veau sujet de lamentations) concilièrent la sympathie de la famille royale.
Mrs. Delany était une Niobé parfaite; rien d'insupportable comme soo
éternelle mélancolie, sa fatigante résignation, fon infatigable adoration
de Leurs Majestés et de tout ce qui avait touché Leurs M«ijestés. Eh bien ,
c'était chez elle que le roi faisait ses visites du soir, c'était là que la reine
suivait le roi et que les princesses suivaient la reine. Tous allaient là pous-
sés par la sympathie et l'ennui; cependant, dons cette petite chambre,
qui se remplissait des intimes de la cour, personne n'eût osé s'asseoir
tant que Leurs Majestés étaient présentes, car c'était l'étiquette. Les prin-
cesses ne parlaient jamais à leuc père ou à lt*ur mère avant d'être interrogées:
c'était aussi l'étiquette. Tous les êtres humains étaient obligés, en ce temps
des robes à queue et des souliers à hauts talons, d'apprendre l'art de
marcher à reculons et de faire leur retraite sans voir où cette manœuvre
rétrograde les conduisait : c'était aussi l'étiquette. On ne peut douter
que tout cela ne fût aussi ennuyeux pour le roi et la reine que désa-
gréable pour les sentiments et dangereux pour les membres des fidèles
aujets-écrevisses de Leurs Majestés. La pauvre petite Bumey s'en plaint
de toutes les façons, tantôt burlesquement, tantôt sérieasement ; mais Ja
formalité d'une pareille vie contrastait trop avec sa liberté précédente
pour ne pas la tuer à moitié. Enfin elle se lamente sur le ton d'une nonne
prisonnière entre quatre murailles, espérant qu'elle s'y fera, mais disant
qu'elle est résolue à subir sa destinée plutût que de contrarier les vues de
son père. En un mot, ses sentiments sont dignes d'un trappiste qui creuse
lui-même son tombeau. Il faut espérer que tout cela est changé depuis
longtemps : en tout cas, ces volumes sont un avertissement utile pour les
ambitieuses jeunes ladies qui se sont donné ou qui se donneront encore tant
de mal pour parvenir à se rendre très-malbeureuses : celles que l'ambi-
tion ne tourmente pas encore y trouveront de justes motifs de se féliciter
d'avoir préféré à la vie brillante des cours cette vie comfortable et libre
qui ne voit des grandeurs que ce qu'en disent les gaxettcs. »
Il y a ici peut-être une discrète allusion aux dames d'honneur de la
reine Vittoria et même à l'infortunée lady Flora Hastings.
Le Blackwood Magazine s'étonne aussi de la puérilité d*une époque
qui avait cependant produit « Gbatham et le fils de Chathtm plus grand
que son père (Pitt;, Holiand et le fils de HoUand pins grand aussi que
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LE JOURNAL DE MISS BURNEY. 113
MO père (Fox), Burke sans rival, et Johnson dont l'originalité humorii^
KfiM est restée originale après tant d'années, Johnson dont la vigoureiMO
iatelligeace a rendu tous les paradoxes plausibles et toutes ses opi-
nions plus sérieuses proferbiales... L'époque de ces graves talents était
60 même temps une époque d'oisiveté systématique et régulière C'était
l'usage, la mode, d'aller à Bath et aux autres villes d'eaux thermales ;
pois, on revenait à Londres se régaler des caquets de la saison dés
eiox et projeter de nouvelles absurdités pour la saison prochaine. La vie
des hautes classes tournait ainsi dans un même cercle. D'insipides réu-
nions appelées eonvenazziones, les présentations k la cour, auxquelles on
te préparait, tout le mois d'ayant, par des visites chez sa marchande de
■odes etqni pendant tout le mois après fournissaient d'amples provisions
de médisance, enfin un échange de lettres sur des riens : telles étaient les
resftonrcesdu monde fashionable et de ce monde inférieur qui calque fidô-
lement les folies de l'autre ; telles étaient les ressources de nos aïeux et de
nos aïeules pour se débarrasser du travail de penser, pour tuer le temps et
rapporter l'ennui de la vie jusqu'au jour oii arrivant la goutte pour les
gentfemen, la paralysie pour les iadt'e«,ils laissaient leurs équipages, leurs
fauteuils et leurs maladies à une autre génération de Philandres et de
Phillis, de lord Butterflys et de lady Bettys. »
Le second article à propos du Journal de M"*« d'Àrblay sera un extrait
du quatrième volume. Quelques mots de biographie sur l'auteur noua
semblent un supplément nécessaire À celui-ci.
Mtsi Bumey remplit pendant cinq années sa place auprès de la reine,
in bout de ce temps, sa santé la força d'y renoncer. Ce fut bientôt après
qu'elle connut M. Alexandre Piochard d'Arblay, émigré français, dont
quelques-uns font un comte, et qui avait servi avant la révolution dans
le corps de l'artillerie. La liaison du gentilhomme français et de l'ex-fille
d'honneur devint peu k peu très-intime et se termina en 1793 par leur
mariage. Cet événement fit de M"* d'Arblay un avocat des réfugiés que
l'époque de la Terreur avait jetés avec son mari sur le sol de l'Angle-
terre, et elle publia une brochure à leur profit sous ce titre : Bé flexions
relatives au clergé émigré de France. En 1795 elle se souvint que Sheridan
et d'autres notabilités littéraires lui avaient prédit un grand sucrés si
elle voulait travailler pour le théâtre, et elle fit représenter à Drury-lane
sa tragédie à'Edwy et Mlgytha, sujet qui vient d'inspirer un nouveau
poème dramatique à M.' H. Taylor. Malheureusement les prédictions de
Sheridan ne se réalisèrent pès : la tragédie de M"* d'Arblay fut très-mal
reçue du public.
5* SÉRIE. — TOHE XI. 8
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llfc LE^^JODHNi^ DB.MIfift'MBKBi^
Cette. ehoM na lui enlem pai M^rémitfttioQ liuénin: eonme miei^
der, et en 17^# ayant annoncé, un tioiiième. to»«d, CamiUor eUe
léalisauneaouaciipUonde trois miU6.guinte (7MÛ0€r.)« Il j »vait.Ui«
de ce chiffre à celui dea vingt guinéei que lui «Tait. TaluJEtiaJiiia,JOD fpar
mieT' ouTiage» bien niyérieiv au. troisième. M"** dlArliiaj. adwlaevee
cette somme une.v<2ta qu'elle appela. U.Coitaçfi^dê'CamUUifM oà elle
Técut conjugalement jusqu'en IflOX ▲ cette époque U paii d'AmâBM
pennit à son mari de là conduire en. France», oà M. d'Ashlej fut bien
accueilli, de Napoléon. Les* deux, épyoux ne retoucnisent ea AngleMm
qu'après 1812. M. d'ArbUj y mourut en 181&.M"* d'ArbUx« vécu josr
q^'en 1810; elle avait à sa. mort (puLtre-ving^buitans. Depuis 1818 elle
avait publié, encore. l'ITomme mrranif romam qui. lui. fut acheté qnîaie
cents guinéesi et les if ^moires de.soa pére^£lie.a;rait.pcBdtt.ea.l8>i7
son-fils» qui était dans-les ordres.-
Des deux fitéres de> M»* d'Arblay^I'aUé devint r«mifal Janes Biuraif..
le second» le. docteur Charles Bumey, éuét.ua SATaiU.heUénisU.
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€|itaoàrft ifift sfmnsi ht k })imndiilt.
TROIS CBAPITRES DE LA VIE DE MARTIN DIEZ*
SlWrOJmi L'SMPfiClNADO (1).
SL
V49B EBI WBMBOfk
Ail oommencement de la guerre de 1792 entre TEspaçne et
hr^nblique française, un jeune homme de dix-sept à dix-huit
tt» s'enrAla dam le régiment d'El Rey, cavalerie. Dès la pre?
mièrea£EBiire où il se trouva, il se fit remarquer par sa bravoure,,
etbientôl le général Ricardo» en fit son dragon d'ordonnance.
C'était bien mal connaître l'humeur du jeune volontaire,^
qû ne tarda pas à regretter l'animation de la mêlée, lorsqu'il
est bit quelques excurnons moins périlleuses à la suite de
son général. H y avait en lui un instinct d'indépendance qui
le dégoAta même tout à fiiit de la discq)line de l'armée régu^
liére, et à la première occasion il se fit autorisera aller lever
une espèee de gumlla ou corps de partisans, sur les bords
du Buero* Sa troupe était déjà organisée et avait rendu quel-
ques aervioes quand la paix fiit signée. Juan Martin Diez,
c^élaitle nom du jeune Espagnol, connu aussi sous le sobrir
qoei de l'Empecinado, se retira dans son village natal, à
GhstriUade Duero, dans la province de Valladolid.
Ce fiil là qu'il demeura jusqu'à la guerre de 1807, oubliant
(1) ¥^ U JlMm.flHlsna<fiir,iwi.i841,»' série, iome n, p. llfi.
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116* TROIS CHAPITRES
de son mieux ses goûts militaires, tranquille cultivateur, et
content de peu, comme tous les Espagnols. II était surtout
habile à tailler la vigne. Notre vigneron gagna bientôt de
quoi avoir un âne avec lequel, Thiver venu, il allait dans les
bois faire des fagots pour les vendre dans quelque ville voi-
sine. Il se rendait ainsi un jour à Aranda de Duero, lorsqu'il
fut rencontré par des ofBciers de justice ou alguazils, qui
avisèrent que la charge de Tàne consistait surtout en racines
d'arbres, ce qui, d'après les lois forestières de la Castille,
mettait Martin Diez en état de délit et de contrebande. On
l'arrêta lui et son âne pour les conduire en prison. Martin
Diez n'avait pas d'armes et il ne songea pas à résister, quoi-
qu'il eût pu encore le faire, vu sa^vigueur, dont on jugera par
ce qui va suivre.
£n dehors d' Aranda, au faubourg d'Endeduero, il existait
à cette époque une sorte d'écurie sans toiture appartenant à
la municipalité , et dans laquelle c'était l'usage de déposer
provisoirement toutes les bétes de somme qu'on surprenait
chargées de quelques marchandises ou denrées de contre-
bande. Ce fut dans cette fourrière qu'on fit entrer et qu'on
enferma l'Empecinado, avec Tàne et le bois confisqué, pour y
demeurer jusqu'au lendemain matin. Il semblait impossible
qu'un homme pût s'échapper d'une pareille prison, car au
midi, au levant et au couchant elle était entourée d'une forte
muraille de quatorze pieds de haut, et au nord coulait le
Duero, rivière qui, à cette saison de l'année, ne pouvait être
traversée ni à gué ni à la nage, tant elle était profonde, large
et rapfde. Il n'y avait d'entrée et d'issue que par une porte
massive bien verrouillée et fermée par une énorme serrure.
L'Empecinado, seul avec son baudet, eut tout le temps de se
dire que le lendemain il serait condamné à perdre son bois,
sa bète et par-dessus le marché sa liberté pendant quinze
jours au moins. Il regretta d'abord de n'avoir pas eu plus de
confiance en lui-même sur le chemin, mais il finit par s'en-
courager à tenter au moins quelque moyen d'évasion. On lui
avait laissé son couteau ; |il s'en servit pour pratiquer de
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DE LA VIE PS MARTIN DIEZ. 117
grandes excavations dans la muraille , espèce d'escalier im-
provisé qui lui permit de grimper jusqu'au faite. Là il ne lui
restait plus qu*à sauter, et il allait le faire, lorsqu'un remords
lui prit... Laissera-t-il en captivité son compagnon d'infor-
tane? La pauvre béte tournait justement vers lui ses yeux
suppliants et lui disait un muet mais triste adieu, au clair de
la lune. L'Empecinado s'atteudrit , et d'ailleurs , se dit-il, je
n'ai pas de quoi en acheter un autre. Que faire ? Après avoir
bien examiné le côté extérieur de la muraille il redescendit
dans récurie^prison, détacha sa longue ceinture de soie tri-
cotée à la mode andalouse, renversa l'àne sur l'échiné et lui
lia les quatre jambes, comme il eût fait à un mouton ou à un
yeao. Ensuite, respirant largement pour se préparer à un
grand effort de ses robustes muscles , il chargea mattre bau-
det sur ses épaules en passant sa propre tète entre la ceinture
et le ventre de l'animal. Avec ce lourd fardeau, il remonta au
faite du mur. Là ayant délié les jambes de l'àne, sa ceinture
lai aer\'it à le faire glisser de l'autre côté sans trop de meur-
trissures et sans chute dangereuse. A son tour, il sauta à
terre, monta sur son docile roussin, et alla se cacher dans les
montagnes voisines de son village jusqu'à ce que le bruit de
l'aventure se f&t apaisé.
Le lendemain matin les alguazils allèrent de bonne heure
cbercber l'Empecinado et son àne pour les faire comparaître de-
vant l'alcade ; grande fut leur surprise de ne plus trouver dans
l'écurie que la charge de bois. Malgré les dégradations faites
à la muraille intérieure , ils pouvaient à peine comprendre
comment avait disparu leur prisonnier; mais le quadrupède
quetaiUil devenu? Comment avait-il pu, lui aussi, s'échap-
per? Ils allèrent faire leur rapport, et pendant longtemps on
crut que le diable s'était mêlé de cette affaire. L'Empecinado
passa donc pour un sorcier, jusqu'à ce que les événements de
18Q7 lui rappelant sa véritable vocation, il leva une nouvelle
guérilla, et se rendit redoutable aux Français pendant tout
le temps que dura la guerre de la péninsule.
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liB 'TROIS anAiPiTUffi
H.
XJL MOBEilA DE BIAIiAGA.
^Le corrégidor ^e la ville de CuellarpaTCOnraît diverMB
flépécbes; il y en eut tine qtti parut fi'îer particalièrement son
lilieiïtion. Après ravoir Itïedenx'fois,!! agita une p«lile«oib-
nette pofsée sur kl lafcle. Un damestiqueentni.
*— Va, dit le corrégidor, avertir le <*ef de laguerilla ifae
Jel'^tends ici.
Un quart d'heure après, Hartin "Biez fut într^datt.
^^^ Buenos dids'tengay dîMl'en entrant.
-^- !FéW(?fô, -répondit le corrégidor en l'iwrilflaitiàii'&sseofr.
f\ii reçu rordre, continua-H-il, dcfeire^arrèter on de détroîte
nue^bande dont les brigandages répandent depuiaplnsiems
Jours 'la terreur dans cette provinee.
'-^Quelques hussards françan, sans doute, âjoiita Martin
Dîeï. Je suis prêt, ^eiîor corrégidor.
— Kon, reprit le corrégidor •en souriant, ce n'est point -A
Aes troupes firançaises que vous aurez afiaire cette fois, mas
& tm ennemi qu'il tous ^era probablement phis difficile de
rencontrer que de VHincre. Pour ne pas vous tenir davan-
tage en suspens, je vais vous lire mes ordres. Alors suppri-
mant le protocole qui, en Espagne, conmence et termine
toujours de pareils documents, le corrégidor lut ce qui suh :
'(( Aussitôt que vous aurez reçu cette lettre, vous ebargerox
un officier actif, connaissant pariaitement le pays, de pour-
suivre le bandit El-Gitâno, qui, à la tète de vingt hommes^
est passé de l'Andalousie dans cette province. Les voleurs é»
cette bande, sous le patriotique prétexte de harceler les Fran-
çais, dépouillent 'et maltraitent nos compatriotes. Ils s'atta-
quent plus particulièrement aux prêtres. Plusieurs ont été
victimes de leur brutalité. Tous avez dû déjà recevoir des
rapports à ce sujet, et vous pourrez 'fecilement connattre la
direction qu'ont prise ces'brigands. »
— Ainsi vous le voyez, seilor Diez, continua le magistrat,
il n'y a pas beaucoup de gloire à gagner dans cette afiaire;
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BB LA "^fB BC 'MiOtrm DIEZ. ff8
nroiei qai va «fimiller «rotre 'ardeur. BI-4Hta&o €t ses
i*9e«t, 'dii-^n, iréiies de btttmt dans toas las cas, leare
sapcilwjt scherattx andakraa sereat paarrcmstme précieuse
captere'; 1k -^oos ' semrmit i inonter ' lesconragevx T6hm-
tanes qui anlMttaBwetrtl^honnetir de maréhersoasTOs ordres.
'La eenveasation diira'qiiékiiie%eiBps'enaDre/Le tHMrrégidar
osranniniqiHi'UMXteBles^idioalîoiis^'n'possédftftiponr tnm-
Tsr 4e vepaire des iièhéniieHs. 'Baas Tapi<ès-ini8t scrtxattte^dix
gaerifleros, tovs bien mefilés et >éqiiipés, sortirent de la'rffle
de€adlar,««e«s les^oidres de ^Martin Diez, lear chef.
te'ndimi de la^nvoiftagne de Toftwes, dans la vieille' Gas-
tiBe, est ^an -petit 'plateau éloigné - de 4otfte roiHe passagère.
Onj arrive par un sentier i étroit et dangereux qui ^Moiean
nmtt. Sor ceplateau, on^yoyalt^il^a'trente^inq'ans^enyiron
une nFÎeille 'hAteHerie d^une aretiitecture ^ossière et d'une
ti4s-4naairàise réptttation. Lee fenètrss de Tétage supértanr
étaient larges et nombreuses, quelque&Hines même ' vhrées et
protégées par desTolels en bois; le re^de^hausi^ offirait
moins de passage à Tair et à la lumière; la olaftéMarrivait
par une demi-dottsaine d*ouvertures eircalaines garnies de
barreaux de fer, et *par une petite porte, à peine assez havie
poor qu'un homme à cheval pûty passer. 'L'écarie, qui oecu-
pùttoutle rez-de-chaussée, ne conservait pas >le même niveaa
que le sol extérieur. 'Son abaissement et les btoos de pierre
et de ciment qui en soutenaient le plafond, lui donnaient as-*
sez de ressemblance avec une cave. A droite, en entrant, «se
trouvait un escalier en bois conduisant à un étroit corridor
qat partageait l'étage supérieur ,eu deux parties. La première
était coupée en éhanlbrespetiteset mal tenues, dont leauMS
élaieatoecQpées par lafiamille de l'aubergiste et dont les^au-
très attendaient 'les voyageurs qui prél^ht»eftt>uiie' eoavertuie
et 'un 'matelas d'une 'propteDé très^^uivoque, plutôt ;que de
passer la nuit sur nine planche de ohéne,- enveloppés dans
Iturmaiiteau.'La'seeende partie consistait enuoepièce spa^-
oieuse servant-en 'même temps « de ' cuisine, 4e «salle à manger
et de dortoir. Rarement pent^re eette 'salie avait coatenu
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120 TROIS CHAPITRES
une société aussi joyeuse et aussi bruyante que cette nuit-là;
il est vrai qu'on y voyait tous les apprêts de la bonne chère.
Sous le vaste manteau d'une large cheminée, pétillaient
et flamblaient autant de branches de pins que pour un auto-
da-fé. Au-dessus de ce feu énorme étaient suspendues par
des chaînes deux grandes chaudières noires desquelles s'ex-
halait un parfum qui attestait la nature savoureuse de leur
contenu. Deyant l'àtre y une longue broche en fer était gras-
sement garnie de volailles , de viande de mouton et de che-
vreau ; c'était un petit chien maigre qui la faisait tourner.
Ce malheureux animal, perché dans une cage de bois, à bar-
reaux, fixée contre le mur, souffrait un double supplice pro-
venant du plus insupportable degré de chaleur et de l'es-
pèce de moulin de cuisine sur lequel il était placé. On ne lui
accordait aucun répit; toutes les fois qu'il faisait mine de
suspendre leur exercice, un geste menaçant rappelait ses
pattes brûlées à leur devoir ; il lui arrivait même d'être firappé
par une brutale et laide fille de cuisine, digne pendant de la
Maritorne de l'immortel Saavedra.
En face du feu on avait placé une table composée de six
planches grossières; tout autour, sur des bancs, sur des chaises
à moitié cassées et des tonneaux renversés, étaient une ving-
taine d'individus qui puisaient dans des brocs de vin la
patience d'attendre le souper. Le costume de ces hommes
n'était point celui que portent les habitants de cette province
des Espagnes; il était beaucoup plus élégant et dessinait
mieux les formes du corps que les vêtements amples et dis-
gracieux de la vieille Castille. De courtes vestes , coquet-
tement ornées de boutons brillants, des chapeaux noirs avec
le bord relevé, des chausses attachées au genou avec des
rubans de couleur éclatante , composaient un charmant cos*
tume andalou ; l'accent de la* plupart de ces hommes ache-
vait de trahir leur origine méridionale. Toutefois, les san-
dales et les bas traditionnellement portés avec ce costume»
avaient été remplacés par des bottes ou de longues guêtres en
cuir. A des crochets enfoncés dans le mur pendaient de vastes
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DE LA VIE DE MARTIN DIEZ. 121
manteaux de cavaliers et de larges capotes. Un grand nombre
de valises, des selles, des bats, désarmes de toute espèce,
étaient entassés dans les différents coins de l'appartement.
£n entrant dans cette salle, un étranger, après avoir re-
marqué ce que l'intérieur présentait de pittoresque et de
bizarre, aurait plus particulièrement arrêté son attention
sur deux des vingt individus réunis autour de la table. L'un
était assis à la place d'honneur. Malgré le peu de cérémonie
qui régnait parmi eux, une certaine déférence le signalait
comme le chef de ses sauvages compagnons. Toutefois au-
cune marque extérieure de supériorité n'expliquait l'autorité su-
prême dont il était revêtu. Rien de brutal et de féroce comme
l'expression de ce front bas et fuyant, de ces yeux enfoncés,
de ces lèvres épaisses : c'était le Gitano en personne, qui
avec sa bande occupait l'hôtellerie.
A la gauche du Gitano on voyait un jeune homme dont
l'ige ne dépassait pas seize ou dix-sept ans ; les traits de son
visage, aussi fins que ceux d'une femme, n'étaient pas ce qui
contrastait le moins avec l'air farouche du chef. Son habille-
ment, taillé sur le môme modèle que celui de ses compagnons,
différait du leur par la richesse des étoffes. Il le portait avec
un soin qui montrait l'importance que ce jeune disciple de
saint liicolas attachait à son extérieur. Sa veste, dont le
drap sortait de la célèbre fabrique de Ségovie, s'ouvrait sur
la poitrine et laissait voir une chemise de fine toile empesée
et plissée avec art ; une riche cravate de soie était coquette-
ment roulée autour de son cou , une épaisse et longue che-
velure noire descendait sur les épaules de ce bohémien ; ses
traits délicats avaient une expression d'audace qu'on rencon-
tre rarement chez un si jeune garçon. Il se mêlait peu à la
conversation joyeuse et bruyante des bandits, mais il adres-
sait de temps en temps quelques questions au Gitano ou à un
jeune honoune faisant partie des vingts-deux et assis à ses cô-
^« ({ni, à en juger par la ressemblance, devait être son frère.
— Egta pronta la cena, nnores! Messieurs, le souper est
prtt, dit la Maritorne en s'approchant du feu
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IS2 imOIS GHAPIIVES
..^ Aicmarl A laUel orièrent une doinsaîne âeiFois. Aqsbh
Un me soppe grossière, Bonfllée de vin, «est étendue sur 'la
table ; deux ou trois de ces .faommes quittent leor «Mége poiir
aider à 'servir le copieux repas. On délivre ausii le toarae-
brodhe de sa «prison ; il gagne le dessous de la table, :âaiis
Tespérance d'attraper quelques brib^ du festin quil avait
aidé à préparer. Les TÎandes sont placées devant les convives,
)a4)anâe'allah1es découper, quand un^homme qui était resté
en bas pour garder Fécurie, entre dans la salle et dit quéW
q«es mots 'à voix basse au Gitano.
'« Des 'omiletiers ^traversant la montagne , je ^suppose , Të-
penditle chef après que cet homme eut fini de parler.— ^oicî
Blas, x^ontinua-t-'il, qui a entendu le hennissement de chevam:
eu demtfles; «ilcroitqu'ils yiennent de ce côté. — Retourne
là-bas, et vois si tu peux découvrir quelque chose. *Mais-non ;
re^te; j'irai moinméme. Si ce sontdesvojageurs, il sera temps
de laisser refroidir -notre souper, pendantque nousferons la
visite de leur bagage. »
' Quittant aussitôt son siège, il descendît à Técurie, et 'les
compagnons commencèrent à attaquer vive mertt le souper.
Im nuit était obscure; cependant, à travers les déchire-
ments d'un nuage moins épais que les autres, la lune jeta un
faiible rayon de lumière. A cent pas environ de Hiôtëlleriese
trouve un ravin large et peu profond; il partage' la phte-foraïc
et descend d^un pic grisâtre et escarpé qui s'élève précisémi^itt
en face de la maison. De hautes montagnes couronnent le
côté opposé; pendant qu'à droite le ravin "monte et disparattt
parmi les crevasses des rochers , à gauche il descend vers
leur 'base; après mille détours, îl est enfin coupé àiine dis-
tence'd^unquart de lieue, rpar l'espèce de sentier à troupeaox
que les paysans des environs appellent improprement 'la
gmnd'routeA travers les montagnes.
*Le Gitano s'avança -^sur le bord du Tavin ^t écouta 'atten-
tivementpendant quelques instants. Hien toutefois nctrouMa
le silence de la* nuit, si ce n'est le bruit du vent qui â'en-
goufiraitdans les gorges et les précipices. *11 s'apprêtait àmau-
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DE LA TIC DE MAmTIH DIEZ. flS
fine les redeUes qai rayaient imitiiemcnDt déraii96,'qQafnd te
hennissement d'un cheval se fit entendre dans le lainlain.'A
rinstant même, on bruit semblable lui répondit. Ce bmit
paraissait venir du petit sentier que traverse le ravin. Le Bo-
hémien tressaillit : saisissant latiranciie d'an wbiexpiix^roi»-
ssit snr.le penchant de la colline, il s'alloiit[ea*sur KaMme, at
s'efforça de voir ce qui se passait an^lessous de lai. 'L'ebsca-
rité était si grande, qu'il ne put rien distingner mi delà d'une
cinquantaine de pas. Les objets vas aiasi'âe haut en 'bas res-
seoiblaieBt à une masse noire. Un ckat4uiaiit -s'enrôla dn
tronc d'an Tienx chêne ; quelques chjwvcsiMMiiîs -vinrent
voltiger autour de la tète des trois fbandite; mas, à «Ile
exception près, ils n'aperçnront auoune créature vpvante.
Tout à coup la lune se dégagea du nuage derrière ^lequel die
avait dispam, et éclaira cetteseène d'un feibhenrayon'de lu-
mière. Blas toucha le bras de son cfaef.
a Onkhol un loupl dit-il en désignant du doigt ipielqns
ehose qui s'agitait dans l'ombre an fond du ravin.
—Des loups, oui, et en grand nombre, mais non de
eeux que tu penses, d répondit le Gitano , dont l'œil perçant
venait de reconnaître des hommes armés dans ce que son
compagnon avait pris pcntrutle bdte'ftroee. »
1\ n'-y avait pas un moment à perdre, que ce lussent des
Français ou des Espagnols qui s'approchaient ainsi myst^
rieasement et en irop grand nombre pour que le Gitano son-
gent i les attendre. En quelques bonds et sans bmit, il ga-
gna r écurie, éta le licou du cheval le plus près de la porte,
le brida, et il pensa alors à ses camarades.
« A emallo! muehaehos! à choral! s'écria-i-ll, à <*hevall
f ennemi est près de nous! »
Ces paroles retentirent dans la vieille hôtellerie, et les ban-
dits se précipitèrent sur leurs armes ; mais il était trop tard.
Gomme le premier d'entre eux posait ^le pied»sur le seuil «te
l'écurie, le Gitano et tes deux'vedettes, montés A^îoil ras sur
leurs chevaux, s'élancèrent à travers la,porte : donnant alors
de l'éperon dans le flanc de leurs coursiers, ils franchirent
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121!^ TROIS CHAPITRES
la plate-forme avec la rapidité du désespoir, et plongèrent
tête baissée dans le ravin , qui fut un moment éclairé par
le reflet de cinquante carabines. Dix secondes plus tard, le
devant de rhôtellerie était occupé par Martin Diez et sa gué-
rilla. Les bandits eurent à peine le temps de fermer la porte
de récurie, qui était d'une grande épaisseur et garnie de
nœuds en fer, contre lesquels des sabres et des carabines
heurtèrent avec fracas.
Plusieurs sommations restèrent sans réponse.
« Rendez-vous, cria-t-on aux Gitanes, si vous voulez avoir
quartier; rendez-vous, lorsqu'il en est encore temps; car si
vous vous obstinez dans votre résistance, aucun de vous ne
verra se lever le soleil de demain. »
Un coup de fusil tiré d'une des fenêtres porta la réponse
des bandits. Un feu nourri, commencé par les assiégés, fut vi-
goureusement soutenu par les guérilleros ; mais, grâce à Tobs-
curitéetà l'épaisseur des volets qui abritaient les brigands, il
y eut beaucoup plus de cartouches brûlées que de morts. Ce-
pendant quelques soldats espagnols coupèrent un jeune ar-
bre, en arrachèrent les branches et s'en servirent contre la
porte en guise de bélier. Mais plusieurs d'entre eux ayant été
blessés à travers les ouvertures pratiquées aux fenêtres, Diez,
qui ne voulait pas prodiguer inutilement la vie de ses com-
pagnons, leur cria de foire quelques pas en arrière.
Ace moment même, sur une esplanade à gauche de l'hôtel-
lerie, paraissait Mariano Fuentes, dont la bande opérait de
concert avec celle de Martin Diez. Il était suivi de vingt
hommes et de trois chariots chargés de paille pour ses che-
vaux. On plaça les chariots sur le devant de l'auberge, de
sorte que la paille atteignait les croisées du premier étage ;
puis on apporta des torches, et en un instant, à l'obscu-
rité succéda la clarté la plus vive. Les volets et les châssis
des fenêtres prirent feu comme des allumettes. Un cri de
terreur s'éleva alors; la porte de l'écurie fut ouverte; les dix-
huit Gitanes sortirent, mirent bas les armes et demandèrent
quartier.
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DE LA VIE DE MARTIN DIEZ. 125
Malgré la réputation sanguinaire qu'il s'était acquise pen-
dant les sept années de guerre contre les Français, Martin
Diez n était pas un homme cruel ; il ne le fut pas du moins
atec ces hommes, qu'il aurait pu faire fusiller sans autre forme
de procès, tout voleurs et bandits qu'ils étaient. Il préféra les
emmener à Valladolid. Une partie des guérilleros leur lia les
bras derrière le dos avec des cordes; d'autres s'empressèrent
de faire sortir leurs chevaux de l'écurie, tandis que Fuentes,
suivi d'un troisième détachement, s'emparait de tous les
objets de quelque valeur que Je Gitano et sa bande avaient
laissés |dans l'aaberge.
Ayant appris que le Gitano était un des trois hommes qui
s'étaient échappés à cheval, Martin Diez fit peu d'attention aux
brigands subalternes : il jeta à peine un coup d'œil distrait
sur ceux qui se laissaient garrotter sans murmurer. Ce coup
d'œil suffît cependant pour lui faire remarquer le costume
singulier et la belle figure du jeune Bohémien dont nous avons
déjà parlé. Diez fit un pas vers ce jeune homme, et appuyant
la main sur son épaule :
« Tons êtes encore un enfant, lui dit-il avec bonté; com-
ment se fait-il que vous vous trouviez déjà parmi de tels com-
pagnons et que vous meniez une si mauvaise vie? Etes-vous
fils du Gitano? »
Le jeune bohémien avait tressailli en se sentant toucher le
bras : il regarda Diez en face avec fierté :
« Je ne suis point le fils du Gitano, dit-il ; mais vous-même,
qui ètes-vous, pour user ainsi de violence envers des hommes
qui ne vous ont jamais fait aucun mal ?
— Vous êtes hardi en paroles, mon garçon, répliqua Diez ;
d'autres à ma place essayeraient si quelques coups de cour-
roie sur vos épaules ne rendraient pas muette une langue si
bien pendue; mais je ne le ferai point : il y a plus, je répon-
drai à votre question. Il faut bien peu de paroles pour dire
mon nom et ma qualité : je suis un pauvre guérillero sur-
nommé TEmpecinado. »
11 se manifesta une curiosité mêlée d'admiration sur le vi-
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126 TRBMB CHAPITKE&
saige âtt.x«iiAe:homiaiB,Joi9qu'iI entendit ce surnom, q^ déjà
oélèfare atoTOiesEipagnev. devait rôtro pbui tard dans tout»
l!Biuropew
<!i 710 9oyeuna' pêbpc' Gitanckf et mû, je suis une pauvre bo*
hénûieonfiy dit le j^we bandits 9fiè& un momenide silence',
et; Toii m'appelle IdiMortnade M^daga.
— Une Csnmel jNin Bi&s.l s'écria rEmpeebiado. Airèiei ^
4out»-t-il. en.sladresaant à ceux de ses> honunea qui appro*
diaientavec déS: cordes : unimarehé,. gentille Giianal voulea*»
voua changer de conditiout et sutirre r£mpecinado au lieu
des Gitanes? Dites un mot, et votre choral et vos année vous
anoBt rendiia*.
— Le choix n'est pas difficile, à âdre^ réjpliqua la bohé-
mienne; celui qui aime Tair pur des montagnes, J'ombraga
des forêts, le gaWp dan» ht plaine, pourrait-4l vivre à rombre
dhuie prison? Qu'ils* fassent sortir mon cheval, seîior; dite»»
leur de me donn^ mon sabre avec ma brillante carabine, et
vive l'Empecinado I »
Alors, avec une joie presque enfantine de recouvrer sa
liberté, laGitana s'élança au-devant du cheval ; elle fut bien-
tôt en sdle« .
Les guérilleros se disposèrent à partir. Laissant rhôtellerie
en flammes, ils eurent bientôt gagné la grand'route, oh un
détachement, de leurs camarades était resté pour garder les
chevaux. Après une heure de marche, la Gitana obtint que
son frère fût débarrassé de ses liens. L'£mpecinado était
volontiers galant pour les dames, bohémiennes ou non ; le
frère et la sœur firrent enrôlés comme volontaires dans la
troupe, qui poujisuivit sa marche vers Valladolid.
Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis l'incendie de
rhôtellerie, et la joyeuse bohémienne continuait à partager la
fortune de Martin Dies, dont eHe était devenue la maîtresse
aveuée. Il fout avouer qu'une pareille maîtresse semblait faite
tmit exprès pour un ebef de partisans. La Gitana elle-même finit
par aimer l'Empecinado jusqu'à en être jalouse, et sa jalousie
fiit souvent trop justifiée» par la^fialanterie du brave guérillero.
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DE Ué ¥tB HB. HJUKOir DIEZ. iBI
Von la. fin de TamiAe, ayant eti^ré des papiers inpvtiifllt
k no* coimner firaagaisv r£mpeeinado se décida: su les pavioB
laMoème à Ciiidadr-RodrigD : il laissa donc sa bamia àcAH»
et lonnàsi sans lat coiainriemejit de Viicnte% efe part^
uaoÊÊfasgBé senkamit de la. lyeèèmienne et de' son firève. M
la tDari^é» de là: nnil^ ils< atteignant le fimbourg de San^
Insnciweo» qniecften debaisdesmwaittsftdalaiplacie^ et&'ai»*
létènat dâaaiuiahiMetlerÎB. L'Empeeinade mit pied' à terrer,
et déclara mm intention, d'entser seal à> Ëii]dad*^i>dri0ei
YfliiieawBt la habémienna insisiapour. raoeoiafxagoev, sovp-
geaaaal qu'elle anatt li quelque rirale. Sbit que ces sonpç<mt
fussent fiuidésv soôt cpi'il eût d'autrea raisons pevr tenir à
u'aroir pevsanne arec lui^ rEmpeeiaada, ftitigué de ses im-
portanités». lui ordonna formellemenit de Tattendre, et il se
dirigea seul vers la ville, promettant de revenir avant la nuiti
Itiis il avait perda dn temps dans cette altereatton ; aussi à
peine fuârAl entré dans la nnuson dagouveitiear que le canon
se fit euteudre^ les ponts-levis furent levés, et les* portes fer-
mées jusqu'au maim.
Après avoir entendu, le canon^ la bohémienne espéra quel-
qne temps encore que Diez aurait pu remettre ses dépêches*
avant la fenneture des portes ; mais ne le voyant pas revenir.,
sa jalousie s'exalta jusqu'à la fureur :
d Le traître 1 » nmrmura-t-elle entre ses dents, et.elle enfon-
gait avec rage dan» les panneaux de la chunbre un petit poi-
gnard triangulaire qu'elle portait toujours sur elle.
« Puissé-je le plonger dans soa eœur 1 » s'écria-t-elle. Puk
après avoir fidlli suffoquer de sa propre violence, la sensî^
bilité de la fennn^ iBprit heuceusement le dessus ; sa tète se
pencha sur la table, et elleiondit en larmes*
Son frère resta quelque temps sans lui iaire aueune obser-
vation, sans même essayer de la consoler; loraquîil là vît un
peu plus calme, il rompit le silence.
« Malbeureux le jour et.rhenre, dit*il, oil nous avons- suivi
œt homme, ce Diez I Quel benhenr peut-il arriver à ceux^ qui
abandonnent la tente de Isaor; \t'ûm. pour vivre parmi das
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128 TROIS CHAPITRES
étrangers? Quand le Gitano nous commandait, nous obéis-
sions à un chef de notre race, nous vivions au milieu de nos
frères ; mais je crains, ma sœur, que notre sort, le tien sur-
tout, ne soit bien triste, tant que nous resterons avec ce
farouche guérillero. Je ne m'explique pas cette passion in-
sensée qu'il a allumée dans ton âme. La bohémienne de Ma--
laga, l'orgueilleuse fille qui a repoussé tant de soupirants, qui
a vu le Gitano lui-même à ses pieds, qui a refusé d'être sa
fiancée, est devenue la concubine d'un étranger! »
a Quant à lui, continua ce jeune bandit, il déclarait ne s'être
joint à l'Empecinado que pour se soustraire à la punition
qui l'attendait, mais qu'il ne l'avait jamais aimé. Cette occa-
sion lui paraissait favorable pour rejoindre leurs anciens
compagnons ; mais il ne voulait pas en profiter tout seul, il
fallait que [sa sœur l'accompagnât dans sa fuite. »
Ses raisons et ses arguments restèrent sans réponse. La
bohémienne, le visage caché par ses mains et par ses longs
cheveux, était muette comme une statue. Désespérant enfin
de la convaincre, son frère prit le parti d'aller se reposer.
A une heure du matin il fut arraché à son profond som-
meil. Sa sœur se tenait debout à côté de lui; ses joues étaient
pâles, ses yeux brillaient d'un éclat extraordinaire.
« Lève-toi, dit la jeune fille, et selle les chevaux. »
Le bohémien ne savait comment expliquer cet ordre; mais
habitué à l'obéissance, il se rendit à l'écurie. En quelques
minutes, leurs chevaux, aussi bien que celui de l'Empeci-
nado, furent prêts. Le jeune fuyard n'oublia point d'accro-
cher à la selle de ce dernier animal la valise de son chef,
contenant près de quatre cents onces d'or. Les chevaux sor-
taient de l'écurie lorsque la bohémienne parut, et s'élançant
sur le sien, elle partit au grand galop, suivie, â une distance
de cent pas environ, par son frère, qui, d'après l'étrange dis-
position d'esprit dans laquelle il la voyait, n'était guère pressé
de lui avouer le vol qu'il venait de commettre.
Ce matin même, dès que les portes de Ciudad-Rodrigo
s'ouvrirent, l'Empecinado s'achemina vers le faubourg où il
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DE LA VIE BE MARTIN DIEZ, 129
arait laissé ses compagnons. Sa surprise fut grande quand il
apprit leur disparition ainsi que celle de sa valise. L'auber-
giste ne put lui donner aucune explication à ce sujet. Il lui
dit seulement qu'ils avaient pris la route de Alba de Tonnes,
et qu'en les voyant partir il avait supposé qu'ils allaient re-
joindre la troupe. Dans son dépit et sa colère, l'Empecinado
s'arrêta A une mauvaise pensée contre un de ses frères d'ar-
mes ; il soupçonna Mariano Fuentès de lui avoir jenlevé sa
maîtresse. Il se rappela son assiduité auprès de la Gitana,
lears fréquents entretiens à voix basse. Fuentès était un beau
et fringant cavalier, aux manières franches et agréables, plus
capable peut-être que Diez lui-même d'obtenir les faveurs
des femmes.
Diverses circonstances se représentèrent encore au sou-
venir de l'Empecinado et achevèrent de confirmer ses soup-
çons. Il retourna furieux à Ciudad-Rodrigo, et confiant au
gouverneur ce qui lui était arrivé, il lui demanda un cheval
et un soldat. Quelques minutes après il repassait devant l'hA-
tellerie, se dirigeant vers Alba. Dans cette ville plusieurs de
ses hommes qui jouaient au cane lui apprirent que Fuentès
était logé dans la maison de l'intendant du duc d'Albe. Diez
traversa les rues au galop, laissant bien loin derrière lui le
soldat qui l'accompagnait, et arriva devant la maison de l'in^
tendant. Il gravit aussitôt l'escalier, et, un poignard d'Alba-
céte (1) à la main, il se précipita dans la salle où se trouvait
Fuentès en compagnie de plusieurs autres personnes.
«Traître! s'écrie-t-il d'une voix tremblante de colère,
traître 1 où est la Gitana?
— Je ne suis point un traître, Martin Diez, répondit
Fuentès avec fermeté, mais avec un calme admirable; quant
à la Gitana, vous qui en avez fait votre page, vous devez
mieux savoir que personne ce qu'elle est devenue. »
L'Empecinado fut frappé de la modération que Fuentès
(l)La ville d'Albacète est renommée par Veicellenlo qualité de ses
poignards, comme Tolède pour eelle de ses épées.
5* SÉRIE. — TOME XI. 9
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l&ettait à lui répMidbpe leraqu'il Vavaifc ÎAlerpeHé^ fnm- ht
çiMi aussi injorieuse. Se» soupçona se dtBnyèrôtit ansdl wilm
91'ite 9'éUûeiii fonné». Lai96aii4i tonber 90it* smtef^ H m jetf»
daa» les bra» de sob cam^ade,. liii doMandr pardiMy et lifld
laeoBte le» événenteiito de lu nuit En terminaiit sdn véaity^U
déelare «yi^ili est bien décidé à ae v<MMirexcki9itemeBfcàtki
poorsuiie de son infidèle. Cette vésoluAîo» esè viiiemeat eMft>
battue par Fuentèâ. UIuiieprâsenteFaHéundité-d^iineiiareilIfe
expédition àia.doB'Quichoite^datt» l'étatacturi db TBapagne^
lorsque suvtout. le» fti^fe ^0% nti» ai ^ande aRKàvcrt «1
^on ignore la reuHe qiai'il» Mt pvise Li»»«iii#reB penoano
purésente» se joignent èFuenti&ss; ellesi aappUeniBietf àa^wat
point sacrifier la cause de son pays à des motiCs»peiBoaiieb
Atts&i puéril». On &'adffe9saît à ua hoBUBcr éfnib patriottsme
tfdeni..... L'Empecinado se rendit à leurs raisoABy et le joor
suiva»!,. la guérilla- quitta^ Alba poun fleldurnef sur les bonds
du Douro. Les^succà» de TEmpecinado finieenbpaff attirer aé-
jrieoBement rattentiom des g^éraus firan^i» sur ce dlNig0ve«x
.partisan^ Presque toute la cavalerie qu'ils avaient daM la
vieille Castillc reçut l'ordre de se disigar ver» les plaines du
Douro pour lui donner la chasse. PendanI q^oelcpie tempa
Biez put se soustraire à la poursuite de» Fsaaçaisv A ia fin
cependant, rencontré par treis^ cents* hommes de eavalesie
légère dans le voisinage de San^Bomingp de lot Calnadg,
a^ès avoir bravement seutenui le ehoc^ il se* vit forcé de ae
retirer dane Lafrmotttafpies^de Burges. Le» Fraudai» n0 vouAl-
vent point L'y piHwsuîisTe^ mai» il» ceatiaudrent à balayer le
pays qui borde le Douro : telle fiil leutf actiMiliéy qu'il était
impossible aux gncBiUas de quittef leur refafir dans les mon-
tages ou. de s'aventurer dans les villes. A Gaetrillo,. la mère
et les parents de l'Empecifiado forent bhs en\ priean^ On uaa
de la même sévérité à Bnnt enver» le» amie dfrMariaAo* Fnea-
tès. Uae récompense de 2av000 feaiie»fut enfin pifomisei celui
qui livrerait l'Empecinado mort ou vif.
Ltï jour que Diez^ Fuentès et leurs soldats faisaient halte
sur le plateau de la montagiM3 A^ Embital de Leima, cpù do-
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DE LA lOBT aa MAAVHF BIEZ. |8I
lîktpHdbrratterde MbAbh^ îh-nisn* i'ÉnHmU«f à tnvè
rttKMipe'dttyiii||lt«niq:lioiiin«8 à»eii«faA
r cwhDOMMB Imntpibft^prâB^dfaaaE;, lie» gmiiinënisles
I séksÊTB *; 9mr hmm qnfîhi tesMi adteiraMi»*^
mtaÊm»9àé9^ aolBé9^Jh*n'»mIdlancaaoolfÉced^Imiffe^^
ynmtti éJm k» BoooMuittne amw qnriquosmi» de ans «empat
poiM^,el il Mtaiéna'liinitM ame IsttétfangvrSi C'étaiwit dtM
9a;^^vs^i'K!^eInBanidé VAndahNnie.
IcB ■— iiiiMiir veowHf mèrenlE frietfà lleiwi ApnèwavroH-^pm
iBm]paBfcdwtm«Jbi0Hpr(wti9M9<fMrl<nr ottranml^ kas^^eril*
leros, ils répondirent aux nombreuses queali^M^ipiUenp fweiit
afawi8%.flm «BBqniîlB 9»matttv^d^mê kivr rmite'elaiir'rétat
dsiai^nritt dana VÂnààSaoÊm, ttdifenti entre- aattm» oAomb
ifg Aii8.hiLa«BMMHdftBD«itt wmt tro«p»dte*la cayatero i^-
lépdite»,. camnaKlée pair le fiîÉM»*, a^ait emaaûw dk»
cCek iBiL i|a(hiiilBU« omyiin^ ajimla te onvratear de' h
4BmifR IL eafi tqé ifiidil attiMpie prafoifr Im FVaaçais^ man
seulement lorsqu'il est trois fois plus fort qu'eux, et encore
«vb:M#4 i|DiB>p0iir cBialttvnYéritaMe>pPorfil86iiMiv ^iest
celle de voleur et d'assassin.
— SnoE-iwas iiud^OBchcaî dfwiajeiiiiefilte qUiPaccom-
pagnait autrefois, demanda Fuentès ; celle qu'ils appelàtenl
^JfcnnaidK Malaxa?
— Oai^ iBcmoBotr aipowiilt ïétenger;; il persA qii^èllë
iÊÊÊm aataar kai naâ» dés BapagmiitivU. f w tran ou qualVe
■■îremBOiB; c'élailleiwdtvaM «xcninibiv cpie le &iiam» tenta
dtan la CastiUfti el( quit ftift aa firtate > i ae9 eiwnimgiMHis ; eat
saKoè praiviareiili i se- sanveraveo Ibr. L» Bohé-*-
eteattafiris^aRrmtwpoBaidaivl^AiMlbtiMaie sainnine
ik pn pié^ aurni norias dépaariL ft paKaAi qu'ella 9faî% été la
«atlaean: tfinr oAineii de tai tiiMpa foL a^t siirpria fé- 6f-
fano; à la suite de quelque altaacoMÉin' anUre eus, eireédhift
il rnotmai ém ceMKracai logabiiade^ elte déserlaH se» atiiânt
aifSHaîhaqojiBdBvafttBiiiaai: i ffaf psbaito éfo eaaipement des
iriinMi^ iw|l uwÉBlifc. li iiii I Brtwinaiid#caa!M»at gttife«e deffetti-
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132 TROIS CHAPITRES
chef, qui n'avait pu se fiaire agréer d'elle, la malheureuse en»
yoya son frère pour préparer sa réconciliation: le Gitano feignit
d'être charmé de ce retour, et il voulait, dit-il, aller lui-même
au-devant de la fugitive repentante; il le fit, mais il rentra seul
sous sa tente, apportant une valise pleine d'or sur sa selle. Le
jour suivant, un chevrier trouva le cadavre de la Morena et
celui de son frère au fond du lit desséché d'un torrent. La
mort leur avait été donnée par trahison, car leurs sabres
étaient encore dans le fourreau et rien n'indiquait qu'ils
eussent résisté. La Morena avait le sein gauche percé d'un
coup de couteau.»
Parmi les auditeurs de l'étranger se trouvait l'Empecinado.
En apprenant le lâche assassinat de celle qu'il avait tant
aimée et qu'il regrettait encore malgré son abandon, il se leva
brusquement et se promena quelque temps le long de la
montagne. Quand il revint, ses traits ne trahissaient aucune
émotion. Il était peut-être un peu plus pâle que de coutume,
et l'on voyait une ou deux gouttes de sang sur sa lèvre in-
férieure.
« Encore un verre de vin, mes amis, » dit-il aux voyageurs
qui se disposaient à partir.
Les montagnards burent à la santé et aux succès des
guérilleros.
« En arrivant dans votre province, dit le partisan d*une
voix rude et perçante, dites à vos compatriotes que vous avez
mangé et bu avec l'Empecinado. Dites-leur que ses soldats
ne sont point des voleurs comme voudraient le faire croire
les Français ; mais de braves gens se dévouant pour l'indé-
pendance de leur pays, et sacrifiant à ce noble but leurs affec-
tions privées, ainsi que leurs inimitiés. Il ne faut point trom-
per nos amis, ni laisser nos ennemis se réjouir. Cette guerre
finira un jour : on verra alors que nous n'avons oublié ni nos
affections ni notre vengeance. »
On était en 1816, et la paix venait d'être encore une fois
rendue à la Péninsule. Le patriotisme espagnol, puissansment
aidé par le courage et la discipline des troupes anglaises et
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BE LA VIE DE MARTIH DIEZ. 133
rhabileté de lenrs généraax, avait repoussé les légions de
Napoléon an delà des Pyrénées.
Par une après-midi d'été de cette même année, six ou sept
personnes se trouvaient réunies dans la salle commune d*un
petit cabaret sur la route de Madrid en Andalousie. La corn»
pagnie était présidée par le cabaretier en personne, petit
homme réjoui, à l'abdomen proéminent; on ne l'appelait que
El Gordo, sobriquet très-expressif qui signifie Le Gras. Les
antres membres de cette société paraissaient être des habitués
de la maison, paysans et artisans du village voisin. Ils écou-
taient avec un grand intérêt des histoires de la dernière guerre
racontées par un voyageur qui attendait pour continuer sa
route que la grande chaleur du jour fftt passée.
Le voyageur était un homme d'âge moyen , aux formes athlé-
tiques, mais d'une physionomie peu prévenante. Quoiqu'il
n'eût rien de militaire dans son air, cependant, à croire ce
qu'il racontait, il devait avoir servi pendant la guerre ; il se
faisait le héros de toutes les aventures surprenantes dont il
anrasait ses auditeurs attentifs. Au milieu d'une de ses plus
merreilleuses histoires, un cavalier s'arrêta à la porte du
cabaret; il demanda s'il pourrait avoir des rafraîchissements
pour lui et pour sa monture. Sur la réponse affirmative de
ïhMe, il conduisit son cheval à l'écurie. Ce ne fut qu'après
avoir pourvu aux besoins du fidèle animal qu'il entra dans la
maison. Aussitôt l'aubergiste tira de la poêle quelques tran-
ches de jambon garnies d'œufs , et les plaça sur une petite
table avec un pot de vin et du pain. Le cavalier fit honneur
i ce repas avec l'empressement d'un homme qui venait de
loin et qui avait longtemps jeûné.
Les voyageurs en Espagne ne restent jamais sur la route
pendant la grande chaleur; ils se mettent en marche de très-
eraod matin et ne s'arrêtent que fort tard ; mais ils ont soin
de consacrer au repos six ou sept heures pendant le milieu
du jour. Toutefois le nouveau venu possédait un de ces tem-
péraments de fer qui résistent également à la chaleur et au
froid, à la pluie et au soleil. 11 avait quarante ans environ
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n»
nait encore un air de jeunesse, «t e« «b voyait pas «n «ail
fàiww Bl<uii«el4)Mi :gaisidftiisraaieheM^diBnB<étaa nmoalache
A»ve«..S68tvïMeaBatstèiaittDtefliisil'i]iiiiMvgeDift. GBpandoflt
yriqae obMeidUndéfintsBaÉiledaiisibMite «a iperawane
l|ttutle«aldidtetil'iht«tteJiabitaaéÉ coHHHMler.
:i(]nè6cav»ir«enKi son lUàte^ kt oabanatier f eliranm m
0Oin{Migme ^u'il imnii ide i^oitter. Iub l>iifi râi de la I
Mnh pârfeHQoaat laliàéifaiâaiigHedb nanotten-. iAon,
•fuHl «Il dédbtré 9ie pounair ipos ssiariétar fdus imigtempa,
•fiMoiide fiamifll il le (flàQMer;à racoater mfxire «iie Ae^wm
tmeoÊnatB. CoU^dà nonferaialt ide6>détafife si extcaorfimms»
qu'elle ébranla éaiorédulùbé des na«fe ^payeaiH. jPhis .d'une Mb
-àuMλ l'étranger rfétonrm les fenc ide son cUanrfmvirv^eter
des ncsg»rdsifiMAqtte(peM>mé|)nni^ dâos -la idireotiiin ëan bat-
inand. «Ce dernier ttermina enfin MnhiaiQtre^ et, nefitanti^
neheval, 'cpiitta IHiAtellerie. dLes pa^^sans^siiivireiii fcioBlôt sm
exeniple; l'étranger poakn sevl si^c Tikète.
a Vetre Seigneurie s'ieaft mise en roule .par mu tampa i
dhaud «ft bieii altécant, tiit £1 fiocdo en cempliaBant le ^
4kl voyageur., et en jetant un coup d'oeil sur «es vèleiiicBiÉB
«couvents ée poussidne. Vous amrieGE mieux fiiit m , ee
ie digne pereonnage qài vient de «'éloigner, tsus
.|)8ffti de tauBtUenre heune et arrrvé plus lÀt Les -arkires *
• Arop Tares dans Qotre pays ipiour qu'une course ;i VÊàdi noât
•agréable.
«—V .ouB avez f»eu4-étre caîaeni, répendit .llautse; si j 'aurais
Rgi commua »om rdiies, j'en saurais pfobâbkment plus toqg
des aventures de votre coaiemr , quÂ, A len JMger par «e i^iae
j (Si entendu^ 4oit i)imi mloir /la ^i»e •d'èice •àseuté.
-^ie sms ^anooë <|ae ce «sdit là re|hni6a 4e Yotne fi»-
igneirie, peptât l'kAte avee son isontine iiabilueL II eetanw
•^tiiil attonge mu <peu ie wécél; «nais <est4einattièpe4e raoanttir
.M assez bonne fieur moi , «et je suis toujoi» ^oatfteni iga^trl
:U passe 4^ id. Les gens 4fe netne vùHage arrivent par doai
SEaiee]poRv«AleRdreseslâatoÉrea;<3ar, après qwlquos rasades.
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BE LA V» Hi m^fOUIf DIEZ. tM
£t.aviBc ittu i0eslej»y6itt £1 Kiordo bti^ifA id'aœ onain^iir le
Aanc alors vide de Toutre, et de llanlne aar la latoadîfté A te-
qMfllle U^denraii aoa «mtmvu
c £i igwl ^Bsi Q»t th^nam» ? «demmda Téteaiif or ditn idr
indifférent. — A-t-il réellemenjt «0iwî <p€iii4aQlt la ^uance ?
— Servi et mm laecvl; de &it est <quUl a lOOfunMttdé «ne
bande de.jpipiniUaroSf let pill a iw ^ar-ci fiainlà (peJ^jiea^s-
pFWoafibes )a«ac -{es Ftim^aÂi. ie d^ule tcep^ndaot ^'11 lai
aiH jaiaaiB obancliés. JU •peA2#i«l)attait vol(M|tiw^.^i}iie laraQii'il
avait la perspective d'un riche butin. Si les Français ne kli
aafawuiisaiQBt {M(s lleoqa^ion, il lûHait tonaieeitK 4a!il xtn-
cofiisaft, £^p«lgnels anautses. En Andalousie, oa caoonie léa
loi des 'Chosea ifud v#ii6 ifor^ent dpesaer les cbeveiiK aw* la
Uie. 0 est ceitain (^'il s'^st vii pliis d'une fois .pourohaadè
par aosiroupes^ans )e 4aai|is de la guerre-; maîsâ la fMMk
OB a accordé une amnistie géoécale, et alors, oonuae bea»*
Map d'aulres nanirieaSy il est devenu boomôle bocune. Main-
tfiaaiit il ^t tovjOiKs en roUfte, et l'on prétend qne «sas
vajilgfls 4*iiu0mnteirf pas JM^uconples Tovennsde 6a ttbi''
jesté.
-*Soa Aon? demanda vivement Téteaager^
-*Soo vrai ncun? ^ oe l'ai jamais cenAU, seuat, ifépoaâît
Je cabareti^y surpris de rinténrôt que manifestait ^0Mdaia la
voyageur. £1 Giiano est celui qu'il a toujours porté, «ar il •ert
de lace bobémiani^e, et voa le dit -chef d'4iuae tribu. s>
Ces paroles étaient à j^eioe |)rooioHcées que rétraxvger, H^.
raat lui à:u 4e.sa pocbe, le jeta ^ur la table. Avant qiie ThÀta
fàt revenu de son étoonemeoi, il sortait 4iu Qaiof^ mooté <^ar
OBi «cheval noir d'^uie grande vigueur.
41 C est étsaajge! dit ]E1 Gardo en le suivant des yeux^ il
est venu 4u côté 4u nord ei il retourae v^rs :1e nord. Après
tant, «e n'eot pas mon afiaire ; c'est vjx djgae bomine, car 41
paye biea. ^ -]
la wjf^gWT suivait la même direction que le-conteur d#
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136 TROIS CHAPITRES
tout à l'heure. Malgré Theure d'avance que celui-ci avait sur
lui, il aperçut le Gitane au moment où il commençait à gravir
la montagne que traverse la route. Après dix minutes de ga-
lop forcé, il l'atteignit enfin.
«Vous êtes le Gitano?» demanda brusquement le cavalier.
Le ton et la manière dont cette question lui était adressée
ne rassura guère le Bohémien.
« Je réponds à ce nom, dit-il d'une voix faible.
— Lâche assassin 1 s'écria l'étranger; souviens -toi de
la Morena de Malaga et prépare -toi à mourir, car nous
sommes seuls sur la crête de la montagne et je suis l'Empe*
cinadol»
Le Gitano trembla comme un oiseau devant son terrible
ennemi; mais son instinct de ruse et de trahison ne l'aban-
donna pas dans ce moment décisif. Par un mouvement rapide
et assuré, passant les rênes dans sa main droite, de la gau-
che il tira un couteau de sa ceinture et en porta un coup vio-
lent à l'Empecinado ; mais ce dernier se tenait sur ses gardes :
saisissant la main du Bohémien dans la sienne, il la serra
avec tant de force que les doigts s'ouvrirent involontaire-
ment; le poignard qu'ils tenaient tomba à terre; à l'instant
les épées se croisèrent et le combat commença.
Quoique le Gitano ne fût pas un homme courageux, il sa-
vait dans l'occasion cependant montrer de l'audace et du
sang-froid. Forcé de se défendre dans cette circonstance, il
prouva qu'il n'était pas un ennemi à mépriser. Toutefois,
pendant qu'il ne songeait qu'à parer les coups terribles de
l'Empecinado , et à épier le moment de les lui rendre avec
succès, il ne sut pas se garantir d'une antre espèce de danger.
Ce point de la route était le plus large et le plus uni qu'il
y eAt sur le côté de la montagne : à gauche , le terrain obli-
quait graduellement vers une hauteur considérable , mais i
droite il y avait un affreux précipice de près de trois cents
pieds de profondeur qui dominait une riante vallée. L'Empe-
cinado poussa rapidement son adversaire vers cette pente.
Le Bohémien, sans y penser, retint les rênes et fit ainsi re-
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DE LA TIE DE MARTIN DIEZ. 137
Ciller son cheval. Soudain l'Empecinado donne de l'éperon,
et s'élançant sur son ennemi, il lui porte un coup violent sur
la tête. Celui-ci pare avec peine, et en ce mom le pied de
son cheval commence à glisser sur la crête du précipice. Corn**
prenant alors le danger qui le menace , le Gitano , avec une
agilité extraordinaire , saute en bondissant de sa selle. Au
même instant le malheureux animal roule dans le gouffre, et
va se briser contre les rochers et les pierres an pied de la
montagne.
Hais la position du Bohémien était des plus critiques. Lors-
qu'il s'élança à terre , les jambes de derrière de son cheval
avaient déjà dépassé le bord de la pente , et l'effort qu'il fit
mk dégageant son pied des étriers ne fut pas assez puissant
pour le jeter sur la route : il resta donc suspendu sur le pré-
cipice, dont la crête arrondie et oblique n'offirait à ses pieda
qu'un point d'appui glissant. Force lui fut de se servir de ses
mains pour saisir quelques rares poignées d'herbe et de ga*
zon que produisait la terre du rocher. Ces herbes se brisaient
dans ses doigts ; il en prenait d'autres , qui , après l'avoir
leurré d'un faux espoir, se brisaient à leur tour. Le misérable
vit bientôt que son heure venait de sonner.
L'Empecinado avait rengainé son épée ; il regardait d'un
air sombre le Gitano, dont les traits contractés par l'horreur
de la mort avaient pris dans son agonie une expression qui
n'avait plus rien d'humain.
« Miséricorde , sefior 1 s'écria-t--il ; grâce , grâce 1 et puis-
sent Dieu et les saints vous assister à votre dernière heure I »
Il y avait quelque chose de si horrible dans l'accent qui
accompagnait les paroles de cet homme au désespoir, qui
allait mourir , que l'Empecinado dégagea son pied droit de
Fétrier et fit un mouvement comme pour descendre de cheval
et aller secourir son ennemi. Si telle fut son intention , elle
arriva trop tard.
« Malédiction Id s'écria le Gitano au moment où la dernière
poignée de gazon échappa sous ses doigts crispés et couverts
de sang.
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VMmpemmàà^ écouta* Au amlieu 4u .calme ^esto à!wèe
4iâda.&oirée 4'^é, .vu bruit aourd vint frs^per «on 4u?eiUe .al^
ieiAkte. U te r.cna la «tète de son i)beY.al vfics Je juoinI et «'éla^
jfiaa Jeatfweiil.
Le matin ja deiatinatioA .ÀUit t'AadaleHftie ; ma» il n'axais
l^his-diBjraisoBs pouf jpMtff uivre «(N) va«i^;; il awit atteîiit
fbon Jbvyi» .la Mo]Be«(a4e Malaga était mughe.
ni.
L'attda«e<de rSo^pecMiado eemptait 4tiiseBM«it .le nombce 4^
lues teunemis^ la «apidité de «es moweaneat» éqwfalait â «uaa
jèUfuété yéntable,; on pouvait cpoire f)arfeiB ^41 y aurait
guntre £mpeoiii«dk>s ,au tteu «d'un, aotàwfi aussi que quatre
tondes diffàrautefi lattaquaicat le même jour sous «es onlraa^
LtdB Fi-auçaifi, «après Tavoir vaiuement poursuivi ^pendant wm
imuée., se décÂdèreiit à fiaire an deraier effort f^our se déha»-
tasser d'^Mi ipartiaan si inoommode. Desibalailloas et des -a»*
cadf'Oas furent ^envoyés simultaaémant .coatro lui de.Soria,ii#
la Rioja , de Vittocia «t d'auioes liaux. L'ËinpeiQiaaidto -eoê^
ji^gea «}OA¥«iiat)Ie de dispacattf e ^fteadan^t ^[ueLpie tenqys:: il
d^psFsa sa iroupe par dotacifeemients^de Jj?ois ou qusilveiioa^
• mes, leur oi^lonoaat d'aller ijolndoe Msunafio iFu^ntès <dans^
province de Palencia, et lui-méipe, a^ec ^Hkq Gompagaaas
dévoués, il f>esta eaobé au «vifiage •d'Ootorio dd P4aar^ pour
j^liteadra 4'.ooGasioB favoraJxle dei-epriondre l'offsnsive*
; iMalbe^ireuseuient paur itiy, au iboutd'uAe semaine ou deux,
p^e oiaû^alié lui pesa : il éprouKca «m vif besoia de 4iatrao^
^a., -at se souvenaai ^u'ii avait £ait autr.e£ois ia courÀ la
pûèûe d'au ^banaiae d^ JBuiigo de Osma^ il eut ia faAtaîai^
^'aller/TOudr^ une visite .i la demoiselle eXà Toocle. LeAurgo
de Osma n'avait pas alors de garnison régulièius, mais le jf^ffiR
^àlaîtsi reinpli de tjcoupes fraoçaisesy :(}u'il ne.se paisaitrguère
de jour sana gue Ja villie £ùJl iraversée par .uu détachement
D'ailleurs, le corrégidor et les autres autorités esp^gaolf^
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DE LA VU OC JCAAXUr DIEZ. AM
élaieaUles afrancie&mia»» ayant j^içtt ieuKs JLitres id<is «Mmiii^
raDlâ. Au&si Jes avaU-on pcèveiMt j>oar xittUl» .eiuseat à^uoU
ier r£iiyieciiiad9^ ibI à le .pDBodre iiiort .mi rif. Sa itéto-ét^
nifieij[>m: bref, c'était pour liû use grande ÂaipcudeaQe4f
bttfifir ses «cinq bonuiMw àOnUirJD^ «t 4e slanaUfinseuI, ai|^
ion chf9M49 aalufir uoeanciaoBe matoian
il i&taii une iieore de i^pràHOiidi, JoEsqn'uit «cM^er, Jhi«|
numlé ai hian arm4 an *co6tu4ne 4e Qav)p«|goar4, fiiais j^yant
jn i^ett Fair 4'jui ^ontrahandiec^ antara dans ia ville duSiir|^
de X)8iaa. Au moment aà il jiafiftait aouB nn ^eîl asoeau 4(14
Aersait d'aaicée «à «oe rne^ un JiamBie oottché 4aas un aagU
delà juuûUe ae qred^essa 4out à^ceiy)» et i'aocoiU jpour inî
dwH>mler Ilaum&nei
. — -Xna iMvwao, a«ât>r, j^^r si ampr de JDim»
la ca¥alierjata iquel^ne .menue mooaaie au/meadiant, at
|ii»v ce laiie, ilaa tourna de Aon eôiè.
-^ Santa Virgên,! ^ En^puinadol s'éccia le mendiant, fowaf
xelevantiout^à tait, vint ^nontrer de iplus près au guerillara
la fignse |iau avenaïUe d*nn boiteux surnommé Nicolas À
Coco, qu'il avait connu autrefois à ia poi^ dcl'églisedeCai^
irilie, au il loi avait fait Taumûne. .Soupçonné de quelquai
peiits larcins 9 Nicahsal Cooo avait depuis Vij^bondédaQf
kwisini^, continuant, à vi^re aux dépens desikmes cbaci^
iaUes. H y avait jub mois qu M sonblait s-ètne fixé au Sar^
d*Qsma. LT.nyefinadotaefut nullement charmé de octteranr
xumtre;; mai&, sans soupçonner aucune tcahison,, il nuit une
pièce d*or dans la main de sa vieille tcannaissance., et lai dit^
a Pas un met >aur moi, Nicolas I Que personne ne saclie que tu
m'as TU, et ai jamais iu as faim et soif xdans le voisinage 4$
4BnB bivouac, ta y irou;vei:as toi^ours ta pitanceu ^> ^^
. ie mendiant .suivit des yeux i'£iapecinado^ qui conlinnf
■0B4:l)eBnn. .
. « Toi^Qura le même., ;gramela-tt-il : toigours la main prâbe
iWttttvcir, jtoii}Ours un mot.bonnôte pour îles pauvres gens»^
^•«ittiie lui plus d'un rco/ùe lorsqu'il n'était 4[ue le meilr
JsBr ngnenon «et le plus adroit bûcheron de la pnovince d^
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lU) TROIS CHAPITRES
Yalladolid. Les temps ont bien changé depuis, et l'or parait
être aussi abondant aujourd'hui dans sa bourse que les quar--
108 autrefois. Cela doit être, après tout le butin qu'il a fait sur
les Français. On dit qu'il leur a pris des chariots remplis
d'or, de bons chevaux , de beaux habits et de riches armes.
Ah 1 Nicolas I il se passera du temps avant que ta vieille car-
casse d'estropié ait sa part des biens de ce monde. Et ce-
pendant , il y aurait un moyen , continua-t-il en changeant
de ton dans son monologue , comme frappé d'une pensée
soudaine... il y aurait un moyen... Mais non, ce serait une
trahison , quand je tiens encore son or tout chaud dans la
main. . . Cependant la somme est. . .d Le mendiant n'acheva pas»
comme si ses propres paroles lui faisaient peur à lui-même.
Sur le soir, plusieurs habitants del Burgo d'Osma remar-
quèrent Nicolas el Coco honteusement accroupi contre un
mur voisin de la maison du corrégidor : quelques-uns lui je^
tërent leur aumône en l'invitant à aller chercher un meilleur
gîte pour la nuit ; Nicolas ne profita ni de ces bons avis ni de
ces aumônes, laissant sur le pavé les maravédis tombés à ses
pieds. Enfin, lorsque l'horloge sonna onze heures, le men-
diant tressaillit , se leva brusquement , et alla saisir d'une
main frémissante le marteau du corrégidor : il frappa plu-
sieurs coups avec les mouvements d'un homme qui se hâte
de triompher d'un remords. Le domestique qui vint ouvrir
recula d'abord en se trouvant à cette heure en présence de
cette figure hideuse ; mais après quelques mots échangés entre
eux, Nicolas fut introduit.
Pendant ce temps-là, l'Empecinado avait été joyeusement
accueilli par le bon chanoine et sa nièce , non toutefois sans
subir leurs reproches sur son imprudence à venir hasarder
sa tète dans la gueule du lion. Notre hardi guérillero ne fai-
sait que rire de leurs craintes, et par sa bonne humeur.il
avait fini par leur fme partager sa sécurité. Il fut même con-
venu qu'il resterait leur hôte tout le lendemain, et ne parti-
rait qu'à la brune. Le souper se prolongea jusqu'à dix heures,
et alors Martin Diez alla s'étendre dans un bon lit, où il s'en-»
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DE LA TIB DE MABTIN BIEZ. 141
dormit bientôt d*un sommeil profond, si profond même, grâce
h fatigae , qu'il n'entendit pas à minait qu'on frappait à la
porte, lui qui, au bivouac ou sur une paillasse, se réveillait
au seul bruit de la détente d'un mousquet ou du cliquetis
d'un éperon. Le chanoine, plus vigilant, mit la tète à la fe-
iiètre, et apercevant au seuil de sa porte un groupe assez
nombreux, il se douta, sans distinguer personne, que cette
visite nocturne menaçait Diez de quelque danger : il se glissa
i la hâte dans une vieille soutane, et courut pour avertir son
bote; malheureusement, un domestique était allé déjà à la
porte pour demander qui était là.
— Genudepaz, répondit-on. Et le domestique, reconnais-
sant la voix du corrégidor, ouvrit à ce fonctionnaire, qui entra
suivi de deux autres magistrats subalternes et d'une vingtaine
d'alguazils. Le corrégidor fit poser deux sentinelles à la porte,
et monta l'escalier. Il se rencontra justement, dans le corridor
de l'étage supérieur, face à foce avec le chanoine, que Tàge
et l'embonpoint ne rendaient pas très-^le.
« Seigneur chanoine, lui dit-il avec un sourire sardonique,
nous voos remercions d'avoir bien voulu garder jusqu'à la
nuit un voleur et un traître que nous n'aurions pu arrêter de
jour sans causer beaucoup de bruit et de scandale. Allons ,
ayez la bonté de nous précéder jusqu'à sa chambre ; » et ce di-
sant, il poussa devant lui le pauvre chanoine stupéfait.
Martin Diez dormait encore. Son sabre et .ses pistolets
étaient sur la chaise près de son lit : un alguazil s'en empara
prudenunent, et néanmoins, telle était la terreur qu'inspi-
raient la vigueur et le courage du fameux guérillero , que le
corrégidor tremblait encore en posant la main sur cet homme
qui allait se réveiller nu et sans armes au milieu de vingt en»
nemis. Martin Diez crut Caire un rêve lorsqu'en se dressant
sur son séant il vit quel cortège remplissait la chambre.
« Au nom du roi, Martin Diez, vous êtes mon prisonnier,
lui dit le corrégidor.
— Au nom de quel roi? répondit l'Empecinado : je n'en
connais pas aujourd'hui en Espagne. » Ce n'était qu'une pro-
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Mit mMl^ CBKPITflESf
dMtationt du pstriotîeMe y car 1 VmpecnMRlb* avait eoiiipri^Umt
;d'iÉMi0d« qfue h» lésistane» étaM ikiotife.
/ <K(Alioii», lefWff^-'mm, MÉitfit Bfev, dit* k^ eofrégHfenr;
:tt«S' sfamm» p» h^ ftemp^^de stMil^mir «ree^voas une* Wkésm
-pAiAcfae,
' •— Vili atfttaaaesaé» t ^'écria Bim, t^u» arae raîaoïf avjmDE^
:41i«iv. J^ vm9 nHBsi dame en> sii«n«e ;' maïs on jovr Id 6o«nfe
naameitir'ù»m^BT9s,etfsv ^mù» èfSm aloiv ré^reilK^ fonrne- mm
'"fln milÉRK dft* ho nuit, E^agnof incfigire , fiwfe ne* niaiHjheroiL
duisez. D
• i^oonégidDP iicr itt aueane oivs^rvaden*, ^estfmmt heu-
nonne éa^ trouver' Harlàii l^îes sr Tésîgifé. Celtiv-ei sfliabflla', et
SB plaça de Iuî-iiiènfe«aa milfem des^ afg^senls^» aprè9 ayciîir tSA
.fw boii> ehanome on- sahif qui signifiiût rCe* n'est pss^ voir
c Vendaae que' tmt oeev se paesaiît chez FBoimAe eorMSsiasfr-
que, un certain- mwBbre âf& perseimes^ s'étaient rassemblées
rdan» las TOes, attir-ées d^éjà* par fe broîl d^nne* arrestalibn im-
rportante ; c'étaient pvescpie tSM»de8 artisans et d^^jovma-
ciietS) citose plus fidèle à l'Kspapre* que b- classe élevée, qni
c^étailf généralement prononeée penrles^ TVairçaîs aflfi' de ga*
-rantir se» prepriiétés. Dan» ce raesembfcment éteiiV aassî' TSR-
colaS'Blt eoee^; cehiî^ se" gardait bien de répondre aux que»-
:lionr qu'échangeaient enfre emr tous- ce» hommes* qtrr t^no-
iMient ençoi^ quel' personnage avait motivé* ce déiploroment
"ér tbults I^ ftyrces diffponîMes^d^ Fii polfee. Il notait inqutiet
qne» de te manière* d^iit iT réefameraîf leprirt de se détran-
«Mion. N>fantf pu iiMJRqner dknsqndfe' demeure Pffimpeci*
'iKidb* s'était rendn, i( avait survî le corrégidbrpar èè pa», nmts
. tl^n'éClnt pas entMl eKez le cKanome, n'osant pas braver lè re-
gard' de Fhomme trahr par M. ■ (Hssonna quand Hartïn
tWes dteseendit dansla-rue, et cpi'Fsteban Ueboncher; en le
reconnaissant, dit aux autres : C'est rEmpmnaid! Ace nom,
î ttmnvBitmttve se* fit entendre diins le rassemblement, et If cor-
' fégidov piarml. craî»Are qu'o» ne eherehéft à délivrer son pri-
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DE LA« m M? mjixfm diez. M
sonnier, car il pressa le pas, et les alguazils marchaient aussi
avec une hâte qui indiquait la m^me inquiétude ; mais ni Es-
teban le boucher, ni BlaB le mercier, ni aucun de ceux qui
étaient là, ne bougèrent, trop saisis par la surprise pour tenter
I» coup tatfdi r anqwil îb m s^étaiena pt» frépmi». Mai» Ës-
teban remarquable pffmiiev qne KicoiaffBI Coeo, «pvès s^AM
«bè hoalessemnill derrière htit» se^prAciyitei ffonâ à tmupi la
sttile ésB aigdasibi Eststtan M deim pas en< avant; sa targi
■an aivètai par If épaule le meadiaiit bofteas. GeliàîHsv w r^
Inrw terrer ^iimn^dtias les joiordo boudtcrle^soitpçra
ipÉVaplEiiti tmim aasoiRH l »'éeria^l^ ao'geooan, sdlor eoorè-
(pdoT.^Maôr la maiir dfSstebn Veufl bieniAtr sain ài ht govgB :
cKateikle^ lui dit4i^ en étoaiEnili awaié^. e'afll.dime mil ^p^
49 neadurEanfecioado l »
fiei» 01» arot» lanfteme» fîmnt approchiasv etileair biMr
ttoitra la face hidease du» mencUaiat boaleTeisée' par omb
honftle terrew. <i Cesttoi qui a8vaMhi>rEiiip€ttiBari» iMé^rftta
le btiKher son làcheB sa Tictîma, mais eni loîi loiasant (
ie- settOe pour vépoadhe;
e Ifaa, MiiHV ^aiai ai'eat pas ; p'ig|u>raÎB oAiit étaiH.
-^Àhl ta tas» eaeore nier ! dii Esteban enr sevrant dto^
veaa le mendianti à lai gerg^ de* namèm à linr faim fendse d|i
mf pu labottéhe; ^^ Hienteur, c'eittjoi.
— Pardon y pardon, dit enfin le misérable ,. espAmiftaii
ÈtoinB obtenia la pitié dku bouefter *r pfifà»ut^.mmféad*f. <)'est
vail
-^ Une* cordel. aae cbrde l deannda Bitefaanv » et îk baii an
ht appotté deiiK ou. taote«. ..
Lejom irefws.Ie^paenier ebyei qm.frapp» loi tnedar eané-
«îdor, lefaq/ei'ilr se mU àf la> fenéfire, fut Ir eoaper dr Nimrihs
JilIGoco pendhiàiHOiariire devant aa<peirtei Uaefpanaaiaa ie
popiev attachée aneo- une^ épin^ sur sa poitrinv éarit IteiiHe
du sang qui avait coulé de sa botehe*^ naisF eeisang: net poii-
^teaipèebër le aiagitltBÂt afrancesiaiD drliae l/insenitiion
suivante :
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Hk TROIS CHAPITRES
LOS YBNDBDORBS DSL EHPBaNADO :
NUMERO UNO,
YBN6ANZA (1) I
Le corrégidor ne put retenir un mouvement d'effroi et se
détourna de la fenêtre en rêvant au numéro 2.
/ Cette démonstration hardie et significative dont les auteurs
se gardèrent fidèlement le secret alarma les fonctionnaires de
Burgo de Osma, et leur premier soin fut d'envoyer au village
de San-Esteban de Gormaz, où il y avait trois cents hommes
d'infianterie française, pour demander une garde destinée à
protéger la prison. Ces troupes marchèrent au complet, puis
d'autres furent expédiées pour les appuyer, et telle était Tîm-
portance de la capture qu'il y eut bientôt jusqu'à trois mille
hommes dans la ville. On pensait que l'intention des vain-
queurs était de faire passer l'Empecinado à un conseil de
guerre ; mais il avait été arrêté par les autorités civiles et Ton
jugea plus politique de le foire juger par un tribunal civil qui
le condamnerait comme bandit et voleur; la procédure serait
plus longue, mais elle frapperait davantage les imaginations, et
c'était un coup départi d'enlever au courageux et populaire
guérillero une partie du prestige qui s'attachait à ses prouesses.
Le corrégidor reçut donc l'ordre de tout préparer pour le ju-
gement du prévenu.
Quelques jours s'étaient écoulés depuis l'incarcération de
l'Empecinado; il était un matin étendu sur sa paillasse, réflé-
chissant à sa position, qui devait lui paraître désespérée.
Aucun ami n'avait pu parvenir juqu'à lui , il pouvait très-bien
se croire abandonné de Dieu et des hommes; mais il était
dans son caractère de ne jamais se désespérer, comme il le
prouva bien quinze ans plus tard lorsque conduit au supplice
il osa tenter, nu et sans armes, l'évasion la plus hardie qu'ait
Jainais tentée un condamné.
Quant au moment présent, il méditait sans doute quelque
(1) Les traîtres qui ont vendu l'Empecinado : numéro 1, Teogeance !
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DE LA VIE DE BIAETIN DIEZ. It^S
entreprise digne de son audace, lorsqu'il entendit prononcer
son nom très-distinctement, quoique avec l'intonation con-
tenue de la prudence, et levant les yeux vers le seul endroit
d'oa pouvait provenir un son , il vit une tète d'homme à la
petite ouverture grillée de sa porte.
«Martin Diez, ne me reconnais-tu pas? » dit la voix.
L'Empecinado se leva, et s'approchant reconnut les traits
d'an cordonnier nommé Cambea, natif d'Aranda et qui avait
servi avec lui dans la guerre de 1792. Logé dans la prison
pour quelque peccadille, il pouvait aller et venir tout le jour
dans la cour et les corridors; il pouvait même exercer son
état avec la pennissisn du geôlier en chef ou alcayde. Il avait
guetté le moment fovorable pour venir visiter son ancien ca-
marade et lui offrir les moyens de feciliter son évasion. Après
quelques mots échangés rapidement entre eux, Cambea se
retira prudemment; mais il revint le soir avec un morceau
de cire et prit l'empreinte de la serrure du cachot pour se
faire &ire une clef par un ami qu'il avait en ville et qui était
serrurier de son métier.
Be deux jours l'Empecinado ne le revit plus. II commen-
çait à croire que leur intelligence avait été découverte et que
Cambea avait été condamné à une réclusion plus étroite, lors-
qae la porte du cachot s'ouvrit doucement et son ami le cor-
donnier entra une clef à la main , la face radieuse. Les deux
prisonniers eurent bientôt fait leur plan , et il fut convenu
qu'ils en essayeraient l'exécution le dimanche suivant, pen-
dant la célébration de la messe.
Le jour fixé arriva : à dix heures du matin, la femme et la
fille du geôlier, leur domestique et le tourne-clefs étant allés à
l'église, il ne restait plus dans la prison que les prisonniers
et le geôlier en chef, qui fut adroitement enfermé dans son
appartement. Sans perdre une minute et observant le plus
e^and silence, Cambea se rendit au cachot de Martin Diez,
Tanna d'un tranchet à son usage, le chargea sur ses épaules
et le porta ainsi à la porte du geôlier.
Celui-ci n'était pas seul ; avec lui était l'homme de loi aiT-
5* SÉRIE.— TOME XI. 10
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1U mots- cBAPivBEa
^pilétoH oMifiéd laipnMédure dto'jug^aiaiit d^Hastifi Dm»
eA oeadtittx. hnamê^étûmù, toanfwîllgmont*airi8 autMvid'i
mille kraieillft de Xérèa^. qu'ils vMatfMfc en s'enltfei
peai^étiwr^ia.flentenca etide reKéQKtiMF.dtt-ftiBic«ft |f*ia«ft*
nier. Tout à coup on frap|ie à la p^rte*: Àdikuâêi ecie V^
eayde, et C^amtea se ppésaoli» :
« Seigiwucalca^'de, di(-il, lecerrégidor estàlafierUyde la
ypi8on<et déaire vous parler. ))L'akayde.s6.1ève<âMr6e eoipreie^
fliyeat et va pouE recevoir le premier mag^trat de la vittes;
mais^à peine a-^il franchiila j^te derrière laquelle l'Ei^
cûaado était cadié^ qi^e celui-ci £aiiua.boad, ^eiq^'ileùien^
core les fers aux..pied8^ le saisit d'uae majsk par les chevevx
.et de Fauire lui serre la gorgf). Au même moment, Canbea se
jetait sur le légiste et Tenveloppait de son manteau comaie
un paquet; il le porte au cachot de Martin Diez où il Ten^
ferme ; puis revenant au secours de Diez, il l'aide à- garrotter
les mains de l'alcayde et à le Milionner pour aller le déposer
aussi au même lieu de sèreté que le légiste. Cela Sait, il s'a^
gissait de délivrer TEmpecinado de ses Cer«, ce'cpii devint
assez facile avec les instruments trouvés dans la chambre- du
geôlier.
Mais le plus difficile ou le plus dangereux, restait à £aiire :
ce n'était pas tout que d'ètrc'los maitrcs des clefs dela> pvi*
son^ il fallait en sortant traverser un corps de. garde de
factionnaires' français. Cambea et Martin Diez a;vaieiit
songé à ce dernier acte de. leur petit drame. Le cordonnier
mit bravement sur sa tète le chapeau à trois cornes de
L'homme de loi et son manteau susrses épaules ;.le hardi gpe-
lillevo se coifiEn et se drapa de même nvec le chapyean et le
manteau de l'alcayde. Ainsi accoutrés, ils. eurent le hoo»
heur de s'éloigper sans ôtre reconnus,, sans mène, qu'ott
fit beaucoup attention à.eux^.et ik étaient .déj^ prés de la
porte de hi> ville» lorsqu'il» aperçurent un'dragyAnrd'or.doa^
nance qui gardait deux chevaux.sellisietibridés,,attcadaatj;
selon toute apparence, q^velque officier qpi allait, faire «ne
proG&enade. Getterue était. d'aiUeuca solitaice oomme.tontes
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[de la vie de MARTIN DIEZ. 12^7
lesautres/vu l'heure de la messe. LTmpecinado, fouillant une
des poches de son maotenilteimrapÉ, y avait trouvé une ta-
batière pleine de ce tabac si fin qu'on appelle en Espagne
\mearnado de los frayles. II en vida tout le contenu dans une
main, et marchant droit an si^Mâl, lui demanda la demeure
deTofficier commandant. Tandis que le soldat lui répondait,
Martin Diez lui jeta tout le tabac dans les yeux, puis lui as-
séna un coup de poing si vigoureux qu'il le renversa par terre
étourdi et aveuglé. Alors lui Atant son sabre, il s'élança sur
la selle de l'officier, et Cambea prenant pour lui le cheval du
dragon, ils partirent ensemMèr av galop.
n y avait à peine cinq minutes qu'ils étaient hors de la
ville, lorsqu'ils entendbent battre les «tambours et sonner les
trompettes. Ils virent même derrière eux un nuage de pous-
sière; on les poursuivait; mais ils étaient bien montés. Us
gagnèrent les montagnes : trois jours après, l'Empecinado
avait rejoint Mariano Fuentès, et se trouvait encore à la tète
de sa guérilla.
[l/la(hjcood'$ Edinburgh Magazine.)
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£Simtiianits.
ROMANS.
LES PREMIÈRES AMOURS D'UN FAT (1).
CHAPITRE PREMIER.
Les biographes aiment assez à attribuer aux qualités de
leurs héros des origines héroïques. Puisque c'est ma destinée
d'écrire moi-même ma propre histoire, je veux la raconter à
ma manière, et je suis libre d'avouer que le trait distinctif de
mon caractère provient du premier coup d'œil que je pus
donner à ma personne dans la psyché du boudoir de ma mère :
je n'avais qu'un an lorsque je me vis, et je devins un fat pour
le reste de mes jours. On me permettra bien d'ajouter que
j'étais un joli enfant. J'avais anm mes petits caprices et mes
moment d'humeur : heureusement on découvrit bientôt com-
bien 'je me plaisais à moi-même, et quand mes cris ou mes
pleurs importunaient ma mère : « Nourrice, disait-elle pour
m'apaiser, mettez-le devant la glace, le pauvre enfant 1 )»
Admis de bonne heure dans le sanctuaire de la toUette,
mes premiers joujoux furent les fleurs, les bijoux et tous les
riches colifichets d'une lady à la mode. Telle était lady Or-
mington. Je dois dire que j'étais le premier de ses enfants
qui obtint ce privilège, partagé d'ailleurs avec quelques co-
lonels des gardes et de jeunes membres du parlement. J'avais
(1) Note du dibectbur. Cet article, comme les autres de la ReTue, ne
pourra être reproduit sans l'autorisation expresse de la direction.
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LES PREMIÈRES AMOURS B'Ulf FAT. U9
cependant an frère et une sœar; un frère mon atné, destiné à
bériter des titres de la feunille; une sœur qui avait les mêmes
droits à l'attention de sa mère ; mais l'honorable (1) John
Danby louchait, Thonorable Julia avait des cheveux rouges,
et lady Ormington était aussi honteuse de ces deux enfonts,
que s'ils lui eussent été envoyés de l'hospice des enfants
trouvés.
Depuis le jour de ma naissance, au contraire, les nourrices,
les bonnes, les JFemmes de chambre, etc., furent unanimes
i déclarer que j'étais l'image vivante de ma belle maman, et
comme ma belle maman était la fille d'un gentilhomme de
province, n'ayant eu pour toute dot que sa beauté, elle pou-
vait bien être excusable de montrer quelque partialité ma-
ternelle pour son portrait en miniature.
La vocation instinctive de ma mère était la toilette; elle
semblait croire qu'elle ne pouvait trop donner de soins au
culte de ces charmes qui lui avaient valu le cœur ou pIutAt
la main d'un lord. A force de tourmenter son imagination
pour inventer des ornements nouveaux à l'usage de l'objet
exclusif de son culte , elle eut l'honneur d'en mettre plu-
sieurs à la mode : tel fut le pou^ Ormington, qui eut la vo-
gue pendant un mois. Si les Ànnuaîs et les Keepiokes eussent
akro existé, elle y eût figuré comme la plus délicieuse vi-
gnette du volume : mais son portrait peint parCosway, gravé
par Bartolozzi, a excité l'admiration aux vitres d'étalage de
tons les marchands d'estampes.
le dirai peu de choses de mon noble père, lord Op-
nington ; car, personnage influent à la chambre des pairs,
il était i peine question de lui dans le boudoir où je passai
ma première enfance. Plus tard je dus l'accuser seul de mon
^1, lorsque je fus envoyé au pensionnat de Cheswick, véri-
table purgatoire où, comme dans un hôpital de fous, on com-
1) NoTB DU DniBCTBOE. L« fils et filles de pairs n'ont droit qu'au titre
^honorahU, et ne peuvent être, même par courtoisie, qualifiés de lord ou
^ lady, à moins que le pair ne soit aussi duc, marquis ou comte.
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«Dttita parine «Miper «âsgraeien ^eyeiixbliMids pour «e
iivvétir ensttiie d'an affreux uuifoniie. Odieia «ouveoir Zijis
,viesefaisfoit,pettf -àraoÎHnteie si j'avais tu^aon apparUkm
daas la , psyché de 19a mère. Quelle iriaie eûgteace ,fot ki
iBÎeAQe jusqu'à ce qu'on ■ me tmaslévàt au collège d'Eton IMûs
liai encore Je ne fosrguère noÎAs à plaindre. Lacly Onningtea
avait vainement protesté; elle protesta encore lorsque je. ^
Mpaatriculé ^à Toinvecsité d'Ckfonl : une «éducation lunhrer-
tiaîpeéiait bonne ponr nionffrèiealjié ;.nms,7C[uVivais;ieibfSMi
fdu^grecet dalatiA.ponrètre nn jouTxOfiîcier/^iux^gaTd^? .Vov-
r4raÂiTi>n àîre de niai,:.par haaard, an miniatrei de) paroisse 7^.
.Se.voir la mère d'un, prédicateur babillé de,noirret«4Qf)aai,liB
. dfott« de. débiter en chaireuu^sennon.nasiUard «ur lesvnniAéa
du siècle 1 . . . quelle horreqr pour . Ia4y Ormingtoa l CeUe -îdé^
*$m\e lui cansa un^vanottissementcont^eilequAl îli&Uat em-
iplqyer tous lessels deMn:bondoir..On'Con)p«9ndqn'eUe«ii0
4t.pas «ne-aenlefois le voyage dfOxfi^rdponr venir ^y voir^^sM
(infortuné fils Cecil : il. est .vrai gu'alle y avait kîsié .peii4*
!dmt quatre. ans )alin».nion .frère atné, crokre .péniblemnat
jm -seience-et en sagesse, et «que «a sonvr Julie, était égaln-
.jnenl oubliée dans ]a.penston où eUeespéiait qu'avec le fw^pa
Mfiifibeveox rooges^passeraient à la nuance blonde.
'Fortder^antîpathiedenanière.pouple régime univevsUatfc^
leaus abréger nion.sé|our.>sur les. bords de rrlsis, la claaaifpie
/ffivière d'Oxford^enne foisanten^pulaerau bouidetlawsecondrs
année* Je rentrai sous le toit .paternel presque «triomphiUt
dei cette diatinctian négative. Afa mère, en effdl, merefat à
merveîUe en.ve^ittnt sa miniature devenue un ohaïuiantrAiEleMB
*davingtaAs;<maiS'moivpèfeiie vit pas duwmèmeœileetîumn
étourdi qni^ entperdant>ses> titra» schdaire»,ryrdait7en wOip
.temps un .bé*éfi<9e «eeolésiaatiqne réservé (depuis des^sià^lea
an frère eadet deik*fiunille»<at qpiirue valait jpas tmeîns id»
2,000 £ (25,000 fr.) par année, outre la perspective de con-
duire un jour le titulaire sur le banc des évèques à la cham-
bre des lords, tl ne daigna, plus s'occi^perde mon sod
lui-même et m'adressa à ses hommas d'ai&ire^» MM. .lian-
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seret^SiHitdi, HamemniK énm ce qnaftî^rtrès-pea «mf^
flK'WMI, de ine Taîi t 'ConiHrttre ^aon tihhifafdiin. '9e làe ptn
itfVwpéehgr^fte' tf wiiMw 'ini pe«i tte»eé(te 'meMce^-etwe 'voo-
kttt fms Tc^r |»kis tonglstiips >mi ^Mispeiis, J'iliai le jour
mtmt «iierdicT'Via '•eAtence t^lvec» c«b liomiéteB ipr<H«i«im.
Vii'dvrc «a'UR'iaquaÎB, «ces 4eoK>oréfftiimc«e feseemMeitl
dns (es QiitMB#e fa* ciHeAiie (nan^vehii-^, jê'cre'fs, *evniiH
Ut), "are Nen'de^^mliltfoànreéMis'I^éiliide, nne prm«cle pmeer
dtnie^OB^ pfcnnier^élaçe': leaHBm!'«es'geii94à Aseilt
appeler salon une grande pîjiee prrafne «aiiMi «œ 'ifi%in»
enage.le jetâUABtttoorde'inoi'wi-Tegntl amtz'iiiMaigiieiny
lonqie'j^qpepv» ^% ine '(Élble'prèB'de Jla^fAienmiée'^n'élait
Si«H»4^Bi^l)iHK')«Bne<éuierMail'«eflî9e et1millRit...4to*
■at^qve e'éMt 'la meMé i*mn* éee tmamiioum <4e mm ouiblB
iHne, je flevairtrap m Tnsprmma* deoMD ttfikâimVritoit fm
MieéaaxîfMsyteiinpcrtiiMate'ettmm... naMa^jeinedaflB
tana'IaJfete, «tjeiiiie'«eiiliS'di^iotéià»ètmBaiiioiM«C^^
oi «TOjwt 'la 'figure la- pl«apoétix|Be du »oiiéa.><^aIa '7«iua
9MbciieY«Kl qMHe.|NMal «tifin qade rttsBiwe^tbmailK
aMpiirilél<ipMl'OhasMelle;ioaf«»eveft*qnHBllÎ9KM
<l*ètre écrasée par mon affiad)ilité protectrice , par WwoeÉl
div«fc awcikqHl fe Iniidia:: « Qwg—iil— p ■■■■wrtanwiaitte
■e!te'déniB||;Bf)aa,D<e'fat«elle.i|n m'iinrilia^enan^dîaant':
t liUwjuiincimi, BWMCTt, i»A'ptttJ|iiABtcaDnBlady>OfaNH||^
In ranait 4tté «an -aqpotiiiDam* ^fcprèt «oes paobs^eUeifliB
fpanid(eU)e»AitrpavliB,ihit-<le>nii
npfÉar-dflns kqghiae, nBan:|diinpanr«i^adHHraritoalidSahi^
•ÉaB nMn hsMlfldB, '■MMB piynrjne'dvaiaBdar'SPQC doute lai
une femoie quelconque avait réellement pu braver les gràaw
hnÉndcB «de oHaB «àndividu. Nos : : 'ie JMmd «de uua «omvilte
tattafefine, moafAotdlhBCioeniaM Mi9a,tetc«,<dto« Ilrô(
la dame n'avait pu être insensible sans *inMiloir Ibisii vpoM^
Mes réfiexions furent interrompues par Ventrée du vieux
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152 LES PREMIÈRES AMOURS D'UN FAT,
Hanmer : il se frottait les mains, il aspirait son souffle ; entrée
classique des dentistes, des procureurs et antres bourreaux
du corps humain ou de la pensée. Mon salut devait lui témoi-
gner toute ma répugnance, et il eut beau me tendre la main
avec la franchise nonchalante d'un homme qui se sentait in-
vesti par mon père d'une sorte d'autorité sur moi, la mienne se
refusa à son insolente étreinte. Il n'en fut pas décontenancé:
ces gens-là digèrent à merveille tous les affronts de notre
classe; et le vieux procureur continua à me regarder avec le
sourire de pitié que Togre dut adresser au Petit Poucet avant
de le mettre sous la cage à poulets.
<( Mon cher jeune gentleman, me diUil, j'ai le regret d'a-
voir à vous exprimer le déplaisir qu'éprouve mon noble client
lord Ormington... » J'épargne à mon lecteur le sermon qu'il
me débita et que je résume en ces termes : a Vous ne pouves
plus être homme d'église, M. Cecil Danby ; votre père ne veut
pas que vous soyez homme de guerre ; mais si vous voulez
embrasser la carrière diplomatique, le ministre avec qui nom
sommes en bonnes relations consent à vous attacher à ses bu-
reaux, et si vous vous y conduisez bien, nous vous y ferons
toucher les quatre cents guinées dont vous avez jusqu'ici joui
à Oxford. »
Je fus agréablement surpris, moi qui m'attendais à toutes
les rigueurs paternelles, entre autres à être exilé dans nos
propriétés d'Irlande, au moment ou les salons du beau monde
allaient s'ouvrir; mais voulant, débuter en vrai diplomate, je
dissimulai au lieu d'accepter cet ultimatum avec enthousiasme,
et répondis que j'y réfléchirais. « Dans quelques jours, dis-je,
je viendrai vous porter, monsieur, ma résolution. .. Il me reste,
monsieur, à regretter d'avoir tout à l'heure dérangé Mrs. Han-
mer. »
Il n'est pas de vieux barbon de soixanto-cinq ans, marié
ou célibataire, qui ne soit enchanté qu'on lui attribue une
jolie femme de dix-huit.
« Mrs. Hanmer I s'écria le procureur évidemment flatté. Miss
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LES PBEMIÈRES AMOUBS B'UN FAT. 153
Emily , vous voulez dire. Oh 1 c'est bien sa faute si elle 8*est trou-
vée ce matin dans le salon : elle savait que je vous y attendais. r>
Sa faute 1 péché moins que véniel à mes yeux. Sans doute
miss Emily... n'importe son autre nom, avait entendu parler
de l'élégant Cecil Danby et désirait savoir si la renommée ne
le vantait pas trop. Cependant pourquoi avait--elle été si froide?
fêtais curieux ; mais je dus continuer à feindre, me proposant
de revenir. Je saluai donc sans ajouter une phrase, et je
partis avec Tair de la plus aristocratique indifférence.
CHAPITRE IL
Mon père était un homme tel qu'on n'en voit guère hors
de l'Angleterre : réservé sans être contemplatif, de bonne
compagnie sans être sociable , nullement méfiant sans avoir
confiance en personne; froid, très-peu expansif, et démon-
stratif encore moins; remplissant les plus petits devoirs de la
vie 81 gravement qu'il faisait croire qu'ils avaient de Timpor-
taQce;par sa gravité comme par son avarice de paroles prê-
tant on air de mystère à son insignifiance , il semblait avoir
pear de laisser deviner ce qu'il voulait foire, et cependant
qa'avait-il à craindre?.. Dieu sait s'il fit jamais rien qui valût
la peine qu'on en parlât 1 C'était d'ailleurs un homme moral.
Sesa&ires avec Hanmer, avec son banquier ou avec le mi-
nistre, auraient pu se traiter sur la place publique sans faire
tort à sa réputation ou à sa vertu politique; cependant il
semblait redouter que son valet de chambre sAt le mardi
qu'il avait le mercredi un rendez-vous avec l'un des trois ;
et quant à sa femnie... il est vrai qu'auprès de celle-ci il avait
des motifs suffisants pour être réservé.
Lorsqu'au bout de deux jours de réflexion je l'abordai
avec rinteution de lui signifier que j'acceptais son femeux
«^tmatimi, je ne fus pas surpris d'être renvoyé une seconde
fois à son procureur : « Pour tout ce qui est affaire, me
dit -il, je désire communiquer avec vous par une tierce
personne. y> A dire vrai, si je n'avais pas compté sur cette
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rifmae , tje «e «e .Amw fn v^l^ntiMs •olirassé^ ioiil'Op-
«111(101), et je me MBdbidraE'Haiimcr (;»ès-«aneax'de Teroir
ottas £nilf .
M. UHMMr était' sorti, son «B«eié ^éteHi^n TojE^ge «hepns
lafveîUe. «c Yeuillez bien, dis-je aa elerc, informer iBÎ9s%DÎly
qMj.*ai à hii patler de la part de lerd Omningten. d dpiioiiiy
le A0ffi dtticUent ie<^8 inporiant de Tétnëe, predvnsttson
effet} onne.ooariniflitffU'Saioi).
Cette eeoeMie «rinle, attendue m fmrtteiKhie, tieJéwncefta
pas encore miss Emily : ce fut avec une hauteur superbe
qu'elle se leva et attendittma baflan^Der; et moi, ce fut en bal-
butiant un peu que je lui dis :
xic Pardonnez , mias , .si J'oae votts (denamdor ^la ïJwrwrHie
TOUS obarger d'aurnasM^e confideatieliponr M. iTSkne^père.r»
.Son père 1 iAmÎB-je^étéJMNi pci»nBiè,i«e dont je éitttaîi,
qa'elleiétait kv&Uedu YMU-proeMPeur, é «arvoiJmevc, àiV^
iiiotk>n.de*«Mi.n^rd, à ia*flBcpnse,.à«oniindiemilmi>flitBB
peat"ètre... je ^is^que je.me.trempaâi. Elle ne:répenlitipai,
et.«)oi, Yxaîfliaàt coofiis, .jeine :8«iaiBsi jetdnmatrépéter «■'
dmande â ;la fois «i kunible et ai knpettiiiBnie. «e Mnteii
que Je davais avoir l'air d'miireoafd pna.mipîége.
« Que déairez^vens qae je .conaïuiiiqve A M. -Bmier -û
San retour? dit-elle anin aptàa aae «lîante de -sileMe , ^ét
d!iin ton ai madérécqnfi, si j'ainM»rexoîlé«aniiadi|fnaitioii,*6tti
Atoit d4îà.apaî0Ae.
— ^Sia)pleaienttqtte«voi]B»TeuiHîez bien <lni «ppienére qm
jfafiQapteJesiCoadîiioaB qoi mi'ontiélé propoaAseqMr «on «-
tennédiake, .répeadistfe,. n'étant paai étneq^faBeKpKcte, «i thd
niveler la.aitiiaiiûn.aii|0iiIiàreqiii fa.vendaît,ialfe(«tflf. ÊSaa^
mer, Tunique moyen de^«o■nlaaRal•8n qnitpftteaiiHiir mtWm
un jMÛr du^foyannerat •efijfikirésîdnitvaaBilBunêne:*!»!.
<«,J'ai Ulianmar de paaler ià M. Jtenfay Uy >
fitBÎdflaienL
/Je fia «n saint afirsatif .
•«Jb ne 'manfineBai pas de4épAlernratfe«aBHige,%
naa4-aUe an avangant hiimin'vieffB Inaonnalte,'^
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MIMMM •fou MT. 1116
«e'finpe eMoprorfre^e mon aHdMoe étohttwBriiiée. Iltn'j
arait plus qu'à me retirer, et je le is la tête basse, n'iajwM
•ftgaéÀoioan^iiertinMte mlrBMOA qne de deaesmlretncord
an peu plu» 1m» dans IVstioie d «fittily -et dans fat nîtntte.
>La fille on la'sièee il'ua firocavtiii'l mmaaim^e oanan
fooroeffimeT par l'accent népriaafttMec^tqnelj'eswyaMée
prononcer ces motsi et j'allai meniii^jjer datts letbiMéeir de
«B Bière. flétaal pmdaotinoaiflégottràrBtoB ét^fOifoiiiyJes
années avaient marché pour elle : la brillante lady*Oniringtaii
4iaii«De coquette aar le tetonr ^^HeYeDemt >c0core iiae< pe-
itile coar 4 «a toilette, «Mia ^aoti «^pignodle y >élait aoa)e«qHi^
^luetoisiafrecaariiiaHfoaae. Je lui 5is.pattidoa<kileiitio«(Aa
'VMNi fke at dermon 4ttce|»taiion.
ff Aion, dittoHe, onijonri^u ronti» toim poiarez.Aloe 4fli
ambassadeur, fin atkadwit, Tousinoatorez 'en )iîile;>ieivott
doDMiai «ne deaMa/cntDéea.i l-âpém «tArowjpféNittorai à
b dachesse ^ ilhmejmntk. aMieiMBille^)roiHfdéonMtrde)hi
fwmiiti oni^erskaîf e ; nais «évitea 'svriauii àmx «abasaa , iIb
tmM kpoKtiqm. «Le jeutirt la ipolitii|HetMint l^apaaage das
IHs aines. ël^Min ta'éiaittpafi «i^ slapide, il .poumit-finrorpaiv
'lar'dehi.AiicâriBailietimiflii(parlanieat; nattis Jofan nettU
que lire; jamais il ne fut destiné à jouer le rMe<d/itn i
••^AoemmeiittfiM Taoonnandoa^TOiiB »de ipaswr naon
teoipa? hi .damaadfflije ipo«r rine rptéicr à «ms Mlaa idéaa;;
ÊÊm aD*ae«ioineot qnelqui'on «ntfëitdAns.iebaiidoir.
^ Ah! WÊÊL lébète lady dianrîfit, lOoaHWfit '«Mos^voiis? 'dit
mtbtaère ; tTOUfitraneB vie ohordbarrpoiindlei^alnD larduuhaaaii,
.itje^fkîai'pas.BiAniefaoMKeMéinia tetiaile.
-^■^IHptdwa-^v^atts donc 1 répondit ane joiiiie(dani&i|piii{ilit
JW6'eliaMeuet«'asattrprèa.d« feu oMMae«i «Heiéteitjéh«K^élIe :
Vous avez OHMîé »notre (Teiid«a^.voii8 ^m iputehaiit ^yoIib
<fik;<e'a»t un jplaisirfaoDiflie«nfiiutre..4e*Aroiia(«nipnf%, «aran-
M^nr^Bie^dit^lle àfOiôi» enira6tfot«Mt4in ^laterqvi mdiqitdt
-V^'Me^mefdmKmMilL ua*ia«am^té»4voHfl le^^miBtpmUmBtÊk
4» sfaai Ait.OYpidaer d'Qifoid? i>
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156 LES PREMIÈRES AMOURS D'UN FAT.
Je reconnus alors la figure d'une jeune lady, plus jeune de
douze années que ma mère.
c( Oui, madame, c'est moi-même, répondis-je, et je ne re-
grette pas ce brusque congé , qui me procure l'honneur de
me présenter aujourd'hui à lady Harriet Vandeleur. » Ce di-
sant, je lui remis l'écran avec un air de galanterie que je
me persuadai être irrésistible.
Elle le reçut avec un éclat de rire, et me toisant de la tète
aux pieds :
<( Est-ce que le style des compliments à la Grandison est
encore en vogue dans nos universités? me dit-elle.... Ma
chère lady Ormington , allez vite passer une autre robe , je
vous prie , et je continuerai votre rôle auprès de ce jeune
homme... Il n'est pas mal, pour un ourson universitaire.
Confiez-le-moi, je verrai ce qu'on en peut feire. »
J'allais encore me lancer dans un compliment académique
pour lui exprimer le plaisir de tomber aux mains d'une telle
institutrice ; mais un coup d'œil malicieux m'y fit renoncer.
Lady Harriet était une Irlandaise d'une naïveté qui frisait
l'eifronterie. Oui , c'eût été de l'eifronterie chez une femme
laide ; mais chez la jolie et piquante lady Harriet c'était un
charme de plus.
« L'ourson doit-il rester debout ou s'asseoir ? ou bien lui
permettez-vous de s'agenouiller à vos pieds? lui dis-je quand
ma mère eut quitté le boudoir, et m'agenouillant en efiét.
— A mes pieds 1 dit-elle, pas mal, quant à l'attitude, mais
c'est une bévue quant à l'intention. En me faisant une décla-
ration burlesque , vous semblez me dire que vous ne m'en
ferez jamais une sérieuse. Allons, relevez-vous... avec grâce»
et tâchez de ne pas paraître trop empesé dans votre cravate. »
' Cette étourderie , calculée ou non , chez une jeune veuve,
me rendit muet; je fus dompté comme le sont les lions et les
tigres par le sang-froid de leurs gardiens. I^dy Harriet me
laissa le temps de me remettre en faisant une sortie contre
l'ameublement du boudoir maternel , qu'elle trouvait en ar-
rière d'un siècle sur la nouvelle mode; puis elle daigna s'in*
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LES PmBMIÈEES AMOUBS B'UN FAT. 157
former de la carrière que j'allais suivre , et n'eut pas trop
d'objections à exprimer contre la diplomatie.
« Yenez-vous avec nous chez la duchesse ce soir? mede-
manda-t-elle.
—C'est vous qui pouvez me l'apprendre, lui répondis-je :
aarai-je cet honneur ? J'attends vos ordres, mylady. Et je la
regardais avec une galanterie maladroite.
—Mes ordres I en ce cas, je vous ordonne de rester : bien
mieai, je vous ordonne de rester chez vous^ jusqu'à ce que
TOUS soyez propre à aller en société. Votre éducation est tout
entière à faire; vous êtes à mille lieues de la plus petite des
choses qai sont indispensables pour être souffert dans notre
monde : vous feriez peut-être sensation; mais faire sensation
est on triomphe vulgaire ; il s'agit d'entretenir cela, et pour y
réussir, il vous faudrait toujours marcher sur la tète (mora-
lement parlant); or, cette attitude, comme tout ce qui est
forcé, deviendrait fatigante pour vous, ennuyeuse pour les
antres. Se maintenir en faveur, comme il convient à un homme
bien élevé, voilà l'essentiel, et c'est ce qui exige simplement
une certaine dose de bon sens. Avez-vous du bon sens? Pour
le savoir, pour en être sûr, commencez, mon jeune ami, par
TOUS dépouiller de votre présomption : Il faut apprendre à
vouîffutr.
—J'apprendrai tout ce que vous daignerez m'enseigner,
lai dis^'e; mais comment parvenir à être humble, quand la
simple faveur de vous inspirer quelque intérêt ne pourrait
que centupler cet amour-propre, dont vous me faites un
crime
— Mais c'est de. la logique, je crois. Allons, vous n'avez
pas perdu tout votre temps à l'Université, mon jeune étudiant ;
et moi qui croyais que notre jeunesse n'allait à Oxford que
ponr y oublier le peu qu'elle pouvait savoir.... Néanmoins,
non pas pour vous , mais pour moi-même, je consens à me
charger de vous; car, puisqu'il sera de ma destinée de voir
beaucoup le fils fevori de ma meilleure amie, ce serait un
fléau sérieux que de vous trouver toujours aussi présontp-
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IM UBS FKBMI AHK AMOm» B'OIT VèX^
fliflorvwisiiAculUet^aiMsi.&ique œ so». AUoos, ne bém*-
sez donc pas yos^phunescoinMi unicoqieik^olère... Vou6 n'y
gigowez TÎM ((M ctoiYiM» tiîfe vmtfmt de vmb^ Je tous le
répète, cette franchise un peu brusque, qui me. -m si bîfio i
BHiî^ jeuie vevrci, o'iesUàMUre à mes à$auxi sufiiâP et wx 6m«x
ytw ie nwcoiM/U^: celte» fraiidnse^ serait dé(es4able da»un
jeune homme dont Icsyeuxae svai paspl» beaw qneoeuK
dlua avtfe, et dont la eaMette: est >un« cassette de eaèet de
bmille, c'esiràHUreirèsKSontostable. PourcéassirfanoLoeHSv
mMs^devea tédtiire votre rire à-uvisenrire, votre grosee roias
k.wm demi^toix^ vo&aMeitioas à des suppositioM. Pendant
qoalqiMB années e&core, vous n'av«E aueun droit d'«?oiT-iiiie
opinion à tous; une petite toux de vos aines veus couperait
la<paroie. Le jury se compose de.eeox qin ont dix ans de ploe
cpie»yoiis. Leshenvnes de trente ans sont toni à LoAdresî,
hommes assez âgés p^iM* aivYMr da t»ct, pas asseapoivavoir de
lasagesse. Auss»tèitqucineiis:devenoasTéelleineaè saçes, neos
dnrenons indnigevirts... téamn umm, q» ai trente^roisans...
Ausst, tout envoussigttalant vos déâMvtsy je s»s 'assez bonne
pe«r souhaiter que von» vou» corrigiez', et lâKlesBua, benu
aeir. J'enteads-le frohBM«t<de<la n»bede seie de lady Or^
mington^ et j'^eo suis d'ianianiphis aise.qne voiisvoit^ prêté
éclater... Je n*aimepas les explosions. »
BapS'iefait, j'ava«9:jbit pins d'unteffort'peavi^nteivotnpTe,
stais seins succès. Il n'y avait -pae' moyen de. fance baiser pih
iidavnHon à cette ohareaaeiAe andeee.
« BeMoir^ajeiita-t-^Ie, en portant fab main à^eslèvree» à
la mode d'Italie ; vous n'êtes pas encore suffisamment dane
M» boAMs grAoes panr qiue j accepté yet#e>bras jnsqn'à
mn voiAvre. Prowec-mcM vutne docilM^n^veetant icipendasl
qpe nmn «tiiena cfae^ 1» dueheete pevdve netreiemps, notre
acgent et notre biMfiiie. hnownr. Lieee cppelqaelivre utUe*. ..
fa» UtémMfùê^ A GnmmlfmK cm un roman* de madMie de
SkraBa^.pfffievMipies W<ieyappineeéctz.iei)e« feai^taie et lee
benMes^mawëretç D
fin^éi^ld^eoAiinjjfiMtien^ îe^anomdtiifÎBiJu^ porte
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de rhôtel ; je lai serrai même la main lorsqu'elle Tappuya sur
la mienne pour entrer duis«« THîlife; mais après cela, je me
trouvai presque hors d'haleine, à force de lutter contre mon
dèpâl et ma surprise*
Quoi doBcI mail un des j^umb q^qs left-pbis «finUonaUts
df rrniïrrniff j'fitiin linrihuffmié pnrunfi jilii) frmwM Afvài
tout, ellfr avait daàgoi me^iomnerqNhelcpie-eftpoîrt.. eH&s!6C^
c&()efiiit de moî.^ elle Dem'aimait pas eoeoDe, mais eU^sfa*
lait pas dit qrfelleae ro^'aimerafk jjBWiis Ab 1 e'ékiît peuÉ-èto
sa dé&l Oui, j# la {Mcerai de m!aiflMffi..cwi, je te j«v«V'«U«
flùdmeca, elle m'adûr^ca» efc.... roèmd'eU» «'éywiaara. Je» m
sùs-pas sis de m'étfie senri ce seiir-là4iftTerbe ip$mer:mÊm
cefiit au moios> d'un tenue équwralent. La feii est epi'àrm^
aas et six mois» ua frère cadet A'esA.{ia» encoie très'^Ar de
bire insi riche Buxia^,
Le lendemain, j'iètais ^eacoro dana les mètms dispiestèioiis\
loisqne je reçus une letlce qmrémUa en bmh vMantte senlN
ment: c était dtt vieux Haïuner. Je ne pettraja^ espérer* cpw
oe digae-procaKur meatiauiierait le nom d'Emily, el oepHiw
dtat je fiis àéuffioisUé conaie si je feosse eapéré', lorsqaa
j]arriiraiàia.si{[iNiture..ËoiiH» dia^wt^ee Halic:: Jrneistiw.jMM
lATête» nm$faifiécik4ivee eUê. h'éfUne d'«ii hooime d'aAâfeat
esl-y rien de iuqîjw peétiqurs au monde, lien de pli» seo, rîMt
de plus seftlencieux?£bLbieBl coUe^i^avantqiMrJe Touirrîase^
avait pour moi on parfum,. un -battquet^.ttiieémaiMitfoii'cA*
leste. Q«a]idj^l!ett&paicourue, il^ trouva ipi/eUaafaimiih
çfii tout ainiplemiwi que j;ayais.à ma^disposilio», chezte'liaii**
quier de mou père^ie preaûer quartier de ma. fienaioa, et qaa
kmiaisiredaB^a&ir^ètraog^nes, lordVoteilab^ja'atleodiali
la lundi suivant dajuases bureawLppurm'y iaataller lUMutoit;
Cent goiaéea à toucher! la patte, des. hauaeursc^ sTmitt^
pour voua. Ahl q|iiietî;^èftais.byùen.ttii«écoIier.de.vii^(t«ai»^^^
BOUC ne pas votriàplus dei^oisie.qua daoa tauslesiOuviiatM
réunis de Crabbe, ScoU^%uui^.Wordswoi:th,MQ<H«>iate.,^^
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160 LES PREMIÈRES AMOURS B'UN FAT.
CHAPITRE III.
Le lundi suivant , je fus donc enrôlé parmi ces esclaves de
la nation qui passent cinq heures de la journée à tailler des
plumes ou à dessiner des chevaux, des chiens, des caricatu-
res, etc., etc., sur le papier de Sa Majesté dans Downing-
Street. J'avais avec moi jeunesse, santé, espérances; je crus
que je devenais mon maître. Ces cinq heures étaient bientôt
écoulées. Après mon jour de servage officiel commençait mon
jour de servage amoureux ; car je me rendais au moins trois
fois la semaine des bureaux de Son Excellence aux char-
mants salons de Grosvenor-Place, où présidait lady Harriet
Yandeleur. Cet aimable tyran n'était jamais visible avant
quatre heures. Elle ne se levait qu'à midi (Y aurore de$ jo-
lies femmes). Je me demandais quelquefois comment elle
passait le temps depuis son lever jusqu'à l'heure où ses salons
étaient ouverts. J'avais bien vu dans mon enfonce lady Or-
mington consacrer six heures consécutives à divers détails de
9a toilette ; mais c'était une époque où l'arrangement de la
parure d'une dame n'était pas une petite affaire; il ne fallait
pas moins d'une heure alors pour se lacer ; tandis que lady
Harriet était à la tète de cette école du Déshabillé^ qui im-
provise une beauté, avec tous ses atours, en trente minutes^
Lady Harriet portait invariablement une robe de mousseline
d'une finesse exquise et d'une blancheur irréprochable : ses
cheveux étaient toujours noués avec la plus grande simpli-
cité, sans colifichets ni rubans. Enfin, à l'heureux moment où
j'étais admis en sa présence, elle montrait un air enjoué, qui
annonçait le contentement du cœur... des yeux rayonnants
d'intelligence, des lèvres fraîches, des joues animées parla
conscience de sa beauté : non, avec une figure si expressive ,
une femme ne saurait cacher à des yeux jaloux si elle a été
trop tendrement occupée en votre absence.
Je n'avais aucune occasion de résoudre mes Routes. Le ha-
sard m'avait favorisé d'un tète-à-tète lors de notre première
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us PREMIÈBE8 AMOURS D'uN FAT. 161
entrevae; mais depuis je ne la vis plus seule. Nous nous ren-
contrions dans la foule du inonde ou chez elle ; mais je ne pou-
vais jamais arriver dans son salon qu'entre quatre et cinq
heures: il était déjà plein. Un jour, que j'avais dérobé un quart
d'bemie sur mes fonctions officielles, et que je mettais le pied
dans Grosvenor-Place, cinq minutes avant c|uatre heures, je
me trouvai devancé par un certain colonel Morley, le plus
laid des officiers de la garde, mais très-aimable et très-sédui-
sant. Je ne veux pas dire qu'il me séduisit, mot ; au contraire,
il y avait dans son regard perçant une sorte d'ironie de bon
ton qui me glaçait le cœur. Sous l'influence de ce regard, je
seniaôs mon esprit s'évaporer, et mes plus piquantes anecdo-
tes échapper à ma mémoire : comment n'aurais-je pas détesté
an pareil homme? c'était mon mauvais génie.
Ne pouvant arriver le premier, je m'arrangeai pour rester
on jour le dernier, et ma petite manœuvre pour garder seul le
terrain fut si discrète et si calme, que lady Harriet, qui ar-
rangeait ses vases de fleurs, me récompensa par le don d'une
branche d'héliotrope.
a Yons avez fait des progrès, M. Cecil Danby, me dit-elle,
il est joste que vous receviez un gage d'approbation et d'en-
couragement. Franchement, vous possédez presque par cœur
la plus difficile des leçons, celle de vous contenter d'être une
des fractions du grand tout, un des mille anneaux de la chaîne
sociale. Ceux qui prétendent à davantage ne deviendront pas
même cela. Vous n'avez à présent aucun droit de vous tndtvt-
dualis^^ vous devez vivre de la vie de la masse, agir de son
action, sentir de sa sensibilité.
— Sous un rapport, répondis-je avec chaleur, je sens en
effet ce que sent la masse , c'est lorsque je vous adore...
— Ma voiture est à la porte, interrompit lady Harriet , et
si voos n'avez pour me remercier de ma gracieuseté que de
pareilles platitudes...
—Votre gracieuseté 1 m'écriai-je avec le soupir d'un tendre
rqproche.
— Ne traitez pas la chose trop légèrement, répliqua-t-elle,
5* SÉEIB.— TOME XI. 11
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m. us PBUnÈBi» Mtiowm s^un Fivr.
mr jeTouftlone «Koeiv plus p«r YeÊei d» m«i
ipief par svitrdeTO&fliérîle». Vo« été» tm bo» ehanM: ymoé
svea apprift' i rom baUllar sinpieBieiii et à vmm tonr siar 1«
gMond ptanidiilablea«;;mai»Touft af«iein«Diti de»noadn
de sagesmr à» acquérir; Vm» parles liop' et ¥««9 ries iMp.
¥od dents 90at berik», inMw anreH de Veeprit*; mne- celu se
Mrffit paâ'povi vdfW'TeiidfraieiisaUBde iriwieiir donriaer par
hi yfotjt dung ua (Soton, eiJB vetie vetbiage rériiift a» sileMce do»
fvreoMMs qai avec pli»é-€9priili qneringus ont br vus mM»
Ibfte... Regairdez. leGoteoiel Iforiey.
-^ Grand metci, modaflde ijfùvMÊM mîta» Véeouler qw
le pegovdef .
*- Ceat tout Toppoeé de vous, . me dié-elle peur lélorqnec
mon impertinenee. Voue feviez bieib to«itefeis< de l'étudier ta
de ptendre modMe 9«r Ymsowiimne€ d*hoiMiiebiett Mevé «rec
bofoeHe il consent à lesler îniafiarçu pour laisser la cairii^
ewerte à u« spîntiicd étourdi qui a son début à iaire dana le
monde. )»
J'euB quelque peine à me contenir aprè» cette iasulte ; hmms
lodlf Harriet avait un aourive si ykpiaiit dans son sarcasme,
et^pour aj!0iilerq«eh|iie emfhaeeàaes-poroles-mordantes, elle
fil mi geste a:rec une mrâi' si Uoncbe etsî flûgnoniie, que je^ia
laissai eoiatîiroet:
« Oè est la fleur cpie je vîea»de toob doiuier? >^ demoflKk^
t«-eHe en pensant penU-Moe ifa'elle n'avait pon assez ménagé
mon amonr-pvoproc
Je sépnndi&onpoTtBnlJaniainaiip foen^eeeiir.
K Ayez la bonté de la placée il \«s4re boutonnière, oonli^
nwa t f!iUe froidemant^. Siq)p€>sen*-vo«s qoo jo vous aime aasex
pour vono donner une- ileof dont je ne voudrais pas vouo¥oir
v«ns parer? ie vous Vai-donnée eomme Napoléon donne une
désoration : la croix d'honneur cesserait d'en&nter des béios
si on la portait en cachette. »
A« mon retour d'Oxford^ l'ordre^de fake montre d'une flenr
reçue de sa main aurait flatté ma vanité ; mais je n'étais pfais
si novice. Je vis qu'elle n'avait aucune craiate d'être corn-
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pMBMt pv ttM ; fà tttriiiiy et i j^ne élai^edanate rat^ q«e
Harriet l'apercevrait là en montant daas m v^iluBe. i
UBJuuaim f<m qii»*aiineiilfMv la^pteniièie Cm^osI pue»*
(|«f amè sHMsplitaleH ^ ont pe«r dl& ridinle pietf^a antaot
(fK tai'wilkKd^cfn ainitat pour hi dèniière.. J^'élaM ftrÎNHi
de «pit. Êtie le jsiHt A'«ne ed^tteHe... Ir phAftiMi d'M co-
ta«k lMb]^LPèBdMÉ àKM jpMm» it*e l«MMkti lae «. IrawM
aoBÉtailp iioB ^MO, je me prim é'alkv A GnoevMOf-
fihee.Jh mt nooÉnet à rdpért e* dm» k» miees lieu eè
je rencontrais lady Harriet, j'avais l'espérance seerèèe que
j'rikn fseofiMi m ds es» jettv bîikiaf A p«ttea dewMlelwqai
nfmieBifappéayecé^JMtm adreeits q»i bi «ienne sttr fai
tabk de ton aaten.. Ma» j'aftendieeA vm, ai je-peidis p»-
; kl MNâéti piqMBftir de^My HarBÎel m'iML dfevtM»
« Depnis quand de retour en ville, M. Danby? m
d»4«cile d'«n tM praleelM* lofafMj'eiitBaft.
•*- Je i^eî pQe<i|«lttèLoMieefl^ tari rèpolldft»-j^y piqoèé'élM
fmfkét pioelaeHrioiÉft hininik fiaâft deat je levaewaîe perfû^
^m îe cn>|M. Vowaowilè aldade^ m'eafr^ pM?
— Jeme «ns tiAvtte&pertéveqrledy, etî'aî m» il f e tref»
je0% à rOpéiBr que f IM» jonkaieiiaigi de leeto velie Bitt,
~ilil 4M VOféim «I détealable eeC«^ siîsonl Si en w
Doei ëa— iiiiie de ainty je fieêreipae miHKaytf Mk le^e»
dàkbdf ■■nèiea ee^dvdMeittefs le^mui^efaie deOevereut,
owén neweifes maniêede VaMiéev.
-^Ccsl €v qi^e^diâ tei^evto^ iceMerfEet- le jeueemantHiae
ee HiwiiMil , ei pei» Foii geneeraHé le«iouvs ao» eboMM-
. B leedik ftt^ettneTpeet ae peaeor deeespeeiade, te«i
ieat
—On» en eeoMieMeneB& et à 1* fi» de le saiao», teprii
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16ik- LES PREMIÈRES AMOURS D'UN FAT.
lady Harriet, €[uand on n'a rien de mieux; mais en ce mo-
ment il me faudrait pour y aller plus de temps... et de pa-
tience que je n'en ai. »
L'hypocrite! elle ne manquait pas une seule représenta-
tion. Aussi j'y allai ce soir^à et me plantai en face de sa loge^
voulant au moins exciter en elle sinon la honte, au moins le
remords. Comme je m'y attendais, elle y vint; comme ^e ne
m'y attendais pas, elle y vint avec la jolie marquise, et je dis*
tinguai au fond de la loge le colonel Morley l Je fus bientôt
certain que lady Harriet jetait sur moi un de ses plus ironi-
ques regards. Je résolus d'affecter au moins l'indifterence, et
me mis à promener ma lorgnette sur tous les rangs de loges,
passant eu revue les beautés présentes avec ^in^>ertinence
d'un novice...
Tout à coup j'aperçus à demi cachée derrière le rideau d*ane
troisième... oui, c'était elle ou un ange... miss Emily, anssi
belle que jamais,* miss Jlmily, si belle, que la surprise de la
voir là fut effacée par la surprise plus grande encore que me
causa la réflexion d'avoir laissé passer un mois sans me sou-
venir d'elle l
Je n'eus bientôt plus d'autre pensée que celle de la voir de
plus près, de lui parler si c'était possible. Je me dirigeai donc
vers les troisièmes loges, et me plaçai de manière à y vérifier
que M. Hanmer n'était pas là pour garder celle que, par une
insolente supposition , je persistais à croire de sa famille.
Elle avait pour chaperon une vieille dame , vêtue de noir
comme elle. Depuis un mois, je n'arrêtais plus mes regards
que sur ces teints fanés de la vie fashionable, qui, vus en
masse avec la peinture fraîche de leur fiard, n'excitent ni sur-
prise ni dégoût. Mais l'aspect de cette beauté si jeune, si brilr-
lante, si pure, m'inspira une admiration qui fit terriblement
tort dans mon cœur à lady Harriet et à toutes les autres belles
dames de la salle. Ck>mment résister ila tentation d'aller l'ad-
mirer de plus près encore, au risque d'être de plus en plus
mal reçu? Je me fis ouvrir sa loge, non sans émotion, et ce ne
fut pas avec trop d'assurance que je pris un air dégagé pour
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LBS PBEMIÈRES AMOURS D'uif FAT. 105
demander des nouvelles de M. Hanmer. Les répouses d'Emily
forent aussi froides que succinctes. Elle me mit à ma place ,
comme on dit vulgairement , et je me trouvai si petit à côté
d'elle, que j'aurais tenu, je crois, dans une coquille de noix.
Quand elle vit que je ne quittais pas la loge, que je continuais
même mes questions , elle se tourna tout à coup vers sa vé-
nérable compagne , et elles s'entretinrent ensemble dans une
langue inconnue. Ignorant conmie tous les jeunes diplomates
frais éclos des bancs d'Oxford, je reconnus seulement qu'elles
ne parlaient ni anglais, ni français, ni allemand; mais je
n'aurais pu dire si c'était en russe, en hongrois, en polonais,
en espagnol ou en portugais. Dans la bouche de la vieille
dame, c'était un langage grave et sonore; dans celle d'Emily,
nn langage facile, doux et d'une mélodie ravissante. Je fus
doublement fiasciné par les yeux et les oreilles : j'aurais voulu
m'éloigner ; je ne le pouvais plus, et j'osai même, pour jouir
plus complètement de mon extase , me glisser sur la seconde
chaise, à cété de l'enchanteresse, sa compagne paraissant ne
pas se soucier de se montrer sur le devant de la loge , peut-
être à cause de la sévérité de son costume au milieu de toutes
ces parures aristocratiques de bon et de mauvais goût. Ayant
plongé un regard dans la salle , et m'étant assuré que j'étais
aperça par lady Harriet et par mes amis de l'orchestre, je
sentis une assez forte dose de ma fatuité indiscrète pour expri-
mer é Enûly le regret de la trouver dans une si mauvaise loge :
«Permettez-vous, ajoutai-je de mon ton le plus insinuant, que
je vous envoie, un de ces soirs, la loge de ma mère? c'est une
loge de balcon, d'où l'on a le plus beau coup dîœil du ballet. j>
Emily me regarda d'un air calme, quoique un peu surprise,
mais sans prononcer une syllabe, et je continuai, comme pour
loi rappeler la nature du lien qui nous mettait en rapport
elle et moi : a Si lord Ormington avait su que vous aimiez
rOpira, je suis convaincu qu'il aurait eu l'honneur, il y a
longtemps, de l'offrir à M. Hanmer. »
J'en étais trés-peu eonr^aincu. Lord Ormington n'aurait pas
plus osé disposer de la loge de ma mère que celle-ci de son
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146 LM raEVlèRl» AMOVM 9"^ PAT.
argentem^e fitnMi4«; imm je voulais que iatiUe oo la aite
4ii vteu« procnreitr se soirrliit des égards qm étaîesA 4w an
fils du'ptns >noUe€it du plus tmportai^dieot éa l'élude.
JV)biins k» IcnsA jwte im léger «alat et tête, et pan
Snifly reprît sa ccmversaiîoa en langue nieonaiie. Avec la
snsceptflnîité de mon ignorance, je me permadaisqv'oii-pav-
latt denfioi, etjeme sentis sîma) àmonaisedanannepanflle
sHnattofi fine je we 4evni, je sertis de ta le^ etredesoendw aas
premiièreB, où foyant «qae liorler n'étailfihia tawprés de iady
Harriet, je mlnsinusî à -sa ffcioe.'
Là dn moins f ol)tins ealni vxk «uoeès. Jamaîa Iady Harri^
n^avait été pkn affslyle. On m'aratt eert»neinent aperçu an
iroisîémes... 'c'est^^^Rre à côlé «de U beanté la phis remap-
cpiable de 'la srifte; pevt^tre aussi parnssatt-on à mon profft
le coloml de sa désertion. Cette seeo«de idée, cette pem
tPétre nn piê^Ur me rendit toute ma vanité : à une coquet-
terie manifeste je ripostai par une amabilité inaccoutumée.
Favais à cacher d'ailleurs mon échec des troisièmes, et je me
fis irrésistible par une gaieté fectioe , appelant à mon secouns
ee jargon fasbionable aussi aisé à apprendre que Tart de
mentir, quand on veut bien y appliquer son esprit. Je crois
«miment que j'inspirai Iady Harriet elle-nméme : die était iâ
pomr moi comme une fée qui laissait tomber des perles et des
diamants de ses lèvres; mais j'avais à venger une défaite, et
je la pris pour Tictime en l'admirant beaucoup moins que je
ne m'admirai mot-même , je veux dire en restant dans les
termes de la plus tendce galanterie... Mon véritaMe anov
était désonnais aUleufs. Aussi, cinq minutes avant la fin.do
ballet, au imReu d*un 'feu croisé de bons mdis et ^éTaneedotes
agréablement brodées , je me levai comme si je me rappelais
m engagement, je fis 'unéprofende ré^^érence et je diapnnas.
Kien ne pique -une fcmme du monde comme de se voir
ainsi déseilée par le cavufier cpi «vient «de trouver*. une ^eon^
fortable hospitalité dans sa loge. TTestH^e ip&s lut^dédarar
hardiment qu*U dédaigne l*honnenr de Toscorterjusquli sa
^ture? Mme c'eat un dovd^le ufiront quand f 'ingrat a Jual^
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um mifiimis àMùmê »'tnr pjmt. MT
•Mt «nez occvpé raUMlioii ée fa Atme pour teair retp«o»
ftesC à l'éoait to«t — tre cewilwti de §eB dbmnumqêi
t p« panier à inettîr {Mue preiwred'asMduilé â ce iMHMOt
Je m M noMUèiDe de omni ingnititade et me dirigeai vem
f«iQalîfr 4es troisiènes , ««rieux de voir ««ne qoelie eeeerte
masculine sortirait Emily. J'eus peine à faire une trouée é
limn fa inle qM^etcendail dé^, et eette pxtie delamlle
Attt é flMitié dégarnie farsqoe j'y arrivai.
TooÉe penonne jMsez OMlbewmwe yeur firéipMûter fas
IhMAfes de l..oiid#es, «oit 4Si ce tenip»4à, seit oujoiird^lyii, o
dû remarquer avec indignatioa eenlûen est grossièpe oeMe
daMe pc^idaîre qui i^uplit fae gaiierfas, et co«Ql)ien aussi est
incovireiiante une anire ^Aaise siieux née peoi-étre, maia
fKsqve aussi nai tievée, dont k gaUnterie consiste à regav-
dereffiroatément une fenune, et rhéroïsme i tuer un homan
«adad.
le (roavai la lo^ d'Emily assiégée par un groape de Lov#-
laeesdeeette eeooade classe, qui attendaient que la belle per^
smatf sortit, et qui la tenaient prisonnièce par la penrdea
îasrites asixqaeHes ette se voyait exposée. J'eus lun bon ommi-
wamt, et j'offiris 1 ces danes de denr donner le bras : cetie
oiw fat aooc^ée après qu'Eoitly eut adressé qadqMesfkbcaaeB
rapides à sa compagne, et je compris qu'elle lui jcitaît les
aoDsde tord Ontaiiigton et de IL Hanmer pour iaiexpbcpier
qai j'iétafa. et Je enaina bien, <dtfr*jie alors «n iroyant ^son air
ému, que vous ayez éprouvé' déjà quelque désagrément ;4ai-
une! anieaieat me aaontrer d'individu qui. . . »
Elle m'»A»ranipit. <c Si j'acoe^te voire potitesse, ne dit
&Biiy, c'ieatA la coAdition iqae vousne lérez aucune atten-
lîsa i eeupa a fni(arri¥W <ou peut aitriver encere «par rappourt
4910». BfaA ne. aie chaqnacait eoaime de devienÂr le siqM
d'une idiapvie an fnUic. a
Iwtioek'Se passait tarifa senti 4^ falote, «etd^lav»^
d'an iisoleelaHr aoeonsm et autorisé 4oat on acceptait le bcAS
dispersait la foule des insolents. Nous desomdkakes eyaAS w
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168 LES PREMIÈRES AMOURS D'UN FAT.
coudoyer un seul. Emily, un peu rassurée, ajouta : a Le gen-
tleman qui nous- a accompagnées ici, le mari de madame
d'Acunha (c'est ainsi qu'elle désigna la vieille dame), doit avoir
éprouvé quelque accident qui Tempéche de nous rejoindre ;
il nous quitte ordinairement pendant le ballet pour aller se
placer au parterre , mais il revient toujours à temps pour
nous escorter.
— Et vous avez été exposée ce soir à quelque désagrément»
j'en suis convaincu... Ne le niez pas, lui.db-je en voyant
qu'un dernier groupe formait une double haie sur notre pas-
sage, fixant sur nous des regards grossièrement rieurs... Sans
doute votre voiture vous attend?
— Je n'ai pas de voiture, répondit Emily sans le moindre
embarras, sans la moindre mauvaise honte. Peut-être aurez-
vous la bonté de nous faire approcher un fiacre, comme au-
rait £ait M. d'Acunha s'il eût été ici. d
Je fus frappé d'horreur... non à l'idée de faire approcher
un fiacre, un vulgaire fiacre , je le jure, mais à l'idée de lais-
ser Emily et sa compagne seules dans le vestibule du théâtre
pendant que j'irais chercher la voiture dans les affreuses ave-
nues de Shepherd-Market, ou les fiacres stationnaient à cette
époque, a Je n'ose pas vous quitter, lui dis-je; accompagner-
moi jusque sous le péristyle extérieur, et un porte-flambeau
nous procurera un fiacre. »
Le porte-flambeau (linkboy ) était dans ce temps-là la pro-
vidence des personnes forcées d'aller au théâtre sans laquais
ni voiture.
«Une voiture! demandez une voiture 1 nous crièrent une
demi-douzaine de ces drôles avec leur voix glapissante;
— Une voiture I demandez une voiture! répétèrent en même
temps derrière nous d'un ton goguenard une demi-douzaine
de ces beaux messieurs à l'insolence desquels Emily me de-
vait réellement d'échapper; et quand le fiacre fiit amené» le
même cortège l'entoura , après avoir emprunté les flambeaux
des linkboyt pour nous éclairer avec les mêmes intentions
d'insulte ou d'ironie.
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LES PREHIÈBES AMOURS D'UN FAT. 168
•^ D fimt^ dis-je ioat bas à Emily, que vous me pennetUez
de vous accompagner jusque chez vous , serait-ce à côté du
cocher. »
Eim]y ne me répondit pas; j'interprétai son silence comme
un consentement... Si je n'avais tourné la tête pour chercher
i reconnaître en parlant un de ses lâches agresseurs, j'aurais
fQ qu'elle pleurait... A peine assis dans le fiacre, où je m'é-
bnçai après madame d'Acunha, j'entendis ses sanglots et la
yis se presser avec une sorte d*effiroi contre sa compagne.
Je fus assez mattre de moi pour ne pas lui offrir des con*
solutions qui n'auraient fait qu'augmenter son embarras.
Mon rMe était de rester là, champion silencieux et discret.
la vieille dame — ou madame d'Acunha, puisque c'était
800 nom, — ne fut pas âchée de s'emparer de la conversation
par on torrent de paroles que l'accent de l'orateur me disait
assez être l'expression d'une fureur conjugale contre ce mal-
heureux retardataire ou réfiractaire M. d'Acunha , et proba-
blement aussi contre les chevaliers félons d'Angleterre qui
avaient menacé de leur agression deux dames seules. Je pen-
sai qoe le cher M. d'Acunha courrait quelque danger de la
part de cette Junon furieuse, à moins qu'il ne parvint à jus-
tifier son absence par quelque attaque d'apoplexie pour le
moins. Cette idée fit sourire ma malice de vingt ans et demi ;
toutefob je fus bientôt absorbé par le chagrin d'Emily, dont
je devinais tout l'orgueil blessé, toute la délicatesse en souf*
france. Ses larmes s'arrêtèrent au moment où, grâce à un
petit retour que je fis sur ma vertu digne d'Amadis et de Pal-
merin, je pouvais m'attendre à en voir couler quelques-unes
provoquées par la reconnaissance.
« Vous êtes un peu remise, j'espère? lui dis-je, ne voulant
pas être réduit plus longtemps à mon à-parté^ mais en con-
servant le calme le plus respectueux dans mon attitude. En
tête-à-téte avec la vieille madame d'Acunha, je n'aurais pas
conservé une perpendiculaire plus décente.
— II me reste toujours, répondit-elle encore émue, l'amer
regret d'avoir été l'occasion d'un dérang^nent aussi désagréa-
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tTD LB5 PUBMIÈRBS AHeOftfi D'HIT PAT.
Ue^ponr les persoDDes qui «ODt arec moi. M. Hmmer m'a-
vait biea avertie qu'il y avait de l'impnuleaoe A satîsfiMfe bml
passion pour ?a musique en me hasardant à l'Opéra acoom*-
pagnée senkaieiit d'élranepara qui ignorent la langue anglaise ;
iBais rhabitude rend téméraire, et j'ai déjà ei souvent occupé
iamème loge «ans être reaiarquée ou suivie, que je oMeaîa
•d'avoir la moindre apprèhensiofi.
-^ liais oonHaent, lui dis-je, votre pêrt, piévoyant le dan*-
ger, B'a»t-ti pas iainiiéme voulu vous accompagner au tbi4-
4Be?i^
£Ue me répondit avec douc^iri
<« Voilà deux fois que vous me parlez comme «i j*4taifi la
£Ue de M. Hanmer -: TOtre courtoisie vous donne droût à des
asfriiealioaa que je n'aurais pas cru devoir à un étranger. Je
aats sa pupnlle, coniée è ses soins depuis quelques mois, «t
^ m'appelle Enuly Carnet »
£nfin elle coamençait à se faire connaître.
f( J'espère, lui dis*je, que, vu mes relatioiw de fiunilleacv^c
IL Hanmer, vous v<oudrez bien m'aoeorder le privilège de
me montrer votre champion partout où vous aurez bosoia
«d'un proteetear?
— Vous avez lèté très^Migeant, répendst £m% , <t je smîa
aanaible à votre courtoisie.; mats vous deviez ne pard
ai je voue assure qae toute relation plas Â&lîme entre i
-aérait trèsnaal vue de mon tuteur. »
C'était me jeter legaat de défi un peu eavaUèrementI
îeti'avais plus le temps de répliqaer. Les pleurs d'Emily «'é-
iaient prolangés si déraisonnaidemerà que nous étions à la
porte de M. Hanmer dans Sêmtkmnpton»- BuiUUngê. Je m'a-
aperçus en mèmctemps q«'«n eecoad fiacre «leua «uivait, eon-
^eaant saa«< doute des dievaKers moins fliscrcAs que bmm.
r«iUaie «descendre p«ar damier la main âmes deux infmtauy
Inrsque'Emilf m'aMta t
a J'ai une faveur encoite A «vous demander, me dil-eHe^ c'«eat
de iiouknr bien accompagner madame d'Aeunfaa «bez ^lle
iBartoa^nMoiat. 8i elle s'arrêtait M paur vaas^Mlar
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LH FBni*BBi AMOBMS 0'UV FAT. ITl
MUe pane, IL liiMMr «ppieadrait ifïi\ nou» est survenm
^qw oboie d'csIrioniîiiftiM, eltseraii inquiet une avtro
tà^ Madave d*.AciualHi.«e parie pas raQglaîft, autiieffieai eUa
foiiàait aes nflMRteants aux nûmM.'))
1 •ssflietft, EnUy santa 4a ^pfcnière hors du fiacre, doot if
«nthepiei awt été imasé peadatttaa'ddriHèrepi}vase^.la
eMii€r«vaitagîté lenarÉeau pretiaUenient. Le derolaqnafti
de MH. Hanmer et Snatch était sur le sevil aivec lUi flambeaiM
iae o» rastadt pfais qu'à me débarrasser dela'vieiik dame
aMchviéamoUkîté q«0 la jeune Vétak débarraMéedencit
awptBVDÎrfdanJMr om leçon à ceax4]iÛA0iia avaient sui;^i#
tteité«edl dans le-fiaone avec nadante d*Àcanha« je veomh'
OM «nÉn i^se «e veapeetaUe tèiftenm, fisimplemeot véliii
eibafattt <e déUcienx parfont de yaaille cpaî semble être VMêr
MMphère Bafenrelle de ienies les femoMe <ki P^rluf^al» et je
regrettais de ne pas entendre «a .mot de la Imgne -du Cth
iDOéag , povr la firire jaser sor fimily Barnet. Je la déposai
donc sUeacîenBemeBt devant ime maison d'assez honorable
qjpareaee, dans Bnrton-^reseent , et j'allai dana mon petit
appartement d'Haaover Sqpiape réfléchir aux diverses av€A*
tares de ma soirée.
le n'avais pas trop à me plaindre:
Aamdoné par lady Harriet — ajrant eu cm aomrtre de la
«arquise de Deireren — remeroîé {finciensemeat et afihe**
taeviement par Erail; ! — il 7 en avait astei pour faipe éenr^
ner une tète plus soitdemeot iioëe que la mienne eur an
«paaies.
CHAPITRE IV.
tahnéimBin nagiti, i neuf faemsm, fe me prtpawaîi ft aa»»»
*riB lit, nn pn mmlrarié d'^4ire tenu d'atter^ à dix, iEaara
■w «iami dans lni«(rmng.Btreet; Tim, si^n petit iaipam (^en
«e4eaappelnit paaMmredettigne), TinÉMmitiri
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172 LES PREMIÈRES AMOURS D'CK FAT
et posant un petit papier plié triangulairement sur mon
oreiller, me dit : k Monsieur, le valet de chambre delady Har-
riet attend une réponse. )> Lady Harriet! — Oui, le voilà enfin
ce billet, messager du bonheur. Elle est piquée, j'en suis sArl
Lisons. Lecteur, je suis un jeune lion de vingt ans et sept
mois, couché dans Tédredon moelleux d'un bon lit A la fran-
çaise ; est-ce (pie je commettrais une trahison en vous com-
muniquant ce qui suit?
«Veuillez bien venir dtner avec nous aujourd'hui à Richmond.
Si vous êtes à ma porte vers quatre heures, lady Devereox
vous offrira une place dans son barouche. Nous partons de
bonne heure pour avoir le temps de nous faire un peu cbam-
pètres avant le dtner; peut-être, il est vrai, les lilas et les la-
burnums ne sont-ils pas encore assez en fleurs pour satÎBlaire
aux désirs des rossignols et des dames du beau monde... A
propos, j'ai une querelle à vous faire ; mais c'est à Richmond
que nous nous livrerons bataille. »
Une (pierelle! mon cœur gonflé de vanité me disait que
c'était au sujet d'Emily. Lady Harriet savait déjà que j'avais
escorté le soir une beauté anonyme... et d'ailleurs ne m'avait-
elle pas vu dans la loge des troisièmes! Délicieux triomphe!
Je méritais d'être rappelé à l'ordre avec réprimande 1
« On attend la réponse, me répéta Tim.
— Je répondrai plus tard, dis-je, bien décidé à ne pas ré-
pondre avant le lendemain , et à répondre de manière* à dés-
esp^er ma jolie veuve. Dix ladies Harriet et dix marquises
ne m'auraient pas fait aller à Richmond.
De même que l'invitation de lady Harriet me déterminait i
refuser, le refuê d'Emily m'excitait à retourner à Southamp-
ton-Buildings, à y retourner ce jour-là même de quatre à cinq
en sortant des bureaux de mon ministère , juste à l'heure du
rendez-vous donné à Grosvenor-Place. En effet, un peu avant
cinq heures j'étais à la porte du vieux Hanmer et iiadsais des-
cendre le factotum de l'étude : « Dites, lui criai-je de ma plus
grosse voix, dites que M. Cecil Danby est venu s'informer
des nouvelles de toute la famille, et remettez ma cartel » ie
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LBS PBBMliB£fl AVOUBS D'UN FAT. 173
ne retinds, bien persuadé que j'avais été entendu de toute la
maison, et laissant le clerc abasourdi de cette singulière dé-
noBstiation.
Le surlendemain était jour d'Opéra; je m'y rendis, me
préparant à revoir, avec un cœur ému, la scène de mes inté-
ressantes aventures; je savais que lady Harriet n'y serait pas,
elle avait un engagement, et je me proposais d'être tout en-
tier au souvenir d'Emily, en allant occuper sa loge solitaire.
A mon extrême surprise, à peine levai-je les yeux, je revis
madame d'Acunha, conjugalement accompagnée de M. d' Acu-
aha, cette fois-ci, et bientôt Emily ne put échapper non plus
à mon regard, quoiqu'elle restât au fond de la loge. Je gravis
l'escalier des troisièmes, et me fis ouvrir cette loge fortunée.
« J'ai pris, dis-je à Miss Barnet, la liberté de venir savoir com-
ment vous êtes depuis les fiatigues et les ennuis de l'autre
soir.»
]e fus accueilli avec un sourire et, je crois, un peu de rou-
geur. <c Vous êtes peut-être étonné, me dit-on, de me retrou-
ver ici; mais comme H. d'Acunha nous a promis de ne plus
nons quitter, et que nous partirons avant la fin du ballet, je
n'ai pas eu le courage de me priver de la Flauto magico.yi Je dé.
bitai je ne sais quelle phrase stupide pour déclarer que ce
n'était pas moi qui regrettais qu'elle aimât à ce point la mu-
sique de Mozart. Mais elle ne parut pas m'écouter, et me pré.
senta i M. d'Acunha ; celui-ci nous interrompit en m'ofirant sa
place sur le devant de la loge. Je me gardai bien d'accepter
et restai sur la quatrième chaise du fond à c6té d'Ëmily. Là,
grâces à l'attention de M. et madame d'Acunha pour le jeu
détestable de Tramezzani, j'eus presque la liberté d'un iète-
i^ète.
Emily était aussi simple dans sa parure que le mardi
précédent; pas un nœud de ruban de plus à sa robe noire,
-— pas une boucle plus coquettement arrondie à ses beaux
cheveux; c'était donc son premier sourire qui me la fit pa-
raître deux fois plus attrayante.
«Vous autres Anglais, me dit-elle dans l'entr'acteivous
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17* IBS vvBmÈam a«ow» #»» fj».
srez peine i eompreiHftre qoellff pâSB»*» dw nwrique fca*M>"
tre le clhiMrt et les impreswow locaie» dm p»f» oéndiiaiu
Pour vbus, la musique est un luxe ; pour nous, c'est»» dMb»>
sohM delà vi«. fc n'ai p» * TOwappPWwlwqw te nmoa de
mon tuteur ne eontfentpw grand^dio» pour apfiver Imé»-
Ration. VoBàtro'wBioiB que je «w» priMwnièie en Angk»-
ferre... dans ht froidr, uoteiinieile «« triste Angleterref co»
patatrremeat, teeowwM le plwa au»tèrc de ma tetramlBleavec
tes hannomes de se» céréwonàe» reUgiewe» et le» peefums
de »oB atmwpïkèw «era» encore •■ «*re !*•.
— Kè seraft^epM, *" lépoodiB-je,. qoe vow fMMdatro^
«chwirement roa idée» awr yezpérience de SmrtAeMpÉm-
BittlUngi ? No» étés oirt lears fc«ra d'ofMffsr conme les ▼*-
très et nos...
— Non, non, n'ayer pas la prétention d'aveir pw» la m»-
sique la moitié du goût qui anime le plus pauvre port««r
(feau de Lisbonne. J'ai saivi asseï eïaele«ent k» lefirésen-
taftons de TOpér»; impossible de voir wwaaUe plus frMde
etmoins attentrre. Peut-être ares-rou» trop d'auHea plaisifs
poar attacher beaucoup d'importamse i la miisi«iiie; vwia
venez ici étaler tant de hwa, q«'il est aisède deviner qm
rens n'en avea pas bemia ceaw» d'ime coii«>latio» ; «ife
n'est qu'im de» Ta«Mme^'d»h:«iode : eeetaut» <AeM
pov noos; elle fcit partie de wtre reliçio»... eHeert a»
«?aiil-g»*l de notrecieL., uBlmnmepcmr noB «Mpin», et pwit
iwa» «Miir Me» de to*e» tes joaisaantts de U vie opiitante, »
le s«ippriHiai ma répUqacv R'iMmt pw ilMshé de ne laieMar
battre dan» la diB«»sioB : « Bevea-wn» rester hmgteiap» à
Londres? M demaBdairjB.
Uélas! quile sait? Nous sommes des réfugiés. Mon pèrecst
an Régodant de Lirtwnneqal kabèteCintra. L'étaides aAaiies
polHiqoe» daPortagal Fa dèlanniiié i pceBter da départ de
ses amis, le» d'Acimha, paar me procurer un aiik «k Aa^e-
terre. Dan» la crainte, pentr*tae,de kwr ignorance des c««lm-
mes de ce pays, il m'a adressée par le«» intermédiaire à eoa
eerrespoodant, M. Bamaer, qui a'est chargé ée me servir de
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LBS PBEMIÈBSft AJIOUBS D'UN FAT. flft
tatev. Il y a vingt ans que mon p^ a quitté y Anglfktcrre, il
ne f&W9ài donc appfécier — exaelenent comprendre — «4
peanpioi ne le dirais-je pa» Êrancbement ? il ne sftraiâ pas
dan^ifudle manson triste il nft*enyoyaît... Je lui ai écrit paw
la opplier on de me rappeler prè».de luMon de ow tronMT
«I aiite pki» convenable. »
Je fus charmé de sa franeMse, et d'autant pbisqne «i.r^
stfve prudente me prouvait qu'elle n'accordail paa légèrement
aa confiance. A mesure qne nous devenioan plu» toines^ jf •-
sai lai reprocher sa kauiêur loi» de nos deux pi3enriéies.e»-
faneyiiea.
« Eavérili^ me dît-eUe9pe«vai9«je me MMaèner aulreè wiler
égard? Veaa rendez-vous bien justice? N'y afaîi»il pa»n»
certain air de protection dans voa nnaiérea^ comme ai voas
&i6itz,bean€oap d'honneur à celle qui paraissait être damrfai
éipendance de l'humble procureur de votre noble pire? Nue
deux orgueils se sont heurté»; mai» le mien a fini par céder
leisqueiie me suis vue réellement protégée pur le jeune cava-
Uer 4ottt, d'après certaine avertiaeements de M. Hanmer,. je
ne serais pohnUement défiée le plus il y a trois joura. GoUr
aoitez à une amnîatîe réciproque. »
Accoutumé aux élégants mensonges des salons de lady Oi»-
mington et de lady Harmet>. je trouvas cette Mive eapUcatîoii
Favis6aate.£Alraluémoif«iémebors de mon caractère factice,
youbiiai UM eompltment» ridicdes^ mes ruses de gatmiAericv
et je m fia avec Eiuîly naturel oonme elle; peul<4[tcv. ne
finie pa» akiable comme fs^ l'étais qucdipiefois avec kuty
Barriet, aiaie je le^Cos, et il me vint à ses cMés (piques idées
beareuses, préférables certainement an kuprempÉus fisiita à
loisir c|ae j*échan0sai» avec la verve artifictelle de la coquette
à qui je foisais une cour si assidue dans Grosvenop-Flace.
II y aiak dans les manières d'Emily cette élégance innée
aussi inséparable de certaine» naturea que le parfum de cer-
taines fleura. Offensée y c'était une veine ; amusée, c'était ua
aA&ttt. Elle ne coanainseit paâ grand'cfaose des cenvenlfcrna
de la seeiélé. Tcmtes ses idées du décorum émanaient de su
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176 LES PREMIÈRES AMOURS d'CK FAT.
modestie instinctive. Ma fetuité était aussi peu comprise d'elle
que le serait d'un sauvage le ressort de quelque machine ar-
tistement compliquée. Mais lorsqu'elle approuvait, — lorsque
par hasard j'exprimais un sentiment qui excitait ses sympa-
thies — ses yeux s'humectaient aussitôt, ou si par quelque sar-
casme, quelque saillie, je parvenais à la divertir, le plus joli
sourire me montrait toutes ses dents de perle.
A compter de ce jour, je fus fidèle à mon poste tous les
jours d'Opéra. Petit à petit, les d'Acunha se familiarisèrent
aussi avec moi ; on comprend qu'ils durent être sensibles à
mes avances dans leur isolement d'étrangers au milieu de
notre vaste métropole. Emily me fit entendre qu'ils avaient des
intérêts communs avec son père , et que ces intérêts étaient
gravement compromis dans les destinées précaires de leur
pays. Tout leur temps était absorbé par des affaires relatives
aux finances de Portugal ; ils n'avaient d'autres distractions
que les deux soirées de musique que l'Opéra leur offrait cha-
que semaine. Enfin ils n'étaient pas d'accord avec Uanmer,
et leur mésintelligence provenait justement de leur position
réciproque, relativement à la tutelle de miss Baruet, ce qui
m'explique le silence qui fut gardé à mon sujet auprès du
vieux procureur de mon père. Au reste , je ne me souciais
guère alors d'aucune espèce d'explication.
Heureusement pour moi que l'Opéra n'était ouvert que deux
fois la semaine : autrement c'en était fait de tout mon avenir
d'homme à la mode. Plus de temps passé dans la société d'une
créature raisonnable eût mis en danger à la fois ma fatuité
aussi bien que mon cœur. D'un autre côté , ces rares soi-
rées de bonheur me suffisaient. A vingt et un ans et demi on
reste entre aujourd'hui et demain indépendant de l'un et de
l'autre. Aujourd'hui contient un empire I
Emily aimait à me décrire les habitudes de son enfance, la
maison de son père à Cintra, ses jardins d'orangers, ses mon-
tagnes, ses bosquets de myrte, ses chœurs de rossignols , son
désespoir lorsqu'elle sut qu'il lui fallait quitter tout cela pour
aller demeurer parmi des étrangers, dans un pays étranger.
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LES PREMIÈRES AMOURS D'CN FAT. 177
dans un pays septentrional, un pays protestant 1 « Et cepen-
dant, ajoutait-elle avec un sourire, j'étais loin de soupçonner
tontes les horreurs de TAngleterre , ou d'imaginer Tétroite
cage d'une maison de procureur dans Southampton-buildings.
J'avais entendu parler à mon père de M. Hanmer comme
d'an homme énormément riche. Cependant quelles jouissances
s'accorde-t-il? A quelle étude intellectuelle s'adonne-t-il ? Les
livres, la musique, les fleurs, sont comme n'eiistant pas dans
cette maison. Mon père aussi est un homme d'affaires , mon
père est un simple marchand ; mais notre maison est décorée
detableaux... nos jardins sont garnis de fleurs 1... Un jour passé
sans musique ou sans lecture nous semblerait un jour perdu...
Comment cela se feit-il ?... Tous vos hommes occupés sont-ils
aossi tristes, aussi froids, aussi ennemis des arts, ornements de
la vie, que ceux que j'ai vus?... La conversation est-elle consi-
dérée dans toutes vos sociétés comme une perte de paroles ?
— Une conversation comme la vôtre serait partout appré-
ciée, t) lui répondis-je. Mais je ne pouvais m'empêcher de
plaindre cette plante du Midi s'étiolant dans les prosaïques
habitudes de nos classes moyennes , exclusivement occupées
des soins matériels de leur existence ou de l'égoïste augmen-
tation de leur fortune. Je cherchais du moins à l'arracher au
sentiment de son isolement par mes descriptions de notre
monde aristocratique ; je lui peignais surtout les salons de ma
mère aussi minutieusement qu'un intérieur de Miéri^ ; chose
étrange ! mon but était de la réconcilier à l'Angleterre, et de
la réduire à jouer un jour son r6Ie dans ce monde d'où son in-
fluence plus forte aurait fini par me détacher moi-même. Jus-
qu'à ce que je l'eusse connue , j'avais agi d'après l'impulsion
des autres , je n'avais existé que comme une feuille sur l'ar-
bre; maintenant, j'avais une identité individuelle que je de-
vais à une existence aussi douce que dangereuse I
Une surprise désagréable me ramena à un autre ordre de
sensations. Parmi notre frivole jeunesse aristocratique, mon
frère était une exception, un être à part, qui se préparait par
Tétude à feire un jour du bruit à sa manière.
5» SÉRIE. —TOME XI. 12
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178 LES PREHIÈRSS AHOCRB l»*UN FAT.
a J'ai vu votre frère , me dk un soir Emiiy , lorsque j'c
pris place à côté d'elle.
*— J'espère, lui répondis^je avec un retour de fatuité «rro-
gante, qu'il a eu l'honneur de vous plaire. Où jHt«4l eu la il-
licite de vous rencontrer?
-— Quel langa(;e cérémonieux ce soir 1 reprit Emtly ; -* en-
tendant dire que M. Daoby était dans le salon , et ignorant
que lord Onnington eût deux fils...
<*- Vous vouliez voir ai j'avais toujours l'air aussi gauche
que la première fois près de la cheminée, n'esi*ce pas?
^ Mon, certes; qu'aurait pensé H. Hanner de nous troo-
ver en connaissance si intime 7 je cherchai à satisfiJre ma cn-
riosiié par la fenêtre lorsque vous sortiriez , et je crus avoir
mal entendu, tant vous vous ressemblez peu; mais à dîner
H. Hanmer nous dit qu'en efFet il avait vu dans la journée le
fils aîné de lord Ormington qui allait entrer au parlement...
— Au parlement I . . . Daoby au parlement I . . . Dois-je donc re-
cevoir toutes les communications de ma famille par l'intemié^
diaire de Southampton-Buildings? )) Cette réflexion m'échappa
tout haut après l'exclamation , tant je me sentais dépité de
la perspective des distinctions mondaines réservées â mon
firère.
Serait-ce donc, par parenthèse, un effet inévitable de U
perversité humaine, c^ue les frères naîtront toujours ennemis,
depuis Gain et Abel, Etéocle et Folynice, Jacob et Esaû, jus-
qu'aux deux Chénier et aux deux Danby ? Je confesse que dès
mon enfance j'avais détesté ce vilain John... non parce qu'il
était mon aîné< Oh I non^ non ; je n'aurais pas changé s'il avait
fallu devenir l'atné avec ses yeux louches, sa tournure igno-*
ble , ses épaules étroites, ses longs bras sans grâce, ses che»
veux de la couleur de ceux de Judas. Non , je n'eusse pas
voulu Atre un duc à ce prix !
La nouvelle d'Emily n'en était pas moins^ authentique, et
le lendemain « le ministre , en recevant de ma main quelques
copies de letires, me fit compliment de mon frère. Je me con*
tentai de sourire. . d*un sourire significatif.
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LU TmSXiteBi AMOUSS 9'UV FAT. tW
JLt winMiff ne comprit pmii^tie, oar U répondît (imf«-
mtmi à non aonrire^
« Mab nnw avons das gannties dntdeni de M. DianbgrI
— lonl Omiôgion eaoB dente tous l'a recommandé , my-
IndT
— Noo» monsienr ; mais en me reoonunandani «on cadet
il n'avait oCert d'avance ka servîoes de son aîné» ijpi'it se pro-
posait de faire élire dans le tMMirg dont il dt^ge rélection . m
Je me raoniîs ien là¥res.
« Nous acceptAmes, continua Son Excellence, car nous sar-
yions qu*à Cambridge H. Danby s'était distingué de manière
i être un jour un orateur éninenL a
Je ne fus pas converti à l'esprit de famille, lorsque quel-
ques joon après je Teçm les bruyantes ftlieitations de mes
ûaliègaes des affaires étrangètea. L'honorsbie M. Danby avait
fiût un admirable diseonrs. Quel bonnenr ponr moii C'était
hèn la peine d'avoir Mtuae lépntatîonà mon bottier, i non
liillenr, à awa fournisseur défauts! ie semblats condamné
i ne ptna briller nutMnème que d'un reflet de la gloire frn-
terneDe. Ce jonr4à, je ne privai de dtner au cM> : j'avais
penr qa'on ne m'y jeCAt aussi mon lirère à la tète, qu'on ne me
snnlrAt du doigt comme le Castor de ce PoOui poUtiqne.
Ben reseèa de ma ftiblesse, je résnhis de dtner en lamiile.
Je a'osdiKeiai pas la gaîc«é que fit éclaÉer lord Ormington. Il
<(«t fier de son fils l'orateur, et il en parla tant, qne le noble
piir ne dnt sans doute pas remarqner, lui ordinairement si ta^
citurne à table, que lady Ominglon «et moi nevs ne pronon-
cions pas «ne parole.
LaAy Onnington était^le aussi faumiliée de l'éloqnencede
sea fils ataéT Non, sans doute; mais eUe avait de son cAtè
aae petite cause de dépit. Le Boatinnèste était anMedu Do-
vonshnre i Londres une jeime pemonne ^j depuis sa sortie
fie pension, av«ît demeuré obea une taule paternelle, ^ «ne
jeune personne mandée probablement powr prendre part su
triomphe de l'konorable John, et qui méritait bien d'avoir le
sien dans les salons. Cétait ma sœur Irim, devenue une
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180 LES PREMIÈRES AMOURS B'UN FAT.
beauté depuis cpie le rouge trop ardent de ses cheveux avait
passé enfin à la nuance blonde. Il était évident que le règne de
la mère allait finir : il fallait qu'elle cédât le sceptre à la fille.
Pour mon compte, j'aurais trouvé Julia digne des pinceaux de
Raphaël ou de Titien, si, fidèle à ses préférences de petite
pensionnaire , au risque de passer pour bm-^leu , elle n'avait
ostensiblement été plus glorieuse du frère qui louchait que de
celui qui avait pour lui l'éloquence des yeux et les autres
agréments refusés par la nature à l'héritier du nom d'Or-
mington.
CHAPITRE V.
Je fus invité deux jours après à une fête de Carlton-House
chez le prince de Galles. C'était une grande faveur qui avait
été sollicitée pour moi par je ne sais plus que'lle comtesse whig.
Mais à ce banquet encore ce fut à qui me parlerait de mon
frère. Un nouvel orateur au parlement est plus estimé par le
parti opposé que par les siens. Les ^higs se demandaient
avec anxiété : Quel est ce jeune Danby? — De qui est-il fils?
— Bans quelle université a-t-il étudié ? — Quel a été son pré-
cepteur? — De quel club est-il? etc. — Enfin, si quelque
douairière ou demoiselle, frappée de la blancheur de mon
linge ou du beau noir de mes cheveux, disait : Quel est ce
grand jeune homme appuyé contre la porte ? je subissais la
torture d'entendre répondre : Ne le connaissez-vous pas?
c'est le frère du Danby dont tout le monde est occupé 1
Grand Dieu 1 être la partie supplémentaire de John Danby I
faire la queue de la comète t.. J'étais sur le point d'appren-
dre à mépriser les distinctions de convention ; la noble na-
ture d'Emily avait tellement régénéré la mienne ^ que le vrai,
le réel, commençaient à acquérir quelque valeur à mes yeux.
Hais adieu à mes vertus naissantes I Du moment où je me vis
au second rang, vint l'ambition de m'élever. Il était indispen-
sable à mon bonheur de ne plus être désigné comme le frère
de l'honorable John Danby aux yeux louches.
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LES PREMIÈRES AMOURS D'LN FAT. 181
Hais comment me distinguer? — comment? — Le premier
des gladiateurs ne saurait vaincre sans combat ; où trouver,
hélas I une arène? Ni Bacon, ni Milton, ni Burleigh , ni Bo-
lingbroke, n'auraient pu se faire un nom remarquable comme
eommis dans les bureaux des affaires étrangères. Appartenant
enfin à la clique de Carlton-House, je ne venais là qu'après
l'illostre Brummel et même après quelques autres ; j'étais la
goatte d'eau dans l'Océan, le grain de sable dans le désert!
Une pensée soudaine releva mes esprits abattus; une pen-
sée que j'avais eue autrefois , mais sans un but aussi sérieux.
Si j'épousais lady Harriet Vandeleurl Si je mettais la capitale
en révolution par nos fêtes, nos dtnersl Ses 8,000 £ de rente
(200,000 fir.) ne seraient rien dans les mains d'un joueur tel
qne Morley . . . mais ce serait le Pactole en passant par l'adminis-
tration d'un génie aussi fertile que le mien. Après tout , me
disais^e en raisonnant avec moi-même an sortir de cette fête
dn prince , après tout , sans mon expédition à Southampton-
Buildings je serais resté sérieusement attaché à cette piquante
▼cuve, qu'Emily m'a appris à regarder comme une jolie pou-
pée. Ceserait un très-petit sacrifice que je ferais de devenir son
nian. Elle a douze ans de plus que moi, oui; mais c'est 600 £
de rente par chaque année, et cela comble la différence. En me
fournissant les moyens de briller dans le beau monde , elle
m'impose la plus tendre reconnaissance... L'amour ne tardera
pas â venir. Décidément, je veux me mettre bien avec elle .
Nouveau lason, je me voue à la conquête d'une seconde toi-
aon d'or.
Le lendemain était jour d'Opéra; j'avais déjà résolu de
cesser mes visites à la loge d'Emily, quoique pas tout d'un
coup, de peur de causer un vide alarmant dans son existence.
Je roulais la sevrer peu à peu de ma société, la pauvre en-
fuit I Je ne ferais ce soir-là qu'une courte apparition aux
troisièmes. Sous plus d'un rapport, d'ailleurs, c'était désira-
ble : les d'Acunha commençaient à savoir assez d'anglais
pour devenir passablement ennuyeux ; s'ils allaient foire des
(pestions, mal interpréter les réponses 1
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181 LES PKEM1*RK9 AMMTIS »*Dir MT.
Quant i Emily , personne n'était moîm qaestiMneiir qn'dle.
0*119 nos tète44ète je n'arûs à redoater avenu cnriosili
décomniéMige^ce cpi est défont dans une fevine est om
délicieuse cpuiUléde CMiyersatîM dans one aaùe; esprit à h
fois naif et origmal , qai tirait tout de son propre fbiMfe,
BniUy n'avait jamais la un )oneBal , jamais eatenda une né-
dlsanee.
£lk me trouva FairlangiiîflBant.
« J^ai été» Int répandis^je, ceAta miii à an ha) BMiyifiqye à
Cnritoi»-Ho«se.
— Qa'esl-ce que CariHcMi-Mottas ? mm iMfttrerî
— Non , le palais d» l'héritier da trAne ^ dv prima da
Galles.
«--Le- prittce de GaUest J^ai entendu dire i U. Hananv
qne (/étaitt nn noble prince. I) eatîeaneeibeaB, n'estnsepaaî
-^ A« contraire» il est (pras, il a qnanmta an», il porta un
— Quelle désiUm$km! s'écria Emëy; nais camment 4te^
resté si longtemps au bal de œ prince , qui est gras eC
qui a quarante ans?
— Parce qne le bal était jevme et cbannant , répliquaî-j8
8i«e un entlxMisLasme ajffecté. Un profond soupir écbappa
«ns doute à la pawre Emily, car M. d'Acunha tourna ds
notre côté son risage plombé, comme pour savoir de quoi il
était question.
UndeseliamieslespIu8séduisants.d'EmilyBametétaitFétfr*
gance de son cou de. cygne, un peu long comme celui d^Aana
Boleyn, et qui prêtait une gvftee particulière à tous ses mouve-
ments. Que dis-je ! tout en ette était élégance et grâce. Se ne
la voyais jamais qai'à son désavantage, toujours an même IsfOy
taojoars avec la même toilette » toiqoura daus la même att&
tude,. et cependant cette situation avait aussi son attrait. Celln
logtt sombre et sileociense» — le costume noir des troîs. pe«*
aesines que y* y rencontraisy—les partiealarités de leuns pbyi*
nanomies ei an leur langue^ to«t oehi avait quelque cheas^de
solennel et de monastique qui contrulait avec les
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LES PftBUIÈRBS AMOVHg B'Olf PAT. 18S
bruyanti et n bien éclairés que je fréquentait. -Quand j'avais
ftanchile seuil de cette loge, j*éproQvai8 eomme Tinfluenoe
d'nn sortaége : il me semblait entrer dans un tableau de Ye^
fitoqoet, o« dans les secrets d*un vieux roman espagnol.
« Non, non, n me dis-je pour me justifier à moi-même eil
dsieeadant lentement de cet autre monde, la loge des d'A<>
«aoka, « il n'est pas possfl>leqQ'£mi)y ait rêvé un avenir danf
Isqad nous ayons un intérêt coma». Elle déteste TAngle*
Ine, cUe M petse q«'à retourner en Portugal. Ses lamentai
tiens me rapprileat sans cesse la cbanson de Mignon :
Du knd wo die citronen blubn I (1)
iQu'est-ee qui pourrait associer les destinées du fils d'un
pair d'Angleterre et de la fille d'un marchand de Lisbonne,
dn diplomate de Doiming-Street et de la pupille du vieux pro-
omeor de Southampton-Buildings? Je ne remonterai pas au*
près d'elle; je ne lui donnerai pas le bras pour qu'elle y ap-
puie son corps si gracieux dans les couloirs et les escaliers
dn tbé&tre. Il est temps que je brise un lien qui ne doit pas
mm enchaîner à jamais, rf £n me parlant ainsi, j'entrais dans
Is loge de lady Harriet.
Le mardi suivant on ne me vit pas une seule minute dans
eèBe des d'Aeunba ; j'évitai même le parterre , de peur d'y
rencontrer le vieux Portugais , qui aurait pu me dire : Eh
Utn! vtms ne montez pa$?
Cette manœuvre eut pour effet d'amener Emily sur le de^
vant de la loge pendant le ballet : c'était la première fois
qu'elle reprenait cette place depuis la périlleuse nuit où je
i^^éiais jEiit son chevalier. Je pus suivre ses yeux qui me chef*
chaient dans toute la salle, et qui empruntèrent même la \ot^
foette du vieux d'Aeunba.
Toat cela ftit très^vorable à ma politique; car j'étais né*'
tosairement insCaHé à côté de lady Harriet Yandeleur, -^M
s^nt à roreilk d'Eve... et auprès de eelle^î l'attention gé^^
W Geus MnPi oè iM sUfonaîsrs flsivriMSAi^ (Geatai*)
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ISi* LES PREMIÈRES AMOURS D'UN FAT.
nérale excitée par la beauté d'Emily ne me fit aucun tort. On
en parlait malgré soi, car elle était à la fois une beauté et un
mystère. Tout le monde... c'est-à-dire le monde fiashionable,
ne la connaissait que sous la désignation de Vanonyme de CtcU
Danby; j'étais le seul homme admis dans sa loge, le seul qu'on
eût jamais vu lui adresser la parole; enfin, grâce sans doute
à la bande de mauvais garnements qui nous avait suivis cer-
tain soir, un bruit vague courait qu'elle vivait dans une rue
obscure du quartier de Bloomsbury-Square. Était-ce ma fiiute
si le monde bâtissait des suppositions indiscrètes sur de pa-
reilles bases ?
La conséquence de tout cela était que personne n'osait citer
Emily irrespectueusement devant moi , pas plus qu'on n'eAt
cité ma sœur : quoique proclamée partout la plus belle créa-
ture de la métropole , on n'en faisait jamais mention en ma
présence. Ce soir-là , pendant que je parlais à lady Harriet,
je vis la coquette veuve diriger souvent son regard vers les
hautes régions où la gracieuse tète d'Emily se détachait du
rideau rouge de sa loge comme une tète de Vierge au milieu
de son auréole. Je comprenais bien que son orgueil était
flatté de m'avoir avec elle... de me rendre infidèle à une si
ravissante figure ; ou peut-être c'était moins orgueil que va-
nité... l'orgueil est un sentiment plus élevé; mais elle était
vaine, très-vaine de penser que dans le bataillon de fats qui fai*
saient la revue de la salle on se disait à l'oreille : « Âh! ah I
Cecil a déserté ce soir la compagnie des dieux 1 — Cecil est
descendu aux divinités de ce bas monde i »
Oui, Cecil avait déserté la compagnie des dieux; mais, hé-
las I si Jupiter , en se d^-déifiant , se changeait en cygne , le
moderne Jupiter, en voulant l'imiter, n'était qu'un oison.
(( Je suis tout à fait inquiète au sujet de lady Ormington,
me dit tout à coup lady Harriet en voyant que mes yeux sui-
vaient la direction des siens ; elle redevient indisposée et
nerveuse. J'ai voulu l'entraîner à l'Opéra, je n'ai pu y par-
venir. »
Je hasardai quelques allusions filiales sur la chaleur de la sai-
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LES PREMIÈRES AMOURS D'UN FAT. 185
son, qaoiqae je n'ignorasse pas que Tindisposition de lady
Onnington devait durer tant que sa fille Julia resterait en
fille.
« J'ai voulu aussi y continua lady Harriet froidement, Tin-
yiter à notre partie sur Teau de samedi prochain.
— A une partie sur leaul remarquai-je, persuadé que c'é-
tait une manière de m'engager à pétitionner une invitation
pour moi-même, et résolu de foire le cruel ; à une partie sur
Teau 1 Autant proposer ce divertissement à une Française, la
plus hydropbobe des créatures de Dieu , ou à la femme de
Loth après sa transformation. »
Lady Harriet fut piquée : <c Vous êtes extrêmement spiri-
tuel ce soirl répliqua-t-elle sèchement.
— Ma mère, lui dis-je, est une de ces dames , nombreuses
en Angleterre, qui se confinent si longtemps dans les salons,
qu'elles y perdent, comme Latude , le baron de Trenck ou
tout autre prisonnier d'état , la faculté de respirer l'air des
champs et de taire de l'exercice. Dans $a jeunesse , les jolies
femmes n'étaient jamais invitées à fiaire usage de leurs
jambes!... » De maladresse en maladresse , j'oubliais que la
jeunesse de lady Harriet était plus rapprochée de celle de ma
mère que de la mienne.
«On ne marchera guère dans notre expédition, répliqua-
t-elle; cependant, peut-être lady Ormington a bien fait de
refuser, car votre frère et votre sœur seront de la partie.
— Ahl dis-je avec amertume, lady Ormington doit se sen-
tir fière des miracles opérés par le succès de son filsl II sem-
ble que les triomphes parlementaires ont, comme la foi, le
pouToir de rapprocher ou d'écarter les montagnes. Je me
rappelle très-bien que vous me dites un jour avoir renoncé à
un dtoer où vous deviez vous trouver avec Danby... n'ayant
pas le courage de confronter un homme qui louchait.
—Oui; mais si M. Danby n'est pas beau à voir, il a prouvé
qu'il vaut la peine qu'on l'écoute , et cela fait oublier ses
yeoi. Je croyais alors qu'il tenterait de réussir auprès de
nous, comme son jeune frère, par des avantages superficiels.
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186 LKfl PREMIÈRES AXOCmS D'CH FAT.
Qu'importe la figare attachée i la proue d'un nayire qai fend
Lm onde» arec une riche cargaison T
— Eh mais, mylady , Téloquence devient-elle contagieusot
Vous fiâtes aussi des tropes oratoires l Que n'avons-nous ici
un des sténogni|^Ks de la chambre l vous seriez une terrible
nvale pour nos poètes comme pour nos orateurs.
*--Et TOUS n'avea, tovs, d'autre rival qne vous-même:
Criêfm rival de Criêpin! »
Je fos étourdi) Yenaii^lle donc de former une ligne offm-
aive et déiensiTe avec mon Irère , au moment où je ne faisais
plus le cruel que pour avoir un peu plus de mérite à me lais-'
ser apprivoiser? Se conteQlait<*elle de se venger de la partie
de Richmond, juste au moment où j'allais rompre pour elle
«rec Scnoithampton^Buîldîttgs?... Espérait^lle que je consen-
tirais i m'ivtrodoiie avec la foule des animaux sans nom
dans Tarche de sa partie aquatique?... Non, non! elle m'isK
vitera;
« Il est fâcheux, lui dis^e, qoe vous ne persuadiez pas 4
locd Ormington d'être des vétres : vous auriez ainsi toutes
les fractions de la très4HUDite et très-puissante maison des-
Banbr.
— Pas tous encore, remarqua lady Harriet, se prfcparaiity
. remme un chat ndalteieux, à me donner nm antre coup de
fitte.
— Et qiielle fraction vous manquerait, je vous prie?
•^ Celle qui s'estime plus que le tout, rèpKqua-tr^lle caus-
tîqaenieat; et me voyant aflèciev Tignorance la plus oMose,
Me ajouta : Vecs-MftHB l
•—Ah l m'écrîa»«je , je n'y étais pas. Ne snis'je pas le vrai
^to de hfe finnUe? D'ailleurs, ne savez-voas pas qos tous te»
amis du prince de Galles sont justement convoqués pour sa*
medi à Greenvieh? 0« m'a fait l'homieur de me comprendMi
dans la Uate. »
Lady Harriet fnt piquée , croyant qu'en eflet il y auruM ee
jl^r-lè qoelifue joyeuse partie présidée par le prince, et elle
nfélaitpas, k se» grand déplaisir, de la cHque de Caritmh'
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LBS nniÈin AMomm »'irv fat. Iflt
BioQse. 0«i, elle fol piiquée eonne un cafiini gâté i qn oft
dit qu'il oiste loie poupée plut grande que h, rieune.
« Tous étiei d^ji ^ me dit-elle , an bal de la semaine der-
nièffe. Tniuieiit, GeeiU coauneui eoneittes-vous ces écbrtanftt
flta de eanr arec Tutare goM pour les ttmîdea bergères? » El
elle ajouta, e» braqnanl sa lorgnette sur la loge des d'Acunba :
I A pvopoa, voudries^roua me dite le nom de rHIustie in-
coDDue de là-haut, qui semble nous sarveiUer airee tant d'io^
tMt?B
h ne m'atAendaîsr pas i une interragatkni aussi direete.
« Cette belle personne en noir? lui répondi»je; c^eat une
Portugal», je eroîa; OBais trous feriez mieux, poot le saroir
nu jnsie,, éa le demander à mon honorable frète ^ qns est
mieox accueilli que moi dans la maiaou oft j'ai Tencoritié
pour la ppemière fois celte beauté qui semUe tant yens oc-
cuper, mylady. »
Lady Harriet s*attendait encore moins i me voir la ren-
toyer à mon frère pour ce renseîgneannt. Le eetonei Moiisy
entra en ee moment dans la loge, et je me retirai, ne sachant
trop si j'arais è me Mliciter de la fin de ma journée.
Le lait est <pi'i] n'en fut pas de la partie sur Teau comme
de la partie de liehmond ; il ne me vint aucnn billet pour ma
sonmer de la prëCirer i ma prétendue partie de Greenwich :
j^étais eesnpléteaoent remplacé par mon frère le louche l
Le lendennin , c'était un dimanche , je passais devant la
porte du boudoir de lady Ormington, lorsque je distinguai le
Ma de sa roiv, qui me parut très-animée. Je pensai qu'eHi
grondait son épagneule, et j'entrai pour jouir de la disgrâce
ds- cette irilaéne Bibkhe,, la pins capricieuse et la ph» grom^
fcne des fevevites. Mais non , étend» sur le divan, rép#'
gncnie semblait le témoin désintéressé de la seène quv venait
f aroir lien. A mon aqppartion,.ee fot mon frère (encore mon
frkrel) qui se levn et sertit en m'honorant d'un de ses inkià
aalats à la Grandissons un. de ces saints pour lesquels on en*
iMid lepîedse tratier eésénBoatieaseraent sur le tapisv L*hon(^
rable membre de la chambre eût salué ainsi mon ministre eii
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188 LES PREMIÈRES AMOURS d'UN FAT.
signe d'humilité; mais adressé au petit secrétaire de Son Ex-
cellence y ce salut témoignait d'une supériorité impertinente.
Le rouge me monta à la figure. . . Ce ne fiit pas le rouge de la
colère ; non . . . j'étais positivement accablé par le sang-froid de
l'honorable John Alexander Danby ! Avant que j'eusse recoa-
vré la parole, il était de l'autre côté de la porte.
« Une jolie affisiire que vous avez faite làl me dit ma mère
quand nous fûmes seuls.
— Une affaire 1 moi, coupable de faire uneaffiaire, et le di-
manche encore l m'écriai-je en tâchant de reprendre ma légè-
reté moqueuse.
-— Il ne s'agit pas de faire le mauvais plaisant, Cecil! j'ai
les nerfis assez malades. Je vous déclare que vous avez mor-
tellement offensé votre frère 1
—* Mortellement? à la bonne heure! Je n'aime pas à feire
les choses à demi.
— Persistez-vous à être absurde, Cecil? Oubliez-vous que
vous dépendez totalement de lord Ormington et de son fils
atné? Faut-il vous répéter que le chiffre de votre légitime ne
peut être fixé que par eux? John vient de se plaindre à mot;
s'il allait se plaindre à votre père... croyez-vous que lord Or-
mington prendrait comme moi le parti d'un jeune fou?
— • En vérité, madame, vous avez raison. Mais qu'ai-je tait
à ce grand enfant? Est-il venu pleurer parce que j'aurais, par
mégarde, déchiré son cerf-volant ou brisé quelque joujou! »
Ma mère exprima son impatience par un air d'autorité si
peu usité, qu'elle me réduisit enfin à un silence respectueux.
( <c Cecil, me dit-elle , avec toutes vos prétentions de bonoes
manières et d'esprit , Danby en a montré ici plus que vous.
n m'est venu trouver comme votre meilleure , votre seule
amie, pour que je vous engage à avoir envers lui la même ré-
serve dont il use à votre égard. Il désire — et il en a pris
l'engagement avec moi — que vous vous rencontriez en pu-
blic comme deux amis, et qu'en particulier vous gardiez vis-
à-vis l'un de l'autre la déférence mutuelle du frère aine et do
frère cadet.
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LES PB£MltBES AMOUES D'uN FAT. 180
— Mais voyons d'abord, je vous prie, à quel article de ce
traité extraordinaire j'ai manqué par anticipation.
— Vous avez fait tort à sa considération, Gecil, et compro-
mis ses sentiments. . .
— Comment cela ?
—En le représentant à lady Harriet Yandeleur comme com-
plice de vos liatêons vulgaires...
— Je vous jure, dis-je, non sans éprouver un peu de remords
de la réponse évasive et équivoque faite par moi quelques
joars auparavant au sujet d'Emily; je vous jure que lady Uar^
net a prêté à quelques paroles une interprétation peu chari-
table.. Mab quoi! c'est auprès de lady Harriet que j'ai atta-
qué la considération et compromis les sentiments de mon
honorable et galant frère atnél ajoutai-je avec un sourire qui
dissimulait cependant un peu de dépit.
— Oui, auprès de la folle lady Harriet, qui en a fait une
querelle à votre frère devant lady Susane Theydon, à qui
Danbyiait la cour...
— Danbyfait la cour à Susane Theydon! Le fat! mais
c'est une des plus jolies héritières de l'Angleterre !
— Oui, Cecil, et qui probablement avant six semaines sera
lady Susane Danby... si John parvient à effacer l'impression
fâcheuse des plaisanteries de lady Harriet sur la mère, la
femme du monde la plus puritaine... Ainsi donc, Gecil, mesu-
rez â l'avenir vos paroles quand vous parlerez de votre frère. »
Je ne sais ce que j'aurais répondu si un laquais n'était venu
à la porte du boudoir me prévenir que lord Chippenham
m'attendait en bas pour me conduire à Putney.
CHAPITRE VI.
Se ftnor non è, cho danqae sento. (PmàicA.)
Comme les premières contrariétés de la vie nous poursui-
vent longtemps encore dans nos souvenirs ! j'ai eu depuis ma
part de chagrins : j'ai bu, moi aussi, le vinaigre et l'hyssope.
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fM UES PBEXI*EB6 ÀlieiJES ll'iTN FAT.
Cependant je n'ai pa orioUer jamais rtrrkaUon que me caa*
sèrent en oe ieii|p»-làct rûnpertinence de iady Harriet Tan*
delenr, et les mépris dn coionel Morley, mais par-deasns tout
la froide réserve de mon frère I
Il est des moments où les petites contrariétés sont plus
dures à «apporter qu'une douleur sérieuse. On cHe des hemmes
qui sont morts de la piqûre d'un moustique. Eh bien, chose
fitrange, la seule pecuome sur qui je me Tengeai de mes
Vexations iut oetle qui ne m'ayuil jamais offensé... Emily de-
imt ma victime, le ne fus pas même touché de oe yisage pAle»
tleces yeux inquiets qui, pendant deux représentations con-
-nécutives, ne cberchaîent partout, depuis le premier acte de
fopéra jusqu'à la fin du ballet. Elle était là, triste comme une
vose blanche sur un tombeau... le restai impitoysdrfe... im-
pitoyable comme un grand inquisiteur ou une femme jalouse.
Je n'allai plus dans sa loge. «^ Pauvre Emtly 1 — Quoique
j'eusse à peu près renoncé à mes projets sur lady Harriet,
mon amour-propre ne pouvait pas si facilement battre en re-
traite et s'avouer vaincu en revenant à celle que je n'avais
pas eu honte de lui sacrifier tacitement. D'ailleurs elle était
toujours là, à ma portée; il dépendait de moi de la retrouver
•quand il me plairait. Tel fut le secret de ma lâche insensibi-
4{té. Nous devenons indifférents aux bienfaits dont la con-
tinuation nous est assurée, — à la lumière du soleil, — à la
parure du printemps, — à tous les plus brillants phénomènes
■delà nature. Peut-être j'aurais pris la peine, laquatrîèmesoirée,
4e monter à la loge des d' Acunha si j'avais su que je n'y verrais
plus Emiiy... En effet elle n'y reparut pas : la loge resta vide.
Ce fut une consolation pour moi de ne pas la voir profanée par
des étrangers, surtout par ces tournures qu'on aperçoit or-
dinairement à ces ignobles troisièmes. Mais elle avait été
louée pour Ja saison aux d'Acunha, qui n'y revinrent plus et
ne la sous-louèrent pas.
A compter de la soirée où je ne les aperçus plus à l'Opéra,
ah ! comme je me mis à épier cette même loge! .... Un astronome
n'attend pas avec plus d'anxiété le lever de sa planète ré-
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LSS PRBMIÈBBS AMOUBS D'CN FAT. IBl
eenoieiit décourerte. Je perebUii k m'asseoir au parterre dans
eetfe altitude pendaat une semaine quinze jours; potait
d'Emily . La Maison toucfaut à sa fin ; absorbé par cette attente.
Je restai étranger i tous ses plaisirs... Lu dernière représen-
tation de rOpéra eut lieu. Tout ce qu'il y a d'habitués as-
siste à cette dernière représentation : j'étais sikr de l'y yoir.
le me munis d'une de ses flears favorites. Je sentais que mea
joues étaient brûlantes lorsque je levais les yeux comme tou^
jours. J'ose dire que Horley était dans la loge de lady Harriet :
je oe regardai seulement pas de ce e6té : je ne pensais qu'à
Emily.
liais la loge était encore vide ! -- Ce soir-là elle me parut
semblable à une tombe. Je savais que je perdais ma dernière
cbaoce de la rencontrer. Pendant six mortels mois plus d'O-
péra. Pendant six mortels mois cette loge, qui (ut si longtemps
BU paradis, devait demeurer un petit réceptacle poudreux, hu*-
mide et obscur, livré aux araignées. Je montai pour m'y placer
encore une fois. Je m'asûs sur la chaise d'Emily derrière le
rideau, le déposai même mon magnolia sur le coussin rouge,
comme si elle eût été là. L'odeur de vanille parfumait encore
la loge comme si les d'Acunha ne feisaîent que de la quitter.
Mon imagination évoqua leurs images, et je crus un moment
qu'ils y étaient encore.
Je ne pus rester davantage en suspens. Le lendemain, e*
sortant des bureaux du ministère, je courus tout droitàSoutb»
amplon-Buildings. Bien plus, en parlant au clerc4actotum,
je demandai sans hésitation où était miss Barnet. J'étais dés-
espéré.
Ma demande n'étonna pas ce garçon-là. Il semblait y être
préparé, il semblait presque avoir parié qu'un des clients de
M. Hanmer viendrait frapper à la porte et demandera voir sa
papille, et il y eut un air de satisfaction dans sa figure lors-
qu'il me répondit : Mi$$ Emily n'y est plus,
c< Est-elle chez monsieur d'Acunha?
— Peut-être oui, peut-être non... je ne saurais dire. » Irai*je
le demander au mattre-clerc?
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192 LES PREMIÈRES AMOURS D'DN FAT.
Il m'était naturellement plus agréable d'aller m'en infonner
chez M. d'Âcunha lui-même : je courus donc à Burlon-Cre»-
cent!... Un écriteau à la porte : Maison a louer. Profon-
dément mortifié, j'avais déjà tourné la nie, quand je revins
sur mes pas et demandai à voir la maison : la femme chargée
de la montrer fut interrogée par moi sur les précédents loca-
taires... Tout ce qu'elle put me dire, c'est qu'ils étaient partit,
retournés dans leur pays.
Je rentrai bien malheureux. Tant qu'avaient duré mes illu-
sions j'avais à peine remarqué les progrès de la saison. Mes il-
lusions envolées, je découvris que j'étais seul. Tout était fini;
non-seulement il n'y avait plus d'Emily, mais plus de Lon-
dres. Au club, le soir de ce jour-là, à peine une âmel... Je
ne m'étais pas jusque-là aperçu qu'un employé du gouverne-
ment était exclusivement un citoyen de Downing-street, que
le reste du monde chassait, faisait un tour aux lacs, ou se ré-
fugiait sur les sables argentés de l'île de Wight, tandis que ma
plume officielle continuait à se plonger dans l'encre du gouver-
nement. Boudant seul sur le sofa du club, monarque unique
de tout ce qui m'entourait, boudant comme un ministre qui
a reçu une mercuriale de son souverain ou du souverain de
son souverain la chambre des communes... je songeais à en-
voyer ma démission. Le souvenir des conditions auxquelles
lord Ormington m'accordait mon petit budget me fil heureu-
sement suspendre l'effet de ce mouvement d'humeur contre
le genre humain. Et puis mon père, comme tous nos gouver-
nants et tous nos hommes politiques, avait pris le chemin
des champs : sans ma singulière préoccupation, cette absence
seule aurait dû m'avertir que je faisais partie du mobilier
inamovible de Downing-street.
{Cecily or the adventures ofa coxeomh (1).)
(i) NoTK DCDiRBCTKUR. Ce roman, dont nous publierons la suite daniU
prochaine livraison, est attribué généralement en Angleterre à la colli-
boratlon anonyme de sir Edward Litton Balwer et de Mrs. Gorc.
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REVUE ASIATIQUE.
DERNIERES NOUVELLES DE L'INDE ET DE LA CHINE.
Septembre 1849.
Presque toutes les réflexions que nous faisions le mois dernier
rar la situation des Anglais dans l'AfTghanistan s'appliquent en-
core aux nouvelles qui arrivent en Europe par les derniers jour-
naux de l'Iude et les correspondances, tant cette situation semble
être restée la même, VOverland Courrier a quitté Bombay le
i» juillet. Dans la disette des faits, quelques avantages remportés
parles Anglais du côté de Candahar ne suffisent nullement pour
leur permettre d'espérer la soumission des rebelles. Mais il parait
que le gouverneur général de l'Inde, ayant reconnu qu'il avait trop
tôt ordonné l'évacuation du Caboul , cherche à donner le change
SUT la teneur de ses instructions. Les troupes que commande le
général NoU ont été plusieurs fois attaquées par des forces supé-
rieures, et les ont toujours repoussées victorieusement. Il est donc
à regretter qu'il n'ait pas chassé l'ennemi devant lui jusqu'à Ca-
boul même, de concert avec un mouvement analogue du général
PoUock. Au coniraire, il a retiré les garnisons de Khelat-I-Ghil-
zie et de Gherisk, en faisant détruire les fortifications de ces deux
places qui sont si importantes, la dernière surtout, si l'armée ne
devait pas évacuer le pays.
Voilà ce qui prouve qu'avant la victoire de Jallalabad et avant
que le passage du Kybour fût forcé, lord Ellenborough avait résolu
de retirer les troupes anglaises de l'AfTghanistan. On veut persua-
der aujourd'hui qu'on a par suite d'un malentendu appliqué à toute
l'armée des ordres qui ne concernaient que le général Sale. Mais
on assnre d'autre part que les troupes anglaises auraient déjà com-
mencé toutes leur mouvement rétrograde , si le général PoUock,
moins pressé d'obéir que le général Nott, n'avait par ses hésita-
tions donné au gouverneur général le temps de revenir sur sa
détermination. Au reste, il semblerait que la retraite avait été
commandée par le ministère whig.
5* SÉBIE. —TOME XI. 13
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19& DERNIÈRES NOUVELLES DE L'INDE
VAHatic Journal rappelle dans une noie que lorsqne sîr Ro-
bert Peel s*est vu reprocher en plein parlement Tévacuation de
rAflghanisUn, il a répondu que les whigs devaient bien pren-
dxc ganic avant de lancer oeite accusation, parce qu'elle pourrait
retomber sur d'autres que sur lui.
Enfin, tout en faisant honneur an général Pollock de son refus
de battre en retraite, on ajoute qu'il lui serait tout aussi difticile
de reculer que d'avancer, faute d'un nombre suffisant de chameaux.
II. n'eu aurait que trois mille pour une armée de quatorze mille
bommes^.etll ne lui. en faudrait pas. moins de sept mille.
Maintenant qy'a-t-il transpiré de ces discordes civiles qui con-
tinuent heureusement à occuper Tenncmi dans la ville de Caboul?
U se conûrme qu'Akbar khan s'est emparé du Bala Ilissar et de
la citadelle, ce qui Ta mis en possession des munitions de guerre
ei.de vingt laks de roupies. Si le souverain nouveau, Fallah Jung,
était réellement favorable aux Anglais, que leur sertirait cette
lymne volonté d'un prince qui ne peut conserver son ombre de
pjoissance qu'en devenant l'humble instrument des projets d'Akbar^
soit que celui-ci le gouverne comme son vizir, soit qu'il lui im-
ptpse brutalement son influence de vainqueur? Étrange complica-
tion de ce drame si obscur où l'on nous représente deux des fîls
du shah défunt combattant sous deux bannières difTérentes, et ce
terrible Akbhar, le fils de Dost Mahomet, faisant bon marché des
purélenlions de son père, peut être par feinte, de peur que les
Anglais n'attachent trop.de prix à la possession d'un pareil captif,
qa.'il est toujours question d'échanger contre les personnes an
pouvoir d'Akbhar.
Au milieu des contradictions de toute espèce, quand les uns
hlâment le gouvernement d'avoir eu la pensée d'une retraite sans
représailles, quand les autres lui disent avec la franchise de l'op^
position ou de l'intérêt, qu'ayant eu tort dans l'attaque il n'a rien
demieuxàfaîrequede renoncer sans condiiion à une guerre injuste,
il s'est trouvé no tory, assez confiant dans la fortune de l'Angleterre
pour pioppser la conquête sérieuse et la colonisation du Caboul. Il
ne faut pas tant se récrier. sur cette hardiesse : qoî sait le secret
de la politique anglaise dans Tlndc? Ce/tes, il y aurait eu une bien
plus forte dose de témérité à proposer, il y a soixante ans, à la
compagnie des Indes dé fonder un empire la moitié seulement
aussi éleodu que celui qu'elle doit à l'audace d*un dé ses commis.
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Vbîcî la lettre de ce lory, qtii' n'est encore un second Robert Clivé*
que sur le papier. Cette lettre est cnrîeii^e et remarquable sous plus
d'un rapport' (1).-
f INnintnoi né pits colontscr* lè/'Caboul? Le clitnat de la partie
péninsulaire de l*lhdcf diéfènd toute colonisation européenne per-
nfanente. Les en ranis d'Euro (lèens qui y naissent sont d^unc santé
firîHc; ils y meurent m^mc', si on ne les envoie en Europe se re-
tremper dans un climat' pftis c6nf6rintre à leur origine, ou s*ilssnN
ffvpni et continuent de ré^dcr, ils y ont rarement une postérité!
Je pois bien assnriEfr qu'il ne faudrait pas le laps d'iin siècle pour
Toir s'éteindre toute la génération an^lâl^e acWellc de Tlnde si'
on l'abandon riait à elle-même. Xbus ne pouvons occuper le pays
qu'en y envoyant des renforts d'cini^ranls de temps à autre, lant'
il est vrai que dans la péninsule de l*lnde les Anglais ne sont et ne
petiTent être que des oiseaux de passage.
> Ce n'est pas là un état de choses naturel ni sûr, les maîtres
de ta meilleure partie d'un pays étant étrangers, n'ayant aucun lien
d'origine avec le sol, et par conséquent étant incapables d'éprouver
pour les habitants d'autres sympathies que celte d'une aride hu-
manité philosophique. Xous pouvons bien aller là nous enrichir et
puis nous en rct«)urner, mais nous né pouvons communiquer au
peuple nos sentiments, nos coutumes, notre religion. Nous sommes
de simples gouttes dans l'oc^'an de cette vaste population, et it nous
est impiïssiblede nous y mêler pas plus que ne feraient des gouttes
d'huile. Si ce peuple se levait et nous expulsaildemain, il ne resterait
pas plus d^' trace de nous qu'il ne reste ici de traces des hirondelles eh
octobre. Madras, Bombay, Calcutta... que sont ces villes, sinon des
caravensérails, des lieux de balte, où nous nous arrêtons le temps
nécessaire pour ramasser dé l'or, et fuir bien vite après de peur
d'être atteints par lé démon de la maladie.
» Dans toutes nos autres colonies, même dans la plus insalubre
des Indes occidentales — (à rcxceplion de cet hôpital des mers,
Sierra Leone, ce cimetière qôî n'est pai une colonie), — dans tou-
tes nos autres colonies, nous avons pu nous implanter dans le sol
d'une manière permanente. Dans toutes nous voyons fruclificr les
semencesdela nationalisé anglaise, l'industrie, la liberté, le christia-
nisme. Dans léè États-Unis d'Amérique, TenfanCs'esl fait homme
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196 DERNIÈRES NOUVELLES DE L'INDE.
et rivalise avec son père — dans le Canada , jusqu'à l'embouchure
du Saint-LaiirenU une communauté libre et prospère travaille, dé-
friche et convertit le désert en terrain fertile, animée par l'énergie
britannique, et dans sa jalousie même de la Grande-Bretagne, gui-
dée par nos propres principes Notre constitution répand sa lumière
sur le pauvre Hottentot et le Bushman du Cép ; ce sont nos frères,
parce que des hommes de sang anglais vivent avec eux et parmi
eux» uotre mère-patrie les rattachant également à elle par le même
patriotisme instinctif. Le New-Zélandais a oublié ses horribles
banquets et voit déjà des familles d'Européens civilisés prenant
racine autour de lui; il apprend rapidement leur langue, leurs arts,
leurs belles-leltres; il a adopté déjà cette religion qui leur a révélé
leur humanité. Partout, excepté daus l'Inde, la liberté, l'intelli-
gence, la doctrine chrétienne croissent côte à côte avec la race
sauvage du monde barbare, la supplantant ou se Tasssimilantpeu à
peu. Dans l'Inde seule, le vieux esclavage, la vieille civilisation asia-
tique, se transmettent de génération en génération sans aucun
mélange de liberté morale ou civile.
» Mais est-ce notre faute ? Non. C'est le résultat forcé d'une cause
sur laquelle nous n'avons aucune influence. Le climat, que nous ne
pouvons changer^ nous défend d'y séjourner assez longtemps pour
inoculer au peuple notre caractère ou l'habituer à notre genre de
vie et à nos opinions. Il n'existe à présent aucun centre plus à por-
tée que l'Angleterre même d'où nous puissions propager notre
influence. C'est ce centre plus rapproché qu'il s'agit d'établir, etsi
Tayaut trouvé nous le négligions, nous encourrions une grande
responsabilité.
» C'est le Caboul qui nous l'ofifre, ce centre désiré; il faut donc
occuper le Caboul, et nous le pouvons faire d'une manière perma-
nente ; car là, aucun empêchement physique, aucun du moins que
la puissance anglaise ne puisse surmonter. L'Angleterre ne peut
lutter contre le soleil qui brûle et rend inféconds ses enfants sur la
péninsule hindoustanique, pas plus que le Cypaye ne peut résister
aux vents froids, aux neiges et aux frimas du Caboul. La pénin-
sule est essentiellement le pays des teints noirs, le Caboul celui des
teints blancs. Cependant la transition de Fun (en regardant le
Pendjab comme la continuation des plaines de TlndeJ à l'autreesi
presque aussi rapide que la transition des Lothiânê diuxff igMands
(hautes et basses terres) de TÉcosse. Le Cypaye est un soldat à AC-
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DEBXIÈRES NOUVELLES DE L'INDE. 197
tock, une femme à Ali-lfusdjid. Eh bien, la dislance entre ces deux
points n'e^t pas plus grande qu'entre A berdeen et Edimbourg. Mais
ce qui tue le Cypaye ressuscite en quelque sorte le fils du n rd aux
yeux bleus. Au pied du Caucase indien , nous nous retrouvons
dans le berceau de notre race. Ce fut de ces sommets que descendit
le Goth. A travers ces défilés émana le sanscrit. Les muts que j'é-
cris, sons primitifs de tous les idiomes de l'Europe occidentale, reçu-
rent ici leur première forme articulée. Rien ne saurait empêcher
une colonie anglaise de prendre racine ici avec autant de succès
que dans toute autre partie du monde. Le climat est aussi convena-
ble aux résidents anglais que le Cap ou l'Australie. Situé à six ou
sept mille pieds au dessus du niveau de la mer, le sol produit toutes
les récoltes de la zone tempérée. Par le fait, la vallée de Jellalabad
peut être considérée comme la continuation de la vallée de Cache-
mire, dont la salubrité est proverbiale , sur la rive opposée de
rindns.
» Toute nation qui expulserait les tribus maîtresses de la région
entre Caboul et Peshawour serait justifiée d'ouvrir ce» défilés au
commerce de l'Asie centrale. Un seul défilé, ou une série de défi-
lésj comme le Kybour, seules issues d'une chaîne d'ailleurs inac-
cessible^ appartiennent à tous les peuples. Y lever un tribut de
péage, c'est une piraterie comparable à celle de faire contribuer
on navire franchissant le détroit de Gibraltar. Mais , outre les
exactions régulières exercées à l'entrée du Kybour, les barbares de
ces montagnes, pillant tous les voyageurs trop faibles ou trop peu
nombreux pour leur résister, ne sont que des voleurs de grands
chemins, qu'il est méritoire de châtier et de chasser de leurs re-
paires.
a Nous pourrions facilement stipuler avec les peuples de l'Hel-
monde, que, pour prix de notre évacuation du C4andahar, ils don-
neraient aux tribus du Kybour les moyen de subsister dans l'inté-
rieur. Nous pouvonsaujourd'hui concentrer vingt mille hommes sur
la ville de Caboul : n'est-ce pas une force su fiisan te pour dicter des
conditions pareilles? Or, nous avons acquis assez d'expérience à nos
dépens pour savoir que, si nous n'obtenons pas l'abandon d'une
partie du territoire ennemi, il ne peut y avoir de sécurité pour
aucun de nos établissements. L'automne dernier, la garnison de
Caboul comptait plus de cinq mille baïonnettes : c'est plus que
nous ne pouvions en maintenir à une telle distance de notre fron-
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^ièr^; et J'qn a yu si cipq mille baîonneUes <^t pu Cûniq(\ir jj^te
l^opulation fanatis^.
» Nous ne pQuvons çoi^s^rver le Caboul par inoitié : il ffifit fe
fjàïdçT lout eniier, ou laisser I^ clef de riode aiLx mains d'eoncmis
i|fip1acables. Un seul fort solitaire à Tent^rée du Kyjbour serait af-
fa^mé ou emporté par surprise. L'occu,pfilion d*un lel po^ieavapçé
serait pire aue Ve^iil dans un étahlissement pérsitentiaire; ]es irqa-
fp n'auraient aucune sccuriléçn. dehors des ^urs,^e leyr prison.
Çftinle-Jlêlène n'est rien compajali^ye^eM^- -Ce serait gjif^.qr^ejpc
d'^llsa au milieu d'une flotyte hosti,)e. ,Ces jslpi^i,tcs ^e fpnt^^ n\ir
ri ^e,^'ex terminer Içs Ferjngbis, quocuj!^qjue mod^o. Ce S9,pt dfîj
hypocrites par patriotisme,, et héroïquement perfides. Nous devons
^eur faire yi^er les liçujc, .et rt-mplarer les indigènes j>ar une po-
pulation à no|ys dé^vouée, ou bien rebrousser chemin jusqu'à Fa-
rçzepoury avec la certitude d*y être devancés pa.r la rébell on.
» Mais, dira-t-on, où trouver des colons assez hardis pours'ei-
l^oser aux dangers de fixer teur habitation au milieu d*enaemis
aussi implacables que le deviendront tous les AjÇTgba os, auprès une
spoliation pareille, et qui, jrayanlpas craint daUa^uer six mille
hçmmes de troupes disciplupées dans Je Koord-Cabçul» ne crait^
draieat pas^ à plus forte Raison, d'assaillir une population dissé-
minée d'agriculteurs et de commerçants ?
» A cela je ré;ponds qu'il ne fois chassés au delà des monts qui
eptourêipt de leur barrière les provinces en questiçn, JesKybou-
ries n'auraient aucun moyen d'y rentrer que par leurs défilés, et
certes, s'ils les ont si longtemps défendus, nous pourrions, nous, ^
jamais les en exclure. Ces montagnes son^, en effet inacces^i^Ie$
par tout autre district; et entre cette muraille de pierre, d'une part»
e(,la branche aflghanc de rindusdeTautre, s'élepd ,une région fer-
tile et salubrç, de^ux fois plus vaste que le plus vaste des con)ié$
d'Angleterre; tandis qu'au delà du déûl.é de K.çordCaboul , au?
tour de la ville même de Caboul, s'étefid u^e autre région égale-
ment clôturée pa|r les défilés de Koord-Caboul au nord, et parceu;^
qui conduisent à Ghuznie, au couchant. C'eçt de fait un jardin
^rand coipme upe de nos provinces, eutoyré d'une muraille à^
deux ou trois mi)le piids d|e haut, avec des portes principales, c)ia-
cyne desquelles pourrait être défendue par un s/e^l régiment conlFÇ
toute la population de l'Asie centrale.
» {('avons-pous pas en Angleterre iinç population plus consiae-
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Yihfe (^ ne-petit en iHNiirrir>ii«tre9i»l'et'l*ètat'-«cl««l'de Dagiécul»*
tore? Ne sommes-nous pas en même temps plus rioiMB*i|«'aiiculi
tmtre ndioD'ra 'bitineiifs tit'ên mi^•irs^«p|?mMpott^L?lmiBs na-
«figiible cmMaît t)irette«imit«irpM'Cle»^éfiMsifaîVotivrent«ir/la
^yëOk tie 9«1MÉbad , 'nwigtfiion 'kidVile fpDQr*ii<MiS'taiis'iii» dépôt
«iffft(vifeà'Son-*teraie'^BS'lfSH«iVM,'t;VKsMMliael GabcnL, cetie
^lle en étmft '4e pomt *e«tffi9m^ ; «Mtîon * kidiiprte , '«nr, «Mcare-iè
présent, tl>e9t le igninfQ tmnpehé coumNfiroial tpearl^Jl^ie'caBlmle.
'QtR ne-5erâlt-^11e*pBSy^b#té«pffrd«»»artlHiwi8ian^laK4e8 m»-
'MCKtariers et itfes' tenquien-iingiais,' HMfe'ftOf tdut »vee dcaTOuM
OTfeftes'par'êes inFgènîeurs «nf laîs !
» Maîfftenatit, «frppeaez à •Gaixyal les lois tt ta iibei^téB anglais
ses, un gouTernemenl représentatif, «nre presse ^bre, nrntystèflia
Ifédocfffmn poMique, etc., etc., truelle «aivroe abcmëante'ieban-
«esinlhieaces «et. de^bcms'OKmples «enfît Cvbaul, etpaur les tMt-
^Ki»s4e^apènhi9Me hfdmiM«ifq«e, èttp«ir'M^onleB4njo«Mft^kiifi
ièsorganîséesile l'AlTiiffaaimtanl €les<dMlés, <ygi laaBnU'eweB^*'
Traîem que prmr -venri fleurs bandes êe fMMWvdevrs et dlasMsriîAi^
Oetiendraien t «e Tivia^anai» Ae ch4IiMrtiion , «liant smmweÊêe • n^
pandre avIoiditnirtropplein'A'mdufttrie, d^ntdlîgviiceet AeiièiKfté
«Misiituffomiéne. Le tyaan de Bokbara , k l'approdae 4e ^tle< in^
fwnee nonif«Hie, tfemMemt iaaalesptdaiawQslasqaelB aoDt crotté
lès tes cachots à v«nmne(i}. lie Russe, en «'avançant wm Aatraèad
wi¥bffa, vespînrit d^à l^anr féoend de la IIImtM. A l'aot, letfCy^
bour, le redoutaMe Kybour, ne lifferaît pltts paisii^e qu'à Tia»*
TisJon du comneroe, Abs arts, 4e k littératme. Les idées eur^
pêennes fraient féconder et le Pendjaib, et Pethi, «t Agra ; enAn les
ânglo-Indiens ne seraient ^Ins de simples oiseaux de passage. A
kvrs pénibles tre? erséea de Itkéan fils svbalîUieiaient des visîtesA
Imatnmtvtih^pahrit de^leltatabadet de Caboul i ne seraient là peut
eux des^exenraioBa qui exigeraienti péîneqttidqttes jours et i
tnaadépenses de ptua^'iHioieuT enfautponrt^eun |
annuelles aux montagnes nord du Sutleje. Les gaandas InulIcB de In
péninsule, au lieu d^enva^r leurs -enfbftls par •eamgaiaanaen An^
tHlerre, les garderaientprès d'elles dunslaa mantagncs, jysfu'à
(1) Cedaspole-ealtetiant ome rétenre de vermine : puces, punaises et
Irai insectes d^ignûUDts, au«queU.lI liTre Je«ytctimet de ton déplaisir.
I^aa demi-heure dans ce cachot ptfd<ci«{airs suffit pour tuer un* homme.
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900 J>ERNIËR£S NOUVELLES DE L'INDB.
ce qu'ils fussent assez robustes pour supporter Fardeur du soleil
dans la plaine.
)> Nous avons une grande dette à payer aux peuples de l'Inde : nous
avons extrait de leur pays beaucoup d'or, et en retour, qu'avons-nous
fait, si ce n*est d'administrer leurs affaires d'une main assez ferme
pour maintenir la paix entre eux? C'est un bienfait sans doute;
mais, hommes libres et chrétiens, nous leur devions davantage, et
si nous ne pouvons directement les admettre à la participation de
nos idées politiques et religieuses, montrons-leur en grand l'exem-
ple d'une société chrétienne complètement organisée, dont Ti mita-
lion les tente. A tout événement, ne perdons pas l'occasion de créer
une nouvelle sauvegarde à la puissance qui nous a permis de faire
déjà quelque chose pour eux.
» L'Indus est la grand'route naturelle entre l'Asie centrale et le
Teste du monde; c'est la seule issue praticable pour les produits
d'une portion du globe, aussi vaste que le continent occidental de
l'Europe. Caboul est la clef de la navigation de Tlndus du côté de
rAffghanistan,deBokhara et de la Tartarie indépendante. Tout ce
qui descend l'Indus, provenant de ces pays, traverse ce grand eo^
trepôt, dont nous avons l'occasion de faire une ville entièrement
anglaise. Là est une contrée que notre légitime défense nous force
d'usurper sur ses occupants actuels; là est un nouveau champ
pour l'industrie agricole, pour l'industrie manufacturière et poar
les entreprises du commerce; là un climat analogueà notre consti*
iution physique et une localité parfaitement adaptée à nos besoins
politiques : c'est une belle occasion de faire le bien,
» Je ne justifîe pas la guorre de l'Aiïghanistan : au contrai re, au-
tant que je puis juger la questionne la blâme ; mais si elle avait
été entreprise pour arracher ces brigands de l'Asie centrale à lears
forteresses, et déclarer la route de Caboul à Peshawour ouverte aa
commerce paisible du monde, je la déclarerais légitime, £h bien !
l'occasion se présente de faire sortir un bien du mal; un homme
juste ne peut hésiter.
» Que les Kybouries s'en aillent en paix, au nom du ciel ! Il y
a en assez de sang versé. La vengeance est un mot qui ne doit pas
être connu dans les conseils d'une nation magnanime. Point d'in-
cendies! point de ravages! La leçon morale qu'il s'agit de donner
sera bien plus frappante. La machine à vapeur, l'institut pour 1'^
ducation des ouvriers, les leçons de musique gratuites; voilà les
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BERNiiRES NOUVELLES DE L'INDE. SOI
monnmenU qu'il faot fonder en Thonneur des morts au pied de
ces montagnes ensanglantées; et si le massacre de Sugdaluck pro-
duit toot cela, nous pourrons vraiment dire que jamais sang ne fut
plus utilement Tersè. Gilbert Young. »
L'atenir nous dira si ce n'est ici qu'une utopie individuelle.
En Chine (les dernières nouvelles sont du 27 mai), la guerre
traîne toujours en longueur, soit qu'on négocie de bonne foi, soit
que les Anglais attendent des renforts pour leur grande eipédition
SUT Pékin. D'après les rapports des missionnaires français (dont les
Anglais reconnaissent volontiers l'exactitude), le Céleste Empereur
se disposerait à faire sa retraite en Tar tarie. En se transportant de
l'antre côté de la grande muraille, le monarque chinois rendrait
illusoire tout traité conclu à Pékin par les autorités que les An-
glais trouveraient dans cette capitale.
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9ie(J»VBIjLË6 »m 'SCiEI>M}B8 ,
JBB (LA dalTmBIU'rWB , BM BBAmL-ABflW, B«J
DE L'INDUSTRIB» 'OB I.1ACRICULTQW y 1BVC.
DE LA REVUE BRITANNIQUE.
EdiQbount, 1$ fqptembK.
jiA IWigs jiQT icQSSB. ^ ^ucoàs nu criscge auuat. — juss aamis ti>!iitfi|p-
APUHG. .— I4A 6I1ASSB iBN fiBPTSII>RE. -«^ UN MOT DB HETVOOD. «— QN
ROHAN DE CIIASSBUR. — PBRCIVAL KBBNB. — LA LIBRAIRIE d'ÉDIMBOUIIG.
— LA RRTUE BT LE HA6AZ1ME , BTQ. — NOUVELLES DES SUENCBS. CONGBiS
PB MANCHBSXBB-
Vous allez me croire devenu tont à fiait courtisan, n
TOUS ne me classez pas même parmi les amoureux de la reine.
J'ai en effet suivi Tauguste voyageuse en Ecosse, mais par
hasard et non avec l'intention de vous raconter le voyage royal,
the Royal progress , comme on écrivait dans l'ancien style.
Je venais ici faire une partie de chasse, voir si le capercalzye^
ou coq de bruyère, était devenu aussi rare que le prétendait
naguère un illustre poète de France qui avait besoin d'aug-
menter son catalogue d'ornithologie apocryphe. Je venais
aussi rafraîchir mes souvenirs de Walter Scott, et grâces à
la coïncidence, j'ai pu voir comme vous, en 1822, le gathe-
ring des clans. Gomme vous je suis forcé de dire qu'on a
donné à Sa Majesté la reine \ ictoria une édition illustrée de
la pittoresque Calédonie ; mais il en est de ces éditions comme
de toutes les réimpressions les plus riches : les amateurs ai-
ment mieux Veditio pr inceps. Autant voir. l'Ecosse à l'opéra
que de la voir ainsi remise à neuf avec ses montagnards en-
dimanchés 1 Ajoutez qu'à ces cortèges de théâtre se mêlent
même des comparses fort mal exercés. Les seigneurs écossais
se piquant tous d'exhiber à leur souveraine une grande queue
( a tail ) , c'est le mot local, quelques-uns y ont enrôlé tous
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C(|ix quiontibiAD vcmtu ^ 4aire ^^o^i^jg^acda^epacade. ^41
fidpe chose n'était-elle pas i^\;ée pour .Georges IV, ^pui^
(ne le jnaltre des cécémonies Cjkt ^l«rs w Wia^t^ Scott J^ir
oiAmey qui de^it pourtant ^e souvwirxl*<avoir £^Tire ses le€«-
Iqpis avec la ûmattsenrovue 4u <«bAteau,de la^tf J^Uendeo (^}.
Qa n!a paa vu du moifls cette fois )a.^Qpiûde.4ii.€oat)ii|ie l^ghr
\fakdai» ^iler jusqu'à en faite reinôtir ^Q v^^^aldermau d^
l^lMces» ieff^ b9#q^ier «ouiAiw»» sÂt'W. Cm^,, de boi^
foone et gafiti:oi^<piû}He méwuEe. Après .(ofit, ^acwiea W
^boQiVie^^ de paraître partout epp^biinli^e. fhsim Qbii,
le pe«pie4'E€osse, ce peuple^ griiv.e,#Â(diciie9 «si puritain»
a^èbi€fitA|t epthouiiiaAiiié de cette japne seiiie^w ae.^é^a^
ù firacie^seiuent à 4<Hites les fôtes ^c^^saîses, y xh> wiiis J9
«0niioo doot «Q Va récrée un dWMK^ (tiW^Me J^^çm^fmt
i .£ût,aisactéristi9ae.
Quoiqu'on eût annoncé que la reine VÂfliyweîa WldaÂtfWPr
9Maiir io^ l^s sites càtebcés 9/^ ru^ipqiiiren^oiiiamîer «de
IJBcoss^^ ieWe s'.es^ çoutootée de vieLvies weimîtiie pw>
tieUe^, réfflMnravit ^«#s ^4^ le riasjle poiv TAiMMie.i^oelM^M»
fl^/90 lapas «9wan& da^Miiter qti'eUeMaît#i ehainiée à0
90 j)eaji royaime iW>4e pffMeodait y «eimr *nwelJbiVM(t.
V» iurim^ Al^ft o'4t pee eu «mm^s de finocès qi^e son aji^sale
twynae; a«ipràs4es.dMMs d'atiard il a ^ a«iei AiMbU
q/^i^n peut rAtre^pwid deM k^ wéoAge regrel on m p«rte««i
les «flottes ni le s<)epU:e. Hm U eà tf »M¥^vfi loueeee
9e|ctts« U o^ il a niarclié dnwea («Miee et ea libïirtti, c'est i
KuwajvwsM^ d'Ë^binbourg. Vous sarepi ^Bdifubouig a tue
IpéVBalioas ^mékmkvmt ^Qpie (lemiive «n Puisse ; c'eal
«l[tppe«Mie uritte »n pew pM«««e» e^Jes.daJiKes'ae piipiept de
mw tto peu de^iihysiqwe, 4in.peii de^ckwie, ub 'fwi'd'bisr
foire naturelle, un peu de géologie, etc., etc., etc., c'est-à-
4pm un peu de tout : le prince Atfaert, a^ec Bon Miwatton
iBurerskaire allemande, en sait au moins autant que les dames
^Edimbourg. Il a donc étonné les professeurs de la classique
il) OH MforffUUyf
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20V NOUVELLES DES SCIENCES.
Edina, de VAthènes du nord, comme un autre Pic de la Mi-
randole, ou plutôt comme un autre mirabiles Chrieton, car
c'est surtout ici qu'il faut citer cet Écossais qui, dans notre
siècle à romans, est devenu le héros d'un de ceux de M. Har-
risson Ainsworth. Vous comprenez combien un pareil aide
de camp ajoute au respect que les loyaux sujets de Sa Ma-
jesté sont si disposés à avoir pour la reine. Avec le prince
Albert i ses côtés, Victoria Regina est une autre Elisabeth,
en état de tenir tète à tous les hellénistes, latinistes, etc., de
ses trois royames. C'est lui qui parle grec, latin, sciences et
ie omni re scibili pour elle. Cependant elle a daigné planter
de ses jolies petites mains un petit sapin et un petit chêne
dans un parc avec une petite bêche d'ébène que, suivant les
Journaux, écho de l'admiration générale, elle a maniée avec
l'adresse d'un jardinier consommé. Il y a de quoi rendre ja-
jalouse Mrs. Loudon.
En attendant au milieu de ces (%tes, vous devinez bien
que ma partie de chasse a été impossible : tous les proprié-
taires de châteaux et de parcs espérant que le prince pour-
rait taire à leur gibier l'honneur de l'abattre, se gardent
bien, depuis le premier septembre, de laisser tirer un coup
de fusil qui risquerait d'appauvrir leur réserve. Plaisanterie
à part, ie fait est que le noble ami chez qui j'étais venu s'est
tenu religieusement en ville ou sur le passage de Leurs Ma-
jestés. C'est un whig, mais de ceux qui pardonnent à la reine
d'avoir un ministère tory, pourvu qu'elle daigne ne pas leur
faire tort de son sourire. On en est ici à compter combien de
fois on a vu Sa Majesté, ce qui veut dire combien de fois on
croit avoir été vu d'elle, sans l'avouer aussi franchement que
le fit le vieux Heywood i Mary Tudor (1). Jusqu'ici donc, en
(1) Le poCie-eomëdien Heywood, revenu d'eiil à ravéoement de Maiy
Tudor, se présenta à sa cour, ei la reine l'ayant reconnu, lui demanda quel
bon vent le ramenait: « Madame, répondit-il, deux choses principaUl
m'ont ramené : la première, le désir de voir Votre Majesté. ~ Je vous
remercie, monsieur Heyweod ; mn\$ quelle est la seconde? -Le dénircf din
vu par Votre Majesté.» Marie lui donna la direction du théâtre de la eour.
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NOUVELLES DES SCIENCES. 305
fait de chasse, bien m'a pris d'apporter de Londres, pour les
loisirs de la soirée, deux romans dont le premier m'a fiiit dv
moins chasser en imagination : c'est le Old Engluh Gtntkman^
par John Miller (« le Vieux Gentilhomme anglais»), dont je
ne crois pas vous avoir parlé quoiqu'il ait un an de date. Il
appartenait à l'Angleterre de créer le roman du ifort , après
avoir créé le roman maritime. Sans doute dans la plupart des
romans anglais, depuis le Sqydin WttUrn de Fielding, il y a
toujours une scène ou deux de chasse ; mais M. John Miller est
le premier qui ait fait une partie de chasse en trois volumes.
Ici nous avons bien des amants et des scènes d'amour, mais
les véritables héros et héroïnes sont le renard, le lièvre, les
perdreaux, le cheval, le chien surtout, entre autres Buttan^ le
fidèle ButtonI Ce sont eux qui m'intéressent, quoique M. Mil-
ler ait donné ses beaux rôles à Tom Bolton , le piqueur , à
Péter Bumstead, le garde-chasse, et que le Squire Scouriield
soit le vieux gentilhomme campagnard du titre ; mais on voit
bien qu'il n'y a pas encore des peintres parmi les lions, ^et si
le chien Button , à qui il ne manque que la parole, pouvait
écrire ses mémoires, le roman serait peut-être supérieur; j'en
demande pardon à M. Miller, qui a la juste gloriole d'être
aussi original que possible dans la nouvelle mine qu'il a ou-
verte aux romanciers. Tel qu'il est écrit par un bipède, ce
livre offire dans un cadre très-simple une suite de tableaux
piquants de la vie de ces gentilshommes campagnards dont le
type ne saurait se perdre; vous avez là en relief Old and
■lerry Englandj la vieille et joyeuse Angleterre avec ses
moeurs provinciales, ses mœurs antiques, ses mâles amuse-
ments; toutes les descriptions sont d'après nature, car l'auteur
est un squire de la vieille roche comme son squire Scourfield.
Je ne sais pas assez la langue du sport pour oser vous en
donner aujourd'hui un extrait sans un de ces vocabulaires
qui sont indispensables aux profanes, même dans ce mois de
septembre où il n'y a pas un cockney de Londres ni un ba-
daud de Paris qui ne se donne les air$ et Uê paroUs d'un Nem-
rod aussi terrible que M/Apperly.
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JM^ NÔtVfetLlËS DBS âtîIEKCES.
j0'ne*iD»'diMi« pà8*ntni'plii9 pcmr uiraëepte de Ift UttétÀ»'
tÉtomantîne^ oepeirdatitîe powrris; je croie, très-pftseaMe»*
ment voue traduire d^oii'bMt à l'anlre le novresa roman do*
eËpîlanie Mmryaifti le aeconé d^srdeux que j-ai pri»* comme
Iltomibn de voj^iaga PemwUSktn (Mrchral le fin, le rasé)»*
aétasi' intitulé suns'devte par opposition h Pierre le Simple,
du* mène- afuâèor, se lame Iîib sans dîotionnaîre nautique,
bien' que le capitaine nous fasse naviguer dMis les trois qvarC^
d«*ronufii, elt^notis fosse vivre à terre avec dés marins. Maf#
dMord^n^'ètes-vons pas de oem qni ont assez de la liltéraH''
tnre maritime? Ne penset^vous paaqne M. Marryat lui^nvèiM
devrait finir pa^ jeter Faitcre, soit dit sans prétention an ca^
lemkioiiv' déjà fiait à* la Chambre des députés de France (1).
Veïi veiix^ pour ma^part, àM. Marryat, de son ffah^eau fim^
Hme^et de quelques- akitres' mystifieations navales; mais, je
vous en prie, li^ez Percival Keen^ei vous pardonnerez an en-*
pitaitte tous ses* péchés; Ce roman m*a prod^effseinenl
amusé, réjoui, intéressé, par son style facile avant tout; pnisi
par les bone teur^ de son béros^ qui- mérite dès Féoole le
Dom qu'il porte. Par exemple, si vous avez un écolier en va-
oanees auprès de von^, cachez bi«in ces volumes : le petit
FercivaMui apprendrait à révoltitionner tous les collèges de
Baris, et à faire même sailter un professeur comme un bàt>*
meart qui laissa prendre le fe^^^dans là sainte-barbe. D'écolier
plilsrqn'eàpîè^, Percivnl -devient u» mid$kipm(m encore tré»»
teceu^; mais ce qui le distin^jfoer de ses camarades, c'est qu41
n»se laissejamais prendre, et fant raipidemeÉit son chemivdV
vanoement. Dans- ce grade de novice, il lui arrive maintes
«ventureBj doaH il sort à son •honneur; oeanme lorsqu'il est
aHMidonmé en pleine mer dans- un canot', avec une canti-
nière poar tout 'équipage; ou lorsque^ tomber ans mains d'un
pirate nèg^e, il apprivt)îaa par son sang-froid ce maître itH
(1) Note du directbur% Notre correspondant fait sans doute allusion ici
à Tamiral Lalande, qui, ayant renversé l'encrier dé son bureau, fit dire an
spirituel président de la cliamliré élective que dànïsôàméÀen'aôEllràl
était forcé de temps en temps de^jé£6ii1mef«.'
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nmi et' s*emtàit muann* Vous TnrmTrnuinrn rtwrn m Manmi
M dneK (lW€lns6M( sur mw,. dis» frégatest pnm» àU'^cMi^
dqpjdninmfavgeft^bra^ toa^teineidesteidiriaiTio'laipUvf
aHilift;:iiiûstbi9ini0afdiiimbl€n^ rae(l1l4é9^ satts w^si
éHk^B de iiioltit«^l*riqii«B;.e^.eMCNn in0îii».9ai'oe*le. fbnr *
séologie sentiiMMlBlefel aiif»mU0'qiii^lisB>n>iHBrioMrs^é^
dmoe;. àaam Vtcotk frangwe;. amalgaMMt si ^ ski^ttU^neh t
amc le jav^m^pInsK oni moin» bten^ goodrmmé ' de» conteimi
A«ui|] dft! quitter* BdfdiboiirG^, je dob^ v^m» dire qtvc'esb
taiynn» le seoottdimaveMHlilévaire de lai Gituid^-Bvelagwi
Lee file BlackwoHod céffliniieotswr.iine» ttèe^llvge éoheUetlai
librairie paternelle. Voilà YHiitoire de l* Europe d'>AUeon,>«Bi
iê gn» volMies, . acberée. On trovre daiie lèiir catakq^ nie
linre» lUMnreaia un. etcelleiit Fbyefs emdréet qiie voue ayead
cité dèrafciwcBi, celui de M« Mure de Oaldwetl; la JVoih
t€ttt :Siai»#f<fm i£0 V'Btomê', de» Elémmtê^ de eAîmt» du pt(V
fesseur Johnson, rival de Liebig; une Nouvelle théorie de Un
iwpitetioiv,. eoecim pffr? Alison (2vd; i»«8''),.^ etc. Le
BlatàmKfi Magasin» ert. loigèfurB^ dirigé par le professeur
h Wibon^ quiola rien^perdode ses humour, de son énergie;»
de «a rerve de poète et de cniiqne.MM. Bla€k:wood réioh
pnwDt à pavt!( 3^ voL j qnekpies^una des principaux articles^
de cet benBe rare qviin'avaiii'qa''ua rival dans la littérature'
périodiqwi, le^doolëurMàgixin^ 6|iC6HH-«i' vient de mourir.
Ces messieurs réimpriment encore, à six shillings le volume,
les romans de leur fonds qui ont survécu à la vogue ordinai-
(i) Note du dirbctbqr. Ce roman sera probablement^tradait par M. De.
fauconpretet publié i la librairie Charles Gosselin. En attendant, il a
paru eo anglais chez M. Baudry, et par un vrai tour de force typogra-
phique, iJ n'a fallu à cet éditeur que soixante-une heures pour réimpri-
laer les trois volumes de l'édition anglaise. Tant qu'il n'y aura pas un
droit européen pour proléger les droits des auteurs français, tout en ap-
pelant cette loi internationale de tous nos vœux, nous applaudirons aux
représailles qni finiront par en démontrer le besoin à l'Angleterre et a
rAlleougne.
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a06 NOUILLES DES SCIENCES.
renient éphémère de ce genre de littérature : tels sont Jte-
ginald DalUm et Valerius de Lockhart ; les ÀnnaUê de la Pa-
roiae, et les autres romans deGalt, et Tarn Cri/ngW$ Log^ dont
la Reme Britannique a publié autrefois des fragments. Ce
' roman, longtemps attribué an professeur J. Wilson> se trouye
être de Michael Scott ; Tautre Scott Teût avoué.
La Retue d'Edimbimry appartient à HM. Longmann de
Londres; mais c'est bien toujours la Hemie d'EOmbfmrg^ im-
primée à Edimbourg. M. Macaulay, Tauteur des beaux arti-
cles sur Clive, Haetings,' Frédéric le Grande est d'Edimbourg,
ainsi que la plupart des rédacteurs, quoique aujourd'hui
comme de tout temps les auteurs de Londres y soient par-
foitement accueillis.
A l'autre extrémité de la presse littéraire, vous avez ici le
Chambere' Edinburgh Journal qui parait toutes les semaines, et
dont rimmense circulation égale celle des SiUurday et Peimy
Magazinee. Un tirage a lieu à Londres et un autre à Edim-
bourg.
Je m'arrête, mais je pars demain pour Glascow, et traver-
serai à mon retour le Lancashire. Je pense trouver à Lon-
dres, entre autres publications annoncées, deux volumes de
Charles Dickens qui ont pour titre American Notes ; je ne pense
pas que ce soit un roman. Nous verrons si l'auteur a observé
les classes populaires des Etats-Unis avec cette sagacité dra-
matique qui nous a valu OUver Twiêtei Nickolae NidMbg.
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BULLETIN
DBS SOCIÉTÉS SAVANTES D'ANGLETERRE.
PIUlliRB BÉUiriOFT DE L'ASSOGIATIOIT BRITANNIQUE POUl
l'avancement de la science.
Suite.
PUHIÈMI SECTION. — SCIBNCBS MATHÉMATIQUES ET PHYSIQUES.
Changemmii proposés dans la dénomination et la valeur despoidi,
des mesures et deg monnaies en Angleterre. Une commission a été
chargée, 0 y a quelques années, d'examiner quelle serait la meil--
kore méthode à suivre pour remplacer les étalons des poids et me-
sures (le jard, la livre, le gallon et leurs multiples) qui ont été
détruits dans l'incendie du palais des chambres. M. Peacock, le pré-
sident de la section, et l'un des membres de la commission, fait
connaitre l'opinion qu'elle a exprimée au gouvernement sur quel-
qocs-ODs des points de cette question. Elle a demandé d'abord que
les étalons pour les poids et les mesures fussent indépendants les
UDsdes antres, ce qui n'était pas. I.a livre troy (375 grammes] ne
démit être conservée que pour un petit nombre de transactions, et
senit remplacée dans l'usage général par la livre avoir- du poids
(SOO grammes), qui serait la seule ayant cours dans toute la
Grande-Bretagne. Les mesures de capacité devraient être détermi-
nées par celles du poids : cette méthode étant beaucoup plus con-
venable, puisqu'on détermine avec bien plus d'exactitude la pe-
santeur, qu'on n'arrive, par exemple, à la formation d'un cube
parCitt. La commission ayant rec«inou, à la presque unanimitéi
qu'on ne pourrait apporter le moindre changement dans la détermi-
nation des premières unités sans amener une grande confusion et
des troubles multipliés dans les transactions les plus ordinaires de
la vie, a demandé qu'on conservât strictement toutes les unités
déjà employées, savoir : la livre sterling, le yard, le pied, l'acre, le
gallon et la livre impériale ou avoir-du-poids ; cependant, voulant
introduire dans les poids et mesures, autant qu'il serait possible,
5« SÉRIE. — TOME XI. i^
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filO NOUVELLES DES SaERGBS.
réchelle décimale , elle a ptopmë an f •«▼ernement de soumettre
d'abord à cette échelle la division des monnaies, qui serrirait
ensuite lAe teÉe jpaiir niffciiHuiiB H» aiHu «Mirite Itan la
division des autres poids et mesures. Ainsi, la livre sterling étant
fNse.conuae ruaitè ipiinslive, i» frapperait «uae monnaie 4» Jn
Taleur de 2 shillings (le 10* de laJUse ateclii^g),; une autre qui
aurait le lO* de la valeur de cette dernière (20 centimes et une
fraction )y et serait en argent ou.eBJjronze» enfin une troisième, qui
aurait une valeur dix fois moindre encore. La première de ces
pièces serait appelée Victoria, du nom de la reine; la seconde,
cent (le lOO* d'une livre), et la troisième, millet (le looo*).
Dans cette disposition , la demi-couronne disparaîtrait ; mais on
CMnerveraît *te ^hMtng»^ le êias-fmw9^ Ises ^
nîeDTt ees ^rnooificatioBB ^mncwt 'noDBiaCTilNCS , ii l'on ^n *
V. Feaeodk. A 'h Imqne d' Angtetenre , «pvr «aenpte , vk Vmm «»
cenvi^te'puB uioius 'ùt iunii!.(en|]lo940s,1tvpp1iuiiîra de celle 4ybMe
flecfmale TOCiiftefwt Bingniiefeineitt leS'tipénimiB^^âe tmvvI 'M te
tonne des lifrw. Ainai, en 'éonrimt les ^nHClM, «ar tteatMnqoHi
iié^tgefrt«Qjmrrd%ifi'Ain»lennvom]Mns4e8«mi»'MmiaHn<^
(to oenlimesf) , la sonmie *âe T7 livres '8 victmm 1 moH mmÊt
fepTésenftée par T7|7T.
ILa commission , srppliquant le «lême principe «nz *poiiB , d»»
■iaDde'qiiele*Aene,'«nlieQ'H^M«'de 6 -lîvresidvns mieHflnil, ût
f2 ^ même de 14 dams'un «ratTO, so^tpartoittMle «o4m«s. <jV
nodifi^tioiis, ifue les 4liéonoinns *titiu!f ewmt yen iiwpiiilanlM, i^
fefift déjà vn grvnd *progrèB ponrtRi pvyv'vuiii fiidÛque ^Ui 1
g|pt«rre, et %n<nienbneata eengrès, qoi*«%tleHdai«Mtàii» <
gomenii i^Kii giww <A :0hR pertoitaleiiM., %nt Twn 'UMii
Mlle ff^rnrns «e imtwk «pas mpgwièe ipar le'pnrImMit
mm/th p0nêmM*Pit»imé0 ]«4i,'fior Jif. ttarph. iiam
mnie'âes^flcieiiin «n ^piogi^ ^'desquelles lo^Mgièi « toploaapi^
iMetuuut I0iinu<ifi ww^flé#ls^ wwii'tuifM 'leaiiMMMnrienlHni iiM
tt Mjoi oiA %té remuées wve ^une ^MeiMiQ
■.§n«irfl8rrl§MiHmwe'i|M<la te'devB49*4i
Ii0RMlnMe ^oe la mm «VAnarfilfioRB viAéonile
i^hrai^ M «Mm fOBiaittJe <)«iir «lia mdt, wnnifl
liim, iMênft iOk «iwéBi^dl'SBtenmfMUMnijftis à |
te slgrtlai B<É6wil<His iiihiWii«ew*h>WBailiiyn «aMaililii
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diDteinq années consècntÎTes, de 1887 à I84i, et quelques re-
étoAM YOtles vents, faites avec ranèmomètre du professeur Whe-
well. Ces observations ont élé reeueilltes à la hauteur de 76 pieds
au-dessus do niveau ide la mer, et réduiles4outesi la température
de a% diigrés Fahr. Les moyennes de chacune de ces années» r^pré-
kdUss par des lignes sur «ne carte, offamit une coïncidence re-
marqoable dans leur mavabe gèhérale.*, it un ^irés^putit^nimibre
leolement de déviations importantes : résultat bien digne de Ûxer
PlHMtion/staltDtft siTôn tienl compte des nombreuses variations
ittiqtrétlesl'atmost^hêfe eéi sujette dans cette latitude. La pression
rnsfOOit âte ces années correspotid exaciement avec celle qui
Mit tté|l été obstsWèe. La ligne qui Yeprésentait cette pression
fMsatt eiftl^n heureet (lemie, puis'? et 8 Su matin , entre niidi
él 1 beim^, puis 6 et 7 du soir. Le maximum de la pression ho-
Mfh^alfaft été, à une setïle excefjtion près, pendant six années, à
tlieitm'dn maffn et du soir, et le minimum à 4 heures du matin
et du soir. l;a ligne de h pression moyenne était dépassée quatre
fMs dafns Y4lieures, et sans aucune exception pendant six années.
Aintd donc Wréalisait ifiltdre, même au milieu de nombreuses et
iXhportaiites varia'tioifs atmosphériques, le phénomène qui a été
dhservé h première fôiï par le baron de Humboldt dans les tropi-
fin»,etqti'il a appelé oscillation ^horaire. M. Airy, auquel ces
ifeafl^ onrt 'été soumis, a p(»nsé qu'en continuant les observations
tu ddà de l'année fir42, on n'arriverait probablement pas à un ré-
sultat plus important. Les o'bservations horaires sur la pression
fitoumétrlquesontau nombre de 48,Oûo, et celles sur la tempéra-
ttttkêrehes 9ifr 4a tfteêse du vent TLe même H. Snow àarris,
pissante ifti sujet qui a quelque analogie avec le précédent, fait
àmnaftrb qtl*t1 avait cherché avec ranèmomètre de Whewell d'ar-
iHèr liiiièltiuês donhées approximatives sur la vitesse et la direc-
t»n des fetrts insés'Ctrade winds), après avoir établi pourtant que
^and % ctaytm qtii, dans l\inémomètre, retrace l'efiTet intégral
<b vetfty marréhe arec une i^pidité d*un dixième de pouce par
tan«, le éêfiiÊceafêûi de la masse d'air est, en moyenne, de onse
ffMs-ptrsetondè.^^oici le'tifbleau dès résultats qu'a fournis la vi-
iltoeiuoytittfe dtt>totft (en pied^ par secondé) pendant chaque mois
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212 KOUVELLES DES SCIENCES.
Pieds par seooDde.
Avril 13
Mai 12,6
Juin 10,9
Pied* par
Octobre 15,29
Novembre 14.06
Décembre 12,54
Juillet 9 II Janvier 12.76
Août. '. 12,87 I Février • 13,97
Septembre 15,42 | Htn 14,63
La vitesse moyenne du vent pendant l'année serait donc environ
de neuf milles par heure. Cette donnée sur la vitesse et la direction
du vent, obtenue directement par la voie de rexpérimenfalioD ,
est un fait nouveau , et qui semble devoir accélérer beaucoup le
progrès des études météorologiques. Après cette communication»
un membre exprime Tespoir que M. Harris ne discontinuera pas
ces observations tant qu'il n'aura pas accompli au moins le cycle
de dix-huit ans. Un autre membre, le Dr. Horsby, désirerait qat
ces observations avec l'anémomètre pussent être faites sur mer, afin
qu'on n'eût point à tenir compte du frottement et des antres
causées de retard qu'éprouve le courant d'air sur la terre. Le colo-
nel Sykes dit que les heures du maximum et du minimum de pres-
sion observées par M. Marris à Plymouth sont à peu près, sinon
exactement, les mêmes que celles qui ont été observées dans rinde,
à une élévation de 2,000 pieds au-dessus du niveau de la mer, eC
que celles qui furent aus>i observées à Mexico par M. de Humboldl,
à 10,0('0 pieds au-dessus du même niveau.
Jppareil mécanique destiné à enregistrer avec une grande éeo*
nomie les opérations de tous les instruments de météorologie. Le
colonel Sabine donne lecture d'une lettre du professeur Wheai-
stone, qui propose de faire pour l'observatoire de Kew un appareil
qui enregistrerait avec une immense économie les observations de
tous les instruments météorologiques dont le congrès a doté cet
observatoire. L'un de ces instruments, destiné à mesurer la forco
et la dirf ction du vent, pourrait être placé sur un ballon captif, et
tenir compte avec une exactitude minutieuse de tous les courants,
à une élévation de 8 à 10,000 pieds. Tous les essais que l'on a
fails pour obtenir que le baromètre, le thermomètre, etc., en-
registrent eux-mêmes, par un moyen mécanique, leur marche et
leurs variations, ont échoué jusqu'ici, parce que la force mécani*
que qui fait monter ou baisser le mercure dans les tubes ne peut
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HOUVELLES DES SCIENCES. 213
vaiocre les frictions qu'en iraiae tout mécanisme^ ou ne le fait
qa'arec des pertes qui ne permettent pins de compter sur Texacti-
tode des résultats. « Le principe , écrit M. Wheatstone, sur lequel
repose la conslruclion de mon télégraphe météorologique, savoir,
k détermination (au moyen d'un faible courant éleclrique) de la
force mécanique, développée par le simple contact du mercure du
tube a?ee un fil mince de platine, me permet d'éviter cet obstacle.
Je propose donc de faire construire, sous ma direction, pour l'ob-
serratoire de Richmond, un appareil de ce genre, et dont le coût
ne doit pas s'élever au delà de 50 £. Si après trois mois d'essai on
trouve qu'il répond exactement à C4S que je me crois fondé à en
attendre, un des plus grands obstacles au progrès de la météoro-
logie aura disparu. Il est peu de localités où l'on ne trouvflt une
persoone an moins qui consentirait à consacrer quelques minutes
par jour à l'entretien de cet instrument, tandis qu'il en est peu
fn pourraient ou voudraient se charger de faire elles-mêmes des
observations toutes les heures ou toutes les demi-heures. )»
Rayporiiuir le grand iyUéme coopératif d'observations tnagné»
tiques et météorologiques, par M. 7. EerseheL C'est au congrès
adeniifique qu'est dû rétablissement de ce vaste système , qui a
appelé sur tant de points du globe l'attention des hommes spéciaux,
et leur a fourni les instruments indispensables pour recueiller si*
ntullanémen t les observations magnétiques et météorologiques appe-
lées par ce moyen à s'éclairer mutuellement. Aussi, depuis trois
années que cette entreprise a été commencée, et que le congrès a
pu intéresser à son succès la plupart des états civilisés, tous les ans
nn rapport est fait au congrès sur les progrès du système et sur les
obstacles qu'il rencontre. Le savant baronet chargé de ce travail
pour c(ftte année, entre sur les conditions de cette vaste entreprise
dans des développements que nous ne pouvons reproduire, mais
qni prouvent tout ce qu'on peut attendre de tant d'efforts réunis
tànsi sous une même direction. Il a rappelé surtout l'utile
coopération du capitaine Ross dans son voyage commencé en IS40,
et qni n'est pas encore terminé. D'après une lettre de ce hardi na-
vigateur, datée de la Nouvelle-Zélande et du 22 novembre 1841 , il
parait qu'il devait mettre à la voile le lendemain pour reprendre
son investigation, et qu'après avoir traversé l'aval isodynamique
au milieu duquel se trouve le foyer de la plus grande intensité, et
qn'il suppose exister sous le 60* latitude sud et le 286* de longi-
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I«de eslv iMefiit iedlrigcp dlfwtwoiit>¥^r»-ll^ M|iie dè^gllMMi *»-
•ooaaitre le nouvotu contîiieDt FHùêoriû, dëtwaverl llamiée pié«è^
«tote, ei'ohercbep à tr«f«raer la barrière q«e lin •▼ftièotoppotèe
iw»glaQ6»i lit seml dono faroè de ptaser •noere' un- bfver son» Ifc
■dlie a Diurétique; 9*11'en était» autreneiay on ne tarderatt'pn â ap^
prendre son arrivée aii>llee'FalklHid(; ^fttisl^oaseentrftil^, une
«BDé* eoiière poovait ^èeouler avani» qu'on- eét d'aulK» Boa^to
d»reapWî«M>D.
11 rèsvUe d^a dociMDentaprébeDiiaparerrJ; ANMbelt ptrtMi
iiBobaeiwafloîreaaiiglfti^etélraogers» etdeHo»le»te»9taii0iiBMcMtai
•eil^en'Aoefltoterre» sok a«» Indes, à«l<e«eeplioo'd^eelleatd'Aéta,
^jÊrn- let< pvifteipauiLr A|abH9aenMirt»dU' OMiAilMni dtatitaés aov^ m^
lÉterohee- mMrèolbgiquea seiK* presque parlettt<eB^<pleineactMlè.
le'gomvenMimeiit rviae' Mirtaitt'a fcwrM de to«e^ sea eflbrfs l^e»-
If^piîie dtt' oeD9«èa:deê^ obierfinteîrea onfélé éNMIs à aeswfMI
èTilli^ il Nkolaje^ à MosoMii Lea^^lrvraim de'Gonalmelion-eti éN^
tablissemeot ont demandé beeucoup^dMemp», ei'lè terne' de* irofc
MM^ aooefdé'prinniivementi parlé geuf>emenwni angftiia^eHliCoiii*
pagme'dfâ llides, aHiit eap!)nep an- «omevt oè towlès amng»
menlB étaient aolfevés Burlb pltis grande panfedU*§plobe, et où on
allmt oonnenoer iréoolier les ftvîta de tant d^ Iravavx; mats H
faii?emeoient aoglai» vient'de déeîder qo^M eentMiueraît'see a»-
oeiirs pendantune nouvelle périededetreis annéeS) jusqti*^' i»4<»,
eC^ le gouvernement rnsBe, deeen oôtéi appris l^èngagement deraov*-
tettil* les observatoires établis en Rnssîe pendant l«mt ie- temps q«a
eaux de TAngieierre seraiont' sonienns, le eont» Bninow ayant
fermeHement' assnré q«e cette période était* la plna courte dans
liquelleon pftt^espérerd^arri^er à quelques fféaetta ta impor^antSi
des trais aniiéea n'ont offi^ndampas été perdues peur laseietieet
nen*seulement les observatoires ont étéeenstruÉtaetentreçu les
instriNàienta qui leur étaient néeeesaites»; mais on a trouvé «n
moyen de eorrecttompeur'la température des^aiinantay ce qui étnil
l'un des peint» lespHi» ilnpertan4»de ces reeherebcs;- en outrer on
a eu l'oceasion de eomtater IHibiquité de-ees singulières pertuabn»
tion» quVm S' appelées lH?>p#»a mciy wéf lyues , cequ%n-n<avaYt'pu
ftrire avant, et deeonsiater jusque un^certaili poibc rexaetiAude-él
ftrthéorfe de<Sauss% La grande pei>iurb#îon' dtt ab&-dé(>embrei s et^
qui tai observée à Glreennvieii-, Pft été' aussi è^ Vorente, à Sèftnte»
Hélène» au Cap et k Trevrandrum en T¥avancere* Toutes ces ob»
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rperturëttton ntr dtes pefhtê 9i êlbifpiés sont
r ài fvmp» peur tfti*ëllto*aiefrtfm dlre^publlèes-dmif Ib
^TNoMictten» d^^PlTMORiMmr pour Faimèb 194t. CM
flU'fltJt M0VI€iiiiii|umM%, (|iivoo* ]H^MiiiiDèno' flociâëiilBl obseryé'à
B«i*9lmipe»y eniliie» ai*i)^frNfii»6i'mi Amérique, tiransmik
véitaîtt, mfprknë<, paie puMiéf en* moihs ûb trail
IvitpfMNM^myu» àbpmê'êm dlfUlmim st»
eci»pui<mfctwii§<wwet Mé^génèralèf; et-qne
•B^MMli jMitéU^sitrallanée'tBr tmia^ Hs
toof «i' yarllNrtl dkn» h n§M» joarnéë
«rtMomliiNiiffn» , lesfmfc teneni' csractértstt
éiîiiimilioii* fHk» •u- meta» owiBiilëra M» éte I4li*
b, el pnr' lé mon^nmeaV d^tfèilrtotié^noni'dii
' «0m< IImmI.. €ilto' oHwrvaliëB*, âàiw laqaeUe on a pv
wqvi^tèraitr^'dto MlUeiicf» lëoalc», ei^oequi ttatt'lb
iU Mftflkmcfl» fèlièralèss e<r où l*ènr • pn-smirre les chocs
otoMvalMl», d^ slaiioB en tl«lidn, jusiiii*lr oe
^ AMiMIà^poHr élM'e ■iMqvés perrhyfltiefiGe cvoili^
de* poifrtS'pIWipBèii éseeliiî eè éUit Pobservatoire;
B^ m^m^J^ BersoM^ es» de lit plbs- iMute portée»
; dWtkHer PihflteencB'dee^éisteoees et des IbeM^
iÉKSBrksiwwîàtiowmigiiétiiiaes, et panftdèmrêtreféiDORdb en
VMnsi meofwqveSk
i^etl emcmmvemêmê'cmrémêXi aymmt' rapport à ImphoHfgrapki^
pmt> M{ Momn db/gwwfèbry» ei oofmflnmtqnë par- lé
Isssel à-sîr David Irewster. Q» f^it, qui aétécom*»
Buniqoé à peu près à la môme époque^à rilMtkBl de Franei', est
asMi InptFlMii peur que noa» iie<cmgiiioii» pas de lui donner
■senoufellepedifeité'daB» ce bollelin. La» discussion mtéressanie
qB^» s«iv4 celte' cMMiNiiiioaliitm au eon^rèè, el' les* détails dam
ksqvds est* entré M. Bssseï; qui* étati' présent à cettediseussion^
ifeotHit enoasc' h* Hnlérèl du fàtt hri-raème^ 9k on plaee mie
pbqne* noire dé- oome ou' d'agel» an*- dessous' d'tine snrfaee
dlNfeaipeNé^ â la dtslMic»4i^aQe ^ngtième de pouce^ et qti'oft
ly- laisse- feadvii dix nûiulM, la plaque d'argent neçoit une
ittapde'ln i^nrev de* Péeriiure en de Pimpreesion qvt ponmiit
s»tttnter à<liPiMiiee>de!lli^eeiiie onde- Fagnie. Ces flgnres ne-
nnl pa» fiaibise any r-argent itewnéMiatement après les dii minute»
I ledempoeat'qnapd'On « exposé la plaque d'argent
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316 NOUVELLES DES SCIENCES,
à de la vapeur d*eau, d'ambre, de mercure ou de tout autre liquide
Il paraîtrait que les vapeurs des différents Quides produiraient des
effets différents et analogues aux différents rayons colorés du speo-
ftre^ et qu'ils peuvent, en conséquence, produire une couleur rouge,
bleue ou violette. On peut faire tomber l'image delà chambre noire
sur une surface soit de verre, soit d'argent, soit même ^ur la sini*
pie couverture d'un livre, sans aucune préparation, et on obtiendra
les mêmes effets que si on avait agi sur une plaque d'argent cou-
verte d'iode. M. Bessel avait vu plusieurs dessins obtenus de celte
manière, et qui lui ont paru à peine inférieurs à ceux préparés par le
procédé Talbot. — Sir David Brewster, en terminant sa commani-
cation^ dit que ce fait contient le germe d'une des plus importantes
découvertes de l'époque actuelle; qu'il semble démontrer dans la
substance noire une influence thermaIequiyseraitGxée;bien pins
même, il paraîtrait, d'après d'autres faits que M. Bessel avait rap-
portés à sir David^ que les différentes lumières n'agiraient pas de
la même manière sur différentes vapeurs, comme s'il existait an
moyen de rendre la lumière latente; circonstance qui, si elle ètail
constatée, fournirait sur la nature physique de la lumière des don-
nées fort remarquables et toutes différentes de celles qui sont gé-
néralement admises aujourd'hui. La théorie de l'émission pourrait
probablement rendre compte de ces phénomènes, tandis qu'ils pa«
raissent inexplicables dans celle des ondulations. Les expériences
que sir David a faites lui-même sur le gaz nitreux lui paraissent
venir à l'appui de cette manière de voir, car elles lui ont démontré
qu'à certaines températures, ce gaz devient aussi imperméable à
la lumière qu'une pUque de fer.
Deuxième Section. — Chimie et Af inèralogib. De Vaeiian de
ïair et de Veau sur le fer^ par M. Mallet. Ce rapport est le troi-
sième que M. Mallet présente au congrès. Dans les deux premiers,
il s'était borné à déterminer la perle occasionnée par la rouille
dans un temps donné; la rapidité avec laquelle s'opère ce travail
de destruction dans les fers fournis par les principales usines de
l'Angleterre, et les circonstances qui retardant ce travail, con-
tribuent k prolonger la durée du fer. Les expériences que Tautear
présente dans ce troisième rapport démontrent que la marche
suivie par la rouille est, dans le plus grand nombre des cas, dé-
croissante. Des expériences comparatives, faites sur quarante es-
pèces de fer forgé etd'acier, ont égalemeut prouvé que l'oxydation
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NOUVELLES DES SCIENCES. 217
du fer batla s*opère, en général, avec beaucoup pins de rapidité
qae celle de la fonte ou de l'acier. Plus le grain du fer forgé est fin,
plus sa textnre est uniforme et homogène, et plus la rouille map>
che aveclentenr et uniformité. L'acier se détruit, en général, plus
lentement et d'une manière plus uniforme que le fer battu et la
foDte. H. Mallet examine et détermine chimiquement les résultats
de l'action de Tair et de l'eau sur les différentes espèces de fer, et
décrit la plombagine comme un produit de l'action de l'air et de
Veau sur l'acier fondu. Une masse de plombagine, retirée de la
mer lors du sauTetage du Royal Georges, aussitôt qu'elle fut à l'air
absorba l'oxygène avec une telle rapidité, qu'en peu d'instants elle
airiva presque à la chaleur rouge.
BÎTers moyens ont été essayés pour protéger le fer contre la
ronilleqni le détruit si rapidement. Celui que propose M. Mallet
eansûte à revêtir le fer d'une couche de zinc* Mais, dès le point de
départ, on éproave un grand obstacle : c'est que le fer n'ayant au-
cune affinité pour le zinc, ces deux métaux ne peuvent adhérer l'un
à l'autre. Il faut donc, dans le procédé de M. Mallet, commencer
par nettoyer la surface du fer, et enlever la couche d'oxyde qui peut
le recouvrir, et ensuite le plonger dans une solution d'un double
dilomre de zinc et d'ammonium , dans laquelle il se trouve en
coDiact avec une couche mince d'hydrogène , lequel augmente
beiDconp l'affinité du fer pour le zinc; puis on couvre le fer d'un
amalgame triple de zinc et de mercure. Plusieurs échantillons
de fer, soumis à cette préparation, sont mis sous les yeux des as-
«sUdIs, et entre autres un boulon de fer destiné au carénage, et un
boulet de canon, qui étaient dans un état de conservation parfaite,
«près être restés à découvert sur le toit d'un bâtiment. Les bou-
lets de canon, lorsqu'ils sont exposés à l'influence atmosphérique ,
s'oxydent si facilement, qu'ils ne peuvent plus servir au bout de
cinq ou six ans. Une commission, formée de membres de l'Instl-
tei» qui avait été chargée de faire des recherches sur ce point, a
voulu employer le zinc, mais elle fut obligée d'y renoncer.
(La suite au ftochain jitimdra.}
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CnRONIQtrE UTTÊRAIRF
MX BlUaaLXLN. BIAXJJOQEARAJUIUS^
Les pluies de septembre n'ont pMawM FéngnÉter dm Ihk
nondftfiiatîâieft; Ifénn^mtimii dft> tonfecoqui:«l»MMf».o«^4#!tiNit
mii4iiî»dfMh?aivrD0eaè înges.efa awwato,. écoliwtafe purfiimniK « ii»
hirriftiwi éeftiinéeft. i dîeoipiÂneK la queue* gmlnHa> la.
iftyifito).eilQnÉMdea qneaaa passibles dn snoBèsîOv de-1a*0Ma
faa.aiiiaii»>.ptffeoD8è^piani».éonfveiil dévà»am dÊraalMaB^pimiè^
alMsanifiMfvtoQi^éa'foiiaiin.oa daflftaadQcwna'lHta^ caroolV
aORMO sa. piàea' i«hlièe pira» la forane ^ qn'oir s^appeM» Biigèaa
Sanba«o ideaaidtoa fiinBiaB».vtt!qiui«^esbà1a faplMn»yi'ertiirttili
tafe«la prima* abëneifîfoamoDb linnearé» p«D Mt imeelofc daaadaa
Antit'Mrat. Saiis pan da- jonn^ M-. S.. Soribe amwi*d9aa»aMlb>
AaannP 2* on a (eaanrqiitad»€anbaade8:lionMies d^pnli), «aw
la:niaDiiflaB»C dis Jlfisin* omiMi^ JiMaiiraiiotii il umm appavUent
d'aïuioiicenaeUe.Qamédîa britanoiiiBa* qat fioralapaBdaiit da Mê^
tntmêt U RmkmK NO110 w>ilàf oW^ da relîte, criUqvaa ai pvMi^
iMieèîttQiBa4'Angla«aive^oarnou»vailaBa^ aair làniBS penanaagffs
a«|Aiti^'aiiMMillii8son'aiiOBiie : AAaiidksanubîao.lB^ 'vaaii MêmU, êm
diAibanaalev at Cimenàtmy. la «rai H^e, ooatia de Clbra«laii|
•Ma Bonamlilfcr m Ifusn llautta i<amii da* m^m géoènMi» a«
diplaflsataftda la^Av paapltta.qae leaoïBtB da hiMinmm» ^tm&nm*
blait à aaasMi da* eea dernier»» aiali^ré la parraqua fPMi^sa ^pia
prétèBeiWUlaaaataiini^de bonilrea.à^ personnage, en le tradaisant
sur leur scène pendant l'ambassade même de M. le prince de Tal-
leyrand.
Ln attendant, mademoiselle Rachel estreyenue de ses voyages
d'èié, toujours avec son même répertoire, mais promettant d*y
ajouter prochainement un ou deux rôles nouveaux ^ ce qui ne si-
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f^SÊÊ pwqo'Mle'lès draMMideni à li géBéMttoii' tétante &t nm
JpMidiiDi (ffi^ M** âMliiif BfelàvigiM'porto mra tfagèdl6 lyri<fii6
mt^tÊné'Byéfnr^ od » repril^ tu- 7Mâff«-/¥(fiKHit> sa oomédlè éà
Ik PbfukiHié. Màii'ceito^ pièce f dfiMepotîlicriie trop.iteptrtiriè
Hflt'éU^ poitr-iKilre ptibHo' ptftffl^ mit surtimlid^in ihtéfèt trop
MRMHI pOVV*MV6''nC9*^[MR9& PM^'CO pHOlNb .^Mlf^Orf^ aUSM* (BOtM
■Hitfttoa» — dolMWB t BRI taltaifr tt èaniranl^, mélw* Mfiiolre toi^
nia) IL Q; IMlivHfne a par-lfop» (rnsér- iM^ OMptu* poifliqim <lli
MagMiiie& lfo«»> pcumiNMi faMivar je n^MiIft'eaMbieB àe êeUfi^
ëiaie» «iBi«D' la fènlé' Mlam^nié dtaw aetouvragè*, oè> dta^lerdl
»f wait de» lifyq» daloa»anaè>a^1 4'alllMMMi> eumaM^M IfreM
il-lMiidni ehabiBeai» ▼oilwlâèrs' sesi awtoiHih maaieipalee dîna
mnwiaiie da lHig'M*de*BaiiMiaeei Ifëveafaot-sar-aotre bareen
aa^flna des* laraj^flHMrsa* depuis* ifM^ t nous* y^ ▼oyons Dieiî QueF
foes baronets (et encore des baronett dfeeréfcton persoiweite) (ij^
«isde lord», pas an seuP. (P^st }l»tenwiitlè f oh)^ ce mois qu'a
Mmt l'éteeliba' aanuellè da tbrd^nai^ ; qvfl nom- soit parmiâ
vippisaOTOvw. Cl DerafTii^nei et k Bps* auteurs de pièces d^ tIraBh
IM M dfr maam, qm- esptoHenr ▼olbntlèrs tes Ibrdt, fes ban^
■sis y kssqairesv etc., que Tob esttrès' aèrètetn Angteterre sur Ife
eaapv aes^ tNics et des preMÉnces*. L^ nynp'Bsaire n est' lOf^ qaa
pHHMil^F^Mraéa db* ses IbactiiNis* Sét fennaoy pendant cette anoé^
■k wt'aassfrtfailée^ lémy-mayoress-; mai* avec V» fbnctions cessa
iilt»«llnbation, et- leVord-matre- sortant, qvi- estorditoairemenf
fasifa» laareltaHid' de fti- €ité^ retoume^ à sa bontique ou à son
isaiptoir. Belord» Dnfty d^ ^^ PoptikirHé n'étant pas alderman*,
si a'^Éfant p«i> él*<sbéft'ii$ est donc Mn eoiilre- toas tesprébédents.
^MÉant oelte< reinarqae> noas nous a^ouono^à^ nensHnéaselfr
aassMNpae'piiMler dans* nos ' procflMaoa^ lllwaisons qncfque9 es^
feails^ moine d^» lta«^Nmeiis inHilalè^ :• jéMwnmai' of dif^fi^
■■^ p9iwUêff$ê4HÊ^'pi^$êdéêHttf M^re Imo uInHb, mnons IhqBicaB*»
q«t*veat parier de» Anglais ot dè> l/Anglbterre^sana trop choqner
ks anglomanès.
^rssle, «entas le» fanées dè^oesliHne) nensefroon?enon» Tolon-
tÎM^ a» aniaentqnc févC penà rfntéïél^'to'dranie et d'un roman^,
(li (MnatfepaAnt la laidiaitiret sa Css^tisa* tafa àhêê aiÉusann élm
ViiicieL de Galles ettcréë liaïaaeL
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220 CBBOVIQUB LITTiftAIBB DB LA BBYUB BRITABHIQUB,
témoin les Mystères de Paris de H. Eugène Sue, où entre antrei
personnages apocryphes figure un M. Afurph, qui est tantdt un
squire^ lanlôl un kaighty tantôt un baronet^ sans cesser d'être ori-
ginal et tendre comme un vrai boule-dogue (ce que nous disons
sans admettre le fait rapporté par tous les journaux, qui font dévo-
rer une jardinière par le boule-dogue d'une de nos plus célèbres actrî-
oes). Certes» ce ne sont pas les gentilshommes anglais qui forceront
M. £. Sue de déclarer publiquement qu*il n'a pas voulu les insul-
ter en les conduisant dans les plus mauvais lieux de Paris, comme
ont fait les gardes nationaux, auxquels il a paru très-désagréable
de fréquenter les ckourinmêrs, les goualeuses^ les princes de la
confédération germanique et autres gens de mauyaîse compagnie,
^e M. £ng. Sue lui-même n'a étudiés qu'en achetant, dii-on,
une blouse à la friperie pour garder son incognito chez la Chouette.
Cette blouse est suspendue dans Tantichambre du romancier, comme
une enseigne des Mystères de Paris.
Ayec le tome premier des Mystères de Paris, M. Charles Gosse-
Un publié aussi le tome premier de Paula Monti. Cette double
publication n*a fait qu'ajouter à la popularité du romancier. Noos
en rendrons compte avec plus de détail «juand les tomes seconds de
chaque roman auront paru. Les Mystères de Paris sont un yrai
voyage dans ces quartiers dt Paris que le lecteur ne peut connattie
que par procuration. M. £. Sue a fait en artiste ce voyage de dé»
couvertes, et en est revenu avec des tableaux fort curieux*, il a eo
l'aimable complaisance de nous mellre en note la synonymie de
la langue que parlent ses personnages, sans que nous ayons besoin
d'avoir recours aux Mémoires de Fidocq pour la comprendre. On
trouve aussi dans les Mystères de Paris un prince mystérieux qui
mange au tapis vert avec le cbourineur, et boit du cassis cbei
les portiers.— Dans Paula Monti^ roman de salon, le crime et le
Tice gardent leurs gants jaunes et leurs robes de soie. La bonne
société est encore là très-mauvaise; les Mystères de Paris sont le
roman Yidocq, Paula Mantif le roman Fronsaç. Tous les deux
ont un immense succès.
On va croire que nous allons faire dans notre chroniffne ane
critique à mort aux théâtres et aux libraires: non certes, nous te-
nons à notre bonhomie, et surtout quand nous venons de liie
deux volumes qui prouvent que les arisUrques sont exposés à de
cruelles représailles. L'histoire des idées littérairu m France
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■T BULLmiV BIBUOGftAFBIQUB. SU
au XIX* nécle^ par H. Alfred Ifichiels (i)» nous prouve à tons/
gnnds et pelitSy que nous sommes les vèri tables chacals de la
presse» dépeçant depuis trois cents ans les auteurs, les mutilant
pour assouvir notre rage, et nous prenant pour des anatoraistes
qui disséqueraient êecundum ariemf c'est-^-dire pour des criti-
qoes. Sans abuser de la métaphore comme M. Alfred Michiels, ce
qui est peut«étre un double abus dans le style de Tanalyse litté*
nire, nous reconnaissons volontiers son talent et l'abondance de
ses idées; il a un grand mérite dans cette époque de fictions par«
lementaires et de mensonges académiques ; il est sinoéte et coura-
geux jusqu'à être un peu tranchant peut-être. Son admiration et
ses dédains ont delà yalenr. Il a un culte trop exclusif pour rAUe*"
magne et son esthétique ; il ne rend pas assez justice à cet esprit
français si éminemment propre k la critique , et devant lequel
tout F£nrope littéraire s'indine pour recevoir les couronnes défi-
DÎlives de la gloire ; mais enfin M. A. Michiek sait aussi faire
QDc part ï son pays. Nous pourrions lui citer toutefois quelques
noms oubliés qui comptent en critique : nous lui reprocherons
aussi de prendre au sérieux certains polygraphes qui sont d'une
monUté trop douteuse en librairie pour être les bienvenus à.prê-
Cher la monlité en littérature; mais enfin M. A. Ifichiels a aussi
généreusement défendu des victimes , et il a arraché le masque à
des visages bien effrontés. Ce que nous regrettons c'est que Thy*
percritique ait quelquefois jugé ses devanciers par on seul de leurs
onvngesy sans s'enquérir de ce qui Ta suivi ou précédé, et si les
doctrines de l'flge mûr ont été encore celles de la jeunesse. Que
M. A. Michiels aime les Aristotes tout d'une pièce, les auteurs
comifutniê, c'est bien; mais avec ses idées de progrès et de per*
fectibilité, pourquoi n'aocorderait-il pas quelque crédit k rexpé"
rience de l'âge? pourquoi la confondrait-il toujours avec Timpuis-
sauce sénile? Nous l'engageons à compléter son travail par un
autre sur les productions de nos poètes et de nos prosateurs contem*
porains. Nous proclamons très-volontiers l'uiilité des deux volumes
que nous venons de lire» comme introduction à un cours de littè«
ratiK comparée. M. A. ifichiels est très-versé dans les littératu re^
^Inogéres , savoir qui manque en effet à nos critiques hebdoma-
daires et mensuels. A ce propos nous lui demanderons si Tidèe pre-
(1) 2 toi. in-8. Chez W. Coquebert, 48, rue Jacob.
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mièieëe iVbiyiniietdA JoAphiGhèttier A T^M MHW-lMe, i|Q*il cfbi»»
pire % due «ée de Ji. ^Ipb. Mie teoiaplîiie, o'appUDliest ipm 4
lapN i|tti i6t aMii^mie «afle cphikiqphiqiie 4Mi.42KeH tmwMr>W,
ikMnwwioM bien vouta rnsefoir qndfpies joins plut 4àiiam
blMbuM qoe ^ublto4e i^ral4liif|eaiid : ^L'^AcoAiilft ,'4l»i iwuyii
êf ettmmwtt m '^MMimri»0H« 409iffuêê^it}. No«t>iiW«iifiiiR li
Milfi6<4le âMbBM-ifii» •it<4oiît««il^dtiitie«rMide iapMmiae :di
«mfiMM iMittHoup de «èrilét «mk iinep i<oiiHiMB«,ioliil «ii nrevtti
dlÉntnt<qii%» genfimeor g4adlolili»»yirit<eyl^eeninitf, iM.èe
gàft6iel<Biigeeiid pet le> aBec«mie <wrtQri4é»4pM 4dî ^e-bien^flgèt 4
ge f util ^toft*de<4iire |K>er «notée 4BeleDîe-«ffrMeiBe;;*aMm 41
dkiieaiiile<pe8*l|a)H<e'e^^eMA<eDèeiidi« le^MivettietoeBt,^]
IMB^ !le puUie ee léeeier^'cer H m iious^deniMUle
«^ mlleihoiimei. ma »{Mi8«p(Mr4élniéee nee^eosqnêM, makip
ki eoBMmr ea tuiipdMiit 4a i0oeiee (toit, ««o miile «
ilmfen:Mleltfpai ftai «le t mille^toK lueesiponr Téfbera
tjBelBBt.à «AAffet. Bli Me»» immu ipenseiis *noQs<tu^ d'i^rès wm
pMpre6«eriettls9'te 0iiiéral.aSeii«deMende)|Me^eiicoee*aiinu ea onile
hemmes tpotir .pioM^er Jiee 40 BiiUe eoliHit eotueb-I Je géitlMl
dAokiem«e4eiit«ekin «eiMTeeu 4{itt vieadra aMfiaeyter ee Mintae
tt:ft*evaB$etit tans h» Âmens de¥ra étue JniHnéaie «Qwidtfl,et
siohBBl faîra au^jneiiis la/gnerae en 4ifaaieBrI «Bhtbîea»>to gè«(bii
a eaisove vaitem dans «o .paye où 4»leiiîser «c'eit eoniiuénr le sel
pas<à pas. i.*Mgéne ên^^mvd^Attii^eat un ««été déseii de4{40 lieues
dedavge, désert «susoeplîble d'ôtee fiMrUlisé, .«n^ileilé, bebitè, «ms
eu jainaîs la pQpulatîoa arabe «se sseoaaetlea «noire ileait -de ^se»
fML Noos oit0D8 4MÔOttid'hui^daiiS'la partie oetalî^ftetde la Ri^
«Be la lelliie4*ttn Anglais qui «veut «aussi 'eiAaBÎser le filiiMl,
Isqnel AmgkMs a^Msi bien raisoa^ea Asie fue mas «n AMfae.
Qtfsad'Ies AB§lais4iiHN»tla>broehiive daf èiéialrBi^;ea«diile*T««nl*
toioiitibie&'flBeiDsde noasa¥oir.laiss4 farder Algse^ 1*eiil«éliiei
pièvoyaiit Que aobs aiirpns bieal^ teonilletboAnesdaM <
eeleBia,*se4écidereat4ils«à.pesBiettre^ttejyL.8»tJ^bD».|e«r (
sellîoite seo exéguaiur de .nelne .goiivemeaieiit. «Cbsee élianie!
jM(|4i'ieî»ee eensul n'est autetisénufeupeleda gniv
Sms i^avens «ntendu aoiMnémes 4Me'jin*jl «e <i
(i) Prix : 2 fr. 50 c Cbes Deala, aa.Palais-Rv«l*
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i lî>mf Jim d^Alf ^ac 4aioMMDliift
fmlt mxiéélufl Bonrmottt» «onteniion âoatH mH par terenr lift
■gi|itiaulpgwiiihc <|aUl uêmA montrée.
Ifoin pemmi -qne 'h broofaimB du général Bugeauflira défrayer
lOMaps Ja 4MiMDiii|iie4e tai ^RMe^pdlilifin,
Tjadifgwatfflchai delt'Rstim'BtmMMiQViJMfMnmii èi».re|iroaotli
mÊ4mt aatoiiMUeo ipéeiale.: la à$fU mpl «MM M^ k
I. te Ticomtf) de Ihrrqufttsic. "SYdl.
â-8*. Chez'Ch. Coquebert.
L*iot6ifr'd9 ces deimrottiDnM Mp*
Jftrtieiit a I^Aeole iproridentielle :
érMeonBeiit 11 cmit que la France
en ttn titte inttrumut dvcnrllisB-'
don SaBAla-ttani fle'Bieu^. télonlui
b France seule a nÎMion de po-
fmranter loiftet 'les votAet idées.
Certes, notre pairiittîtine ne eoDtre-
fin pas V. de HarqueMac ; inais
aiu cesser d*«tf« 'trôna Trançais,
M«t peovoBs trouver œ ^tème un
peu tropexelnsff.Hons n'admettons
fassanoot que parce queDieo nou^
■èDo, Bons dnVona nons jeter en
aveugles dans tonsilet dheminr: de-
vrioni-DOBs toujours trouTer au but
ibirt on liberté, 'les Benz ensemble
liéiBe» Botie Jibce nrbitre sejrévolte
•antre on fiareOifatalîsme qui .peut*
aenriràijusaifier plos^ crimes j>o-
fiiiqaes qne me 'le «oudrnit «sans
dsate riûstorien. Ceat fort diam»-.
fiipie et fort épiqoe de f sire ^remon-
ter à Guillaume le Conquérant rbis*
taire de f *atf tagonianie Se 'la Rmvce
iieerilB^eteii^ a tf tn^jeviRBe lewse,
iaétiiable; mais nous craindrions
d'accuser la Providence d'avoir pro-
laagé de quelques siècles de trop ce
aw^ffifffiidu national qui coûta tant
^eMf.à
peupbBftépouaent trop facilement Iob
passions^e teurscbefs ;>robéissanc«
passive des'maseas«qm se ruent >lea
unes ooiiire«t«aeniti«s est ub terrible
ibos»du eede militaire appliqué att
8»iu«enMnient4esjiei9les.SaBs lea
armées peamanentes on mirait épai^
geé bien des gneives.; mais nous ne
voaloiM pas(ei>tser«ioi -danstcas tbé»
ses qni«ari0NraieAi(deirop^ grands dé-
imloppommus bii4onques. Au point
de vnemrtisie, IkMivn^de M. de
ll«n|«essac a éeriotdfét. La pas-
sion 'de 'l'itiée jprimitive passe seo-
veut dans la etylcX^^anteor eaceile
aussia Imte 4es por4faiU;.bien on*-
tMdisi|n*il«uberdoBae4ousleB carae»
téaas'* sensystème^ récoleprovi*
daMialle.Jlons 4i«mpreooas4Uas eut
éta^e l^appréciation 4ies «fonds 410-
UiM|neB enflais «qui ^mt dirigé .la
lutte 4éienr paMéeoentreltapoJaaik
An «eam, ém Aillais soutiennent
pnimammeM la tbéae oontfaire *
oeftlo'^ M. de Maaqneasar.: liaaa
Waliar««oai,iiee8diîsen,4)'esta*Ati-
gloiepve.qm a eombattn pouria ei-»
siliBatsenieetffrelaANMee. Les«d4aa
piilaa^i^nw anglnitis. ''r"ïï*-*%
étaieMieempaîsea^iiaeteanarobai»'
JiaiJi aUBlwioi JanT le Jrtooua oo»*
tiaenUl. 11 n'y a pas de civili»afion
sans liberté morale et sans liberté
publique. Il est de fait que ceci est an
moins trés-spêclenx.Tttîfi ueuut uune
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224
CBAONIQUI UTTArAIRS M LA EBWB BUTAHHIQI».
au«S8ac« c'est que l'idée libérale,
1 idée philosophique fut toujours une
idée comnerciale chez les Anglais.
BOWàNB.
Umb anhès a Pabis, par Au g. de
BraceTich, auteur et traducteur des
Mémoires d'UQ médecin, etc. S yoI.
in-8. Chez Ba'udry^ 34, rue Coquil-
liére.
Les Mimoireê d'un médecin sont
connus des Ucteurs de la Revue Bri-
tanuique^ mais nous ignorons corn-
meot M. A. de Bracevich peut en
être l'auteur elle traducteur à la fois.
En anglais, Tauteur est M. Warren;
en français, M. Philaréte Ghasles
a non-seulement traduit la plupart
des chapitres insérés dans la Revue,
mais encore il en a fait et vendu une
seconde version publiée par M. L,
DumoQt. Ceihounételibr.iire, il est
▼rai, reconnaît franchement avec le
publie que M. P. Chastes ne lui a
▼endu que le son aprén avoir débité
ailleurs la farine; mais ayant payé
M. P. ('.hasles il n'autoriserait pas
sans doute une «ubstituiion d*au-
teur et de traducteur. EziNterait-il
une troisième traduction T Nous Pa-
yons pensé en lisant dernièrement
dans une Revue un article où M. P.
Chastes disait que l*on avait d^iénor^
en France l'ouvrage de M. Warren.
Certes re n^est pas lui qui pourrait
ainsi médire de la traduction de la
Revue Britannique ni de celle de
M. Dumont... On ne se donne pas
des suurflets si modestes sur la joue
de ses éditeurs. Il y a là-dessous
quelque mystère, une anguille sous
roche, un serpent dans l'herbe.
A en juger par Une année à PariSf
M. de Bracevich a pu très-bien ira*
duire un roman anglai». Il connaît
à la fois les mcrars de la France et
de TAngleterre : expliquons-nous
toutefois : Une année à Parit ne peint
que ner laines mœurs. Le héros de
M. de Bracevich est un jeune An-
glais qui vient en France faire un
t voyage d'agrément et ne fréquenta
guère que ces salons soaperts où les
cartes sont tenues par les mains de$
grâces» Il y devient épris d'une sî-
rôoe qui, sensible à ses attentions,
lui révèle tous les dangers auxquels
I il s*espose et ne s'épargne pas elle«
'même, l'bonnéte fille I Hélas I le
jeune Del m aine n'en est pas moins
la dope d'un escroc du grand monde
et va expier A Saiuie-PélaKie son
imprudence de joueur. La pauvre
Adelioe, dont un véritable aoionr
commençait A épurt'r le cœur, est
cruellement repoossée au moment
où elle est digne du pardon. On aê
laisse aller à un vif intérêt puur cette
infortunée, tant le romancier a été
vrai dans la peinture de ses aenU-
ment». Sans quelques scènes peut-
être trop sensuelles, ce ruraan serait
aussi moral qa" agréable. Le dënoû-
ment vous laisse dans l'Ame une
tristesse mélancolique. M. de Bra*
cevich est bien sévère pour les mères
qui élèvent mal leurs Biles; mais il
n*est pas indulgent pour les pension-
nais, d'où, se'on lui, il ne sort que
des imaginations perverties. Nous
citerons cette phrabC : « Je pose en
fait qu'uue jeune pensionnaire de
dix ans est tout aussi mauvais sujet
que le plus mauvais garn-ment du
collège de Louis le Grand. Plus tard»
lorsqu'elle sera rendue à sa famille»
elle ne sera qu'un diable aux yeux
baissés. » Vn diah'e aux yeux baissée
nous parait une expression heureuse.
Rare au mari sur qui ce diable-lA
fixe ses perfides prunelles!
VOYAGES.
La LiUAH, ou Voyage pittoresque,
hikiorique, liitéraire, A Genève et
dans le canton de Vaud ( Suisse),
par M. B .illy de Lalonde. 2 vol.' io-S.
Chez G. A . Dentu, imprimeur-libraire,
rue de Bussy, n^ 17.
Mous rendrons compte de cet ou-
vrage jdans la prochaîne livraison.
Imprimerie de M»« V* Domnr-Dcnti, me Saint-Loub, 46, au Marais.
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OCTOBRE 18(3.
REVUE
BRITANNIQUE.
NOUVELLE CHmiE AGRICOLE.
« L'agricultore, dit le professeur Liebig, est la vraie base
de tout commerce et de toute industrie, — la source des
richesses d'un état. Mais un système national d'agriculture ne
peut être compris sans l'application des principes scientifi-
qaes; car pour fonder un pareil système il faut connaître
exactement la manière dont s'opère la nutrition des végétaux,
rinfluence directe du sol et l'action des engrais. Cette con-
naissance, c'est à la chimie qu'il faut la demander ; c'est la
chimie qui enseigne les moyens d'analyser la composition et
d'étudier les caractères des diverses substances dont les
plantes se nourrissent. )>
Lorsque sir Humphrey Davy écrivait sur la chimie agricole,
la chimie organique était presque inconnue. Ce grand chi-
miste fit tout ce qu'on pouvait faire avec les matériaux dont il
disposait, et il établit quelques principes de la plus haute im-
5* SÉRIE. — TOME XI. 13
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226 NOUYEI^LH CHIMIE A6HIC0LE.
portance. Mais depuis U. Davy a paru en Allemagne un pro-
fesseur qui a repris les travaux de ses devanciers, et a mis ad-
mirablement en œuvre les moyens plus étendus que lui offrait
rétat présent de la science. Ce professeur est M. Just Liebig.
. La plupart de nos lecteurs savent que la plus grande partie
de tout végétal consiste en quatre éléments : savoir, le car-
bonne» rbydrogène, Toixygène et Taiote ou nitra{èDe; très-
souvent on n'y reacontre que les trois premiers» tandis que
le reste se compose de certains mélanges salins, terreux et
métalliques qui forment les cendres ou le résidu de la com-
bustion des végétaux. II existe donc dans les plantes ce
qu'on appelle leurs éléments organiques et leurs éléments
inorganiques. Le professeur Liebig démontre que ces derniers,
quoique en très-petite quantité, sont cependant aussi essen-
tiels que les premiers au développement de la plante, et il
est bien évident que dans un ouvrage comme celui qu'il a
publié sous le titre de Chimie ^^nique (1), il a dû d'abord
porter ses études sur les diverses sources d'où sont dérivés
tous ces éléments constitutif et nécessaires, ainsi que sur les
meilleurs moyens de suppléer à leur absence.
Quant à ce qui est du carbone des plantes , généralement
tous les auteurs qui ont traité de la physiologie végétale, et
les agriculteurs pratiques, attribuent son origine à la sub-
stance appelée humuBj ou terre v^étale, qu'on trouve dans
tous les sols fertiles et qu'on croit n'être que les débris con-
fondus d'anciens végétaux. Cette substance» soit seule, soit
combinée avec de la chaux et d'autres alcalis, est absorbée»
a-t-on dit, par les racines, et fournit ainsi directement soa
carbone à la plante. Hais c'est là justement ce que conteste
M. Liebig. Il démontre môme par une série d'arguments in-
génieux que le carbone des plantes provient de l'acide car-
bonique de l'atmosphère. Tout au plus» — comme le prouw
l'analyse des propriétés de l'humus, — si dans les circonstances
(1) CktÊÊdê wianiçm ûfp1iqirt$ à tê§riemitmtB méia
ptr Juatus liebîf , f rofcMeiir 4e «Umie à t'unimeM 4« GfttsM^
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NOUVELLE CHIMIE AfifUCOLB. 29V
les plus &vorable8 Thnoiiu peut donner uae fraction de Tau^
mentation anandle du carbone. Mais d'autres conaidératioaf
plu élevées réfuiettl ropinion commune sur ces fonctiom
Qvlritivea de Tacids bumiqne» et cela d'une maoièrc si claire
et ri satisfoiaante» qu'on s'étonne que cette opinion ait pu être
si généralement acioptée. Les terres fertiles produisent en eflbt
k carbone sons forme de bois, de foin^ de grains et d'autres
prodoits dont las «asses loutefois diffèrent dans un defré re^
narquable.
IL LiebiQ a calculé la noyenm^ 4u produit annuel d'uM
acre dn pays de Hease sous les diverses foroAcs du bois« de
Tberbe des prairies^ dn Mè et de la betterave ; la terre daAS
les deoi derniers cas était fumée, mais elle n'avaii reçu aucuai
eagraisxians les deiu premiers, e'est-èKlire la forêt et la prai»
rie. Hbû^é la vante différence de dimension, de poids e( de
fonne» ebacim de ces produits js rendu une quantité de car**
boas praque exactement la même, i savoir mille livres par
acre. Pnar ce qsû esi de la forét« ce résultat intéressant a été
vérifié par la quaiUlité de bois à br&ler coupée annuellement
dans kê foréU H bien aménagées de rAllemagne, où ta coupe
ne nuit jamais i la valeur des terrains boisés. Cette quantité
peut étfe eoasidérée comme l'équivalent de la récolte annueUe
d'une plante asmiells, telle que le blé» là où le sol n'est pas
imprudemment épufeé. Dans !«» eas du foin, du blé et de la
betterave, la récolte a été simplement pesée .et la quantité de
caibone vérifiée paor Tanalyse.
Que doiA-oD coadiife de ces expériences incontestables?
demande M. Lkebig :'-^Qiie des surfaces égales de terre cul*
tirée, d'une fertilité wdiiiaÂre, produisent d'égales quantité
de caibane ; et cependant quelle dissemblance entre les di^-
verses oomBtioRs de laicroissan^e des plantes d'où ce carbone
aétéeKfrmtl
fteehencfaoufs maintenani comment Therbe d'une prairie ou
le bois d'une forêt reçoivent leur carbone, puisque ià aucmi
entrais n'a lété feurm à la terre pour les alimenter. Comment
se f/ûirû que le sol iiinsî épttisé, f^irn lien -de s'appasvmr, dc^
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228 NOUVELLE CHIMIE AGRICOLE.
vient de plus en plus chargé de ce principe? Comment se
fiait-il, disons-nous, qu'une certaine ou même une très-grande
quantité de carbone est enlevée chaque année à la forêt ou à
la prairie sous forme de bois ou de foin, et que nonobstant,
la quantité du carbone du sol augmente, et le sol devient
plus riche en humus ?
On a dit que dans les champs et les vergers, tout le car^
bone qui a pu être enlevé sous forme d*herbages, de paille,
de graines ou de fruit, est restitué au moyen d'engrais. Ce-
pendant ce sol ne produit pas plus de carbone que celui de
la forêt ou de la prairie où il n'est jamais remplacé. On ne
peut concevoir que les lois de la nutrition des plantes soient
changées par la culture, ni que les sources du carbone pour
le grain ou le fruit, pour le foin et les arbres, soient difFé--
rentes. On ne peut nier que l'engrais n'exerce une influence
sur le développement des plantes ; mais on peut affirmer avec
une certitude positive qu'il ne sert pas à la production du
carbone, et qu'il n'a aucune influence sur cette production,
puisque la quantité de carbone produite par les terres bien
fumées n'est pas plus grande que celle qu'on trouve dans les
terres sans engrais. Il s'agit ici de l'origine du carbone, par
conséquent la manière dont agissent les engrais est étrangère
à la question actuelle. Le carbone peut provenir d'autres
sources, et le sol ne le fournissant pas , il fout bien que ce
soit l'atmosphère.
« En cherchant, continue le professeur allemand, à expli-
quer l'origine du carbone dans les plantes, on n'a jamais
voulu voir que la question était intimement liée à l'origine de
l'humus. Or il est généralement admis que l'humus natt de la
décomposition des plantes : donc il n'a jamais pu exister un
humus primitif; car les plantes doivent avoir précédé Thii-
mus. Eh bien , d*où les premiers végétaux tirèrent-ils leur
carbone ? et sous quelle forme le carbone est-il contenu dans
l'atmosphère ? ))
Ces deux questions embrassent l'examen de deux phéno-
mènes naturels très -remarquables qui, par leur influence
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NOUVELLE CHIMIE AGRICOLE. 329
réciproque et continue, entretiennent la vie individuelle des
animaux et des végétaux, ainsi que Texistence perpétuelle des
deux règnes de la nature organique.
Quels sont les deux phénomènes auxquels (ait ici allusion
le professeur allemand ? On sait que les proportions de Toxy-
gène et du gaz acide carbonique dans l'atmosphère sont et
restent longtemps stationnaires. Malgré les énormes quantités
d'oxygène que perd sans cesse Tatmosphère par la respiration
de l*bomme et des animaux, aussi bien que par la combustion
et la putréfaction, tout cet oxygène se convertit en un volume
égal de gaz acide carbonique, et il est restitué sous cette
forme à Vatmosphère , de sorte que nous devrions nous
attendre à voir Tacide carbonique augmenter exactement en
proportion de la diminution de Foxygène ; mais il est évident
que les quantités d'acide carbonique et d'oxygène que con-
tient l'atmosphère doivent avoir entre elles quelque rapport
fixe et invariable ; il doit exister une cause qui prévienne
l'augmentation de l'acide carbonique, et une autre qui entre-
tienne la mesure de l'oxygène. — Ces deux causes sont réu-
nies dans l'économie de la vie végétale.
C'est pour nous un fait prouvé, que le carbone des plantes
provient exclusivement de l'atmosphère, et que le carbone n'y
eûste que sous la forme d'acide carbonique, c'est-à-dire dans
un état de combinaison avec l'oxygène.
Aemarqnez bien encore que le carbone et les éléments de
l'eau forment les principes constituants des végétaux, la quan-
tité des substances privées de cette composition étant très-
petite. Eh bien, la quantité relative d'oxygène dans la masse
totale des végétaux est moindre qu'elle ne l'est dans l'acide
carbonicpie ; il est donc certain que les plantes doivent jouir
de la propriété de décomposer l'acide carbonique, puisqu'elles
s'approprient le carbone pour leur usage. La formation de
leurs principaux éléments constitutif doit donc être suivie de
h séparation de l'acide carbonique d'avec son oxygène, et
celai-ci doit être restitué à l'atmosphère tandis que le car-
bone entre en combinaison avec l'eau ou avec ses éléments.
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180 VODTBLLB CHIMIE ÂOBfCOLK.
L'atmosphère doit donc recevoir an volmiie d'oxygène égal à
chaque volume d*acide carbonique qui a été décomposé*
M. Liebig cite les expériences de Prîeatley, de Senndii^
a de Saussure, pour montrer que les frfantes, lorsqu'elles sont
exposées A ta lumière, possèdent la propriM de décomposer
ainsi l'acide carbonique et de dégager l'oxygène. La vie des
plantes, ajoutent*!!, est étroitement asaoeîée à celle des ani*
Aaux par un procédé très-simple et dans un but d^une sublime
sagesse. La présence d'une riche et luxuriante végétation peut
se concevoir sans le concours de la vie animale ; mais l'exis-
tence des animaux est dépendante de la vie et du dévelop-
pement des plantes. Les plantes fournissent à l'organisation
animale non-seulement ses moyens de nutrition, de croissance
at de durée, mais encore ce qui est nécessaire à rimportante
fonction vitale do la respiration ; car outre qadlesdéponillent
Fatmosphère de tous ses éléments nuisibles, elles sont aussi
nne inépuisable source d'oxygène pur, suppléant ainsi à celui
que l'air ne cesse de perdre. Les animaux expirent le caii>on6
(sous forme d'acide carbonique) que les plantes oêpiretu^ et
c'est ainsi que se maintient constamment la composition de
ce milieu dans lequel animaux et plantes existent.
L'acide carbonique n'est guère que la millième partie de
l'atmosphère : on demandera donc si cette quantité sufSt pour
les besoins de toute la végétation sur la surface de la terre.
Est-il possible que le carbone des plantes ait sa source unique
dans l'air ? A cette question la réponse est facile. On sait
qu'une colonne d'air de 3,216,066 livres (poids de Hesse)
(1108,33 kilogrammes) pèse sur chaque pied carré (mesure de
Resse] delà surface de la terre; le diamètre de la terre et ses
superficies sont aussi connus, de manière que le poids total
de l'atmosphère peut être calculé avec la plus rigoureuse pr6>
cision. La millième partie de ce poids total est l'acide car*
bonique, qui contient plus de vingt^sept pour cent de carbone.
Par ce calcul on peut démontrer que l'atmosphère contient
3,000 billions de livres de carbone (quinze cents billions de
kilogrammes), quantité qui excède le poids total de toutes les
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NMVBtiB CKIIflB AfimiGOU. 981
piaules el de lo«ie9 les coadheB de chtrboa existant sur la
terre. Ce carboae est é9mc plus qve suffisant pour tous les
bBfoîos de la créatkm. La quaatîté de carbone contenue dans
la flier est encore proportionnellement plus considérable.
ParloBS naintenant de l'oxygène.
Les sooroes perpétuelles et inépuisables de ee gax sont les
fropiquee et les climats ebauds, où un ciel rarevent nua^^eux
pormet aux rayons ardents du soleil de luire sur une toMnense
et luxuriante végétation. Les sones froides et les zones tem^
pérées, où la chaleur artificielle doit remplacer le ééficit de la
dialeur polaire, produisent» au contraire, eu surabondance
Vacide carbonique consommé dans la nutrition des plantes
tropicales. Le même courant d'air que la révolution de la terre
met en mouvement de Téquateur aux pèles nous apporte dans
son passage l'oxygène de Téquateur, etenlôveen même tesaps
Tacide carbonique formé pendant nos hivers.
Les plantes épurent ainsi Tair par l'absorption de l'adde
carbonique et par l'exhalation de l'oxygène qui s'applique iuh-
mèdîatement aux besoins de l'homme et des animaux La
enkars végétale augmente la sahibrtté d'un pays, comme aussi
une contrée naguère Irès-saine deviendrait inhabitable par la
eessation de toute culture.
Nous Tenons d'abréger la belle théorie du professeur Lie<-
big. U nous semble que ses éléments ne laissent aucun
doute sur le parfeit et subKme arrangement de l'économie de
la nature. C'est ( pour citer encore notre savant auteur) une
démonstration directe de cette sagesse infinie dont il est ion
possible au langage himiain d'exprimer toute la profondeur.
Quant à l'importance de ces conclusions relativement à un
système scientifique d'agrieuUure, elle frappe l'intelligenee
la moins exercée.
Gemment arrive4Hlt »e demande le professeur Liebig, que
Tabsorption du carbone de l'atmosphère par les plantes soit
mise en doute par tous les botanistes et les savants qui ont
fcrit sur la physiologie végétale? Pourquoi la plupart vontrils
i'à nier la purification de l'air par leur intermédiaire?
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232 NOUVELLE CHIMIE AORICOLE.
Ces doutes proviennent de l'action des plantes sur Tair en
l'absence de la lumière» c'est-à-dire pendant la nuit. On avait
observé que les plantes vertes exhalaient dans robscurité
de l'acide carbonique et absorbaient de l'oxygène. En effet,
l'air qui environne les plantes diminue de volume dans la nuit,
€t il est certain que 'la quantité d'oxygène absorbé est alors
plus grande que la quantité d'acide carbonique exhalé. Mais il
faut remarquer aussi que l'azote, qui est d'une natures! indif-
férente, ainsi que l'hydrogène et une foule d'autres gaz, exerce
sur les plantes vivantes une action particulière, fréquemment
une action pernicieuse. L'oxygène ne peut être sans effet sur
la plante lorsqu'un de ses actes d'assimilation se trouve sus-
pendu. Assurément, par l'absence de la lumière, la décompo-
sition de l'acide carbonique s'arrête, et une action chimique
s'établit alors par l'influence de l'oxygène atmosphérique sur
les parties constituantes des fleurs , des fruits et des feuilles.
Mais cette action n'a rien de commun avec la vie des plantes,
puisqu'elle se présente dans la plante morte sous la même forme
que dans la plante vivante.
C'est une erreur de rattacher l'émission nocturne de l'air
carbonique à l'absorption diurne de l'oxygène. Les plantes
qui vivent sous l'eau prouvent suffisamment que les plantes
cèdent plus d'oxygène à l'air qu'elles n'en enlèvent en géné-
ral. Observez en hiver les étangs et les fossés surpris par la
gelée : nous parlons de ceux dont le fond est couvert de plan-
tes qui sont ainsi, avec le reste de l'eau liquide, complét^nent
séparées de l'atmosphère par une couche de glace. Le soleil
venant à luire, des globules d'air se détachent continuellement
de l'extrémité des feuilles et des petites branches; ces globa-
les s'agglomèrent en grosses bulles sous la glace transparente.
Eh bien, d'où provient cet oxygène pur? De l'acide carboni-
que dissous dans Feau, et qui est toujours remplacé, à mesure
que les plantes s'en sont emparées, par l'acide carbonique
provenant de la décomposition progressive des débris végé-
taux. Si ces plantes aspiraient-de l'oxygène pendant la nuit, la
quantité n'en pourrait être plus considérable que celle qui est
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NOUVELLE CHIMIE AGRICOLE. 283
retenue ea dissolution dans Teau, car Foxygène séparé à l'é-
tat de gaz n*est plus absorbé. Les plantes aquatiques nous
révèlent ainsi conunent se composent les plantes aériennes :
il n'y a point poqr elles d'exception à la grande loi naturelle.
La plupart des botanistes et des physiologistes ne s'adres-
sent pas assez souvent à la chimie et à ses labQratoires avant
de bâtir leurs théories et leurs hypothèses. C'est le reproche
qoeleur adresse le proC^seur Liebig : nous ajouterons que les
doctrines qu'il adopte et qu'il professe aujourd'hui n'avaient
jamais été établies d'une manière si logique. Quand Priestley,
Sennebier» de Saussure, etc., firent les recherches sur les-
quelles s'appuie H. Liebig, la chimie n'était pas assez avan-
cée pour fournir les mêmes moyens de décider la question.
Un des chapitres les plus intéressants du professeur est
celui qui traite de l'assimilation de l'hydrogène par les plan-
tes. Selon lui , la plante décompose l'eau en présence de l'a-
cide carbonique , et l'hydrogène de cette eau s'assimile en
même temps que le carbone de l'acide carbonique, tandis que
l'oxygène est mis en liberté. La végétation, considérée sous
ce point de vue, est l'inverse de l'action chimique dans la
formation des sels. En effet, si l'on met ensemble de l'acide
carbonique, de l'eau et du zinc, il se feit un dégagement
d'hydrogène, en même temps que l'on peut remarquer la for-
mation d'une combinaison pulvérulente blanche, qui ren-
ferme de l'acide carbonique, du zinc et l'oxygène de
Teau. Dans la végétation, le zinc est remplacé par la plante :
grâce à l'efifét de l'assimilation, il se dégage de l'oxygène, en
même temps qu'il se produit des combinaisons contenant les
éléments de lacide carbonique, plus l'hydrogène de l'eau.
Le chapitre sur l'assimilation de l'azote est encore plus
important : cet élément est en effet dans les produits végétaux
l'élément essentiel pour l'alimentation de l'homme et des
animaux. Le chimiste Boussingault a prouvé que la propriété
nutritive des diverses espèces de nourriture végétale était en
proportion de la dose d'azote qu'elles contiennent.
Tout l'azote des plantes et des animaux provient de l'am-
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tS4 HOUVBLLB GBIIIIE AGRICOLE.
moniaque; tout cet aoisoimqne Mt foarni jMirratmospbère»
qui le distribue à la terre dans toutes les eaux pluviales, et sa
quantité dans ratmospbire est comparativement très-petite,
mais amplement suffisante pour toutes les exigences du règne
animal et du règne végétal. En eflfet, comme tout l'azote des
anciennes gestations de plantes et d'animaux doit, dans le
cours incessant de la décomposition des êtres, avoir été ré-
pandu dans l'atmosphère sous forme d'ammoniaque, on au-
rait pu reconnaître sa présence dans l'air avant le professeur
liebig; mais c'est à lui qu'on doit la preuve expérimentale
du fait II a montré que l'ammoniaque contenu dans la pluie
et l'eau de neige présente toujours Todeur désagréable de la
sueur et des matières putrides, ce qui ne laisse aucun doute
sur son origine. De l'eau pluviale l'ammoniaque passe aux
plantes qui l'absorbent; mais avant de subir tontes les trans*
formations chimiques qui causent son assimilation, on peut
le découvrir dans le suc de toutes les plantes.
Si, dans une terre privée d'engrais-, tout l'ammoniaque pro-
vient de l'atmosphère, il en est autrement là où l'on emploie
l'engrais animal. L'utilité principale de l'engrais animal est
de donner plus d'ammoniaque que l'air n'en peut fournir;
d'où les meilleurs engrais sont ceux qui contiennent la plus
grande proportion d'anuncmiaque on d'azote; de là encore la
valeur de l'engrais liquide comparé à l'engrais scdide, le pre-
mier étant bien plus riche en azote que le second, «c L'agri-
culture, dit M. Liebig, diffère essentiellement de la culture
des forêts, d'autant plus que son principal ot>jet consiste
dans la production de l'azote sous une forme capable de l'as-
similer aux animaux, tandis que le but de la culture fores-
tière se borne principalement à la production du carbone. »
Le froment, par exemple, est composé de deux élémenls,
la fécule et le gluten, dont le dernier seul contient de l'a-
sote. Or, un supplément d'azote sous forme d'ammoMiaqoe
augmente non-seulement le nombre de graines obtenues d'une
plante, mais encore la proportion du gluten relativement i
la fécule, ou, en d'autres termes , leur propriété nutritive.
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NOUYBLLE CHIMIE AGBICOLB.
C'est ainsi que cent parties de froment venn snr voie terre
engraissée avec du fumier de vache (de tous les fumiers celui
qai contient le moins d'azote) ne présenta que 11.97 parties
de gluten, tandis que la même quantité provenant d'un sol
eDgraissé avec de Turine bmnaine, qui est riche en azote ,
présenta la phu forte proportion encore connue de {[iulen, à
savoir: 3S.1 p. 7».
Après avoir abondamment prouvé que c'est ramnomaque
qui donne aux plantes tout leur azote, le professeur Liebig
«iplique le principe par lequel ie plâtre, VdLVgAe cuite et les
teres fermgîneuses agissent sur ta fertilisation d'un sol. Tou*
ta ces substances possèdent la propriété d'absorber et de
fiier l'ammoniaque, soit qu'il vienne de l'air^ soîtqu'il Tienne
et l'engrais. Plusieurs autres substances ont le même effet,
telles que la poussière de charbon. L'effet du piètre comme
stimulant, de même que l'effet du chlorure de calcium , cou*
«aie à fixer dans le sol l'azote ou plutôt l'ammoniaque, prin-
cipe indispensable à la végétation. Une livre de plaire cuit
fixe autant d'ammoniaque dans le sol que six mille deux cent
doqaaiite livres d'urine de cheval pourraient lui en trans-
mettre, en supposant que l'azote de l'acide hippique et de
l'urée soit absorbé par le plâtre, sans la moindre perte, sous
forme de carbonate d'ammoniaque. S'il est vrai que l'herbe
ccmtieBl nn centième de son poids d'azote, une livre d'asote
que l'on j amène de plus augmentera de cent livres de four-
lage sec le rapport de la prairie, et ces cent livres seront
«ossi le résultat de l'action de quatre livres de plâtre. Il est
aisé de voir pourcpioi le plâtre n'améliore pas également tous
les sois. Dans quelques-uns , il se trouve déjà une suffisante
quantité on de plâtre ou d'une substance analogue pour fixer
l'ammoniaque qu'ils reçoivent. Mais s'ils sont stériles, leur
téériiité doit dépendre de quelque autre cause, car c'est l'am-
aoaiaque de l'atmosphère (là où l'on n'emploie pas d'engrais)
qui fournit l'azote aux plantes.
Le poussier de charbon surpasse tous les corps connus par
«a faculté de condenser dans ses pores le gaz ammoniaque :
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236 NOUVELLE CHIMIE AGBICOLB.
on comprend l'énergie de son action lorsque, d'après Sans*
sure, un volume de charbon absorbe quatre-vingt-dix volumes
d'ammoniaque qui s'en dégage par la simple humectation. Le
bois pourri, celui de chêne surtout, se rapproche beaucoup i
cet égard du charbon ; car, dans le vide et privé d'eau, il
prend soixante-douze fois son volume d'ammoniaque. Vkumuê
n'est que du ligneux en pourriture : on s'explique facilement
ses propriétés qui en font non-seulement une source continue
d'acide carbonique, mais encore d'azote.
L'azote étant partout, dans tous les terrains et même dans
des minéraux qui n'ont aucun contact avec des matières or-
ganiques; l'azote se retrouvant dans l'air, dans l'eau de pluie,
comme produit de la putréfaction des générations antérieures;
la production des principes azotés enfin augmentant dans les
plantes avec la quantité d'ammoniaque qu'on leur amène par
le fumier animal , on peut en déduire que c'est l'ammonia-
que de l'atmosphère qui fournit l'azote aux plantes. Conclu-
sion : a L'acide carbonique, Feau et l'ammoniaque, contien-
nent les éléments organiques nécessaires à la vie des animaux
et des végétaux. Ces mêmes substances sont les produits ul-
times de toute décomposition et putréfaction. Ainsi, les in-
nombrables produits de la vitalité retrouvent après la mort
la forme originaire sous laquelle ils ont pris naissance. La
mort donc, la dissolution complète d'une génération, devient
une source de vie d'où surgit une génération nouvelle. )>
Maintenant une autre question s'élève : l'acide carbonique,
l'eau et Tammoniaque sont bien indispensables à toutes les
plantes, parce qu'ils renferment les éléments de tous leurs
organes. Mais est-ce tout? non. Pour le développement de
certains organes spéciaux, les plantes ont encore besoin d'au-
tres principes qu'elles empruntent à la matière inorganique.
Il est bien établi que toutes les plantes contiennent, quoique
en petites quantités, certaines substances minérales qui va-
rient selon les plantes , mais sont généralement les mêmes
dans la même espèce. Ainsi, par exemple, les tiges et les
feuilles de toutes les graminées contiennent invariablement
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NOUVELLE CHIMIE AGBICOLE. 23T
da silicate de potasse, tandis que c'est du phosphate de ma^
gnésie et de l'aminoniaque qu'on trouve dans leurs graines.
Ces bases alcalines ou terreuses existant dans les cendres des
plantes sous forme de carbonate existaient orièinairement
dans la plante même sous forme de sels, c'est-à-dire eombi«
nées avec les acides végétaux détruits par la combustion.
Comme certains de ces acides végétaux sont essentiels au dé^
veloppement de l'espèce où ils se trouvent, et comme ils y
sont combinés avec des bases alcalines, il est évident que ces
bases sont aussi essentielles aux plantes.
Bans plusieurs cas, dans le froment, par exemple, les acides
aussi bien que les bases sont d'origine minérale ; dans d'au-»
très, telles que l'opium et l'écorce péruvienne, les bases sont
organiques, tandis que les acides sont en partie métalliques,
en partie végétaux. Bien mieux, il parait qu'une base ou un
acide peut» dans certaines limites, en suppléer une autre sans
aucun détriment pour la plante, tandis que le développement
de la plupart serait entièrement arrêté par l'absence de leur
base ou de leur acide propres. Ainsi l'opium contient des
proportions variables d'acides sulfuriques et méconiques, et
lorsque l'un est trop abondant, il y a déchet de l'autre. Dans
l'écorce de quinquina, où l'on trouve la quinine et la chaux,
plus il y a de chaux, moins il y a de quinine. Encore il est tel
sol où un pin contiendra beaucoup de chaux, peu de potasse,
point de magnésie; le pin de tel autre offrira à l'analyse
moins de chaux, plus de potasse et une certaine quantité de
magnésie ; mais dans les deux, les bases réunies auront exac-
tement la même faculté de neutraliser les acides. Enfin un
troisième spécimen contenant potasse, soude, chaux et magné-
sie, n*en aura pas moins la même force de neutralisation. Ces
faits curieux, tous puisés dans les recherches des observa-
teurs les plus scrupuleux, mais tous observés sans aucune in-
tention relative aux faits cités, conduisent naturellement et
sans surprise à cette conclusion que chaque végétal exige une
quantité définie de bases métalliques pour la combiner avec
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23g NOUVELLE CHIMIE AGBICOLE.
soa ou ses acides organiques, et par conséquent que ces bases
exercent une fonction importante dans Téconomiedela plante.
Sans plusieurs cas cette fonction ne peut être remplie que par
une base et un acide. Ain^i, dans de la paille de froment, la
silice est Tacide, et c'est la potasse qui est la base; mais sans
ces matériaux qui existent heureusement dans presque tous
les sols, le froment ne peut prospérer. Il se peut sans doute
que la silice et la potasse ne soient pas associées; la potasse
pourrait être et probablement elle est en partie combinée dans
le froment avec un acide organique; ma» il n'en est pas moins
certain qne la siliee et la potasse sont aussi essentielles à l'ac-
croidseneat du froment que Vaeide carbonique, Teauet Tarn**
moniaqœ.
Tout cela, arons-ftous dit, est li^ès-lucidemeat déoooAtré
par le profiesseur liebig; mais il a été plus ]mn en préleodant
que c'est par ce principe qu'oa doit expliquer les bons effets
de maintes pratiques en^iriqaes ; il a prouvé en ua mot que le
fumier de vaches, Tengrais animal le fins commua, le plus
paurro ^i azote, a son utilité, non à cause de ses conteaos
organiques, mais de ses contenus inorganiqttes^ à savoir la
potasse et les phosphates. U est impossible d'imaginer wm
résultat plus inattendu, ph» iacoatestabje ou plus susceptible
d'une application immédinte dans la pratique.
fie la section de l'ouvrage du professeur liebîg sur les él6-
mente inorganiques éeê pintes, nous tirons ces condusiotti
bien importantes :
l"" Puisque le carbone et l'azote des plantes dérivent de
l'almosphère, les causes de la fiertiUlé du soi doivent être
cherchées dans ses éléments métalliques ou i&orgauiques.
2* Puisqu'une plan&e exige tds éléments mioéranx et une
autre plante des éléneafts différents, un sol peut être fertile
pour une plante et «tmle pour use autie, et i*of eemd, ou
finalement fertile pomr tonSes les <i0ux.
» Une analjfie (xaeto des rendras et chaque pvtied'u
plauée nous douneca une «oonuaifisaoee exacte de ces
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NOUVELLE CHIMIB AGB1C9LB.
Stances méialUques qui soot essentielles à son déveioppementy
et qui par conséquent doivent être présentes dnns ie sol où
BOUS voulons faife croître ladite pfaunte.
V Une analyse soignée de chaqoe stA^ apiés que la conn
posilion des cendres d'un certain nombre de plantes a été
préalaUement appréciée» nous apprendra tout d'abord 1»*
fieliede ees plantes peut y être avatttagensem«it cultivée,
qneUe antre n'y réussira pas si bien, et conMnent le sol peut
iUe leadtt propre à produire la premîfare comme la seconde.
5* Eaifl nons apprenons de quoi d^nd l'épuisement du
Bol, c'est-à-dire qnels sont les éléments mèftatliques qui en sont
(Ustnits par renlèrement de la récolte; car si ces éléments
ne loi sont pas rendus, le sol en conserve trop peu pour l'an*
née Mirante. De U l'usage de laisser reposer un cbamp ; car
pendant qu'il reste en jachère, l'action de l'air et de rhumèdîté
extrait un supplément de bases dn roc sdQjaoent et prépare
la terre à une nouveUe culture.
D'après ces principes, le parfiit développement d'une plante
dépend delà présence des alcalis ou terres alcalines; lorsque
ces sobslanoes manquent totalement, sa croissance s'arrête ;
lorsqu'elles ne jnanqnent qu'en partie, elle a besoin qu'on
vieaBe à son secours.
«Comparons d<«x espèces d'arbres , dit M. Liebig, que
nousctterofts ici presque textuellement; prenons deux arbres
doolie bois contienne d'inégales quantités de bases alcalines,
et oous trouverons que l'un des deux pousse vigoureusement
dans divers terrains oi l'autre peaut à peine végéter. Par
eiemple, IG^OOO parties de cbène donfieront 2S0 parties de
cendres, la même quantité de sapin n'en donnera qise 83, la
mène de tilleul dOO» la asème de seigle 4M, et la même de la
partie heibacée de la pomme de terre ISM.
» Le pin et le sapin trouveront des bases alcalines en
qvaitités suffisantes dans oessables, ces landes et ces terrains
granitiques où le cbène ne prospérerait pan. Le froment réassit
dans le même sol que le tilleul, parce ipi'il y rencontre leu
bases dont son dèveiojppement a besoin. Ces conséquences
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ikO NOUVELLE CHIMIE AGRICOLE.
si importantes ponr l'agriculture et la culture forestière se
fondent sur des faits de la dernière évidence. ?>
Toutes les graminées contiennent dans leurs feuilles et dans
la tige une grande quantité de potasse et de silice à l'état de
silicate de potasse. Dans un champ de blé, la proportion de
ce sel ne change pas sensiblement, gr&ce aux engrais sous
forme de paille putréfiée. Mais dans une prairie il n'en est
pas de même; en effet, nous ne voyons jamais une herbe
riche sur des sols sablonneux et calcaires, contenant peu
de potasse, parce qu'il y a absence d'un des principes con-
stituants indispensables à l'accroissement de la plante. Les
sols composés de basalte, de grauwacke , de porphyre, sont,
toutes choses égales d'ailleurs, les meilleurs pour les prairies,
parce qu'ils renferment beaucoup de potasse. Les irrigations
annuelles remplacent continuellement cette potasse et rendent
le sol comparativement inépuisable.
Si par le plâtre on active la croissance des herbes d'une
prairie , ou enlève avec le foin une plus grande quantité de
potasse qu'on n'en peut restituer dans les mômes conditions.
Voilà comment au bout de quelques années le rendement de
beaucoup de prairies plâtrées diminue parce que la proportion
de potasse y décroît. Si au contraire on ranime la végétation
prairiale par de la cendre sèche ou de la cendre en lessive
des savonniers, c'est à la potasse encore, introduite par ce
moyen, qu'il faut attribuer la luxuriance de l'herbe.
Dans les landes de Lunebourg on obtient tous les quarante
ans une moisson , en éparpillant les cendres de la bruyère
qu'on y brûle. Pendant ce long espace de temps, ces plantes
[erica tulgaris) ramassent en quelque sorte la potasse et la
soude que leur communique la pluie , et c'est au moyen de
ces alcalis qu'un sable stérile se couvre d'une moisson d'orge,
d'avoine et de seigle.
Il est d'autres provinces où les cendres des restes d'un
abattage de bois recouvrent aussi des semences et produisent
au cultivateur de belles récoltes de céréales.
Nous placerons ici une anecdote. Un professeur de chimie,
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NOUVELLE CHIMIE AGRICOLE. 2U
en AUemagney discutait avec M. Liebig lui-même la question
de l'utilité des alcalis pour les plantes, et en particulier celle
de la nécessité de la potasse pour l'accroissement de Tépi
du blé; il citait un sol purement calcaire du royaume de
Hanovre où Ton récoltait de belles moissons : « Eh bien,
répondit M. Liebig à cette objection, vous pouvez être sûr
que la craie contient delà potasse. » Son adversaire s'empressa
de le vérifier, et à sa grande surprise, M. Liebig avait deviné.
Il trouva aussi la potasse dans d'autres terres crayeuses fer-
tiles; nous ne doutons pas par conséquent que la potasse
existe, n'importe sous quelle forme, dans tout terrain oii
prospère le blé.
Avons-nous besoin de faire ressortir tout ce que cette
théorie renferme d'indications pour l'agriculture, la rotation
ou l'assolement des récoltes et le choix des engrais ? Disons
' quelque chose des résultats obtenus par le professeur Liebig
relativement à ces derniers.
Quand on songe que chaque partie constitulrve du corps
de Vhomme et des animaux doit son origine aux plantes, et
qu'aucun de ses éléments ne nait de l'acte vital, il est évident
que tous les principes inorganiques de l'économie animale
doivent être considérés comme des engrais. Le résidu terreux
de la putréfaction des animaux devient dans tout système
rationnel d'agriculture un engrais énergique, et le sol le
réclame, parce que tout ce qui lui a été enlevé sous forme
d'aliments pendant une série d'années doit lui revenir si Ton
veut entretenir la fertilité de la terre. Pendant la vie, l'animal
rejette à l'état d'excrément tout ce qu'il ne s'assimile pas
dans lacté de la nutrition. Après la mort, c'est à l'état
d'ammoniaque et d'acide carbonique que l'azote retourne
à l'atmosphère , et il ne reste plus avec les os que des matières
inorganiques, comme le phosphate de chaux et autres sels;
voilà les deux sources d'engrais animal : les excréments et le
résidu de la putréfaction.
On suppose communément que le fumier de vache et celui
de cheval agissent par la vertu de leurs éléments organiques,
5* SÉRIE. — TOHE XI. 16
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iftâ NOtJVEtLE CHiniË AGIttCOLfi.
qui d'un côté rendent de l'humus ou un résidu c&rlH>naté, «t
de Vautre de l'ammoniaque. Le professeur Liebig admet futilité
de l'humus, et il prouve que celte utilité consiste à fournir,
partie à l'air, partie aux racines, une lente mais cotistanle
provision d'acide carbonique ; mais la quantité d'hunmâ doti-
tiée par ces engrais est bien peu de ckose t^ompârée A fa
•somme de carbone enlevée par la récolte, et nous avons dh^
TU combien peu d'azote est contenu dans le crottin de cheval
et la bouse de vache. Mais en analysant ces «ngrais on y
découvre un autre élément : des substances minérales H
salines.
4,000 livres (200 kilog.) de crottin de chex^a! frais ou
1,060 livres (500kilog.)de crottin sec rendent de 1©0 è *n> li-
vres [50 à 135 kilog.) de sels et autres substances inorgani-
tpies. Ce sont là des substances vers lesquelles nous devons
diriger notre attention, car ce sont les mêmes qui formatent
précédemment les parties constituïintes du foin, de la ptilte
lèt deravoitïCjdont se nourrit le cheval. Leurs éléments prin-
cipaux sont les phosphates de chaux et de magnésie^ le car>-
bonate de chaux et le silicate de potasse : les trois premiers
prédominaient dans le grain, les autres dans le foin. Aussi
mille livres de crottin sec transmettent i un ehamp les sub-
irtances inorganiques contenues dans 6,000 livres de foin ou
^,800 livres d'avoine. C'est une quantité suffisante pour ap-
provisionner de potasse et de phosphate une récohe et demie
de froment... L'action particulière des excréments solides est
limitée à leurs principes constitutits inorganiques qui i^isti-
ttient à un sol Ce qui lui Ait enle^'é en foin ou en paille, en
racines ou en graines.
ïl est clair que lors même que le crottin d'une ferme est
recueilli avec soin et mêlé à la paille pourrie, il se ftit une
perte de potasse et de phosphate par les grains et les ani-
maux qu^n vend tous les ans ; perte compensée en partie par
les substances que Thiver détache des couches souterraines
et en partie dans une grande ferme par la fie?nte que déposent
les animaux sur tes prairies sans engrais. En Allemagne on
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KOUVeULE CHIMIE AéGMCOlM. H$
jWÊfflée «More par k cendre des boû bnUé« coBtenant de
h pofane et d» ^sphales. Enfin la p<^e définitive est
émtaimèe nrune^i large aurfece qu'elle devieBt pnesnitte
iaafpréoiable. Oa peal entretenir la fertilîié des tarifa e»
AB^anaant tims ies aae les pertes qu'on leur £iit subir;
mâs ee n'est qu'en leur neodant pkis qu'on ae leur preyatf
qt'il eaftpnaaîfale d'jaeaKnter la fertilité du «al et le pnoduit
■ eat iieile de oonaprettine qu'aux engrais aakanux om peut
acr tonte «obstance iqiii contient leun ingré^eaU
En Flandne, la perte annuelle 4es matièras nfeoB-
aams à la lèrlifité dn soi est lépAPée anmeUement par des
cendres d'os on de «bois dont on aouvre les ehanps, cendi^
lessîTées on non, et nkakes aorftont en phosphate de chaux et
de iDa(>pésie. Il y aioi^tenps qne les agriculteurs ont i^eomm
14nportanoe de faire naage «de cendres oooune engrais. Xd
«it <e prix qu'on ;aittnehe 4 cette matière À Mnsbouig et i
WeHapeaft (Hesae éiectoirale)« qu'on va la «bâcher i sii
^ hnlt Henes de distanoe «ans neouler devant les prix de
Icanspert.
L'engrais d'ossenenta dent les «fifets ont tant leKCÎté de
«vprîse, agît d'après ie même principe. Chaque molécule
des m du hétaîl, coaiiBe les antres «latières du corps, pro viesit
de nwrbe 4dont il ae nnnrrit et par conséquent 4u sol où a
poonë cette faeiS)e. En engcaissant un chasnp de la poudre
d'os, nous Ini Temioyensoe qu'on lui ^ «enlevé sous forme de
<oin,d%erbe,iiei»lé, de navets. Si le vrai principe de l'e^o^rais
tiil été «onnu, l'intpvdnetion «de la taire d'os n'aurait pas
tfttendu 4e dix««eu!vîème siède. Ai^urd'huî encore;, parmi
4ceox qui en font usage, combien peu .ont la moindre idée de
lamsoa qm fai œwverfit en engrais 1 8 Uvjres d'os oooKeaneat
^Mià^ dephnsphate de dbaux qne fc,000 Uvres de.foin ou de
paille, et 2 li^esen c(mttennent autant que 1,000 des ipraina
^e Irament et d'avoine. M livres de poudre d'os appliquées
â ta acre de terre suffisent pour approvisionner de phosphate
4e dmux trots iiécoltes de firoment, de luzerne, de pommes
^ ^enre, de navels, ^c«
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2U- NOUVELLE CHIMIE AGRICOLE.
M. Liebig recommande de pulvériser les os, de les malaxer
avec moitié de leur poids d'huile de vitriol , préalablement
délayée dans trois ou quatre parties d'eau. Après une macé*
ration plus ou moins prolongée, il <aut ajouter 100 parties
d'eau et asperger le champ de ce mélange avant le labour.
Par ce moyen, les phosphates sq^t amenés à un état soluble,
et les acides libres sont aussitôt neutralisés par les bases
alcalines du sol, produisant des sels neutres infiniment sub-
divisés et éminemment favorables à l'absorption. M. Liebig a
fait l'expérience sur un sol formé de grauwacke, et assure que
c'est là une méthode parfaitement sûre et heureuse, autant
pour les céréales que pour les herbes potagères.
C'est ici que la chimie offre ses nombreuses ressources à
l'agronome. Dans les fabriques de gélatine animale, dit
M. Liebig, on perd annuellement plusieurs milliers de quin-
taux d'une solution de phosphate dans l'acide muriatique ou
hydrochlorique. 'Se pourrait-on pas conserver celte solution
au lieu de la jeter, et la substituer aux os? L'acide hydrochlo-
rique se combinerait avec la chaux du sol et formerait un sel
qui, comme on le sait déjà, exerce une action favorable, pro-
bablement comme fait le plâtre, par la fixation de l'ammo-
niaque tombé avec les eaux pluviales. 11 est très-imporlant
pour l'agronome de ne pas se tromper sur lés causes qui
produisent les effets indiqués comme une influence spéciale
de certaines substances. On sait qu'elles ont cette action bien-
faisante sur la végétation , on sait que la cause en doit être
qu'elles contiennent un corps ou des corps qui, indépendam-
ment de la vertu de leur forme, de leur porosité et de leur
appétence pour l'humidité, aident aussi à conserver raclivitê
vitale des plantes. Si ce mystère est abandonné comme impé-
nétrable, si on jette sur la science le voile d'Isis, on ne con-
naîtra jamais la nature de l'aide qu'on en reçoit.
D'après ce principe d'agriculture qu'il faut rétablir dans
un terrain tous les principes reproducteurs qu'on lui enlève,
peu importe que cette restitution soit faite sous une forme ou
sous une autre ; le temps viendra où au lieu d'employer comme
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NOUVELLE CHIMIE AGRICOLE. S&5
anjonrdliai des fumiers, on engraissera les champs avec une
solution de liqueur siliceuse (silicate dépotasse), avec la
cendre de chaume, avec les sels de Tacide phosphorique
préparés dans des laboratoires chimiques, absolument comme
i présent en médecine on a remplacé par des extraits essen*
tids, c'est-i-dire des principes chimiques, plusieurs médica-
ments ordonnés précédemment en nature. Depuis qu'on sait
qaei est le principe médicateur de l'éponge calcinée, du quin-
quina, de l'opium, on n'administre plus ces substances aux
malades que sous forme d'iode, de quinine, de morphine, etc.
Depuis que M. Liebig a publié son traité de chimie, il a su que
les cendres de la paille avaient été depuis longtemps em*
plojées comme engrais des terres à blé dans certaines parties
de TAllemagne. Mais ceux qui s'en servaient ainsi ignoraient
la cause de l'excellence de cet engrais. Ils agissaient empiri-
quement : cette coïncidence ne prouve-t-eile pas qu'il n'est
guère de découverte utile que la pratique n'ait déjà expliquée
par anticipation?
^ous insisterons sur ces deux principes qui nous semblent
découler des recherches de M. Liebig : Puisque chaque plante
n'extrait du sol et ne retient dans sa substance que les ma-
tières inorganiques qui sont essentielles à son développement,
le meilleur engrais pour une plante doit être la plante elle-
même sous forme de paille ou même sous celle de cendres.
Noos venons de citer la cendre de paille, mais ce principe doit
avoir une application universelle. Les pommes de terre, par
exemple, ne peuvent être mieux fumées qu'avec les cendres
de leurs plantes, qui sont singulièrement riches en phosphate
de magnésie, sel caractéristique de la pomme de terre. Natu-
tellement, dans ce cas comme dans tous les autres , toute
cendre contetiant le même sel, ou une source du même sel,
serait employée avec avantage. Nous avons pu voir le résultat
de l'usage du phosphate de magnésie pur comme engrais pour
ce solanum, et nous n'aurions pu imaginer l'abondance de la
récolte. Eh bien, la chimie peut aisément produire ce sel en
quantités suffisantes et à bas prix. Nos couches de carbonate
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su NOirVSLLE CHIMIB AGBIGOUB.
de mafnésie, qui tontes sont généralement nuîsitde»
|9ia»tei, non» fourniraient les mayeos d'angBotenter presque
sans frais nos récoltes de pommes de terre.
Quand nous réfléchissons aussi à rimmense importance de
)'aso4e coraoïe în(prédient du grain,, et quand nous nooftrap^
p(ak»a qtte le crottin de choral et la bouse de racbe contien»
tient très-pea de cet élément, nous voyons combien il est
esscniiei de ne pas dissiper sans discernement les engrais li-
qnides, source naturelle de cette portion d'azote qui doit
s'i^onter i celle qui prorieni de l'atmosphère pour que nous
puissions obtenir de riches moissons. Mais une sowce plas
abondante encore d'azote se trouve dans le contenu de nos
latrines et de ces égouts qu'une ignorance barbare bki otfdî<*
mûrement jeter à la mer.
a Quand on considère qu'avec chaque livre d'ammoniaque
qui s'évapore on perd soixante livres de blé, et qu'avee dm»
que livre d'urine on pourrait produire une livre de pur bvh
ment, on ne comprend plus l'indifférence avec laquelle on
tiaite toutes ces choses, n
L'acide urique, le plus asoté de tous les produits de. l'éccH
nomie animale, étant soluble dans l'eau, peut être absorbé
par les racinéis des plantes, et dans son assimilation donner
naissance à de l'oxalate, à du prussiate ou à du carbonate
d'ammoniaque^
Le carbonate d'ammoniaque , produit par la putréfiadîon
de l'urine, peut être fixé, c'eslnà-dire privé de sa volatilité par
une foule de moyens : aussi , en saupoudrant un terrain de
plAtre, et en l'arrosant d'urine putréfiée, on convertit tout
le carbonate d'ammoniaque en sulfiate d'ammoniaque qui rea*
tara dans le soi. On peut encore faire dispaiattre l'akalîniti
des eaux de fumier en y ajoutant du plâtre» du muriate de
chaux» et mieux encore du phosphate de chaux acide; ce qm
transforme le carbonate d'ammoniaque en sel qui ne se vola*
tiliae plus.
L'ammottiaquequi se développe dans les écuries et les latrioea
est toujours combinée l'acide cariMMiicpie. Le carbonate d'an*
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N^UYSLU CHIMIE A&IUGOLS. 9k1
ino«ia(iiieeile8iilfiM« 4e chaux se décoioposaiit p«r leur coa^
««ci à ht tmopéraUire ardioaire, oa désinfecte lea lieux indin*
qiiée em y lépandant du plÂire, (pii non-^eidement fuit di^^
jinttare VodMr, lorâ conserve encore ranunooiaque ainsi
%nk poiif les besoins de Vagricultore.
teiia le rapport de la quantité d'azote, cent parties d'urin<i
hunaine équivalent à treize cents parties de crottin de cheval
frais et à six cents parties de bouse de vache fraîche.
L'efficacité de l'urine conune engrais est bien connue en
Hsndre, mais elle est surtout appréciée par les Chinois, la
plus anmn peuple agricole du inonde. Tel est le haut pri)(
sttacUen Chine aux excréments humains, que les lois y d^
tindeot de les jeter, et que Yoa place daus les maisons dea
réservoirs pour les recueillir avec le plus grand ^iOi C'est la
nul eagpais des champs de blé.
La Chine est le berceau de l'art d'expérimenter. Les Ch^
aeia, dans leur ardeur d'expériences, avaient fait, six sièclai
avant nous, des découvertes admirées et enviées longtemps
par VBurope» surtout dans la teinture, la peinture, la &bri»
que des porcelaines, la préparation de la soie, etc. Ils étaient
arrivés à ces découvertes sans le secours des notions scientifi-
ques, car leurs livres offrent des recettes et des prescriptions
pratiques, mais aucune explication théorique.
Un demi^siècle a suffi, il est vrai, aux Européen^, non-sen-
IsoNuit pour égaler, mais encore pour surpasser les Chinois
daas les arta et les manufactures ; ce qu'il fisut attribuer 4
PapplieaCion des principes exacts fournis par l'étude de la
chimie. Hais combien l'agriculture de l'Europe est encore
inférieure à celle de la Chine! Celle-ci esta peu près parfaite,
et pourtant, dans ce pays où le climat des provinces les plu;
fiertiles diffère peu du nôtre, on attache peu de prii^ aux excréi-
msols udid0ê des animaux. Ce sont les excréments liquides,
en efifet, qui présentent la plus grande valeur comme engrais
noté.
Si nous traitions convenablement les richesses de nos latri-
nes; si nous les mêlions, par exemple, avec des cendres con-
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2^8 NOUVELLE CHIMIE AGRICOLE.
tenant des phosphates et avec un léger excès d'acide en dis-
solution , pour les foire sécher ensuite de manière à épuiser
Teau sans laisser échapper Tammoniaque, nous obtiendrions
le tout exempt d'odeur désagréable, et sous une forme qui les
rendrait d'un transport fecile. Ce mélange surpasserait tous
les engrais employés jusqu'ici, et nous vaudrait les récoltes
les plus abondantes. Dans un autre demi-siècle, nous aurions
laissé bien loin l'agriculture empirique des Chinois. On a fiait
déjà sur le continent, en France même, des essais dans ce
genre; et quoique, par l'ignorance des opérateurs, une grande
partie, sinon la totalité de l'ammoniaque des matières sépa«
rées, se soit perdue, eh bien, l'engrais ainsi obtenu, et agi»*
sant par ses seuls éléments inorganiques, a produit des- ré-
sultats merveilleux.
Nous nous estimerons heureux si , dans cette analyse de
l'ouvrage de M. Liebig, nous avons appelé l'attention des
agronomes sur une source toute nouvelle d'améliorations agri-
coles : un jour, la statue du professeur allemand sera cou-
ronnée dans toutes les fêtes champêtres, comme celle d'un
autre Triptolême.
(Quaterly Revi9w.) {i)
(1) NoTB DU DIRECTEUR. Nous crojons devoir constater ici un fait re~
marquable qui vient à l'appui de la théorie du professeur Liebig.
Longtemps avant la publication de Touvrage qui fait Tobjet de eel
article, un petit propriétaire de Provence, Pierre Jauffret , à force de
petience et d'observations, était parvena k deviner, en quelque sorte, le
mode d'action des engrais, tel qu'il est eipliqué par le professeur alle-
mand.
Abandonnant la routine, et après de longs et nombreux essais, il étail
arrivé à pouvoir faire, à volonté, sans bestiaux, des engrais ëgaui et
même supérieurs aux meilleurs fumiers d'étable« et à les modifier suivant
la nature des plantes.
Pierre Jauffret est mort au moment où il pouvait espérer retirer quel-
que fruit de $tB laborieuses et pénibles recherches.
Les personnes qui désireraient connaître et appliquer sa méthode
trouveront tous les renseignements nécessaires auprès de M. Turrel, pro-
priétaire du journal Le véritable assureur des récoltes, rue Montorgueil,
n« 53, à Paris.
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^commit dorîair.
COLONIES PÉNALES DE LA GRANDE-BRETAGNE.
EXCURSION A PORT-ARTHUR.
LA TlATiaSÉI. ~ LA BAIB DB PlléD<BIC-BBN1lT BT CBLLB DB NORFOLK. —
GBnn DB BOIS. — FOUT-ARTHUB. ~ aSPBCT DBS DÉPORTA. — MAHIÈRB
DOKT ILS PRBRNBNT LBURS RBFAS. ^ LBCR R^IMB. — LBS CABANONS. -^
DiPOIlis CBARTISTBS. — STATION DES JEUNES DÉPORTés. — ATELIERS. —
l'iLB DES MORTS. — ÉCOLES — UN MEURTRIER. — LE DOCE. — AVENTURE
DU CAPITAINE BOOTH DANS LES BOIS. — LES DIVERSES ESCOUADES. — OBJEC-
TTOKS CONTRB LBS COLONIES PÉNALES. — LBS ILES FALELAND. — AVENIR
DB U GOLONIB DB PORT-ARTHUR.— BNTRBTUB AVEC PROST LB CHART1STB.
Port-Arthur, pénitencier de la terre de Van-Diemen, a servi
de texte à une foule de mensonges, ou, du moins, à des rap-
ports inexacts. Cest un établissement dont l'organisation est
pea comprise même dans cette colonie, et par conséquent i
peu près inconnue du public anglais. La description que j'en
donnerai ne peut donc manquer d'intérêt, mais elle aura sur-
tout le mérite d'être authentique.
S. Ex. sir John Franklin se fait une règle dans son admi-
nistration d'accorder toutes les facilités possibles pour les
renseignements ; j'ai donc obtenu sans peine du secrétaire de
la colonie un permis de visite, ainsi que mon passage sur un
des bâtiments du gouvernement colonial. En outre, Son Ex-
cellence a bien voulu me donner une lettre de recomman-
dation, écrite de sa main, pour le gouverneur de Port-Arthur.
H'étant ainsi procuré le moyen de remplir l'objet de mon
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850 EXCURSION A PORT-ARTHUR.
voyage, je me suis embarqué le 6 janvier i8k% un mercredi
soir, à bord du schoonerr^^/zA, capitaine Harburg.
Ce schooner est un joli bâtiment de cent cinquante ton-
neaux. Il a été construit à Port-Arthur en 1835 pour la double
destination que voici : servir de yacht de plaisance à sir
Georges Arthur, et croiser autour de Ttle afin de poursuivre
tous les déportés qui chercheraient à s'enfuir sur des navires
de la colonie. Nous avions plusieurs passagers, un 'détache-
ment du 16"* régiment, et en outre, une cargaison de déportés
arrivant d'Europe et destinés à diverses stations.
Le matin du jour suivant, vers les quatre heures, nous
levâmes Tancre, et à la faveur d'une jolie brise qui soufflait
de terre nous œtmes à la voile. La barque le lord G^derich^
Sfttit déposé A Port*Arthur sa cargaison de déportés, deaoan-
dit la rivière de conserve avec nous. Il feisait une de ees
délicieuses matinées qui enchantent le cœur et les sens. Les
hauteurs dont la contrée est accidentée se coloraient aux
rayons du soleil levant. Le paysage, encore humide des der-
nières pluies» étalait une riante verdure. Vers les huit heures
du matin, le vent fraîchit et souffla de la mer; ce qui nous
obligea de louvoyer et de courir des bordées afin de doubler
le Pot'de-Fer et les Iles de Betsey . Deux heures se passèrent de
la sorte; après quoi r£/ûa put courir veat-^arrière, poussé
par une brise qui augmentait rapidement de force et tempé-
rait l'ardeur brûlante du soleil. Les points de vue les plus
agréables s'offraient successivement à nos yeux. L'eau était
transparente comme un miroir. Aucun nuage n'interceptait
l'azur du ciel. A mesure que nous avancions, les sables du
rivage semblaient glisser derrière nous, le vent murmurait
doucement dans le feuillage des arbres, l'air était chargé d^
parfums : tout dans la nature était joie et harmonie,
La brise continuant de fraîchir» nous diminuâmes de voilep
pour longer les côtes de la baie de Frédéric-Henry. Ces c6tas
présentent un caractère de grandeur qui rappelle celles do
Loch Linhe en Ecosse. Elles ont avec ces dernières quelqui»
points de ressemblance ; cependant les montagnes de l'AttS*
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BXGOBSION A POmT-AVraUR. SU
tralie diffèrent des rochers nus et arides de la poétique Hor*
yen en ce quelles s'élèvent et s'abaissent par de gracieuses
ondidalîons. Elles ne sont point éternellement tiattues des
tempêtes comne les monts de TÉcosse. Elles n*ont point de
eeis-ei 1^ escarpements sauvages» la sombre majesté. Elles
sont à leors flancs et à leur sommet revêtues d'arbres touffu
cpn lenr donnoat un air de gaieté, et illuminées par ce soMl
fespkendissant dont les pics glacés du nord ne connaissent
pas la féconde influence.
Noos longeâmes l'Ile Slopen, et aperçûmes dans le lointain
Pîtt-Waler et le Carleton. Un peu après midi nous entrâmes
dans ccAle mer intérieure qui est enfermée comme un lac» et
que le capitaine Flinders a appelée la baie de Norfolk. La vue
que aons avions de tous les côtés était magnifique. En £&ce
8*étendait une immense nappe d'eau salée, au bout de laquelle
•e dressait une de ces montagnes gradeusanent- arrondies
en forme de pain de sucre» qui sont si communes dans la
Tansmanie. Nous étions placés au centre d'un panorama qui
cbangeait à chaque minute : les collines succédaient aux col*
lines»les vallées aux vallées; c'étaient tantôt de petits golfss
qui se creusaient dans les terres» tantôt des caps qui sem*
blaint s'avancer au-devant nous. En un mot, cette variété
d'horiaons était la chose du monde la plus agréable; les der-
niers nous paraissaient toujours les plus pittoresques. Peu de
tableaux méritent d'étfe comparés à celui-là. Les eaux, le«
bois» les montagnes et les vallons composaient un ensemble
parEût : nous ne pouvions en détacher nos regards.
Nous débarquâmes nos déportés dans plusieurs stations
qni sont pour eux des lieux d'épr^ves préparatoires. Comme
J'aurai plus tard l'occasion d'y revenir, je m'abstiendrai d'en
parier id. A rapproche de la nuit, nous jetâmes l'ancre prêt
de riie Woody» au fond de la baie de Norfolk. La soirée fut
digne d'un jour sî bean. Le coucher du soleil nous présenta
OB speotade d'one splendeur et d'un édat tels que les régione
tropicales eUes^mâmes offrent à peine quelque chose de pareil*
Kien de doux, rien de «ave comme la matinée du lendemain»
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EXCURSION A PORT-ARTHUR.
Notre navire flottait sur des eaux pures et tranquilles; la
terre, rafraîchie par la rosée de la nuit, souriait au soleil levant.
Aucun bruit ne s'élevait du rivage ; il y régnait un repos ma-
gique. En voyant ce calme profond, cette scène paisible,
comment se fût-on imaginé, si on ne l'avait pas su, que cette
terre aimée du ciel était le réceptacle d'une foule d'hommes
perdus de crimes ? Nous eussions voulu bannir cette idée qui
s'accordait si mal avec le tableau que nous avions sous les
yeux. Et cependant, quelque propre qu'il soit à faire naître
chez tous ceux qui le contemplent un sentiment de pieuse
reconnaissance pour le Créateur, ne doit-on pas l'admirer
plus encore en songeant qu'il contribue pour beaucoup à
l'amélioration des misérables que l'Angleterre déporte dans
cette contrée? Un jour viendra où ces convicts composeront
une population active, industrieuse, morale, et où le spectacle
de la dégradation de l'homme n'attristera plus un des plus
beaux pays qui soient sous le ciel.
A neuf heures du matin nous dîmes adieu à VEUza, et nous
primes terre sur la jetée qui est construite au fond de la baie
de Norfolk. De là part un chemin tout semblable à nos che-
mins de fer ; seulement les rails sont formés d'un bois très-
dur. Le chemin en question traverse un espace de cinq milles
anglais, et fournit un moyen rapide de communications entre
la baie de Norfolk et Long-Bay. C'est le capitaine Booth qui
en a conçu l'idée, et jamais ouvrage ne fut plus utUe. II
abrège la distance qui sépare Hobart-Town de Port-Arthur,
et l'on y voyage en sûreté pendant la mauvaise saison, alors
que la mer est impraticable. Il arriva au capitaine Booth ce
qui est arrivé à tous les hommes d'un génie supérieur; il eut
à lutter contre les préjugés et l'ignorance. On se moquait de
son entreprise; on annonçait tout haut qu'elle échouerait.
Le capitaine Booth possédait la confiance du gouverneur : il
ne se laissa point intimider par ces fâcheux pronostics, et il
força à la fin ses détracteurs à lui rendre justice et à l'admirer.
Le chemin qu'il a tracé suit les mouvements du terrain. La
£acilité des descentes compense le travail des montées. On n'y
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EXCURSION A PORT-ARTHUR. 253
Toit ni chevaux, ni bœufs, ui locomotives à vapeur. Les dé-
portés y suppléent; ce sont eux qui poussent les wagons.
Chaque wagon, contenant à peu près un demi-tonneau de
marchandises, est attelé de trois hommes; ces malheureux
ont Élit souvent en une seule journée trois fois l'aller et le
retour, c'est-^àrdire qu'ils ont parcouru trente milles, et que
chaque homme traîne un demi-tonneau par voyage. Certes,
c*est un spectacle révoltant que celui que présentent ces
pauvres gens réduits à la condition de bétes de somme ; il est
affreux de les voir inondés de sueur, haletants, les muscles
tendus, les veines du visage gonflées par Texcès de la fatigue. . .
Mais quoi i interrogeons nos souvenirs : nous nous rappelle-
rons qu*il existe en Irlande et en Angleterre des millions
d'boiDffles libres assujettis à des travaux non moins rudes et
non moins humiliants. Il suffit de mentionner les mineurs,
les ouvriers des docks et des ports, et tant d'autres. Quoi
qu'il en soit, et en dépit de tous les raisonnements, ce spec-
tacle choque et révolte.
Vers midi, le major Roberston, M. Holman et moi, nous
longeâmes à pied la chaussée. Nous n'y vîmes aucun convoi
de wagons; il parait qu'à cette heure de la journée les con-
victs de la station conduisaient aux mines de houille le capi-
taine Sulivan, commandant du sloop de Sa Majesté la Favorite^
et sa suite. Arrivés à Long-Bay, les soldats s'embarquèrent
avec leur bagage dans une chaloupe. Quant à nous, nous prî-
mes un joli bateau de pèche à quatre rames, et après une
traversée, nous entrâmes dans le vaste bassin de Port-Ar-
thur.
A l'aspect de cette ville, des exclamations d'étonnement
nous échappèrent; nous la contemplions d'un œil ravi. Quoil
c'est là le Pandemoniuml disions-nous; c'est là qu'on dépose
les plus teiribles criminels 1 Cette baie gracieuse, ces nobles
bassins, cet ancrage excellent, qu'on peut utiliser de tant de
façons, tout cela appartient à un pénitencier l En effet,
nous voyions flotter près de nous le navire la Lady Franklin^
de 210 tonneaux, et à une demi-encâblure plus loin, le sloop
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25fc EXCUBSIOH A FORT-AmTHCm.
Ht Sa Majesté fai Fcitorite, de 18 canom, )equ^ devnt être Ta-
doabé enttèrement.
Nons débarqniiwes an quai du Commissariat; nonsy troa-
Times M. Carte, inspecteur des dépwtés; et grftoe à son in-
leirention, mms pftmes à finstant même remettre nos lettres
an gouvemenr. Le capitaine Boolh nons reçnt avec une nr-
hanité exqnise. H nons présenta à sa femme , et nons toTtta
obligeamment à nous loger chez lui : nous acceptâmes cette
t)flTe avec beanconp de joie, car îl n'existe à Port-Artlinr ni
Mtel, ni maison menblée, ni ancun lien puMic.
Le lendemain était nn dimandie. Bès que nous eâmes dé-
jenné, nons partîmes pour assister à la revue que Ton dit des
déportés avant qnlls se rendent à Tég^isc. Nons les Irovvl-
mes rangés sur trois lignes, formant «ntant de divisions sé-
parées ; les inspecteurs [déportés eux-mêmes) étaSenl [riacés &
la queue. Ces malheureux étaient vêtus d'une veste jannesurla-
quéneètaient marquéesleslettresP.A. en jaune eten noir, ainsi
que leur numéro d'ordre. L'expression de leur visage était
sinistre et repoussante : c'est à peine n, parmi eux, on re-
marquait nne physionomie ouverte. A la manière dotA ils
nous regardaient, on eftt dit qu'ils supputaient dans leur
pensée ce qu'ils espéraient tirer de nous. Le crime et «es fu-
nestes conséquences se faisaient lire sur toutes ces figures
marquées du sceau de la réfMt>bation. Saisis de dégodrt et de
pitié, nous détournâmes les yeux. L'inspection achevée, les
€onvicts s'acheminèrent vers l'église en observant nn profond
silence. Nous les suivîmes. Un détachement de soldais, ayant
les armes chargées, stationnait sur la place, prêt à faire feu au
premier signal. La présence de «cette feroe armée Matt a la
solennité nne partie de son caractère religieux. On remarquait
parmi les assistants les matelots et les ofBciers dn sloop fa
Favorite. Leurs figures mâles, on respiraient la gaieté et la
franchise, contrastaient avec la face humiliée et Tair abject
des eonvicts. Le service divin fut célébré par un de nos com-
pagnons de traversée, le révérend M. Simpson. Le respecta-
We ministre profita de l'occasion pour solliciter la charité des
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£XCrBSI01f A PORT-AKTHCR. SSS
Sdèlcs en faveur des écoles de rétablissement, ayant soin de
hire remarquer que, comme l'argent était une chose très-rare
dans.la colonie, le moindre don pécuniaire serait reçu avec
enpressement. Ce langage choqua un certain nombre de per-
mîmes rigoristes, qui ne le trouvèrent point digne de la chaire;
inaîs on fexcusa à cause de l'intention.
Lèglise de Port-Arthur est un édifice beau, spacieux, et
t»nstruiten pierres de taille. H a la forme d'une croix, et il
tst surmonté d'une tour munie de cloches; l'intérieur en est
simple, maïs propre, et disposé pour contenir au moins deux
Aine personnes. H n'y a point d'orgue; on s'est contenté de
thoîsirpanni les déportés quelques hommes ayant de la voix;
tm en a formé un chœur, et ils chantent les psaumes sacrés
de manière à produire beaucoup d'effet. Jusqu'à présent, ao-
tm ministre de l'église presbytérienne d'Angleterre, ayant
qualité officielle, n'a résidé à Port-Arthur, et les cérémonies
religieuses ont été célébrées par ces chrétiens qu'anime un
«ète infatigable, les méthodistes vesleyiens. Maintenant,
M.HanleB est considéré comme le pasteur évangéliqnedela
coli^ie; c'est un homme qui, après avoir rempli ces fdnctwHw
Importantes dans l'î'IabKssement aujourd'hui abandonné de
Port-Macquarie, continue sa pieuse mission à Port-Arthur,
L« service terminé , nous suivîmes le commandant à l'en-
droit oè se préparent les aliments destinés aux eonvieU, C'est
tt qu'on leur distribue leurs rations respectives. La manière
dont on procède mérite d'être mentionnée. Les parts, nu nom-
bre de vingt-six à trente, sont portées dans les salles du
pénitencier, suivant la contenance de celles-ci. Deux délégnés»
i tour de WMe, sont chargés de recevoir les rations et de les
distnbuer. Ils les rangent sur une table A laquelle les dépertës
viennent s'asseoir : chaque homme prend et mange la part
qui est placée devant lui. La règle ordonne qu'ils h mangent
sans en rien laisser. Cette mesure a pour but d'empêcher qae
les convitls cachent leurs aliments afin d'en Caire provision.
On y tient la nnin avec un rigueur extrême. Manger quoique
ce sort , et n'importe sous ^piel prétexte, hors des heiaes
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356 EXCURSION A PORT-ABTUUR.
prescrites , est un délit qu'on punit sévèrement. La défense
•s'étend même au poisson que l'on pèche et au gibier que Ton
attrape.
La nourriture des convicts est non-seulement abondante,
mais encore substantielle. Elle consiste en soupe excellente,
en bon pain de froment, en viande de bœuf , de mouton ou
de porc. J'ai goûté de ces aliments et je me suis assuré de leur
qualité. Combien de laboureurs en Angleterre, combieD
d'honnêtes ouvriers s'estimeraient heureux s'ils avaient an
ordinaire aussi comfortablel Les convicts à leur déjeuner et à
leur souper ont un morceau de pain et une mesure ( une pinte]
de skilley ; on appelle ainsi de l'eau dans laquelle on a foit
bouillir une petite quantité de farine. Leurs vêtements sont
en laine; cette laine est teinte en jaune ou moitié jaune et
moitié blanc. Chaque individu est fourni de deux habillements
complets, de deux chemises et de deux paires de souliers. Ces
effets doivent durer une année.
Les habitations destinées aux déportés sont propres, saines,
bien aérées ; on en blanchit souvent les murailles, ils couchent
dans des lits séparés. La literie, qui est suffisante, est roulée
pendant le jour. Dans la première salle où nous fûmes intro-
duits, nous trouvâmes Jones, cet horloger chartiste dont le
procès a fait quelque sensation à Londres. Il remplissait les
fonctions de surveillant , et distribuait les vivres à une dou-
zaine de ses compagnons, lesquels composaient la chambrée.
Jones prononça les grâces ; lui, qui à son arrivée se montrait
dissipé, arrogant et licencieux, il se distingue maintenant par
son esprit d'ordre et sa docilité. Pour opérer ce changement,
quelques représentations ont suffi. Il a su mériter les fonctions
dont il est investi. Lorsqu'il n'est point employé aux ouvrages
de sa profession, il travaille dans la boutique du cloutier.
Le chartiste William est aussi un des déportés au Port-Ar-
thur. Il avait débuté par affecter les manières et le langage
d'un homme repentant et paisible, et comme il possédait cer-
taines connaissances spéciales, on Tavait employé à l'exploi-
tation des mines de houille. Là» il réussit à embaucher quel-
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EXCURSION A POKT-ARTHCR. 257 .
qnes-ans de ses compagnons, et il construisit une barque au
moyen de laquelle il s*échappa de la colonie où il était tombé
une seconde fois au pouvoir des agents du gouvernement. Il
fiit renvoyé à Port-Arthur. On le dépeint comme un homme
méchant et déterminé. Quelques-uns de ses compagnons d'in-
vasion ne furent pas repris immédiatement. Pendant le peu
de jours que dura leur liberté, ils commirent un meurtre, et
ce nouveau crime fut cause qu'on les condamna à mort. Ils
furent exécutés. Si William ne les eût point détournés de leur
devoir, une fin aussi triste leur eût peut-être été épargnée.
Des salles du pénitencier nous nous rendîmes aux caba-
nons. Les malheureux qui y sont détenus n'ont pour toute
nounrfture que dû pain et de l'eau. Nous trouvâmes dans une
de ces cellules un jeune homme de dix-huit ans coupable d'un
meurtre. Il en sera question plus loin. Nous vîmes dans une
autre un conyict qu'on y avait renfermé parce qu'il cherchait
continuellement à s'évader. Quelque temps auparavant on
l'avait rattrapé mourant de faim et exténué de fatigues.
Transporté à l'hôpital, il s'était rétabli non sans beaucoup de
peine. £h bien , il n'eut pas plus tôt recouvré la santé qu'il
recommença ses vaines tentatives.
Des cabanons nous passâmes à l'hôpital. Ce fut là que s'of-
frirent à nous, dans toute leur horreur, les funestes consé-
quences du crime. Là était confiné, sur un lit de souffrances,
Savary, ce raffinenr de Bristol dont on a tant parlé, cet homme •
qui, appartenant à une famille distinguée et jouissant lui-
même de l'estime de ses concitoyens, semblait né pour un
sort plus heureux ! On n'a peut-être pas oublié qu'en 1825 il
fut accusé du crime de faux. Savary, d'après les conseils d'un
magîstratde Bristol, se reconnut coupable, et quoique le juge
GJflbrd le pressât vivement de se rétracter, il persista opi- <
niàtrément dans son système de défense. Son crime ayant
eu lieu très-peu de temps après le procès de Fauntleroy, il
fiit condamné A mort. Toute la ville croyait fermement qu'il
serait exécuté. Cependant il obtint une commutation de peine.
On l'envoya à la terre de Van-Diemen comme déporté à vie,
5* SÉRIE. — TOME XI. 17
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tB8 «XCfJUSIlMr ▲ PO&T^ARTHUR.
et il fut employé dans les bureaux en qualité d'expéditîoa-
oaire. Sa femme, qu'il ayait laissée à Bristol et qui Taimait
tendrement, voulut partager sa destinée. Elle s'embarqua pour
le rejoindre, mais )e bâtiment oi elle avait retenu son paaaage
te brisa eontra le Aee, à Plymeutb. Bien que Mrs. Sctvary eAt
TQ la mort de près , elle partit sur un autre navire : cette fois,
. elle fit une heureuse traversée, liais il paraît que sa présanoe,
loin de contribuer à la tranquillité domestique de son mari, la
détruisit eomplétement. Savary a pris soin lui-même de nous
raconter ses querelles conjugales dans son ouvrage intitulé
Quintug S^rvinton^ qui fut publié à Hobartr*Tovn en 1830.
Futi-ce par suite de ces qu^elles que ce malheureux, dans un
accès de folie, essaya de se tuer en se coupant la gorge ? On
me sait. Quoi qu'il en soit, la blessure n'était pas mortelle, et
des secours donnés à temps le rappelèrent à la vie.
Peu de temps après, sa femme et son enfont retournèrent
en Angleterre. Savary, ayant lui-même obtenu plus tard une
autorisation, s'établit fermier, puis fit banqueroute, puis eut
encore une fois recours à des faux, puis fut jugé, condamné
et soumis aux épreuves de Port-Arthur. Il y a d^à eu une
attaque de paralysie qui, avant peu temps, ternineni sa
-barrière ai agitée. On prétend que l'aspect du vice oonvertit
au bien eeux qui étaient endins au mal. Le feit est que ]'ai
eontemplé avec un mélange de pitié et d'horreur ee malben-
reux dont la blessure était à peine cicatrisée, et dont le regajrd
terne et dépourvu d'intelligence ne sewMait plus appartewr
i un habitant du monde. J'auraia voulu que les ecmEqfdicea de
aa vie criminelle pussent avoir devant les yeux ce specti^le;
ils y auraient trouvé un grave et salutaire enseignement.
Moua nous embarquAmes ensuite dana un bateau monté de
aix rameurs, et nous travers&mes la baie pour nous rendre
nu Poimt^Pwr, C'est là que Ton garde les jeunes enfante dé-
portés, lia étaient en ee moment occupés à apprendre et i
répéter leur catéchisme. Nous r^oonlr&mes en ee lieu le
lieutenant Flyon, de la marine royale, celui qui déposa autre-
ioiis comme témoin dans le procès de la reine Caroline. Cette
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SXCEJBSlOli A POBT-ARTHUK. IM
roine-priiicesse lui avait fait donner l'ordre de Saiot-Ferdi-
aiDd, troisiènie classe. Plu» tard ce personnage fut convaincu
de box et envoyé 4 Port-Arthur. Depuis son arrivée dans la
colonie, il a reçu des lettres portant cette suscription : À
mr Jokm Fttfnn.
Les salles où couchent les convicts sont édairées pendant
toiiie la nut. Ceux-ci ne savent jamais à quelle heure et par
qsi la ronde sera Esite. Nous accompagnâmes le commandant
pendant une de ces inspections nocturnes. Il était dix heures
Al soir. Nous pareonrAmes plusieurs salles. Dans Tune d'entre
riles «ne légère odeur de tdMC était répandue. Or il est ex*
]pTessénient défendu aux déportés d'avoir du tabac en leur
possenion. C'est pourquoi on signifia à toute la chambrée que
kg bommea qui la composaient seraient punis s'ils ne dénou'^
€»ent point le fumeur ou si lui-même ne se dédarait pas. Le
coupable étant resté inoomm, tous tes homme de la chambrée
fareat min an cachot.
Od ae saurait nsarcher dans les rues de la ville après la nnîl
fènnèe sans être arrêté à chaque pas par des sentinelles qui
fxigeai que Ton r^nde au mot d'ordre. Le commandant
hu-méme, s*il avait onUié le mot du guet, serait consigné an
poste le plus voisin. Les soldats ont toiqours leurs annoa
chargées. Ils occupent les points prindpaax du pénitencier :
(Mitre cette précaution et celle des rotides fréquentes qui ont
heu, teHe est la sévérité de la disciplitte, telle est la aorvefl-
hnce qne l'oa exeree constamment, telle est surtout la défiance
qieles déportés ont les unscontre les autres^ que toute oonspi*
tatien, toute tentatire de révolte est impossible. Nous dor-
mîmes en parfaite aéeurité dans une maison dont les fenêtres
n'élaîat défendues ni par des rolets ni par des contrevents.
La matinée suivante, nous visitâmes les ateliers desjeonea
détenus. Six i sept cents enfieuits y sont employés et apprennent
le moyen de gagner hoaoïêtenient leur vie. Quand ils entrent
dans rétabiîsaement, on commence par leur enseigner A ma*
nier la bêche, le pie et la piodie. On leur assigne un coin de
terre qu'ils défrichent, qu'ils sarclent, nettoient, et où ila
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260 EXCURSION A PORT-ABTHUB.
plantent des pommes de terre, des choux, des navets et aatres
égùmes. Lorsque, pendant un certain espace de temps, ils
se sont distingués par une conduite régulière, on leur permet
d'exercer un métier et on leur donne & choisir entre cinq ou
six industries. L'établissement est pourvu des^mattres néces-
saires pour chaque branche d'instruction. Autant que pos-
sible, on les prend parmi les Européens que leur volonté
seule, et non point la rigueur des lois, amène dans la colonie.
Nous nous arrêtâmes d'abord à regarder les jeunes gens
qui travaillaient à scier le bois. Ils étaient au nombre de
trente à quarante dans un chantier découvert. Je sais qu'au-
jourd'hui on leur construit un hangar qui les protégera
contre le froid ou la pluie. La quantité de bois que débitent
ces enfants est considérable. De là nous passâmes à l'atelier
des charpentiers pour navires. Nous y vîmes une jolie barque
de pèche, dont la construction marchait rapidement à sa fin.
Les tonneliers n'étaient pas moins actife. D'autres enfiants
faisaient des cuviers, tressaient des corbeilles et des paniers,
roulaient des câbles, etc. Cinquante tailleurs découpaient et
cousaient des étoffes; soixante-dix cordonniers travaillaient
aux chaussures des colons. Les enclumes des forgerons re-
tentissaient du bruit répété des marteaux. Les charpentiers
pour bâtisse façonnaient des portes, des châssis de fenêtre,
et ébauchaient des pièces de bois. Les relieurs étaient aussi
à l'ouvrage. Seuls, les tourneurs demeuraient dans l'inaction.
Je dois remarquer ici que si un officier civil ou militaire
emploie à quoi que ce soit, pour son compte particulier, un
des convicts , une retenue proportionnée à l'importance du
travail et de l'ouvrage est opérée sur ses appointements.
Nous visitâmes ensuite l'atelier des maçons. Ils avaient
préparé des matériaux considérables pour l'érection d'une
vaste caserne. Nous vtmes à la boulangerie, de grandes pro-
visions de pain, qui attestaient l'adresse et l'activité des jeunes
gens qu'on y employait. Arrivés aux cuisines, nous goûtâmes
d'un excellent ragoût qui exhalait un parfum tout à feit ap-
pétissant.
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EXCURSION A PORT-ARTHUR. 261
La ration pour les enfants est la même que pour les adultes.
Arant de prendre leurs repas, les premiers sont tenus de se
larer les mains et le visage. Le repas terminé, on leur ac-
corde quelques minutes de récréation. Dans la soirée, ils
vont, de deux jours l'un, à Técole.
Quoique cet établissement ait été fondé pour recevoir des
criminels flétris par les lois de leur pays, il n'en inspire pas
moins un intérêt profond. Ces criminels peuvent s'amender;
le travail peut effacer l'infamie dont ils sont couverts, et la
peine de la déportation les régénérer au bien. Déjà beaucoup
de ces pauvres enfants qui sont renfermés à Point-Puer ont
dû bénir l'instant où ils y ont été conduits. Plusieurs en sont
sortis pourvus d'une industrie lucrative, et ils gagnent hon-
nêtement leur vie dans diverses parties de l'Ile. Que l'on
compare leur condition avec celle des enfants des basses
classes dans la mère-patrie : on verra que l'avantage n'est
pas du c6té de ces derniers.
En retournant à Port-Arthur, nous abordâmes à une pe-
tite île noounée, d'après sa destination, Y île des Morts, Parmi
les condamnés qui les premiers y ont été inhumés, on cite
Dennis CoUins, celui qui lança autrefois une pierre à la tète
de Guillaume IV. Là repose aussi cet homme tristement fa-
meux, May, qui étouffa un petit garçon italien pour vendre
son cadavre à un anatomiste. Là dorment du sommeil éternel
plusieurs officiers et soldats de la garnison de Port-Arthur,
ainsi que plusieurs émigrants. Quelques-uns des monuments
funéraires qui y sont élevés portent des épitaphes, des vers,
des inscriptions plus ou moins touchantes.
L'Ile des Morts inspire naturellement des pensées graves
et religieuses. Ceux qui la visitent ne sauraient se défendre
d'un sentiment de tristesse; mais cette tristesse est si douce,
et il règne dans ce lieu une solitude si paisible, que l'idée d'y
être enseveli n'a rien de repoussant. J'ai connu des hommes
qui ont demandé par leur testament qu'on y déposât leurs
^restes mortels.
Port-Arthur est véritablement une terre de merveillesl c'est
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262 EXCUB&ION A POBT-ABTHUR.
là qu'on déporte les criminels les plus redoutables, les homr
nés les plus invétérés dans le vice: eh bien, la vertu et la
religion qu'on aurait pu croire bannies de ce lieu d'expia*
lion, de ce désert moral, y fleurissent, y sont ouvertement
cultivées! Une école a été instituée pour les enfonts des ofB-
4^ier8, des soldats, des inspecteurs, etc. : aujourd'hui, 10 jan-
vier, j*ai assisté à l'examen et à la distribution des prix. Ces
enfants étaient réunis au nombre de trente à quarante, filles
et garçons de difitrents Ages. Les prix destinés aux plus sa*
Tants et aux plus studieux étaient des livres instmctîfii et
utiles. L'examen a commencé, une lutte animée s^est établie
entre les concurrents, à tel point que plusieurs fois le capi-
taine Booth, patron de l'institution, s'est vu fort embarrassé
pour décerner la palme aux vainciueurs. Lorsque cette céré-
monie a été terminée, vainqueurs et vaincus se sont rendus
80U8 une grande tente décorée de guirlandes et ornée des
pavillons de la Favorite: là, on leur a servi en abondance du
thé, du café, des gâteaux, des framboises, des groseilles, etc.
Ce fut une petite fête de l'aspect le plus gai. Après le toiff
des enfants, vint celui de leurs parents. Ceux-ci ayant pris
les rafraîchissements dont ils avaient besoin, le capitaine
prononça quelques mots appropriés à la circonstance; puis^
MM. Manton, Simpson et Robertson exposèrent, au nom du
comité, la situation pécuniaire de l'établissement. Cette si-
tuation n'était point extrêmement brillante. Il ne restait sut
l'exercice de l'année précédente que 30 shillings : la collecte
de la veille avait produit 8 livres 10 shillings. D'autres con-
tributions montaient ensemble à 70 shillings environ; en sorte
qu'il y avait en caisse, pour Tachât des prix de l'année cou-
mte, près de 1^ £. Il faut dire ici à l'honneur des souscrip-
tenrs de Port-Arthur, que peu de semaines auparavant, ib
aiaiii.t pn dssé entre eux if£,afin de venir en aide aux mis-
«ionnaires wesleyens.
Après avoir parcouru les ateliers de Port-Artbnr, lesqueif
ne sont que la répétition de ceux que nous avions déjà rot
i Poînt-Puer, nous visitâmes la scène d*un meurtre récent.
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BlLCUBSIOll A PORT-ABTHUR. 96S
d'un assaMiBftt affreux dont la cause était restée inconiive.
L'endroit en question est éloigné d'un mille anglais du chef*
liea de la colonie. C'est une gorge sombre et isolée. Leé
broussailles qui y poassent étaient encore teintes du sang de
b yielane qui j avait péri. Il résulte de la déposition des té-
dioiBsqueBelIfieldetBoat(ta(ian,runâgédedix-huitanSfrautrB
de dii-sept, travaillaient ensemble dans le voisinage. fiellfieM
Citant plaint de la soif, Boardman Temmena vers une petite
sonrcesitaée à quelque distance. On les vit partir tous deux el
disparaître: le premier seul revint; lorscpi'on lui demanda
et qa'il avait bit de son camarade, il répondit que celui^
|[?ait pris la clef des ebamps. Boardroan fut donc noté commd
désertear. Deux ou trois jours s'écoulèrent, au bout desqueb
m kooHDe qui coupait des genêts, crut entendre des gémisse^
Heats étouflës; il se dirigea du cMé d'où ces plaintes paraîa^
saieat s'élever. Plus il marchait, plus elles frappaient distnio^
fement son oreille, tant qu'enfin, au pied d'un gomnAer
l^gantesque, il trouve un malheureux couvert de sang cailtAr
et de mouches que ses plaies avaient attirées. Il appelle ania^
^lAi da secours et s'empresse lui-même d'aller puiser ds
Peai fraîche à la source voisine pour laver la bouche et te
visage de cet infortuné et en 6ter la vermine qui y pullnlaîL
Cètait Boardman, mais défiguré au point que son sauveor
ie le reconnut pas d'abord. Transporté à l'hôpital, il recoin
ffà assez de forées pour désigner son assassin. Il raconte
9>'en arrivant à la source, il avait été assailli par Bellfieié
sans provocation aucune, chargé de conps à la tète et text»
tersé. Le bâton dont le meurtrier )e frappait ayant cassé, ce*
hi^ en prit un autre, puis il kn enfonça son couteau dna
)eee«.
Boatdmafii languit éa«B Thôpita) jusqu'au 2 janvier, épé»
^fie i laquelle il mourut des suites de ses blessures. Quant
ai meurtrier, A M renfermé dans la geôle de Uobert-Towi»^
paiiexécalé^Lovaque noua visitâmes la prison de Port-Artbur^
i y était encore. II avait Tatr d'un bon jeune homme : sea
Mts étaient agréd>leaet ne reapiraient nullement la fièroeité;'
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26i EXCURSION A PORT-ARTHUR.
Il n'essaya même pas de nier son crime. Interrogé sur les
motifs qui Ty avaient poussé, il n'en voulut indiquer aucun.
Peut-être n'y en avait-il pas d'autre qu'un de ces inexplicables
transports auxquels certaines constitutions sont sujettes.
Une grande activité régnait dans le dock. Une foule d'ou-
vriers travaillaient au radoub de la Favorite. D'autres étaient
employés aux préparatifs nécessaires pour lancer à l'eau la
chaloupe canonnière lady Franklin. Ce petit bâtiment de
dix-huit tonneaux a des proportions élégantes; il est disposé
pour porter un long canon de 32. Nous vîmes aussi sur le
chantier un cutter de 100 tonneaux. Nous montâmes â bord
de la Favorite: c'est un navire de kSO tonneaux, armé de
18 caronades et pourvu d'un équipage d'élite. De là nous,
visitâmes ce qu'on appelle à Port-Arthur les jardins du gou-
verneur. L'emplacement est admirable, le pinceau peut le
représenter, la plume ne saurait le décrire. De ce point l'œil
embrasse un horizon où se mélangent les eaux de la baie, les
vallées, les forêts, les montagnes de l'intérieur. Qui peut dire
ce que l'avenir réserve à cette terre enchantée? Lorsqu'elle
aura cessé d'être un réceptacle de criminels, peut-être que
sur ces eaux limpides vogueront d'élégants steamers chargés
de passagers ; peut-être que cette baie qui se creuse gracieu-
sement deviendra un port de la plus grande importance, le
Plymouth des' mers du sud I Un tel résultat n'aurait rien
d'étonnant. Où trouverait-on ailleurs un ancrage plus s&r, on
port plus spacieux et d'un accès plus facile, des bois de con-
struction plus abondants?
Le lendemain matin, le commandant nous mena à la station
préparatoire de Flinders-Bay; c'est une des nombreuseséchan-
crures de la baie de Norfolk. Nous y allâmes par cette même
chaussée que nous avions suivie pour nous rendre â Port-
Arthur, et sur laquelle le capitaine Booth a établi ses rails en
bois. La station de Flinders-Bay est tout nouvellement orga*
nisée. M. Smith en a la direction. Pour maintenir dans le
devoir les deux cents convicts qui lui sont confiés, on a placé
sous ses ordres un sergent et douze soldats du 96* régiment.
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EXCURSIOX A POBT-ARTBUR. 2A5
Tout ce inonde est logé sous des huttes faites d*écorce ; mais
on en constmit d'autres qui seront en pierre , ainsi que des
cottages destinés aux principaux employés , par exemple au
cbirargien, au catéchiste, etc.
Uoe station préparatoire ou d'épreuves est gouvernée par
un surintendant, deux sous-intendants et des inspecteurs
plas ou moins nombreux, suivant la localité; aucun de ces
employés ne doit être pris parmi les déportés. On leur adjoint
un catéchiste, un chirurgien et quelques soldats. De plus, on
place entre deux stations voisines un magistrat qui a mission
de les visiter tour à tour. On occupe les déportés à bâtir des
maisons, à tracer des routes, à construire des ponts, à foire
des défrichements, des terrassements, enfin à cultiver la terre.
Lorsque le terme des épreuves est accompli, les hommes dont
on est content sont conduits à Ttle Slopen, et de là on les
dirige sur divers points de la colonie.
Comme je l'ai dit, la station de Flinders-Bay est un éta-
blissement nouvellement formé. Les déportés qu'il renferme
sont employés à brûler ou à couper les arbres dont la terre
est couverte, et à élever pour eux-mêmes des habitations.
L'emplacement est bien choisi ; les sources y abondent; le sol
paraît pierreux et peu fertile, cependant il est susceptible de
s'améliorer par la culture. Une situation heureuse compense
souvent la stérilité de la contrée, et certes, cette colonie, sous
le rapport de la position, n'a rien à désirer.
Notre inspection achevée, nous nous dirigeâmes par mer vers
le CoU'de4'Àigle; on appelle ainsi un isthme sablonneux qui a
un quart de mille de longueur et trois cents pas de largeur.
Des sentinelles y veillent nuit et jour, et pour plus de sécurité
on a hérissé l'isthme d'une ligne de chiens très-féroces qui sont
postés à quelque distance les uns des autres. Ces chiens
reçoivent régulièrement leur ration du commissariat. Pendant
les ténèbres on allume des lampes ; enfin toutes les mesures
sont mises en pratique pour déconcerter les tentatives d'éva-
sion que pourraient faire les détenus. Grâce à cette précaution
l'isthme du Cou-d' Aigle est comme la clef de la péninsule de
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SI66 EXGUHSIOK A PORT-ARTHUl.
Tasmante. Il existe aussi une clef semblable pour la pénin-*
sole de Forester : c'est le Cou de la baie oriéntaie. Cette cir*
constance singulière fait que les deux presqu'îles dont it
s'agit paraissent avoir été créées pour Tusage auquel on le»
enploie.
Les détail» savent que la fuite leur est impossible, que Ut
BKiiiMire iq)pttreaee de fumée tmbirait le lieu de leur retraite^
et qu'à un signal transmis de colline en colline toute la gar^^
nisoB serait à leur poursuite; ils sarent qu'ils n'ont aueutt
espoir de tromper la vigilance des gardes, hommes ou chiens^
qui défiendent le passage des deux isthmes. Tenter ce passage
de vive force, ce serait une témérité insensée. Traqués d«
tous c6lés, n'ayant ni provisioiiSy ni eau, ni feu, il ne leur
resterait d'autre alternative que de périr de feim ou de aê
fendre.
Ces diverses considérations ont sans doute motivé et et*
pliquent le choix que l'on a foit des presqu'îles de Tasraan et
de Forester pour recevoir des déportés. La première com^
prend une surfece de 40,000 acres; la seconde de 15,000. Lii
moitié de cette étendue est en bonnes terres, dent quelques^
unes sont de première quaKté. Bès que les presqu'îles en que»*
lion auront cessé d'être un lieu de déportation, ces terre» sch
tout avidement recherchées par les spéculateurs, coupéet
eomme elles sont déjà par des cours d'eau et traversées comme
elles le seront par de» routes qui en doubleront la valeur.
C'est dans la presqa'tle de Forester que \t capitaine Booth a
ftiiUi périr, il 7 a trois ans. Youlant examiner et connaftre
riniérieur du pays, il s'engagea dan» des fourrés tellemenC
épais, tellement hérissés de ronces et d'épines, qu'il lui faî
impcMJbte de se frayer un passage et de se dégager. Il son-*
gea à allumer du feu ; mais la batterie d'un de se» pistolets stf
eassa, et l'amoreede l'antre était devenue trop humide. Dan»
cvtle situation embaf rassonte, il prit le parti de »'étendro
|W terre, et il »'endonnft. Lorsqu'il se réveilla, il était fra«»l
de froid. Ses jambe» engourdies refusaient de le porter, et
fépuîsemefft de ses forces M était tool moyen de travailler
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EXCURSION A PORT-AmTHtm. 2OT
à sa délivrance : H essaya, maïs vainement, de s'ourrir ns
passage. l\ resta quatre nuits et quatre jours dans cette es-
père de prison, dévoré par la soif et par la faim; l'espoir Ta-
fait abandonné : Textrémîté de ses pieds se gangrenait : une
mort affreuse, une lente agonie semblait lui être réservée. En
ee moment les cris de ses compagnons, qui étaient A sa re^
ciierche, retentirent à ses oreilles; mais il était trop abattu pouf
leur répondre et se faire entendre d*euic. Ce secours qtii lui
arrrrait dans une telle détresse et dont il ne pouvait profiter
paraissait être une cruelle dérision du destin. A la fin, deui
ehiens qu*il avait dressés lui-même pour chasser le kangarott
découvrirait l'endroit o& il était couché, et par leurs aboi^
ments ils attirèrent en ce lieu les gens de sa suite. Ce fut ainsi
qu'il échappa à la mort; mais les souflFrances cpi'il avait en*
durées avaient altéré sa constitution, et il eut beaucoup de
peine à se rétablir.
Nous fttmes reçus de la manière la plus cordiale par H. Wil*
son , officier du 96*, et qui commande le poste du CoimI»-
V Aigle, ^ous visitâmes avec lui cet isthme sablonneux, dont
Feifrémîté est baignée par Tocéan Pacifique, et oà se creuse
me petite baie nommée bah du Pirate. Les hauteurs qui M
dominent présentent à leur base une curiosité naturelle, ex*
MnemenI remarquable. Qu'on se figure plusieurs coucbetf
de rodiers superposés et affectant les formes les plus variées.
Kf en a de longs, il y en a de carrés, de triangulaires, etc. ;
tous sont joints avec une régularité parfaite. Ces roches
fevrniraient un pavé excellent ; je ne doute pas qu'elles ne
mÀmi un jour l'orgueil de la Tasmanie, de même que leu
lies de StafiEa et de Causeway sont l'orgueil de TÈcosse el
dellrlaode. le dirai, et ce n'est point un médiocre compli*
ment, que les rochers et les promontoires de la baie du Pirate
égalent en pittoresque ceux de la côte d'Antrhn.
En retournant à la demeure du capitaine Booth , noue
têmes une idée de la vitesse que l'on peut olrtenir sur le
chemin en bois dont j'ai déji perlé. La distance d'un mille ef
demi que nous avions à franchir fut parcourue à raison de
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368 EXCURSION A PORT-ARTHUR.
quarante milles par heure. Lorsqu'on s'embarque sur le che-
miuy il faut s'armer de courage ; car une fois que les wagons
sont lancés, rien n'est préparé pour les retenir et les arrêter;
la moindre obstruction, le moindre obstacle occasionnerait
de graves accidents. Les officiers de la frégate française TAr-
téndse se sont extasiés, m'a-t-on dit , sur la rapidité prodi-
gieuse avec laquelle on descend. Cela leur rappelait, mais en
grané, les montagnes russes de Paris.
Pendant la nuit de mercredi à jeudi , le vent a soufBé avec
force; il a fait une espèce de tempête; mais le lendemain, le
soleil s'est levé dans un ciel pur, et la matinée a été d'an
calme, d'une suavité qu'on ne saurait rendre. Certes, quelque
désagréable que puisse être le séjour de Port-Arthur pour
les malheureux qui sont condamnés à y vivre , ce n'en est
pas moins un pays charmant : nous y trouvâmes le eamfort
nécessaire, et même le luxe. Les chefis de la colonie nous
prodiguèrent des soins , des attentions qui n'avaient rien
d'afiecté, et qui doublaient à nos yeux le prix de leur bos*
pitalité.
Nous résidâmes cinq jours à Port-Arthur. Tout ce que nous
y vtmes nous confirma dans cette idée , que le but de l'é-
tablissement est éminemment moral et humain. La discipline
qu'on y observe est sévère et même rigoureuse : la nécessité
l'ordonne ainsi. Aucun délit, fAt-K^e le plus léger, ne reste
impuni. Mais une enquête minutieuse précède toujours le
châtiment; enfin l'on s'efforce de faire comprendre au coupa-
ble que ce châtiment ne lui est point arbitrairement infligé
par caprice ou par tyrannie, et que c'est la suite inévitable de
sa feute.
Autant que possible, les déportés sont classés et séparés par
escouades de manière à être assortis. En mettant le pied sur
la colonie, ils sont fouillés avec soin, de peur qu'ils ne gar-
dent de l'argent ou du tabac. Alors on leur fait la lecture du
règlement auquel ils vont être assujettis et on leur en explique
toutes les particularités : après quoi on les conduit à l'hôpi-
tal, et là ils sont visités par le médecin. D'après le rapport
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EXCURSION A POBT-ARTHUR. S69
de celai-ci, une tâche proportionnée à la vigueur de chacun
leur est assignée. Les hommes reconnus faibles ou invalides
sont employés à briser la pierre. Les convicts dont la peine
expire ou qui se distinguent par une bonne conduite sont oc-
cupés à des travaux moins fatigants. Les nouveaux débar-
qués passent la nuit dans des espi^ces de cachots» et cela pen-
dant une période de temps plus ou moins longue, selon la
nature de leur crime ; pour ceux qui se sont évadés et qu'on
ramène, cette période est double.
L'escouade qui est astreinte aux plus dures fatigues est celle
des porteurs ; elle est quelquefois composée de soixante à
soixante-dix individus. Ces malheureux charrient sur leurs
épaules d'énormes poutres qu'ils vont chercher dans les forêts
et qu'ils déposent dans le dock. Après eux viennent les ou-
vriers du dock, dont la condition n'est guère plus douce. Ils
demeurent souvent plongés dans l'eau jusqu'au cou pour re-
tirer les pièces de bois qu'il s'agit de transporter à l'arsenal ;
car on ne souffre à Port-Arthur et dans les stations d'épreuves
aucune bète de somme : ce sont les convicts qui remplissent,
l'office de chevaux, de bœufs, de mulets.
Une de ces escouades est composée d'hommes chargés de
laire la chaîne. Ils voiturent, en se les passant de main en main,
les pierres, le bois de chauffage, les baquets d*eau. Les dé-
tenus qui ont cherché plusieurs fois i s'évader sont, comme
dans les bagnes français, mis aux fers : de plus, on les attache
à une chaîne, et on les force de casser de la pierre. Chaque
semaine le médecin feit une inspection générale. Pour la su-
bir, les déportés se dépouillent de leurs vêtements jusqu'à la
ceinture. Ceux d'entre eux dont les muscles annoncent de la
foUgue ou de l'épuisement sont mis à un régime moins dur
ou soignés à l'hôpital.
Outre les escouades déjà citées, il y a celles des scieurs de
long, des fendeurs de bois, des maçons, des défricheurs,
des jardiniers, des arroseurs, des bateliers, des terrassiers.
Tons les métiers ont leurs représentants. Une demi-heure
avant la revue, on suspend un ballon à l'un des bras du
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9f70 EXCDHSIOlf ▲ PORT-ARTHUR.
sémaphore. À ce signal, les convicts qui travaillent dans les
champs doivent rentrer à leurs quartiers* Quiconque s'absente
est considéré comme déserteur. Le capitaine Booth a singii-
Uèrement perfectionné le système télégraphique. Les messages
s'échangent entre Hobart-Town et Port- Arthur avec une
vitesse surprenante, bien que la distance soit de cinquante
milles en ligne droite. Ce sont des convicts qui senreni de
courriers. Au moindre sujet de plainte on leur retire leurs
fonctions ; mais si elles étaient confiées à des soldats libérés
du service et auxquels on allouerait une rétribution, le sys-
tème du capitaine Booth serait beaucoup plus efficace, et les
déportés fugitifis seraient aussitôt découverts et repris.. U fau-
drait aussi que ce système fût appliqué sur toute l'étendue de
la colonie.
J'ai oublié de mentionner une manufecture où Ton confee-
tionne des briques» des tuiles, des faîtières, des pots à fleurs,
et autres articles du même genre. La qualité de l'argile étant
supérieure à Port-Arthur, on pourrait y établir une poterie
dont les produits auraient une très^graade valeur et rivalise-
raient avec ceux des poteries les plus estimées. la sianu-
£aicture en question fournit assez de briques pour les besoins
de la colonie; elle en exporte même une quantité considérable
i Hobart-Town, pour le compte du gouvernement aussi bien
que pour celui des particuliers.
Port-Arthur fut fondé en 1830 par le colonel Arthur, qui y
établit une station d'essai. Le docteur Russell, aide-chirur-
gien attaché au 63"* régiment, fut envoyé en ce lieu avec le
double titre de médecin et de commandant. On lui confia seise
i dix-sept déportés. L'emplacement de Port-Arthur fut tout
d'abord choisi. Le nouvel établissement passa tour a tour
sous l'administration du capitaine Mahon, du major Briggs
et du capitaine Gibbons, et il ne cessa de se développer. Ce
fut en 1833 que le commandant actuel fut nommé à ce poste
difficile, et après neuf années il a fait preuve d'une intelli-
gence, d'une capacité, d'un esprit de justice et d'entreprise
qu'on ne saurait trop admirer. Grâce à lui la colonie est un
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BXCURSIO!! A PORT-AmTHrR. 3ffi
objet d'étonnement ponr les étraiie[crs, de même cpie rétablis-
sèment de Port-Arthur est un objet d'étonnement pour le
petit nombre de colons qui Font visité.
r» parlé déjà de son église; mais je n'ai rien dit de sa
caserne, qui est construite en pierres de taille et qui peut
contenir une centaine d'hommes. L'entrée est surmontée
d'nne tour crénelée qui commande tout l'édifice. De là on
passe dans une cour spacieuse au bout de laquelle est une
esplanade» et Ton arrive enfin au bâtiment principal. II est
question de construire un nouvel hApital sur la même ligne
que la caserne et d'après le même plan. II s'agit aussi d'élever
un nouveau pénitencier. En attendant, les rues que Ton trace
sont tirées au cordeau ; les édifices et les maisons sont alignés
avec soin. Jusqu'au milieu des préoccupations du présent,
on prévoit et l'on prépare l'avenir ; et si jamais Port-Arthur
devient, comme tout semble l'annoncer, un vaste et riche
arsenal, on appréciera alors le zèle et la prudence du capi-
taine Booth. Port^Arthur a frappé d'admiration tous ceux qui
Vont vu; moi-même, qui suis familier avec les colonies de
déportation, j'ai été étonné à l'aspect de celle-là. Nulle part
ailleurs je n'avais rencontré ces édifices bâtis en pierres, ces
cottages élégants et commodes, ces vastes ateliers, ces jardins
lûen cultivés, toutes ces ressources et t<ius ces agréments de
h driliaatioa ; et pourtant ce lieu enchanté est l'image d'une
pomme venMiHe qui est gâtée au cœur. C'est le réceptacle
d'une population de criminels qœ la mère-patrie rejette de
son sein. Amender cette population, la convertir à des mœurs
régulièrfs, tel est l'objet insmédiat que l'on se propose; mais
fii éloigné qu'il soit, un jour viendra oi ce lieu de détention.
Cl» ateliers de déportés, cette école d'enfants condamnés pour
roi, se cèangeront en un établissement militaire» en un port
libre et commerçant.
Je sais que, à propos de l'utilité des colonies pénitentiaires,
on a beaucoup écrit, beaucoup discuté. Je ne prétends point
jne constituer ]uge de cette question : je dirai seulememl
qu'en moins de quarante années les convicts^ pionniers infii-
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272 EXCUBSION A PORT-ARTHCB.
tigables, ont avancé merveilleusement la culture et la coloni-
sation de la terre de Van-Diemen. En soixante-dix ans, la
Nouvelle-Galles du sud a dû au même genre de travailleurs les
mêmes succès ; si ces deux pays avaient été livrés à des colons
libres, il leur eût fallu le double de temps pour arriver au
degré où ils sont déjà parvenus.
Je dirai encore que ce moyen de débarrasser la mère-patrie
d'une foule d'hommes dangereux est le plus convenable, le
plus facile, le plus moral, et j'ajouterai, pour TAngleterre, le
moins coûteux de tous. A mes yeux, c*est un moyen légitime.
Dans un autre article j'ai tenté de démontrer les avantages
qui résulteraient pour nous de la colonisation des fies Fal-
kland par des convicts. Je sais que les vues développées dans
cet article ont obtenu l'approbation du gouvernement, et que
Certaines mesures préliminaires ont été prises. Quant aux
raisons que je donne pour coloniser ces lies, je les récapi-
tulerai brièvement. D'abord le droit qu'a l'Angleterre de s'en
emparer est incontestable (1). Elles sont d'une extrême im-
portance comme station navale, et peuvent être comme un
autre Gibraltar qui fermerait l'océan Pacifique. Elles ne ren-
ferment point de population indigène qu'il faudrait dépos-
séder. On y compte trente mille tètes de gros bétail, sans
parler d'une quantité infinie de porcs, de chèvres, etc. Les
ports y sont nombreux : on y trouve de la houille en abon-
dance. La pèche de la baleine et la pèche blanche y offriraient
de grands profits. Cet archipel se compose de quatre-vingt-
dix îles ou îlots, ce qui faciliterait beaucoup la classification
et le partage des déportés. Enfin, et c'est là une considération
décisive, les lies Falkland sont moitié moins éloignées que
l'Australie ; par conséquent, ce qu'il en coûte pour trans-
porter un criminel à la terre de Van-Diemen suffirait poiu* en
transporter deux aux îles Falkland.
(i) NoTB DD PiRECTEim. Cependant le gouvernement deBuënos-Ayrei,
héritier des droits de l'Espagne à qui appartenaient ces Iles, ne cesse de
protester contre les vues des Anglais.
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BXCUMIOir A POBT-AETHUB. 273
Noos dtmes adiea i Port^Ârthar, et après une courte et
trè* agréable trarenéet nous arrivâmes à la Coicade. C'est
«De station d'épreure nouvellement formée. Il y avait cinq ou
six semaines qu'on y avait établi quelques constables et vingt*
cinq déportés. Ces derniers sont aujourd'hui au nombre de
cinquante. Ce que j'ai dit de la baie de Flinders s'applique
exactement à la Cascade. Là manière de vivre, les règlements,
les travaux, sont les mêmes pour toutes les stations. Là Cas-
cade est une jolie localité; le sol y est extrêmement riche; il
fournit de beaux bois de construction, et il est bien arrosé.
De la Cascade, nous nous rendîmes, en longeant la c6te, i
Imfrtanon-Bay , qui en est à cinq milles de distance. Cette
station est plus considérable, plus peuplée (elle contient
cent déportés], et dans un état d'exploitation plus avancé que
la précédente. Trois mois ont suffi pour défricher et cultiver
une vaste étendue de terrain, élever plusieurs maisons et édi-
fices, tracer une route et construire une jetée qui est presque
finie. C'est là que j'ai trouvé le cbartiste Frost, dont le gendre,
Geach, est à Salt-Water Creek. Celui-ci était malade dans
Thôpital, confié aux soins de mon savant ami le docteur
Agnew. Je dirai tout à l'heure mon entrevue avec le beau-
père ; mais le gendre n'ayant témoigné aucun désir de me
voir, je ne cherchai pas à l'importuner de ma visite.
Nous visitâmes ensuite la Criqfu de VEau iolée. C'est une
station importante, pourvue d'un vaste pénitencier, qui peut
recevoir quatre cents détenus, et d'une caserne pour un ser*
^nt et treize soldats. Le personnel des officiers et des em-
ployés y est au complet. Il y a dix mois seulement qu'elle a
été fondée, et dans ce court espace de temps, la masse des
travaux que l'on a exécutés est véritablement extraordinaire.
Nous vîmes cinquante acres de terre excellente dans un état
de culture parfait. Le sol est très-fertile. On ne se sert pour
le labourage que de la bêche : si l'ouvrage n'avance pas vite,
du moins il est bien foit.
Beaucoup de gens sont partisans du système des colonies
pénitentiaires et réprouvent celui des stations d'épreuves i
5* SÉRIE. — TOME XI, 18
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SA EXCBBaiM A PMT-
Je atia pennadé c|iie ceux cfui décrient ce ienner gem dPé-
tablissemettt» ignorent de qMKlkr naniève ih soat <
Leur opinmi né le fonde evr amn» fait» U» rëpèieirt^ i
douter deepre«ve»à l'appin, qee le ejyevr de» i
ces statiew d'éfteewe n'est pvofitaUe ni i la ootooie mî i
enxT-mèmes^; ({a'Us se livmt à fai paresse ei an. désoidve; qfse^
rassemblés e» grand nenbre aor ua mèoïc poiot, ils •*€■»-
ieal nmiaeilsiieiri; an crime, et adiènreni de se oorrenapie;
que si le systène de Yamiçnment élaât adopté, ^est-è-dim si
les^ eonticta étaient dispersés daas Fintèneor des terres^ cft
eonfiésà dsspluieiics ipn âwraieBA surasK nne aatoiité flli-
mitée^ ik fendent avec le temps de bons servitearsy de boas
ceianierçanis : tout cela peat être rrai» maÎB îl reste à décider
kqiAestioa de savoir si le système des slatiems d'épreaves esl
en non contraire à ce bot.
Quoi qu'il en aeit, le» résultats obten» sont immenses aa
point de rue de Viniérèt commercial et politique delà GraBde*
Bretagne. Ses cokmiee pénitentiaires lit ouvrent de pnédeaz
débouchés, et de? iennent des postes maritimes d'une inapor*
tance incontestable. Avant que la péninsule de Tasman iùk
UA lieu de déportation, elle était i peine connue; on n'en
soupçonnait point les avaatages, on la croyait hérissée de
forêts épaisses, au milieu desquelles il était datt^oremc de s*i^
vcAturer* Aujourd'hui, ette voit s'élerev quatre stati<ui8 flo-
rissantes, que dee routes vont bientôt relier entre elles. Oa y
construit des mMes pour abrite les vaisseaux; on perce les
forêts, ou défridie le sol : encore quelques amiées, et la nu-
manie produira de riches moissons, et elle lendra à la mèi^
patrie le emstuple ée ce qu'elle en reçoit maintenanl.
Nous terminâmes notre excursion par. une visite aux mi*
nés de houUle. dette station renfearme un très*graiid péniten*
der, auquel on va ajouter de nouvelles constructions. Il y a
aussi une caserne pour trente soldats, une habitation pew les
officiers, un commissariat, et plusieurs autres édifices en
pierres de taille. Le paysage aux environs est magnifique.
Nous débarquâmes à sept heures du soir. Le lendemain, je
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àettemàÊÊ An» h ]Niitoai^tel0 t^ikàtne Bo«lli. Ce poRs H
cfoqvaiiteHkttT pas de prvCDfldêtMr. L* nmchiiie a» moyeir de
laquelle nous opérâmes notre descente était nne en «imi^^
BMt fnr cfes détMiiift eoiidta— 4ii à ce tiviriil. iTn seul ctmp
de couteau eût suffi pour trattebet te coMle? flialinoMii^app»^
kMdKon» rk« de semblabici, M actes de cnia«cé étant fort
nrMpaTinileice<irrkt9,Latcff0a ACè ctMiée è cent dii pM
deprefondfeui, àpâr^dte rorifie« dvpvll» prliielpat. A droite
et à gauche s'étendent les excavations. La ^oMe * qnaCM
pieds aiiehî»del(aat. La qaaRlé de^la iMPdlle que Teii eitndt
db cette ifliae poMfieipe phis de Vantliracile qoe dto biftiaie;
elle est très-sujette à se rompre, nais^ elle dofUwunecMeiir
eitrémenieDt interne. Le travail des mnies est considéré
comme la punition la plus sévère pour les déportés.
X. S. y ai cîlè daaa* cejounial qaelqii» dépertéa chatfiîiisa;.
msôs j*ai réservé ibool poaVscriptaai pour le irias célèbte dv
tafls,li. Froaft^le dHfdeFia6uirffectioii4iipaj<»de Galks, le
J9gt de paix d» la noarâiatimi de lofd John RaMeli. C'est à
layiiaiMiB tàfqaefat ym M. Froai; forais promis de le von
en fiusant mes adieftxà nn mien ami d'Aagleterre, hemoM
d'«Bcertaia taong ei d^nae ceBtaiae fortane^ qui a un memeat
dnanèdÉBi k Mie da diaHbas. le n'avais j^mm via de ma
vielÉL Fnisty et d^aîBeura, favaia^e reoaanii avec sa veste
grîtecisa easqoettede déporté? Oftme lemoalra, ei l'ayant
saiaév je ko dia de la paai de qnî îe veaai»«
Sa ealandaat le Bom de M. E..., Freet seai^t^ et, si ^s ne
me trompe^ tt eflai;ya «m laïaieu
« J'espènt^ monwisar, wm répopdil41, qae vous a«e% laîsséi
1L&... ttthattMsmite?
-^fflèa^boBB^. VooB saimsaas doute, loatefeis, fu'îl en a
coûté cher à M. R... pour avoir étèdMatîate.
— 4ki^ uMHisîettr, je le ssâav j*ai la ub rédt de son «Mpû-
uuMJMiut^ efcaaiéeit. anasi de sa mise en liberté, ievoa»
prîe^ monsieur, que pense de moi H. R... ï
-«~Okf ileetfoAMiraidalgttèn. H estime avoir agi comme
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276 EXCUBSION A POBT-ARTHUB.
an foU| quoique sa folie n'ait pas été si loin que la vôtre.
— Je m'explique, monsieur; je demandais quelle espérance
il a de notre grâce.
— Il Tespère très-peu, et pour ma part, je ne crois pas que
ce soit une chose i espérer du tout.
— En vérité I s'écria Frost, qui parut évidemment ému.
Hais, monsieur, avez-vous lu sur cette question le débat de
la Chambre d^ communes, où le ministère ne l'emporta que
de la voix du président?
— Je ne me souviens pas du débat dont vous voulez parler;
mais relativement à votre grâce, je vous répète que ce serait
très-déraisonnable que d'espérer.
— Je ne sais, monsieur, je puis me tromper ; mais très-cer-
tainement j'espère.
— Il semble vraiment qu'il y a cruauté, continuai-je, â vous
contredire lâ-dessus ; mais je ne puis m'empécher de vous dire
que je vous crois grandement dans l'erreur.
— Vous voyez, reprit Frost, persévérant dans l'idée à la-
quelle il attachait une espérance, vous voyez que Feargus
O'Gonnor a été mis en liberté. Ne devons-nous pas avoir en
notre faveur l'avantage du point de droit t
— - Je ne puis disputer avec vous sur ce point-4à ; mais,
dites-moi, pensez-vous que le changement de ministère ait
amélioré votre position ; ou plutftt pensez-vous qu'aucun mi-
nistère serait justifié de vous accorder une amnistie? Croyez-
moi, vous n'aurez jamais la permission de quitter cette lie.
Le chartisme est un monstre à tètes d'hydre. Si vous retour-
niez en Angleterre vous seriez de nouveau par force le point
de ralliement de votre parti. On vous traînerait dans la mer
orageuse de la politique : si vous n'y étiez pas un chef, vous
y seriez un instrument. Quel gouvernement prudent voudrait
s'exposer à un tel risque ?
— Sans doute, monsieur, il peut y avoir plus d'une raison
contre ma grâce ; mais il y a aussi pour l'obtenir plusieurs
raisons et la justice.
— S'il m'était permis de vous suggérer une pensée, mon-
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EXCURSION A PORT-ARTHUm. 977
sieur Frost, je vous engagerais à vous tourner du o6té des
grâeei eoUmiaUs^ comme on les appelle : pourquoi ne pas
chercher à améliorer ici votre sort et A vous entourer de votre
fcmme et de vos eniants ? »
Frost rougit i cette idée» me déclarant que dans sa situa-
^on de déporté il ne voudrait jamais réunir à lui sa femme et
8ÇS filles. Je discutai la chose avec calme et patience.
«Voyons, lui dis-je. Quant à votre situation, le monde feit
une grande différence entre les criminels politiques et les
petits voleurs c|u'on déporte ici : je ne vois donc pas quelle
obiection vous auriez à faire contre Tidée d'amener ici votre
famille ; vous obtiendrez i la longue votre émancipation, je
n'en doute pas, et dans ce cas, pourquoi ne pas jouir du repos
et de la paix domestique?
— Je n'ai aucune objection physique à vivre ici, me dit
Frost. J'aime le pays ; autant que j'ai pu le voir, c'est le plus
beau climat du monde : je m'y porte bien. J'y suis de très-
bonne humeur, tout bien considéré. Cependant ce serait très-
imprudent d'attirer ici ma femme et mes enfants sans savoir
comment je pourvoirais à leur existence,
— Oh I pour cela, tout homme avec un peu d'intelligence,
ayant l'usage de sa tète ou de ses mains, doit prospérer ici.
— Hais, monsieur, vous savez sans doute que je me suis
&it de mauvaises affaires. J'étais expéditionnaire dans les
bureaux du commandant, i Port-Arthur , et j'ai perdu cettô
place.
— Oui, et c'est la faute d'une lettre absurde, impertinente,
écrite par vous.
— Vraiment, j'en ai oublié le contenu : qu'y avait-il dans
cette lettre ?
— Un paragraphe assez déplaisant contre lord John Rus-
sell. Vous vous livriez i un accès de mauvaise humeur. Vos
amis vous ont rendu un mauvais service en publiant cette
lettre.
— Elle n'avait pas été écrite pour être publiée : ce fut une
de mes filles qui eut le tort de la confier à un journal.
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"w^Cvoyei-moi^ e« fui mal i ram: dan» i^ira AtnatîM,
Miis'Ae poiiveE être trop cifOonfpecL Je vais rom «aobaitar
blM^njour. J'écrirai à M. fi.... <^ Inî ^ai-jet
^Dites-lui, monsieur, que je me rffanii sMofaernent 4f ap>-
pneodre qu'il «i(t bien portasL IMlef4tti que je jouis moi-
«Ama 4'uoe bornée aanléu.. auaiiliojtfie... que peut Ta
un homme 4aM ma aiinaiioa. Et ai lf« R... rent en i
Mm. Froii, je iiiî en aemî trèa-eUigi. M. krmsiMn% eat un
homme bon qui icnpHt aan deroir avec fimneté, maîa afee
WfNMreUlaMe; je Mie a«$si bien qae les ciroeasbisees pe«-
rMi le p^roeflre. 3»
La pbjrsiadioiiiie 4e Fmai est a^^iéaliie ; il s'exprime tei*
jtoent; il a Vm iAteUigest, et ea ^léaéral U f a dans sel
manières quelque chose qui sédu!t« Maigre le oostume de
étçorlé , <on remarque la propreté de sa peraomie. La seale
filTeur dant il jouisse à présent, c'est de pouvoir dormir aenl
dana un Ut. Il partage tous les travaux de l'escouade. Il eat â
inqpreesiofi^Bajr depuis sixsemunes, ajranlété letiré deBnnm»
iUver par suite de son insolence envers l'in^ftoctear. C'est la
seul trait inconvenant qu'on ait pu hii reprodier (t}.
(Fmser's UagêaimJ)
(1) lioTB DO Msicffma. lioai ne murisoi sovi «mpêdMr 4« lewiiqucr
î^ que le voys eeur «DslaM4ivblw peoui^ire un>eu tu «Itra-lorf le» é^rii
mi*op doit lûujoura à us snoemi politique dwit k mslbeur. N«i« m¥Ê$
n'avons pas voulu retrancher de cet article cette entrevue avec un chaitisla
dont le nom est couvent encore iiuoquë on Angleterre.
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IJt0jjrû})()ît. — 3rt iliaîtûtre*
MJL inOB DS BUJCBMtL
Serritl vrai, eomiBe le prétend HehRétiM dans eon Inrre Ht
TEiprdf jadis funevx, aajovrdliai peu la, q«e si le trfeat
mSStûre est edvi de tau qai recveîUe 4e phM de ylom
actuelle et de g^loîre peethome, c'eet qa'en efleft l'état du eoidait
eil A la fois <k tons le plus briHant et le pluf utile? S«tvaatt
le phHosoplie français » les peuples ae se trompeat pas dana
fcnr reeoDiiaissaiice intiressée; ils estiflMBftdottetOQt ee dent
ils sentent le 'besoin. Hatheurensenient pour sa doctrtiiey
Helyéfitts t^onfend |M«iV-èt«e raéniralion et r^eatîme. Le ea«i^
lageeÎTfl dnpatrîole peotdonc eneoreiiepas eéderlepasan
eonragedo capîtaine.
Cependant, il fcnt Men ravoaer, qoaait ans rtcompensea
déeeniéea an bonnes de fmcm de leor TÎvant, elles Tam-
portoat de beancoop en qttalM et ea tpiantitéenr la part qne
la raaité nationale daigne «ncore fssre anx autres ilInatratluM
eantcinporaînes , poêles , pUlosophes, bommes d'état, histo*»
riens on romanciers. Lisez les annslea militaires de rSanope
depeis la révolilfilon française ; t'AHeaugne^ la Fraooe, !'&-
pagae, l'Italie, la Rnssîe, laBelgîf ne, «te^ etc., n'ont pasélé
aTarespour leors conbaltaniU. H yaea poar enx tontes sarlea
dlionnears, depnia des royaumes jnsqu'i la décoralioa de
Tordre Guelfe. Mais reste maintenant la postérité ; nous crai-
gnons bien que celle-<ci «oit un peu plus difficile. Combien
de noms survivront ii ioutes nos balailles? Combien de noa
Uttasenoait une Ira» ksmîneuaeau ddi de
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380 LA VIE DE BLUCHEE.
leur carrière mortelle? La postérité telle qae nous la person-
nifions n'est pas celle de l'Angleterre ou de la France seules,
car chaque peuple pendant quelque temps encore grossira sa
liste; mais la postérité collective de l'Europe, combien de
grands hommes accordera-t-elle à chaque armée? Pour ce qui
est de nous, en Angleterre pourrons-nous lui en demander
plus de deux, un sur mer (Nelson], un autre sur terre (Wel-
lington] ? La Russie pourra plaider pour SouwarofF; l'Autriche
a son archiduc Charles qui peut faire valoir son double titre
de tacticien et d'écrivain. Nous ne fixons pas le chiffre de la
France, mais nous plaignons quelques-uns de ses milliers de
braves qui croient à l'immortalité des bulletins et des gazettes.
Enfin nous pensons que la Prusse sera aussi représentée dans
ce congrès de la gloire, par un nom qui a été souvent prononcé
à côté de ceux de Bonaparte, de Wellington, de Nelson et de
Souwaroff, mais qui nous semble bien inférieur au moins â
trois de ces quatre noms : c'est le nom de Blûcher. Nous ne
prétendons pas dire que sous le rapport du talent ou du génie
militaires, Blûcher puisse être justement classé de niveau avec
plusieurs de ces lieutenants de Napoléon que nous osons con-
damner à un oubli comparatif. Non ; si sa part dans l'avenur
est plus large, c'est parce qu'il s'est identifié à un grand mou-
vement national dont il fut le chef ostensible.
Le duc de Wellington reçut sa première éducation militaire
dans un collège français, conséquence naturelle de l'imper-
fection de tous les établissements du même genre, en Angle-
terre, à l'époque de sa jeunesse (1]. 11 est peut-être plus bizarre
encore que l'illustre frère d'armes du duc de Wellington,
le champion enthousiaste de la Prusse, ait commencé par
porter les armes contre ce pays qui ne fut pas, il est vrai, le
pays de sa naissance, mais celui de son adoption.
Gerhard l^berecht von Blûcher (2) naquit en ilhH à Ro9-
(1) Note du RéDAcrBim. Voir la Via militaire du duc de Wellington.
Bwuê Britannique, novembre et décembre 1841.
(9) Deui biographies de Blttcher ont éttf publiées en Allemagne: la Riene
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LA VIE DE BLUCHBB. ttl
tock, dans le Mecklenbonrg-Schverin, province où safemOIe
était établie depuis des siècles, ayant donné un évèque à Lu-
beck dans le treisième. Après s'être retiré du service militaire
de Hesse-Cassely son père vivait dans un petit domaine héré-
dUiire.Il avait cinq fils. Ayant très-impartialement, mais non
fans dépense, distribué ses trois aînés sous les drapeaux de
h Russie, de la Pmsse et da Danemarck, c'était le désir du
vieux gentilhomme de consacrer les deux derniers à la seule
occopation qu'acceptaient les gentillàtres de son temps, la
eoltare du sol. Pour cela, il suffisait bien d'une simple édu-
cation domestique, et d'ailleurs c'était la seule que les res-
sources paternelles pussent lui donner. En 1756 éclata la
fwrre de $ept ang; voulant soustraire ses deux fils à la ten-
tation des scènes militaires, le père les confia aux soins d'un
parent dans l'Ile de Rugen. De pareilles précautions se termi-
oent fréquemment comme le beau conte d'Admète dans Héro-
dote. Pendant quelque temps les deux jeunes gens se conten-
tèrent des occasions de dangers et de prouesses que leur
offraient les rochers de l'île et les flots de la mer. Quelques .
siècles auparavant, Blûcher aurait pu figurer parmi les rois-
pirates de la Scandinavie, et au lieu de vider les caves d'Ê-
pemay, il aurait pu venir boire Vole des monastères anglais.
Malheureusement la Suède s'était jointe aux ennemis du grand
Frédéric , et dans une heure fotale aux précautions du bon
gentilhomme de Rostock , un régiment de hussards suédois
dâ>arqna à Rugen. Aucune remontrance ne put retenir le
jeune Blûcher, alors âgé de quinze ans; il brava tout pour
s'enrftler. Il se trouva bientôt dans les rangs sur la terre
ferme, et assista à une bataille où ses camarades se laissèrent
battre sans trop de façons. En 1758, il fut fait prisonnier
dans une escarmouche par le régiment du colonel Belling,
qui, s'apercevant bientôt des qualités du jeune hussard, le
aiurtout consulté celle du docteur Rauihoick, intitulée U Maréchal En-
ovani^ ou Vie, actions et caractère du prince Blûcher von Wahlstadt.
Leipiic, laaa.
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IH JUl VUE «E surcBU.
teiîia avec bMté ai iiégotta «oa éduMipB aroe im fmoomr
qui étaei PiiueîeB de mmêMce « voyait €iywé à être ftiHilH .
Gcito tiansaotMO Mit à ommmtI riioime«r4e Bifi<*€r,i|Dipitf
imndredo«ervioedaA6leiésiB«t€piravait (ait priaanniiar.
Jusque-la il arak ofaiiHiéBMat lefiué le grade d'affiâ t bimb
as drmfma atoia eatiaaé le ^s flmem de éeaa 4)eax dn
eemtiMiit.
JUâcher servit som BeMioi; peadaoi ioat le rasie de la
faerre de lept ans. H assîata i la balaîUe flKwrtnèae deChn
nondorfiv où Tî^fiiiitarie raase ae fit «oiiaaNre peur la f»»*
fluèreluM i TEiuro^ coalisée, et îl fal Uesaé à Freyteng. La
paiK rétaUlâe, nelre jeiitte kiiasard itowra wi pentnonolom la
vie de earaison: il ee it ranarqtter paraa imtalettce. fias
édocalÂM iaiparfaite le iimii à Aons les danfers de IWiamell
flpâtiiaire. U essaya donc de i«er te teo^ps coiiinie tant d'aatraa»
par le jea, la «basse» rivvcigMrie, rjoBonr k la iwasasda
(aflOMNir un pe« «eèteuK pour «a ofScî^ ea deaa»-eolde}« afc
enfin par des duels fréquents qai, par bnabear, lai laissènat
tous ses membres. Sa nature querelleuse ùilKi mèine le kSam
iîisiller; €» ii osa provoquer son protecteur ^ «m ooloBel
Bettiag, qui eut la générosité de ne pas aièflae lui faire penobe
son i^ade, nuis qui fit passer Tîi^rat protomleur dans in
légpment du augor Poschasli^ officiel «pie des UosraiAei
disent avoir été irès-«4ile à son édtt»UkHi mystaîre.
JEln 17701a iologne fut envahie par les troupes de FrédéiM^
et Blûcber se trouva de nouveau soue le eoauaandeawnt da
Bdling, qui ne cessa jamais de le proléger.
Belling était un lion et fidèle offieier; mais sa sianatin»
en Pok^ine exigeais le talent et Tadrease d'un polftiqna; B
fut nen^eé par un officier d'un iout autre cvnctèee, «t
avec cduî-ci nuasi Uûcher trouva ImoàAi le asoyen d'amar
«me querelle. Les Polonais <eo ce teaaps-tà, eouMue les Ëspa*
gnols du nôtre, se vengeaient fréquemment et volontiers par
l'assassinat des victoires de leurs envahisseurs. Le capitaine
Blûcber avait soupçonné un prèlre d'avoir provoqué denx
assassinats, et il le condamna sommairement à Mre firallè.
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lA VIS »B SLDGHn. Ml
On ereoM k fosM avae tes loimUléft d'Mfi^f^; «n imoda te
l«Bx 9m ^veoM; on chifyeA les «MMnf «eU; on fit Cm^. «m
M avait enlevé d'abord les baltedes cartoncheB. ha putoeai
fiit quitte pfNurlapttv... GepeiidaateatlecnieMe<»aiédieétÉk
i k fois nae vicdatim de tente joilioe M ea «onUadiclMNi
dmcte .aytec k politîqw oiMcikiiAede Fiédérk. L'^adaeieaK
rtpiliiap fia puni, et de capitaine en peenîer il -descettdttA
k qaene de la liste. Une VBcanee eat liai daM kfsadeaafi^
lienr^oa ptwni un ofiBckr tité d'an aalre r^gkieat. L'ûi-
digaaiioo de Mâcher ae pnt se eealenir : il danMnda A 4|uittar
b service. Frédéric lui répondit ea k mettant aaxaxrèls..*
paar liù denaer k tenpB de léftéeUr. Le eapitaiae BUiolMr
iasistag et à k fia, aes réctenations réitérées arrachèrent aa
im eeUe réponse : a le eapitaiae Blâcher est antorisé 4 sa
letiier, et il peat aller... an diabk. lanvkr 1373« »
U jeut aae intemiptioa de treiae ans daaslaearrière aûUp
kirede Blôcher. U ne hndrait pas le tiersde ee temps«U pour
fi'ua avocat plaidant, qui abandonnerait ses ctteats, a'ea
retrouvai pas «a seul. Assurénent il est peu de soldats de for**
taae tpû seieai asork feldHBanëehaux apiés avoir dit adieu 4
lear uaîCnraie pendaat les donze plus belks années de kar
Tk. Peat^re Blacber aacaîUlété aïoins pressé de demander
son eoaeé sans mie eiiooaskaoe fai k nëcoaciliait avec
ridée d'an areair sans igkère. U était sérieaseaietfl «amu-
laaa; il y avait aième promesse de mariage oa â peu près
enize lui et la fiUe d'un officii» saxon, k colonel Melling,
akrs établi ea Pokigae. La jeune personne avait dix-sept aas
de UMÎas que lui. Polonaise par son éducation, par sa beaaté et
par tous ses charmes, eUe devait être ea effet atlrayanto
Btecher l'épousa et ae fixa sur k feime de soa beaupré, oft
il parut a?oir renoncé aux excès de sa jeunesse pour deireair
un babik agncidteur. Au bout de ^pielques Années il se keuva
en état d'acheter uae propriété près de Stargard m Pomé-
tasiie, et quitta k Pologne pour s'y tcaaspoiier. Lé, k aoa*
veau propriétaire ooatinna à s'occuper de culture^ et devint
un homme important parmi ses voisins, il fiit élu magifltrak
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28<h LA VIE DE BLUCHER.
local, et se vit consulté par les autorités provinciales. Ce ne
fat pas tout. Il fellait bien qu'il y eût quelque chose d'essen*
tiel dans un homme qui s'était toujours fait estimer de ses
chefs , malgré tous les torts de son brutal caractère et de sa
mauvaise éducation. Frédéric II n'était pas homme à fermer
les yeux sur les huies d'un officier qui n'eût été qu'un que-
relleur et un spadassin. Eh bien, à cette époque, Frédéric
correspondait avec Blûcher, et l'aidait de son argent pour
améliorer son domaine ; il lui prêta d'abord, et puis ce prêt
sans intérêt devint une donation. Cette libéralité de la part
d'un souverain passablement jaloux de ses écus est d'autant
plus remarquable qu'il ne spéculait pas sur le dévouement
militaire de son débiteur. Plus d'une fois l'esprit inquiet de
Blûcher le ramena à sa première passion, la passion de 1^
guerre; mais en vain il sollicita la laveur d'être réintégré
dans son grade et de servir Frédéric, celui-ci fut toujours
inexorable. En 1778 tout semblait annoncer des hostilités
contre la Bavière ; Blûcher renouvela ses sollicitations. Ce fiit
cette fois sa femme*qui fit de l'opposition ; mais le refus po-
sitif de Sa Majesté prussienne l'obligea surtout de renoncera
quitter ses travaux agricoles. Il se résigna donc à fiiîre pro-
spérer sa ferme et à augmenter patriarcalement sa famille. Six
beaux garçons et une fille réjouirent son foyer domestique.
Mais Frédéric II mourut en 1786. La femme de Blûcher fut
impuissante à le retenir. Il partit pour Berlin, se recommanda
à plusieurs de ses anciens chefs, et revint avec la promesse
d'être appuyé au moment favorable. Le nouveau roi fit bientôt
une inspection militaire de ses états. Il remarqua Blûcher,
qui fit caracoler son cheval autour de lui avec l'intention de
lui présenter sa pétition incessante. Elle fut enfin bien
accueillie, et le fermier de la Poméranie rentra dans son
ancien régiment des Hussards Noirs, avec le même grade
qu'il y aurait eu si son service n'avait subi une si longue in-
terruption. On reconnut que son ardeur militaire ne s'était
pas refroidie loin de la caserne; il semblait au contraire
qu'elle se fût fortifiée dans le repos de la vie agricole. Par
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LA YIB DE BLUCHBB. 385
malheur ses autres goûts de vieux hussard lui restaient aussi,
et il avait dû bien souffrir dans sa retraite conjugale, ou plu-
tôt foire bien souffirir sa femme» malgré sa beauté, ses grâces
et son désir de le conserver auprès d'elle. Elle mourut à cette
époque, et les biographes allemands conviennent qu'elle fit
peut-être aussi bien de mourir. Blûcher fut consolé facilement.
On eût dit que, de retour au camp, il venait de fiiire un rêve
de douze ans, et que toutes ses aventures depuis son congé
obtenu n'avaient pas plus de réalité que celles du sultan des
Mille él une Nuitê, lorsqu'il plongea la tête dans un seau d'eau
pendant un seul instant qui, par l'effet de la magie, se trouva
conv^ti en des années de déchéance et de servitude.
Blncher fut encore condamné à la vie de garnison jusqu'à
ce que le grand événement de la Révolution française vint
ouvrir la vaste carrière qu'il fallait à des esprits comme le
sien. Lorsque les hostilités commencèrent entre la France et
la Prusse, il était colonel; mais il avait cinquante et un ans,
âge auquel bien des officiers croient être arrivés au moment
de prendre leur retraite. Depuis la fameuse et fatale incursion
du duc de Brunswick jusqu'à la paix de Basle, il fut presque
constamment en activité. A la mort du général Goltz il le
TempUça dans le commandement de l'aile gauche de l'armée
prussienne : la confiance du soldat et le succès du général
justifièrent pleinement cette promotion. La cavalerie était son
arme Êivorite ; il conduisit si bien son corps de hussards, y
compris son ancien régiment, qu'on dit qu'il ne perdit que six
hommes par surprise pendant ces campagnes d'avant-*poste
de 1792 et 1794, dont les Prussiens sont si glorieux, pré-
tendant fièrement avoir pris à l'ennemi quatre mille hommes,
quinze cents chevaux et onze canons. Le général Blûcher
y acquit la réputation d'un second Ziethen(l). Chose partie
(1 Le général J. J. Ziethen fut un des plus habiles et des plus brayes
lieutenants du grand Frédéric; il mourut seulement 1786, âgé de quatre-
yingii ans. Il avait eu , comme BlQcher, une jeunesse turbulente, et Mi
daeli étaient aosii nombieui que ses bauUlef .
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flS LA rrB BE BLrCHBR.
taKère 1 comne si Bticher «▼»! prévu qn'il denôt «n jomr
aeeusé debaftnrie parla postérité, lon-seuleinent il éeriTHÎf
utofs-m» joumol tout à fait digHed'im militaire plus lettré, ma»
aneore il y raconte «me ov deox anecdotes qui senMeraienC
provrer qu'il avaift ses jour» oa da ofioîas ses lieures de clé-
mence. Femtanirt cp'il caBmurapdait à la frontière, il fit enferrer
avec tons les boDMwrs de soo grade en oUcier prisonnier
n»rt de ses Messures... aitention si rare ponr k^ vaiaenay
qn'eHe étonna bcawoowp les kdritants français } maîa ils Anrenf
encore^ plus édifiés Iwrsqa^il adttmistva de ses propres nmina
une fnstigatioa» exemplaire aa charpenfier dn vilb^ qui araii
foit pour le mort va/^ eerenetf trop oonrC et trèa-nnl coitféc^
tionné. Ycnci on antre -incident raconté dana som jonmal, et
noas alkMis le crier textnetienent. La ehosese passait en 1799^
i Kaisersiafliteni :
« Parmi les prisonniers, il s*en tronrait un qtà avait «ne
fracture du fénrar; on Tavait élendn près du fén et on lui
offrit comme aux antre» do pain et de Feao-de^vie ; non-seo-
lement il refiisait Fnni et Fantre, mai» il ne vonlak pas qa*on
tm bandât la cuiase, et il ne cessait dé supplier les soldats de
hn tirer un coup de fusil pour Tacbever. Ceux qui rentou--
raient se disaient entre eux : «c Totlft bien un de ces enragea
de Françatsf y> lAffHinf; etmot, qui étions à portée de tout
entencbre, nous nous approcMmes du groupe. Le blessé, ton-
jour» coucbé et replié sur Inî^méme, ne voyait rien de ce qur
se passait. Gomme il me paraissait tremMer de froid, je le fis
couvrir avec des amarteaux. 11 leva les yeux sur mot alors,
mai» il les rebaissa aussitôt. Ne possédant pas bien la langue
française, je chargeai mon adjudant de rengager à laisser
panser sa blessure et à prendre des aliments ; il ne répondit
rien, et je lui fia dire que le désespoir éUni une kontense fai-
blesse; que ne pas savoir supporter son sort était indigne d'un
homme et surtout d'un soldat; qu'il devait prendre courage,
espérer sa guérison^ et bien se petsnader qjue les homoies
parmi lesq^la il ae troonrait ânienà tout œ qm seaai&ea
leur pouvoir pour le soiriagar. H dm nsgHda de Muvmo, év
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fient CM Urtrt 4e les jeax el il me tendil la maîn* (hi hii
oftril da vin, il en but, et dès lors il s'abanéoun mna tém^
tasce 9fà chtrargien. Je hû dflmMéM eosaite la came de sa
première ehatînaltOB ; îl me répondît: e On m'a foreé àter*
vir la répabUqae; mon père a éti gafllotiBé) mes frèiee ont
péri dan* noe guerres âriles; am feaime, mea enfants soa(
dana la détresse; v<Mlà ponnpMM je déeinûa la awrt^ car je
pensais que la mort seule pouvait finir meamaux. Votre boaM
ma lamenè à de meUleur» seatimenis» je tous en remercie;
mainlenam, je le sens^ j'attendrai avec résohitien, »ree pa-
tienfie, le sc^t %tte me réserve l'avenir. »
Ce tiaii sentie déaMmtrta la vérité dn vieil adage, qae
a le diable n'est pae si noir «lu'cm vent lâea le peindre, » et
aartent qpiand c'est un Français fai tient le pinceau.
Après la paix de Basle, Blûcber tre«vant le loisir de penam
à an second mariage, épousa Maria-Amelia von CMomb. Il
eoi pendant quelque temps un commandement à Munster^
sons les ordres du duc de Bniaswick. Là» il fit coanaissance
«vec an gmad nombre d'émigrés françab , parmi lesqneb
l'abbé de Pradt devint son favori. Le dernier roi^ Frédéric
Guillaume III, qui monta sur le trône en 1797» avait eu occa*
sioo, lorsqu'il servait dans les armées de son père en qualité
de prince royal, de remarquer le mérite de Blûcfaer. En i801
il le promut au grade de lieutenant général, et en 1803 il k
ttOJBnia gouverneur de Munster, viUe qui» aux tenaesde la
pais, était échue en partage à la Prusse. La résidence de Blil-
cber au palais épiscopal fit renaître les scènes qu'on y voyait
au tenq>s du prince évéque, de guerrière et bachique mé-
moire, oélébré par sir W. Temple. Blftcber avait toujours
aimé le jeu; c'était une passion qui n'avait d'égale cbei lui
que la passion plus noble de la guerre, « cet amusement des
rois, » dans lequel, dit le poète anglais :
liofpi hold the hottle, and Europe tbe staker (1).
Aussi profita-t-il de la dangereuse fiicilité que kit olBbait la
(i) Les rois tteuasai la bouteille, et FEarope Tenjea.
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888 I^ VIB DE BLUCHEB.
proximité des bains de Pyrmoni, pour se livrer sans râserre
à ce pernicieax penchant.
La paix n'était rien moins que solide. Les Français occii«
paient le Hanovre» et cette occupation plaçait les deux iui«
tiens dans un dangereux voisinage. Il y avait en Pnisaey et
particulièrement dans l'année, un fort parti pour la guerre ;
ce parti, on le pense bien, comptait Blûeher au nombre de
ses principaux chefs.
En 1806 , la scène s'ouvrit tout d'abord par le grand
désastre de léna; après cette bataille, où l'orgueil militaire et
la confiance arrogante de la Prusse reçurent une si cruelle
leçon, l'existence de cet état, isolé désormais sur la carte de
l'Europe, se trouva livrée à la merci du vainqueur. Le courage
que déployèrent les corps abandonnés de l'armée prussienne
en s'opposant aux admirables combinaisons et aux niasses
concentrées de l'ennemi, ne fit que rendre plus éclatantes les
foutes et les divisions de ceux qui avaient le commandement
en chef. Tous les avantages résultant de la connaissance des
lieux , toutes les ressources qui favorisent les troupes corn*
battant sur leur propre sol, tournèrent, dans cette étrange
circonstance, au profit de la France.
Ce n'était plus l'esprit du grand Frédéric, mais celui de
l'Agramant de l'Arioste qui régnait dans le camp prussien.
Blûeher, comme général de la cavalerie, n'était point en po-
sition de contrôler les mouvements ni de réparer les fautes
de Brunswick, de Mollendorf et de Uobenlohe. Tout ce qu'il
pouvait faire, c'était d'offrir ses braves cavaliers pour essayer
de ramener la fortune par une charge désespérée. Mais cette
offi'e, d'abord acceptée par le roi, fut presque aussitôt rejetèe,
et Blûeher n'eut plus qu'à sauver le reste de ses forces par une
retraite dans le nord^de l'Allemagne. Cette mission difficile,
il l'exécuta avec tant de courage et de persévérance, qu'une
victoire n'aurait pu être pour lui plus glorieuse: car il faut bien
le reconnaître, rien ne saurait égaler la vigueur et l'activité
des généraux de Bonaparte, qui, une fois à sa poursuite, surent
déjouer ses ruses et paralyser ses efforts. Traqué conune une
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LA VIE DE BLUCHER. 280
béie fauve, Blûcher trouvait partout la retraite interceptée.
Chacun de ses plans, soit qu'il cherchât à s'échapper sur
l'Elbe, soit qu'il voulût passer l'Oder, soit qu'il prit la direc-
tion de Hanovre, était aussitôt deviné et prévenu. Enfin re-
foulé sur Lubeck, qu'il occupa un moment, malheureusement
pour cette ville neutre, et où il faillit être pris lui-même, ré-
duit aux abois, accablé par la fièvre, manquant de munitions
et de vivres, il fut forcé de capituler.
Blûcher se retira à Hambourg, où, après être resté prison-
nier sur parole, il fut échangé ensuite contre le général Vic-
tor. A l'occasion de sa délivrance, il visita les quartiers des
Français, et il fut reçu avec distinction par Napoléon.
Les hostilités continuaient toujours dans les provinces du
nord : la Russie prêtait son puissant secours; la Suède offrait
sa coopération : le roi ordonna donc l'organisation d'un
corps destiné à agir sur les derrières de l'ennemi, le long des
efties septentrionales. Blûcher fut choisi pour commander
cette expédition, qui échoua toutefois dès le début par les
hésitations du souverain delà Suède, et se termina fatalement
par la bataille de Friedland et la paix de Tilsit, qui en fut la
suite. Après la signature du traité, notre héros garda le com-
mandement de l'armée de Poméranie, poste rempli de dif-
ficultés ; car les troupes du conquérant étant campées dans
le voisinage , de fréquentes discussions et des querelles même
s'élevaient entre les généraux. Dans cette position, Blûcher
montra, dit-on, beaucoup d'adresse et d'habileté. Il savait
donner de la valeur aux concessions qu'il était obligé de faire
comme étant le plus faible. Mais s'il est vrai que le langage,
selon un satirique anglais (théorie adoptée par Talleyrand),
ait été donné à l'homme pour cacher sa pensée ou déguiser
ses intentions, Blûcher adopta aussi cette théorie, et sut tirer,
dit-on, dans ses négociations , tant d'avantages de la langue
allemande, la seule qu'il pût parler, que les militaires français
lui reprochent d'en avoir abusé. Lors de la retraite d'Iéna,
dans une entrevue qu'il eut avec le général Klein , il parait
certain qu'il parvint à faire croire à cet officier qu'un ar-
5* SÉRIE. — TOME XI. 19
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290 LA ns DE BLUCHER.
-mistice arait été conclu. Aussi les généraux Klein et Lasalle,
trompés par cette assurance, ayant diflMré leur attaque, BId-
cher put gagner un jour de marche sur ses ennemis. Toute-
fois, il est bien difficile de croire qu'il se fût compromis dam
cette circonstance au delà des limites permises dans les sitra-
tagèmes militaires; car Napoléon , indulgent pour les ruses
de ses propres officiers, n'eût pas craint sans doute de oom^
promettre la réputation d'un adversaire en soumettant à une
enquête sévère Vexamen de cette accusation ; bien phi», e$t-il
croyable qu'il lui eût fait une si honorable réception , lors-
qu'il vint visiter son quartier général? Klein et Lasalle avaient
la confiance de l'empereur ; ils pouvaient lui raconter leur
mésaventure comme ils l'entendaient pour se justifier. Ce-
pendant il faut convenir qu'outre ce témoignage négatif, les
relations allemandes de cette transaction nous laissent dans
le doute. On a élevé contre Blûcher une autre accusation du
même genre : celle d'avoir violé l'armistice de 1813 en occu-
pant le terrain neutre en Sîlésie, avant le jour désigné pour
le renouvellement des hostilités; mais pour cette fois, les
rapports prussiens répondent à cette accusation, en affirmant
que la violation de ce territoire fut le feit du corps français
sous les ordres de Macdonald.
Malheureusement pour la gloire de Blûcher, les Français
n'ont pas été ses seuls accusateurs. Pendant son commande-
ment en Poméranie, il dut se défendre contre les attaques
anonymes de la presse de LeipsLck, qui condamnait sa con-
duite militaire dans sa récente et difficile retraite. Il lui fallut
paraître devant une cour d'enquête, qui avait reçu l'ordre de
siéger à Kœnisberg pour y juger des laits d'une nature plus
grave; mais le témoignage d'un officier distingué, de Schara-
faorst, qui avait partagé les fetîgues et les dangers de sa re-
traite, parut si concluant en faveur de Blûcher, qu'il sortit de
cette épreuve complètement blanchi.
C'était une époque fatale pour la patrie d'adoption de Blti-
cher. La Prusse vit se succéder quatre années d'humiliatio»,
d'asservissement, d'oppression et d'outrages. Il eût été de la
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LA YIB •■ BLVCHER. 991
poliliqiie delà France, ou d'asmirer sa conquête en achevant
le complet déiaembrenient de la Prusse, on d'épargner la di-
giité du vaincn. La mort d'une reine aimable et justement
vaaéey qne Ton regarda comme nne victime des insuites que
Napoléon n'épargna pas à cette auguste ennemie, provoqua
les resaentînients populaires. En dépit de la vigilance fran-
çaise, en dépit dee^ termes même de la paix, qui limitaient le
aoBbre des bMonnettes de l'armée permanente, une armée
leenitée en silence, on matériel nombreux secrètement amassé,
fonnèrent lee éléments d'une campagne prochaine. Le baron
de SteÎD organisa la fameuse tu§etMw%d^ et l'on regarda
ttw^or, malffé son âge avancé, comme le futur vengeur des
nalheors delà patrie. L'infinnilé'qui l'affligea pendant la
pins grande partie de l'année 1806, et qui, de temps à autre,
aiectait même sa raison, ne fit qu'ajouter une ardeur ma^
ladive i son enthousiasme; dans ses moments de délire, il
s'âera plus d'une fois jusqu'à une sorte d'inspiration pro-
pliéliqne, et l'on assure qu'il prédit la complète délivrance de
son pays et la chute de son oppresseur. « Cdia doit arriver,
et il £iol que j'y assiste, disait-il, et je ne mourrai point que
révénem'eat ne soit accompli. »
L'éducation de Blûcher avait été celle d'un soldat. Il ne
savait d'antre langue que la sienne, mais il avait la passion
d'écrire, et c'était pour lui un vrai plaisir de dicter ses dé^
pêches et ses prqplamations. Nous avons vu les lettres qu'il
adressait au roi à cette époque : le sujet invariable , c'était
toujours cette régénération de la Prusse qu'il attendait avec
une constance que rien ne pouvait ébranler. Ces lettres ren-
ferment toutes des passages d'une éloquence vraiment digne
d'un si beau thème. De temps en temps quelque événement
venait raviver ses espérances, comme la guerre autrichienne
et l'entreprise chevaleresque de Schill ; mais le ciel se reifr*
brunissait bientôt, et jusqu'au jour oik les deux puissances
colossales de l'Europe» la France et la Rtnsie, se précipitè-
nnt déddémtnit Tune contre l'autre dans l'arène, il n'eut,
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292 LA VIE DB BLUCHER.
pour nourrir ses ressentiments et se consoler, qne les succès
lointains des armes anglaises dans la péninsale d'Espagne.
Parmi les concessions que Napoléon arracha de son dou-
teux allié avant son expédition de Russie, il faut compter le
rappel de Blûcher de son commandement de Poméranie. C'é-
tait une mesure que justifiaient complètement, du reste, et les
discours trop peu mesurés et la conduite du vieux soldat. Le
roi, pour dorer ce changement, fit don d'une magnifique terre
en Silésie au général Blucher, qui, après une courte résidence
à Berlin, se retira dans la capitale de cette province.
Ce fut aussi à Breslau que le roi se rendit lors de la fameuse
défection du général D* York. A ce signal , tous les éléments
d'insurrection depuis longtemps amassés s'enflammèrent tout
d'un coup, et l'incendie se propagea rapidement d'un bout de
la Prusse à l'autre. Dans ces circonstances il était facile de
prévoir de quelle nature seraient les avis et l'opinion de Blû-
cher ; il se prononça hautement en faveur d'un mouvement
en avant, et rejeta avec mépris toute proposition de mesures
dilatoires ou timides. Le roi hésitait à lui confier un coni-
mandement que le vœu populaire et le choix unanime de
l'armée lui auraient déféré tout d'une voix. Les conseillers
de la couronne ne regardaient Blucher pour la plupart que
comme un brave hussard dont la témérité et l'ignorance mi-
litaire étaient capables de compromettre les espérances de la
crise du moment, et ils soutenaient les prét^ptions de Tauen-
zien. Quoi qu'il en soit, l'opinion éclairée et les conseils de
Scharnhorst prévalurent, et le 15 mars 1813, le long rêve de
Blûcher était réalisé : il se trouvait à la tète de l'année de
Silésie.
. Nous nous sommes étendus sur les premières années de la
carrière de Blikcher, parce que cette partie de sa biographie
nous fournissait des traits de son caractère généralement peu
jEeuniliers aux lecteurs. Quant aux derniers incidents de sa vie
militaire, ils sont si bien connus qu'à peine est-il besoin d'en
retracer même un aperçu sommaire. Il est une chose toutefois
qu'il ne faut point oublier de reconnaître, c'estque si l'influence
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LA VIE DE BLUCHEB. 29â
politique appartint à l'empereur Alexandre, si Ton dut à Ta-
dressede Schwarzenberg cette force de cohésion qui relia entré
eux les éléments si peu homogènes de la coalition, Blûcher
seul en fut l'élément actif. Ce fut lui qui inspira aux masses
eette audace dans l'attaque et cette constance dans les revers
dont aucune coalition jusque-là n'avait donné l'exemple. Dans
des temps ordinaires et avec des événements ordinaires, un
soldat comme Blûcher eût été déplacé. 11 se fût trouvé dans
l'impossibilité d'agir entre la ruse jalouse du Russe et l'apa-
thie proverbiale du Suédois, auquel les Allemands font l'ap-
plication de ce passage du poème de la Cloche^ de Schiller : -
Ach I ihm fehlt kein theures haupt.
Blûcher n'avait ni l'amabilité de Schwarzenberg, ni le calme
inaltérable de Wellington ; mais pour l'accomplissement de
ses deux grands projets, la délivrance de son pays et l'abais-
sement de la France, il sut montrer la réunion de ces qualités
contraires. Certes, il eut à subir plus d'une défaite, ci vouloir le
comparer à ce grand capitaine dont les campagnes dans l'Eu-
rope et dans l'Inde ne comptent pas un revers, serait assuré-
ment chose absurde ; mais quelle bataille, pour ne rien dire des
conséquences, fut jamais plus justement gagnée que la grande
bataille de Katzbach ! Jamais simple hussard ne sut mieux que
Blûcher inspirer à ses troupes ce noble enthousiasme qui les
animait dans la poursuite de leurs avantages et les ralliait après
la débite. Ce fut là ce qui lui permit de réparer la journée de
Montmirail sur les hauteurs de Montmartre et de suivre avec vi- •
gaeur un plan de mouvements combinés après l'échec de Ligny .
Blûcher n'ambitionna jamais la gloire d'un général strate-
giste. Sans aucun doute, c'est à son mépris du danger, à U
téméraire insouciance avec laquelle il exposait constamment
sa personne, qu'il faut attribuer la plus grande part de ses
succès. Il possédait, ainsi que Marmion et Napoléon, Tart de
se fiiire aimer du soldat.
Ses plaisanteries» souvent hasardées et peu feites pour de
chastes oreilles, manquaient rarement leur eflet sur les audi-
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SM LA VIE DE BLUGHER.
teors auxquels elles s'adressaient ; les lèvres noircies par la
poudre des cartouches s'entr'ouvraient, et un gros rire pai^
courait la colonne, tandis que la mitraille en décimait Im
rangs. Quand au milieu d'une chaude canonnade, il arrêtait
tout à coup son cheval et venait allmner sa pipe k la mèche
au canonnier, la pièce, on le pense bien, n*en était pas plvs
mal servie. Vers la fin de la campagne de France, les infiiw
mités de Tàge l'obligèrent un moment de songer à abandon*
ner aon commandement et à se retirer dans les Pays-Bas;
mais rame triompha du corps, et bien qu'incapable de se tenir
en selle, ce fut du haut d'une voiture qu'il donna ses ordres
avec autant de calme que de précision, lors de la dernière
attaque de Montmartre. La gravité allemande de son état-ma-
jor dut être ébranlée à son apparition, car pour protéger ses
yeux, alors dans un état d'inflammation violente, le vieux
vétéran avait remplacé le chapeau de général par un chapeau
de dame française orné d'un voile. 11 n'assista point à l'entrée
triomphante des souverains dans Paris, sa santé l'en empêcha,
et le 2 août il se démit du fardeau de son commandement
militaire.
La paix de Paris ne l'avait point satisfait; il avait soif
d'humilier la France. Après avoir goûté la récompense de ses
services dans les éloges enthousiastes de Londres et de Berlin,
il partagea pendant quelque temps sa résidence entre cette
dernière ville et Breslau, exhalant partout et toujours son mé-
contentement, ne cessant de blAmer les concessions des alliés.
Peu mesuré dans ses paroles, sans réserve dans le choix de ses
firéquentations, se mêlant indistinctement à toutes les classes,
il exprimait si ouvertement son mépris des diplomates, et
spécialement de Hardenberg, que, bien que sans ambition
personnelle, sans aucun motif d'agrandissement ou d'intérèly
il se laissa aller à être le point de ralliement d'une petite
fronde, plus propre à offenser les souverains ou leurs minis-
tres qu'à influencer leurs résolutions.
Que Bliîcher ait désiré voir s'élever un nouveau conflit
entre son pays et la France, cela parait de la dernière ivir*
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LA VIS IMB BLUCHER. WSf
deoce; msd» cpi'il ait pu eapérer à aon Age, avec ses infirniUéi,
diriger encore ea personne la fortune des combats» et cela
dans le seul but de satisfaire cette vieille rancune qu'il gar«>
daît â Napoléon, tout aussi bien qu'à la nation française,
c'est ce qui peut paraître iskpossible. Très-probalement» les
pnijetSy les opinions de Blûcher étaient l'expression de ses
senlîBents plutôt que le résultat d'une étude profonde siur
réiat politique de l'Europe. Quoi qu'il en soit, ses vues étaient
partagées par un homne dont le jugement calme et l'c^jeer^-
?alion sagace n'avaient pu subir les mêmes influences, et qoi
n'avait ni défaites personnelles à réparer ni insultes natio^
naks à venger. Le duc de Wellington écrivait à son frère sir
HaniT Wellesley (Gurmod, decmber ntk. 181i) :
« La vérité est que je crois que ce pays (la France) est
teUement ruiné, idlement ^uisé par la révolution et que le
peuple a tant souffert, qu'il ne saurait plus exister sans pillage
et qu'il ne pourra supporter l'état de paix. Si cela est, com-
ment avons^nous laissé se dissoudre la grande alliance et
pourquoi ne chercherions-nous pas comme une ancre de
^Lt à en former une nouvelle avec la Péninsule?»
Toujours fmnant, jouant ou querellant^ Blûcher eut sans
doute continué cette agréable vie, si un grand événement ne
tu venu le rappeler à l'exercice de plus nobles facultés. U se
trouvait à Berlin quand on y apprit que Napcdéon s'était
échappé de l'tle d'Elbe. Il courut diez l'ambassadeur anglais
pour loi reprocher la négligence de son gouvernement, et le
jour même il se montra dans les principales rues de la ville
en grand uniforme de feld*maréchal , pour indiquer claire-
ment qu'an moment d'une guerre prochaine il n'entendait pas
eider à de plus jeunes chefe ses droits au poste le plus hono<*
raUe ^ le plus périlleux. Bientôt il fut nommé au comman*
dament de l'armée, et Gneiseneau, son ancien compagnon et
conseiller» revint aussi prendre place à ses c6tés.
Le duc de Wellington arriva de Vienne à Bruxelles le 5
avril 1815. Kleist commandait alors l'armée prussienne, et le
17 seulement, Bliicher entrait à Liège. D'après une lettre de
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996 LA VIE DE BLUCHER.
Wellington à lord Clancarty, datée du 6» il parait que le duc
trouva Kleîst disposé, en cas d'attaque, à se retirer derrière
Bruxelles, et qu'il s'opposa vivement à cette résolution da
général prussien, bien que lui-même, dans une autre lettre
adressée le même jour à lord^Batburst, il se plaignit de ne
pouvoir disposer que de forces insuffisantes. Mais les dr^
constances politiques, tout autant que les considérations
stratégiques , déterminaient le duc à se maintenir en avant
de Bruxelles ; l'événement a prouvé que Blûcher adopta cet
avis, qui était trop d'accord avec son caractère pour qu'il ne
s'y rangeât pas facilement.
Le 10 avril, Wellington écrivait à lord Clancarty, qu'il es*
pérait prendre l'initiative vers la fin du mois ou au commen*
cernent de mai ; selon ses calculs, les alliés devaient à cette
époque lancer 270,000 hommes sur la France, qui ne |M>ur-
rait leur en opposer que 180,000 : mais huit jours plus tard on
avait dA renoncer à cet espoir, par suite de nouveaux rensei-
gnements sur les préparatifs de Napoléon ; et le duc joignit i
l'envoi d'un mémoire basé sur ses premiers plans, les obser-
vations suivantes:
« Depuis que j'ai fini d'écrire à Votre Seigneurie, de graves
événements se sont accomplis en France ; il en résulte qae
Napoléon pourra disposer de toutes ses forces plus librement
que nous ne le supposions : et d'ailleurs, les mesures qu'il a
su prendre vont certainement et promptement augmenter son
armée. D'après les pièces ci-jointes, vous verrez que le dnc
d'Ângouléme sera forcé de quitter la France, que Napoléon a
rappelé tous les soldats récemment congédiés, c'est-à-dire
environ 127,000 hommes, dont 100,000 peuvent être immé-
diatement employés, et qu'en outre il a organisé 200 batail-
lons de garde nationale. Quoique cette dernière force ne me
semble pas devoir être bien formidable, j'estime cependant
que nous nous exposerions à rencontrer une armée trop égale
en nombre, si nous persistions à exécuter les opérations in-
diquées dans le présent mémoire. r>
Les dépêches suivantes prouvent en eifet que le duc se fài
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LA VIE DE BLCCHER. 29T
compromis en ne modifiant pas ses dispositions. Ni l'armée
an^aise, ni celles des autres alliés, n'étaient préparées suffi-
samment, et peut^tre eût-il suffi d*une mutinerie fort à crain-
dre parmi les troupes saxonnes pour faire échouer les opéra-
tions. Plusieurs officiers, tant anglais que français, ont pré-
leiidQ que déi le cotmimneiment ^ bien mieux que les alliés»
Napoléon arait toujours été en état de prendre l'offensive ; et
que si, immédiatement après sa réinstallation aux Tuileries»'
il eût firaDchi la frontière, ne fût-ce qu'avec quarante mille
hommes, il eût eu beaucoup plus de chances en sa faveur
qu'il ne lui en restait au mois de juin suivant. On voit en
effet que, malgré tous ses efforts, Wellington n'eut pas trop
de temps pour organiser toutes ses forces, composées d'élé-
ments si divers , et que l'armée qu'il put enfin former n'en
Testa pas moins bien inférieure en nombre à toutes celles
qu'il avait jusque-là commandées en Europe. Sa correspon-
dance de cette époque est toute remplie de son désir conti-
nuel de devancer l'attaque des Français, désir bien sincère-
ment partagé par Blûcber, en même temps qu'elle explique
les raisons qui le forçaient à l'immobilité. Et ces raisons n'é-
taient pas seulement celles qui inspiraient une si grande con-
fiance à Napoléon ; on savait partout que l'armée alliée ne
pouvait être qu'un assemblage fort défectueux de forces hé-
térogènes ; on connaissait l'absence de l'élite de l'infenterie
anglaise, le refus de concours des Portugais, etc., etc. ; mais
on eût difficilement supposé que malgré toutes ses instances,
le duc ne pût faire sortir de Timmense arsenal de Woolwich
que des envois tardifs et insuffisants. Le 6 avril» il demandait
à Londres 150 pièces de canon; le 21, il était réduit à n'en '
attendre que k% ce qui, joint à pareil nombre de pièces alle-
mandes, lui donnait un total d'environ 82 pièces. Cependant
l'année prusienne avait au moins 600 pièces pour entrer en
campagne, le corps sur la Meuse en ayant à lui seul plus de
200. Le duc n'eut pas moins de peine à s'approvisionner de
fourgons, de chevaux, de pontons, de grosse artillerie, etc.;
mais outre ces graves obstacles, il est évident que ses pro-
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S8B lA VIE DE BLUCBBR.
jets d'ofiensive étaient encore grandemeni subc^donnés aux
mouvemetUi des alUé$ sur le hanU et le bas Rhin, et c'est ce
qu'il exprimait clairement dans deux lettres datées du 2 juia
1815(1), la première adressée à Schwarzenberg, et la seconde
à sir Henri Wellesley. Mais déjà Napoléon avait engagé la
partie, et, au début du moins, il la menait avec une habileté et
une éneigie dignes de ses plus beaux jours de bonheur et de
gloire.
Jamais peut-être dans une grande guerre, cpielque bien
conçus qu'aient été les plans des généraux et quel qu'ait été
définitivement le succès, il n'a manqué de survenir au moment
critique de l'action un de ces événements fortuits, une dépA*
che fourvoyée, un ordre mal donné ou mal compris, une
colonne mal dirigée, etc., qui dérangent tout à coup l'ordre
immitif des opérations. La campagne de 1815 est loin de Eure
exception à cette règle. Si Ton s'en rapporte aux Mémoires
dictés par Napoléon lui-même, peu de chefs, dans des circon-
stances aussi difficiles, trouvèrent dans leurs lieutenants aussi
peu d'obéissance et de ponctualité. Ney et Grouchy, au con«
traire, dans leur défense , ont prétendu que jamais chef ne
donna des ordres plus indécis et plus contradictoires. A ce
propos, le ci^fiitaine Pringle, dans ses exceUenies remarques,
qui font partie de l'appendice à la Vie de Napoléom par sir
Walter Scott, observe fort judicieusement que jamais un écri*
(1) «Sous ces circonstances il est très-important queje sache aussitôt que
possible quand tous pourrez commencer vos opérations, et de quelle na-
ture elles MronI, et vers quel temps nous pourons attendre que vous seres
èniré à une hauteur quelconque, afn que Je pmitee eommancor es ee
eùté'Ci de Moniérs à avoir Vappui de vos opérëUime. Le mapédial BlU-
clier est préparé et très-impatient de comnencer ; mais je lui ai tàil diio
aujourd'hui qu'il me paraissait que nous ne pouvitna rien faire jusqu'à
ee que noue futeions certains du jour auquel voue commenceriez, et en
général de vos idées sur vos opérations. » (Gurwood. XII. p. 137.)
« L'armée de Scliwarrenberg ne sera toute entière réunie sur le haut
Rhin qua le 16, tomps veis lequel j'espère que nous eommeaeerons. »
(Gurwood, XU, p. i».)
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LA YIB DB BLUCHEB. SM
Tiîn français, en parlant d'une bataille perdue par une armée
française, ne manque d'expliquer cette débite par ce que
M. de Las Cases , par exemple» appelle un concours inouï
de circonsiances fatales.
Non nostrum tanlas componere lltei.
Aux yeux d'un lecteur impartial, Grouchy, dans sa justii*
cation, a toutes les apparences de la yérité. Éridemment cette
fois, comme presque toujours, le hasard a joué un grand rftle
dans les événements, sans pour cela que Tannée française ail
m seuleâsooffirir de ses caprices. Ainsi le 16 juin, à Tailinre
de Ii(By, le résultat de la journée eût pu être tout difKrent
sans remeur bien connue qui tint éloigné de l'action le qua*
triéme corps sous les ordres de Biûcher. Yoici comment se
tio«?e mentionné ce foit dans un rapport très-circonstancié
de l'allemand Plotho. Il dit a qu'un exprès avait été envoyé
à Bulow, que l'on présumait avoir établi ses quartiers à
Hannut, avec ordre de faire dès le matin suivant sa jonction ;
que ce général se trouvant encore à Liège, l'ordre fiit laissé
à Hannut sans avoir été ourc.l, comme étant de peu d'impor-
tance, wnwiekiig ihtinef^, et que ce ne fut que le lendemain
à son arrivée à Hannut que Bulow eut connaissance de cet
erdre. b
baninoiis encore succinctement dans quelles circonstances
BUdiar fut amené à engager l'affaire k Ligny. On n'a jamais
eontesté que l'infianterie prussienne n'ait été admirableen cette
occasion contre les masses ; mais il n'en fut pas de même de la
cavalerie et de l'artillerie. Biûcher luinnème en exprima son
mécontentement. Quelque avantageuse que fftt la position, il
était clair que Napoléon devait Mre les plus grands efforts
ponrVcnlcver avant la nuit au vieux guerrier qui roccupait.
Une circonstance importante, et que peu de relations anglaises
rapportent de cette campagne, c'est que le duc de Wellington
avait visité la position peu de temps avant le commencement
de l'action, et que ce fut en cette occasion que les deux gé-
néraux en personne se concertèrent pour leurs mouvements
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800 LA VIE DE BLUGHER.
futurs, et convinrent d'une mutuelle coopération, quel que
dût être d'ailleurs le résultat de la première collision. Les
rapports allemands n'ont pas manqué de rappeler cette entre-
vue, dans laquçlle l'attention «des Prussiens, dont la taille
droite était serrée d'un étroit ceinturon, fut attirée par la
cravate blanche du général anglais, que, sans son chapeaa
orné d'une cocarde aux quatre couleurs désignant le feld-
maréchal de quatre royaumes, l'Angleterre, l'Espagne, le
Portugal et les Pays-Bas, l'on eût pu prendre pour un simple
gentleman foisant à cheval sa promenade du matin. »
L'opinion de la plupart des officiers anglais qui ont visité
la position de Ligny est, nous le croyons, que le duc de
Wellington dans une circonstance semblable aurait employé
un tout autre système de défense ; ce système, adopté par les
Prussiens, les exposait sans nécessité, tandis que les dispo-
sitions des lieux permettaient de garantir les masses qui
n'étaient pas immédiatement engagées contre le feu meur-
trier de l'artillerie française (1). Gneisneau, nous a-t-on assuré,
avait bien reconnu les inconvénients de la configuration du
terrain pour ses dispositions ; mais il n'en avait tenu compte,
et il avait passé outre, se reposant sur l'expérience, les habi-
tudes et le moral de ses troupes, qui, comme il le disait lui-
même, aimaient à voir l'ennemi. Afin de mieux démontrer la
tactique contraire du duc de Wellington dans un cas sem-
blable, nous cédons au désir de citer le passage suivant d'an
écrivain militaire français. Il est tiré d'un article sur l'histoire
de l'expédition de Russie par le marquis de Chambray, inséré
dans le Bulletin universel des Sciences de 1825.
L'auteur, dit cet écrivain, compare les tactiques anglaise ei franchie
elles opérations des généraui Masséna et Wellington en 1811. Au nombre
des propositions remarquables auxquelles il est conduitpar les résultaude
ces comparaisons, nous choisirons la suivante comme eiemple : Lorsqu'elle
avait à défendre des hauteurs, Tinfanterie anglaise n'en couronnait pas
(1) Ces réflexions sont dues aux remarques d'un excellent critique de
cette campagne, le général prussien Clausewitf.
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LA YIE DE BLUCHER. 301
lef crétfs, selon U méthode des autres nations. Masséna fut repoussé parce
que les Anglais, pour défendre les hauteurs qu'ils occupaient, employaient
la manœuvre dont j'ai parlé plus haut (celle de se placer à une cinquan-
taine de pas en arrière de la crête, en semant seulement des tirailleurs
sur la pente), ce qui est préférable à la manœuvre jusqu'ici en usage. Celte
manière de défendre les hauteurs, continue le critique, n'est pas nouvelle;
on l'avait quelquefois employée, mais elle a été généralement adoptée par
ks Anglais pendant la guerre d'Espagne, et ils l'enseignaient même à
IcQfs troupes en temps de paix. L'infanterie des autres nations se place
ordinairement sur la crête, en vue des assaillants ; l'infanterie française
reste rarement sur la défensive, et quand elle a culbuté l'ennemi, elle le
poursuit avec tant d'impéluosilé qu'elle ne peut pas toujours conserver
ses rangs; de là ces revers qu'elle a essuyés dans quelques occasions, rares
tttutefms qnand elle défendait des hauteurs; car dans la plupart des occa-
sions, telles qu'à la Corogne, à Busaco, à Faentes de Onora et i Albuera,
ce fut elle qui atUqua.
Sans doote, il y a une grande différence entre la configura-
tion locale de Ligny et celle de Busaco, entre une colline fia*
mande et une sierra portugaise, et nous savons de reste que
le plus fort de l'action eut lieu dès Tabord dans les parties
basses des villages de Ligny et de Saint-Amand; mais le prin-
cipe qui dit que Ton ne doit pas s'exposer, n'en reste pas
moins le même. On assure que Napoléon étant monté à che-
val dans la matinée du 18, et n'apercevant que quelques gui-
dons anglais, s'imagina que la division anglaise lui était
échappée, et qu'il en manifesta son désappointement; mais
que Foy, qui avait eu une longue expérience de la guerre de
la péninsule , l'avertit de ne pas trop s'en rapporter aux ap-
parences. Wellington, ditril, ne montre jamais ses troupes :
une patrouille de dragons pourra bientôt, au reste, vériBer le
fait; mais s'il est là, je préviens Votre Majesté çue Vinfanterie
an^iaitt m dud est le diable.
On connaît l'incident de la chute de Bliicher sous son
cheval expirant à Ligny, et le trait mémorable de dévouement
de son aide de camp. Les fastes modernes pourraient four-
nir à peine un exemple d'un trait semblable, et Froissard
même n'a pas raconté un exploit plus chevaleresque que ce-
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388 LA TIB DE BLUCHEH.
lui de Nostitz. D'après les récits prussiens , on voit qne cette
femease charge de cavalerie à la tète de laquelle Blûcher
8*était si dangereusement et si vainement exposé, fut repoussée,
non point avec le sabre, mais avec la carabine, la cavalerie
française attendant pour tirer, et se tenant ferme à ses rangs.
Nos jeunes officiers pourront, s'ils le veulent, regarder cette
méthode comme un vieux procédé plus digne des cuirassiers
da seizième siècle que de ceux de notre époque. Toutefois,
cette même méthode, employée par la cavalerie française sous
les ordres de Grouchy dans une affaire près de Namur le 19,
fut suivie du même succès.
La victoire restait à Napoléon ; mais Blûcher, au lieu de se
retirer sur Namur, maintenait avec ténacité ses communica-
tions avec Tarmée anglaise ; et précisément comme il avait
été convenu, il fit sa retraite sur Wavre ; en sorte que jamais
armée battue ne se rallia plus vite et plus heureusement.
Blûcher fut transporté dans une chaumière, d'où il dic-
tait et envoyait ses ordres , l'esprit toujours inAranlaUe et
plein de confiance, le corps accablé et brisé. Pendant que le
chirurgien pansait ses blessures, il demanda de quelle nature
était le Uniment , et comme on lui dit que c'était de reau-<le-
vie, il exprima l'opinion qu'une dose intérieure serait bien
plus efficace. Aussitôt , ayant fait apporter de l'ean-de-vie
qu'il mêla avec du Champagne, il adressa ces paroles an cour-
rier qui allait partir avec ses dépêches : «c Dites à Sa Hijesté
doê ich hotte kaltnackgttrunkenj et qu'en censéquence, tout ira
bien. i>Son ordre du jour pour le 17, après quelques réflexions
sur la conduite de la cavalerie et de l'artillerie, se terminait
ainsi : « Je vous conduirai de nouveau à l'ennemi, et nous le
battrons; il le faut. »
Le 18, il se remit en selle à la tète de la division de Bulow
nouvellement arrivée, et le défilé de Saint-Lambert retentit
de ce cri de ytierre devenu son sobriquet : En wamt! Bappe-
lant à ses troupes que la pluie de la journée de Katzbath leur
valait un surplus de provisions de poudre, il ajouta que
d'ailleurs il avait promis aux Anglan d'aller à leur secours :
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LA TIE BE BtDCHBK. 808
il tint noMement cette promesse, nous serions ingrats de ne
pad le reconnattre, qnoiqne nous ne puissions souscrire à toft-
tes ces théories françaises ou prussiennes , qui attribuent ait
maréchal Blûcher le mérite d'avoir sauvé l'armée anglaise
d'une défoite certaine, comme si cette armée n'avait pas sans
ses alliés repoussé toutes les attaques et détruit la cavalerie
de Napoléon. Aucune prévision d'un résultat aussi désastreux
ne rint à l'esprit de ceux qui entouraient le duc de Welling-
ton. Des officiers de son état-major, ceux qui, étant blessés,
quittèrent le champ de bataille avant la fin de la bataille, le
firent sans éprouver aucune anxiété pour la sûreté person-
nelle de celui qu'ils laissaient derrière eux. Ses domestiques,
qui, dans le village de Waterloo, eurent l'occasion d'être té-
moins des incidents qui, dans une journée semblable, se pas-
sent à l'arrière-garde (incidents plus terribles peut-être que
la bataille elle-même pour ceux qui ont les nerfs délicats),
connaissaient bien leur maître. Les moMtÉuvrei de la cuisine
furent ordonnées avec autant de précision qu'elles peuvent
l'être à la caserne de la garde à pied dans le palais de Saint-
James. Quelle que fût la confusion dans l'avenue de Soignies,
il n'y en eut aucune dans le service de la table du duc, et
l%onneur du Yatel de sa maison demeura sans tache oonune
le sien.
Mais si le duc revint profiter du dtner préparé, ce ne fut
pas qu'il évitât d'exposer sa personne. Nous ne doutons pas
davantage du sang-froid de Bonaparte devant le feu; mais
quoique dans cette grande journée ces deux capitaines ne se
soient pas rencontrés, nous ne nierons pas qu'ils n'aient été
plus d'une fois près l'un de l'autre sans se voir. Tout ce que
nous pouvons affirmer, c'est que le duc de Wellington, après
avoir eu plusieurs officiers tués à côté de lui , échappa en-
core au danger de périr d'une chute de cheval. II était resté
seize heures en selle, lorsque tout à coup le fameux Copen-
hague^ comme s'il avait eu la conscience de la fin de ses
campagnes, s'abattit d'une façon qui faillit être aussi funeste
à son cavalier que l'avait été à Guillaume III le même acci-
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soi* LA VIE DE BLCGHER.
dent arrivé au petit gentleman en velours notr, comme les jaco-
bites appelèrent longtemps le coursier du monarque, objet de
leur haine.
Il ne fallait pas espérer que les deux peuples alliés se fissent
deux parts égales de leur gloire. Heureusement pour le mo-
ment, elles continuèrent à s'entendre admirablement pour
continuer les opérations de la campagne. Les deux généraux
surtout furent parfaitement d'accord ; mais ce qui nous a un
peu surpris, c'est qu'un historien anglais, M. Alison , vienne
de terminer ses dix volumes par une censure qui, si elle était
méritée, amoindrirait un peu les talents militaires déployés à
Waterloo et par le duc de Wellington et par le maréchal
Blûcher. Selon lui, tout battu qu'aurait été Napoléon, il aurait
bien mieux manœuvré que ses vainqueurs «l)-
Plus d'une épée rentra malgré elle dans le fourreau après
la convention de Saint-Cloud; mais ce fut surtout celle da
général qui aurait préféré entrer par un assaut dans la ville
de Paris. Retenu comme il le fut par les tètes plus froides et
l'esprit moins vindicatif des souverains qu'il servait , ainsi
que par l'homme supérieur à lui dont il partageait le succès,
Blûcher aurait au moins vouhi signaler son retour sur les
bords de la Seine en faisant sauter le beau pont d'Iéna (2].
(1) Note du directblr. L'histoire de M. Àlison est le sujet d'ane vio-
lente rérutalion en plus dé 20 pa^es. il paraîtrait que la Vie de Blûcher
ii*a été qu'un prétexte pour que le publiriste tory ameiiAt ici une longue
dissertation tendant à prouver que la bataille de Waterloo t été gignée
selon les règles. Si nous supprimons U* ho s-d*œuvre de cet article, ce n'est
pas que nous pensions que la rt^putation militaire de Napoléon «il rien à
y perdre; mais nous devons publier une suite aux deux | riM<i ■•« riides
de l'Histoire militaire de Wellington, et nous réservons nos Mip,. rissions
d'aujourd'hui pour en faire usag«>aii besoin.
/2 Dans la corre.spondnnce aujourd'hui publique du duc de Welling-
ton se trouve une longue scorie de lelires au su et de ce pont. Nous n'en
citerons que deux :
Paris, 9 juillet ISltf.
« Mein lieber fust,
' > Les dcui sujets sur lesquels lord Castlereagh et moi nous nous sommei
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LA TIB DB BLCCffBE. 305
Sa eolère s'exhala comme d'ordinaire par d'amers sarcasmes
contre tonte la race des hommes de plame et des politiques.
n tronva aossi qaelqoes distractions dans le vice du jeu. Sous
Bonaparte et jnsquà Louis-Philippe, on sait que rien n'était
phis fecile que de s'y Hyrer dans la capitale de la France. De
pareilles distractions ne pouvaient que favoriser la rapide
eotretenus ee malin avec Votre AUaMe et le général comte Gneifenau, k
«noir : la dcttniction du pont d'Iéna et la levée d'une contribution de
tml millioDfl de frana sur la fille de Paris, me paraissent si importants
pour les alliés eu général, que je ne puis m'empècher d'y appeler encore
l'aitcntîM de Votre Altesse par cette lettre.
>La destruciion du pont d'Iéna est trés-désagréable au roi et au peuple
de Paris : il peut en résulter des troubles dans la fille. Ce n'est pas seu-
lement une mesure militaire, mais une mesure politique qni peut influer
snr Je caractère de nos opérations. Vous ne l'avex ordonnée que parce que
le pont est considéré comme un monument de la bataille d'Iéna, quoique
le gottf ernement consente à changer le nom du pont.
>Eb considérant le pont comme un monument, je vous demande la per-
nisMon de tous foire observer que nous ne pourrions le détruire sans man*
qioer à la promesse faite par nous aux commissaires français pendant les
oégociatîons» que toute décision sur les monuments, les musées, etc., serait
réservée aux souverains alliés.
> Tout ce que je demande, c'est que l'exécution des ordres donnés pour
la destruction du pont soit suspendue jusqu'à l'arrivée des souverains ici.
âlofs, s'y est convenu, d'un commun accord, que le pont doit être détruit»
je n'aarai plus d'objection.
» Agrées, Wbllugton. »
• Paris, ce 10 juillet 1815, à neuf heures du matin,
c Mein lieber furst,
•Le dîner est chex Vérj, aujourd'hui à six heures, et j'espère que nous
passerons un journée agréable.
• Je viens de recevoir la nouvelle que les souverains arrivent aujourd'hui
à Bondy» et des ordres d'y envoyer des gardes, etc., etc., ce que je fais,
ie crois qu'ils ne s'arrêteront que quelques heures à Bondy et qu'ils
poomont arriver ce soir.
» Agrées, WKixmoToif. »
Le maréchal prince Blûcher.
(Cette lettre est en français dans la correspondance du duc)
5* SÉRIE. — TOME XI. 30
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806 LA TIB DE BLDCaiER.
décadence de son inieHlgeace et de sa santé pStysiqne, tors-
qu'im accideat vint encore b bâter. Une gamison an^^aîse
sans une oourse de chevaux serait presque une chose contre
nature. U y eut donc une course à Saiot-Gloud. Blûcher» qm
avait la vue tràs-courie» se heurta tourdement contre une
corde, et l'effet de sa c^ute fut de lui donner des halinana-
tiens dont quelques-unes étaient assez curieuses pour £aire
sourire les personnes qui compatissaient le plus sincèrement
au triste spectacle de cette ruine vivante.
Les attraits de Paris anraient pu séduuie le vieux général,
sans la haine qu'il ressentniit pour ses habitants. Il araiC son
quartier général à Sainl^loud, et il le transféra par occasion
à Rambouillet et à Chartres. Bientôt les préliminaires de la
paix de Paris lui permirent de retourner en Prusse. Il n'at-
tendit même pas la ratification de toutes les signatures. Ses
adieux à son armée portaient la date du 31 octobre 1815. Il
mit en marche ceUes de ses troupes qui devaient passtt la
frontière; mafis en chemin ayant entendu perler de quelques
difficultés diplomatiques, il prit sur lui de feire faire une halte
qui ne laissa pas que tTembarrasser les souverains. Il fiallut
qu'un ordre positif lui fût transmis de Paris pour qu'A se rendit
aux quartiers qui lui étaient indiqués par le roi de Prusse. La
paix fot enfin signée le 20 novembre : ce Jaur-U seulement BUh
cher entra à Âix-la-Chapelle. Il y arrivait d^ns un triste étnt
de santé. Il oontîmia très-lentement son retour à Berlin, retardé
par de fréquentes haltes et aussi par toutes les bnyantes
démonstrations dont on Tentourait sur son passjige.
Il semblait que Blûcher n'avait plus que quelques jours à
vivre : la hieur de la lampe ne jetait plus qu'une faible et
vacillante clarté. Il se survécut cependant encore i lui-même
pendant quatre ans. En iSli, le roi 4e Arasée lui avait donné
un domaine à KUsbhmts, «n Silésie; il y résida piî&apal^
ment, mais en allant quelquefois à Brestam et à Berlin. Un
voyage qu'il fit aux bains de Dobberon par ordre des méde-
cins, lui fournit l'occasion de visiter Bostock, le lieu de sa
naissance, ci il TeconmH et accueillit avec une toudiante
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LA VIE DE BLUGHEB. 307
ai&bilité quelques vieilles connaissances de ses jeunes années.
Il passa quelques heures à Hambourg et à Altona , et voulut
s'arrêter ensuite au cimetière d'Oltenfen, oîi reposent les cen-
dres de Klopstock. Il avait connu personnellement le poète,
et â l'aspect de la terre de son dernier sommeil il découvrit
sa tête blanche , hommage du soldat à^la muse nationale qui
eût feit sourire son premier patron Frédéric le Grand. Il
rendît aussi v«ite à la ve«ve de Hopsieck, qui ««[oellte ooca-
sion fit sauter le liège d'une bouteille de Tokay que trente
ans auparavant le poëte lui avait recommandé de garder pour
qaelqae fête extraordinaire. Ces petits incidents ont leur
prix dans la vie des capitaines. L'estime de Napoléon pour
OsfiitD et celle de Blitc^er po«r kpoévede laMemMetyùns
TSfféMaïi ce respect povr la dBaisteié des vienges qfi^om attri-
fanût îadii m roi des ammaiix. Apote avoir meMUoimé ce
ciUe éà gnemer pour 1b pocie, nous ne crejoias pas ^èl-
néoeflsûre de oîter tous les iiometn» qm le géftécal fruasiea
reçut ki-mêne «de 4ant de rois, de^brasgOMstres et d'ofS-
rim maairip^iT
Hmiê Avoitt dk «que Binofaer Ad um éùnsmax lénengique et
&eîle; mb iafinee aœarent, de pins, qu'il était né «imtaiir.
lÉiBies kejMfMÉs^et jasqu'âsoB denûer ^our il aima la table],
c'était m liestor par aen ftge «oMMae par aes hanmewce et
ses IngB técàÉm ; œpeadant son Idèfaat >de mémoire qaaot
atK date aarait «a pea •emboacasBé^le sténographe 'fai eàt
iwita AfaaflDBttiie aes fanilee d fa paifémté. il «fanatt
JQBtioe an géoénd fiaeÎBtnan et à lui attribuer une gcMde
partdana aeecapieitsinilitaireB. Uajonr ilpropeita ane espèce
d'^éaipae i^ & ouvrir de ^aada yeu à «es caBvtves i car
josteaieBtiS anaam^ i'tnéenÉîaa de « haàMr aa,preffire iéte. »
Décidément, fOBiaiU)*, le générai ï^atoatàhAp^due; màà
il ee ieva et alla ambraaier la ièie de GaeiieBiaa.
Sa dernière maladie eut lieu en 1819, au mois^de septembre.
Le rai vint Je vmr àtSoatUt de«M>I^t ;il mttuiait 4:aL»ie cAréoi**
gaé daw les «ras de MO &iàle«îée de «wqp Keatiit.
«Jwarfwly Rwmt.)
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Mptnrs ^xvstccratiqnts.
LES CHASSEURS ANGLAIS EN 1842 (i).
La pratique et la théorie ont été longtemps ennemies jurées.
Jadis tous les individus qui, par passe-temps ou par intérêt,
s*adonnaient à une spécialité, professaient un souverain mé-
pris pour les livres. Un savant se décidait-il à révéler au
monde les résultats de ses travaux, il ne s'adressait qu'à un
public d'élite, il se servait d'une langue inconnue au vulgaire.
La génération actuelle est moins vaine et plus généreuse. Le
nombre des auteurs égale presque maintenant celui des lec-
teurs. Non-seulement chacun cherche à s'instruire, mais cha-
cun veut se foire professeur à son tour. Certains écrivains
éprouvent même un tel besoin d'être utiles à leurs semblables,
qu'ils ne reculent pas devant la pénible tâche d'enseigner
des choses qu'ils ignorent ; aussi n'existe-t-il plus aucun art
— en prenant ce mot dans son acception la plus étendue —
qui n'ait été l'objet d'un traité, d'un essai, ou tout au moins
d'un article de Revue et de journal. Les souverains de la
librairie britannique payeront bientôt la découverte d'un
sujet nouveau plus cher que les monarques de l'Orient l'in-
vention d'un plaisir inconnu à leurs prédécesseurs.
La chasse ou le iport ne pouvait pas échapper à cette loi
(1) Voir dans la Revue Britannique (octobre et novembre 1840) deui
articles sar les Chaaeuu flrançaii^ et dans le numéro de janvier 1841, un
article intitulé Nemrod en Allemagne»
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LES CHASSEUBS ANGLAIS EN 1842. 909
commune. En 1780, la Monthly Revieu) — la plus redoutable
autorité de cette époque — critiquait avec une impitoyable
sévérité un petit livre sans prétention, récemment publié sous
le titre modeste de Penséeê êur la chasse^ lettres familiéreê à un
mm. Dans cet article le iport était encore plus maltraité que le
gentilhomme provincial qui avait eu Timpertinente audace de
traiter nn pareil sujet. Cette diatribe injuste ne produisit pas
l'effet qu'en espérait vrabemblablement son auteur. On con-
tinua de chasser comme par le passé ; loin de se calmer, cette
passion s'exalta; le livre de M. Beckford obtint même un tel
succès qu'il fiit réimprimé quatre ou cinq fois, et suivi d'une
multitude innombrable de peni^M, de remarquée et de ri-
fUxùms sur la chasse, le tir au fusil, l'équitation et la pèche.
Faot41 recommander quelques-uns de ces ouvrages aux véri-
tables amateurs, nous n'aurons que l'embarras du choix :
Partiei de ehaue de Nemrod {M. Jpperley). Nimrod's hunting
touTS. In-8^ Londres, 1838 (i).
IngtructioM atix jeunes chasseurs pour tout ce qui concerne les
fiuils et le tir au fusil, par le lieutenant col. P. Uawker. Instruc-
tions to young sportsmen in ail that relates to guns and shooting.
Huitième édition, in-8% Londres, 1838.
Scènes de chasse et caractères provinciaux , par Martingue,
Sporting scènes and country characlers (avec de nombreuses gra-
vures sur bois) ; in-8*, Londres, i840.
Encyclopédie des chasses rurales, ou Traité complet, histori-
que, pratique et descriptif, de la chasse, du tir au fusil, de la pèche,
des courses de chevaux et des autres plaisirs de la campagne et des
amusements corporels de l'époque actuelle; par Delabbrs-Blaire,
esq., avec 600 gravures sur bois. Londres, in-8<>, ]840.^An Ency-
dopœdia of rural sports, etc. Excellent manuel.
La hruyére et le lac ; par John Colquhoum, esq., seconde édition,
in-S^ Londres, 184]« The moor and the loch.
Nous en passons et des meilleurs, comme dit Hernani ;
(i) Voir sur ee personnage célèbre une note de la Revue Britannique
an mois d'octobre 1840, page 347.
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8ft0 IMS CHASSEDBft ANfiUUJS EN 18^2.
Huds cette liste^est déjà suf&aauBeDi longve. Qua ceux de dos
lecteurs qui désirent connaître à fond toutes les règles de
l'art dtt sport étudient doac avec Tattention qu'elles néritent
ces œuvres isimortelles des grands maîtres. Biainell Martin-
(alel! Kemrodll CoUpihounill et qu'ils profitent de leurs
kçons l De tellespuissamces ne sont pas faites pour un pauvre
diaMe de critique, qui n'a d'autre ressource que son travail
de chaque jour. Cessez, donc de le tenter par vos sédaisantes
promesses , perfides magiciens l ]i aura le courage de vous
résister, et s'il consent à ouvrir vos livres enchanteurs» ce sera
seulement dans l'errance d'y trouver des motife de conso-
latiofi en y glanant çà et la quelcpies esquisses de mœurs.
La vue de ces somptueux édifices dans lesquels voa pria-
cîpaux disciples ont logé leurs meutes et leurs chevaux sufi-
rait pour adoucir d'abord l'amertume de ses regrets. N'esl-ce
pas, en effet, un spectacle vraiment humiliant de voir des
èeorles pi»» éléganles^ plus eomfortables que dey palais;
des chiens et des chevaux élevés arec plus de 9oîn et de dé-
pcinses que les enfiwrts de leur maître, mieux traités sous tous
tesr reporta que les hôtes du ch&teaufLa passion de la chasse
t6i une passion terrible; elle absorbe toutes les autres pas-
sions; elle étouffe dans le cœur de l'homme dont elle a &it sa
victime tous les sentiments tendres, généreux, délicats, élevés,
que la nature avait eu la prévoyance d'y déposer en germe.
On a même vu des sportsmen donner à la chasse, au moment
de leur mort, leur dernière pensée. M. Shafto, le plus in-
trépide collègue des chiens du chikteau de Raby, se rendait
un jour en Irlande avec un de ses amis. Une tempête éclata
pendant laquelle le naviru courut risque de se perdre contre
un écueil. Un moveat même le Capitaine avertit les deuaLaad-
heureui passagers qu'ils n'avaient plus que le temps de se
préparer à la mort, a Bb qMit s'éeriïi M. Bfaafto en poussant
un profond soupir, je ne pourrai plus chasser! »
L'anecdote suivante, empruntée au même écrivain, n*est
pas moins caractéristique. « Nous déjeunions, dit Nemrod,
au château de Raby, lorsque lord Darlington ( le duc de Oe-
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U» CaâflSBDU JJfUAS BS ISkS. 811
yiéuid adoel) entra (fatat la aaUe à auaiger. A pând si on le
•alva eÉ â on lai demanda des noorelleft de sa santé : « Com-
ment ae porte Will f lui crièrent quatre ou cîiiq eonvires à la
fois (Will était un piqueur qui s'était blessé assez i^èvement
la veîUe en toaibant de cheval). — Je riens de passer quelques
instants auprès de hii^ répondit lord Darlington ; il a eu une
trèa-mauvawe nuit ; j'espère qu'il ne tardera pas i se rétablir ;
nMÎs je n'ai pu m'empècher de sourire quand il m'a dit qu'il
ferait Yraiseurfiltthlement en état de chasser mercredi. Il m'a
anan demandé si les ymz d$ Idghtning iîaittU mains wialades^
«I «ommenl Rufiàê §t Mortiner atcdmâ mangé, y» Le duc de Cle-
Telandy nous devons le dire à sa justification, a une telle
passion pour la chasse qu'il ne peut s'empéeher de courre le
lenard au moins six jours par semaine. Tous les matins ses
damesUques déposent un habillement complet chez tous les
aubergistes des environs* Son Excellence ne rentre j»nais au
di&teaii à cheval et avec son costume de chasse. Une voiture
i quatre chevaux va l'^endre à la porte de l'auberge, où elle
fui sa toilette du soât • Un coup de canon tiré de l'extrémité
du parc annonce son retour. Quaad*elle rentre au château, le
dtoer est déjà servi, et on se met immédiatement à table.
«llylord» demandait un jour l'auteur des Parties de diasse
au duc de Gleveland, votre chenil n'est-îl pas trop rapproché
de votre chftteani les mauvaises odeurs de la cuisine ne pé-
aiétreni-elles pas quelquefois dans le salon ?
-— Gela se peui^ répondit Son Excellence; mais nous ai-
mons trop passionnément la chassa pour nous inquiéter de
pareitles choses. »
Malheur doncl trois et quatre fois malheur à la pwvre
fimme,-** mare, épouse, sceur ou fille,-*qnî laisse échapper en
présence d'un chasseur quelques signes de mauvaise humeur I
On racontait devMt Neaarod les infortunes d^un gm^timan
dent la femme détestait la race canine. Son mari lui ayant
amtmfi uao meute qu'il venait d'acheter,, elle eut aussitôt une
uiolante attaqua de nerfis et elle ne reeouvra l'usage de ses
que lorsque les chiens eureni été renvoyés à leur an<-
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312 LES CHASSEURS ANGLAIS BU 1812.
cien propriétaire, a Si ma femme se conduisait ainsi, s'écria
M. Corbet, qui avait écouté attentivement ce récit, je n«
Tembrasserais pas qu'elle n'eût jeté son bonnet de nuit en
Tair et crié tayau. »
Lady Londonderry partage, à ce qu'il paraît, la même an-
tipathie, car elle s'est attiré les reproches d'un de ses voisins»
grand amateur de chasse. <c J'étais furieux contre Son Excel-
lence, écrivait M. R., et je l'avouai l'autre jour à ma femme;
elle ne peut pas entendre, dit-elle, les aboiements des chiens.
N'est-ce pas honteux? son père était pourtant un si excellent
chasseur I Quoi, la fille de sir Harry Yane Tempest ne pour-
rait pas supporter les aboiements des chiens. Fil quelle hor-
reur I... je ne retournerai jamais dtner i Wynyard-Park. »
Toutes les femmes mariées à des cliasseurset assez heureuses
pour posséder quelques épargnes devraient suivre l'exemple
que leur a donné Mrs. Ward du Hampshire. Il y a quelques
années, à la suite d'une longue crise industrielle et commer-
ciale, M. Ward annonça à sa femme qu'il craignait d'être
forcé de se défaire de sa mente, ce Attendez encore, lui ré-
pondit-elle, les affaires vont peut-être reprendre bientôt. »
Peu de jours après cette conversation, il alla chez son
banquier, qui l'avertit qu'u|i amateur de la chasse au renard
avait déposé la somme de 1,000 £à son crédit. — Cet amateur
était Mrs. Ward, — cette somme le montant de ses économies
particulières. « Retenez bien cette anecdote, femmes mariées,
et qu'elle vous serve de leçon — c'est Nemrod qui parle : —
si vous désirez conserver l'affection de vos époux, encoura-
gez et ne contrariez pas leurs passions favorites. Votre beauté
passera, vos charmes tomberont un à un sous la faux meur-
trière du temps, mais votre généreuse conduite ne sera ou-
bliée que dans Ja tombe. »
Certaines femmes anglaises ne se contentent pas d'encou-
rager les passions de leurs époux, elles veulent encore les
partager: montées sur d'élégants coursiers, elles s'élancent
à leurs c6tés à la poursuite du renard. Le récit de la scène
suivante est emprunté à Nemrod :
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LES CHASSEURS ANGLAIS EN 18b2. 313
J'éliis astts daus un coin du grand salon de Baby-Castle, tran-
quillement occupé à achever une lecture, lorsque la porte s'ouvrit
avec fracas, et on annonça M. Uodgson. En effet, Tommy Hodgson,
franchissant le seuil de la porte^ s'avança d'un pas lent vers son
naitre, et loi présenta, sans mot dire, la liste des chevaux de
chasse en état de service. Alors s'engagea entre eux la conversation
suivante, véritable modèle de laconisme :
~ MoUe est- il prêt? dit le marquis. — Oui, mylord, répondit
le groom.
— Alors je le monterai. — Oui, mylord.
-* Bergami aussi ? — Oui, mylord.
— Bidr, Swing f — Oui, mylord.
— Will, Salopian? — Oui, mylord.
— Lady Gleveland, Raby? — Oui , mylord.
» £dward, le Curé? — Oui^ mylord.
^Lady Arabella, la Duchêue? — Oui, mylord.
-* Est-ce tout? — Oui, mylord.
Les ministres de TEglise établie ne se font aussi aucun
scrupule de courre le renard. Nous lisons ce qui suit dans le
journal du duc de Gleveland : a Je ne dois pas oublier de
mentionner que le Rév. J. M. s'est plus distingué aujourd'hui
sur sa jument grise que dans sa chaire, et qu'il resta seul
avec les cbiens sur les marais d'Ainderly, près des saules de
Thombill. » Nemrod célèbre également les exploits d'un autre
héros clérical : « Le vicaire de P. est un bon diable; il chante
souvent à ses paroissiens des chansons de chasse; le jour de
la fête de la dime , il leur raconte un grand nombre d'his-
toires amusantes et il les régale de son mieux. Je me rappellerai
toujours l'invitation qu'il nous adressa à sir Bellingham Gra-
ham et i moi, la dernière fois que la chasse passa dans son
voisinage. « Mon vin, nous écrivit-il, est de la meilleure ré-
colte, et si vous en buviez une certaine quantité, vous auriez
bientôt des yeux semblables à des groseilles cuites.x) — C'est à
ce di^e ministre qu'un ami dit un jour au sortir de l'ofBce
où il avait prêché : «Décidément, je vous aime mieux en bou-
teille qu'en pièce. »
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31& Ua GHASSEUBI» AKUJOS EN 18(^2.
La pfovîace de Graven se vante, depuis l'aînée 1898, de
posséder le phis extraordÎDaire de tons les ministres passés,
présents et futurs: ce Le révérend F. F., dît Tauteur des
Bunting tours (page 138), habite le village de Kentbury,
situé à quatre milles de Hungerford, dont il est le recteur.
Il a rendu d'éminents services à la société à Tépoque des
troubles; quand la chasse au renard et toutes les autres tn-
stitutions précieuses de l'Angleterre se trouvaient menacées des
plus grands dangers, il demanda et obtint le commande-
ment d'un corps de yeomen du comté de Berk. Georges III
passait un jour ses troupes en revue à Windsor: «Le oolonel
Fowle, dit-il, est non-seulement un des meilleurs oSdersde
mon royaume, il en est encore un des meîHears prédicateurs,
un des meilleurs tireurs, un des meilleurs chasseurs, un des
meilleurs cavaliers. Qui n'eût été fier d^in pareil compliment
fait par un tel homme ? »
Blackstone assure qu'à la mort de chaque évoque, sa meute,
ou une somme équivalente à sa valeur, revenait de droit au
roî. La chasse a donc été au moyen âge considérée comme
une récréation épiscopale, et nous ne devons pas nous éton-
ner que quelques-uns des chefs suprêmes de Téglîse d'Angle-
terre en conservent encore aujourd'hui le goût. Un ministre
mort il y a peu d'années entretenait une meute magnifique et
passait pour un des meilleurs chasseurs de son temps. Quand
il eut l'honneur d'obtenir la mitre, il donna ses chiens à son
irère, qui en eut le plus grand soin, et il renonça à tous les
plaisirs du sport. Un jour cependant il se promenait à cheval
dans une forêt oà il ne s'attendait nullement à rencontrer une
chasse. Tout à coup i) aperçoit un renard. Les chiens étaient
en défiiut. A cette vue , Son Excellence ne peut pas se conte-
nir, elle hâle les chiens de sa voix la plus belle. «HaHool
— répond un des chasseurs. — Halloo, balloo ! répète Son
Excellence. — ^Bfarchons, s'écria un piqueur à ses compagnons,
Dieu me damne si ce n'est pas YBvangih! r>
Si les membres du clergé ne chassent plus par plaisir, îb
devraient désormais chasser par devoir ; car ih trouveraient
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GHASSBCXft AirttLiJS MB 1813. M5
soavMi VùQfumm d'eiercer leur saint minîslère, de prodigver
«aUeseéft etau mcHUuUs lescoMBoteticMisel lessccoars delà
rdigion. La dbaaêt n'est plus oqoard'kai qa'une course au clo-
ebery c'est-à-dire le plus dangereux de tous les divertissenents
fu^ )'lK>iDnifte ait pu ûvrenler poar se distraire oupourse
roBprele com;cariliie s'agit paftmainileBaiitde faire preuTé
dhiîiileté, d'adresse^ 4e scicnee^ mais sericment de vitesse.
c Nous avons fidt une cbasse saperfoe, ècriraît un Meho^
niett i soa père. Huîtmitks en vingt-six minutes.Si je n'avais
pas trouvé ua diefal de relais i moitié ekemi», il n'eàt été
impossible de suivre les dûens. » Dans certains comtés, les
chiens coooBiienccBt i partager ropinioo de leurs maîtres.
Pour eox la dusse ne sera plus désormais qu'une simple pro-
awMde de quekptts heures au triple galop. De trouver du gi-
hifir, ils ne s'en inquiéteroDt plus. La meute de M. Gorbet a
bnè denûèrement un boule-dogue en une heure.
Ces anecdotes m'en nqppellent une antre fovt divertissante
ipej'aî entendu raconter plusieurs fois i un de mes amis.
— Un vieux gentillàtre provincial» ayant beswi d'un fiisil
qu'il avait déposé cbes un armurier de la ville voisine éloi-
(Bée de cittq ndUesy fit venir son fils ; ce jeune honune était
ééjiégé de seiieans: a Georges, lui àii-Q, tu vas fiaire seller
Ion meiOenr cheval tk aller i la ville chercher mon fasil. Je
te donae traite minutes. D est cinq heures, par conséquent
il imt que tu sois de retour à cinq heures et demie.
— Vous pouvez compter sur moi, mon père, » répondit le
jeane homme, et il partit.
Vingt minutes après il était de retour et il se précipitait
dans le salon la montre à la main. « Vous le voyez, mon
père, s'écriait-îl, vous m'aviez donné une demi-heure, et je
n'ai mis que vingt minutes.
— Cest bien, Georges, répondit le père ; où est le fusil?
— Le fusil, s'écria Georges en se frappant le front comme
si la raison lui fAt revenue tout à coup, je Toi oublié... mais
je n'ai mis que vingt minutes. »
Kon-seulement pour être bon chasseur il faut faire quinze
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316 LES CMASSEUBS ANGUUS EN 18^3.
oa vingt milles à Thevre, mais on doit nerecuter devantaacun
obstacle, franchir et sauter, quelles que soient leur largeur
et leur élévation, toutes les barrières, toutes les baies, tontes
les rivières, tous les fossés, toutes les murailles que Ton ren-
contre. Et ce n'est pas,— soyez-en bien convaincu, cber leo»
teur qui avez des goûts tranquilles et pacifiques, — une petite
besogne dans un pays sillonné de coyrs d'eau et tout hérissé»
outre les portes et les clôtures ordinaires, de ox et de bul/mck
fenety comme le Leicestershire. Peut-être désirez-vous savoir
ce que signifient ces mots ; eh bien, je vais vous l'apprendre.
Leaxfence (clôture du boeuf) se compose d'un large fossé, d'une
énorme haié bien remplie d'épines, puis deux verges plus loin
d'une forte palissade en bois d'environ quatre pieds de haut. Le
hulfinchfenee (clôture du taureau) est une haie très-fourrée, entre
deux fossés, et si épaisse et si haute qu'aucun cheval ne peut la
sauter. Les chasseurs travenent ces clôtures au grand galop ;
les branches qui s'écartent pour leur livrer passage se refer-
ment si vite derrière eux, que dès qu'ils sont de l'autre côté,
il est impossible de voir par où ils ont passé. On a peine à
comprendre comment les épines ne leur crèvent pas les yeux.
Les jportfmen anglais, notre impartialité nous iait un devoir
de leur rendre la justice qui leur est due, bravent tous les
dangers avec un sang-froid, un calme et un courage qu'on
peut regretter de voir si mal employés, mais qui méritent,
après tout, d'être signalés à l'admiration publique. Les preu-
ves ne nous manqueront pas :
De tous les chasseurs que j'ai connus, dit Nemrod, un gentleman
nommé Stanhope est celui qui a montré devant moi le plus pro-
fond mépris pour les conséquences d'une chute de cheval. Il tomba
le vendredi et se blessa à l'épaule; mais il n'avait rien ni de cassé
ni de démis. Le lundi suivant, nous le vîmes arriver cependant, le
bras en écharpe, et il tint presque toujours le premier rang parmi
les chasseurs qui, ce jour-là, forcèrent un renard en quinze mi-
nutes. Ayant eu le plaisir de le revoir le soir chez sir Bellingham,
je lui demandai s'il n'était pas dangereux démonter à cheval quand
on n'avait qu'une main de libre. Il me répondit que son cheval
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LES CHASSEURS ANGLAIS EN 18b2. 317
était trè»-doQx, et ne TaTait jtmais jeté par terre. — Ne vous y fiez
pas» répliqaai-je à mon tour; et notre conTersaUon finit là. Le
jour soÎTant, nous chassâmes un autre renard qui nous fit courir
une heure dix minutes. Au milieu de cette course rapide» il Tallut
sauter un ruisseau. Nous étions tous sains et saufo sur l'autre boid
lorsque Stanhope arrifa. Malheureusement pour lui, il sauta sans
afoir choisi sa place, et il toml» avec son cheval. Nous le crûmes
tous mort, car ce ne fut qu'au bout de cinq minutes qu'il com-
mença k donner quelques signes de vie. On le saigna à Bosworth
avant de le ramener chez sir Bellingham, et le docteur eut toutes
les peines du monde à lui persuader qu'il avait deux ou trois côtes
enfoncées. Cependant une petite toux sèche et d'autres symptômes
également infaillibles ne permettaient pas de conserver le moindre
doute i cet égard; mais il repoussa tous les conseils qu'on lui
doona^ affirmant qu'il serait parfaitement rétabli sous peu de jours;
Aussi, le jeudi suivant, à peine entendit-il résonner le cor qui ap«
pelait les chiens k la chasse, qu'il se leva et monta à cheval, tenant
toujours son bras en écharpe.
Ce jour-là, quelques chasseurs, parmi lesquels était M. Stanhope,
se trouvèrent tout à coup à l'extrémité d'un champ fermé. Un des plus
hardis cavaliers de la Grande-Bretagne descendit de cheval, chose
rare, et essaya d'enlever quelques pièces de bois d'une barrière qui
lui paraissait infranchissable. « Laissez cela, lui dit tranquillement
M. Stanhope; j'ai un bon cheval. » En achevant ces mots, il lança
son cheval contre la barrière ; mais la pauvre béte retomba à terre
avec son maître, après un eifort inutile. Alors sir Bellingham s'ap-
prochant de son hôte : « Stanhope, lui dit-il, vous êtes un brave;
mais, au nom de Dieu! vous ne remonterez plus à cheval aujour-
d'hui. Allez à Leicester, montez dans votre voiture, faites-vous con-
duire à Londres, et soignez-vous. » Stanhope suivit enfin ce sage
conseil, et M. Ueaviside constata qu'il avait deux côtes brisées et
le sternum enfoncé.
II parait, si nous en croyons Nemrod, que sir Bellingham
aurait dû profiter quelquefois, pour son propre compte, des
excellents conseils qu'il prodiguait aux autres :
Comme tous les cavaliers un peu hardis, sir Bellingham Graham
fit plusieurs chutes graves; mais, deux fois, il échappa par miracle
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316 LES CHASSBUBS A9GLAIB EK IBiA.
à la mort. Un jowr, il poursuivait «n reaard de très-près, qinndll
raacoatra une bortière four les boeufe. Traés chasseors inlvépite
étaient sur ses iaWas... Janais sîr BeUhiginm n'aimit fait voMa-
faœ. Il lance son cheval, qoi saute et ^i, retomliant sur hb pa»
teaw» Tenvcrse son aaâtre sous lui. Tout «toujdi 'de sa oliole ,
sir fidlingham se relève «t ae react en selle ; nais quelquea pu
pte ioin, sîr fiarry Goodrîcke, s'aipensevant qu'il chancelait, ea«>
rul i son seooars, et farviiit à Tempécher de tomber. Depvis w
n»ment, c'ert-è-dire di^oîs midi jusqu'à neuf bernes du soir, le
lendemain, sir Beilingham resta sans connaissance» «craché sur «■
tas «de fein, oii<ses annîB t'avalent transporté. On eut les «raînies Jea
pi«B aériennes pour sa vie. Le premi>er jmir^ «n le satgna trois Mb.
Il garda ensuite ia liât pendant cinq javrs. le septième jour^ ses
amis fiareat ètan»semen t sntpris de Tapercevair en calèdhe à Scrap-
toff. n il avait voulu, disaîl-él, assîMr srarplement au départ des
chaens« i» Cependant sa Toiture ne pcpavant pas dépasser 'sne
certaine limite, il «onU «n <flieval très-éevx, qifil avait
fait amener tout exprès, et enveloppé dasM «ne ^épaisse redingale
et^ans un <Mle, il atle&dit patiemment Couverture de la chasse.
Le renanl fat Menlôt lancé. BisfffaenreiiseBBent pour sîr 9cS-
ingham, il -Aécmtt «ne lègève i»uit)e, Kvint sur ses pas «I dè>
pista les «dhiens. A t^eVte vue, sir Béifingfaam Iran éalin se dé-
bairasse des vêlements qm le gênent, lance son cheval au galop, et
ramène les chiens sur la pîsle. Un instant après, A «*apercoU
qif une aosnclle etreur vient fl^^étre comnnse; H amrdie son vnt &
un piqueur, car il ne pouvait parier, «n sonne avec une vigueur
peu commune, puis, empoitéparsa passion, 11 'suît la éhasse pendant
une tieure «ft demie, franchit des barrières, saute des fossés et ne
s'arrête enfin que lorsque le lenard, épuisé de fatigue, s^est Inssè
pnendre parles chiens sous ses yeux. Alors, le visage couvert d\me
pîflcnT mortelle, ildescend ^e cbeval, « s*asseyairt par terre : « Keu
seul, s'ècrie-t-il, sait comment je regagnerai mon lit.»
L'exemple de sir Bellingham trouve chaque Jour de nom-
breux imitateurs. M. Henry Kii^scote montait un cheval
borgne. A la suite d'une longue course, l'œil unique de cet
anÉHud s'entaflHBa, et la«^îcr.acqiitlNefitlti9aB46peB8
laprouve^ioe In pauvre bAeiie^ii!^Ss{^aitplnsTîm*âevaBt
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LB8 GDAflSRnS A1I6L4IS SV «BMi. 319
eOe. D ne s'e« mqaiéta pas cepêmlmft; et Inen qa^H tombU
ùisteBt sur une hute ou daos vu fossé, îl suivit h
l'i la te. Il avait feit osée chutes ^gncfes.
M. Âssheton Smith (le Tom Snith si connu des chasseurs)
était enoem fdas diifidie à confeater. fl ami calcnlé qa'il
tonbaîlytm moyenne, quatre-yingfts oa cent fois chaque année.
Un jonr il snivait à la dnksse M. John White , qui, arrivé le
pranier devant une haie, au u&A endroit qni fAt praticable,
s^éfcait engagé, mais ne pouvait pas parvenir à en sortir.
«Avanoes donc, toi cm M. Saoîth. — Impossible, répondit
H. liXUte. — Un bon coup d'éperons, et vous <6les de Faotre
cbiè. — Corfalenl répliqua IL Wiiite farieux, si vons êtes si
pressé, pcarquoi ne me poossez-vons pas?)» A ces mots,
M. Smith s'élance comme à l'assaut, envoie M. White tomber
avec MB tdbevBi dans le champ msin, et Ipqus deux oontî-
oneat knr chasae ooniiie si elle n'avait pas été nlerrosipu^.
Les thevatox de M. Snitfa étaient, A ce qu'il paraft, habi-
taés à ne reculer devant nncan obstade; car on jour, tandis
que «et intrépide ohaBsenr m reteum^ peur exdter ses
, hdbBvwi qu'il monteât s'âança avec lai «a miliea d*iai
i profiand eu ils finHirent se noyer tous deax. Td «aaftre,
td valet, dit le fro^ibe. iadk Shîrief , un des piquemrs de
ILâttilii, griopailA la descente d'une côte escarpée, les vènes
pendanteB, un énenne couteau <nrvertdaBs ta bmdhe, et
trés-eénensenaent occmpé i mettre une notr^lle m&die A son
Kans ipencnons nndlqAier A Tinfini des ameedoites de oe
geare. Un piqneur de IL Lambton franchit une InmAe barrière
de bois poiur mnsttre les «Ineas sur la voie. Le <A»oc egt m
râlent ^pe ia pauvre béte, incapable de nl^B^ler, toid»é
tene nvee un bruit AamUe, la lète en avant ; Ile cwvalîer fuito
debout sur sn rHu, et ne •œsee pas an eeul imttant d'esciter
lesthiens delà voix. Un autre chàaBearatvafit b^ un nombre
prodigieux de chutes, laass il ne s*étail jamais blessé. €n
jonr— jour néfaste — son cheval s'abattit sur lui, et pour
■oasserrindas expnmiom de Kemrod, le roula comme «n
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aSO LES GflASSEURS ANGLAIS BN 18^2.
cuisinier fait d'une croûte de pâte. Lorsqu'il se releva il était
tout aplati, et il pouvait è peine se tenir sur ses jambes. Ce-
pendant il remonta à cheval, a Cette fois-ci, grommela-t-il
entre ses dents, je dois être blessé. x>
« — J'ai un mauvais cheval, disait un autre chasseur; non-
seulement il tombe souvent, mais quand il est par terre il
reste sur moi pendant plus d'une demi-heure. »
— Un quatrième original de la même force eut la conver-
sation suivante avec Nemrod : « Âh ! monsieur, j'ai été cruelle-
ment maltraité; j'avais trois côtes enfoncées du côté droit,
deux du côté gauche, les os du cou brisés, une cuisse cassée,
et j'étais scalpé.Yous vous rappelez Valentine de sir Watkins?
— Sans doute ; la béte la plus vicieuse qui ait jamais porté
une selle.
— Eh bien, monsieur, au moment où nous partions à la
poursuite d'un renard , elle me jeta à terre et me détacha de
telles ruades sur la tête que la peau de mon front tombait
sur mes yeux et le long de mes joues. x>
Un des veneurs de M. Newton Fellowes fut plus heureux.
Sautant un jour par-dessus une barrière sur une route récem-
ment chargée de pierres, il eut la présence d'esprit de saisir
au vol une branche d'arbre suspendue au-dessus de sa tête
et de laisser son cheval continuer seul un saut trop dangereux.
Il y a quelque temps, une jeune femme, qui avait pris le
chemin de fer pour se rendre à Souths^pton, eut la douleur
d'être séparée à tout jamais de son nez par une pièce de
bois qui le lui emporta. Dès que ce malheureux événement fut
connu, le nombre des voyageuses diminua de plus de moitié
sur ce chemin de fer. Ainsi, à en croire quelques historiens,
les jeunes patriciens de l'armée de Pompée s'enfuyaient en
désordre quand les vétérans de César visaient à leurs visages.
L'accident arrivé à M. Wiliiamson aura sans doute guéri plus
d'un Meltonien de sa passion pour la chasse. Mais cédons
encore une fois la parole à Nimrod :
Billy WlUiamsoa , dit l'auteur des BuMing tours, fat mis ce
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LES CHASSEURS ANGLAIS EN 1842. 321
jour-là hors de chasse, qu'on me permette celte expression, par an
aiïreux accident. Nous franchissions une petite barrière qui nous
séparait de la route, lorsque son cheval s'abattit et le jeta à terre
avec une grande yiolence. Comme je le suivais de très-près^ je m'a-
perçus immédiatement que l'accident était grave; car, dès que le
jnaitreet Tanimal se furent remis debout sur leurs jambes, ils allè-
rent l'un à droite, l'autre à gauche. Les mouvements de William-
son avaient quelque chose d'effrayant; il courut comme un fou
furieux tout le long de la route, en frottant sa tcte avec ses mains
pendant plus de cinquante verges, puis il s'arrêta tout à coup et
tomba à terre. M. H. et moi, nous courûmes aussitôt vers lui, et
nous Vaidâmesà se relever. Toutes les dents du devant de la mâ-
choire supérieure étaient brisées; il vomissait des flots do sang, et
il se'pbignait beaucoup de la tête. Il est complètement guéri à
présent; mais c'est une triste chose de se voir, dans la fleur de
l'âge, défiguré pour jamais. Plus tard, il racontait sn disgrâce :
« Je n'aurais pas, disait-il, donné mes dents pour I,000 liv.; mais
j'en regretterais moins cruellement la perte si cet accident fût ar-
rifé à la fin d'une belle chasse. »
En général, les chasseurs aiment mieux sauter des barrières,
des murs, des haies, que des cours d'eau. La crainte de
prendre un bain froid calme l'ardeur den plus intrépides.
Toutefois, quand la nécessité l'exige, ils s'exécutent avec un
empressement et un sang-froid remarquables ; souvent même
ils bravent le danger uniquement pour se procurer un mo-
ment de distraction. M. Mytton, un des plus hardis cavaliers
de notre époque, sauta un jour, à la fin d'une chasse, une
rivière qui avait plus de sept verges de largeur. Une autre
fois il s'engagea à faire faire au même cheval — le fameux
Bwronet — un saut encore plus extraordinaire par-dessus des
claies; mais Baronet, qui avait sauté plusieurs fois admira-
blement avant l'heure fixée, refusa de recommencer en pré-
sence des juges, et son mattre perdit son pari.
Lord Alvanley et M. Maher parièrent un jour cent guinées
qu'ils sauteraient un ruisseau de six verges de largeur sans
troubler en rien la surface de l'eau. Ils sautèrent l'un après
5* SÉRIE. — TOME XI. 21
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322 LES C1U5SEUBS ANGLAIS EN i8ik2.
Tautre; mais le cheval de lord Alvanley fit tomber un peu de
boue dans Teau, et les juges dédarëreni à Tuioiiimité qœ
M. Maber avait gagné les cent guinées*
Si le cheval qai santé un covrs d'eao n^atteint pas la me
opposée, le malheur de son cavalier inspire rarement à ses
compagnons de plaisir qnelqne sentiment de pitié. Lorsque
te fameux Dick-Knight chassait dans le Northamptonshire, il
aperçut un jour, en sautant une large et profonde rivière, un
fnFortuné gentleman que sa monture avait précipité au milieu
même de la rivière, et qui se débattait contre le courant :
« Vous nagez comme un bouchon, » lui cria-t-il en riant, sans
songer à s'arrêter pour lui porter secours.
Nemrod raconte dans son ouvrage intitulé The chose» thê
turf and the road^ une anecdote du même genre, mais encore
plus caractéristique. Il s'agissait de firanchir le Whissendine»
ce Rubicon des Césars de la chasse. Sept cavaliers arrivaient
en même temps sur ces bords fiuneux; trois s'arrêtèrent tout
court, car leurs chevaux refusaient de sauter; cependant une
seconde tentative fut plus heureuse, et ils parvinrent sains et
saufs sur la rive opposée : les quatre autres étaient tombés
avec leurs montures au milieu du ruisseau. « Quel est celiii
d'entre nous qui disparaît sous son cheval ? demanda M. Green
de Rolleston, non moins bon chasseur qu'excellent cavalier , et
dont la vieille jument avait rasé la surface de l'eau aussi l^è-
rement qu'une jeune hirondelle qui se mire en se jouant sur
les flots par un beau soir d'été. *- C'est M. Middleton Bid-
dttlph, répondit une voix. — Pas de méchante caloraniep s'é-
eria M. Middleton Biddulph; me voici. — Alors, répliqua lord
Forester, ce n'est que Dick Christian; il est habitué à de pa*
reils malheurs. — * Mais il va se noyer, s'écria avec effiroi lord
Kinnaird. -^ Il n'y aurait riem d'étomnamt, répondit M. Wil-
liam Coke, mais nous n'avons pas le temps de nous en ocot*
per. En avant, messieurs* » Ce malheureux Dick Christian, qui
inspirait un si tendre intérêt à M. William Coke, est un cé-
lèbre écuyer ; il dresse de jeunes chevaux à la chasse an renard
moyennant la faible somme de 15 shellings (23 fr.) par jour.
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us CHASSECBS AVQLAIS JÊM 1819. 39S
Les murailles sont plus dangereuses que les coms d*eaii;
iHis les cheraux et les cavaliers irkndais les affironteat avec
la plus par&ûte indifléreiiGe. Aox graiides foires de cheraax
de Ballinasloe, tous les chevaux dâiiveat snter le mur da
marché» haut de plus de six pieds; et H. Blaine affirme avoir
fil une jHment irlandaise, qui n'était pas de par sang, sauter
dans le Parfc-Phœnix un mur de sept pieds, coMtmit tout
exprès. En 1798, un aatre cheval irlandais appartenant k
M. Bingham, sauta deux fois de suite le mur d*Hyde-Pait
à un endroit où il avait huit pieds de haut« La seconde fois
il déplaça seulement quelques pierres. M. Mytton a passé un
jour par-dessus une porte hanie de sept pieds avec un che-
val que Nemrod lui avait vendu cinq cents guinées. Toutefois,
SI nous devons ajouter foi aux indiscrétions de Neaorod, dans
le pays quThabite M. Mytton, c'est-à-dire dans le Shn^bire»
kmqu'on désire connaître d'avance les exploits foturs d'un
diasseur, on ne demande pas — qad cheval monte-t-il aujour*
dirai? mais -» combien de bouteSles *-441 vidées ce matin?
Les chasseurs de renards s'exposent qadquefois à d'aussi
glands dani^rs en traversant les cours d'eau à gué ou à la
nage qn'en faisant les sauls les plus périUeax. Il y a quel-
ques «uiées, trois gentlemen se noyèrent le même jour dans
divers comtés. A ce propos, nous croyons utile de relever
Me grave erreur commise par Nemrod et asset généralement
lépandae. c Un de ces trois chasseurs, M. Theakstone, dit-il» .
était un excdient nageur, mais on doit croire que le poids
de ses habits l'a entraîné an fond de l'eau, car les habits d'un
chasseur pèsent an moins dix livres lorsqu'iU sont secs et le
double quand ils sont mouillés. » Comment ce savant et spi*
ritael écrivain a-l41 pu écrire une pareille phrase? Ignofe4-il
donc que l'eau ne peut pas augmenter le poids d'uo objet
qnalcoaciae {dacé dans l'eau? Vu reste, nous devons recon-
naltare «pmTleattod donne d*exoslIents conseils aux sportsmen
qd se trouveraient obligés de passer une rivière profonde avec
leur dieval. Il leur recommande de quitter la selle, de se tenir
dans rean jusqu'au cou et de ne pas Ikher la crinière. Après
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SSk LES CHASSEURS ANGLAIS EN 181^2.
tout, la manière de se tirer d'aiFaire en pareil cas est de sui-
vre Texemple d'un gentleman de StafFordshire qui chassait
un jour avec feu M. Meynell, le grand M. Meyndl, comme
disent encore les chasseurs. Avant de se mettre à Teau, il
s'était complètement déshabillé et n'avait gardé que son vê-
tement indispensable « Avez-vous vu la chasse? demanda
lord Forester à un paysan. — Oui, monsieur, répondit cet
homme; mais elle est déjà loin d'ici. — Qui est-ce qui sui-
vait les chiens? dit alors son Excellence. — Je n'ai vu que le
meunier, répliqua le paysan; mais il allait bon train, je
vous assure. » Ce prétendu meunier était M. G. en cherme.
. Lord Byron a fait de don Juan un chasseur assez distin-
gué. ((Il sautait, dit-il, haies, fossés, doubles clôtures; il ne
caponnait jamais (lord Byron dit craned]^ il ne faisait qu'un
petit nombre de faux pcLs,., . il violait, il est vrai, divers sta-
tuts des lois sur la chasse, car le jeune homme le plus sage
fait souvent des fautes; danç plusieurs chasses, il laissa son
cheval passer par-dessus les chiens, et dois-je le dire? une fois
par-dessus quelques gentillâtres provinciaux. »
Sauter par-dessus un chasseur au risque de lui casser la
tête, c'est une peccadille dont les plus habiles sportsmen se ren-
dent journellement coupables. Un ami de Nemrod lui racon-
tait que dix-sept chevaux avaient sauté l'un après l'autre au-
dessus de lui sans lui faire aucune blessure grave; il n'avait
eu qu'une légère contusion au bras droit. Le duc de Wel-
lington, chassant un jour dans le Hampshire, fut jeté avec sa
monture au fond d'un fossé, et il vit huit paires de sabots or-
nés de fers brillants passer successivement à quelques lignes
de ses yeux.
Une fois lancés, certains chasseurs ne peuvent plus s'ar-
rêter; il y en a même qui partent avant les chiens ou qui
cherchent constamment à les dépasser. Un vieux marin avait
été invité par lord Hivers à une partie de chasse. Dès que le
lièvre fut lancé, il s'élança ventre à terre à sa poursuite.
« Que diable prétendiez-vous faire? lui demanda son hôte
quand il fut revenu auprès de lui après une course inutile.
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LES CHASSEURS ANGLAIS £N 18^2. 325
— Forcer le lièvre, répondU-il ; n'est-ce pas dans ce but
que nous le chassons? Si vous aviez tous suivi mon exemple,
nous le tiendrions déjà.» — «Monsieur, disait M. Ward à
un autre de ces héros impatients et inexpérimentés, pensez-
vous que vous pourrez forcer le renard vous-même? — Non,
monsieur. — Alors retirez-vous et laissez mes chiens le
chasser. »
<K Prenez garde aux chiens, monsieur, criait un jour Watty
Wilkinson à un dandy. — Oh! mon cheval ne rue jamais.—
le vous crois, mais il pourrait leur écraser la queue. »
M. Corbet affectait en pareille circonstance une politesse
ironique. « Ce n'eêt rien^ dit-il à haute voix en passant près
d'un chasseur qui venait de tuer un chien ; on a tué le meil-
leur chien de ma meute : voilà tout. »
Lorsque les conseils bienveillants ne produisent aucun
effet, M. Beckford engage ses confrères à employer successi-
vement les allocutions suivantes : « Je vous en prie, mon-
sieur, arrêtez votre cheval. — Je vous en prie, arrêtez-vous.
—Dieu vous bénisse! monsieur, arrêtez. — ^Dieu vous damne,
monsieur, arrêtez votre cheval. » M. Nicholls avait un jour
profité de la leçon de M. Beckford; mais le gentleman auquel
il s'adressait prit la chose au sérieux : « M. Nicholls, s'écria-
t-îl, je ne suis pas venu ici pour être damné. — En ce cas,
répliqua tranquillement M. Nicholls, retournez chez vous, et
soyez damné. »
Un bon cavalier peut-il soutenir son cheval avec sa bride,
Fempécher de tomber quand il fait un faux pas, ou l'aider à
s'enlever quand il veut sauter? Blaine et Nemrod n'hésitent
pas à l'affirmer ; mais le lieutenant colonel Greenwood, un
des meilleurs cavaliers de la Grande-Bretagne, a publié il y
a quelques années, un petit traité de l'équitation (1), dans le*
quel il émet et défend l'opinion contraire.
On entend souvent, dit-il, un cavalier assurer qu'il a enlevé
(1) Binti on horsemanêhip, by an officer in the household brigade
CtTalrj. LondoD, 1837.]
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398 LES GHASSECBS ANGLAIS BK iSk/à.
ton cheval par-dessus une barrière, on que son cheral anrait Mt
plusieurs chutes s'il ne l'eût pas soutenu. II importe de relefer
cette erreur vulgaire, qui repose sur une i«ipossibîlilè mécaniqm.
Dix hommes pourraient sans doute, à l'aide d'un cric, somleverle
poids d'un cheval; mais attachez ce poids â la faible rêne d'à
bride de femme» une jeune amazone le soulèvera-t-elle de i
gauche? Je ne le pense pas, bien qu'on le croie génëralemeat...«.
Cette erreur à des conséquences fâcheuses : plus d'une fois un ca-
valier tourmente son cheval alors qu^îl devrait au contraire l'aban-
donner entièrement à lui-même. En serrant sa bride et en lui cau-
sant une douleur plos ou moins vive à la bouche, il l'oblige i
secouer en l'air la télé et le cou; il l'empêche, par conséquent, de
choisir Tendroit où il doit poser le pied dans un passage difficile et
sauter une barrière. Quand le ébeval libre fioiit un faux pas, fl
baisse la tête et le cou. En effet, ses épaules se trouvent alors dé-
iMirrassées d'usé partie de leur poids, et il profite de cet instant
pour tenter de se remet<re debout. Le ooutraignez-vous ea puiuil
cas à relever la tête et le cou, uius charges ses épaules d'uu poids
inutile; en outre, vous retirez à ses jambes la foroe musculain
qu'il emploie pour faire un pareil mouvement.
Il y a donc impossibilité mécanique à soutenir un cheval laah
qu'il tombe. Je démontre cette vérilé de la manière suivante :
Aucun corps ne peut être mis en mouvement sans une force
étrangère, ou sans un point d'appui étranger :1a force d'un cavalier
n'est pas une force étrangère, puisqu'elle est employée entièrement
sur le cheval; elle ne peut pas trouver un point d'appui étranger.
Un homme assis dans une barque peut, à l'aide d'une rame, ac-
oâérer ou ralentir la marehe de la barque, parce que sa force agit
par cette rame sur l'eau, qui est dans ce cas un point d'appui
étranger; mais s'il tirait violemment, dans un sens ou dans un
autre, la chaîne attachée à l'extrémité de la barque, il n'obtiendrait
plus les mêmes résultats, car il manquerait alors de la force et ûa
point d'appui néoessuires.
Hais laissons là cette intéressante digression et revenons
à nos renards ou plutôt à nos chasseurs, à H. Hansted, dont
la noble conduite nous fera bien vite oublier les sottes bévues
que nous avons reprochées à ses indignes confirères. M. Ha
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LES CHASSEUES ANGLAIS BN 1819. SST
ted exerçait près de Newirary là profession de médecin. Un
joor il donna Tordre à son jardinier de tendre an piège dans
son jardin pour s'emparer de quelques animaux malfaisants
qai venaient la nuit manger ses fruits et ses légumes. Le len-
demain matin cet homme apportait à son maître un beau re-
nard qni avait une jambe cassée, a Malheureux, s'écria
M. Hansted pourquoi ne m'avez-vous pas réveillé de meil-
leure heure? je lui aurais remis la jambe. » Le jardinier était
stupéfait : « Il vaut mieux tard que jamais, dit le proverbe. »
H. Hansted, pansa la pauvre bëte, la soigna pendant plu^
neuis semaines comme le plus cher de ses malades ; puis,
quand il Veut radicalement guérie, il lui rendit sa liberté, et
quelques mois après il la tua de sa propre main à la fin d*une
cKasse magnifique.
« Je n'ai pas vu, disait souvent lohnKemble, un amateur jouer
assez bien la comédie pour pouvoir gagner treize shellings
par semaine à Covent-Garden otf à Drury-Lane. Ainsi, malgré
Its éloges qu'il leur prodigue sous tous les rapports, Nemrod
place toiqours les plus fameux sportsmen de la Grande-Bre-
tagne, le duc de Cleveland, M. Ralph Lambton, M. Nicholls,
M. Mttsters et autres, bien au-dessous des veneurs de profes-
sion : « n chasse bien pour un gentleman, )) disait un piqueur
célèbre en parlant de M. Ralph Lambton. Le duc de Cleveland
donnait tons les jours, sans exception, leur ration à ses
ekiens; mais il est permis de douter qu'il exerçât sur eux une
autorité égale à celle dont le nourrisseur [feeder) de sir Bel-
lin{^ham Graham nous fournit un exemple.
U oiiTre à deux battants la ptrte du ctonil , raconte on témoîii
•caUire, ei se teoant debout à une œrtaine distance» il appdle
plasienis chiens par leurs noms. Alors il se promène devant
les auges, renvoyant à leur place habituelle les chiens qui ontaul
fisamment mangé. Pas un chien ne cherche à franchir le seuil de
la porte. Ce jour-là» Yulcain, le chef de U meute» se trouvait près
de la porte, attendant patiemment qu'on l'appelât. J'en fis la r^
marque à voix basse^ mais il entendit son nom^ et il accourut
aussitôt lécher la main de sir Bellingham. Bien qu'il se trouvât
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338 LES CHASSEURS ANGLAIS EN lWk2.
alors à quelques cenlimclres d'une auge remplie d'une pAtéeodo-
ranle, il n'essaya pas d'y loucher. — Vulcain, lui dit son maître,
TOUS n'avez rien à faire ici. Aussitôt il se relira, et il alla rejoin-
dre ceux de ses compagnons qui étaient encore à jeun.
Une autre meute était tellement bien dressée, que, lorsque
le veneur prononçait ce mot de bitches (chiennes) , toutes les
femelles sortaient des rangs et venaient auprès de lui.
Un bon veneur doit connaître non-seulement les noms et
la physionomie de chacun des chiens de sa meute, mais ses
forces et son caractère. Il faut aussi qu'il ait une voix forte,
pure et mélodieuse. Enfin, pour rendre sa tâche moins pé-
nible, il est nécessaire de donner aux chiens des noms faciles à
prononcer, «Voulez- vous, dit l'auteur de l'article kound [chien]
dans l'Encyclopédie britannique, voulez-vous donner des
noms à vos chiens ? choisissez de préférence des mots de deux
ou de trois syllabes brèves, bs spondées ne convenant nulle-
ment à un pareil usage. » Du reste les amateurs pourront con-
sulter une liste de quatre ou cinq cents noms cpie M. Blaine
a insérée dans son ouvrage. «Peut-être, dit Nemrod, nous
fera-t-on un reproche de donner à des chiens des noms de
femmes ; on aurait tort cependant ; car après une belle femme,
il n'y a rien de plus beau sur la terre qu'une belle chienne.»
Nous ne saurions mieux terminer cet article, entièrement
consacré aux fox huniers, que par les deux citations suivantes,
qui en deviendront pour ainsi dire la moralité.
Si elle ne délivre pas l'Angleterre d'une grande quantité
de bètes malfaisantes, la chasse au renard produit du moins
— à en croire ses plus ianaticpies partisans — d'immenses
résultats sociaux. D'une part, elle tend à niveler toutes les
conditions; d'autre part, elle forme de braves et de vaillants
soldats. «La chasse, dit Nemrod, est une espèce de ftte
saturnale, dans laquelle tous les rangs sont confondus, tous
les privilèges cessent d'exister. Celui qui monte le meilleur
cheval et qui est doué de la meilleure constitution occupe la
première place pendant toute la journée. Un garçon boucher,
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LES CHASSEURS ANGLAIS EN 1&V2. 329
solidement assis sur son pony, peut jeter de la boue à la
figare du premier duc du royaume. Tel est, bien qu'on y font
peu inattention, un des nombreux avantages dont jouit le peuple
dans un pays de liberté. )> Cédons maintenant la parole à un
Tieil écrivain : « Quel fantassi;i s'élance à l'assaut avec plus
de courage que le jeune homme qui a depuis longtemps Tha-
bitude d'escalader les fortifications des prairies ou des jar-
dins ? quel cavalier maintient et dirige son cheval avec plus
d'adresse et d'intrépidité au milieu d'une mêlée, que celui qui
a passé sa vie à sauter des barrières, des fossés, des haies ou
des murs ? Instruit par l'expérience, le chasseur de renards
sait se tirer d'affaire dans les plus mauvais pas ; collines ou
yallées, marais ou déserts, défilés ou précipices, rien ne l'ar-
rête, rien ne l'effiraye ; il est capable de supporter une longue
fatigue; il sait dresser une embuscade, surprendre l'en-
nemi, attaquer ou battre en retraite à propos. Que de fois
le chasseur de renards n'est-il i)as revenu dans ses foyers
après avoir vaincu les ennemis de sa patrie ! Que de héros,
héritiers de ses vertus et de sa valeur, n'a-t-il pas laissés en
mourant à son pays I d
(Edinburgh Remew.)
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DBS COLONIES ANGLAISES
COflSISÉMÉMS
COMME POSITIONS MILITAIRES^
Sixième article (1).
Le trident de Neptaae est le iceptse da neade (S).
ux. — PQcuHPÉiriifa.
Tirant une ligne de Trinquemaie à environ dix-huit degrfi
plus loin de longitude est, nous arrivons à Tile de Podo*
Pénangy située à l'entrée septentrionale du détroit de Ml-
lacca et à peu de distance de la péninsule du même nom.
Celui que les indigènes !donnent à celte tle vient du palmier
qui produit l'arack, dont elle est couverte, et je Tai adopté de
préférence à l'appellation anglaise d'Ile du Prince de Galles;
c'est le nom original.
La Compagnie des Indes-Orientales a au moins autant de
droit que le roi d'Espagne à prendre la fameuse devise
Id utmmque felîx ;
car de ses vastes possessions, celles qu'elle n'a pas gagnées
par la victoire elle les a acquises à titre de don gratuit, et
c'est à ce titre qu'elle est devenue maîtresse de Poulo-Pénaflg.
(1) Voir les numéros de décembre 1841, février, mars, mai et juiolMi
(2) NoTB DU DIRECTEUR. L'autcur anglais a jusqu'ici attribué à la Harps
ce vers de Lemierre, que ce poëte appelait le vers du sUele. lusà m
bomme d'esprit impatienté dit-il un jour que Lemierre avait le rers soli-
taire.
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DES COLOHUS AHfiLAISES» ETC. 331
L'histoire de cette Ile est quelque peo romanesque. Après
Mre restée déserte et sans eulture pendant des siècles» elle
appartenait an roi de Quedah, dont la capitale était située
sur le continent En 1785, le capitaine d'un navire armé daot
rinde vingt jeter Tancre dans le port de Pénang pour y faire
de l'eau. Pendant cpie ses matelots étaient occupés à roonplir
ses pièces, il imagina qu'il serait civil à lui d'aller présenter
ses hommages à sa majesté le roi de Quedah. Or» tandis qu'il
était aUé £aire ses révérences an petit lever ou darbar, la pim*
oesae de Qœdah» soit curiosité, soit tout autre motif, s'ar«
langea pour voir le capitaine anglais, et à la première vue
éUe s'éprii d*nne belle passion pour lui. Au lieu de dévorer
ses sentîinents et de cacher ses pensées, elle révéla l'état de
80ii€aDarasonpapa,elIui,en honnête homme qu'il ètait,jetail
un regard miséricordieux sur les passions de mademoiselle sa
fflie, consentit au mariage. Comme il ne savait pas ce que
c'était que la diplomatie, il conta tout naïvement le cas as
marin anglais, et lui offrit avec la main de sa fille la propriélé
de la bette Ile boisée où il avait laissé son navire à Fancre.
Le galant marin, qui s'appelait Light, trouvant qu'une
princesse avec une Ile était un assez bel établissement, ao*
cepta Faffiiire, qui s'arrangea. Mais elle ne fut pas plus tôt con-
due, que Thonorable Compagnie des Indes le força à lui
livrer son Qe pour la somme de 30,000 £ (750,000 fr.).
Malgré l'envie qu'il avait de garder son royaume pour lui, il
bUnt céder, tt céder pour une somme qui ne représentait
eertaineineiit pas un dixième de la valeur réelle de cette Ile.
Cependant le transfiort fut consenti par le roi de Quedah, ipà
céda hii-mëme à la Compagnie, et ea Tannée 1800, une cer^
taine étendue de territoire siur la côte Malaie, vl8-4-vîs l'Ile de
Pénang, depuis l'embouchure du Qualla-Madda jusqu'àcetledu
Krian, eÉk>ng de trente-cinq milles sur une largeur moyenne
de quatre. La Compagnie s'était d'abord engagée à payer
pour la possession de l'Ile une r^te annuelle de 6,000 dollars
[H,&»t); cette rente fut portée ensuite à 10,000 (53,000f },
lors de la ooncessioa du territoire continental, qui fut appelé
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332 DES COLONIES ANGLAISES
province Wellesley. Les mesures prises pour attirer des colons
dans rtle et la défricher en ont aujourd'hui porté le nombre
à plus de 60,000. Cette population est ce qu'on appelle en
France une macédoine. On y trouve des gens de tous pays,
des Arabes, des Arméniens, des Bengalis, des Battas, des
Birmans, des Chinois, des Chalcas, des Caflres, des Chrétiens
indigènes, des Malais, des Boujis, des Parsis, etc., etc., sans
parler des Européens et des Cipayes. On y compte 1,300 cri-
minels déportés des présidences, et employés là, comme à
Singapore, aux défrichements. Une fois mis en valeur, le sol
est très-riche , donnant en abondance tous les produits des
tropiques. Parmi les plantes qui y croissent naturellement,
on remarque ce jonc solide, souple et à nœuds, dont on Sait
des cannes si connues ; on les appelle dans le pays juges de
paix de Pénang, et si nos tribunaux avaient le talent de ter-
miner les litiges soumis à leur sagesse aussi rapidement qu'on
le fait avec ce produit du règne végétal de TOrient, il n'y
aurait pas lieu à augmenter le nombre de nos juges, comme
on l'a fait encore récemment.
Le détroit qui sépare l'île du continent a environ deux milles
de large, et on dit que les animaux le traversent assez sou-
vent à la nage lorsqu'ils veulent changer d'air ou d'eau,
pour le bénéfice de leur santé probablement. J'ai entendu
raconter la merveilleuse histoire d'un terrible combat entre
nn alligator et un tigre. Une chaîne de montagnes nommées
Tandjong lancent dans le détroit deux promontoires, sur
l'extrémité de l'un desquels sont construites la capitale, appe-
lée Geôrge-Town, et la citadelle, qui protège et défend le
mouillage, lequel est sAr par toutes les saisons et par tous les
vents. Le ciel, même au renversement des moussons, est
toujours clair et serein dans ces parages; le vent n'y est ja-
mais violent; et enfin Pénang est l'un des lieux les plus salu-
bres de notre empire asiatique. Le détroit de Malacca, formé
par la péninsule Malaie et l'ile de Sumatra, est comme un
entonnoir; il va sans cesse en se rétrécissant du cété de son
extrémité sud-^st. A son extrémité nord est l'Ile de Pénang,
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CONSIDÉRÉES COMME POSITIONS MILITAIRES. 333
placée là comme une sentinelle pour garder le passage. En
temps de guerre, une frégate et une corvette seraient plus que
suffisantes pour le défendre et pour donner la chasse aux pi-
rata qui souvent infestent ces mers.
Poulo-Pénang a été pendant longtemps un des principaux
entrepôts du commerce de Topium, le plus singulier sujet de
guerre qu'on ait jamais vu. C'est pour le défendre que nous
avons déjà enseveli bien des braves dans les rizières de Chu-
san, et c'est à cause de Poulo-Pénang qu'on a vu récemment
plus d'un soldat chinois cuit en papillote dans ses habits de
coton, à la sauce de pierres à fusil avec un ioufflé de poudre
à canon.
XX. — BIÂLACCA.
Cette colonie, située sur la péninsule du même nom, entre
Pénang et Singapore, a suivi le destin de la plupart des colo-
nies asiatiques. Prise en 1511 sur les Malais parles Portugais,
elle a été enlevée à ceux-ci en 16^0 par les Hollandais. A
notre tour , nous nous en sommes emparés en 1795 pour la
rendre à la paix d'Amiens. Reprise par les Anglais en 1807,
elle a encore été rendue aux Hollandais en 1815 ; mais enfin
elle est retombée une troisième fois dans nos mains, en com-
pensation de quelques établissements que nous avions formés
à Sumatra et que nous avons abandonnés à la Hollande. L'im-
portance de Malacca vient des riches mines d'étain qu'elle
possède dans son voisinage. Elle n'a de valeur comme posi-
tion militaire que parce qu'elle possède un excellent port et
peut fournir de la viande et des provisions fraîches de toute
espèce aux bâtiments qui viennent y mouiller. C'était le lieu
de rendez-vous de l'expédition destinée contre Java, et pen-
dant le temps de son séjour les 30,000 hommes qu'elle portait,
matelots, soldats et suivants de l'armée, trouvèrent à s'y pro-
curer tous les vivres dont ils pouvaient avoir besoin.
XX!. — SINGAPORE.
On nous parle de villes qui sortent de terre comme des
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331b BKS COLONIES AVtfLAISKS
champignons dans les forêts de TAmériqne; ici nons voyons
«ne grande yille sortie de l'eau en mocns qne rien, comme dirait
l'Irlandais Paddy. C'est sir Stamford RafRes qui a été le fonda-
teur de cet établissement. Jugeant parfeitementle grand avenir
promis an commerce anglais dans l'archipel asiatique, il sentit
le premier qu'après la restitution de Java aux Hollandais^ un
entrepôt nous deviendrait absolument nécessaire dans ces
parages, et avec le coup d'ceO du politique et du général,
il arrêta ses regards sur cette He, alors presque inhabitée et
à moitié ensevelie sous les eaux. Le résultat a justifié tontes
ses prévisions. C'est en 1818 qu'on prît les premières mesures
pour fonder un établissement dans cette tle ; mais c'est en
1820 seulement qu'elle fut déclarée territoire anglais. En 1825,
la souveraineté de la Grande-Bretagne fut reconnue par une
eonvention avec le roi de Hollande, et par un traité conclu
avec le radja de Djihore, dont te territoire, situé à l'extréfaité
de la péninsule de Malacca, n'est séparé de Siagapore que
par un détroit qui, en certains endroits, n'a pas un demi-mille
de large . On paye à ce dernier personnage une 8<wime annuelle
de 20,000 piastres (106,000 fr. ) comme le prix de location
ées terrains. Lorsque les Anglais vinrent s'étaMir sur ce
point, toute la population de l'Ue n'allait pas à plus de
150 Malais, moitié pirates et moitié pécheurs; aujour-
d'hui elle dépasse 26,000 âmes. Toutes les productions du
monde commercial se trouvent à Singapore; éL quoique je ne
doive peut-être pas en parler, on me permettra cependant de
dire, pour rassurer les vieilles dames et les membres des
sociétés de tempérance, que si nos rdations avec Canton
avaient dA cesser par suite de notre querelle à propos de
l'opium, nous n'aurions pas eu à craindre wae disette de
l'herbe précieuse «c qui excite le cerveau, mais qui n'enivre
pas, » car les jonques chinoises nous en apporteraient à Sin-
gapore autant que nous voudrions, et presipie sans augmen-
tation de prix sur le cours de Canton. Sans compter les per*
sonnes amenées à Singapore par les jonques du commerce,
on y compte encore une population fixe de 10,000 Chinois, la
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CONSIDÉRÉES GOMME POSITIONS MILITAIRES. 33$
meilleure et la plus utile race de colons^ et que je voudrais
bien voir introduire dans toutes nQ3 colonies intertropicales,
y compris les Antilles. Ce qui distingue celte tle elle-même,
c'est sa salubrité, surtout avec les causes qui sembleraîeni
devoir agir en sens contraire. Une bonne partie du terrain
n'est pas autre chose qu'une suite de marais d'eau douce ou
salée, et à tel point que dans les faubourgs habités par les
Chinois et les Malais, leurs huttes de bambou sont perchées
m des pilotis, de sorte cpi'une partie de la population a l'air
de dormir sur des échasses. Les marchands anglais, qui ont
fait construire de très-belles maisons à Test du port, ont eu
soin de les établir sur des remblais de trois ou quatre pieds
de haut pour se tenir les pieds secs. II ne faut pas oid)lier
que cette eau stagnante, mêlée de matières végétales en putré-
fiiction, est soumise à l'action du soleil des tropiques.
Sous une latitude où le thermomètre ne descend jamais
au-dessous de 70* Fahrenheit (21%11 centig.), la position
insulaire de cet établissement ne suffit pas pour expliquer
comment toutes ces causes d'insalubrité n'agissent pas sur les
habitants; il doit y avoir encore d'autres raisons. Batavia,
situé sons des conditions presque semblables, est regardé
coamie le tombeau des Européens ; Chusan, situé sous le 32*
de latitude Bord, et couvert de rizières inondées, n'est pas
moins insalubre que la capitale des établissements hollandais
en Asie (1).
Si Singsqpore s'est, dès les premiers pas, élevé à une gran-
deur c<munerciale qui ne le cède qu'à celle de Bombay, il
l'est pas moins important comme ppsition militaire. J'ai
comparé le détroit de Malacca à un entonnoir dont une des
extrémités est occupée par l'ile de Pénang; i l'autre, celle
fû débouche dans les mers de la Chine, s'élève Singapore
(1) Note du ntfDACTBUB* ta rmiai^d du coIsbsI WilUe manque peal-
élre de justesse. Une enquête mUitaire semble prouver que la mortalité
des troupes anglaises à Chusan doit surtout être attribuée à la mautaise
qualité des Yivres qui leur furent fournis.
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336 DES COLONIES ANGLAISES
comme une sentinelle qui veille à rentrée du détroit ; en^effét,
les navires qui vont à Test doivent nécessairement passer
presque à portée de voix, à moins qu'ils n'allongent leur route
d'un immense détour en passant par les détroits de la Sonde
ou de Gospar, ou par celui qu'on appelle le passage de Gara-
matto; et même alors, quand ils mettent le cap au nord, sont-
ils obligés de passera portée de notre garnison. La seule route
qui permette d'éviter Singapore est celle qui suit l'immense
et difficile navigation du détroit de Macassar pour aller ensuite,
à travers les écueils et les bas-fonds dont cette mer est toute
parsemée , passer au nord de Bornéo.
Singapore était le lieu de rendez-vous de l'expédition diri-
gée en 18W contre la Chine , et ce n'est pas trop de dire
qu'il commande la navigation des mers de la Chine d'une
manière beaucoup plus efficace que Gibraltar celle de la
Méditerranée, ou Malte celle du Levant. En temps de guerre,
une frégate et un bateau à vapeur seraient ordinairement
plus que suffisants pour répondre de la sécurité de ces mers,
aujourd'hui surtout où il n'y a plus, à l'est du cap de Bonne-
Espérance , d'autre point que Bourbon ouvert aux flottes de
l'ennemi; et on sait quelle est la valeur de cette tie comme
établissement maritime [Ij. Si, par hasard, une expédition
importante arrivait dans les mers de l'archipel indien, Trin-
quemale nous fournirait les moyens de renforcer nos escadres,
et de Singapore nous dominerions toutes les lies voisines
comme déjà nous les dominons de fait. En temps de paix,
deux ou trois bateaux à vapeur armés pourraient être em-
ployés sur ce point avec grand profit, pour en faire le relevé
hydrographique, qui n'a pas encore été fait, que je sache, et
pour y protéger le commerce. Tout en poursuivant leurs tra-
vaux scientifiques, ils pourraient tenir l'œil ouvert sur les
pirates malais ; et pour ce double dessein, des bateaux en fer,
tirant peu d'eau, seraient les plus utiles.
(1) NoTS DU RÉDACTEun. Le colonel Wilkie semble oublier les ports hol«
landais de Java, Sumatra, etc.
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CONSIDÉBÉES COMME POSITIONS MILITAIRES. 337
On connaît assez aujourd'hui les proas des Malais pour que
je n'aie pas besoin d'en faire la description ; ce sont de longs
bateaux construits surtout pour la marche et qui bordent
îingt oa trente avirons. Ils portent aussi une voile latine;
mais ils se comportent assez mal sous voiles, et dans cette
position ils ne peuvent résister ni à une rafale ni à une
brise un peu fraîche. Mais dans ces latitudes où les calmes ré-
gnent presque éternellement, ces proas sont très-dangereuses
i rencontrer pour des bâtiments mal armés ou qui ne se tien-
nent pas assez sur leurs gardes. Par des brises légères, avec
la mer calme, elles ont bientôt distancé tous les bâtiments de
guerre, et c'est en vain que nos canots essayent de leur don-
ner la chasse. Mais aujourd'hui elles ont trouvé leurs maîtres.
n n'est pas de poissons volants qui soient plus effrayés de l'ap-
proche d'un dauphin ou d'un bonite que lie le sont les pirates
malais à la vue d'un monstre marin tel qu'un bateau â va-
peur tirant peu d'eau : toutes leurs ruses et tous leurs sub-
terfuges ne leur seraient d'aucun secours contre un ennemi
qui les poursuit sans jamais se fatiguer. La moitié de leur ter-
reur doit s'attribuer â l'ignorance où ils sont de la nature des
(orées dirigées contre eux.
Il n'y a pas â s'y tromper, la plus grande partie de nos
fiiccès contre les Birmans est due au prestige du bateau â va-
peur que nous avions sur l'Irawaddy. Les bateaux de guerre
des Birmans sont peut-être les meilleurs et les plus fins de
leur espèce ; beaucoup d'entre eux bordent jusqu'à cent grands
avirons maniés chacun par deux rameurs, et ils pouvaient
au premier instant distancer le bateau à vapeur; mais les
moscles et la force des hommes ne pouvaient pas tenir long-
temps contre la persévérance du piston,* et ils finissaient
par renoncer à la lutte, car ils ne comprenaient pas la raison
d'existence de ce mouvement perpétuel : idolâtres qu'ils sont,
ils avaient imaginé que cette machine flottante avec sa che-
minée n'était rien moins que. le Dieu des Anglais qui venait
les combattre en personne. Ils en étaient si bien persuadés,
qd'après la conclusion de la paix, lorsque tout fut arrangé,
5* SÉBIE. — TOME XI. ^
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338 DES CÛLOHlEft JilfiLA16BS
on eut toutes les peines du monde à décida deux cheb bir-
mans à venir visiter le bateau à vapeur. Lorsqu'ils arrivèrwit
à réchelle^ conuBe on éteignait las feux, oa lâcha la sem-
pape pour débarrasser la chaudière delà vapeur qu'elleeo»*
tenait encore ; le sifflement de la vapeur les effraya teileamt
que rien ne put les décider à manier TécheUe et à s'avenUimT
sur le pont; ils étaient convaincua que le Dieu desiU^Us
était irrité de leur présence et av^t iémoigaé son méeoDtea-
tement par ce bruit efibajanL
£n parlant des piraies laalaia» il ne iiaudraîi pas imaeiAtr
que toute cette race est donnée a h piraterie ; en réalité» elle
n'est exercée que par des fragments xLe tribus. Lm Malais ont
été jadis une nation puissante, ou, si l'on ve«t, une puisBMle
confédération de tribus^ et par k nombre ils sont ^loare
redoutables. Sumatra et lava ont été le berceau de oetle caœ,
et c'est de là qu'elle s'est répandue 4ans toutes les Qes des
mers de l'Inde. H est vraisemblable aussi qu'elle a iMné la
base de la populatioa de la Polynésie, ^ même qu'elle s'est
établie jusque sur les c6tesonenia]fisde l'Amérique du Sud. An
commencement duireizième siècle, nne émjgratioA partie de
Palemberg, dans Tlle de Sumatra, aUa fondtf uae ooiooîe daas
Japresqu'Hede Malacca^quia donAéleAomgéoàriquedeMBlais
i toute la racew quoiqu'elle ne soit pasaborigèyae de oe pajs.
Sous leurs rois de Java et de Suttatca, les Misais étaient
un des peuples importants de l'Asie. Ils avaient «ne langne
écrite et soumise à des rifles grammaticales ; quelques livras
écrits dans cette langue se trouvent dans les biUiothèfnts
des personnes qui s'oocupeat de liitèratore orientale. Les
jplus célèbres sont la ik GouronnedesauUans, » par BaUbory de
DJohor; la «grande Chroniquedes rois de Java» » et iepetae
de « Kiri Tamhouhan.» Quand les Portugais arriviseal en Asie;,
ils mirent à profit les querelles întestines des radyas. Dimêe
et impera, fut la devise de l^ur poUtiqiie. Qs lesamiomt ks
uns contre les autres et produisirent une S^iai» de piiihf
guerres. A la suite de ces démélés^aaaglaais, qnehpies tôhns
forent vendues en esclavage^ d'autres émiigrèreBt» et si la pins
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CONSIDÉRili GOVUe tOHJlWS MLITAIRES. 99$
gnMNie 9tKrim rtata dans s«» Ut» cm dur (a péniD«iUe, la ^eim
eepead^ai éiaii biisÀ»; la fMO'tia la plus daff^^euse da la
popnialton, ceHe q«tt conivendU iiu^ les esprits ûiquiet^ at
Uiiïbitleata» «a eonfia à 4 i'azar profond d^ flots » pwr y
cberehar sa via dans das ositvre» 4e meurtre ^ df lapina.
On troave des Nalaip mit laate$ le» •eôlas d« rtiida ; daai
laaies ae» ttee ik y tant aam nombrt ux que la» jtiife en £i»«
nya. Il n'ert pas un de noe éiabUeeeiMato warti imee» dapnîi
le Cap j«riqa'à Siaeepora, qui m compte quelque» ha})Uaala
de ccÉte raea; ile j axerceai lee nuèikr» de r6veo4euia, da
BBirctonde d'otijeto d'oceasîoa» d'acmfst de veille», et, an
général, de toolae la$ dearto pour rapprovieionneoieal 4ef
navire. Quelquefois nous les avons employés comme soldats ;
nous les avons toujours (roavés bneres et fidèles, et il y
aurait avantage à s'en servir, si leur esprit vindicatif, le trait
le plaa earad^éristiqua de toute la race, ne rendait pas fort
difieîla l'art de lee £ûre vivre avec de» boaunes de race ditlè^
lenta. On dit que ni le temp» ni la distance ne peuvent a<&i«*
Mif cette roalheureuee passif de$ Alalab, et qu'ils déploient
aeavant pour aesouvir leore vengeances un raffineiaent d'à*»
dresie ai 4a perséyénancef iocoaipréhensibles dans les froidea
rigiane4w ^ord. On me permettra d'en citer de mémoire un
asonpla entrante an Une da Sarraw eur «le Cap de Bonn^
£ipéranca»
Un marcband boUandaia avait acheté comme esclaves un
jeane «[arçon et une jeune fille de race malaiae. 0 avait feit
^ïpreadre au premier la métier d'ébéniste^ et à la jeune ilie
le» travaaji d*aî(uiUe qpi'on apprend à son se^^e. Us devinrent
tOH» la» 4ew ai babiles» que leur mattra» après avoir profité
fendant plu»îeur» année» 4u fjruit de leur travail, promit un
ifmranîettnabomnief danaunaceéscbgénérDsité, de luidonnisr
Ja JiiMnnbé à une épo«pie 4étemiinée. l^ temps arrivé, il mtnr
qntàaa pai^, et an renveya indéfiniment l'apcomplisça^
ttist. lieMelaie attendit p«Mep^a>ent pendant deux an» Teffejt
ée catta proineese troppewe; mai» à la troisième année, 9f
forant aneii lojn qaa tmm 4e la liberté, il prit aonjiparti*
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SkO DES COLONIES ANGLAISES
Un jour, il monta dans rappartement occupé par sa compa*
gne d'esclavage, et il la tua de sang-froid. Quant A lui, il n'es-
saya pas même de se sauver. Questionné dans sa prison sur
les motife qui avaient pu le conduire à commettre ce crime,
il répondit qu'après avoir longtemps médité sur le moyen de
se venger de son mattre, il avait fini par se décider à tuer sa
compagne d'esclavage. En tuant sonmattre, il ne l'eût fiiitsouf-
frir qu'un moment; mais en assassinant son esclave favorite,
•crime pour lequel il savait qu'il serait pendu, il enlevait à la
fois au vieil avare les deux sources de son bien-être, lui lais-
sant le regret d'avoir manqué à sa parole, regret qui finirait
pentrètre par le conduire lentement au tombeau.
ZXII. — BOICG-KOIIG.
En quittant les côtes de Malacca, il serait peut-être nature}
de s'arrêter quelques instants à Java, à Banda, à Amboyne,
ties qui ont été pendant quelques années occupées par les
troupes anglaises. Mais cela nous entraînerait peut-être trop
loin, et je prierai le lecteur de vouloir bien repasser la ligne
avec moi sans craindre le rasoir du barbier de Neptune, et
de faire voile pour la nouvelle acquisition cpie nous avons
faite dans les mers de la Chine , quoique nous possédions
encore bien peu de renseignements sur Hong-Kong, et qu'il
nous soit par conséquent bien difficile d'estimer sa valeur.
Il semble que ce soit une ironie des Chinois de nous avoir
cédé la possession d'une Ile située dans un groupe qui porte
le nom peu honorable de LaJrone. De ces lies des Voleurs^
Hong-Kong est la plus septentrionale, et celle qu'on appelle
les Oreilles d'âne est la plus méridionale. Le groupe est très-
considérable, et les lies qui le composent remplissent le
golfe dans lequel vient se jeter la rivière de Canton. Les
Portugais ont changé presque tous les noms chinois, et nous
avons adopté le plus souventles substitutions qu'ils ont faites :
ainsi les Iles Pescadores dans le détroit de Formosa et le nom
de cette lie elle même, ainsi le Tigre et son embouchure U
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COXSIBÉBÉES COMME POSITIONS MILITAIRES. 3^1
Bocca-Tigris. Il est singulier que nous. Anglais, qui aimons
tant les monosyllabes, nous ayons préféré les noms si longs
des Portugais aux noms beaucoup plus doux et plus courts
des Chinois.
Pour revenir à Hong-Kong, voici ce qu'en raconte un
voyageur qui Ta visité récemment :
« L'Ile de Hong-Kong est éloignée à l'est de Macao d'en-
viron quarante-cinq milles, et à cent vingt milles sud-est de
Canton. Elle est séparée du continent par un détroit qui dans
plusieurs endroits n'a pas trois quarts de mille de largeur.
Bans le sens de sa plus grande longueur, de l'est à l'ouest, l'tle
a environ huit milles sur deux milles et demi à trois milles de
large. Ses côtes sont dessinées par des hauteurs dont quelques-
unes se projettent dans la mer, où elles forment plusieurs pe-
tites baies. Le sol est très-montueux, on devrait presque dire
montagneux, mais très-peu boisé. Ces montagnes sont formées
de bases granitiques qui souvent sortent en saillie sur leurs
flancs; dans les intervalles de ces rocs dépouillés on trouve
du gazon et des arbustes que les Chinois brûlent à l'automne;
ces incendies, vus de la mer , présentent un spectacle très-
curieux pendant la nuit. Sur le côté oriental de l'tle qui feit
fiice au continent, s'ouvrent de petites et étroites vallées cul-
tivées avec ce soin minutieux et cette patience infatigable dont
les Chinois seuls semblent être capables. La principale de ces
▼allées est située précisément en face de la ville de Cow-Loun
sur le continent. Cette vallée elle-même n'a qu'une ouverture
très-étroite du côté de la mer, obstruée par un immense
rocher détaché des montagnes voisines, mais dont l'industrie
chinoise a su tirer merveilleusement parti. Au sommet, ils
ont creusé un réservoir où ils conduisent l'eau des monta-
gnes voisines par de simples tuyaux de bambou , et de là ils
la dirigent, selon leurs besoins, dans les parties basses de la
vallée, qui autrement serait restée stérile et désolée.
Cette vallée est certainement la plus populeuse, la plus
pittoresque et la mieux boisée de toute Tile. Dans peu
d'années, sans doute, à côté des toits bleus, sculptés à leurs
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Zki 1DE9 COLONIES ANGLAISES
extrémités et ornés de ces dauphins et de ces dragfOns que
prodigue l'architecture chinoise^ on rerra s'élerer les comfbr'»
tablesvillas des Anglais. Ce n'est pas là cependant que seront
fondés les premiers établissements; ce lieu est trop éloigné de
la baie principale située sor la côte occidentale de File dans
ja partie la plus stérile, lapins aride et la plus triste de Hong*
Kong; mais la baie elle-même est une des plus magnifiques de la
Chine. £lle peut contenir uil nombre infini de narires ; elle
fK>ssède un excellent mouillage abrité contre les vents du
nord-^st et contre les violents typhons qui pendant la mous^
wbn du sud-'ouest causent tant de sinistres dans ces parages.
Fondant mon séjour à Kong-Kong on ressentit dans le golfe
itn de ces redoutables coups de tent dont nons nous aper-
çâmes à peine.
» La plage de cette baie est basse, bordée de bas^fbnda, et
•n somme très*peu commode pour le batelage ; mais le remède
i ces inconvénients se trouve heureusement sons la main*
L'ossature de Tile lui p^ce la peau en trop d'endroits sons
fM^me de rocs détachés, et en quelque sorte tout {Hréparés,
pour qu'on n'ait pas l'idée et les moyens de construire i
bon marché des môles, des quais» etc. De plus, dans la baie
qui fait face à Cow-Loun, et pour ainsi dire sous la main, setro««
Tent de magnifiques carrières de pierre qui ne sont séparées
de la grande baie que par une étroite langue de terre. Sur
ce point s'élevaient les huttes de quelques charpentiers ehî*
noîs qui gagnaient leur vie à réparer les embarcations des
navires anglais ou américains employés à la contrebande de
l'opium. Quelque temps avant la cession de rtle» ces huttes
forent détruites par les mandarinsy et les habitants expulsés
en punition de l'assistance qu'ils avaient donnée aux barbares-
Avant l'établissement des Anglais, et lorsque la grande baie
n'était encore occupée que par les navires chargés d'opium,
cette même langue de terre servait de lieu de rmidea^-vons et
en quelque sorte de bourse aux capitaines des navires momBés
en rade. »
Le port de Hong-Kong n'a eommeneé à être fréquenté
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CONSIDÉRÉE» ammE VOSUWSS afLITAIRES. 3%3
pv les eontrebaiidien qn'aprè» qa*ils eerent été chassés de
Cap-Sîng-Moiro, mùmÊ/inBp à nevf milles ef au nord de Ma-
CM , sur kqael hs Cbiaois ont établi des batteries daas ces'
éumietB temps. Llmportance commerciale que pourra pren*
dre rétablissement ée Hong-Kong dépendra donc principa-
lement da traité à intervenir arec les Chinois, ef smiout de la
■amière dont ses stipulations seront obserrées ; mais même
en admettant que sons ee rapport tout s'accomplisse de far
StÊçon la plus satisfaisante, il est douteux que les avantages k
opérer paissent compenser les dépenses, les peines, les pertes
et snrtoirt Teffusioii de sang qne cette guerre nous aura
B n'en est pas de même au point de rtte militaire. J'ai
déji montré, dans les précédents articles, comment nous
avons investi, dans nos positions militaires, les continents de
llnrope et de l'Afrique. Noins Hgne de blocus asiatique, qui
commence dans l'ouest à Aden, se complétera de la manière
In^ns nvantngeuse sons tous les rapports par notre établis*
aemeni à Hong-Kong. Arec une escadre dans son port, nous
eomnmndons tout le commerce de la Chine; nous avons l'œil
mr les Fhilîppnies, sur les fies orientales de Lou-Ghou, suc
celles du Japon; enfin, avec Singapore et Hong-Kong, toute
la navigatioa des mers de la Chine est sous notre contrôle.
Qnoiqne Taeqinsîtion d'une Ile que nons aurions toujours pu
pfendre en dix minutes semble une fsiibte indemnité pour les
dépenses et les peines de notre eiqiédition , c'est cependant
nn nvnntage réel de l'avoir obtenue par un traité, car les Chi-
nois n'auront pins rien à voir dans ee qu'il nous plaira d'y
faire. Non pourrons à loisir en faire une position militaire
d'une grande importance, y concentrer d'importantes res-
nemces pour nos opérations future». L'indigne perfidie dont
les Chinois ont tonjocirs fait prente josqulcî dans nos rap-
porte nvee eux doit nous fiiire prévoir la nécessité d'en être
aonrent réduits avec en è la raUa ulfmui r$sum. Toutefois, en
faisant In gnerrei cette race eipeo guerrière, il doit naître dans
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3kk DES COLONIES ANGLAISES
rame de tout véritable militaire an sentiment de profonde
commisération pour un peuple presque incapable de résis-
tance; et cependant son ignorance des lois de la guerre, telles
que les observent les peuples européens, l'horrible coutume
qu'il a de ne pas faire de prisonniers de guerre, nous mettent
dans la nécessité de ne jamais accorder de quartier, c'est-à-dire
de tuer les malheureux Chinois comme des moutons. Une autre
considération ne fait pas naître des idées moins afBigeantes :
la masse du peuple, qui, dans toutes les opérations militaires,
est la véritable victime, n'a pas la moindre idées des motiis
pour lesquels nous lui faisons la guerre ; elle n'a pas de cause
réelle d'antipathie pour les étrangers ; ce n'est qu'un troupeau
d'esclaves obéissant passivement au plus bizarre et en appa-
rence au plus durable despotisme qu'on ait jamais vu. Aussi,
combien doit-il être pénible de ruiner une race si peu résis-
tante! Les missionnaires chrétiens, qui ont entrepris d'arra-
cher ce peuple à son idolâtrie, auraient dû être des quakers.
L'espèce de gens qu'on appelle en Chine des soldats semblent
avoir la même manière de penser que ces disciples de Wil-
liam Penn ; le peu de courage qu'ils ont n'est qu'un courage
passif, et produit par l'enivrement de l'opium, comme on Ta
vu à l'attaque des forts du Bogue. Aussi semble-t-il que le
frère du soleil et cousin de la lune a de bien singulières idées
politiques lorsqu'on le voit priver ses soldats du seul stimu-
lant qui puisse les faire tenir devant l'ennemi. Sans doute, on
a raison de croire qu'une armée européenne , composée de
vingt mille hommes de toutes armes , assez heureuse pour
conserver sa santé et sa discipline, et fournie d'ailleurs des
munitions nécessaires, ne se ferait qu'un jeu de la conquête
de la Chine entière, si vaste qu'elle puisse être.
Il est fort difficile de savoir encore quelle sera la nature ou
l'importance des établissements militaires que nous formerons
A Hong-Kong. Sans doute , la plus simple fortification qu'on
puisse imaginer, le plus faible bockhaus suffirait pour tenir
en respect toutes les armées chinoises; mais, dans le cas
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CONSIDÉBBES COMME POSITIONS MILITAIBBS. 8WS
d'une gaerre arec une puissance eoropéenne, il foudrait pren-
dre plus de précautions. Selon tonte probabilité, la langue
de terre qai forme le côté sud-est de Tytam, nom du grand
port de Hong-Kong, recevra l'arsenal et les constructions ma-
ritimes ou militaires ; on devra alors élever à son extrémité
an fort qui défendrait en même temps l'entrée de la rade.
Le L. Colonel Wilkib.
( United Service Journal.)
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£îttmtvxc.
POÉSIE.
LE POETE. — LADT CLARE ET LORD RONALD. -- LES DEUX SŒURS. — UN
TABLEAU.— l'amour ET LA MORT. — LA PARTIE SUR L'HBRBE.
Nous ayons, dans la livraison du mois d'août dernier, inséré quatre
petits poCmes de M. Alfred Tennyson, traduits littéralement en
prose, et, dans une note, nous distons que ce poète était surtout re-
marquable par ses poésies lyriques. Quelques-uns de nos lecteurs
(de ces lecteurs qui portent à leur Revue cet intérêt d'anciens abon-
nés^ équivalant presque à une collaboration quand il se traduit en
bons conseils qu'un direcleur est trop heureux de recevoir de temps
en temps], quelques-uns de nos lecteurs, se rappelant avoir tu
quelquefois dans la Revue Britannique des fragments en vers qoi
prouvent que nous avions et que nous avons encore des poètes parmi
nos rédacteurs, nous ont écrit que c'eût été le cas d'essayer au
moins de faire connaître par une version plus poétique le nonfeaa
poëte qu'on leur révélait. Nous aurions pu répondre par des objec-
tions assez plausibles, discuter sur la question générale des traduc-
tions en vers ou en prose, éluder en un mot la difficulté ; nous
avons préféré nous soumettre, en choisissant même six poèmes
nouveaux aussi variés que possible par le sujet, la couleur et le
rhythme, une ode, — deux ballades, — un petit tableau, — une allé-
gorie— et une églogue moderne dans laquelle M. Alfred Tenoyson
remplace Corydon et Tircispar deux jeunes gens en frac faisant on
pique-niquCy ne se contentant pas, véritables Anglais de 1842, des
produits classiques de la Pomone virgilienne, ni de l'eau da fon-
taines limpides, mais étalant sur l'herbe un prosaïque pftté de lièvre.
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LE POSTE. MF
nnwnit da oidra ée I^oiuhire, et, au Heu de ehanttr lai fifréU
pour le consul, le» ctaaaUat pow le sben/r,
Arcades ambo»
Et eantare pares et re^oadere parati.
Noos ne garantbsons pas à nos lecteurs indulgents et bénéroles
^e nous ayons été également fidèles à notre auteur dans ces six
morceaux. Mais aussi nous citerons franchement en note quelques
leis du texte, tantôt pour faire voir notre exactitude littérale,
tantôt pour justifier l'impossibilité de rendre rers ponr vers, trop
beureux de conserver l'idée.
Maintenant sommes-nous contents nons-méme de cetessaiT—
Jusqu'à un certain point ; un peu plus de l'ode, qne nous avions crue
peut-être plu» difficile à imiter, que de la grande Mlude, ^i nous
semblait presque plus facile à rendre eu vert qu'en prose, et à la-
quelle nous n'avons pu même conserver sa coupe en stances de
quatre vers.
Nous ajouterons encore que, comme nous nous y aiteadions, la
Quarterîy Bevieto vient de consacrer un grand article aux deux
volumes de M. Alfred Tennyson, et malgré quelquce sévérités de
plus ancienne date, celte Kevue convient de bonne foi que l'Angle-
terrea enfin un poète qui est digne de succéder à lordByron. Nous
ne renonçons pas à publier un jour cet article, ne serait-ce que
pour indemniser M. Alfred Tennyson de l'essai de traduction à la
Ibis téméraire et timide que nous donnons aujourd'hui.
LE POETE.
ODB.
De ses feus les plua purs le soleil ceint sa tète
Quand un poète a vu le jour.
Monarques, redoutez la haine du poète ;
Femmes, recherchez son amour.
Bans la vie et la mort pour lui point de mystère ;
Jusqu'aux enfers plongent ses yeux ;
Dieu, pour lui révéler réiemelle Imnière,
Déchire le voile des cieux.
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ShS . POÉSIE.
Sur les montSy sur les flots, pour nous quand tout résonne
Comme un murmure ou eomme un bruit ,
Pour nous quand Toiseau chante et l'insecte bourdonne,
C'est un langage qu'il traduit;
Langage aux mille échos que le noble interprète
Explique au profane étonné ,
Langage qu'à son tour la nature répète
Au cœur par sa verve entraîné.
Car l'àme du poète incessamment féconde
Est semblable à ces belles fleurs
Jetant à tous les vents leur graine vagabonde,
Peuplant le désert de leurs sœurs (1).
Ainsi, quand le poète a parlé, l'espérance
Sème au loin ses étoiles d'or,
La terre rajeunie est un jardin immense,
A l'Éden l'homme croit encor (2).
Préjugés du vieux temps , noirs fantômes , arrièrcl
Voici le jour de vérité ;
A la voix du poëte, arborant sa bannière,
Répond la sainte Liberté !
(i) Like the arrow-8eed< of Ihe field-flower,
The fruitful m^it
Clea?iog, took root and springing forth «new
Where'er thej fell, behold
Like to the mother-plant, in semblance grew
A flower ail gold.
(2) Heaven flow'd upon the souI in many dreams
or high désire
— Thus tmth was muUiplied in trutb, the vorld
Like one great garden show'd
And thro' the wrealhs of floating dark upcurl'd
Rare sunrise flow'd.
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LABT CLABE ET LORD KONALD. Sk9
Sœor des anges, salut I... On dirait qa'autour d'elle
Rayonne un magique flambeau;
Mais, au lieu d*ébIouir, eette aurore nouvelle
Des yeux (ait tomber un bandeau.
Le sang ne souille pas l'hermine éblouissante
De son blanc manteau rirginal ,
Où sa main a brodé sur la frange flottante
Un nom aux seuls tyrans fotal :
Sagesse 1 nom sacré qui prouve Vorigine
DelafillederEternell
Aussi la fondre suit sa parole divine
Comme elle suit l'éclair au ciel.
Son bras vengeur soulève une horrible tempête ^
Du fourreau sans tirer l'acier ;
D lui suffit des mots écrits par le poète
Sur une feuille de papier (1).
LADY GLARE ET LORD RONALD.
BALLADE.
Us avaient les mêmes aïeux f
Le même jour vit leur naissance ;
Us s'aimaient 9 orphelins tous deux,
Us s'aimaient depuis leur enfance.
Préparez-vous, bon chapelain : — •
Grande fête dans le village :
Sonnez les cloches, sacristain,
(1) No sirord
Ofwrath her righl ârm whirld,
But one poor poel's scroll, and yriih his word
She ihook the world.
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2Se PO£SI£.
Pour célébrer ce mariage;
Lady Clare épouse deHiam
Lord Ronald, son jeuoe cousin.
Devant le miroir elle admire
L'éclfut de ^^ nouve^ax atoim»
Et se dit y avec un sourire:
(( Ronald jB'adorara ioi^om».
Il ne m'aima que pour moHnAm^,
Non pour mes châteaux et mes bois;
C'est ainsi <(ii*à men tour ]e Vàisie
Et le préfère aux fils des rois. *>
Puis s'adres^nt à sa'nourrîee :
(c Quelle est ta tristesse aujourd'hui?
Lui dit-elle, ma bonne Alice»
Douterais-tu de moi... de lui?
Mais nou; c'est toi; qui la première
M'appris notre tendre secret;
Je croyais l'aimer comme un frère...
Son amour était si discret I
Pré« de noi quand cbaeun partage
Mes espérances de bonheur.
Ta tristesse est un wm présage
Qui déjà me glace le cœur.
Conviens-en, allons, sois sincère»
Je devine. . . un souei jaloux
Te fait craindre qve mon épMCC
Ne me fiiMe oublier ma iiière«..
Ne l'es-tn pas ? €e mom «i éouE 1
Il t'est hiefk dé; Ql^onaid, j'atpère.
Te le dira... Des pleurs! p<i«rqaoif
Réponds, mon ÂHoe^dèie.
— Ahl s'il savait, répondit-elle.
Tout ce qu'Alice fit pour toît
— Achève ; plus je te regarde^
Et plus redouble mon ^Srpi^
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LADT CLARE ET hD^D RONALD. 8U
Parle. — Demain. — Non, il me tarde
De tout savoir... cède à mes vœoxl
Ma mère I... Alice, je le veuxl
— Apprends donc tout, fille trop chère :
Tu n'eus d'autre Bière que moil...
Ecuyer croisé pour sa fei.
Quand tu naquis, ton paivre pêne
TûBAait sur la terre étrangère
Avec son Beigneur suzerain.
Et bientôt notre eh&telatne
Fut mère aussi; ttais, rar mon Bein,
L'héritière de ce domaûie.
Pendant la iiiiil » «Kwmt sondaia...
Je la remplaçai pta ma fille. . .
Lord Ronald, .conaie die orphelûa ,
Est le dernier de la fiuBille...
Ma fille^ em hà donnant ta mais
Je lui rendrai son l^ritiige...
Toutes met craiiiAes vont demaîn
Cesser put votre mariage, d
<{ Ma nèrel... 9b ! puis-je raccisert
Je n'ose... mms de l'artifice.
Si je me taîs» jp sois complioe ;
L'honeeôr le reot^ il fimt ToBer. »
Un instant, elle lièaHe encore;
Mais €n wmn Aiîœ l'infilore y
Elle rejette ayec dédain
Toute cette ridbe parure
Dont dUettraît orné son mb^
Ses cheveÀ* Bes bras, aa œiature.
« Ma fille ion monde Ion aoDovry
Garde mon aecset.. ui seol joarl
De donkmr vMx4a qae je tneoret e
Elle ne répond pae et pkufe.
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353 POÉSIE.
II.
En simple fille du hameau,
Mais, sous ce costume nouveau,
Jolie encor, la châtelaine.
Quand le jour vient de poindre à peine,
Sort du château, d'un pas furtif,
Les yeux baissés et l'air pensif.
La voilà déjà dans la plaine.
Quelqu'un l'aperçoit et la suit
D'un œil curieux, marchant sans bruit.
— C'est elle : — a Bergère jolie.
Qui vous fit lever si matin?
Seraitr-ce le berger Lubin,
Qui vous attend dans la prairie ?»
Elle s'arrête à cette voix
Beaucoup plus tendre que moqueuse ;
« Mais est-ce bien vous que je vois ,
Ma châtelaine matineuse?
Poursuit Ronald. — Monseigneur, oui,
...Ne m'appelez plus châtelaine,
Je n'ai plus rien;... de ce domaine
Vous êtes seul mattre aujourd'hui. »
Elle dit toute son histoire :
Ronald sourit : <c Je dois vous croire.
Répondit-il ; mais dans vos yeux
Je vois à vos pleurs, ma bergère,
Qu'à tous mes serments d'amoureux
En retour vous ne croyez guère.
J'aurai donc de la foi pour deux ;
Pour prix de cette foi sincère ,
Bien plus que vous je suis heureux I
Je n'avais plus que des aïeux ,
Je vais vous devoir une mèrel
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LES DEUX SOEUBS. 353
LES BEVX SOEURS (1),
BALLADE.
Ha sœur, ma compagne fidèle.
Ha pauvre sœnrl qu'elle était belle I
(L'ouragan ébranle la tour.)
Le comte vint, parla d'amour, |
Et ma sœur crut à sa constance.
— Beau comte, craignez ma vengeance I I
I
Elle mourut, sur son blason
Laissant la tache de sa honte ; I
Pour châtier la trahison, !
Je feignis d'adorer le comte : i
Il était beau comme l'amour. j
(L'ouragan ébranle la tour.)
Beau comte, je veux être à vous;
Venez ce soir au rendez-vous.
(Dans le ciel mugit la tempête.)
Il vint, il reposa sa tête,
Après le banquet, sur mon sein,
Et sa main était dans ma main.
Mon baiser ferma sa paupière :
Qu'il était beau 1... Ma pauvre sœur,
A-t-il aussi séduit mon cœur?
(1) Dans chaqae sunce de Torigiaal est reproduit avec quelques va-
ritot«8 ce Ycr« :
The wiod is bowling ia tarret asd tree.
U 9mt mugit dont la tour et Varbre....
« C«tte ballade appartient, dit la Quarterly Review, à des mœurs et à des
UMiments qui n'eiistent pas dans la société actuelle. » Elle fait con-
inste i Lady Clore, sujet dont on a pu faire un roman moderne : Th9
*«*«r<«anw, par Mrs. Ferriar.
5* SÉRIE. —TOME XI. 23
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$tk totaSL
Non, non, ma haine reste entière.
Quoiqu'il 9011 1mm eoMM FaMM*.
(L'ouragan ébranla la tour.)
Voici rheurif de la TcafiMee,
Ma sobitr, }e te jol«é m éttfcrt
Bientôt je me 1ère en silcvoe^
Armant ma mthi droîde 4t fer^
Pendant que le btaa eomie fè?#,
DiuM iOB 0oeitr j'»i {>longë non gtah^
Qu'il était beau dans te tfépatff
Je Vadmire M ne Arémis pa»;
Je l'enveloppe d'un raarre,
Et le porte atlt pied» âê aa fliAi^*
Il était beau comme Tammir.
(L'ouragan ébtanla la tour.)
€N TABLEAU^
Deux enfants qui tmû\eni de dem bameanr rofains
Jouer et folâtrer dans les même» jardina ^
Elle et /ut réunis pins tard dans nne Me;
Deux amants sous rormean parlant en lM^è4él6;
Deux cœurs fondus en un par l'ardeur de l'amonr;
Deux tombeaux que Tégiise abrite sous sa tour.
Ornés de vert gazon, arrosés par la pluie ;
Deux orphelins laissés dans le même hameau...
D'heure en heure la vie
Mcws offre ee lablean (f ).
(1) Les eiigeDces de la versification ont forcé de terminer cette trid1l^
tion par deui vert de sii : d'ailleun ta fîéeeeslIraianerillMraleiiiat
et elle est si courte, que nous pouvons la «iter iml «mien :
Two childreo in two neighboaring villages
MiTfflg Aad praols aïong iKe hkHhj \eu;
f#*iti>»»f{M»ÉM«ling M a restfvafi
f «o lowr* w bwpenof hy an •rcbard w «Il }
Two liTes bound fast in oDe wi(h golden eaie ;
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LE DixEn sni ^'hebbe.
1/AMmiR ET LA MORT.
Dans un jardia TAnow wr^ii pannî k» aew9»
Respirant leurs parfeo»» adniraAi hm% <»akvm;
Au détour d'«i Matier tONAi à coup il rencoBAr^
La Mort, qai^ toos ua if^ triste ei fière se SKMitr^.
Elle lui <lî& ;« Yae-t'an» j/à règne dans ees» li««xl»
L'Amour a peur; il pleure, et tôle ver» les ckw^
Hais ayant dt partir : a Oui, cette benr^ «st U liwne.
Répond-il » et ta pem: parl^ eu scyaveriÂDe ;
Car la Mort de la vie est roiiU>re ; eo ^aîa 1» jwr
Eclaôre ce grand «orbre, il &U sombre à rMHm.
Ainsi TEtemiti produit «ous sa lumière
La vie avec la mort, soo ombre sar la terre}
Hais roml»e doit cesaer quand l'arbre teaiberty
Et ce sera FAmaur qui toujoura réopéra (1)*»
UB MNER SUR Ii HBRB&
ËGX.0GVB irODKRlffE.
« L'hAtel du Tamnm aejr» celui de la Tûifom
Sont pleiasé.. alloas, ami» dîner «ur le gaMn.
Two grires gn«-gReik beude a gray cïutck tover,
Waab'd wîl& slill raina, and daisy-blosaomed;
Tw»«MiNa l»OM%«ttlai bMs aad Wad; —
8« ■■• Ih4 iqm4 tf ua fimn bowia Iio«t.
(1) La fîèoe pi^eédmle M trèft-^miré« par U Qtkirterly lUvifw» et
celle-d p«r U WutmênUêr; il y a quatooe yqm dtoi rorisinal : Toiei
lei neuf derniers yert :
« Ton nrast begonê, » said Deaih, t thaaa xuàÏÈ are aiiae.
Lof* wepi ami ipread kis theênj vaDs fto ffighl;
ItalkM» tefATlêA aaia s • TMa h«tt i* ay^ :
Tb«Bart Un iludov «f UCe, aad a» tbe u««
SùadaîB the sua and shadows ail beneatb,
■» telb»kBht«r9raBtttamily
lib «minent créâtes tbe sbade of Deatb ;
The shadow panetb wben the tree shall fall,
Bat I ihall reign for ever oirer ail. »
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956 POÉSIE.
— Volontiers, i» dit Francis, mon joyeux camarade,
Qui venait d'amarrer notre nef dans la rade,
Et portait à son bras un assez lourd panier.
Contenant le festin dans son ventre d'osier.
Le peuple, de la foire admirant les merveilles,
Bourdonnait sur les quais comme un essaim d'abeilles.
Nos coudes dans ses rangs se firent bientât jour;
Puis, gagnant la campagne au moyen d'un détour.
Nous laissâmes à droite et la plage et ses sables.
Après avoir marché sous un berceau d'érables,
Nous vîmes devant nous, à cent pas du chemin,
Du cottage d'Audley le champêtre jardin :
Là, sur un tertre vert, Francis étend la nappe.
Beau linge damassé d'où maint chevreuil s'échappe.
Suivi par maint chasseur et maint ardent limier.
Le pain rond de ménage est servi le premier;
Le pâté lui succède ; une brèche récente
Y trahit d'un levreau la chair appétissante ;
Sous sa couche de lard, ce fossile nouveau (1)
Attendait notre éloge à cdté d'un perdreau.
Nous n'oubliâmes pas au fond de la corbeille
Un cidre pétillant déjà vieux en bouteille.
Nous voilà tous les deux assis : nous dévorons.
Nous nous versons rasade, et de tout discourons;
Le prochain fit les frais de notre causerie :
« Un tel est donc défunt? — Tel autre se marie.
—Les courses du printemps ont vu de grands vainqueurs.
— Nous aurons du gibier. — Bien moins que de chasseurs.
— Le prix des grains est dur. — La loi des céréales
Provoquera bientôt de tristes saturnales.
— Le roi... — Mais, dit Francis, nous allons nous heurter
Contre un sujet scabreux... J'aimerais mieux chanter. y>
Puis, me prenant la main : « Trêve à la politique,
Je commence et j'entonne une chanson comique, d
(1) Lik9 fosêilei ofthcrock.
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LE DINER SUR L'HERBE. 857
Un merle se cachant dans le pommier voisin
Paraissait raconter arec son air malin :
« Qu'an autre marche au pas, le mousquet sur l'épaule.
Et pour six sous par jour cherche un sanglant tombeau
Âa fond d'un vieux fossé dans les plaines de Gaule.
Je suis libre et bourgeois, mon sort est bien plus beau.
Je laisse les marchands à leur arithmétique ;
Sur un trépied de bois perché comme un corbeau (1),
A ce métier on meurt goutteux, paralytique.
Je sais libre et bourgeois, mon sort est bien plus beau.
lyantres servent l'état, et leur nom honorable
Sarle brome est gravé, glorieux écriteau.
J'aime autant que le mien soit gravé sur le sable.
Je suis libre et bourgeois, mon sort est bien plus beau. »
€n jour, je me lançai sur la mer amoureuse;
J'attendris une belle au moyen d'un cadeau ;
Puis je fus moins galant : ma belle fut boudeuse.
Je sais libre aujourd'hui, mon sort est bien plus beau. »
A mon tour je chantai. — Cet hiver, à la ville ,
Je vis exécuter un vieux bibliophile,
Sir Robert... Quelle horreur 1 Faut-il qu'un créancier
Prostitue un beau livre aux griiFes d'un huissier I
Bans un recueil chantant, acquis à cette vente,
Je me suis emparé de la chanson suivante,
En chiMigeant quelques mots, comme fait maint auteur,
Pour se deanw les^ airs d'un improvisateur :
<c Adieu pour un jour, Emilie,
Je pars au coucher du soleil ;
Partage de ta sœur Julie
la chaste couche et le sommeil.
(l)Perch'dlike a erow upon a tbree-legg'd stool.
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MÉSIB
Maissooiîrcyd owlireBse MkM
Qu'un rêve envoyé par fawimry
Sur ton front agitant son aile.
T'entretienne de mon retour.
%lt «que W^aHie na tenaressc
N« «siivrvîi t^Hmer cfi nen.
^n le visa oe ta Sttfsr te ^rcAe^
Crois seulement que c'est le mien.
JFoii %ennw vtnMr^ *Bass toft son^iiBy
Si tu re«M!W«oiidain rvHl^tir^
ftflnda-l^-iBoi, pgt «a 4euft -nenaoïigey
Ce sera le rendre à ta sœur. »
C'est ainsi que nos^chants égaryaâent Rdtve flto;
Hais M idlui enfin ^songer à la rcAraîle.
a Allons, dis-je à Francis, voici Tombre dn soir.
Place an doux rossignol, et rentrons an manoir.
Nous avons encor loin de ces lieux au rivage.
Et nos mères déjà doivent rêver naufrage.
Nous partons; par bonheur, le lumineux croissant
Sur les arbres bienlôt jeta ses rais d^ar^^ant.
Arrivés sur le quai, nous trouvâmes la ville
De ses jeux fatiguée et qui donnait tntnquîUe.
Nous détachons du bord notre esquif bondiseant»
Et nous armons sas bras de la rame, en chantoni
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Mmtiimiits.
ROMANS.
UBS VBEBaÈBES AJUOITBS P'IW TAT (iX
CBAfmC flL
Gev4e mw lecAewt qiÉi ojrt éië fbre(«4e reticr i i
apièfl U «ésoB, soit par tes devoirs 4e leur pUee, Mil paffM
qiHf iraient des detHes, soit parce qu'as étaient Miumewc,
doifeat ae rappeler ce quHl y a d'étrange 4 déco«¥rir toiA à
osap, caMae aÀladia, qae le psAsas anagique a diepara. Fen-
dant le dernier mois nous voyons défiler avec joie les w^
tes» 4a 'roj^ige. Les ennayeax et les vieilles gens a'ea '^ent
lis pranîen. Vendait jmn et juillet îl y a eneora de la wzêêM
àaepasyarfir; il siereste que le petit nombre ét&ikmfomt
osnpaaer les convives des dk^erê dtéli^ ^ inventer œs poi^
iîss infimes denH on ne «('aviserait pas taaft ^pie jla ibuie ^
11. I fant êlpe^rèa^atingué ponr qa'on V'Ons admette an Jen
des bonnes maisona» ^GaiAoa-Venee était surtout MHanl
pmrtiat la canoide. La dernière qnitttaî«e enfin «esseaMa I
oss b^as «ailB d'été oèf on ne pent apereev^oir que les na«
tossda ppenéère «laese ; nwis ta nuit compltic n'on pandfn
MealK ^ne pins «oiae. Dèsqnenoaenousaorprenonséétrn
la «^«Me kriHante «t paodronso, qne ies
I f anlBSJMiii n ^eioranc 4e is dimatao*
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LES PREMIÈRES AMOURS D'UN FAT.
s'apprivoisant viennent sautiller et gazouiller avec insolence
dans la rue, que les commis, la plume sur Toreille, sont sur la
porte et non derrière le comptoir, que les théâtres de la ban-
lieue bariolent les murs de leurs affiches de toutes couleurs...
c'est alors que nous nous demandons : Où le monde est-il
allé? et rÉcho nous répond : ou?
Jamais la solitude n'avait autant pesé sur mon cœur ; j'al-
lais avoir tout le loisir possible pour maudire le résultat de
cette première saison. Après un si beau début... Fiascol^^c'é'
tait mon frère le louche qui était au haut de l'échelle ; — fiancé
accepté par lady Snsane, la plus jolie et la plus riche héri-*
tière de Londres , c'était lui qui se voyait préféré à moi chez
lady Harriet Yandeleur, et se disposait à aller à Warburton-
Lodge fietire sa paix avec la douairière lady Theydon.
Quand je méditais sur ces conclusions humiliantes, j'étais
quelquefois prêt à accuser Emily de mes échecs... mais oo
remords me criait du fond du cœur : Ingrat, ne maudis pas
Southampton-Buildings, même dans ta pensée I Un triste pres-
sentiment s'associait à cette angélique figure que j'avais laissée
trois soirs de suite se pencher tristement sur le parterre de
rOpéra.
Cette impression n'alla pas en diminuant à mesure que
nous entrions dans l'automne. Les jours se suivmi et nssê
ressemblent pas : ce proverbe reçoit un démenti formel de la
monotonie de Londres après la saison^ monotonie qui m
peut se comparer qu'à celle d'un voyage sur mer. Ma vie offi-
cielle était trois fois plus insipide que pendant la session du
parlement. Les dieux étaient partis, ces génies transcendants
qui donnaient quelque relief à mon pauvre travail : il n'y avait
plus avec moi que Herries , — le piocheur Uerries, — ua
vieux commis silencieux, espèce de machine d'arithmétique,
«—et deux ou trois surnuméraires dont toute la récréatioii
comme la mienne consistait à bâiller. Les parcs publies étaient
enveloppés de brouillards ; la ville moisissait au bord de la
Tamise ainsi qu'un fucus sur le quai du Léthé. C'était comme
une voie pestiférée, ou pire encore. Dans les lamentables ta-
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LES PREMIÈRES AMOURS D'UN FAT. 361
bleaiuc de De Foe et de Boccace il y a au moins quelque
diose qui excite nos deux sympathies les plus fortes : pitié
et terreur. Londres en automne n'excite que Tennui... Autant
gagner son pain dans une mine de plomb.
Si j'appuie sur tout cela, c'est pour expliquer la véritable
dànence avec laquelle je commençai à m'attacher au souvenir
d'Emily Barnet. Ahl comme elle gagnait, la pauvre Emily,
par cette revue rétrospective! Quelle douceur dans ces pa-
roles et ces regards, que me retraçait ma; mémoire! Jamais je
n'avais entendu sortir de ses lèvres un sentiment qui ne fût
noble ou gracieux; jamais je ne l'avais vue dans une attitude
qui ne pAt servir de modèle à un artiste. Une atmosphère de
poésie l'environnait, communiquant un charme à tout ce
qu'elle touchait, à tout ce qu'elle disait. Je me rappelai l'ori-
ginalité de ses opinions , la fraîcheur de ses idées, le pitto-
resque de ses expressions. Je ne m'étonnai plus qu'une société
pareille m'eût arraché aux fodes inutilités du grand monde.
Lady Harriet était également brillante. . . plus brillante même ;
maïs en elle, pas un trait naturel, pas un de ces éclairs de
clarté divine, qui permettent de comparer la femme à un ange.
Et cette créature céleste était à jamais perdue pour moil
comme une apparition, comme la divinité d'un rêve, comme
uneÉgérie idéale. A cette pensée, ma tête s'exaltait; j'aurais
voulu qu'elle eût été une fée, une Mélusine, qui se fût fait un
jeu infernal de mes illusions. Mes rêveries me transportaient
ainsi tour à tour au ciel et à l'enfer... Mais je ne savais que
fidre de mon désespoir. La poésie byronienne n'était pas en-
core à l'ordre du jour ; lapAle muse de Childe-Harold, avec ses
crêpes noirs , n'avait pas encore mis à la mode la désolation
et les strophes rimées.
L'hiver vint, et je n'étais pas guéri ; je continuais à remplir
mes devoirs officiels comme l'eût fait un somnambule. A moins
qu'il n'arrivât un navire avec des dépêches de Lisbonne, il
m'était impossible de prendre le moindre intérêt aux affiEÛres
publiques. Après des mois passés dans la dissipation, je me
trouvais de plus en plus irritable d'humeur, foible de santé, et
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9tt LIS FmCMlteES AMCMJM H'OIT FAT.
digoMé de ce beau moade pour lequel j'avrâ Téca. Les Un»
de stioaeit ceux du iiarleBMilInrreiiaieiitea ville: peu oit»*
portait leur retour. Un ncnge «'«ppeniittssaitrar moa Ino.
Je n^éiais plus que la moitié de moi-même, la moitié d'vm fiit
Onjour damlasemaioeafvantroQiwrturedelataasioiiy
fmtteiidais la priaeace de lord Omingtam et de moa fMre,
pomr oKttre le cemMe 4 mes déplaisirs domertiques..* Ion*
qoe je tîs «oitir d« cd>iiict da ministre, Bénies, le pioAem
■emea, avec um mine allongée.
m Deqam, diaMe, s'aeit41. Hait lui cria iielpe eoBèyaa
(Twpprsriism. «rimemM^off (c'était le sobriquet de Soi Bb*
oeHenee daus uos bureaux) «it-il iMidiflpoeé oe amtm? A-t4l
décoarert quelque fMte d'^thographe daut votre demiéra
dépêche, ou...?»
A notre grâfude aurpriae, Herries, le secriftaîpe^iiiodjieetla
plus doua desbommes, tépondit en jetant uur la table lesp»-
piers qulA tenait A la amin , et en lançant «ne de ces inter-
jections qui ne se trouvant dans aueun Toeabulaive pâli.
« Mon cher garçon , ifous semblés borriblemettt ve»é , hd
din-jeà mon tour, lui «mriant presque le bonheur de poumir
Aire «n colère «outre quelque chose d'aussi indiMreBt que la
aeerêtairerie d'état de Sa Hsfeslé.
---St vousleserieE comme mot, décria Herries, iautUèma
desa rage concentrée , ai, npvès aroîir pioché ici «runurnc jefito
depuis quatorse mois, sans tous danner un fourde fucances^
él ua «ftoment de selRcitor un congé de six aemaines pour....
mais n'importe pourqnoL..
-^^kâ, u'fmpoiteyounqwN, un fint
— «Ekhieu'l «que •diriez-^iious ai, au naois de déeemhne, as
vous envoyait dans la baie de Biscaye porter à air €fanri«a
9luafftdes4épédmB quionmiest tout aussi conuenaUemant
anufiées iiiim, iecoumussionuaireéel'hMelt
— fisbaune'. s'éonèrent Oiippenham, Perey, loatt lesa^
ortiuâres, y oampiîs omî, ^iujaului seul d'un iunphiaima;
LIfaenrauK arartell
axi UR lépoala Hamea; je «ondraii iiian imb V
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m juKocw B'ra fat.
iM las jutai. Mm, diduUew le ma
fiaboff s'eaavîsBniil! œ «erait se mettre âdei pères et i
eQ]iliMAIaulesmadiMS4fai parienott, d
ib elles ne^ran. Mais {>aica qee je a'ai pas le i
on me choisit, moi, Beaty Amas, /iis é$ mm wmKcrm. »
Pendant que les uns compatissaient an désespoir de Her-
riesy et que les autres ne faisaient qu'en rire , je réfléchissais
i part et prenais une résolution imprèrue.
« Herriesy lui dis-je, si vous êtes de bonne foi, si tout ce dés-
jypeiotaaieat a'ealpas iia jea,iiaiaotogpitQyart4tplflaiiÉîiflie,
dtoas Iroover «aeeBiUa le aiaîste : cette BHdsâan aie «oariti
j«jais^el9iesiBo(edeparlageîsi le vayi^ahepeut^aeaft»
iaUîr ma saaté biea ébcaalée. a
fiemes àUkdebeanafoî«et il accepU. Le auaietmfpMÇi
d'aboid le aonrcil; Je lui parus ua îadiecret fat oeeàt Imh
Jaierser les chaÎK àù Tautorilé minislérieUe; ibsb je lai fie
ekeenrer 4|u BenieB éUit justeiBeatt dàugè 4e mettre et
ordre certaias decameals ofiicîele iadJapeusaUee kane 4e la
prodiame <Mivertare da parlement. Cet «rgianeai le déeida«
et je iteçae Tordre de me tenir pi^t à partir pour Fakaeatfl
le soir même. Aucun être biimain n'était dans la coafideaae
deaMsamoois. MadéaiardieâdtiiAeaapdefotidffedaasles
JbareeHx : Henâes aae cnit fou. Si lordOnoioftoa «eût éèé aa
riUe» probaUeaaeat il tarait trouvé des otyectîeaeA aïondé*
put; aciais je a'aus pêA de peine à persuader à «a inèie ^m
le^ttT^meaieAt me choisissait pour iiae aiisfiioB oanâdea-
tielle irè&-difificile. SUe pleura un pea^; me recoaMaanda de
ae pas ai'«xposer à la peste ou à la lièvre jaaae; aMuaun
qnel^faee jaole sur les irestUemeats de teive, et se oaneoia
quand je lui promis de lui envoyer par le plusprochaia œev»
lier une ehalae de Lisbenae -et deux «ii^fes. Je^oaaai di^nc
mm iaeÉTuctions darxiières à Tin, 4fiL devait iB'aj^asaip^gaef;
9t 4gaat laissé à ladf Oraiington le soia de aégler mes ad^
Aoiresdela find'aaaée, je fis ma JBaile^
Qaelqyaslieaiosaprès^ j*<étais sur la roule da falamaHij al
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36i LES PREMIÈRES AMOURS B'CN FAT.
le lendemain, le Morning-Post, ce journal qui n'oublie aucune
nouvelle importante, annonçait à ses lecteurs que la veille,
l'honorable Cecil Danby avait quitté le ministère des affaires
étrangères, avec des dépèches pour Tembassadeur de Sa Ma-
jesté à Lisbonne. Ce petit article contenait tous mes adieux à
mes amis inconsolables et à mes créanciers.
CHAPITRE VIII.
Indépendamment de l'espérance de revoir Emily, la soudai*
neté de ma résolution lui prêtait quelque chose de piquant.
Tout en dévorant l'espace de la route au pas des courriers
d'ambassade, je ne pouvais m'empécher de jouir de la sur-
prise qui attendait lord Ormington en ville, lorsqu'il appren-
drait que sans sortir de notre traité j'avais su l'esipiiver, lui
et MM. Hanmer et Snatch I C'était un triomphe encore de sa-
voir que j'échappais à la mortification d'être oublié ou invité,
n'importe, à la noce de mon frère John , qui, selon les bruits
des journaux, devait épouser après Noël sa riche prétendue.
En vrai Parthe, je fuyais par la poste, heureux de laisser der-
rière moi des blessures , ou du moins des égratignures.
Cependant mon enthousiasme commença à se calmer à
mesure que se dissipait aussi l'excitation bruyante du dé-
part. Au moment de m'embarquer, je vis les choses sous leur
vrai jour : ce jour-là était peu gai. Sans partager les craintes
de ma mère sur le golfe de Biscaye et ses tempêtes, sans avoir
peur, comme elle, qu'un second tremblement de terre de
Lisbonne m'engloutit au rivage, je commençai à comprendre
^e les beaux yeux de ma mystérieuse divinité m'entraînaient
bien loin de ma latitude.
Non que la vue du bleu sombre des flots m'inspirât cette
nausée c[ui afflige d'avance la foule vulgaire ; non, de même
que les nourrices grondent un enfant qui pleure en voiture,
en lui disant que ceux qui ont le mal de cœur sont nés
pour aller toujours à pied , je pense que tout homme qui a le
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LES PBBMliBB9 AMOURS D'UN FAT. 385
mal de mer n'est pas né pour naviguer jamais dans son pro*
pre yacht. Je mets quelque vanité à déclarer que le plus gros
temps me laisse à bord toute la robuste santé qui convient i
un genileman*
Cependant la mer en décembre 1 le golfe de Biscaye à la
Noél 1 La traversée dura trois semaines ; les périls et les en*
nuis d'une traversée pareille m'auraient fecilement réconcilié
avec l'hôtel paternel d'Hanover-Square. La Bruyère, ou tout
autre de ces auteurs qu'on cite sans cesse, a fiait l'observation
que c'est une femme bien aimable , celle dont le mari ne se
souhaite pas démarii au moins dix fois par jour. De même il
but qu'un voyage sur mer présente des circonstances par-
ticulièrement favorables , pour qu'un passager ne regrette
pas la terre ferme au moins quarante-huit fois dans les vingt,
quatre heures. Je n'oublierai jamais avec quelle ferveur je
remerciai la Providence lorsque je me trouvai e